Pensées MUL de R. L. Stevenson

Juhnnie_Walkeuse · 15-07-2015 15:12:50

Bonjour les MUL !
Je m'apprête à partir sur le GR 70, et en lisant le Voyage avec un âne dans les Cévennes de R. L. Stevenson, j'ai dégoté quelques extraits qui me semblent assez bien coller à la philosophie MUL...
La version originale est Travels with a Donkey in the Cévennes, de 1879, mais les extraits que je partage avec vous viennent de la traduction française de Léon Bocquet, édition GF-Flammarion de 1991, avec introduction de Gilles Lapouge.

Gilles Lapouge (Intro p.19) a écrit :

Ainsi ce livre nous présente-t-il avec clarté les deux grandes manières de voyager: d'un côté, l'exotisme traditionnel, illustré par Hérodote, Ibn Battuta, Ruysbrouck ou Plan Carpin, Malinowski, Lévi-Strauss et Segalen, dont l'ambition est de résoudre l'autre au même, d'éclairer et donc d'abolir l'inconnu, de faire du proche avec du lointain, du familier avec le saugrenu, de dénouer les énigmes, en un mot de remplacer la belle nuit éblouie du non-savoir par les clartés hagardes de la connaissance. Misérables voyages que ces cours d'université et ils vont au rebours de leur ambition: s'ils gagnent en vérité, ils ruinent ce qui fait l'être même de l'étrange: sa résistance à nos familiarités.
Modestine [l'âne de Stevenson], elle, illustre la deuxième manière de voyager. Pénétrée de l'idée que l'exotisme commence à l'incompréhensible, elle préfère le voyage zen. Elle préconise des pèlerinages d'aveugles dans ce rien, cette absence, cette irréalité qu'est la terre. Sur les cartes de géographie, si elle daignait en posséder, Modestine n'aurait d'yeux que pour les terrae incognitae. Elle déploie une énergie forcenée pour tenir à distance ce lointain dont elle arpente à présent les chemins.

Robert Louis Stevenson, p.42 a écrit :

Une tente, surtout pour un touriste solitaire, ne laisse point d'être ennuyeuse à dresser, ennuyeuse encore à démonter et même, durant la marche, elle fournit un évident aspect particulier au bagage. Un sac de couchage, par contre, est toujours prêt: il suffit de s'y insinuer. Il sert à double fin: de lit pendant la nuit, de valise pendant le jour et il ne dénonce pas à tout passant curieux vos intentions de coucher dehors. C'est là un point important. Si un campement n'est pas secret, ce n'est qu'un endroit de repos illusoire. On devient un homme public. Le paysan sociable visite votre chevet après un souper hâtif et vous voilà dans l'obligation de dormir un oeil ouvert et de vous lever avant l'aube.

Robert Louis Stevenson, p.78 a écrit :

J'avais cherché une aventure durant ma vie entière, une simple aventure sans passion, telle qu'il en arrive tous les jours et à d'héroïques voyageurs et me trouver ainsi, un beau matin, par hasard, à la corne d'un bois du Gévaudan, ignorant du nord comme du sud, aussi étranger à ce qui m'entourait que le premier homme sur la terre, continent perdu - c'était trouver réalisée une part de mes rêves quotidiens.

Robert Louis Stevenson, p.84 a écrit :

Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le nid douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants.

Robert Louis Stevenson, p.118 a écrit :

Ce qui ressemble à la mort momentanée aux gens qu'étouffent murs et rideaux n'est qu'un sommeil sans pesanteur et vivant pour qui dort en plein champ. La nuit entière il peut entendre la nature respirer à souffles profonds et libres. Même, lorsqu'elle se repose, elle remue et sourit et il y a une heure émouvante ignorée par ceux qui habitent les maisons: lorsqu'une impression de réveil passe au large sur l'hémisphère endormi et qu'au dehors tout le reste du monde se lève. C'est alors que le coq chante pour la première fois.

ester · 15-07-2015 20:14:12

Bonne idée, ce fil, Juhnnie_Walkeuse.
Cependant, vis à vis des droits d'auteur, je ne suis pas sûre qu'on puisse inclure trop de texte...

J'avais lu une édition précédée "Des promenades à pied", de Stevenson également.
Parmi les notes que j'avais prises, cet extrait de l'œuvre :

"Or, pour jouir vraiment d’une promenade à pied, il faut aller seul. En groupe, ou même à deux, ce n’est plus une promenade que de nom ; c’est autre chose, et cela tient plutôt du pique-nique. C’est seul qu’il faut entreprendre une promenade à pied parce que la liberté lui est inhérente, parce que vous devez pouvoir vous arrêter et poursuivre, aller de ce côté et de cet autre, au gré de votre fantaisie ; et parce que vous devez garder votre propre allure, et ni trotter aux côtés d’un champion de la marche, ni faire de petits pas avec une jeune fille. Puis vous devez être ouvert à toutes les impressions et permettre à vos pensées de prendre la couleur de ce que vous voyez. Vous devez être comme un pipeau disponible pour tous les vents."

Dernière modification par ester (15-07-2015 20:14:54)

Grands-Pas · 15-07-2015 20:27:35

ester a écrit :

Bonne idée, ce fil, Juhnnie_Walkeuse.
Cependant, vis à vis des droits d'auteur, je ne suis pas sûre qu'on puisse inclure trop de texte...

LOI n°2013-595 du 8 juillet 2013 - art. 77
« Lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire : […]
3º Sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l'auteur et la source :
a) Les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d'information de l'œuvre à laquelle elles sont incorporées. »

ester · 15-07-2015 20:42:25

Merci Grands-Pas

Magne2 · 15-07-2015 21:04:37

il me semble que vu sa date d'édition originale le Stevenson est libre de droits

Galou83 · 15-07-2015 21:13:13

Magne2 a écrit :

il me semble que vu sa date d'édition originale le Stevenson est libre de droits

Ce n'est pas la date d'édition qui compte, mais la date du décès de l'auteur.
date de "bascule" dans le domaine public : décès +50ans aux USA, +60ans ailleurs.

Dernière modification par Galou83 (15-07-2015 21:13:38)

E Pericoloso Sporgersi · 15-07-2015 21:36:21

.

Dernière modification par E Pericoloso Sporgersi (26-03-2020 13:04:27)

ester · 15-07-2015 22:01:51

Bon alors, c'est encourageant...

Des promenades à pied, Robert-Louis Stevenson :

« Qu’on n’aille pas croire qu’une promenade à pied, comme d’aucuns voudraient nous le laisser imaginer, n’est qu’un meilleur moyen ou un pis-aller pour voir la campagne. Il est bien des manières tout aussi bonnes de regarder le paysage ; aucune n’est même plus vivante, quoi qu’en disent les snobs, que par chemin de fer. Mais le paysage, pendant une promenade, est tout à fait accessoire. Celui qui est vraiment membre de la confrérie ne voyage pas en quête de pittoresque, mais en quête de certaines humeurs joyeuses – de l’espoir et de l’esprit qui accompagnent les premiers pas le matin, et de la paix et de la plénitude spirituelle au repos du soir. Il est incapable de dire s’il éprouve plus de plaisir à mettre le sac au dos ou à s’en décharger. L’excitation du départ le met au diapason de celle de l’arrivée. Tout ce qu’il fait est non seulement une récompense en soi, mais sera récompensé davantage par la suite ; ainsi le plaisir s’enchaîne infiniment avec un autre plaisir. Voilà ce que très peu de gens peuvent comprendre [...]"

Plus loin, Stevenson cite Hazlitt (dans un essai de ce dernier sur le voyage) :

" (…) voici de peur que vous pensiez que j’exagère, l’aveu de Hazlitt, dans son essai sur le voyage qui est si bon que l’on devrait mettre à l’amende tous ceux qui ne l’ont pas lu :
« Donnez-moi le ciel clair au-dessus de la tête et la verdure sous les pieds, une route sinueuse devant moi, trois heures de marche jusqu’au dîner – et ensuite je me mettrai à penser ! Il y a bien des chances que je lève quelque gibier sur ces landes solitaires. Je ris, je cours, je saute et je chante de joie ! »

Juhnnie_Walkeuse · 16-07-2015 08:14:57

Attention, le texte original de Stevenson est bien libre de droits mais pas sa traduction française (oui, la propriété intellectuelle est une chose compliquée).
MAIS il s'agit de citations courtes, qui entrent donc bien dans le cadre de l'exception au droit d'auteur (on va dire que c'est dans un cadre informativo-pédagogique ). Et les extraits sont correctement cités. Donc n'hésitez pas à faire de même pour d'autres auteurs, à la limite (en n'oubliant pas de citer précisément le traducteur, l'éditeur et la date, voire la page)!

ollé ollé · 16-07-2015 08:40:03

@ Juhnnie_Walkeuse
merci de ces extraits
ne pas tenir compte des aboiements

ester · 16-07-2015 12:13:56

.

Edit : Non, rien. Bel été à tous.

Pendant que j'y suis, une petite dernière.

Journal de route dans les Cévennes - Stevenson

"Comme la plupart des gens, j’ai lieu de penser à ce que je déteste, ou parfois à ce que j’aime trop. Je suis toujours prêt à y substituer des sujets de réflexion moins brûlants pour l’esprit, et, de temps en temps, aussi peu de chose que tenir un paquetage sur une selle sert à tenir l’esprit éloigné de tous les sujets trop absorbants."

(p. 107) - Il faut que je retrouve l'édition et le traducteur (les mêmes que pour les précédentes citations que j'ai rapportées).

Dernière modification par ester (16-07-2015 16:40:51)

Manche · 24-09-2019 22:42:36

Sa liste :

Robert-Louis Stevenson a écrit :

Sur le conseil d’un fallacieux bourrelier de l’endroit, une sellette en cuir me fut fabriquée, munie de courroies afin d’attacher mon paquetage et, pensif, j’achevai mon équipement et disposai mon trousseau. En manière d’armes et de batterie de cuisine, je pris un revolver, une petite lampe à alcool et une poêle, une lanterne et quelques chandelles d’un sou, un couteau de poche et une large gourde en peau. Le principal chargement consistait en deux assortiments complets de vêtements de re- change – outre mes habits de voyage en velours campagnard, mon paletot de marin et un chandail en tricot – quelques livres, ma couverture de voyage qui, elle aussi en forme de sac, me fai- sait double enveloppe pour les nuits froides. La réserve perma- nente était représentée par des plaquettes de chocolat et des boîtes de saucisses boulonnaises. Tout cela, à l’exception de ce que je portais sur moi, fut facilement entassé dans le sac en peau de mouton et, par une heureuse inspiration, j’y ajoutai mon havresac vide, plutôt par commodité de portage que dans la pensée qu’il pourrait m’être nécessaire au cours de mon voyage. Pour les besoins les plus pressants, je pris un gigot froid de mouton, une bouteille de beaujolais et une provision impor- tante de pain bis et blanc, comme Père Adam, pour moi-même et le baudet ; toutefois, dans mon projet, la destination de ces derniers objets était inverse.

tolliv · 24-09-2019 23:04:16

Dommage qu'il n'indique pas le poids !!

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