Je me suis mise à la lecture de ton compte-rendu,
merci pour ton récit riche en aventures et en infos et en réflexions
pratique les photos de cartes pour suivre ton parcours
de belles photos aussi
je ne connaissais pas le trou Trafanatu et la vire, ni Arcu di Corte
Par contre je n'apprécie pas la réaction du gardien qui tue les sangliers qui s'attaquent aux tentes...
tu habites dans le 13, on te verra peut-être à une prochaine sortie du CSE, comité du sud-est?
pour la rando en solitaire, je l'aime beaucoup, pourtant je n'y étais pas du tout habituée au départ, mais ça me correspond bien.
c'est très facile à organiser .Cela dit j'aime les rencontres.
En ce qui concerne ton abri, avant le critère du poids il y a celui de son confort personnel. Si on se sent bien dedans on a envie de le monter. Effectivement le montage doit être facile sinon le critère de poids n'est plus aussi pertinent.
Myrtille
]]>(Pour info, c'est moi qui ai laissé le livre d'or et cairné/débroussaillé l'accès à la source capricieuse de la MF de Lumiu... )
]]>Je relance : "Tu dis ça alors que tu viens de te farcir une des plus grosses montées du GR20. Je vais te dire : quand comme ici on arrive vers la fin d’un parcours somme toutes assez exigeant, on se dit : 'je serai content quand ce sera fini'. Et puis tu rentres chez toi, avec la satisfaction du devoir accompli, et à peine deux jours plus tard, quand tu ranges les images dans la case "souvenirs" de ton cerveau, tu es repris par l’envie de remettre ça un prochain jour."
Le regard de Lucas s’éclaire.
C'est exactement ca ! Très bien expliqué ce sentiment que j'ai depuis quelques semaines !
Quand on m'a demandé à mon retour du GR20 début septembre si je le referai, j'étais catégorique en répondant que non. Mais finalement, je me dis que 14 jours c'était quand même la glande, et qu'en autonomie (au lieu de louer les tentes sur place), ca aurait vraiment une autre saveur... et puis finalement, pourquoi ne pas y retourner avec plus d'expérience d'ici quelques années
J'ai donc pris un petit tarp de 265x200 pour 270g.
J'ai viré le Stratosphère pour m'alléger en achetant le bivybag Exped event/PU (240x95) qui est plus léger, plus grand et beaucoup plus technique que le Snugpak.
Du coup tu utilises le plus souvent le bivybag seul, et tu rajoutes le tarp en cas de pluie ou de menace de pluie, c'est ça ?
Ça fait du 850g pour la protection: c'est moins que ma tente raidlight (1050g) qui reste à l'heure actuelle ce que je préfère (je garde la porte complètement ouverte sauf en cas de pluie et je dors avec la tête près de l'ouverture, bonjour les étoiles !. Le montage très rapide me permet de tout mettre à l'abri en moins de 4 minutes, avec pas mal d'espace. Je vais réfléchir à tout ça, merci des tuyaux !
Bocca Alle Porte, vendredi 19 août. Altitude 2225 m, environ 8h30. J’ai rejoint Lucas et Vincent depuis quelques minutes devant le somptueux panorama de la haute Restonica ; des contreforts du Rotundo aux crêtes du Lombarduccio, la vue plonge vertigineusement sur l’alignement des lacs de Capitello et Melo.
L’état d’esprit des deux copains est bien différent - Lucas est contemplatif, Vincent rumine :
"Vivement que ça se termine. Tu vois, c’est le septième jour et j’en ai plein les pattes. Et cette montée, c’est tout ce que je déteste. Trop de pente, et tous ces blocs, il faut tout le temps lever les genoux… C’est loin, Vizzavona ?"
Lucas reste silencieux. J’explique le paysage, les crêtes qu’ils vont suivre, le parcours entre le Rotundo, le Monte d’Oro et là-bas, le Renoso, après Vizzavona. Le regard de Vincent reste fixé au sol, fermé, tandis que celui de Lucas suit les reliefs, sans dire un mot. Il s’imprègne.
Vincent reprend : "C’est trop galère d’arriver jusque là !" Je fais remarquer que c’est quand même juste le plus beau point de vue du GR20, pas de réponse. Je relance : "Tu dis ça alors que tu viens de te farcir une des plus grosses montées du GR20. Je vais te dire : quand comme ici on arrive vers la fin d’un parcours somme toutes assez exigeant, on se dit : 'je serai content quand ce sera fini'. Et puis tu rentres chez toi, avec la satisfaction du devoir accompli, et à peine deux jours plus tard, quand tu ranges les images dans la case "souvenirs" de ton cerveau, tu es repris par l’envie de remettre ça un prochain jour."
Le regard de Lucas s’éclaire.
]]>Au début, j'étais mal organisé avec mon tarp, avec du matos plus que moyen en couchage et je dormais mal, j'avais froid, enfin bof quoi.
Surtout, j'avais un gros problème de confiance avec ce matos, ce qui limitait mes bivouacs et je m'éttais un temps fou à trouver un spot.
J'ai pris une tente "légère" de 1200g et j'ai pu me protéger un peu plus du vent avec une facilité à réchauffer "l'abitacle" au cas ou. Je me sentais un peu plus en sécurité.
Du coup, bonjour la condensation et aucune visu sur ce qu'il se passe autour de la toile !! moi j'ai besoins de voir... Après plusieurs nuits, ça ne me plaisait pas, puis j'en avais marre de chercher des spots pour planter 6 piquets. Ce que je recherchais, c'est de m'installer n'importe où et n'importe quand avec une facilité extrème.
Comme je voulais dormir sur les sommets et qu'il est pratiquement impossible de monter une tente, je suis passé au Snugpak Stratosphère, un bivy amélioré qui se ferme complètement et qui peu se monter n'importe ou.
Un peu lourd pour ce que c'est, certes, mais on le pose et on dort et il protège très efficacement du vent et du froid.
Ensuite, j'ai pensé au mauvais temps. Si il pleut, comment faire... l'abri est sensé être imperméable (mouhai ), mais bouger dans le "cercueil" pour manger ou lire, c'est compliqué. J'ai donc pris un petit tarp de 265x200 pour 270g.
J'ai viré le Stratosphère pour m'alléger en achetant le bivybag Exped event/PU (240x95) qui est plus léger, plus grand et beaucoup plus technique que le Snugpak.
Et bien, à ce jour, j'ai entièrement confiance à mon matériel et je me sens en sécurité et je m'installe n'importe où sans calculer !
Tout ça pour expliquer qu'on peut très bien se protéger avec un petit tarp (moins de prise au vent) et un bivy fermé imperméable en protection tout en restant à l'aise et en sécurité.
De plus j'ai aucun matos (SaD, vêtements etc...) qui traine autour de moi, tout rentre dans la capuche du bivy.
]]>Voilà plus de deux mois que les affaires de randonnée ont été remisées pour l’hiver. Le duvet a retrouvé sa housse de stockage, le coupe-pluie est sagement pendu à son ceintre, le sac est rangé à côté des autre, etc. Il reste les souvenirs et l’expérience engrangée. Retour sur images.
Comme tous les treks dépassant la journée, la "traversée Galeria - Corte" a ramené son lot de souvenirs. Des bons et des moins bons. Globalement, et comme souvent, le voyage n’a pas été tout à fait à la hauteur du fantasme : j’avais rêvé de bivouac solitaire au bord du lac de Goria, de bain de minuit à Cala di Tuara, de longues journées de randonnée parfaite ou le programme est suivi à la lettre, et finalement c’est le pragmatisme qui l’a fatalement emporté, révélant une capacité d’adaptation somme toutes très satisfaisante.
Car en somme, qu’est-ce que j’ai loupé ? Le crochet par le refuge de Puscaghia, un lieu sauvage tout au fond de la vallée de la Lonca ; le bivouac du lac de Goria - et là je n’ai pas su faire confiance à mon abri alors que les conditions météo n’étaient pas si mauvaises, en définitive, j’ai préféré la sécurité à l’aventure, et je m’en veux un peu. Et puis c’est quasiment tout. J’ai réussi à recaser mon excursion au Trou du Tafonatu, j’ai bien joint dans les temps le point de départ et le point d’arrivée et vécu des moments d’immersion dans l’environnement (le bivouac de la Lonca, la montée au plateau d’Alzo et sa belle source, le cheminement de la dernière journée avec la découverte de l’Arche …) qui laisseront un bon paquet de chouettes souvenirs. Le parcours était donc bien dessiné.
Côté matos, l’allègement a porté ses fruits : je n’ai physiquement pas souffert et me suis avalé des étapes solides sans difficulté, seule la chaleur m’a bloqué. Le KS50 est un sac très bien adapté à ce type de trek, léger, logeable et solide. Mon duvet a été plus que suffisant dans les conditions très clémentes de température. Le matériel de pluie n’a pas été mis à l’épreuve. Mes chaussures basses concilient la légèreté et l’accroche, je n’en changerai pas. Il n’y a guère que l’abri qui pose question : je ne suis visiblement pas au point avec ça et je préfère nettement ma tente Raidlight ultra. Elle pèse certes 750g de plus mais se monte sans aucune difficulté en moins de 3 minutes et constitue un vrai chez soi fermé plus sécurisant (pas en bivouac, mais en campement : j’avoue être réticent à l’idée de laisser mes affaires à la vue et à la portée de tous, même si je sais que la protection offerte par la tente pour des personnes mal intentionnées est tout à fait illusoire). Il faut que je bosse davantage les montages pour me trouver une solution demi-fermée ou fermée qui me conviendra mieux, mais la difficulté du montage va rester un obstacle : je m’imagine mal devoir monter un abri en conditions difficiles vent + pluie, gérer l’équilibre des "mâts", la toile qui flotte au vent et un montage pas toujours évident, galère en vue…
Cette randonnée a aussi confirmé un point sensible : vaut-il mieux randonner seul ou à plusieurs ? La solitude a ses charmes : totale liberté de progression (vitesse, durée, choix des pauses) mais aussi ses inconvénients, que j’ai ici touché de près : en cas de galère physique ou mentale, mieux vaut être à deux (ou plus) pour supporter le choc. Je ne parle pas de sécurité - une préoccupation qui m’est totalement étrangère en rando - , mais bien de mental : la vitesse avec laquelle j’ai baissé les bras puis remonté la pente est très démonstrative de la fragilité du mental, même si l’expérience et la préparation physique apportent une bonne confiance dans ses possibilités. Au cours des jours, j’ai opté pour des campements non isolés plutôt que des bivouacs solitaires, et même si le bivouac de la Lonca reste mon meilleur souvenir pour cette traversée, le plaisir de partager ses émotions avec d’autres est certainement ce qui me manque le plus en randonnée.
The liste
HORS SAC | 2160 | |
Chaussures | Merrel MOAB gore-tex | 780 |
Chaussettes | 36 | |
Slip | 34 | |
Pantalon | Millet | 256 |
T shirt | North Face | 146 |
Casquette | Quicksilver | 88 |
Cartes | 8 feuilles A4 1/25 000 | 40 |
Boussole | 31 | |
APN | Olympus | 143 |
Frontale | eLite Petzl | 27 |
Bâtons | Leki | 495 |
PORTAGE | 725 | |
Sac à dos | KS30 | 472 |
Hydratation | Poche à eau Source 2l | 178 |
Sacs étanches | Sea to Summit (8l duvet, 12l fringues) | 75 |
COUCHAGE | 1410 | |
Duvet | Boulder 450 | 844 |
Matelas | Thermarest Prolite small | 334 |
Sursac | RAB - Sursac Survival Zone LITE | 232 |
ABRI | 401 | |
Tarp | Hyperlite Mountain Gear 2*3 + haubans | 255 |
Sardines | 12 titane | 74 |
Polycree | 1 feuille 1,50*2,50 | 72 |
CUISINE | 106 | |
Tasse | Titane | 55 |
Couvert | Light my Fire | 9 |
Couteau | Opinel n°8 | 42 |
VETEMENTS | 1193 | |
Short | Running Nike | 87 |
Chaussettes | 31 | |
T-shirt | Merinowool D4 | 125 |
Rain cut | Shelter Ultra Raidlight | 230 |
Slip | 25 | |
Micropolaire | Craft | 255 |
HYGIENE | 256 | |
Brosse à dents | 8 | |
Dentifrice | 18 | |
Savon | Alep dans ziplock | 20 |
PQ | ||
Lentilles | 70 | |
Crème solaire | 61 | |
Gant-serviette | 64 | |
Mini-pharmacie | 15 | |
Trousse de toilette | ||
DIVERS | 20 | |
Papiers | CNI + CB + € | 20 |
Sur le bonhomme | 2160 | |
Dans le sac | 4111 | |
TOTAL | 6271 |
L’aube se lève sur un ciel tout dégagé: je ne pourrai pas dire que j’aurai eu des problèmes de météo ! … A part la chaleur, que je risque de retrouver en fin de parcours en redescendant à basse altitude sur Corte (400m).
Au menu aujourd’hui, jeu de piste : d’abord gagner Bocca a l’Arinella par le Mare a Mare nord, puis suivre la ligne des crêtes jusqu’à Capu Niolatu, et ensuite jouer de la boussole pour gagner le sentier qui doit me mener jusqu’à l’Arche de Corte, ultime spot de ma rando.
Je pars tôt, je ne perds pas de vue que j’ai un train à prendre (aux alentours de 17 heures, ce qui est très large). Je suis donc le premier sur le sentier.
Ah, non, il y deux personnes. Flûte. Bon, je les grille, facile. Me voilà donc, comme je le disais, seul sur le sentier. Avant Bocca a l’Arinella, je prends le raccourci indiqué par le patron de la Châtaigneraie, devant la bergerie à droite… et je me paume. Je coupe jusqu’à un grand chemin carrossable, un coup d’œil à la carte, le reprendre sur 800 m (merci, le raccourci) pour rejoindre le col, où est fiché un splendide panneau fléché "Corsia" : c’est bien ma direction, balisage orange. Jusque là tout va bien.
Ce petit sentier est apparemment très peu fréquenté (je serai seul jusqu’à l’Arche), et sur ce terrain facile et dégagé, se perd peu à peu. Le jeu consiste alors à faire preuve de "sens de l’itinéraire" et à se fier à la topographie générale et au pif pour se diriger. Pendant 1,5 km je retrouve des balises de façon éparse, après, plus rien. Pas grave, il y a de bons repères, les bergeries de la Borba, check, passer à gauche du Capu Niolatu, ok, et descendre jusqu’au petit col de Conia, ça doit être celui-ci.
Là, les choses se corsent (il aura fallu 24 pages avant que je case cette expression, ça a été dur de se retenir). Il me faut trouver un petit sentier non balisé indiqué en fins pointillés sur la carte, le plus petit modèle, quoi. Point topo, boussole, azimut, il s’agit de ne pas se planter dans cette forêt, car l’équation serait simple : égarement = grosse galère avec perte de temps = pas de train = pas de bateau = je suis dans le pétrin. C’est le moment de faire confiance à mes connaissances cartographiques. Et ça marche ! Après un tout droit de 50 mètres, je tombe sur le sentier recherché, très bien tracé, qui file en sous-bois jusqu’aux bergeries de Conia (source). Je rejoins là une grande voie DFCI que je vais suivre jusqu’au col de Cannaghia, 250 m de D+ sans arbre et sur une route toute blanche, bien surchauffée. Heureusement qu’il n’est que 11 heures, je prends un bon coup de chaud dans la montée. La vue plonge sur le vallon de Padule, où le maquis se fait ras, écrasé de soleil. Il s’en dégage une odeur puissante, l’air est gorgé de senteurs qui me font marcher le nez au vent, tel le limier en quête. La bergerie de Padule possède une jolie petite source claire, je discute avec le berger venue prendre l’eau pour l’apéro : "L’Arche est juste derrière le col, à 10 minutes. après, il n’y a plus qu’a redescendre sur Corte. Moi, je l’aime pas, cette descente, et pourtant j’ai l’habitude de marcher ! Enfin, vous verrez bien… En tous cas, l’Arche, ça vaut le coup !".
Joli sentier jusqu’au col, puis je bascule dans le début de la descente. Terrain délicat : pas mal de pente et des petits cailloux qui roulent sous les pieds, l’attention est de mise. Le nez dans les chaussures, j’arrive sur l’Arche sans m’y attendre. Une merveille de dentelle granitique!
Une merveille à dimension humaine, elle ne doit guère faire plus de 10 m de haut et son aspect change quand on tourne autour.
Je m’installe face à son profil ouest pour déjeuner et profiter pleinement du spot. Il y a pire comme paysage pour un break coppa-comté !
Je reste une bonne heure pour profiter du spectacle, je suis tout à fait dans les temps, et pas trop pressé de me taper les 900 m de D- qui suivent et ne promettent pas d’être passionnants.
Le début du parcours n’est pas en descente, mais louvoie entre les reliefs, avec de petits escarpements inattendus, pour trouver un petit collu où un oratoire sommaire salue la persévérance du randonneur.
De là, arriver à Corte n’est plus qu’une question d’endurance. La descente cumule tous les obstacles que peut redouter un marcheur : passages pentus dans la poussière, blocs instables (un rocher de 50 kg s’est décroché à mon passage), racines traîtresses, gravier sur des plaques rocheuses en pente, et fin du parcours en maquis ras où je retrouve ma copine la chaleur étouffante qui m’oblige à m’arrêter à l’ombre : j’ai l’impression d’être un convecteur tellement j’irradie de la chaleur !
Corte, capitale historique et culturelle de la Corse, apparaît comme une cité fourmillante, pleine de touristes et de voitures, et se présente pour moi comme une réimmersion assez brutale dans le monde moderne. Au milieu de tout ce va-et-vient, je me sens un peu décalé … et très sale, la descente n’ayant pas ménagé l’aspect du personnage. J’arrive à trouver un point d’eau à peu près isolé pour faire une toilette sommaire, changer de chaussettes et dépoussiérer le bonhomme. Je peux à présent me rendre dans le centre et m’échouer dans un bar possédant une grosse carte de glaces - récompense traditionnelle des fins de randonnée.
Une dernière marche me conduit à la gare, deux heures à perdre, re-arrêt au bar à côté de 4 jeunes qui ne communiquent que par signes et grognements, le nez dans leur portable respectif. Je migre dans la gare où j’entame la causette avec deux randonneurs en attendant le train. Les quais sont bondés, les deux rames se croisent en gare avant de repartir sur leur voie unique. Le trajet jusqu’à Ajaccio est moins beau que ce à quoi je m’attendais, mais se passe agréablement (rame climatisée, heureusement !). Le temps de prendre de quoi faire un apéro cochon (vin- saucisson, rien de plus !), je m’offre un dernier resto avant de me diriger vers l’embarcadère.
Le bateau, archi-complet, aura une heure de retard à son arrivée, donc autant à notre départ. Vu l’affluence, je préfère me trouver une place à l’extérieur où je passerai une bonne nuit sur mon matelas, malgré le vent constant qui balaie le pont.
Une courte marche me permet au matin de rejoindre la gare de Toulon où je reprends le train pour La Ciotat. Arrivée vers 9 heures du matin… ça fait quand même du bien d’être de retour à la maison !
20,8 km D+ 830m D- 1560m
]]>Lever aux aurores pour attaquer la redoutable montée de Bocca a e Porte. Le temps s’est comme tous les matins remis au beau. Je pars parmi les premiers, rattrape rapidement les trois marcheurs qui me précédaient (merci sac UL !) en suivant le ruisseau de Manganu jusqu’au lieu supposé de bivouac des collègues. Personne en vue, ils se sont levés tôt, bons petits soldats !
A partir de là, selon la formule du topo-guide, "le terrain devient plus escarpé et l’itinéraire pénètre dans une zone particulièrement rocheuse". Autant dire qu’ici on goûte aux vraies joies des montées ardues du GR20 : la fin de l’ascension se fait dans un pierrier à gros blocs, pas mal pentu, ce qui m’oblige à régler mes bâtons au plus court. Arrivant en vue de la brèche, j’ai en ligne de mire deux marcheurs qui me hèlent : "On t’attend en haut !". Je rejoins Vincent et Lucas quelques instants après leur arrivée. 1h30 contre 2h45 topo, je me suis pas mal arraché ! La vue est toujours aussi majestueuse. De là j’explique l’itinéraire qui attend les duettistes : on voit jusqu’au Renoso, bien après Vizzavona où ils vont s’arrêter.
Pour l’heure, nos chemins se séparent après quelques centaines de mètres : dans un petit col, une flèche indique : Corte, en bas à gauche. Salut et bon chemin, les gars ! Je rejoins le lac de Capitello par une sente malcommode et passablement glissante (sable sur roche, ça ne donne pas un terrain vraiment stable !).
Vu d’en bas, le lac est moins joli que d’en haut, mais son cadre âpre reste assez impressionnant. Sa profondeur (42m) rend les eaux noires, alors qu’en fait elles sont très claires !
Le lac de Capitello est un spot très couru par les marcheurs remontant la vallée de la Restonica. Malgré l’heure relativement matinale (9h - 9h30), le site commence à être envahi par des hordes de promeneurs. Le bain dans le lac, ce ne sera pas pour aujourd’hui, je vais tout de suite descendre vers Melo, à contre-courant…
En une heure et des poussières, le temps d’atteindre la buvette de Grottelle, je vais croiser cent fois plus de gens que dans le reste du parcours. Très différents des randonneurs, ces promeneurs : beaucoup plus bruyants, ne répondant pas au salut, souvent sous-équipés (le passage des échelles en tongs laissera sans doute des souvenirs à quelques-uns !), je me hâte donc pour échapper à cette agitation.
La halte à Grottelle est l’occasion de s’offrir un petit remontant (fiadone - limonade) et de faire le plein d’eau, le tenancier me laissant peu d’espoir de trouver une source d’ici la fin de la journée. Trois litres devraient suffire, ce que ça pèse, l’eau !
Après une heure et demie de cheminement tranquille au bord de la Restonica, j’arrive au croisement d’où s’échappe le chemin qui monte au plateau d’Alzo. Je mangerai dans la montée, qui risque d’être chaude : à force de perdre de l’altitude, j’ai retrouvé la chaleur, espérons que la montée sera clémente. Heureusement le tracé est bien conçu, monte progressivement et trouve quelques passages ombragés, tout en offrant de jolies vues en arrière sur le groupe du Lombarduccio.
Lombarduccio au fond de la vallée de la Restonica
Chemin faisant, je croise quelques randonneurs à la journée. Je m’informe : y a-t-il de l’eau à la Funtana Bianca (les fontaines indiquées sur la carte sont généralement permanentes) ? Non, me répondent deux touristes allemands, nous n’avons vu que des traces d’eau qui traversent le sentier. Je vérifierai quand même… Arrivé aux alentours du lieu, petit vallon, fougères, tout ça est propice mais pas de trace de source depuis le sentier. Je m’arrête, j’écoute… il y a un bruit de source ! Ah, les ballots, trois mètres en-dessous du passage, une jolie goulotte avec un clair filet d’eau, un trésor pour remplacer le tiède liquide qui ballotte dans mon sac ! Je m’arrête pour le casse-croûte, graines - fromage : finalement le fromage type comté ça passe très facilement et c’est bien calorique !
J’arrive aisément sur le plateau d’Alzo, désert, avec une petite lune qui joue les sentinelles au-dessus des montagnes. La sente serpente sur ce terrain surchauffé mais à peu près plat, j’avance bon train. Je croise un espace récemment brûlé puis arrive dans la forêt du Tavignano où les arbres apportent une ombre bienvenue. Il ne me reste plus qu’à descendre sur A Sega, 420m de dénivelée en terrain poussiéreux et d’un intérêt limité, la vue étant étouffée par les arbres. Ca paraît longuet, d’autant qu’en arrivant, j’en serai à 1700m de négatif dans les pattes, ça compte !
Le site d’A Sega est décrit comme "un beau site forestier". C’est un grand à-plat au milieu de la Forêt Territoriale, où a été édifié un refuge de grande capacité, géré par les propriétaires de la Châtaigneraie installée à côté. Les grands pins et la petite gorge confèrent à l’endroit un charme certain, par contre le refuge lui-même est sinistre, grande bâtisse plaquée de lattes de bois sombre, dans un état de décrépitude marqué - la salle commune pourrait servir de décor post-apocalyptique, avec ses équipements défoncés et ses placards désarticulés. Les sanitaires … ne font pas très sains, chiottes à la turque et douches cimentées des plus rustiques : tuyau simple ou tuyau + pomme de douche ? Je choisis la seconde solution, mauvaise pioche, les fuites expédient l’eau partout sauf dans la pomme !
Pas envie de monter l’abri pour ce soir, encore une fois. Je loue une tente (qu’on ne me fera pas payer), c’est moins propre que la veille, espérons que les punaises n’aient pas colonisé la place (il n’y aura pas de problème). L’endroit est peu fréquenté et il ne se trouvera ce soir au campement que des étrangers (italiens, allemandes et slovènes ou quelque part dans le coin).
Allez, ne lésinons pas, un dernier repas à table à la Châtaigneraie ! Au menu, charcuterie corse, soupe de lentilles (meilleure que le lyo…) avec panzetta et des petites pommes de terres rissolées avec la petite croûte dorée, je ne vous dis que ça ! Plus un petit dessert à la mandarine corse, ouf ! Je n’ai plus qu’à aller me coucher ! "Mais vous ne partez pas déjà ?" me demande la tenancière… Ah, parce qu’il y a encore la myrte ? Dans ce cas… Si avec ça je ne dors pas bien…
De retour au campement, surprise : mes deux jeunes voisins italiens ont fait du feu. En plein milieu de la pinède. L’occasion de leur rappeler le danger des flammes en Corse, d’autant que tout feu est strictement interdit dans le Parc. "Oui, mais nous avons vu un foyer, alors… -Et vous n’avez pas d’incendies, dans le centre de l’Italie ? -Ben, si, mais … - Bon, laissez ce feu mourir, plus de bois dessus". Ahlala…
Demain, retour vers Corte par le chemin des écoliers. J’en ai assez fait pour la journée !
20,3 km, D+ 1260m D- 1700m
]]>J5, mercredi 17 août
Ils vont bivouaquer sur l’aire du Castel, en mode "non-officiel" (c’est à dire gratos, ils font des économies pour pouvoir se payer les fameuses lasagnes de L’Onda !).
Ces lasagnes.... C'est bien le seul truc que j'ai détesté sur le GR20... et pourtant je suis pas difficile !
Comment peut on entreprendre des lasagnes sans sauce tomate sérieux ??
La paresse est un droit, sacré et inaliénable !
]]>Il faudrait revoir la légende de l'arbre penché
je ne cautionne pas, hein !
Je n'ai pas trop compris la location de la tente alors que tu avais un abri. Ton abri n'est pas imperméable, ou avais-tu peur qu'il ne le soit pas ?
C'est juste une question de flemme : j'en parle dans la conclusion, je ne suis pas du tout au point pour l'abri (un Hyperlite Mountain Gear 2*3 tout neuf en cuben). Plus habitué à la tente, je trouve le montage compliqué et long, pour un résultat pas forcément "sécure", pour la protection contre les éléments comme contre les visiteurs indésirables (humains ou animaux). Le dernier point est probablement très subjectif, mais ce jour-là j'ai fait le paresseux
]]>...
La légende affirme que ces arbres étaient droits. Mais le lieu, du fait de son exposition, se prêtant aux châtiments, on décida de pendre les adultères à ces arbres pour faire exemple. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Du côté des hommes, les branches furent peu sollicitées et résistèrent. De l’autre côté, les branches rompirent sous la multiplicité des condamnées, car chacun sait qu’il y a plus de femmes adultères que d’hommes… Voilà !
...
Un bivouac à 1850 m d’altitude avec un temps et un abri incertains, mauvaise médecine. Option bis enclenchée et nouvelle modification d’itinéraire : je reste à Manganu sous la tente (location, 17€, ouch !) et je rejoindrai la vallée de la Restonica non par le col de Goria mais par la Bocca a e Porte - une des montées les plus rudes du GR20, mais un panorama mythique sur les lacs de Capitello et Melo.
...
Merci pour ce récit vivant et les anecdotes.
Il faudrait revoir la légende de l'arbre penché, bien machiste et misogyne. En fait les branches ont cassé du côté des hommes, pas forcément plus nombreux, mais plus lourds, dans tous les sens du terme.
Je n'ai pas trop compris la location de la tente alors que tu avais un abri. Ton abri n'est pas imperméable, ou avais-tu peur qu'il ne le soit pas ?
]]>Aujourd’hui, journée simple jusqu’à Vaccaghia, il n’y a qu’à se laisser porter par le balisage rouge et blanc. Comme je termine mon sac, je croise Lucas et Vincent qui sont en partance pour Manganu : l’occasion de faire un bout de chemin ensemble.
C’est une partie relax du GR20, et que je connais bien : chemin de ronde quasiment plat jusqu’en-dessous du Col St Pierre, une grimpette sans difficulté (et sans intérêt) pour rejoindre Serra San Tomaghiu, de là terrain facile jusqu’au col (Boca a Rêta, 1883m) et parcours bucolique le long du lac Nino. Journée détente.
L’occasion pour moi de jouer au guide touristique en expliquant la topographie des lieux et les contes qui s’y attachent. Connaissez-vous par exemple la légende des arbres penchés du Col St Pierre ?
La légende affirme que ces arbres étaient droits. Mais le lieu, du fait de son exposition, se prêtant aux châtiments, on décida de pendre les adultères à ces arbres pour faire exemple. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Du côté des hommes, les branches furent peu sollicitées et résistèrent. De l’autre côté, les branches rompirent sous la multiplicité des condamnées, car chacun sait qu’il y a plus de femmes adultères que d’hommes… Voilà !
L’arrivée sur le lac Nino est beaucoup plus jolie en venant du nord. Le paysage s’y révèle assez soudainement et dans toute son ampleur et sa verdeur, les animaux paissant calmement alentour. Au passage nous nous faisons doubler par une caravane de chevaux et de mules qui vont ravitailler un refuge.
La fontaine de Nino ne coule guère en ce moment, mais c’est tout de même l’occasion de faire une pause. Vincent ne mange rien. Curieux. "Ouais, mais je me connais, si je commence à manger, je vide les réserves !". Ben, d’un autre côté, si tu manges pas, bonhomme, tu vas pas aller loin…
A la reprise, ça ne loupe pas, il commence à trouver le but trop lointain, le terrain trop inégal, le paysage monotone, on dirait un gamin de trois ans dans un voyage en voiture : "C’est encore loin? Quand est-ce qu’on arrive ?"
Chemin faisant, Lucas me propose de pousser jusqu’à Manganu : "Comme ça, on te file un lyo, comme on n’a pas beaucoup mangé aujourd’hui…". Je me laisse tenter, le détour n’est pas important. Au refuge, pas mal de monde, dont un groupe qui nous demande "combien de temps pour Verghio ?". Environ 4 heures dans ce sens tout de même, il est 15 heures, faut y aller si vous voulez y être ce soir, les gars. Ils vont mettre une bonne heure à partir : "Allez, encore une Pietra avant de prendre la route !". Pas sûr qu’ils soient arrivés à temps, ceux-là !
Le temps de taper la discute en avalant le lyo promis (lentilles et lardons, 450 kcal, boum !), le temps s’ennuage quelque peu. Mes doutes sur la fiabilité de l’abri ressurgissent avec autorité. Un bivouac à 1850 m d’altitude avec un temps et un abri incertains, mauvaise médecine. Option bis enclenchée et nouvelle modification d’itinéraire : je reste à Manganu sous la tente (location, 17€, ouch !) et je rejoindrai la vallée de la Restonica non par le col de Goria mais par la Bocca a e Porte - une des montées les plus rudes du GR20, mais un panorama mythique sur les lacs de Capitello et Melo.
Du coup, soirée tranquille après une étape cool, je renseigne des randonneurs sur les bons tuyaux du GR20 et j’attends tranquillement le dîner avec les obligations habituelles : lessive et douche à l’eau froide (brrr !). A la sortie, je tombe sur Lucas et Vincent sur le départ. "Ben, je croyais que tu étais crevé, Vincent ? - Ben, maintenant que j’ai mangé, je suis prêt à repartir !". Tsss… ! Ils visent un spot de bivouac dont je leur ai parlé, à environ une heure au-dessus, un coin de rêve (pas franchement autorisé, mais de rêve). Du coup, je me pose illico un challenge : les rejoindre le lendemain à la Brêche de Capitello. Je pars avec un handicap d’une heure, mais leur handicap de 18 kg sur le dos fera office de compensation.
Je reste donc sagement à Manganu, profitant du coucher de soleil. Repas sympa avec une causette en anglais avec des Slovènes, je ramasse au passage une anecdote du gardien qui raconte comment il avait été obligé de sortir nuitamment fusil en main pour faire déguerpir deux sangliers qui avaient décider de joyeusement éventrer les tentes à la recherche de nourriture ! Il a gardé les défenses en souvenir …
Sur la fin du repas, le gardien se dirige vers un gros container métallique situé en arrière du refuge, 4m x 2m x 2,5 m, déjà un beau modèle, il l’ouvre en grommelant "Qu’est-ce que ça boit ces randonneurs !", et révèle… des canettes de Pietra, du sol au plafond ! Une caverne d’Ali Pietra ! Livrée par hélico en début de saison…
Nuit sans souci (et sans sanglier) dans une tente propre (et sans punaises de lit, la calamité des refuges corses). Demain est une grosse journée.
15,8 km, D+ 530m, D- 360m
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