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#26 09-08-2016 14:56:09

René94
Membre
Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
Inscription : 30-12-2009

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

La suite ?


"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi

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#27 29-08-2016 17:46:28

C_Dan
Membre
Inscription : 02-05-2011

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

+1

Hors ligne

#28 29-08-2016 22:27:55

jeanjacques
.
Lieu : Sud-Ouest
Inscription : 05-06-2010
Site Web

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Ok ok, je m'y remets !

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#29 30-08-2016 00:03:14

xackurush
Membre
Lieu : Lyon
Inscription : 07-04-2010

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Ça c'est top!  smile

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#30 30-08-2016 09:29:13

René94
Membre
Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
Inscription : 30-12-2009

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Merci smile


"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi

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#31 30-08-2016 12:46:23

Magic Manu
Magicien itinérant
Inscription : 12-11-2011

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Yeeees! Merci!


"Il en faut peu pour être heureux" (Baloo, le Livre de la Jungle)
Le kilt? La meilleure façon d’être en « burnes out »!
Trombi

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#32 17-11-2016 15:55:50

jeanjacques
.
Lieu : Sud-Ouest
Inscription : 05-06-2010
Site Web

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Narration longue d'une journée, elle pourrait résumer ce voyage. De la beauté, des erreurs, de l'émerveillement et de la douleur.

Pour situer, trajet de Nautalda au barrage:
4572_capture_daeicran_2016-10-21_ai_171300_17-11-16.png

Du barrage à Nyidalur:
4572_capture_daeicran_2016-10-22_ai_173511_17-11-16.png

Echelle de mesure des rivières:
4572_capture_daeicran_2016-10-21_ai_164755_17-11-16.png

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Quelques unes de plus sur mon site.

J5:

Ce petit soupir poussé au bord du lit, chaussettes néoprene enfilées dans les chaussures, le regard passe de mes pieds, au sac, à la lucarne, je suis sensé être prêt. La fatigue de la veille me fait douter. La cabane n'émane rien de bon. C'est aujourd'hui qu'a lieu la rencontre. Le glacier, la rivière, les rivières.

Des fumeroles au loin, la plaine est de toute beauté. Bigfoot a visité une source chaude dans les environs, température trop élevée pour s'y baigner. Une constellation de pierres fendues. Je remonte un lit de rivière, passe un talus et trouve un premier filet d'eau fumante. Forte accumulation de dépôts soufrés sur les bords. Une rivière tumultueuse me coupe des autres sources de vapeur. Equilibre sur rochers gelés et rencontre avec le ruisseau d'eau bouillante. Son flanc réchauffe un grand bac, température idéale. Ce nouveau venu n'est mentionné nul-part, il a du être apporté à la faveur de l'hiver, cette alcôve en face du glacier Arnafell étant inaccessible, barrée par plusieurs rivières sans ponts.

Baignade délicieuse au milieu des mousses qui remontent à la surface au moindre mouvement. Mais le temps manque, chaque heure écoulée gonfle la Thjorsa. La langue glacière apparait rapidement, son flanc marbré est parsemé de crevasses. Les crampons, testés rapidement avant le départ, ne tiennent pas la marche. Je fais sans et évite les flaques de glace bleue. La pente en bordure est trop déchirée pour progresser confortablement, je grimpe chercher le replat. les crevasses s'élargissent, le fond devient lugubre et pour éviter des détours maintenant trop nombreux, j'enjambe, je saute d'une lèvre à l'autre et regrette à chaque fois. Absolument rien de plaisant la dedans, je n'aspire maintenant plus qu'à retrouver la terre ferme et me demande sincèrement si ce moment va bien avoir lieu. Je descends au plus court, longeant l'axe des failles, restant sur cette bande étroite qui les sépare, bien trop bombée à mon gout.

Labyrinthe terminé, pied à terre, enfin, pause, gâteau, souffler, ranger ces foutus crampons, repartir. Des laquets naissants au pied du glacier se succèdent. Des détours mais étrangement, aucune rivière, juste le plaisir de longer ce front de glace. L'itinéraire se révèle même suffisamment rectiligne pour que je questionne l'intérêt de monter sur le glacier.

Soleil, ciel bleu, brise légère, paysage tellement extraordinaire qu'il en devient difficile à appréhender. Obliger de se concentrer sur chaque élément un par un pour, peu à peu, réaliser la magie de l'ensemble. Le glacier éclatant, suivre ses zébrures, les voir s'élargir, se diviser, se refermer, glisser dans l'eau. Saisir comment ce blanc devient bleu en passant par toutes ces variations de gris. Voir cela dans cet écrin de roches sombres, de montagnes d'ocre. Et, tout en même temps, le reflet de l'ensemble dans un lac où dérivent les morceaux de glace translucide.

Puis, se détachant subitement de son lit de gravier, apparait la première rivière. Une vingtaine de mètres, juste suffisante pour se glacer les mollets, il doit y avoir mieux plus loin. Et effectivement, quelques minutes plus tard, la grande soeur. Divisée par des bancs de gravier, son fort courant se dessine suffisamment pour estimer que la hauteur ne doit pas excéder mi-cuisse.

Aboutissement d'heures de réflexion, de projections mentales, confiance à bloc, la machine à critique est en pause et seul tourne "fonce fonce fonce !".

Affaires arrimées, trajet trop rapidement repéré, premier bras ok, début du gros, ça pousse, ça pousse beaucoup sur les cuisses même, en crabe, au plus droit vers l'autre rive, mi parcours ok, perfusé à l'adrénaline, même pas froid ! 3/4 de fait, l'autre rive est juste, là, marrant ces vaguelettes en V vont plus vite qu'à coté, on s'en fout, traverser, allé si on tâte avec le bâton, nan c'est bon ça passe large, aller encore un pied de coté, grappiller 40cm de plus, ha putain la marche, ha putain que je glisse dans le courant vachement plus fort là que juste à coté, ha mais se rattraper avec l'eau jusqu'au bide c'est pas pratique, remonter, glisser, remonter sur le talus immergé où en fait on était très bien.

Ok, donc là, la veine d'eau a creusé un sillon profond, ça ne passe pas du tout. Arc bouté en plein milieu de la rivière mais tout va bien, position stable, réfléchir tranquillement. Descendre ? Bof, truc à partir avec le courant ça. Remonter c'est bien, dans le doute, toujours monter. Ça c'est bon je gère, marcher droit, le courant exerce une force constante facile à anticiper, plus qu'à trouver un endroit où le fond est homogène jusqu'à la berge. Le cas 40m plus haut, nickel. Nouvelle leçon bien expérimentée, comprise, mémorisée.

Point GPS et carte. Ok, c'est pas la Thjorsa ça, juste un gros affluent. Merde. Non, tout va bien, tu prendras juste un peu plus de temps, tu choisiras le bon endroit de passage. Puis, hé, tu veux vraiment faire demi tour ? Va jeter un coup d'oeil au moins...

Puis là voila enfin, massive, trouble, lisse, trop lisse, le fond est loin... Ca ne passera pas ici. Je longe les berges jusqu'à voir apparaitre un banc de gravier, rien vu de mieux, cela fractionnera la difficulté. Peut être en créant du courant, rester méfiant.
Toujours le même dilemme, accrocher la ventrale du sac à dos: ne pas le perdre mais risquer de se faire emporter à cause de lui ou faire en sorte de le libérer facilement et prendre le risque de ne rien avoir pour dormir ? Je l'accroche.

Prudemment, je teste le fond et m'avance, l'eau monte progressivement, dépasse mi-cuisse, j'ai l'entrejambe au frais, c'est le signal, faut pas un poil de plus, la vaguelette qui se forme devant me lèche le bas-ventre, cela semble s'arrêter là. Crabe tout doux, le bâton d'abord, puis le pied, puis le second pied, puis le bâton restant et on recommence. Remonter la pente du banc de gravier, continuer directement, pas se laisser prendre par le froid, là même de l'autre coté, pas de surprise dans le fond, c'est linéaire. Remonter, fini.

Pas de séchage, pantalon imper direct. De toute façon, le bas de la veste imper est bien mouillé, tee-shirt aussi. Godasses forcément trempées mais c'est mieux que d'être pieds nus, les chaussettes neoprene chauffent vite ensuite.

Sur le papier, à partir de là c'est facile jusqu'au barrage, ligne droite. Et bien non, gros marécage, pittoresque et galère à souhait: sauter de touffe en touffe, tourner autour des marres, essayer vainement de garder une trajectoire cohérente.

Arrivée au barrage, 15h30, enfin la pause, aucune depuis la petite du glacier. Commence à faire froid, cela devrait être l'euphorie maintenant. Mais la douleur au coup de pied à gauche et au tendon d'Achille à droite ne fait qu'empirer. Assez vidé, l'esprit hagard. Manger sans faim, mais ingurgiter beaucoup, mécaniquement, faire le plein avant de partir.

Une fois un peu mieux, estimation du nombre de kilomètre faisable. Le départ sera à 16h et l'arrêt à 20h. 4h exploitables. 4h égal 20km. Refuge Nyidalur à 19,84km à vol d'oiseau au GPS, 26 pour les sources chaudes du Vonaskard, 26 c'est trop. Hier estimation de 3h pour 10km à vol d'oiseau. Là je valide 4h pour 20km. L'excès d'optimisme ne sera réalisé que bien plus tard.

Départ, mal, mais qu'est ce que c'est beau ici, le glacier derrière, devant, le massif du Tungnafellsjokull devient rosé. Un désert de cailloux à perte de vue, quelques légères déclivités mais rien de plus. Encore ces cailloux en apesanteur sur le sable, presque un regret de les enfoncer dedans. Je tombe sur une piste, petite, qui disparait parfois, ce n'est pas la F26 plus au sud. Encore moins à réfléchir, bien, juste marcher.

Et cette douleur qui tiraille, soulever le pied est une horreur, le poser encore plus, faire en sorte qu'il bouge le moins possible, ne surtout pas solliciter l'articulation. Camper ici me traverse l'esprit mais l'idée de la souffrance de s'accroupir, de s'assoir par terre, m'est intenable. Non, je vais rejoindre Nyidalur et ce soir, je m'écroulerais sur un lit. Gémissement, ça y est, le point encore jamais atteint, les gémissements irrépressibles à chaque fois que le pied se dérobe un peu trop, sensation confuse en dessous des genoux, plus vraiment de sensation même, juste cette douleur envahissante.

La nuit tombe, j'imagine que regarder le GPS va me démoraliser alors je continue, espérant à chaque virage voir la masse sombre du refuge se détacher du ciel. Je ne regarde pas non plus la montre, pas envie de voir que cela ne fait peut être que 2 heures que je marche. Puis je craque, point montre et GPS, cela fait 5h que je ne me suis pas arrêté, le refuge n'est plus très loin mais encore une petite rivière à passer. Dernière ligne droite. 21h10, il est là, cette fois, il ne faudra pas déneiger l'entrée...

Pousser les deux portes du sas, se déchausser, enfiler les sabots, la porte en face, jeter un oeil à la cuisine, quelques provisions sur les étagères, sortir et tourner à droite, une autre porte, la salle commune, sa table longiligne au centre, de part et d'autre les lits superposés. Un radiateur au gaz, des couvertures, des matelas, voila donc la récompense. Partir explorer la nature et s'extasier de pouvoir enfin s'en isoler.

Edit: fautes et reformulation.

Dernière modification par jeanjacques (17-11-2016 22:56:44)

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#33 03-12-2016 10:51:29

Duarcan
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Inscription : 12-05-2009

Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Salut Jean-Jacques,
Combien de temps a duré ton voyage au total?
Et sinon la marche hors-piste en Islande c'est bien toléré par les islandais? Il y a six an, je me souviens avoir eu tout une lecture de la part d'un gars vers thormosk sur le hors piste qui abimait la création de végétation dans le paysage islandais...

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#34 03-12-2016 17:12:49

jeanjacques
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Un mois sur place et un peu moins de 20 jours de marche.

Il y a peu de monde qui fait du hors piste et jamais aucun islandais ne m'a fait de remarque quand je relatais mon parcours (même dans les centres touristiques des parcs).
Après, éviter de piétiner la végétation autant que faire se peut est du bon sens wink

Dernière modification par jeanjacques (03-12-2016 17:13:24)

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