Outils pour utilisateurs

Outils du site


traversee_de_l_islande_nord-sud_en_autonomie

Traversée de l'Islande nord-sud (août 2000)

Islande

Sur une idée de Nico: traverser à pied du nord au sud (450km).

  • 17 jours de randonnée en autonomie.
  • Conditions météo abominables (même pour des brestois) sauf 4 jours de beau temps.
  • Une expérience inoubliable entre deux potes, elle a repoussé à nos limites. Elle nous a aussi amené à randonner léger !

Le récit est la transcription intégrale des notes que j'écrivais tous les soirs. Désolé pour le style, mais on m'a dit que ça faisait plus authentique…

Quelques infos pratiques sur la randonnée en Islande.

Les étapes

Les préparatifs : jeudi 10 août → samedi 13 août
De Rekjavik à Akureyri : samedi 13 août → mardi 15 août
1er jour de marche : départ de Myvatn, contour du lac.
2ème jour : Plein sud. 10ème jour : 7h ni plus ni moins.
3ème jour : Un refuge. 11ème jour : Comme des robots.
4ème jour : Premier jour de beau temps. 12ème jour : Landmanalaugar.
5ème jour : Le glacier. 13ème jour : Magique, parfait.
6ème jour : Nico a des hallucinations… 14ème jour : Un peu de hors-piste.
7ème jour : The day. 15ème jour : Pluie mais super.
8ème jour : J'ai mal. 16ème jour : Un peu de montagne.
9ème jour : Vent et pluie, encore. 17ème jour : Le dernier.

(NOTES DU CARNET DE ROUTE)

Les préparatifs

Jeudi 10 août

Départ 18h45 de Brest.

Nico découvre l'avion (bouton hôtesse). Arrivée Paris, on trouve Erwan et Sylvain par hasard! 20 min de marche jusqu'au parking putain qu'ils sont lourds…les sacs! Une 4L savane nous attend… Erwan au volant et Sylvain copilote. Hum l'aventure commence. Erwan s'aperçoit qu'il a oublié de payer le parking à l'aéroport… ouf il y a un préfabriqué à côté des barrières qui permet de payer.

On se perd: 1h pour trouver Choisi le Roi

Le soir: yam's.

Vendredi 11

Vieux Campeur de 10h30 à 15h. On trouve presque tout.

18h décathlon 19h carrefour (3 étages) et BHV: ça y est on a tout. Ouf marre des courses.

Vendredi soir télé. Y a des puces dans le tapis.

Samedi 12

Grasse mat puis inventaire puis pesée bouffe puis photo dans la cour avec tout le matos.

Puis remplissage des sacs. Soir: films.

Dimanche 13

Grasse mat, derniers fignolages, lecture des guides (il était temps!) départ à 18h.

Merci Sylvain pour tout.

Paris en RER avec les sacs…galère.

Roissy 1 ou 2 ? Bon 1 merde c'est pas là. Donc 2. Merde c'est au 1. Heureusement qu'on avait de la marge.

On arrive à 20h45. On mange (pâté, pain) puis pesée sacs sur tapis non utilisés.

Enregistrement: pas de problème poids (40.7 les 2 sacs + 11 kg à main, on a polaire et veste sur nous) mais problème avec les bâtons: il fallait les emballer. 56kg de matos quand même…

23h dans l'avion: le steward est complètement fou. Il nous accueille : “Bienvenue, cet avion est un xbr210 expérimental…c'est son 1er vol aujourd'hui…”, etc.

Il y a un problème moteur, on crève de chaud. On part avec 45mn de retard.

Consignes de sécurité lues par le steward fou. Extraits: “nos deux danseuses étoiles de l'opéra de Pékin vont vous présenter…”, bruitages, accents Islandais, zzz à la fin des phrases, intonations délirantes. A propos du gilet de sauvetage “tirez sur les poignées avec le sourire” (les hôtesses sourient) “s'il ne se gonfle pas vous pouvez en conclure que ce n'est vraiment pas votre jour de chance prenez alors les embouts… et soufflez dedans (imitation de souffle désespéré) bon courage!” “Une fois sortis de l'avion, des jeux nautiques seront organisés par l'équipage…” ETC Applaudissements généraux.

Il a pas arrêté jusqu'à l'arrivée! Tut tut vroum criic (frein à main) dans l'allée centrale avec son chariot de bouffe, etc. Incroyable.

Arrivée Reykjavik 0h55 , on achète des couronnes Islandaises (KR) et le bus nous amène au camping vers 3h30 du matin, on paie, on s'installe. Il fait 12°C.

De Rekjavik à Akureyri

Lundi 14

Réveillé à 5h par le jour.

On mange pas: départ à la recherche de cartes topographiques (il était temps?) à Reykjavik.

La ville est sympa, la vue sur le bord de mer est superbe (collines au loin avec neige).

On est en T-shirt et short. On trouve les cartes (l'adresse indiquée par le guide du routard est périmée- 45 min de marche inutile). On en prend 3 au 250.000! Nico voulait pas dépenser plus, moi j'hésitais… On verra bien.

Averse: on court, Nico laisse son empreinte de pas en Islande: il bousille un muret en béton pas sec.

On arrive au terminal de bus à 14h30, prochain car pour Akureyri 17h30. On achète les cartes postales et on les écrit jusqu'à 17h. Il en reste 5 à écrire à Nico !

Hop dans le car. Le voyage, qui va durer 6h, commence bien. C'est beau: montagne noire avec de l'herbe qui essaie de pousser, la mer de l'autre côté…etc.

On passe un tunnel vachement long, puis de l'autre côté, pluie: oh putain si c'est ça, ça va pas être gai… puis nuit qui tombe et brouillard et froid. De pire en pire pendant 4h! On est à croupi sur les sièges, en boule, les jambes sous la veste polaire: on se les pèle! (les pantalons sont dans le sac dans la soute). On regarde dehors… A part le bord de la route et le brouillard on voit rien. (cf extrait du dialogue de la page 1)

Le moral en prend un coup. A chaque pause il fait plus froid. Arrivé à Akureyri à 00h: il fait nuit, 7°C, humide comme chez nous, il n'y a personne, on est en short, à part des instructions plus que vagues du chauffeur on ne sait pas où est le camping, tout va pour le mieux.

La ville a l'air très jolie. Alors qu'on erre à la recherche du camping, on se retrouve face à un immense escalier qui monte très haut, vers là où est censé se trouver le camping. On en chiait déjà avec les sacs sur le plat, alors on décide de … monter en courant ! Enfin on se tire la bourre dans l'escalier comme on peut et on arrive simultanément en haut, les jambes complètement sciées, morts de rire de notre débilité. On s'installe au camping à 0h30 dodo.

Mardi 15

Debout à 9h CA CAILLE! On plie la tente et on se casse sans payer: pas trouvé le warden. On mange près de l'eau des pâtes avec une sauce piquante. On va au terminal bus poser les sacs et on repart visiter Akureyri. Sympa mais petit. On achète du beurre et du pain. On visite les magasins de laine, très beaux pulls. Sur l'eau des gamins font de la voile, chavirent exprès, se baignent: ils sont bien équipés. On retourne au terminal: j'entre les points GPS pendant 2h: refuges et intersections du trek. On discute brièvement avec une québécoise qui nous laisse le plan de Myvatn (qu'on avait pas ). Nico s'emmerde, moi j'apprécie la chaleur et le fait de pouvoir étudier les cartes et de rentrer quelques points GPS.

Dehors il pleut maintenant. (on s'est réveillés ce matin avec plein d'eau dans la tente, soit parce que la couverture de survie (qu'on avait mis dessous) faisait rigole, soit à cause d'une petite déchirure dans un coin de la tente… ça fait super chier).

On prend le livre d'or du terminus pour y mettre quelques mots….

On discute avec quelques Français qui passent. Ils nous avertissent qu'il vaut mieux avoir un duvet chaud: ils avaient des sacs garantis chauds jusqu'à -5°C et se les sont gelées! On les rassure (on a des sacs -17°C)…

Le bus arrive, on part: pluie, brouillard et le lac sous la pluie.

On va au camping que nous a conseillé un Français en traversant un champ de lave.

On pose la tente à 22h30. On mange pâtes avec sauce (encore) une petite douche (aux œufs!) et au lit. Il pleut presque toute la nuit.

Départ (Myvatn)

1er jour

MERCREDI 16 : 1er jour, contour du lac.

On se lève à 10h, il pleuvait jusque là. On décide d'aller faire le tour du lac Myvatn (25-30km). On mange du pain-beurre et c'est parti. Il fait froid, il y a du vent et il pleut mais ça va: on marche enfin et à bonne allure. On marche sur la route et c'est quand même chiant. La pluie cesse on profite un peu du paysage: pseudo cratères, montagne, lac, étangs et oiseaux.

3h de marche, la pluie revient fort. On s'arrête bouffer un peu, chacun à l'abri derrière un bloc. Ça commence bien… Misérables, recroquevillés, sans rien dire on grignote. Ça va être plus dur qu'on pensait. On repart il pleut, il vente. Grosse galère: les chaussures prennent l'eau, les pieds se ramollissent, et une ampoule au petit orteil gauche. On s'arrête acheter à manger après environ 5h de marche (40min de pause en tout) à la dernière épicerie sur notre chemin. Chips, bonbons et fruits secs.

On s'empiffre, on discute. Nico a mal à l'épaule droite, il du mal avec son sac. Moi aussi. Soit on s'arrête à ce camping, soit on va au camping suivant 7ou 8 km plus loin. On va voir le camping et on décide d'arrêter là les frais pour aujourd'hui.

Gros coup au moral après cette journée: vêtements trempés (sauf veste militaire), chaussures, chaussettes, pantalon, mal au dos, aux épaules, aux hanches, froid, mal au ventre (les chips passent mal), objectif non atteint (on a quand même fait 27km) et 16 jours à tenir comme ça… On n'est pas partis et pas prêts d'arriver. C'est dur dur dur. Je soigne l'ampoule: la perce et met un pansement spécial ampoules. Aiyeeuu. Eh merde. On verra demain. J'écris à croupi tout près d'une pissotière, dans les chiottes: il y fait moins froid.

2ème jour

JEUDI 17 : plein sud.

Il a plu toute la nuit mais il est 8h et il ne pleut plus. Il y a du vent: la tente a presque séché. On mange nos céréales pour la première fois, hum c'est bon 1000kcal! Puis on part. Petites inquiétudes sur la quantité de fioul dont on aura besoin (on pourrait prendre 0.5L de plus avec une bouteille de coca de Nico) mais on part avec ce qu'on a. Les chaussures ont séché! Et les chaussettes aussi. On les avaient mis sur le radiateur des chiottes, qui nous sauve donc les pieds. On part donc avec un bon moral. 1L d'eau chacun, à 10h. L'ampoule me fait mal mais pas beaucoup. Au bout de 40min, on tourne à droite, plein sud: fini la route N°1 avant 16 jours.

On est super motivés, en plus il a l'air de ne pas vouloir pleuvoir. Quel plaisir de marcher sans pluie. Encore un peu plus loin on quitte la grosse piste pour une petite piste pour 4*4 très sympa: on passe près de petits lacs et le long d'une rivière.

Puis peu à peu alors qu'on aborde des collines, l'herbe disparaît pour laisser place à un désert de cailloux.

Nous avons en point de mire une montagne (988m) qui semble très loin. Avant d'y arriver on devrait croiser un point d'eau (une rivière) mais bien que l'herbe, les moutons et les oiseaux soient réapparus, toutes les rivières que nous croisons sont sèches. Moments d'inquiétude, il nous reste 0.5L d'eau chacun. (on s'est arrêté manger des fruits secs, reste de chips). On continue, sachant que plus on avance, plus il faudra marcher si la prochaine rivière est sèche. 45min plus tard, enfin de l'eau! Le trek suit la rivière donc on fait pas d'eau et on continue. Nico semble souffrir, je sais pas quelle tronche j'ai…

On longe maintenant la montage parmi des pâturages, le soleil fait parfois son apparition, la vue est dégagée vers le lac Myvatn… Grand moment de bonheur. Le sol redevient lunaire, on bifurque vers la rivière pour trouver un coin où dormir. Le vent souffle un peu.

On arrive près d'une petite cascade où l'eau serpente entre la roche noire sur laquelle pousse une herbe qui semble bien verte et quelques fleurs. “Super beau”. On trouve un endroit plus ou moins abrité du vent et on plante la tente. On mange (soupe aux légumes, curry, sésame) et on se couche. On essaie une nouvelle variante: les sacs dehors dans la bâche rouge.

Seul gros bémol: le GPS n'indique que 20.5km (à vol d'oiseau) ce n'est pas du tout assez, surtout pour l'effort que cela nous a demandé. On est donc un peu triste, mais on déconne et ça va mieux. Une superbe journée quand même. 7°C dans la tente ce soir.

3ème jour

VENDREDI 18 : un refuge.

6°C 7h30 Pluie, crachin, pluie, crachin. Eh merde. J'ai pas envie de sortir.

On décoince à10h30. Il pleut. Vent dans le dos comme depuis 2 jours. Ça va bien malgré l'humidité. On part avec 3L d'eau de peur que les rivières soient sèches (malgré la pluie, comme hier). Les sacs sont lourds.

On passe à 1 km d'un refuge (ça y ressemble) sur la gauche, pas indiqué sur la carte. Je râle après la carte, puis me dit que notre petit coin près de la cascade était bien sympa.

J'ai dû dormir sur une bosse: j'ai mal au dos. Le paysage est grandiose: désert puis brouillard. On revient parmi des prairies puis… une rivière. 1er gué à trouver…je vais voir en amont, Nico en aval. Pas de gué. On traverse pieds nus 3 fois: sac, ventral, chaussures, guêtres , bâtons. On n'est pas encore au point!..

Elle est gelée (5°C env.)!

On repart, le chemin tourne beaucoup pour éviter les blocs de lave, les mottes de terre, etc. Sur la carte le chemin s'arrête, en fait on s'aperçoit qu'il continue mais en serpentant encore plus. C'est très pénible: on hésite sans arrêt entre suivre le chemin et couper au risque de le perdre. On voit une ferme au loin à droite. On mange: sésame, barre chocolat, sésame et isostar qu'on a fait ce matin. Il me donne la pêche! Le chemin devient vraiment chaotique. Un 4*4 avancerait au pas sur plusieurs passages. On rejoint enfin le chemin indiqué sur la carte qui va en direction d'Askja. On longe une rivière, c'est magnifique. Le trek sinue entre les coulées de lave refroidie, on marche tantôt sur de la lave, tantôt sur de la terre, tantôt sur de l'herbe. Pour un 4*4 c'est maintenant limite possible. Nico a mal aux genoux…tendinite? On passe près d'une cabane en ruine. C'est beau, c'est beau. Il se met à pleuvoir. Merde.

1h plus tard: un refuge !

Je le distingue à peine dans la brume mais c'en est bien un. Ouvert ou pas? Je regarde la carte, non il n'est pas indiqué! Putain de carte. On croise des rivières non indiquées, des refuges non indiqués et elle annonce des rivières qui n'existent pas. Je me retourne pour l'annoncer à Nico. Il a l'air naze. Il est 17h, trop tôt pour s'arrêter. On arrive au refuge, je crains qu'il soit fermé, l'annonce même, lorsque je tombe sur une serrure… non, il est ouvert.

J'entre et je craque: il est super, rien n'y manque, il y a des supers lits, etc. On décide d'y rester.

On rigole, on déconne, tout va bien, même si on n'a progressé que de 16.2 km aujourd'hui, on avait besoin de recharger les batteries. On estime quand même à 25km parcourus (4.5 km/h * 5.5h), à cause du détour fait pour retrouver l'autre piste.

On discute des jours à venir. Askja 1300m d'altitude. On est à 450m. Prochain refuge à 17 km. Si on monte l'Askja, on perd 2 ou 3 jours. On a du retard. On verra demain soir.

Je me douche (!), lave mon T-shirt et un caleçon. Je mets mon HellyHansen: il est chaud! Je me casse la gueule et me blesse à la main en allant rincer la bassine. Je me suis aussi aperçu en me lavant qu'à cause du poids du sac la ceinture ventrale m'a fait saigner à la cicatrice de ma hanche. Zut. Aujourd'hui aussi mes deux petits orteils m'ont fait mal. On mange: pâtes au bof, soupe curry, sésame. Tout va bien. J'étends la tente dans le sas, elle doit faire 3 ou 4 kilos avec toute l'eau qu'elle a absorbée dans les nuits précédentes.

J'aimerai que Steph soit dans mon lit ce soir. J'espère que je rêverai à elle cette nuit (gros cauchemars la nuit dernière). Il est 22h10. Une bonne nuit m'attends. J'ai commencé à siffloter mon air favori aujourd'hui.

Le refuge coûte 850kr/personne (78FF). Il est réservé pour le 14, le 17 et le 19. C'est pas de la chance ça? On n'a que la chance qu'on mérite il paraît.

4ème jour

SAMEDI 19 : premier jour de beau temps.

7h00, j'ouvre les rideaux: il fait beau!! Comme pour la première neige dans un chalet de montagne, je suis tout excité. En fait il y a des nuages mais très élevés en couche fine. Je réveille Nico, on est d'accord pour partir plus tôt . 7h30 on se lève. Il fait 10°C dans le refuge, peut-être 6 ou 7 dehors. Un peu de ménage, on fait les sacs et on part à 9h00, mes petits doigts de pieds sont à vif… mais il fait beau, on est en short et T-shirt! Des moucherons nous agacent un moment. Champ de lave, dernière rivière, on ne fait pas d'eau; on devrait en trouver en début d'après midi. Désert chaud. C'est sublime.

On voit l'Askja au loin, le Trollamachin à droite et quelques collines vers lesquelles on se dirige. Ça y est on est dans notre rêve: marcher dans un désert. Dommage que j'ai si mal aux pieds et que Nico ai si mal aux genoux.

On fait une pause au milieu de nulle part, silence… minéral. On mange peu et c'est reparti. Inquiétude: on trouve pas la rivière. Puis on devine une rivière asséchée: grosse inquiétude parce qu'on remonte son cours. Ouf 1h plus tard: de l'eau. Je termine les 0.5L qu'il nous restaient. On était partis avec 1L! On trouve le refuge, sympa comme l'autre. Il est à l'entrée d'un canyon qu'on va franchir. Avec à gauche l'Askja enneigé. Au refuge l'itinéraire d'ascension est indiqué. On passe à côté peu après. J'enrage… Je reviendrai ici avec Steph, en 4*4! Le franchissement du canyon est magnifique, d'autant plus qu'on débouche sur une vue magnifique de l'Askja.

Nico a la chiasse, la nausée, est fatigué, a faim. On s'arrête. Je me sens en forme comme au matin, près à marcher 3h encore, même si une nouvelle ampoule est apparue sous mon pied gauche. Décidément…une par jour. Pourvu que ça s'arrête là (16j!). Je déconne mais après chaque pause on repart comme des vieillards pendant 15 min en faisant des pas de 30cm. Après, comme s'il fallait un préchauffage, les douleurs s'atténuent, même les pires et on peut marcher à peu près normalement. Heureusement qu'on a les bâtons…

Problème ce soir pour faire de l'eau: les filtres saturent, l'eau est boueuse. Ouf, en cherchant on trouve une flaque qui fait filtre naturel.

Aujourd'hui progression 22km soit environ 26 km parcourus. On s'est arrêtés à 17h30.

5ème jour

DIMANCHE 20 : Le glacier.

J'ai eu chaud toute la nuit. 7h00 j'ouvre…grand ciel bleu. Je me lève immédiatement! Bonne surprise car hier soir il recommençait à bruiner, brouillard, etc. C'est beau! Il fait 5 °C dans la tente et il a gelé cette nuit: une rivière a disparu! On part à 8h45 pour faire de l'eau plus loin. Chargés comme des mules, c'est parti! Une colline, ça y est le voilà: le Vatnajokull. Impressionnant. Il est très loin mais occupe presque tout l'horizon.

J'ai très mal aux pieds. Il faut marcher vite car on n'est pas sûrs de trouver de l'eau ce soir et on n'en trouvera pas dans la journée. Ça y est, il fait chaud. Heureusement un petit vent nous rafraîchit. On avance bien, rejoint une piste, coupe pour rejoindre celle qui va plein sud. Désert, grande ligne droite où le chemin continue à perte de vue. A droite le Trollamachin, tout droit le glacier. Une autre ampoule, la 4ème… Putain je comprends pas.

C'est beau. On mange cacahuètes, barre chocolat, reste de sésame d'hier soir. On boit un peu mais pas trop. On marche, on marche. 5.5km/h dit le GPS quand on avance bien. Les 5 premières minutes on fait des tous petits pas: on a vraiment mal. Plus qu'1h30, plus que 30 min. Ca y est , on voit de l'eau, on peut s'arrêter. On a pris des couleurs. Le glacier est tout près maintenant… il est tout noir!

C'est monstrueux. Je n'arrive pas à voir où on va passer demain (on doit longer le glacier) on verra bien. Impossible de faire de l'eau ce soir.

Joli coucher de soleil…j'en ai vu un en Islande maintenant! Je commence à pas mal me démerder avec le réchaud. Risotto de bœuf ce soir. Pas mal. Les plats lyo sont attendus avec impatience. Après le petit dej, c'est ce que je préfère. Ce soir je vais réessayer le sésame au beurre, peut-être est-ce cela qui m'a tenu chaud. On parle souvent de ce qu'on fera à notre retour. Steph me manque.

Ce soir grosse pédicure: pour moi c'est le seul handicap. Mes Thorlo's des Pyrénées sont mortes, d'où peut-être toutes ces ampoules. Demain je mets des presque neuves. Aujourd'hui 27.4km de progression! Record! On a du marcher 30 ou 33km.

6ème jour

LUNDI 21 : Nico a des hallucinations…

7h30 Ai eu un peu froid cette nuit. Peut-être fatigué d'hier et pas dormi avec le HH. On part à 9h10. Délicieux le petit dej ce matin… Il nous reste 1L chacun. On va pour faire de l'eau près du glacier… c'est de l'argile! L'eau est très très boueuse. On prend quand même 1.5L chacun au cas où, mais si on veut du potable, faudra faire avec ce qu'on a récolté hier matin. Le glacier noircit par le sable, l'eau qui serpente à nos pieds, les dessins d'argile faits par l'eau. C'est magique.

On se dirige à l'ouest maintenant (pour contourner le glacier pendant deux jours), vers une colline dans laquelle devrait se trouver un cratère. On monte on monte, toujours rien. On a quitté la piste car elle sinuait beaucoup et cela ne nous sert à rien: on passe entre les blocs. Toujours rien. La carte déconne encore? On rejoint la piste qui est de nouveau droite. Ça y est! Au dernier moment on tombe… dedans ! Non presque. C'est impressionnant.

On n'a vu personne depuis 5 jours, plusieurs fois ces jours-ci, Nico s'est arrêté me demander: “quoi?” sans que je n'ai rien dit. On se marre de la situation.

On continue, Nico entend un 4*4. Encore une de ses hallucinations? Non : on passe une bosse et on aperçoit un 4*4 rouge qui s'en va. On le retrouve 1h plus tard près d'un vieux refuge d'urgence tout en bas. Il part quand on arrive, sympa. Ils étaient 9 dedans! (avec remorque). On mange cacahuètes, sésame au beurre, barre chocolat.

Une nouvelle ampoule est apparue sur mon gros orteil gauche, et une énorme sur le petit droit, qui s'ajoute (sur le dessus) à celle qui était déjà dessous. L'orteil n'est plus qu'une ampoule. Nico est admire: “ouaouh!”. Je la perce sans pitié pour le chef d’œuvre.

On visite le refuge et on y va. A côté du chemin, on assiste à la renaissance d'une rivière.

Ici quand il fait chaud l'eau arrive parce que la glace fond, et quand il fait mauvais l'eau arrive aussi, mais du ciel!

On décide de couper car la piste sinue beaucoup dans le champ de lave qui nous attend. A un moment on marche sur du sable avant de s’apercevoir que de la glace se trouve dessous, étrange. Ici: sous le sable, la glace. Il y a beaucoup de vent depuis ce matin, dans la gueule. C'est pénible et en hors piste on avance à 3/3.5 km/h, avec le sable dans la gueule aussi.

On marche, on marche. Nico a du mal. On rejoint la piste, on la quitte, etc. On va globalement tout droit. On est à 1125m (le refuge était à 1025m et le cratère aussi) 17h30 il reste 10km…

La route sinue mais on la suit maintenant, c'est intellectuellement plus reposant (surtout pour celui qui marche devant). Je trempe ma chaussure gauche en traversant une rivière. Merde. Chaque fois que je m'arrête, le pied se refroidit et mes orteils détruits me refond souffrir. J'ai plus envie de m'arrêter jusqu'à notre objectif: une “hut” indiquée sur la carte. Nico traîne, c'est chiant mais je me dis que ça pourrait très bien m'arriver. Je lui dis que je ne m'arrêterai plus avant la “hut”, “OK comme tu veux, pas de problème”. Il est 18h30. Je pars, on arrive en haut du plateau (900m) superbe vue sur la plaine (grand désert!) avec le soleil en face et 2 ou 3 glaciers immenses. Le chemin descend, chouette je cours. J'ai un punch qui m'étonne. C'est quand je m'arrête de marcher que la douleur revient sauf si je reste parfaitement immobile.

Il y a déjà 2 4*4 près de la “hut”, on décide de planter la tente ailleurs. La hut ressemble plutôt à une maison, et je me demande d'ailleurs si elle est accessible à tous. On trouve un coin sympa près d'une rivière à eau claire.

On fait ENFIN de l'eau. Il est 20h15. 24.4km de progression aujourd'hui. Pas mal, vu le terrain. Coucher de soleil, dodo.

7ème jour

MARDI 22 : The day.

Debout 8h, sans doute le contre coup d'hier. Départ à 9h40, il fait pas beau mais on voit quand même un peu de ciel bleu. Le vent vient de sud-ouest, génial: dans la gueule.

Le paysage est très monotone toute la matinée: une grosse piste de 4*4 sinue dans les collines désertiques. Nico trouve ça génial, il est forme, pas moi. Je trouve que c'est chiant: la vue est dégagée, on suit une piste de 4*4 qui continue de même en haut de chaque colline. Le désert c'est des dunes à perte de vue ou un sol plat mais sans piste de 4*4…

On reste côte à côte, on discute beaucoup plus que les jours précédents, ça passe le temps. On s'avoue qu'on pense beaucoup à nos copines.

Pause, marche, pause-midi (40min). On marche 1h (parfois plus) et 10 min de pause.

Après midi, les rivières se succèdent: 1,2,3, le ciel s'assombrit. Tantôt on enlève nos chaussures (c'est super chiant: ça casse le rythme) tantôt ça passe sans. Alors qu'on commence à être bien nazes, on arrive à un panneau, juste avant une grosse rivière. DANGER, etc, recommandations.

Il faut passer de toute façon. On n'a pas peur mais vu la quantité d'eau, je crains qu'on se mouille les couilles! Il se met à pleuvoir et bien fort! Super, génial, c'est vraiment le moment, ça devient bien glauque notre affaire. Je me défroque, ça surprend Nico qui estime que “ça ne devrait pas poser de problème”… Ça caille (il souffle toujours aussi fort: 5-6 Beaufort). Me voilà en caleçon à l'assaut de la rivière. Les godasses qui me pendent dans la gueule. J'entre…ouh la la ça pulse, ou putain ça devient profond. Les bâtons m'aident mais ils sont chassées par le courant . J'avance quand même plus ou moins en appui. Je m'enfonce: genou, cuisse, haut de cuisses, je suis déséquilibré en avant, tant pis j'y vais, merde de merde je m'enfonce jusqu'aux hanches et jusqu'à mon avant bras gauche, je nage à moitié, continue et parvient à ressortir. Merde de merde mon sac de couchage… Il pleut, ça caille mais mes jambes reprennent vie. Je pose mon sac de l'autre côté, enlève la housse anti-pluie, ouf elle a bien protégé mon sac à dos, donc aussi mon sac de couchage qui est de toute façon dans sa housse qui est dans deux sacs poubelles! J'ai perdu une petite gourde. Zut Je la cherche en vain bien sûr (elle était aux ¾ vide). A Nico! Il passe juste lui aussi mais se mouille moins et comme moi manque vraiment de se casser la gueule .

Putain quelle merde. On se rhabille et essaie de se réchauffer.

Deux 4*4 et deux motos arrivent . On les regarde passer. Belle techniques. On est à 13.4 km du prochain refuge. Aller on y va .

Vent violent (un bon 6 Beaufort maintenant) dans la gueule, crachin, fatigue, mal aux pieds, rivières à passer, encore! Mais on continue. On y arrivera. Il est 17h45. J'en chie terriblement, j'ai mal. Nico marche devant, moi juste derrière, aujourd'hui c'est lui qui a la patate. Je lui propose quand même qu'on se relaie pour se protéger du vent mais quand je vais devant il marche 5m derrière ou à côté parce qu'il trouve chiant de rester à l'abri collé au sac de l'autre. Je me remets donc derrière lui. 1h de marche, 2h, 3h encore des rivières.

Si on s'arrête on repart plus.

Marcher derrière son sac m'aide vraiment. Soudain, au détour du chemin: le refuge ! A 500m Ouai ! 21h15 Un 4*4 arrive, il s'arrête et nous dit qu'on lui a dit que 2 randonneurs arrivaient. Il nous demande si c'est nous… Silence, on a du mal à parler, le visage engourdi par le froid et l'eau. Il comprend vite qu'il doit pas y avoir 15 abrutis de notre espèce dans le coin et propose de nous faire passer la rivière qu'il reste avant le refuge. On hésite puis on comprend qu'il est sorti exprès par ce temps pour nous! “OK” On met nos sacs derrière, on monte. 200m plus loin nous voilà au refuge. Excellent la traversé du gué en 4*4. Côté amont l'eau montait jusqu'aux fenêtres ! On saura jamais si on aurait pu la passer en nous défroquant une dernière fois. On le remercie beaucoup.

On entre dans le refuge… oooh qu'est-ce qu'il fait bon: 6 jours qu'on vit dehors entre 0 et 7 °C. On est accueillis très simplement et avec beaucoup de gentillesse. “Vous pouvez vous installer en haut à gauche, pour faire sécher vos affaires c'est là ou bien là”, etc. On s'installe, les sacs de couchage sont secs, on descend pour manger avec nos plats lyo, elle (une ravissante Islandaise de 23 ans) nous propose des boulettes de poisson avec des patates. Merci beaucoup. Je pensais qu'on devait les faire chauffer, elle le fait pour nous! On parle un peu, on mange beaucoup beaucoup. C'est bon! On la remercie sans arrêt. On lui demande des info sur la route à suivre, les km, les prévisions météo, etc.

On monte se soigner, on a mal partout, mais on est heureux. Aujourd'hui, 11h30 en tout dont 9h30 de marche effective. 27.2 km de progression. Entre 35 et 40 peut-être plus marché. Eh ben dis donc! Et en plus ça valait le coup! Et puis Nico m'a trouvé une autre bouteille de coca alors… je vais bien dormir, après avoir soigné mes pieds…qui ont morflé : 2 ampoules au pied gauche en plus ce soir, des coupures dans la peau tendre sous le petit orteil et une déchirure à l'orteil du milieu faite par l'ongle d'à côté. Ouh lala.

8ème jour

MERCREDI 23 : j'ai mal.

7h15. Bien dormi mais j'ai eu chaud! C'était sympa hier soir d'écrire à la lampe à pétrole. Je me lève très difficilement pour aller pisser : j'ai mal aux pieds. Impossible de marcher normalement. Les toilettes sont dehors, il fait gris mais ça va (il a plu toute la nuit). Je remonte me soigner et au lit, après avoir mangé deux boulettes froides. Debout 9h30 dehors il bruine. Génial… Dedans il fait chaud, on est pas motivés, on traîne. Départ 12h10. 48 km jusqu'à une intersection où est dessiné une pompe à essence sur la carte. On peut y être dans 2 jours . On marche, il bruine, j'ai mal aux pieds, c'est terrible aujourd'hui. Je suis à la traîne. D'habitude la douleur disparaît quand les pieds sont chauds, mais là non. On continue, il bruine encore, le chemin est chiant, on voit rien.

C'est dur. Mes bâtons sont devenus des béquilles, j'ai l'impression que j'irai plus vite avec des vraies. A Nico de m'attendre maintenant. On n'a même pas fait la moitié de la traversée…

On devrai passer des gués mais ils sont secs. C'est bien et c'est pas bien, on comptait dessus pour faire de l'eau. Il s'arrête de bruiner. Le glacier sur notre droite est magnifique mais c'est tout ce qu'il y a à voir. Le reste c'est la lune, sans les cratères. Il passe pas mal de véhicules. On marche quand même 22.8km (en progression) jusqu'à 19h. On devait arriver à une grande rivière, elle est sèche. Merde. Ouf on trouve une flaque ou deux. Vive le filtre. On plante la tente, on fait un petit mur de pierre . On mange, on discute, on écoute le silence. Le petit vent qu'on avait de face aujourd'hui a disparu. Les nuages arrivent, on se couche, il bruine, encore et toujours il nous semble. On est dans le lit de la rivière, j'espère qu'il n'y aura pas de crue…

A froid Nico est complètement paralysé des genoux. Il gémit en se mettant dans son sac! Alors je fais pareil, il surenchérit, etc .. On se marre de nos souffrances: ça les soulage.

9ème jour

JEUDI 24 : Vent et pluie, encore.

6h45 réveillé par la pluie. Super… Je sors pisser, il fait pas trop froid: peut-être 11°C. Je me recouche, debout 7h30. On râle, il bruine. On fait les sacs dans la tente. 9h20 départ, tient il ne pleut presque plus. Je suis plus en forme qu'hier. Normalement on n'a qu'à progresser de 22 ou 23 km.

La pluie s'arrête, on marche. Le vent est très fort, de face (force 6 ou 7). On peine, ballottés par les rafales. Le paysage est toujours le même, il n'y a rien à voir. Piste, colline, piste, etc. 13h40, on s'arrête manger: croquants, 2 granys. Il bruine à nouveau maintenant, plutôt fort. Avec le vent elle est très pénétrante. Nos vêtements sont trempés du côté au vent en 20 secondes. On marche. La bruine s'arrête vers 16h, on sèche un peu avec le vent. La fin est interminable. On s'attendait à arriver à Versalir vers 16h15, on y arrive vers 17h. Sans pause depuis 13h40….. La route sinuait à n'en plus finir. Versalir est une ferme auberge. La gérante sort et vient vers nous, on boite tous les deux horriblement, à tel point qu'elle nous croit en détresse. “Un bus arrive, il pourra vous ramener, ça va aller…”. On la rassure en disant que le soir on boite (avec mimes plus que crédibles) mais le lendemain matin pas de problème, on part en courant. Elle semble sceptique..!

On entre pour demander où on peut planter la tente, la gérante très sympathique nous propose de la mettre derrière la maison pour être protégé. On la plante à 1m du mur! La grosse pluie s'abat à nouveau mais on reste à peu près épargnés grâce au vent.

Nico va demander pour de l'eau, elle lui montre les toilettes, etc. On revient le soir, on discute un peu avec elle. Elle nous plaint! Elle propose de sécher nos chaussures sur un radiateur, on lui dit qu'il n'y a qu'à simplement les laisser à l'entrée. Merci. Elle nous répond qu'il y a 80km jusqu'à Landmanalaugar et que demain le même temps qu'aujourd'hui est prévu… On était presque démotivés… Mais le fait de parler de notre périple nous fait du bien. Pour reprendre confiance on se dit qu'on doit pouvoir supporter de faire 80km sur une piste chiante, trempés toute la journée pendant 3 jours. Le faire en 2 jours avec ces conditions et dans notre état est difficilement envisageable. Si le vent pouvait tourner…

Pour lui faire plaisir et à nous aussi , on lui demande si on peut acheter un gâteau typique (elle vend beaucoup de connerie auxquelles on résiste: kitkat, mars, lion, etc). Oui bien sûr (150kr) avec un verre d'eau. On le mange maintenant puis au lit. Il pleut. Nico sort pisser le long de la baraque… Ça m'énerve.

10ème jour

VENDREDI 25 : 7h ni plus ni moins.

7h30. Il pleut. On mange tranquillement, pas trop motivés. On entre dans la ferme auberge pour aller aux toilettes. Elle nous accueille “good morning!”. On discute, on boite encore, alors elle nous plaint. Je lui dis: “I'll come back here but with a…” je mime la conduite d'une voiture. “A jeep” me dit-elle. “YES!”. On rigole. Elle nous dit qu'il lui reste des gâteaux et si on les veut. OUI OUI OUI! Elle nous donne deux grosses parts de gâteau dont un qu'elle a en fait pris dans sa vitrine. Trop gentille, même si ma phrase a peut-être un peu aidé.

On part à 10h. On a décidé: aujourd'hui 7h de marche ni plus ni moins sur une route presque bitumée. Nico est devant. J'essaie de suivre, me demandant si c'est moi qui ai du mal ou s'il bourre comme un malade. Je lui demande…réponse: il est à fond! Excellent! Sacré Nico. On marche 1h à cette cadence puis 1h plus cool, sans pluie (elle s'est arrêtée peu avant 10h). 15 min de pause. On repart merde j'ai perdu la carte. Je râle. Ça va pas du tout en ce moment: hier soir j'ai renversé une partie du poulet au curry. Je repars donc sans sac à dos pour la chercher là où on a fait la pause. Non. Merde. En a-t-on vraiment besoin? Oui. Je continue donc. Un “Hummer” passe à fond… impressionnant. 5min 10min 15min. Toujours rien. Une dernière pente et je fais demi-tour. Tant pis…Fait chier… Quel con.

Soudain j'aperçois quelque chose au milieu de la route. Encore un gros caillou sûrement… J'ai dis que je faisais demi-tour ici. Bon je vais voir quand même. Putain c'est elle! Le bol. Je rentre, une averse, je me sens incroyablement léger et me rends compte du handicap que représente le sac. 35min de perdues quand même.

On repart, la pluie arrive. 2h de marche, pause. Il pleut toujours. On repart, 1h de pluie puis elle s'arrête doucement et un fort vent arrive. 1h plus tard nos vêtements sont presque secs mais les chaussures restent humides. 2h de marche, on s'arrête. 15min de pause. On repart. Le ciel après un peu de soleil est tout noir devant nous. Oulala méga averse pour notre gueule dans pas longtemps. Il reste 1h de marche. J'hésite. Je repars. J'hésite, je repars (il nous faut de l'eau pour ce soir et demain matin or un lac est plus loin). Il est 17h30. J'en parle à Nico. On continue en discutant puis on se décide de… se mettre à l'abri sous la tente. Vite vite. Quelques gouttes commencent à tomber. On jette tout dedans et on rentre. Ca y est il pleut. Le déluge. Ca aurait été con de se tremper pour une heure. On attend 1h que le déluge passe et puis il fait presque beau.

On décide de repartir terminer les 7 heures de marche prévues. On marche sous le soleil, des montagnes apparaissent au loin avec un ciel gris au dessus. Puis une ligne bleue apparaît sur la gauche: on est sur un plateau et un lac gigantesque se dévoile petit à petit. Plus on s'approche plus c'est beau. Il a une couleur vraiment spéciale: turquoise. C'est étrange car le ciel est gris derrière. Peut-être est-ce dû aux suspensions colloïdales de soufre comme je l'avais lu. C'est dingue comme c'est beau. J'ai l'impression que c'est ce que j'ai vu de plus beau en Islande. Peut-être le choc de voir autant d'eau après le désert? Non c'est vraiment beau. Je prends des photos en série pour faire un panoramique. On verra ce que ça donne…

Je trouve un coin où mettre la tente près de l'eau.

Des petites vagues cassent sur le rivage. Le rêve. Il est tard. 19h45. On filtre de l'eau et repas. Soupe avec croûtons, pâtes au bœuf et… gâteaux! Délicieux. On s'est vraiment bien démerdés aujourd'hui: on est presque secs malgré 3h de pluie (les chaussures sont humides), on a marché 7h, bien (30-35km au moins) , on a trouvé un coin sympa et même si ça veut rien dire, 26.9km de progression avec gâteau le soir. On est heureux. Nos pieds puent. Il pleut à nouveau.

11ème jour

SAMEDI 26 : comme des robots.

Mal dormi: sol inégal et grosse pluie toute la nuit. Pourtant elle commençait bien. En fermant les yeux on avait l'impression d'être sur un bateau qui file 4/5 nœuds tranquillement, sans roulis bien sûr. Le rêve.

Il pleut, on part, il pleut… moins. J'ai réussi à tout mettre dans un sac à dos: pas de ventral aujourd'hui! C'est parti pour 7h de marche. On quitte notre endroit de rêve. On marche. Il y a beaucoup de voitures. Certaines passent à fond, d'autres moins vite. Vendredi un convoi s'est arrêté (ils venaient en sens inverse) pour nous demander où on allait. Landmanalaugar on répond. Ils s'exclament “oh là là, combien de jours?” “2 maybe 3” Il pleut pas mal : on doit les impressionner. Je rajoute qu'on vient de Myvatn. Ils “toussent”: “mais depuis combien de mois êtes vous là?” “10jours” on précise. Très chaleureusement ils nous souhaitent “Bon courage, etc”. Très sympas.

Certains passent sans même ralentir (graviers dans la gueule). J'ai mal aux pieds, ils n'arrivent pas à se préchauffer. On passe près d'une centrale hydroélectrique puis un panneau indique Landmanalaugar 26km. Le sac est lourd, on a parfois l'impression d'avancer comme des robots. Une descente, on arrive dans une vallée où on voit passer une course de motos! On arrive à l'entrée du parc qui nous interdit de camper en dehors des camps, c'est à dire au Landmanalaugar qui est à 4-5 heures de marche. On décide camper là, près de la rivière, dans un abri très sommaire. Il y a un peu de soleil, c'est sympa. Problème pour faire de l'eau: la rivière est boueuse. Je trouve une flaque d'eau claire.

Je regarde mes pieds… Pas de nouvelle ampoule, mais la 1ère a éclaté et est pleine de sang et le doigt à l'ongle incarné est tout rouge, infecté. J’appuie dessus du pus sort. Merde. Je soigne avec de l'alcool et une compresse. On mange et au lit.

12ème jour

DIMANCHE 27 : Landmanalaugar.

Bien dormi, malgré une grosse averse qui nous a réveillée. On craignait que l'eau passe par les boulons qui perçaient le tôle mais non.

On a eu le temps de discuter Nico et moi hier soir. Il trouve ce coin beaucoup plus sauvage que celui du 1er refuge… Bon… Ici il y a une ligne téléphonique qui suit la piste tout du long, on vient de passer une centrale, on a vu passer une course de moto et 30 bagnoles environ. Là bas rien de tout ça. Je ne le comprends pas. Puis je m'aperçois qu'il est vraiment en forme, comparé à là-bas. La douleur de son sac l'avait enfermé dans son monde sans qu'il puisse profiter du reste. J'arrive à lui faire admettre que ce n'est certainement pas plus sauvage ici; plus beau éventuellement. Et je ne peux m'empêcher de lui dire que s'il a trop souffert au début c'est surtout à cause de sa négligence en préparation. Il n'a vraiment porté son sac que le 1er jour de marche. Quand je lui ai dit qu'il y a 7 réglages différents sur son sac, il n'en connaissait que 2. Il est souvent enfermé dans ses certitudes. Menfin, sans ses certitudes on ne serait jamais arrivés jusque là alors… Et puis je lui dois l'idée du trek. C'est lui qui a fait germer l'idée dans nos petites têtes d'assoiffés d'aventure.

Nico a mal dormi: mal aux genoux et froid. On déjeune, une petite averse passe. Je me rends compte qu'on est sans cesse dans la crainte de la pluie dans ce pays. Il fait assez froid: 5 ou 6°C mais j'ai eu chaud pendant la nuit (il a peut-être fait 3 ou 4). On part, 5h de marche seulement(!) aujourd'hui normalement. On entre dans le parc. Plus on avance, plus c'est beau. Des bus passent à fond (poussière, graviers) les connards quand même… On croise 2 trekkers. Les premiers depuis qu'on est parti! Depuis 12 jours. Ils sont sympas et vont au Herdoubreid. Ils semblent Islandais. On leur dit qu'on vient du lac Myvatn à pied. Ils nous demandent si c'est parce qu'on le voulait ou si c'est parce qu'on y a été obligés (il fait le signe faire du stop). On répond. Peut-être pensent-ils monter en faisant du stop. C'est pas con!

On continue, c'est beau. Montagnes noirs, grises, rouges avec de grandes coulées vertes d'herbe: très spécial. Un lac, des moutons. Un petit volcan, une coulée de lave. Des moutons. Des collines, des pics. Après le désert on est éblouis par tant de variété. Et puis le Landmanalaugar. Pas mal de tentes. Un grand camp. On s'arrête près du refuge, on se déclare. On voit une rivière couverte de vapeurs d'eau à gauche. On entre dans le refuge. Visite, payer, un petit mot dans le carnet et “gros bisous à Stéphanie” comme depuis Akureyri.

On monte la tente et je me mets en maillot avec… le short, le pantalon, le t-shirt, la polaire et la veste par dessus! Pour aller me baigner. On rigole, on est heureux. Il fait beau (quelques cumulus).

Chaude, fraîche? On se déshabille sans avoir touché l'eau. Elle est…parfaite! On y reste 1h.

Le bain c'est le paradis. Allongés dans 40cm d'eau. Des courants d'eau chaude arrivent de la source, plus tu t'en rapproche plus il fait chaud. C'est une rivière donc pas de problème d'hygiène.

Certains s'enduisent de boue et se rincent.

Il y a quelques algues et beaucoup de “ragondins d'eau chaude”…oisifs (private joke!).

On peut pas nager (pas assez profond) c'est dommage mais c'est pas grave.

Il est 16h30. Petite lessive dans les éviers: caleçon, 2 paires chaussettes, T-shirt, shampoing (pour moi). On boite toujours mais qu'est-ce qu'on se sent bien! Après la lessive, bouffe: inventaire des plats lyo. On étale tout sur une table. Des Italiens passent et se marrent. L'une me désigne un plat en disant “celui là c'est le meilleur!”. En fait on en a un peu trop (13 plats pour 6 jours)!

On mange des pâtes au bœuf. Paquetage (on met les sacs dans la bâche), pipi, dodo. Je soigne mon orteil qui avait encore du pus quand je suis arrivé tout à l'heure. Nico a encore mal aux genoux (alors qu'il n'avait plus après être allé dans l'eau). Il a mal au bide, beaucoup, et se couche sans écrire.

4 jours de montagne nous attendent, sans carte détaillée. C'est une connerie mais j'espère que ça passera… et qu'il fera beau. Ce soir il bruine de temps en temps, pour changer. Il y a du bruit mais j'ai les boules (Quiès)!

13ème jour

LUNDI 28 : Magique, parfait.

Debout 6h45. Il fait gris mais je ne sais pas pourquoi j'ai espoir qu'il fasse beau. On part à 9h, après un groupe de 2 et un groupe de 7 randonneurs. On est en polaire et short ! Puis le beau temps arrive, au moment où on part ! ENFIN!!! On ne sait pas comment sera le chemin et les étapes: longues/pas longues… Dès le début le chemin est raide mais quels paysages!

C'est beau : champs de lave, fumeroles, prairies avec fleurs et moutons, rivière, rhyolite rouge. Toutes les couleurs: jaune, vert, orange, gris, noir, blanc, rose, ne manque que du bleu… mais non : le ciel est bleu ! On marche mais tranquillement. En s'arrêtant de temps en temps pour regarder les roches, pour prendre des photos. Toute la journée je me dis qu'on a vraiment de la chance.

On passe aussi sur de grands névés.

J'ai presque pas mal aux pieds. Un peu à l'ampoule déchirée. On est en short et T-shirt vers 11h. Puis soudain à 12h15, on arrive au refuge ! Quelle surprise. Pourtant on n'a pas marché vite. On y bulle et mange pendant 1h15. Bien équipé le refuge.

Après avoir hésité on décide de continuer jusqu'au suivant : il fait beau, ce serait dommage s'il faisait mauvais demain. Il manquait une belle vue dégagée, eh voilà : on arrive sur une vue grandiose sur la vallée de Thorsmork. On regrette vraiment pas d'avoir fait (presque) la traversée dans ce sens. On termine par le plus beau, par de la montagne (j'adore), par là où il y le plus de monde, ça fait du bien. On marche un certain temps avec un soloïste américain qui a décidé de continuer lui aussi. Dans le refuge, pas mal de monde parlait du mauvais temps dans le carnet. Un, notamment, remerciait l'Islande de l'avoir dégoutté du thon, de la rando, du mauvais temps, du soleil (car il annonce le mauvais temps), du camping, etc. Quand à nous, on est vraiment en forme !

On ramasse des jolis cailloux (obsidienne) qu'il est fabuleux de voir briller au soleil. J'en ramènerai bien un gros bloc mais… On termine par une superbe vallée qui mène au camping.

Le warden nous dit qu'il fait ce temps vraiment très rarement ici. Il a l'air de l'avoir autant apprécié que nous! Pas mal de vent ce soir, on verra cette nuit. La vie est belle. 21km faits aujourd'hui…en montagne ! En 5h. Qu'est-ce qu'on trace sur le plat !

Ce soir tout va bien. On a l'impression de revivre, d'avoir réussi quelque chose. On reparle déjà de ce qu'on a vécu. Tout nous paraît facilement fait. On fait les bilans.

Matos inutile : chapeau, cartouches de gaz, plats lyo du midi, filtres à café (sature trop vite). Merci à Steph pour le sac de couchage et l'appareil photo, à Pa pour le GPS, à Adecco pour les sous, à Armel d'avoir créé l'étincelle. Mais on a conscience que ce n'est pas terminé. Il reste un col qui pourrait être difficile. On pense déjà à ce qu'on fera après : Thingvellir pourquoi pas. En stop ? Pourquoi pas… Mais d'abord : pain, beurre, haribos, gâteaux, pâtes, riz, chips, viande, fruits, notre imagination est sans limite quand il s'agit de nous rappeler tout ce qu'on appréciera.

14ème jour

MARDI 29 : Un peu de hors-piste.

Réveil à 8h00. Ah un peu de retard. Je crois que c'est la luminosité qui déclenche mon éveil. Tous les matins c'est la même chose. Je réveille Nico. J'ouvre mon sac de couchage. Mettre la polaire qui m'a servi d'oreiller. Prendre mon sac rouge où sont les céréales, le lait, l'isostar. Le bol, la cuillère sont près de ma tête et la bouteille d'eau dehors. On commence à être bien organisés! Le soir on sort du sac: plat lyo, soupe, cuillère, fourchette, frontale, tasse, PQ, trousse à pharmacie, réchaud, popote, sac de couchage, boules quiès, bâche, beurre, croquants, couteau suisse, matelas, carte, carte générale, isostar, céréales, lait, carnet, sac rouge, croûtons si on a prévu d'en prendre, cacahuètes (mais il faut pas sinon elles prennent une de ces claques!). Faut rien oublier sinon il faut défaire le paquetage. Ce matin Nico prend un nifluril, j'espère que ça soulagera sa douleur aux genoux, si c'est une tendinite, sûrement. J'ouvre la tente…tiens surprise ! Il fait gris, mais il ne pleut pas.

Départ 10h15, après l'américain. On a décidé de regarder par où il part pour le suivre. On longe le lac, c'est superbe.

On suit le ricain des yeux pour pas le perdre, il a 1km d'avance. Puis le trek devient beaucoup moins évident à suivre, il disparaît parfois. C'est très déroutant: ça fait 12 jours qu'on suit un chemin. Mais qu'est-ce que ça fait du bien !! On débouche en haut d'une colline…ouaouh. Splendide vue sur une splendide vallée.

Une rivière coule au milieu. Une petite descente nous attend pour la rejoindre et la franchir.

On est totalement off-track (hors piste). Le ricain prend plus à gauche, il passe la rivière en bourrin, sans enlever ses grolles, de l'eau jusqu'à mi-cuisse. On décide après lecture de la carte de prendre plus à droite: la rivière y est plus large (donc moins profonde) et ça nous évite d'avoir à en traverser une autre plus loin. Tout à mon bonheur de faire de la topo, je me casse la gueule (glissade rattrapée d'une main), je me blesse à nouveau là où j'était tombé au premier refuge. Tant pis c'est pas grave. Nico rit sous cape et il a bien raison, je venais de lui dire…de faire attention !

Nico râle arrivé devant la rivière, il est persuadé que le ricain est passé sans mouiller ses grolles !… Y fait chier là, moi j'adore ce qu'il nous arrive. Enfin s'aérer la tête en faisant du hors sentier. Il s'inquiétait au début de la journée de ne plus voir les bâtons qui marquent du chemin. C'est pas grave je lui réponds regarde comme c'est joli, et puis si on se paume, qu'est-ce qu'on en a à foutre ? On a 1 jour d'avance. En plus on sait où on est et où est la piste alors…

Il râle parce qu'il faut enlever les chaussures, parce que l'eau est froide, parce qu'il ne saura pas où mettre ses chaussures de rivière une fois qu'elles seront mouillées. Merde ! Il le savait qu'il y aurait des rivières à traverser en Islande. Ce matin même il m'a demandé s'il y en aurait. Je lui ai dis “oui” donc il a pas mis ses chaussures au fond du sac mais sans penser à où les mettre quand elles seront mouillées!

On traverse… putain qu'elle est froide. Ça fait même mal ! On remonte de l'autre côté et on tombe sur un cairn et des traces de pas. Ah, on est passé au bon endroit.

Encore une colline et voilà la piste ! 2h de hors piste m'ont fait un bien fou. On reprend notre cadence route en discutant de choses et d'autres, on rigole tout va bien. On a fait le choix de s'arrêter au prochain refuge. Ca fait une petite journée: 4h30 de marche effective mais c'est une journée de marche quand même. On a “perdu” environ une heure hors piste. J'ai mis de l'éosine ce matin sur mon ampoule déchirée, je la sens moins.

Étonnante étape aujourd'hui: on est passé de l'Islande à l'Ecosse/Irlande puis aux USA (canyon) et au désert de sable noir.

Au refuge il y a le warden et deux huts vachement attirantes. On plante la tente près d'une rivière, c'est sympa. On a de la chance avec les emplacements: ils ont été presque tous jolis. Je soigne mes pieds…l'orteil de mon ongle incarné est toujours gonflé, infecté. C'est n'importe quoi. Je découpe toutes les peaux mortes et je m'aperçois que l'ongle est presque totalement arraché (décollé). J'imbibe du PQ d'alcool, le scotch autour, on verra demain. L'ampoule s'est bien soignée avec l'éosine. Quand au pied droit, il est en parfaite forme! Coup de fatigue ce soir après avoir monté la tente: je me lève, léger vertige. Peut-être est-ce dû au relâchement général qui accompagne l'arrivée toute proche qui semble facile.

D'après le warden : 6h jusqu'à Thorsmork puis il a fait Thorsmork-Skogar en 6h mais sans sac lourd. On le fera donc en 2 jours. 3h pour la descente jusqu'à Skogar. Ca fait donc 2.5 jours restant si tout va bien. Et on arrive le 1er à midi donc on pourra téléphoner à l'appart le soir pour annoncer la réussite de la traversée et souhaiter bon anniversaire à Steph. GENIAL. Mais bon c'est pas encore fait, cf le coup de fatigue…

Il a fait plutôt bon aujourd'hui ( plus que hier où il y avait du vent). Même sous la bruine on avait plutôt chaud (il y en a eu pendant 1h avant d'arriver au refuge). Ce soir il fait beau. J'espère qu'on pourra voir quelques aurores boréales, mais pas avant la fin du trek. Le soir on mange à 18h15 depuis 3 jours (on arrive tôt alors…) et on se couche à 20h.

Pour faire chauffer l'eau, on prépare les plats lyo: cassage des blocs de sauce (il faut souvent faire une petite vaisselle au PQ : sable noir, etc) et on met la quantité d'eau nécessaire pour les soupes dans la casserole. Préchauffage, chauffer l'eau des soupes. Quand c'est chaud, on verse dans les tasses et aussitôt on remet de l'eau à chauffer pour les plats. On boit un peu de soupe. Quand l'eau bout , hop dans les plats . On mélange bien on remue, on ferme et on finit les soupes. Puis on mange les plats qui ont eu le temps de s'hydrater. Jusqu'à maintenant ces repas ont toujours été un régal! Après je démonte le réchaud, on range un peu et au lit ! Les sacs sont généralement déjà dépliés, je mange avec mes jambes dedans. Au lit, allongé, on rédige les notes puis dodo. Quand il fait beau, Nico préfère parfois rester dehors manger ou écrire. Je suis maintenant toujours dedans le soir : pas de vent et pas à avoir à regarder en l'air s'il va pleuvoir. Ah j'oubliais: avant de se coucher, une petite croix sur la carte générale et le nombre de jours à côté! Et un peu d'alcool sur mon pansement aussi… Souvent on discute un peu puis on se dit qu'on espère qu'il fera beau demain.

Qu'est-ce qu'on est bien dans notre sac de couchage. Je suis en fait dans un drap de sac en coton. C'est génial. J'ai un oreiller en polaire, mais il ne sert à rien : je préfère ma veste polaire qui a la bonne taille. Mon pantalon est mis au fond du sac juste avant que je me couche et les chaussettes traînent aussi dedans quelque part (désolé Steph!) . Près de ma tête j'ai la frontale, cuillère, bol parfois, boules quiès et carnet+stylo. Les chaussures sont à l'entrée de la tente. On dort en quinconce depuis le début. Nico a la tête vers le fond, moi vers l'entrée. C'est bien comme ça sauf que depuis avant le Landmanalaugar je sens ses pieds à travers son sac de couchage !

Depuis le début, on s'est lavés à Myvatn la veille du jour 0 et au premier refuge (jour 2), on s'est aussi baigné au Land. Et je me suis fait un shampoing (pas Nico → il a plein de pellicules!) et c'est tout… Donc il s'est pas lavé depuis 15 jours et moi 13! Chaque fois qu'on est arrivé à un camping, on nous a demandé si on voulait une douche (quand elles étaient payantes: 100 ou 200 kr) on refusait. Un“are you sure?” nous aurait vexé !

Ce soir hachis Parmentier. On va voir ce que ça donne ! On est nazes quand même ce soir, malgré une “petite” journée. C'est délicieux le hachis ! Dans la casserole le hachis a plus de chance d'être hydraté totalement mais je pense que c'est faisable dans l'emballage. Bonne nuit! Tiens il se met à pleuvoir… Pourvu qu'il fasse beau après demain pour monter au col.

15ème jour

MERCREDI 30 : pluie mais super.

Il pleut. On traîne: debout 8h30, en fait on sort à peine à moitié de son sac pour prendre notre petit déj. C'est toujours un régal et je m'endors le soir en me disant vivement le petit déj! On fait les sacs dans la tente, vu qu'il pleut dehors. On part à 10h30, pas les premiers mais pas les derniers. On rattrape trois nanas juste avant un passage difficile où il faut se servir d'une corde avant de passer une passerelle qui enjambe un gouffre. Une rivière tumultueuse passe loin en dessous. Une autre rivière à enjamber, elles font une pause on passe devant.

Nico est en super forme: 6 comprimés le jour précédent, 1 ce matin (il passe à deux aujourd'hui et demain) lui ont presque ôté son mal aux genoux. Moi, l'ongle qui commence à s'arracher me fait un peu mal quand il bouge.

On arrive tout près d'une sorte de rift, c'est immense. On continue après une petite pause repas. On voit quelques arbres et après une colline, ouaouh ! Une vallée apparaît avec une forêt sur le versant opposé et une rivière en bas.

C'est très beau, des arbres enfin. On traverse et arrivés dans la forêt, quel dépaysement! On se croirait presque chez nous! Toutes ces plantes, ces arbres, cette verdure nous remplissent de joie.

Intenses émotions qui rendent cette journée presque aussi belle que la 1er du Landmanalaugar, malgré la pluie.

On arrive à 16h30 au refuge, on a marché env. 5h SOUS LA PLUIE. Elle n'a pas arrêté. Dans le dos au début (vent arrière) puis d'en haut à la fin (plus de vent) . Pourtant on s'en fout, on est heureux et on commente en riant. Il faut encore payer pour un bout d'herbe mais ce camping vaut le coup: il y a une baraque pour les campeurs pour y faire à manger, discuter, etc. On s'y installe vers 18h, après avoir vu arriver les filles… Dans quel état! Elles ont l'air nazes, dégoûtées. Un groupe qui discutait dans le refuge leur propose du thé chaud (alors qu'à nous non).

Nico murmure: “Elles n'ont pas connu l'enfer” … On éclate de rire. Pour nous c'était vraiment une balade. 5h30 de marche effective sans se presser, pluie mais pas de vent de face, de gué dangereux, de route pénible, de jour qui tombe. On s'installe dans la baraque , il pleut toujours: on installera la tente plus tard.

On prend en photo ce qu'on a à manger pendant la journée pour pas oublier: des cacahuètes (ou raisins secs, ou

noix), deux barres de grany, des croquants au sésame et un jour sur deux une barre au chocolat.

On mange (à 18h45) on discute. Pour lui il n'y a jamais eu de passage dangereux. Peut-être le gué mais tout ce

qu'on risquait c'est d'être mouillé. “Hydrocution ?” je lui demande “mais non” regarde dans tel bouquin, il est sur la banquise, il tombe à l'eau, pas d'hydrocution…Typique Nico. Après on discute de choses et d'autre dont la notion d'abstraction!!! Pour lui les maths sont une discipline concrète, les lettres abstraits pour moi c'est le contraire… Et ainsi de suite! Fffff on doit vraiment être à bout.

On a bien mangé ce soir: une curry double chacun et on se gave encore de cacahuètes. On écrit à la lueur d'une bougie, après avoir planté la tente juste avant la nuit entre 2 gouttes. Il pleut toujours. La baraque est maintenant totalement enfumée par la méga bougie que j'ai trouvée dehors. Les Allemands à l'autre bout de la pièce vont râler. Il vaut mieux éteindre.

C'était quand même peinard ici, bonne nuit. Une éclaircie: la vision des glaciers dans la pénombre est magique, on dirait un dessin. J'espère qu'on montera sans problème demain. 3h du mat, je sors pisser…les étoiles !

16ème jour

JEUDI 31 : Un peu de montagne.

Bon anniversaire ma chérie! Tiens il pleut pas. On sort prendre notre petit déj dans la baraque, c'est cool. Il fait mitigé: gris et trouées de ciel bleu. Départ 9h45. Des anglais sont partis à 9h tout droit à travers la rivière. Un gué dès le matin non merci, on longe la rivière vers un pont que j'ai cru voir sur la carte au 50000 du refuge. Nico me demande si je suis sûr… je dis rien pour tester sa confiance. 5min plus tard le voilà. On traverse la rivière les pieds au sec.

On commence la montée à 10h30 et là ça devient tout de suite grandiose.

Montée raide par un étroit chemin sous les branches et arbustes encore mouillés puis chemin à flanc donnant une vue presque surplombante sur une vallée immense. Les glaciers perchés en haut dominent tout, on va monter jusqu'à eux.

Puis le chemin rejoint une crête et ça devient vachement excitant.

C'est dangereux. On fait vraiment gaffe. En cas de chute, on est mort ( 600m de chute). Par endroits le chemin ne fait que 50cm de large, sur la crête! Je prends une photo de mes pieds à cet endroit et manque de me casser la gueule !

Les filles qu'on vient de passer arrivent, on s'arrête à 150m car elles semblent peiner. Elles hésitent, passent en crapahutant accrochées à flanc… Pas le plus simple! Je les prends en photo. Une fois passées, on applaudit en criant bravo et en levant le pouce. Elles sourient. On repart.

Le groupe d'anglais est en vue. Malgré des poses photo on les rattrape : on a des ailes aujourd'hui, on les dépasse. Arrivé en haut, zut les nuages sont déjà là. C'est glauque.

Il est 13h on continue jusqu'au refuge à 13h30. L'ambiance est sinistre mais dès l'entrée tout change : il y fait chaud, on est les premiers pourtant, il est décoré, mezzanine, le plus beau qu'on ai visité.

On s'installe, on mange notre repas de midi: cacahuètes terminées, barres choco finies, heureusement il reste plein de croquants au sésame. Les anglais arrivent, ils sont en sueur. Ils nous demandent si on dort là, on leur dit qu'on a une tente, on préfère dormir dehors car il faut payer (1200kr). L'eau est dans un bidon dehors, ça doit être de l'eau de pluie.

Sur la carte du refuge, un autre est indiqué plus bas. On décide d'aller voir sans sac avec seulement la veste (on est monté en t-shirt/short). En sortant on l'aperçoit en contre bas. Shuss ! Arrivés devant oh qu'il est moche! Arrivés dedans, oh qu'il est glauque! Il y a 3 sacs à l'étage. On lit le carnet, il y a des témoignages vraiment marrant. Les filles arrivent. Elles sont complètement nazes, mais nous disent qu'elles continuent jusqu'au refuge en bas (3h de marche). On les félicite pour leur passage acrobatique, on rigole. Elles repartent trempées de bruine et de sueur (elles fumaient de vapeur d'eau). Il est 15h30. Les pauvres…

On sort, gros brouillard : on voit pas à 25m ! On décide quand même de remonter par où on est venus. Au flair on retrouve sans trop de problème le refuge. Un anglais est en train de faire fonctionner les 4 réchauds XGK à fond parce qu'ils ont trop d'essence, d'autres se sont fait une piste de ski avec bâtons pour portes! Excellent. Ils nous invitent, on leur dit plus tard: on monte la tente. On met ensuite les guêtres et ouaouh c'est raide. Je me lance…jusqu'en bas presque debout. Nico arrive, pas motivé. Il a l'air fatigué. Il fait les ¾ de la descente sur le cul. C'est tellement raide qu'il est impossible de s'arrêter au milieu de la pente. Les anglais (qui sont remontés se laver) se marrent. Je prends l'appareil photo, on recommence. 4 descentes chacun, on est naze (dur de remonter) mais on trouve le moyen de faire la course à la dernière remontée. On s'est bien marrés “great fun” on dit aux anglais qui approuvent.

Ensuite on hésite à aller manger dedans, même si j'ai demandé tout à l'heure si on pouvait (ils ont tous dit “of course”). On y va , ça se passe chacun dans son coin : nous on mange, eux ils jouent aux cartes ou discutent.

Petit coup de blues après nos deux pâtes au bœuf chacun. Je crois que je suis triste que ça se termine. La bruine est partout maintenant. Tout à l'heure elle se dissipait par endroits ce qui avec le soleil donnait une lumière irréelle mais maintenant c'est gris partout. On se glisse dans nos sacs de couchage. La tente est placée ouverture vers le sud, peut-être que demain matin on aura une belle vue sur la mer au loin. Tout à l'heure j'ai cru la voir mais ce n'était qu'une mer de nuages, magnifique tout de même.

Je rêve d'un pudding anglais olala il faut absolument que je demande à Man de m'en faire un… non deux pour mon retour. J'espère que j'ai penserai en arrivant à Paris. Bien sûr que j'y penserai j'en ai l'eau à la bouche.

J'espère que les deux Ecossaises sont bien arrivées, il doit bien pleuvoir en bas.

Il va peut-être faire froid cette nuit: je mets mon Helly. (on est à 1040m). Demain matin on pourra peut-être profiter du refuge, vide et chaud. Ce serait chouette. Je me rends compte ces jours-ci que ces moments de tranquillité dans la tente le soir vont nous manquer dans quelques temps. On est si bien parfois. Surtout depuis qu'on sait que c'est presque gagné. On oublie vite les grosses galères, pourtant on sait qu'on en vécu.

Le mot qui résume le mieux notre périple est “d i v e r s i t é” : d'état d'esprit, de moral, de paysages bien sûr, de condition physique, de situation. Rebondissements, surprises, moments longs et ennuyeux se sont succédé. C'est vraiment une bonne chose: pas de gros bobos, ma main est bien abîmée mais ça va mieux même si elle s'ouvre de temps en temps, mes ongles tomberont ou pas, on verra en tout cas ils ne me font pas trop mal. J'espère que la jambe de Steph est guérie. Elle doit être heureuse d'avoir fini de bosser. J'espère que je pourrai lui parler demain soir. Bon aller, croquants au beurre et dodo. Il est 20h45.

17ème jour

VENDREDI 1er : Le dernier.

5h38. Un peu frustré de ne pas avoir vu la mer hier, j'ouvre un peu la tente… Waaaa, une mer de nuages. C'est pas ce que j'attendais mais c'est beau.

Le soleil est sur le point de se lever, le ciel est parfaitement dégagé. Je me lève. Petit pipi, je rentre prendre tous les vêtements que j'ai : bonnet, écharpe, veste , polaire, helly, t-shirt, caleçon, short, pantalon, chaussettes, chaussures. J'ai tout mis. Il y a un petit vent qui donne vraiment froid (il faisait 3°C dans la tente). Le GPS donne le lever de soleil à 6h05. J'attends.

Petit à petit tout se met à rougeoyer autour de moi: le glacier d'abord, puis une montagne au loin, puis les nuages. J'apprécie ce moment de solitude lorsque je vois une des anglaises arriver en short (je suis sur une petite colline à l'écart du refuge) ça me fait plaisir de voir que j'ai donné l'idée. Nico se lève aussi. L'anglaise prends quelques photos et part mettre une veste, toujours en short. Elle reste pas longtemps. Nico me rejoint, on se prend en photo. C'est beau, c'est calme, c'est magique. Tous les anglais se lèvent, je rentre me coucher, il est 7h30, Nico va faire un tour. J'ai du mal à réchauffer mes pieds, comme quoi, un sac de couchage c'est bien que quand t'as chaud! 8h30 Nico me réveille: “ils sont partis” !

Je me lève… petit déj au chaud, dans le refuge, c'est cool. On part à 10h30. Le chemin est plutôt chiant, casse genoux. On passe près de belles chutes d'eau tout de même. Qu'est-ce qu'elles ont dû en chier les Ecossaises sur ce chemin hier soir dans le brouillard ! Au fur et à mesure de la descente, on passe sous la brume qui a commencé à s'élever vers le refuge à notre départ. Soudain: la mer ! Enfin. On distingue bien la côte et les rivières qui sinuent vers elle. Nico a des problèmes de perspective: il voit un grand plateau qui monte vers la mer alors que c'est la plaine qui y descend (bien sûr) en pente douce.

On arrive enfin à 13h30.

On fait des photos, pas de chichi, on est heureux mais Nico a mal aux genoux. Au fait, il s'est cassé la gueule dans la descente 20m avant l'arrivée ! Comme quoi, les fins d'étape c'est dangereux.

On va voir la dernière chute d'eau, elle est méga impressionnante.

On veut savoir s'il y a un commerce dans le coin pour s'acheter quelque chose à manger. Je suis naze, Nico y va. Il parle pas bien anglais et on ressemble plutôt à des clochards, j'écoute comment il va leur demander. Il leur dit littéralement, d'un ton haché et bien incisif: “Where… is… food ?” Je suis mort de rire. Oh putain les pauvres. Entendre ce barbare leur demander “OU… EST…NOURRITURE ?”. Ils se ressaisissent et lui répondent qu'apparemment pas de shop dans le coin. On décide de faire du stop. Le bus arrive (il doit passer à 14h15) merde le prendre ou pas le prendre. Ca nous coûterait environ 200F mais on serait à Reykjavik sûr dans deux heures. On s'était mis d'accord : on fait du stop ! On laisse passer le bus. Une voiture passe puis 2, 3, 4, j'arrête de compter. Comme c'est Nico qui a insisté pour en faire, je le laisse faire, de toute façon avec ses lunettes, sa petite gueule et son short on a plus de chance ! 45 min toujours rien, même pas un seul arrêt. On a faim, il me reste 6 croquants au sésame et quelques plats lyo. On décide d'aller à une station service à 2.5km, c'est pas trop loin du camping de Skogar si il faut y revenir ce soir. La station est en fait une ferme auberge. Merde pas de voiture. On fait du stop là. 1h, 2h, un mec s'arrête.

“Reykjavik?”

“Nei!”

“Selfoss?”

“Nei!”

“Thank you bye”. J'ai pas envie de me faire larguer au milieu de nulle part ! 3h une voiture s'arrête, des Français ! Ils vont à 20km, dommage. Mais demain matin ils vont à Selfoss. On vous prend si vous êtes là demain matin. Ok .

On en est à 4h de stop maintenant.

Je me dis que vraiment on aurait dû prendre le bus. Des bagnoles passent en disant qu'elles n'ont pas de place. Mais même le coffre de ces immenses pick-up nous aurait suffi ! Puis comme dans un rêve un beau 4*4 s'arrête. Reykjavik, Selfoss ? Yes !… Miracle! On met les sacs et c'est parti. “Reykjavik ? ” je demande, croyant rêver. “Yes” On exulte intérieurement. “Thank you ! Yes ! Great ! Super ! Excellent !” Oh merde j'ai oublié… qu'on puait ! 1h de route, il se met du pschitt dans le nez, mais je crois que c'est parce qu'il a un rhume.

Il s'arrête à une station. “food eat” Ok. On sort et comme il y a trois semaines en allant à Akureyri, on sort le seul nom de plat qu'ils comprennent, qu'on connaît et qu'ils servent: HOT DOG ! “ognons ? “Both ! Please.” “Sauce ?” “Ketchup” Qui a dit que l'Islandais était difficile ?! On les savoure ces hot dog !

Puis on repart. J'ai envie de discuter mais ne semble pas beaucoup parler anglais et est attentif à la radio. Quand il capte mal, il zappe de blabla en blabla, dès qu'il y a de la musique, je prie pour qu'il la laisse mais non. 1h30 de route, il coupe la radio soudainement. “where do you comme from ?” France. Etc etc. On discute pendant 30 min à fond, de l'Islande, de la France, de Paris, des pêcheurs bretons. Il n'en revient toujours pas de la quantité d'alcool qu'ils ont pu ingurgiter quand il les a vus ! “Very though guys” Ajoute-t-il admiratif.

Il me demande où on va à Reykjavik. Je lui dit au camping mais qu'il nous dépose où il préfère, on ira à pied, pas de problème. Il nous déposera juste devant le camping qui n'était manifestement pas sur sa route. Trop gentil.

On plante la tente, on paie le camping, on téléphone à Brest. Ca fait du bien d'entendre Steph. On va faire les courses à 22h30: pâtes, riz, thon, maïs, saucisses, bonbons, ketchup, mayonnaise, beurre, pain de mie, pain local, chips, nutella local, céréales, gouda !

Au camping : on reconnaît la Québécoise qu'on a rencontrée à Akureyri qui nous avait donné la carte du lac Myvatn. Elle nous reconnaît. “oui les 2 dingues qui voulaient traverser l'Islande”. On lui dit qu'on a réussi, qu'on vient juste de terminer, elle veut tout savoir. On résume. Puis ORGIE ! Chips pendant que l'eau chauffe puis pâtes avec saucisses, beurre, ketchup. On se régale, on en refait ! 200g de chips 500g de pâtes, etc (chacun) y passent, puis gouda, pain au nutella (ou plutôt nutella au pain) et pour terminer une pomme énorme. Nico n'arrive pas à la finir. Sa réputation de goret en prend un coup!

Demain PISCINE ! Décrassage dans les douches puis relaxation dans les bains chauds: 38, 40, 42 et 44°C Paraît-il. On verra bien! On se lève difficilement de table: oh putain mal au bide et on va au lit cassés en deux. On s'endort heureux et vite: 17 jours de marche en autonomie (dont seulement 3 de beau temps), 450 km environ parcourus. On a quand même été assez bourrins sur ce coup là.

traversee_de_l_islande_nord-sud_en_autonomie.txt · Dernière modification : 2020/04/19 01:21 de oli_v_ier