Du Pays Arvan au Val d'Ambin (7 jours, début août 2009)

Herdubreid · 12-10-2009 19:46:57

Voici le récit d'une rando de 7 jours (en autonomie complète) que j'ai effectuée cet été. Pour des raisons domestiques, je n'ai su que je pouvais me libérer que quelques jours avant le départ. J'ai conçu l'itinéraire, ou plutôt sa ligne directrice, en un peu moins d'une heure. Comme d'habitude, beaucoup de hors-sentier, et .... beaucoup de pierriers ! En réalité je ne savais pas au départ jusqu'où j'irais, et je trouve cela parfait. Mon matos était prêt depuis longtemps déjà, suite à un hiver riche de réflexion, d'achat, et de lecture du forum.

Mon sac de base pèse désormais 6,5kg (y compris 200 g de cartes). Un point important est qu'avec ce matériel je peux subir des conditions sévères, telles qu'il n'est pas si rare d'en rencontrer en montagne, mon terrain favori. Même ainsi, je sais que c'est encore un peu lourd par rapport à certains, mais je sais où je récupère ce "surpoids" (principalement vêtements/duvet), et c'est un choix mûrement réflèchi. Si j'ai le courage je posterai bientôt ma liste qui commence à être présentable. A cela s'ajoute 700g/jour de nourriture, gaz compris. Au maximum, c'est-à-dire aux premières heures de marche avec 1,5l d'eau, j'avais donc 13kg sur le dos.

Mais je ne veux pas insister ici sur le détail. Le principal est, que grâce à cette cure d'amaigrissement, j'ai enfin réalisé une rando qui m'aurait paru impossible auparavant : non seulement naviguer en montagne, voyager, mais également en profiter pour grimper sur quelques hauts sommets. Au final, je me suis adjugé 8 sommets (+un magnifique col) de plus de 3000 m. Je suis revenu ravi de cette escapade. Depuis je me dis qu'avec 2 jours d'autonomie en moins, je peux emporter pour le même prix (poids ) piolet et crampons, de quoi rêver de superbes sorties en montagne.

En moyenne, mes journées de marche tournent autour de 9h-10h, arrêts compris (et ils sont relativement nombreux), du départ du bivouac jusqu'à l'arrivée de l'étape (non compris le montage de l'abri). Je me lève tôt, le départ a lieu entre 7h et 8h. Ce n'est pas une discipline que je m'impose, c'est juste une constatation. En moyenne je parcours ainsi une quinzaine de kilomètres. Ca me paraît assez peu quand je compare avec ce que certains racontent. Mais j'ai toujours été lent (contemplatif si on veut être positif !)... et les pierriers n'arrangent rien

Jour 1 : Entraigues (sous St Jean d'Arves) - Val Froide - Sous les Aiguilles. 11km, D+ 1470 D- 200.

Etape volontairement prévue raisonnable, c'est le premier jour, celui ou je prends enfin de l'altitude ! Mon but est de rejoindre le pied du col Lombard, sous les Aiguilles d'Arve. Je remonte d'abord le vallon très encaissé et très sauvage de Val Froide. Dès la première demi-heure, le vieux sentier donne des signes de fatigue, et suis déjà en train de tailler des marches à grand coup de talons dans la boue de vallons dévastés. Après la maison forestière (en réalité une cabane assez minable), il n'y a plus de traces et je remonte directement par le torrent (gros galets). Le fond du vallon est de toute beauté, barré par des hautes falaises marneuses. La carte indique que le sentier antique reprend ici pour gravir la pente à flanc de forêt. Effectivement je le retrouve, après avoir remonté une pente tourmentée, mais des arbres abattus gênent la progression. Je dois ensuite franchir des ravines marneuses assez scabreuses. Puis vient la remontée d'une immense pente herbeuse, un détour de 200 m de dénivelée, le chemin direct vers la Saussaz étant effondré.

Concentré comme je le suis sur l'itinéraire, je ne ménage pas mes efforts. Un grand coup de fatigue me saisit soudain alors que j'atteins la ferme de la Saussaz (totalement ruinée). Je réalise qu'il fait vraiment très chaud, faim et soif ! Je trouve une toute petite place ombragée sous un rocher et un encore plus petit filet d'eau dans une ravine, et je pause longuement, bien qu'assez minablement installé. Je suis ravi de ce cheminement sauvage, il n'y a absolument personne (enfin, si, des vaches).

Les difficultés sont terminées, je n'ai plus qu'a remonter le large vallon qui se déroule sous les Aiguilles de la Saussaz. Le spectacle est magnifique, un immense cirque de terres noires sur lequel repose les Aiguilles de la Saussaz et les très belles Aiguilles d'Arve. J'ai repéré sur la carte un petit replat (2571m) que je décide d'atteindre en priant pour qu'il soit herbeux. J'ai encore tout mon temps et m'accorde une magnifique sieste à l'ombre d'un immense bloc. Les derniers mètres sont splendides de sauvagerie, je ne distingue aucune trace, pas un cairn, rien ! Mais qui donc fait le col Lombard par l'Ouest ?

Sur mon replat je trouve effectivement de l'herbe et une place relativement plate. C'est la première fois que je monte la laser compétitarp, quel baptême de choix ! Je passe la soirée à contempler les lueurs du couchant sur le massif de Belledonne.

Vallon de Val Froide dominé par les Pics de la Buffe d'en haut.

Première vision du Col Lombard

Le fond de Val Froide

Aiguilles D'Arve, lieu du bivouac (cercle rouge). A gauche le ravin occasionnant le détour de 200m de D+.

Aiguilles de la Saussaz

Une Aiguille d'Arve

Le terrain est instable !

Dans les derniers mètres. En rouge le détour.

Baptême de la laser competitarp. Aiguilles d'Arve.

Belledonne.

manou · 12-10-2009 20:35:28

Bravo pour l'amaigrissement , chapeau bas pour l'autonomie complète, contente que tu peux remarcher pour ton dos.

Bison · 13-10-2009 08:32:49

Herdubreid, ton récit est un véritable encouragement à nous tous, les moins jeunes, les moins maigres !
J'aime bien ton départ "à l'arache".
En réalité, il y déja plein de choses qui sont bien rôdées ...

Photos splendides, comme d'habitude.

Herdubreid · 13-10-2009 10:44:20

Merci Manou et Bison

Jour 2 : Col Lombard - Col du Goléon - Combe de Mortavieille - Plan Lachat (en stop) - Camp des Rochillles. 17km D+ 1360m D- 1210m

La journée commence par les 500 m de D+ qui me séparent encore du Col Lombard. C'est un joli morceau dans les marnes noires raides et dures. Il faut bien accrocher le pied, technique crampon. Plusieurs petites ravines dont le fond est en glace obligent à des détours et des sauts plus ou moins hasardeux. Le débouché sur le vaste col est une merveille, avec une jolie vue sur les Ecrins et, de chaque côté, une aiguille droit levée. Je rencontre un marcheur qui vient du refuge du Goléon. Il souhaitait faire le Goléon en solo mais la gardienne l'en a dissuadé au vue des conditions du glacier. Je me le tiens pour dit, le Goléon sera pour une autre fois, j'avais vaguement esperé qu'avec le retrait glaciaire une tentative serait envisageable sans matos. Au moins je n'ai pas besoin de faire le détour pour regarder le pied de la voie.

La descente du col, toujours en pierrier, est de ce côté cairnée. Je dévale gaiement, mon sac d'un peu plus de 12 kg ne me gêne pas, c'est le pied. Je quitte assez vite le sentier pour rejoindre le pied du col du Goléon. M'attendent ici 400 m de D+ dans le droit fil de la pente. Curieusement, il n'y a aucune trace de passage dans les premiers 250 m, et un sentier bien marqué dans les derniers 150 ! Ce sentier semble tout neuf, vraisemblablement en cours d'aménagement. Je débouche au col en prenant par surprise un père et son fils, venus de l'autre côté (versant Valloire, plus facile), qui se demandent bien d'où je peux débarquer.

Je m'accorde une pause déjeuner bien méritée ... malheureusement en plein cagnard. Il fait extrêmement chaud ces jours-ci, et je vais bien en souffrir dans la descente, où pas un arbuste, pas un rocher ne m'offrira de quoi siester. Je ne me souviens pas avoir autant eu chaud en montagne depuis longtemps.

La descente jusqu'à la route du Galibier est interminable. Ici se situe le premier point gris de mon itinéraire. J'ai prévu de traverser la route et de remonter directement en face, pour rejoindre le Plan des Moutons, un endroit que la carte laisse présager très confidentiel. Seulement voilà, vu d'ici, le passage clef semble vraiment scabreux. Et une perturbation orageuse est annoncée pour demain. Je me vois mal batailler sous l'orage dans un escarpement douteux. La mort dans l'âme, je me résouds à contourner ce passage par la seule solution possible, le très touristique Plan des Rochilles, que je dois atteindre en remontant d'abord 300 m de D+ longeant la route du col du Galibier. Quel pensum ! On est un samedi, il fait beau et chaud, la route est surchargée de touristes. Tout à mes réflexions, je dévale à bonne allure, et je finis par rejoindre
le père et son fils croisés au col. La conversation s'engage ... et bingo, ils acceptent de me conduire au Plan Lachat. Le pensum est évité. Il me reste tout de même à m'éloigner de cette foule innombrable (une buvette au bord de la route du Galibier, succés garanti), et c'est en tirant la langue que je remonte les derniers 400 m de D jusqu'au Camp des Rochilles. Je m'installe à l'écart derrière une levée de terrain, dans une solitude enfin retrouvée.

Juste après le départ, avec une vue sur le trajet de la veille.

Massif de l'Etendard. Ombre des 3 Aiguilles d'Arve.

Depuis le Col Lombard, Agneaux, Neige-Cordier, Pelvoux, Ailefroide, Ecrins.

Les Aiguilles de la Saussaz veillent sur le col.

Vue sur le prochain passage de cette étape, le col du Goléon.

Les 400 m de D+ menant au col.

Lac du Goléon, Meije et Rateau.

La reine Meije.

Le plus doux versant est du col du Goléon.

Le passage clef menant au Plan des Moutons. A explorer une autre fois !

Herdubreid · 13-10-2009 18:26:10

Jour 3 : Camp des Rochilles - Refuge des Drayères - Col de Névache - Pointe de Terre Rouge - Col du Peyron - Vallon du Peyron. 16 km D+ 1150m D-1140m.

Dès le milieu de la nuit, l'orage gronde, mais il ne pleut pas encore et j'ai même le temps de plier bagage au sec. Mais le verdict est sans appel, la tourmente approche. Ne sachant pas quelle en sera l'ampleur, je renonce à prendre tout de suite de l'altitude, et décide d'emprunter le sentier jusqu'au refuge des Drayères, pour laisser le mauvais temps abattre son jeu. (C'est bien dommage, le col de l'Aiguille Noire suivi de la Roche du Château promettaient un bien joli parcours ...) La bonne grosse pluie m'attrape quasi de suite au Seuil des Rochilles, je profite de l'abri d'un blockhaus pour m'équiper. En chemin je croise quelques randonneurs sur ce parcours fréquenté.

Au refuge des Drayères, je suis fixé : l'orage n'est pas violent, les coups de tonnerre très hauts et espacés. Je continue donc ma route et cette fois ci je grimpe, jusqu'au col de Névache. Mon but n'est pas le Mont Thabor, déjà grimpé tantôt et de toute façon bouché, mais de passer juste au pied nord de celui-ci. La magie du hors sentier opère aussitôt, je ne verrais plus personne jusqu'au lendemain matin.

Cela fait maintenant 3h que je suis sous la pluie, au fur et à mesure que je monte le vent forcit, et maintenant, il neige ... Au col la tempête se déchaine, je dévale comme je peux le pierrier en titubant sous les coups du vent. Peu avant les lacs des Glaciers, je déniche une cavité à peu près abritée au sein d'un chaos de très gros blocs. Je m'y glisse pour la pause déjeuner, je suis plutôt mal installé mais je peux enfiler des vêtements secs très bienvenus par ce froid.

Lorsque je sors de mon antre, un miracle s'opère : une éclaircie, une vraie ! Tellement vraie qu'en réalité l'épisode est terminé. Je suis regonflé à blocs, je vais pouvoir grimper à la Pointe de Terre Rouge et y admirer, je l'espère, un beau panorama. C'est en effet ce qui arrive : j'apprécie à sa juste valeur le fait de me trouver là, totalement seul, après avoir galéré plusieurs heures sous la pluie, la neige et le froid. Quelle récompense !

Je rejoins ensuite le col du Peyron, en traversant un glacier rocheux très beau ... vu de loin ! De près c'est un immonde pierrier branlant parcouru d'ondulations qui cassent les jambes. La descente du col dans le vallon du même nom est une libération, je skie tout schuss dans les éboulis. Un magnifique replat au débouché de ce vallon (2439), isolé du GR par des vieilles moraines, accueille mon bivouac.

(La famille Denq est passée tout prêt de là le lendemain avant d'établir son campement au col de la Vallée Etroite )

Au petit matin, le Grand Galibier essaye de m'effrayer.

En montant qu col de Névache.

Tourmente de neige au débouché du col.

Fin de l'orage. A droite le Pic et le Mont Thabor, fraichement enneigé. A gauche, la Pointe de Terre Rouge.

Les Aiguilles d'Arve sont bien poudrées !

En montant à la Pointe de Terre Rouge, vu sur le trajet depuis le col de Névache.

Il a bien neigé aussi en Vanoise.

Glacier rocheux. Le col du Peyron se devine tout à droite.

Vallon du Peyron vu du col. Mon lieu de bivouac (en rouge). (le GR 57 passe au lac).

Le Grand Séru.

denq · 13-10-2009 18:55:07

(La famille Denq est passée tout prêt de là le lendemain avant d'établir son campement au col de la Vallée Etroite )

On aurait pu se croiser alors ;-) Tu n'as pas bivouaqué là où il y a une sorte de "salon de jardin" en roches?
(J'avais bien aimé l'aspect du grand Séru également) . Comme quoi même auprès de "célébrités" comme le Thabor, il ya des endroits totalement déserts!
Jolie balade que tu as fait là!

Dernière modification par denq (13-10-2009 18:58:56)

Herdubreid · 13-10-2009 19:35:15

denq a écrit :

Tu n'as pas bivouaqué là où il y a une sorte de "salon de jardin" en roches?

Je ne me souviens de rien de tel, mais en effet il y avait beaucoup de traces de campements précédents : foyers, pleins de sardines Je les ai regroupées en tas et mises en évidence sur une grosse pierre.

Herdubreid · 15-10-2009 13:35:56

Jour 4 : Col de la Vallée Etroite - Col de Fontaine Froide - L'Argentier - Col et Pointe du Frejus - dans le Grand Vallon (2660). 15 km D+ 1300m D- 1070m

Le temps est plutôt incertain ce matin, avec un plafond nuageux haut mais bien constitué, et les brumes héritées de la veille qui montent. Je rejoins très vite le col de la Vallée étroite, où je croise quantité de marcheurs tous plus alertes les uns que les autres. Un regard vers l'ouest dissipe mes interrogations : la verrue du refuge du Thabor, situé plus haut que le col, déverse ce flot. Je me dirige alors hors-sentier vers le col de Fontaine Froide, doublant celui de la Vallée Etroite par l'est, qui a le grand mérite de m'offrir une totale tranquillité ainsi qu'une vue saisissante sur les escarpements de la Cime de la Planette et de la Roche Béraude, deux hauts sommets que je n'avais jamais vraiment remarqué. Chouettes buts d'explorations futures. Je rejoins le sentier du "tour du Mont Thabor" en dévalant de flanc de vastes éboulis. Il n'y a curieusement plus un chat par ici. Pause café sous le col de la Roue, avant de quitter définitivement les sentiers pour aujourd'hui, et d'entamer la montée à l'Argentier. Le cheminement est superbe, au creux d'une combe oubliée qui s'enroule autour de l'éperon sud du Grand Argentier. Je m'amuse comme un enfant à remonter sur les blocs parsemant l'impétueux torrent. Puis c'est la traditionnelle remontée épuisante d'un pierrier schisteux bien croulant. Entre temps le plafond s'est abaissé progressivement, et j'atteins la crête finale, lunaire, ainsi que le sommet, juste à temps pour profiter de la vue : plongeante sur Bardonecchia, assez vaste par ailleurs mais très encombrée. Je pause longuement, fouetté par le vent qui forcit, puis sous quelques bourrasques de neige ... mais quel bonheur d'être ici !

Descente sans souci jusqu'au col du Fréjus, glissades effrénées dans les éboulis. Je m'efforce de faire abstraction de cette station téléphérique (Punta Bagna) que j'aperçois sur une crête voisine (deuxième "point gris" répertorié de mon trajet). Je remonte ensuite la crête jusqu'à la Pointe du Fréjus. C'est à mi-chemin que le brouillard m'enveloppe totalement, pour ne plus me quitter de la journée. Il fait désormais assez sombre, bien froid, et surtout ... je ne vois plus rien à 5 mètres ! Voilà qui complique grandement la donne, car je dois maintenant trouver un passage me permettant de basculer dans le flanc de l'immense champ de pierres qu'est le Grand Vallon. J'essaye un petit couloir, que je remonte (pas bon ), le deuxième sera le bon. Le problème reste entier : avant de commencer à descendre pour tenter de rejoindre un replat herbeux, je dois effectuer une grande traversée à flanc de pierrier, et si je descends trop tôt ... barres rocheuses. Beau problème d'orientation, j'adore ! Après une bonne demi-heure de marche au petit bonheur, essayant de suivre une courbe de niveau, il devient évident que dans cette purée de poids, aucun détail de relief ne viendra m'aider à choisir le bon moment pour descendre. Je sors la boussole, je prends régulièrement l'azimut de la ligne de plus grande pente, et quand il me parait bon, je descends en diagonale. Bingo : je tombe pile sur le replat voulu, repéré sur la carte (sous le point 2680). Il fait vraiment froid, 4°C dans le brouillard en soirée ... et toute la nuit à -2° - 3° dans le brouillard givrant. Mais je dors comme un bébé

Au loin le Pic de Rochebrune veille.

Au delà de la Maurienne bouchée, la Dent Parrachée.

Ambiance.

En remontant la combe menant à L'argentier. Au fond, versant italien de Roche Béraude, Balthazar, etc.

Argentier (à gauche). Bardonecchia.

Ambiance lunaire.

Depuis l'Argentier, mais je ne reconnais plus. Vers l'Italie ?

Au premier plan, l'arête menant du col de Fréjus à la Pointe du même nom.

Trouver son chemin ...

... jusqu'au bivouac givré.

scal · 15-10-2009 21:03:22

belle ambiance et agréable navigation par le récit et le choix du terrain

Roche Béraude, pointe Balthazar : pour être passé à proximité à une ou deux reprises
elles sont aussi consignées au fond d'un carnet du futur

Herdubreid · 16-10-2009 14:55:51

Merci Scal A mon sens le meilleur de cette rando reste à venir. Si tu as des infos sur les itinéraires d'accés à Roche Bernaude, Planette, Balthazar, je suis preneur ! (Je viens de vérifier, c'est bien Bernaude et non Béraude, mea culpa).

Jour 5 : Cime du Grand Vallon - Tête Noire - La Belle Plinier - Passage du Vallon - Vallon de Pelouse - Vallon du Fond, bivouac vers 2550. 16 km D+ 1140m D-1250m

Quelle journée ! C'est le grand beau, comme on pouvait raisonnablement l'espérer. Départ un peu plus tardif, le temps de faire dégeler l'abri et sécher l'humidité du duvet. Puis c'est la montée directe à la Cime du Grand Vallon, toujours des cailloux, enfin un chamois, le calme parfait sous la clarté fraîche et radieuse, dans la solitude absolue. Ces matins clairs sur la montagne sont une bénédiction. La vue de ce sommet méconnu est très vaste, et particulièrement saisissante sur les Ecrins. Je scrute attentivement la magnifique Aiguille de la Scolette, peu connue bien que culminant à 3506 m ! Cela fait plusieurs années que je l'ai repérée, mais c'est la première fois que je m'en approche ... et je déchante. Car l'arête N sommitale, que j'espérais emprunter, semble bien délicate.

J'entame ensuite une très belle traversée d'arête jusqu'à la Belle Plinier, dont la vue est très belle également, quoique plus restreinte, bien entendue, vers l'Italie. J'y rencontre un marcheur du coin, qui écume les sorties répertoriés sur un petit livre assez complet sur la Maurienne. Je le feuillette ... et y pique une idée, ce sera pour demain Mais rien sur la Scolette, ce qui confirme mes craintes.

La descente pour rejoindre le vallon de Pelouse est très esthétique, un joli S à flanc d'éboulis pour contourner un grand escarpement ... ne pas glisser ! Au fond de ce vallon, superbemment bucolique, et très étrangement totalement désert (je veux dire, même pas un troupeau), je m'accorde toilette+lessive+repas+sieste ... Je décide de renoncer à la Scolette, les chances de réussite semblent minces et je préfère assurer la suite de mon parcours. Fichue contrainte de temps .... Encore un sommet sur ma longue liste d'attente ...

La descente du vaste Vallon de Pelouse est de toute beauté, avec la Dent Parrachée en toile de fond. Je contourne les contreforts N de la Scolette (2ème et dernière personne croisée aujourd'hui) et entame la remontée du Vallon du Fond, bien différent du précédent - beaucoup plus étroit, très pierreux - mais tout aussi superbe de sauvagerie, le sentier y est à peine marqué. Je découvre enfin la crête frontière qui le ferme, avec la Pierre Minieu que je dois grimper demain. D'ici, la pente semble sérieuse ! J'installe mon bivouac au plus prés des éboulis, demain la montée n'en sera que plus directe.

Grand beau sur la Vanoise au petit jour.

Je découvre le trajet en plein brouillard de la veille.

Le Vallon de Pelouse et la Scolette.

Rognosa d'Etache (au centre) et Pte Ferrand (au fond à gauche)

Des Agneaux à la Barre des Ecrins

Des Agneaux à ... l'Etendard.

La Belle Plinier et, dans son flanc sud, la descente sur le Vallon de Pelouse.

A droite, La Cime du Grand Vallon.

Dent Parrachée, depuis Pelouse.

Vallon du Fond. Le trajet prévu pour le lendemain.

Bivouac discret.

Herdubreid · 18-10-2009 19:34:21

Jour 6 : Pierre Minieu - Pte St Michel - Col d'Etache - Plan des Eaux - Plan d'Etache - Le Petit Vallon - Pas de la Coche - Glacier du Sommeiller (vers 2720). 16 km D+ 1580m D- 1410m

Encore une journée superbe, à vrai dire parfaite ! Un vrai régal, tant au niveau du cheminement, des paysages, de la beauté des vallons parcourus.

Je commence par la montée, tout en éboulis croulants, à Pierre Minieu. Les premiers 300m sont faciles, puis viennent 400m vraiment raides, et malgré quelques nervures ou saillies en dur, la progression est très très lente, limite à quatre pattes. La récompense est de taille, avec une vue superbemment dégagée (Ecrins, Vanoise, Viso, Mont-Blanc), plongeante sur l'Italie, priviligiée sur les versants S et E de la Scolette, qui sont vraiment pourris .. Je suis toujours seul, dans le calme absolu, un régal. Je poursuis tranquillement la crête facile jusqu'à la Pointe St Michel.

Je dois ensuite dénicher le Passage du Courousset, basculant sur Etache. Le problème est que l'on ne voit pas la base des escarpements. Je passe rapidement un premier couloir défendu par un névé surplombant peu engageant. Un deuxième couloir très raide est marqué d'un cairn, il y a des traces, je m'y engage. Je débouche ...sur une impasse dans le vide ! Quelle idiotie de cairner en haut d'un tel couloir ! Tout ça pour baliser la montée évidente à la Pointe St Michel ... Je remonte au premier couloir et me rend à l'évidence, c'est le bon. Par une désescalade délicate dans des roches pourries (et après une bonne purge ...) je parviens à descendre à la base du névé. C'est bon, je suis passé, et dévale tout schuss l'ébouli bien raide. Je me rends alors compte, trop tard, que j'ai oublié de détruire ce fichu cairn ...

Je délaisse le Gros Peyron, facile, car je souhaite garder mes forces pour le Petit Vallon. Quel drôle de nom pour un sommet ! Curieusement, bien que physiquement très marqué, ce sommet n'est pas du tout mis en valeur sur la carte. C'est la consultation du petit topoguide hier qui m'a donné l'idée d'y grimper. Je descends donc du col d'Etache dans le but de contourner le Grand Bec par le nord. Belle pause déjeuner au Plan des Eaux, à l'ombre d'un énorme bloc descendu du Bec. Puis viennent le haut vallon d'Etache et le plan d'Etache, de vrais joyaux alpins encore très sauvages. Je croise plusieurs personnes (un balisage a été mis en place), mais aucun randonneur au long cours.

Je m'essoufle un peu dans la montée finale au Petit Vallon. Le terrain ne m'aide pas beaucoup, c'est encore 400m de pierrier croulant. Ce clapier est carrément dangereux par endroit, car mes pas déstabilisent de gros blocs qui ont tendance à vouloir m'écraser ... Mais quel bonheur à l'arrivée ! Une fin d'après-midi radieuse, encore une vue à 360°, splendide. J'en ressens une émotion intense.

Je finis cette étape, comblé, en rejoignant le pied du glacier du Sommeiller, où je m'installe pour un bivouac royal.

Depuis Pierre Minieu, vue sur la pente gravie, et le Vallon du Fond.

Le Roi Viso.

Grand Bec, Plan des Eaux.

La Pointe St Michel et le fameux passage.

Le haut vallon d'Etache, dominée par la Rognosa.

Plan d'Etache, Rognosa.

Du sommet du Petit Vallon, vers les Ecrins et le chemin parcouru depuis le matin.

Grande Casse et Grande Motte. Mont-Blanc et Grandes Jorasses.

Les Ecrins, toujours (Agneaux, Ailefroide, Barre).

La Pointe Sommeiller.

Débouché du Lac Noir.

Bivouac idéal au pied du glacier du Sommeiller.

scal · 18-10-2009 20:12:26

quelle visibilité exceptionnelle !!

-->Si tu as des infos sur les itinéraires d'accés à Roche Bernaude, Planette, Balthazar, je suis preneur !

non j'ai pas grand chose là dessus, à part Roche Bernaude avec une ou deux photos où des
itinéraires semblent accessibles

Herdubreid · 18-10-2009 20:32:04

scal a écrit :

quelle visibilité exceptionnelle !!

En effet, c'était incroyable, cette vue du Petit Vallon. Je me suis amusé à "réviser" ma connaissance des sommets sur 360°, un régal, j'ai même reconnu Estrop, Pelat, Pte Côte de l'Ane ...

Herdubreid · 19-10-2009 19:12:48

Jour 7 : Lac, col et Pointe D'Ambin, descente finale par le vallon d'Ambin. 15 km D+ 750m D- 1450m

L'aube est une nouvelle fois radieuse, quelle chance. Mais je ne peux m'empêcher de la teinter de mélancolie, c'est déjà le dernier jour, je dois redescendre. Au moins vais-je essayer de profiter au mieux de cette journée. Je suis un peu indécis sur l'itinéraire à suivre, tout ce que j'avais prévu dans la précipitation du départ était que ... j'aviserai ! L'idée de base est de basculer vers l'Italie, puis rejoindre le vallon de Savines et le Lac du Cenis. Ce serait un joli trajet par le col Agnel, mais j'y suis déjà passé il y a 3 ans en montant au Mont D'Ambin, je voudrais découvrir autre chose. Je décide de tenter un projet plus ambitieux : atteindre d'abord la Pointe Ferrand.

Je prends donc la direction du fond du Val d'Ambin par un raccourci serpentant dans les roches moutonnées (trajet skieur sur carte IGN). Quelques cairns m'aident à trouver le passage. Vient ensuite la très belle montée au lac d'Ambin, en partie gelé. Il est tôt, je suis encore seul, l'ambiance est magique ... les conditions moins. Je prends conscience qu'il y a encore beaucoup trop de neige, et que, sans matériel, je risque fort de me casser les dents. Je continue néanmoins la montée au col d'Ambin. Le "sentier" est assez sévère (raide couloir, névés) - et je découvrirais au retour que si beaucoup de promeneurs viennent admirer le lac, ils s'y arrêtent quasiment tous. Je suis de plus en plus indécis, voire déçu, je n'envisage même plus de tenter le Ferrand ... quand j'aperçois soudain, pile devant mon nez, la Pointe d'Ambin, avec une magnifique arête qui semble praticable. Regaillardi, j'en fais mon objectif final.

Les 400m de dénivelée de cette arête de blocs sont un régal. La vue s'étend, et malgré les prémices italiens d'un changement de temps, elle est encore une fois superbe. Je reste un long moment au sommet, dans la douce chaleur et la quiétude de ce milieu de matinée, combattant ma mélancolie en me remémorant cette semaine impeccable que je viens de traverser. D'ici il s'avère facile de rejoindre la Pointe Sommeiller, 100 m plus haut, mais je décide de la garder au chaud pour une autre fois. C'est tellement beau par ici qu'il m'apparaît judicieux de me donner une raison de revenir ! Je finis par m'arracher à cet endroit, et entame, hélas, la longue descente vers le monde réel.

Encore une bell journée en perspective.

Le sommet du Petit Vallon, grimpé la veille.

Changement de temps sur l'Italie, et le Viso au loin.

Dans la pente montant à la Pointe d'Ambin, vue sur le lac du même nom.

Lac d'Ambin et Pointe Ferrand.

Val d'Ambin, encadré par le Gd Cordonnier (à gauche) et le Mont d'Ambin. Au fond le Mont-Blanc.

Vers l'Italie, le val de Suse.

La Pointe d'Ambin et la voie d'accés suivie.

Dernier regard. Le changement de temps se confirme !

rem68 · 05-11-2009 13:23:37

je suis étonné de voir qu'il reste de la glace au glacier sommeiller (ainsi que le glacier ferrand)
j'y etais allé il ya 15 ans il était deja mal en point avec quelques reliquats métalliques de la station de ski italienne

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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#1 12-10-2009 19:46:57

Du Pays Arvan au Val d'Ambin (7 jours, début août 2009)

#2 12-10-2009 20:35:28

Re : Du Pays Arvan au Val d'Ambin (7 jours, début août 2009)

#3 13-10-2009 08:32:49

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#4 13-10-2009 10:44:20

Re : Du Pays Arvan au Val d'Ambin (7 jours, début août 2009)

#5 13-10-2009 18:26:10

Re : Du Pays Arvan au Val d'Ambin (7 jours, début août 2009)

#6 13-10-2009 18:55:07

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#7 13-10-2009 19:35:15

Re : Du Pays Arvan au Val d'Ambin (7 jours, début août 2009)

#8 15-10-2009 13:35:56

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#9 15-10-2009 21:03:22

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#10 16-10-2009 14:55:51

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#11 18-10-2009 19:34:21

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#12 18-10-2009 20:12:26

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#13 18-10-2009 20:32:04

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#14 19-10-2009 19:12:48

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#15 05-11-2009 13:23:37

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