[Récit + liste] HRP au Marc de Bourgogne - 2015

florencia · 12-11-2015 18:45:45

Je ne crois pas que ce soit qu’une simple question d’ennui, et puis, marcher le plus longtemps possible, c’est pas toujours possible. Aussi bien pour des raisons physiques, d’envies, de météo, d’obstacles géographiques, etc...

J’ai l’impression que ce sentiment de solitude dépend beaucoup de la préparation en amont et des représentations, et attentes, que l’on se fait d’un massif, d’une région ou d’un pays.

En Corse, par exemple je m’étais préparé à la solitude, de par les choix d’itinéraire, à marcher et bivouaquer seule, sauf à descendre sur un village ou me rapprocher d’un refuge. C’était normal en quelques sortes.

Là, peut-être naïvement, je pensais que dans les Pyrénées, je rencontrerai beaucoup plus de randonneurs, au long cours, ou non d’ailleurs, y compris hors des GR et sentiers classiques.

Après, je pense également qu’il y a d’autres formes de solitude, l’absence des siens bien sûr, mais parfois aussi, on peut être entouré et se sentir quand même seul. Dans un refuge par exemple, parce qu’il n’y a pas forcément d’affinité ou grand-chose à partager, peu importe les raisons, mais c’est comme ça. C’est tout aussi perturbant et insatisfaisant.

Mais oli_v_ier a raison, c’est la plupart du temps passager, heureusement

Il y a aussi certain cap à passer, souvent difficile pour moi, vers la 3è semaine.

Plutôt que de penser à l’abandon, je préfère, hors gros pépin physique, essayer de m’adapter, pour combler en partie ce qu’il me manque, quitte à faire quelques concessions

Bref, pas toujours facile de trouver le bon équilibre pour se faire plaisir en terme de randonnées et la bonne santé du psychisme

Kodiak on dirait que tu lis dans l’avenir

Flo

Glop^2 · 12-11-2015 20:05:38

florencia a écrit :

... mais parfois aussi, on peut être entouré et se sentir quand même seul. Dans un refuge par exemple, parce qu’il n’y a pas forcément d’affinité ou grand-chose à partager, peu importe les raisons, mais c’est comme ça. C’est tout aussi perturbant et insatisfaisant.

Salut Florencia, je me suis fais la même réflexion lors de mon dernier trek, et c'est plus perturbant que la vrai solitude je trouve.

N_75 · 12-11-2015 20:15:21

Bonjour Florencia !

Ce coup de blues ne serait-il pas dû au fait qu'il manque depuis plusieurs jours le petit coup d'émerveillement qui fait que parfois une journée est belle pour simplement un instant qui fût magique !

J'ai cru comprendre que tu parcours certains coins pour la deuxième fois, donc l'effet de surprise est passé (j'ai pas écrit que passer deux fois au même endroit n'avait aucun intérêt), tu as un peu enchaîné des bivouacs pas trop sympas, la météo n'est pas de ton côté, des soirées avec pas grand chose à te mettre entre les dents, et côté paysage, il s'installe peut-être à la longue une forme de monotonie.
Ajouté un brin de fatigue physique (le régime ça use ), pas grand monde à croiser, quel pourcentage de français (à moins que tu te débrouilles en espagnol), et pas de marc de Bourgogne dans ta liste pour te remonter le moral , ça fait peut-être beaucoup.

Et en Corse tu n'avais peut-être jamais cumulé toutes ces petites choses en même temps ! Peut-être as tu désormais aussi la Corse comme référence...

Eloi · 12-11-2015 20:37:19

oli_v_ier a écrit :

Eloi a écrit :
Je suis votre conversation avec intérêt, vu qu'il est probable que je parte seul sur la HRP l'été prochain. Mon expérience de rando solo n'a jamais dépassée 2 ou 3 jours et déjà je voyais l'impact de la solitude sur mon cerveau.
Le coup de blues, je l'ai parfois eu, c'est un mauvais moment à passer, rien de plus .

Quand je parle de l'impact de la solitude sur mon cerveau, il ne s'agit pas d'un coup de blues (je n'ai peut-être pas marché assez longtemps seul pour ressentir ça) mais d'un dé-bridage cérébral qui conduit vers une prise de recul sur moi-même et une vision plus éclairée de ma situation. Je me demande si 5 semaines à ce régime là ne me feraient pas délaisser l'industrie mécanique pour le pastoralisme à mon retour à la civilisation.

ester · 12-11-2015 20:56:10

Bonjour Flo,
Bonjour à tous,

Florencia a écrit :

Soudain, un abri s'offre à ma vue, 4 murs à l'abandon, ouvert à tous les vents, même si cela ne se voyait pas depuis sa façade, une dalle en béton pour intérieur, encombrée de bric et de broc, un toit branlant et grêlé de trous, mais sur un pan seulement... Mais voilà, le tonnerre gronde et pas le courage de monter l'abri fuyant, alors ça fera l'affaire
https://www.randonner-leger.org/forum/u … -11-15.jpg
Photo prise au petit matin
Avec pour seul réconfort, un pauvre paquet de gâteaux à grignoter au compte-gouttes, sans plaisir gustatif particulier, bref soirée pas top…
L'un des deux bivouacs, sans aucun doute, parmi les plus glauques de ma traversée

Oups, glauque est le mot juste...
Le refuge de Conangles est à seulement 15 ou 20 minutes de piste, au sud, et les repas pris là ne s'oublient pas...

Je compatis (encore).
Tu as réussi à rester au sec ?

Le col des Mulleres dans la ouate, c'est courageux !

J'ai comme l'impression que tu vas bientôt mesurer la hauteur d'eau en phalanges, toi aussi...

Jobig · 12-11-2015 21:26:02

Salut Flo,

Juste une incise :

Tout dépend quelle émotion est générée par ce sentiment (variable selon mon expérience) et de sa gestion.

Le sentiment d'isolement peut lui aussi être induit par des mécanismes inconscients de la mémoire, par une vieille émotion (du genre traumatique) enfouie dans notre tréfonds et qui se manifeste de cette manière détournée au gré des circonstances, de l'environnement, voire de la carte mentale de cet environnement, que sais-je ? C'est ce qui m'est arrivé à la Faixalunga sur la route de la Brecha. Comme j'ai depuis pris conscience du pourquoi et du comment, je sais que cela ne se reproduira vraisemblablement plus ni là-bas, ni ailleurs. Bon, c'est mon expérience, laquelle n'est guère généralisable et donc pas forcément la tienne (ni celle d'un(e) autre), bien entendu !

Jobig

enrico · 12-11-2015 21:42:13

Eloi a écrit :

... Je me demande si 5 semaines à ce régime là ne me feraient pas délaisser l'industrie mécanique pour le pastoralisme à mon retour à la civilisation.

Ah ah ! C'est le risque, Eloi.
A part ça, ce n'est peut-être pas un 'mauvais moment à passer' (en tous les cas, je n'aime pas ce cliché négatif), mais c'est surtout et sûrement une expérience inoubliable et très enrichissante sur le plan personnel.

florencia · 12-11-2015 22:09:17

N_75

Je n’ai pas dit que j’étais complètement déprimé hein, j’ai juste eu un petit coup de blues, le temps de cette soirée

Faudrait quand même que je sois bien difficile pour ne pas apprécier tout ce qui a défilé devant mes yeux depuis 3 semaines. Je le redis au cas où, jusqu’à présent, je m’estime chanceuse

Quand la question de la solitude a été posée par Bilbox, c’est parce que je l’avais évoqué ailleurs, avant même de débuter ce retour.

C’est mon ressenti global de ces 6 semaines, pas forcément de ces 20 premiers jours en particulier, et c’est forcément subjectif, selon les critères et expériences de chacun. Pour préciser ma pensée, je ne crois pas que ça se mesure uniquement au nombre de personne croisée

Élément accentué par l’impression, un peu plus tard, de ne pas être toujours en phase avec ce qui m’entourait, de subir trop négativement la météo, les 2, sources de déception envers moi-même.

Mais peut-être que tout est lié…

C’est vrai que le référentiel récent de la Corse, sur le plan humain, place la barre haute, et n’aide pas, tu as vu juste

Ester

C’est le second des bivouacs glauques, j’ai faire pire sur la fin

J’ai bien pensé au refuge de Conangles, mais ma bêtise ne me l’a pas autorisé, sous prétexte d’une volonté d’autonomie stupide

Les événements feront que je balayerai tout cela et que je changerai prochainement de fusil d’épaule

Ajout oubli de réponse

Oui, je suis resté au sec, même s’il a fallu que je bouge plusieurs fois d’endroit pour éviter le ruissellement depuis le toit troué.

Ah, ah, l‘unité de mesure, je m’en serais bien passé. J’ai eu connaissance de cette mesure commune, et donc de ta mésaventure nocturne, pendant ma balade, par l’intermédiaire de nif

Flo

Dernière modification par florencia (12-11-2015 22:52:56)

JJondalar · 12-11-2015 22:28:31

Pardon d'être philosophico-chiant (c'est vous qui avez commencé ) mais je ressors de ma bibliothèque poussiéreuse le Sâdhanâ de Rabindranath Tagore et j'y lis : "la nature supérieure de l'homme cherche toujours quelque chose qui la dépasse et qui pourtant soit sa vérité la plus profonde, qui exige d'elle tous les sacrifices et qui qui fasse de ces sacrifices leur propre récompense.". Et d'autres passages qu'on peut plus ou moins rapporter à la randonnée solitaire sans trahir l'auteur. L'esprit occidental a un problème, il lie son expérience au seul plaisir, en tout cas il privilégie trop celui-ci. Or, en ce qui nous concerne, les moments de solitude, de faim, de mal au genou, fondent notre expérience autant que la bière sirotée au soleil d'une terrasse de refuge, et nous révèlent notre unité avec l'univers (autre problème pour l'esprit occidental). Ce ne sont pas forcément des pathologies. Tout nous aide à nous révéler à nous-mêmes.
Ça, c'est pour le fond. Dans la forme il ne faut pas s'empêcher de dire qu'à un moment donné on s'est bien fait chier, puisque c'est ce qu'on a ressenti. C'est ce que j'aime aussi dans ce récit.

mknod · 12-11-2015 22:36:49

Belle intervention JJondalar .

PS : la tentation de HS est grande.
PPS : Y a-t-il seulement un S ?

Dernière modification par mknod (12-11-2015 22:39:13)

florencia · 12-11-2015 23:15:23

mknod a écrit :

PS : la tentation de HS est grande.
PPS : Y a-t-il seulement un S ?

Tu peux développer STP ?

Flo

mknod · 13-11-2015 00:21:33

Bien sûr, j'ai trouvé que le message de JJondalar était criant de vérité et qu'il y aurait mille manières de rebondir dessus... quitte à s'éloigner un peu des sentiers (partir en HS quoi). Puis après je me suis dis que les récits offraient peut-être un espace d'expression un peu plus libre que le reste du forum (j'exclue volontairement le trombi dont je n'aime pas vraiment le format, et qui implique nécessairement de lancer un HS de manière volontaire et raisonnée, ce qui casse la continuité d'une réflexion qui prendrait naissance au sain d'une... discussion par exemple).

Dernière modification par mknod (13-11-2015 00:23:00)

Doc · 13-11-2015 03:20:03

JJondalar a écrit :

Pardon d'être philosophico-chiant (c'est vous qui avez commencé big_smile ) mais je ressors de ma bibliothèque poussiéreuse le Sâdhanâ de Rabindranath Tagore et j'y lis : "la nature supérieure de l'homme cherche toujours quelque chose qui la dépasse et qui pourtant soit sa vérité la plus profonde, qui exige d'elle tous les sacrifices et qui qui fasse de ces sacrifices leur propre récompense.".

Je serais resté culturellement plus occidental, ce petit coup le spleen me donnerait presque envie de citer Baudelaire. Le poème « Élévation » en particulier, qui décrit assez bien il me semble le ressentis face à la solitude perdu au milieu de la nature. Pour ceux qui aiment la poésie, il fait partis de mes auteurs régulier en rando.

À partir autant en HS, il vaudrait peut être le coup de créer un nouveau sujet de philosophie MUL.

PS : Toute question philosophique désormais mise à part, j'aime beaucoup ta manière de relater ton aventure florencia.

florencia · 13-11-2015 14:20:32

Jour 21 : Pla de Remuñe - Refuge du Portillon

Tracé Openrunner

PS : Désolée d'avance pour le pavé, mais difficile de faire autrement, pour cette journée charnière, qui tombe pile à la moitié de ma balade.

Autour de minuit, je suis réveillée en sursaut par les grondements sourds du tonnerre. Un éclair vient illuminer l’intérieur de l’abri d’une belle couleur orangée et me permet de voir une multitude de petites gouttes perler, puis glisser le long des parois Ma veste imper/respi, enfilée au pied est aussi bien humide...

J’attrape ma lampe et jette un coup d’œil pour voir ce qui se passe autour de moi. De nombreux reflets m’interpellent. Je regarde de plus près, une mare est en train de se former tout autour. Je trempe mon index pour évaluer la hauteur, je peux enfoncer une phalange, ce qui représente 2 cm environ. Je vérifie fébrilement que tout est bien en place. Toutes les affaires ont été rangées la veille dans les sacs étanches, eux même dans mon SAD, bien calé sous ma tête comme oreiller. Les 5 cm de hauteur de mon tapis de sol-cuvette me sécurisent, enfin, en l’état des choses, alors pas d’inquiétude, outre mesure. Je me recroqueville au chaud dans mon sac de couchage, en bordant bien les bords de mon quilt sous moi et tente de me rendormir.

3h00 plus tard, je suis réveillée à nouveau, cette fois-ci, par un besoin naturel. Aïe, la plaie, mauvaise idée que d’avoir bu tout ce liquide hier, en fin d’après-midi et début de soirée…

L’envie n’est pas encore trop pressante, mais suffisante pour m’empêcher de m’assoupir.

Nouveau coup d’œil dehors, tout brille… seconde mesure, 1 phalange et demi… cela commence à devenir préoccupant, d’autant que la pluie ne fait pas mine de faiblir, malgré que l’orage se soit tue. Je vois l’eau à travers mon tapis de sol, qui se meut au grès de mes appuis. Je baigne littéralement sur un second matelas. Patienter jusqu’à l’aube va être long…

J’essaye de m’occuper l’esprit pour tenter de débrancher le cerveau de ma vessie, mais peine perdue. C'est une véritable torture que d'entendre toute cette eau se dévider, sans pouvoir se soulager

Je commence à gigoter dans tous les sens, et lors d’un mouvement de retournement un peu brusque, je sens que le SAD s’échappe de sous ma tête. Je perçois soudain une masse sombre envahir mon espace de protection. Catastrophe, ça mouille, je rejette par réflexe le sac au dehors. Un nombre inconnu, mais certain, de centilitres viennent de s'infiltrer sournoisement. Je surnage désormais grâce à mon matelas gonflable, merci à lui. Heureusement ma serviette-éponge est à portée de mains, je commence à éponger de l’une, l’autre vérifiant que mon quilt ne craint rien. De longues minutes plus tard, je retrouve enfin une zone de vie à peu près sèche.

Bizarrement, cet évènement m’a coupé toute envie, enfin pour quelques temps au moins

Je surveille la montée des eaux, 2 phalanges désormais, constat dépourvu d’émotion particulière, presque fataliste.

Alors que j’ai associé dans ma tête l’arrivée des premières lueurs du jour à l’arrêt de la pluie, nouvelle déception. Il me faudra attendre près de 9H00 pour qu’elle s’assèche enfin. Ce qui ne signe pas pour autant ma délivrance, tout mouvement reste potentiellement dangereux, pour ranger en particulier mon SDC. Désormais, je surveille la descente des eaux…

10h00, le sol a retrouvé son statut originel, enfin presque, celui d'éponge est nettement plus proche de la réalité . L’heure a sonné de bouger, enfin !

Celle aussi de faire un état des lieux, après avoir mis à l’abri le SDC. J’ouvre le SAD, il pèse une tonne, infiltré d’eau qu’il est, après avoir baigné plusieurs heures dans l’eau…

Tout est resté au sec, sauf, le sac ultrasil qui contient l’APN, pour avoir déjà vécu ce genre de mésaventure, je devine déjà le résultat, et effectivement aucune (bonne) surprise, paix à son âme…

Pincement au creux de l’estomac

Sauver le duvet était le prix du sacrifice et de toute façon, l’histoire était déjà écrite, je le sentais, le Smartphone devait faire partie du voyage

Il est près de 11h00 quand je me mets en route, je regarde ce qui m’entoure comme anesthésié. Je longe le ruisseau transformé en torrent, cherchant un passage à gué, peine perdue et puis à quoi, bon, bécasse, puisque j’ai déjà les pieds trempés ! Bain glacial pour se réveiller et se redonner vie, rien de tel.

J’ai l’impression d’avoir 20kg sur le dos et en plus, le rangement, fait n’importe comment, est déséquilibré et je sens déjà des tiraillements sur les épaules.

Je suis en mode mécanique, suivant les petits ronds de peinture rouge, plus de points rouges ?, va pour les cairns, changement de direction ?, pas de soucis, je suis devenu (presque) docile, moi qui ai tendance à en faire toujours qu’à ma tête

Alors que j’atteins le col 2824 situé sous le Portal de Remune, 2 silhouettes sortent brutalement de la brume. Surprise mutuelle de cette apparition inattendue et inespérée.

L’homme me lance « Vous vous êtes perdue » Je rétorque « Pas plus que vous ! » On éclate de rire . Ils me racontent leur soirée en tête à tête au refuge du Portillon, et partagent leur interrogation sur le fait de ne croiser que rarement quelqu’un… Ils s’inquiètent de ma nuit dehors... je préfère rester évasive et élude rapidement le sujet. Chacun reprend sa route.

A hauteur du petit lac Glacé de Litérole, le téléphone, resté allumé, m’alerte d’un message, c’est Patrice du Carlit, qui me passe le bonjour et s’enquiert de mes nouvelles, attention qui me fait chaud au cœur

C’est alors qu’une ombre mouvante à l’allure élégante et à la toison rousse sombre se détache de la blancheur du névé, descendant du Col inférieur de Litérole. Un renard, sans aucun doute, qui dévale la pente à plus de 30%, comme moi une pente à 5%, et encore , pas de crampons et même pas peur

3 petits évènements qui me redonnent le sourire et la pêche

Le sac a dû s’alléger en s’égouttant et en séchant partiellement, tant mieux, toujours ça de moins à hisser à 2981 m, pour être précise. Le névé s’évite sans soucis, si ce n’est que c’est glissant et croulant, mais bon, ça se fait comme on dit

Descente prudente sur les premiers mètres assez raides, permettant de rejoindre le névé, puis partie ludique en se laissant glisser gentiment, bon faut quand même éviter quelques cailloux affleurant au risque d’un arrêt brutal

Avant de sombrer et plonger définitivement dans la purée de pois.

L’odeur de la pluie m’est familière désormais, presque instinctive, je le sens, je le sais, elle va arriver prochainement.

Le sentier se fait de mieux en mieux tracé, me permettant d’accélérer. Après un champ rocailleux en faux plat descendant, j’arrive sur la zone aux lacets serrés et étroits, surplombant le lac du Portillon. Un dérapage incontrôlé dans un virage, me rappelle à l’ordre. Une petite voix intérieure me glisse à l’oreille « Flo, ce n’est que de la pluie, c’est un moindre mal comparé à un plongeon de près de 300 m, dans une eau probablement glacée, et encore ça, c’est le meilleur des scénaris, calme. » « D’accord, mais moi, j’ai eu ma dose de pluie pour aujourd’hui, et il est hors de question que je m’en reprenne une seule goutte sur la tête »…

Ça y est, le barrage est en vue, mais le sourire qui était en train de s’esquisser en signe de victoire, s'éteint aussitôt, une barrière et un écriteau en interdit le passage

Le refuge est là, à 100 m de moi, et je ne peux l’atteindre.

Un sentiment de frustration et de colère m’envahie, si je me prends l’orage à cause de ces travaux, ça va ***** !

Une flèche m’indique la direction à suivre et débute par une main courante pour se laisser glisser à la base du barrage. S’en suit un cheminement chaotique. Je n’y vois goutte, au point de me demander parfois quel sens de la double flèche, sans autre précision distinctive, je dois suivre

Les premières gouttes de pluie font leur apparition, immédiatement suivie de trombes de grêles mélangées.

Une rage intérieure vient chatouiller mes récepteurs hormonaux, et une décharge d’adrénaline décuple mes forces, pour m’aider à gravir et descendre l’imbroglio rocheux qui me sépare encore de mon objectif. Je m’engouffre dans le sas de propreté, qui se transforme en… soupape de décompression, devrais-je dire. Zen, reste zen…

4 personnes sont déjà là, bien au chaud et au sec.

La gardienne me montre ma chambre privative

Je suis pris d’une frénésie de nettoyage, tout y passe, jusqu’aux sacs de rangement, chaussures et semelles de propreté

Une salle pourvue du chauffage me permet d’étendre et de faire sécher toutes mes affaires. Le grand luxe, en somme. Une bonne douche chaude et une petite sieste plus tard, je descends, un peu avant l’heure du dîner.

L’ambiance est on ne peut plus calme, le couple et l’autre duo d’amis parlent de redescendre dès demain matin, dégoûtés par le temps.

Ce n’est pas ce que j’ai envie d’entendre, ni ce dont j’ai besoin, je participerai peu à la conversion. Là encore, je reste peu loquace sur ma nuit, pas encore digérée, pas envie de m’y replonger, pas envie de me faire plaindre, juste envie de regarder devant moi.

Bonne nuit, demain est un autre jour, enfin, forcément différent

Dodo à 2570 m

Dernière modification par florencia (13-11-2015 17:08:36)

Myrtille88 · 13-11-2015 16:21:06

J'ai trouvé la région des Aigues Tortes magnifiques avec la couleur et la forme des rochers et ces lacs immenses

ta journée du 19 très sportive dans le brouillard (pas très rassurant pour passer le col) mais cette vue superbe sur les aiguilles

une partie où tu te poses beaucoup de questions suite à des moments difficiles, je ressens aussi ce contraste entre l'euphorie des journées avec toutes les merveilles que l'on voit, le chemin que l'on parcourt et puis les coups de blues du soir surtout si le bivouac est moche et qu'il pleut. On est pourtant bien forcé de se reposer et donc de s'arrêter
tu rends bien compte de ce dilemme insoluble, sinon de se protéger des ondes négatives:

pas envie de m’y replonger, pas envie de me faire plaindre, juste envie de regarder devant moi

c'est une stratégie

(au sujet de ton abri tu feras un compte-rendu? notamment au sujet de sa forme puisqu' avant tu avais des demi-tipis, ça m'intéresse )

florencia · 13-11-2015 18:44:01

Salut Myrtille,

J'ai déjà fait un retour ici sur l'abri, assez complet je pense, sauf peut-être sur la forme A-frame, effectivement.

C'est un retour aux sources en quelque sorte, après mes 2 abris demi-tipi, qui me ramène de manière assez proche à ma golite 1.

Donc rien de très nouveau pour moi, j'aime bien les 2 géométries

Simplement le A-frame asymétrique a une meilleure tenue au vent, pour moi, et selon les dimensions, est aussi confortable question habilité.

En somme satisfaite question confort et résistance.

PS à arnaud: ce serait cool si tu trouvais prenais le temps de faire un retour sur ta balade

Flo

Archimboldi · 13-11-2015 21:58:41

Un nouveau merci pour ton récit Flo, je n'arrive décidément pas atteindre que tu aies terminé pour enchainer les épisodes d'une traite.

Je commence à gigoter dans tous les sens, et lors d’un mouvement de retournement un peu brusque, je sens que le SAD s’échappe de sous ma tête. Je perçois soudain une masse sombre envahir mon espace de protection.

Ton tapis de sol était poreux ? C'est passé par les coutures ? Ou alors c'est le vent qui a peu à peu ramené les gouttes/fait tomber la condensation dans la cuvette ?

Le sac ultrasil pour l'apn n'était en réalité pas étanche ? Version nano, connue pour avoir des problèmes de fiabilité ?
Gros coup de gueule pour ça quand même, si on se trimballe un sac étanche, c'est quand même pour qu'il garde ce qu'on y met au sec !

Dernière modification par Archimboldi (13-11-2015 21:59:28)

Richardu63 · 13-11-2015 22:15:46

Il me semble que Flo avait déjà parlé de son problème d'étanchéité avec son sac sur un autre fil. Suite à cela j'avais fait un test sur mon ultra sil et il en était de même, remplie d'eau sur l'envers des gouttes d'eau apparaissent sur la face interne de façon continue...

florencia · 14-11-2015 01:15:04

Salut Archimboldi et Richardu63

Quand le SAD a glissé, il est venu tout simplement écraser le bord avant de la cuvette, l’eau en a profité pour s’engouffrer.
Donc pas de défaillance du matériel, juste une maladresse de ma part.

J’ai eu, à un moment donné, un doute sur l’étanchéité du tapis de sol, car quand je prenais appui dessus, une petite flaque se formait. Après réflexion, il s’agissait en fait de l’eau placée sous le matelas, que je ne pouvais pas éponger.

Pour le sac étanche, il s’agit de la version classique. Il n’y avait que l’APN dedans. J’avais fait plusieurs tours, au moins 4.
Je m’interroge quand même si le fait, que le sac était quasi vide, a pu avoir un impact ou non sur l’étanchéité du système de fermeture ou si le problème est venu du silnylon.

Flo

ester · 14-11-2015 12:52:03

Bonjour Flo,
Bonjour à tous,

La voici donc, ta nuit de la "phalange" ! Je la sentais arriver... Une nuit sur l'océan...
Tout paraît irréel, lorsque la tourbe a enfin - à peu près - absorbé le déluge.
On se demande si on n'a pas cauchemardé... L'état de fatigue (et l'état de ton Apn, te concernant), rappelle(nt) cependant que c'était bien la réalité.
Heureusement qu'il y a eu la nuit au camping Aneto entre Hospitau de Vielha et Remune...

Vivement que le soleil revienne !

J'aime bien ta répartie à "vous vous êtes perdue ?". Je la note !
J'ai déjà entendu plusieurs fois cette question-là aussi.

florencia · 14-11-2015 14:20:08

Coucou ester

Pour le beau temps, il va falloir encore patienter un peu

Pour la répartie, elle est venue spontanément et je la trouve effectivement juste à propos et la ressortirai probablement aussi
Car c'est vrai que c'est une question qui revient souvent, enfin surtout pour nous, les filles seules, bizarre, non

Flo

florencia · 14-11-2015 14:26:39

Suite à cette journée, je me suis posée pas mal de question, qu'il était difficile d'intégrer dans le récit, je vous les livre tel quel, ainsi que les réflexions qui ont suivi

- Pas vraiment sur l’incident du SAD, à l’origine de l’inondation, car sans ça, je serais resté au sec, mais et si la pluie avait encore continué et dépassé la hauteur de protection des bords de la cuvette?

- Et si je n’avais pas pris de tapis de sol cuvette, mais ma feuille de polycree comme habituellement ?

- Et bien sûr, sur les erreurs commises, il y en a eu forcément

Mes réflexions après coup :

En premier lieu, j’ai peut-être eu tort de m’engager dans cette vallée étroite et riche en eau, en connaissant les prévisions météo, complication prévisible et donc mauvaise anticipation de ma part?

Ne pas être restée au Pleta de Remune, plus large. Mais est-ce que cela aurait réellement changé quelque chose, je n’en suis pas persuadée, d’autant qu’il m’a semblé, de mémoire, très plat, mais il offrait plus de solution de repli, en particulier pour redescendre. Le goulet entre le Pleta et l’Arenals de Remune est très étroit, escarpé et l’écoulement des eaux dans ces conditions, rendaient les choses très compliquées et dangereuses. Mauvais choix de ma part ?

Choix de l’emplacement de bivouac, je ne suis peut-être pas assez mis dans la pente, pour que l'eau s'écoule et qu'elle ne stagne pas, malgré tous les inconvénients de glissade d'un matelas gonflable et d'inconfort potentiel ?

Ne pas avoir eu l’initiative, constatant que l’eau stagnait et montait, de me relever la nuit pour creuser une tranchée tout autour de l’abri ?, d’autant que je disposais d’un piolet, même si laisser des traces derrière moi, me dérange un peu ?

Autre ?

Un avis ?

Flo

Dernière modification par florencia (14-11-2015 14:41:36)

Jobig · 14-11-2015 14:54:45

Salut Flo,
Salut ester que j'ai toujours plaisir de retrouver,

A-priori, je dirai pour répondre à ta question, Florencia, que c'est l'initiative qui a manqué, à commencer par aller faire pipi (mais en même temps je comprends, il y a des réalités physiologiques sur lesquelles nous, les garçons, serions tentés de passer outre), ce qui t'aurait sans doute permis de voir la situation avec plus de lucidité (en plus se retenir, en augmentant le stress, n'est vraiment pas bon pour nos capacités de clairvoyance). Ceci posé, est-ce que la tranchée aurait suffi ? je n'en sais rien, je ne connais pas le terrain.

Jobig

florencia · 14-11-2015 15:09:36

Salt Jobig

Pas faux, mais quand je me suis réveillée à 3h00 du mat, il y avait déjà 3 bon cms d’eau, je n’avais donc plus trop de marge et j’ai eu peur que les manœuvres, pour sortir dehors, soient accidentogène

Flo

oli_v_ier · 14-11-2015 15:38:15

Je n'ai pas de tapis de sol cuvette et je n'utilise pas toujours la feuille de polycree : je choisis donc dans la mesure du possible un terrain qui n'est pas horizontal, pour éviter la stagnation de l'eau. Pas besoin d'une grande pente. J'évite aussi bien sûr les zones d'écoulement, même si c'est dans ces zones là que l'herbe est la plus confortable .

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#201 12-11-2015 18:45:45

Re : [Récit + liste] HRP au Marc de Bourgogne - 2015

#202 12-11-2015 20:05:38

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#203 12-11-2015 20:15:21

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#204 12-11-2015 20:37:19

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#205 12-11-2015 20:56:10

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#206 12-11-2015 21:26:02

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#207 12-11-2015 21:42:13

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#208 12-11-2015 22:09:17

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#209 12-11-2015 22:28:31

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#210 12-11-2015 22:36:49

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#211 12-11-2015 23:15:23

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#212 13-11-2015 00:21:33

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#213 13-11-2015 03:20:03

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#214 13-11-2015 14:20:32

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#215 13-11-2015 16:21:06

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#216 13-11-2015 18:44:01

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#217 13-11-2015 21:58:41

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#218 13-11-2015 22:15:46

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#219 14-11-2015 01:15:04

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#220 14-11-2015 12:52:03

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#221 14-11-2015 14:20:08

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#222 14-11-2015 14:26:39

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#223 14-11-2015 14:54:45

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#224 14-11-2015 15:09:36

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#225 14-11-2015 15:38:15

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