3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

nif · 23-10-2010 23:31:38

Je complète le titre : en Marcheur Ultra Lourd !
Bon je le dis d'entrée, ça ne concerne pas la mul, libre aux modos de déplacer/supprimer ce post. Je fais ce CR principalement pour faire découvrir cette partie du monde, exotique pour nous mais pas si lointain. Ca pourrait donner des (bonnes) idées à certains

J'ai passé 15 jours en août dernier en Finlande où je suis allé voir un ami installé là-bas. Après quelques jours passés à Helsinki, j'ai entamé un petit tour de Finlande en train, du nord au sud.
J'ai donc commencé par une rando dans le parc Oulanka en Laponie finlandaise, pile sous le cercle polaire et le long de la frontière russe (faut pas trop s'approcher si on ne veut pas voir ses vacances prolongées contre sa volonté!). Je n'étais absolument pas équipé pour la rando légère ; disons que j'avais le strict minimun pour un séjour banal de touriste itinérant, avec trop de fringues, ma tente, une popote, des chaussures de rando, et pas assez de nourriture. J'allais en chier, et ça me plaisait!! Au départ de chez mon pote : sac à 16 kg avec 1l d'eau (j'ai jamais eu besoin de plus).
Ce parc national suit plus ou moins le cours de l'Oulankajöki (rivière Oulanka en finnois). On pourrait penser que c'est monotone, sauf que cette rivière passe sans arrêt de l'état de lac tranquille, à celui de rapides, chutes, canyon... Le Sentier de l'Ours (Karhunkierros) traverse le parc du nord au sud sur 80 km en suivant pendant les 2/3 du trajet la vallée de l'Oulanka (donc pas de problème de ravitaillement en eau). Le relief, disons collineux, n'est pas très élevé (point culminant 400 m[!] mais la plupart du temps on "navigue" entre 10 et 100 m maxi) du coup les étapes sont plus longues mais pas forcément de tout repos. Sur certaines étapes on enjambe sans arrêt des forêts de racines, des rochers, ce qui est assez fatigant à la longue. A l'origine, je comptais parcourir ce trajet en 4 jours.
Une autre précision : ce sentier très connu en Finlande, est une "autoroute à randonneurs" (bien que j'ai du en croiser une dizaine par jour en août) avec de nombreux aménagements, notamment les passages sur rondins dans les tourbières (marécageuses), ou les escaliers (!) dans les fortes pentes. Le dépaysement sauvage en prend-il un coup? Pas tant que ça j'ai trouvé, c'est quand même TRES isolé et les paysages nordiques donnent vraiment une sensation d'immensité.

Le parc Oulanka en Finlande

Carte du parc Oulanka (le Sentier de l'ours est dessiné en jaune)

J -1
Départ la veille de la gare d'Helsinki, je prends le train de nuit Helsinki - Rovaniemi (départ 21h arrivée 8h), une nuit au chaud pour le prix du trajet! Les trains finlandais (comme tout chez eux) sont très bien organisés : siège basique mais confortable, un wagon restaurant aux prix raisonnables... Une des rares fois de ma vie où je dors bien dans un transport en commun.
La gare d'Helsinki

J1
Arrivée à Rovaniemi (la ville du Père Noël, si, si je vous jure!), j'ai 5 mn pour assurer ma correspondance pour le bus de Kuusamo. J'ai chaud en courant mais je sens quand même qu'il fait nettement plus frais qu'à Helsinki. Confirmation quelques minutes plus tard dans le bus (pour les observateurs, et je rappelle que j'étais en plein mois d'août!) :

A Kuusamo, re-correspondance pour le bus de Ruka qui me dépose au centre d'accueil du parc à Hautajaärvi (cf.carte), et à 13h pétantes j'attaque enfin le sentier!
Pas de doute, je suis bien sur le cercle polaire!

C'est parti !

Au début, c'est plat, plat, plat. Le sentier suit d'abord une piste de 4X4 puis traverse une zone humide, longe de loin quelques lacs, puis s'engage sur des pontons de bois au dessus des tourbières. Le tout sous ce beau soleil nordique, à la lumière vive et tamisée à la fois, qui fait ce qu'il peut pour réchauffer. Je remarque rapidement que les bas côtés du chemin sont jonchés de... non, pas d'ordures, mais de centaines de milliers de champignons et baies, seules variétés de la flore qu'on ait le droit de ramasser, je comprends pourquoi !
Les pontons sur les tourbières

Les baies (airelles, mûres, groseilles...) poussent partout!!

J'atteinds enfin une rivière qui paraît assez paisible, puis le chemin la suit à distance. Au bruit je me rends compte que son cours se dévergonde mais j'en reste assez éloigné; la forêt touffue n'arrangeant rien, pendant longtemps j'entends la rivière sans la voir. Le chemin monte et descend sans arrêt, encombré de nombreuses racines qui exigent de l'attention et rendent la progression fatigante. J'aperçois cependant quelques écureuils assez dodus, et je découvre le coin de bivouac aménagé à la finlandaise : un abri blindé de bûches prêtes à brûler, des bancs de bois autour d'un endroit pour faire le feu, copieusement équipé de grilles diverses pour faire cuire sa barbac. Il y a même une hâche et une scie à libre disposition ; impensable en France, quelqu'un les aurait chourées depuis longtemps!

Un aperçu du chemin

Un aperçu de la rivière

La fatigue du voyage aidant, après 15 km je commence à me sentir vraiment fatigué d'un coup, ça coince dans les genoux! Je serre les dents, croise des arbres dont j'ai l'impression qu'ils me parlent (j'avais rien fumé, promis!) et j'arrive au refuge de Savilampi, point de chute prévu, vers 18h. Là, je dcouvre la conception du refuge à la finlandaise : un chalet "sur-équipé" avec brûleurs à gaz, poubelles à tri sélectif, banquettes (en bois bien dur) où s'allonger, poêle au milieu du chalet... sans compter le coin bivouac à l'extérieur, et la réserve à bois tels que décrits plus haut ! C'est l'avantage mul de ce trail : on peut complètement se passer non seulement du tarp/tente (quoiqu'en juillet-août les chalets sont quand même bien remplis ) mais aussi du réchaud SANS PROBLEME.
Le luxe quoi. Il y a déjà deux autres couples installés, un dans le chalet, l'autre dans leur tente. Je me lave dans la rivière qui passe devant le chalet avant de me rendre compte que ça dérange certains de voir un homme nu, j'aurais dû m'isoler un peu plus... Mais c'est si bon une eau à 5°... Je discute un (tout) petit peu - le finlandais sobre est d'un naturel peu prolixe - puis après le repas, ayant retrouvé des forces, je marche sans sac (liberté!!) jusqu'au canyon de l'Oulanka à 10 mn de marche. Beau spectacle au coucher du soleil. Bien qu'ayant négligé le matelas, je dormirai comme un bébé sur la banquette en bois dur comme du granit du chalet. Cette première journée est un total enchantement

Le refuge

Le coin feu de camp

Le poêle au milieu du chalet

Le canyon de l'Oulanka à la tombée du jour

J'ai oublié de préciser : l'accès aux chalets est totalement libre et gratuit, et cette fameuse lumière tamisée propre aux pays nordiques en été, est normale. La nuit blanche, période où le soleil ne se couche jamais, était encore en vigueur pendant mon passage du 16 au 18 août. C'est vraiment magique...

nif · 24-10-2010 19:10:07

J 2

Réveil vers 7h en pleine forme, pas de douleurs, un rayon de soleil qui m'encourage gentiment à sotir du duvet. Tout ça semble de bon augure... jusqu'à ce que je sorte effectivement de mon sac : ça caille! Un thermomètre fixé sur un arbre annonce 5°. Le p'tit déj expédié, je décolle du chalet en premier à 8h (y'a bien qu'en vacances que je me lève aussi tôt...) Je traverse l'Oulanka sur une passerelle suspendue puis remonte la pente sur l'autre rive sur... des escaliers. Une fois en haut, je suis dans une forêt de conifères pas très dense qui couvre ce petit plateau, qui domine la rivière du haut de sa falaise. Sympa, je n'aurai pas souvent ce genre de point de vue sur les alentours. Plus tard je redescends vers la rivière. Là je découvre un charmant petit refuge, lui aussi au bord de la rivière qui se sépare en plusieurs bras en formant des rapides et même des petites cascades. Je la retraverse par plusieurs "Indiana Jones bridges", comme j'appelle les passerelles.
Un observateur discret

Vue de la rivière depuis le chemin avec une charmante cabane dans le coin du méandre

Indiana Jones Bridge!

Le chemin continue dans la forêt au flanc de collines, ça monte et ça descend gentiment... mais ça en devient monotone. Cette matinée, je croise un couple avec un bébé, deux jeunes finlandaises, et un randonneur seul. Quelle foule! J'en profite pour leur demander une petite info à chaque fois, sur le chemin, les baies, je glisse un mot gentil ou une blagounette. La plupart du temps ils sourient poliment, me souhaitent bonne route et continuent leur chemin. J'aimerais discuter un peu plus, mais décidément le Finlandais n'est pas démonstratif.
Sinon, lors des pauses (autre avantage mul) je me gave de baies. En fait il n'y a qu'à faire comme les ours : se coucher par terre, étendre les bras et se servir. Puis on s'allonge un peu plus loin et on recommence. Bon je caricature (presque) car il faut faire attention aux variétés, certaines sont toxiques. De goût la plupart sont plutôt acides mais elles sont très riches en vitamines et en antioxydants, un véritable cadeau pour le randonneur soucieux de son alimentation.
Après une de ces pauses, je reprends la marche à flanc de colline, quand j'entends un fracas un peu haut dessus de moi. Le bruit se rapproche et je repère le coupable : c'est un renne qui me fonce droit dessus, à pleine vitesse dans la pente ! Je ne bouge plus, lui fait face en serrant mon pauvre bâton en bois dans les mains et en me rapprochant d'un arbre, en bois également, prêt à sauter derrière pour esquiver la charge du renne. Mais celui-ci, ou plutôt celle-ci, freine des quatre pattes à quelques mètres de moi, s'arrête et me fixe. Nous restons 30 bonnes secondes face-à-face, immobiles, à nous dévisager. C'est une renne d'élevage, elle porte un gros collier rouge (un des rennes du Père Noël?). Elle me tourne autour en reniflant le sol et en croquant quelques lichens au passage. Voyant qu'il n'y aura rien à obtenir de moi (je pense qu'elle quémandait un peu de nourriture), elle s'engage sur le chemin, comme pour m'ouvrir la voie, pendant une bonne centaine de mètres, en marchant même sur un ponton de bois! Moi je suis, ébahi et amusé, et j'en profite pour la mitrailler (avec l'appareil photo!)

Rencontre inopinée (sans zoom)

Pourquoi se fatiguer dans les broussailles?

C'est pas tout ça mais les émotions ça creuse! Heureusement je croise la première route du trajet, avec un camping surgi de nulle part, où je peux me ravitailler car je m'y suis pris un peu à la légère niveau nourriture.
Ensuite le sentier se rapproche à nouveau de la rivière pour la longer de très près. La rive opposée s'élève jusqu'à devenir un escarpement et le courant qui s'accélère me fait sentir que j'approche d'une partie en eau vive. Effectivement une série de rapides a creusé une roche presque rouge. Je m'approche au plus près, le bruit et la force qui s'en dégagent sont impressionants.

Les rapides de Kiutaköngäs

Ensuite le chemin s'élève et longe la rivière de haut, sur un escarpement sableux qui donne l'impression d'être sur la crête d'une dune boisée. Après les rapides, la rivière arrivée dans une vallée large, se sépare en de multiples bras, se rejoint en un lac puis continue, élargie et paresseuse, en traçant de larges méandres. Le point de vue aussi s'élargit, puiqu'on peut embrasser tout ça d'un coup d'oeil :

Un coin de paradis, accessibles aux seuls canoëistes

J'arrive vers 17h près d'un refuge, toujours les pieds dans l'eau. Comme il n'est pas trop tard, et bien que commençant à sentir la fatigue, je décide de continuer jusqu'au refuge suivant, à 8 km, pour tenir une bonne moyenne. Je comprendrais par la suite que ce fut peut-être un mauvais choix. La fatigue m'a surpris d'un coup 1/2h plus tard, les muscles des cuisses et des mollets commençant à tirer jusqu'à devenir franchement douloureux. La dernière heure fut un gros dépassement de moi-même, je faisais une pause tous les 1/4h, en enlevant ma prothèse à chaque fois. Je ressens ma solitude dans cette immense forêt touffue avec une acuité différente. Quand j'aperçois enfin le lac qu'il faut contourner pour atteindre le refuge, je suis complètement shooté aux endorphines, j'ai l'impression d'être à 50 cm du sol. Mais la simple vue de l'objectif me fait redescendre sur terre. C'est un gros retour à la civilisation : le refuge conçu pour 20 personnes est presque plein, ainsi que la hutte laponne construite à côté, sans compter deux tentes. N'ayant plus la force de monter ma tente, je trouve la dernière place sur les banquettes en bois, juste derrière le poële.
Un plongeon dans le lac (plus "chaud" que la rivière de la veille, un bon 12° je dirais) et un repas chaud me remettent d'aplomb et je passe une bonne soirée avec des étudiants finlandais et allemands. D'ailleurs, quand la fiancée de mon ami d'Helsinki les a vus en photo, elle a reconnu une de ses meilleures amies de fac dans le groupe! Le monde est petit, surtout en Finlande où ils ne sont que 5 millions d'habitants! Ensuite j'assiste à un magnifique coucher de soleil sur le lac.
Par contre la nuit est atroce : c'est ma 1è nuitée en refuge et j'ai un peu de mal au milieu de 20 personnes, dans la même pièce, ça fait bizarre. Ensuite, ma situation près du poêle fait que je crève de chaud (un comble en Laponie!). Enfin le bois bien dur de la banquette que j'avais bien toléré la veille me rentre dans les os, et les chairs endoloris par la journée...
Je ressors fumer une cigarette et bien m'en prend, je peux assister à la fameuse nuit blanche nordique, où le soleil ne se couche jamais tout à fait (il est alors plus de minuit). Les efforts de la journée sont bien récompensés...

P.S : j'ai changé la résolution des photos en cours de route, mais pour celles déjà uploadées, je n'arrive pas à les modifier, ni à les supprimer de mon album. Je n'ai pas trouvé comment faire dans la notice. Quelqu'un sait?

Dernière modification par nif (24-10-2010 23:11:05)

Iksarfighter · 25-10-2010 14:42:01

Salut Nif le Djeun,

Sympa ta balade et chouette compte-rendu ! Mais tu as vraiment besoin de t'alléger (matos, techniques) je pense et aussi de te modérer un peu plus dans tes efforts si tu veux tenir la route longtemps
Je te le dis car à 50 balais je paye un peu les excès physiques un peu "cons" de ma jeunesse.

"Qui veut voyager loin ménage sa monture !!!"

Sinon tu n'as pas parlé des moustiques et autre plaies volantes du Finnmark dans ton récit, cela m'étonne, comment les as-tu évités ? Peut-être la température moyenne a-t-elle fait qu'ils n'étaient plus présents à cette époque-là ?

Moi aussi je me suis souvent lavé nu en Norvège dans des lacs, des forêts ou des rivières, en me cachant du mieux possible, mais j'ai toujours peur que des gosses déboulent, me voient et que les parents portent plainte

Bonne continuation !

On attends le J3

Manu.

Dernière modification par Iksarfighter (25-10-2010 14:43:33)

waluyo · 25-10-2010 16:40:33

Salut Nif,

J'attends aussi le J3 avec impatience

Qu'est ce qui t'as donné l'idée d'aller faire une randonnée par la bas?
Une fois sur place? ou tu t'étais déjà fais à l'idée de faire le Karhunkierros avant de partir?

Quelqu'uns ici ont eu l'occasion de faire le même chemin... Peut être auras-tu lu quelques-uns de leur messages au détour du forum...

C'était des Finlandais qui étaient choqués de te voir nu??
Ca me semble bien étrange...
Ca devait être des citadins du Sud!!

nif · 28-10-2010 01:06:07

J'arrive, j'arrive...

J3

J'ai du dormir trois ou quatre heures cette nuit, j'ai mal partout, et une grasse mat' jusqu'à 8h30 n'est pas superflue. J'aperçois les étudiants de la veille décoller en me disant "see you later"! ("à tout à l'heure" pour les non hispanisants). Il faut dire que la veille ils se sont étonnés de la vitalité des marcheurs français, entre moi et mes 29 km et la rapidité de la foulée d'un autre Français qu'ils avaient croisé. Pour une fois que nous avons bonne presse à l'étranger ! Cela flatte-t'il mon ego ? (oui, il m'arrive d'être faible) Toujours est-il que je me lève avec entrain, et trois cafés et une heure plus tard, je taille la route en (presque) pleine forme. De gros nuages bas créent une atmosphère pesante, et rajoutent à l'ambiance un peu glauque du marais parsemé de petits arbres rachitiques que je traverse. Je trouve que ça a un certain charme.

En moins d'une heure je rejoins les étudiants qui font déjà leur première pause. Ils ont étalé tout leur matériel sur une table (oui en pleine forêt c'est ça les parcs nationaux finlandais). Ils doivent avoir des sacs aussi lourds que le mien alors qu'ils sont là pour deux jours et sont quatre. Ils m'offrent un café, on discute on plaisante, la journée commence de bonne humeur.
J'ai alors rejoint la rivière que j'avais quittée la veille. Elle n'est pas très profonde mais le clapotis du courant joue sa musique tout le long. Le soleil brille franchement maintenant et ce serait presque reposant s'il ne fallait pas être attentif sur le chemin, très étroit, situé sur une bande de terre entre la rive et un petit escarpement rocheux. Je profite de quelques glissades malencontreuses pour tester l'imperméabilité de mes chaussures Quechua ; ca va! Je croise plusieurs abris d'un type encore inédit jusque là, ce sont des abris bas à 3 murs avec en toit en pente (comme un tarp en bois en quelque sorte, en anglais on appelle ça un lean-to, un appentis quoi). L'abri est ouvert sur la rivière, et juste devant l'entrée se trouve un endroit pour faire un feu, avec 3 rondins autour qui font office de bancs tout en fermant l'espace, créant ainsi une (petite) protection contre le vent au niveau du sol. Très ingénieux. Ca m'aurait bien plus d'y dormir.

Des pêcheurs à la mouche

Je parcours ainsi 8 km le long de la rivière puis je bifurque sur le Petit Chemin de l'Ours (m'enfin, j'en ai toujours pas vus...) qui partage son tracé avec le Grand. Là je dois me taper un escalier de 252 marches(!) pour arriver sur les rotules un belvédère au sommet d'un cirque (qui ferait bien rire un pyrénéiste). Enfin, un point de vue! Je dois être à 100m au-dessus du sol mais ça en paraît bien 120 .

Le cirque de Kallioportti

Je me trouve désormais sur des petits plateaux étagés entre des blocs rocheux, et chacun abrite un lac dont les abords sont plutôt spongieux. D'ailleurs le cheminement se fait sur les désormais habituels pontons. Je mange dans un petit coin de paradis face à l'un d'eux, avec des au moins septuagénaires finlandais qui me font découvrir la kuksa, tasse traditionnelle en bois.

Après manger je chemine dans une forêt et je traverse pour la dernière fois l'Oulanka sur un énième pont suspendu mais celui-ci a ceci d'original qu'il fait face à un ancien moulin à eau bâti aux abords de rapides bouillonnants. Je ne sais pas encore que c'est là que je passerai la nuit...
Le moulin (les plus observateurs pourront se rincer l'oeil)

Je ne suis pas mécontent de quitter la rivière, le paysage va être différent. Je replonge dans une jeune forêt pas très élevée et ombragée fort agréable.

Alors que je débouche sur un terrain dégagé survient le drame : ça fait 5 mn que je sens une petite piqûre sur mon talon d'Achille, comme un petit caillou qui serait dans ma chaussure. Je me décide enfin à m'arrêter pour l'enlever, mais en fait il n'y a rien, la douleur vient du tendon lui-même. Je me dis que ça va peut-être passer, je ralentis, m'appuie sur mon bâton, mais je dois me rendre à l'évidence, c'est un début de tendinite. Dégoûté, je m 'assieds au pied d'un arbre pour réfléchir. Je décide de jouer la prudence en faisant demi-tour pour aller passer la nuit au moulin. Quelque part j'ai de la chance, c'est un des rares endroits en 80 km où l'on peut rallier une route. Je passe une bonne soirée au moulin mais c'est la nuit la plus froide du séjour.

Voilà donc comment finit ma randonnée, aux trois quarts, pile poil, j'ai fait 60 km en 3 jours. La déception de la voir amputée, elle aussi, passe vite et je suis content de moi. J'ai découvert la forêt boréale qui m'a charmé. Physiquement, à part ma tendinite, je suis encore en forme, et même si le poids de mon sac n 'a pas été trop génant, je commence à me dire que ça serait mieux de m'alléger (au moins pour mes tendons).

Puisque je parle enfin de mul, il faut signaler que ce sentier se prête bien à l'allègement de sac : tente/tarp et réchaud ne sont absolument pas nécessaires si on couche tous les soirs en refuge (un tous les 8-10 km à peu près, et des endroits pour camper tous les 4 km), les trails conviennent bien au terrain, on peut ramasser librement les champignons et baies qui foisonnent littéralement tout le long (dommage je n'y connais rien en champis et je n'ai pas osé les goûter), idem pour l'eau, j'ai rarement porté plus de 500 ml à la fois... Par contre, vaut mieux prévoir un duvet chaud (confort 0°) et faut aimer suivre un chemin linéaire, assez aménagé, mais néanmoins dans un coin très sauvage.
Bref, conseillé pour la découverte de la nature finlandaise. Après plus au nord, on trouve des parcs beaucoup plus sauvages et rustiques qui demandent vraiment une préparation sérieuse. Pour la prochaine fois

nif · 28-10-2010 01:34:11

waluyo a écrit :

Qu'est ce qui t'as donné l'idée d'aller faire une randonnée par la bas?

Le Guide du Routard (assez riche en idées rando en ce qui concerne la Finlande) en le lisant en France, et mon ami d'Helsinki qui avait fait le Pieni Karhunkierros et me l'a conseillé.

waluyo a écrit :

Quelqu'uns ici ont eu l'occasion de faire le même chemin... Peut-être auras-tu lu quelques-uns de leur messages au détour du forum... smile

Effectivement j'ai fait une recherche, j'ai vu ton récit et un autre, j'y ai reconnu certains endroits et j'ai pu voir ceux que j'ai raté. Merci!

iksarfighter a écrit :

Salut Nif le Djeun [...]tu as vraiment besoin de t'alléger (matos, techniques) je pense et aussi de te modérer un peu plus dans tes efforts si tu veux tenir la route longtemps wink

Salut Iksarfighter le Vioc
Si j'ai rejoint ce forum c'est justement pour faire faire un régime à mon matériel. Je soumettrai ma 1è liste mul au plus vite j'espère. Pour ce qui est de la modération, je me dis aussi parfois que j'en fais trop, mais en même temps si je me modérais je serais encore en fauteuil roulant. Et quand je vois ce que font certains sur ce forum, je me dis que j'ai encore de la marge.
En ce qui concerne les moustiques, il n'y en avaient plus à cette époque dans ce coin -ci à cause des températures trop froides certainement, car à la même latitude à 200 km et au bord de la mer (à Oulu) il y en avaient.

Pour mon affaire d'exhibition j'avais cru avoir choqué sur le coup, car le couple qui m'avait aperçu était parti boire son café 50 m plus loin. Avec le recul et maintenant que je connais mieux la mentalité finlandaise, je me dis que c'était juste une marque de politesse pour me garantir ma propre intimité. Sont tellement bien éduqués ces gens...

Iksarfighter · 28-10-2010 18:04:40

nif a écrit :

En ce qui concerne les moustiques, il n'y en avaient plus à cette époque dans ce coin -ci à cause des températures trop froides certainement, car à la même latitude à 200 km et au bord de la mer (à Oulu) il y en avait.

Comme quoi en randonnant tardivement et en le payant par un petit peu plus de froidure, on peut randonner peinard dans ces zones. Parce qu'en pleine saison, il faut un costume d'apiculteur pour survivre à toutes ces saloperies volantes qu'on trouve là-bas.

fiannae · 28-10-2010 19:51:06

La nuit finlandaise, les baies sauvages à volonté, des rennes pas farouches, des abris/refuges accueillants et des locaux peu causants et respectueux de la bulle de chacun(e)... waoooou cela me donne vraiment envie.

nif a écrit :

J J'allais en chier, et ça me plaisait!!

Euh, t'avais besoin d'expier quelque chose ?

Iksarfighter · 29-10-2010 21:30:38

nif a écrit :

Pour ce qui est de la modération, je me dis aussi parfois que j'en fais trop, mais en même temps si je me modérais je serais encore en fauteuil roulant. Et quand je vois ce que font certains sur ce forum, je me dis que j'ai encore de la marge.

Le plus dur ce n'est pas de s'en demander beaucoup, mais de trouver justement cet équilibre entre les deux extrêmes qui permette la durabilité. Plus on est jeune et plus c'est difficile

Dernière modification par Iksarfighter (29-10-2010 21:31:30)

wwwfabien · 31-10-2010 11:53:33

Ca c'est le genre de récit qui donne des idées et qui donne envi

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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#1 23-10-2010 23:31:38

3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

#2 24-10-2010 19:10:07

Re : 3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

#3 25-10-2010 14:42:01

Re : 3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

#4 25-10-2010 16:40:33

Re : 3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

#5 28-10-2010 01:06:07

Re : 3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

#6 28-10-2010 01:34:11

Re : 3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

#7 28-10-2010 18:04:40

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#8 28-10-2010 19:51:06

Re : 3 jour sur le Sentier de l'ours au parc Oulanka en Laponie finlandaise

#9 29-10-2010 21:30:38

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#10 31-10-2010 11:53:33

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