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#1 08-12-2017 19:32:29

tchorski
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[Récit + liste] La source de la Seine

Source de la Seine... source d'interminables cogitations... Comment faire ? Après avoir arpenté la Seine parisienne en trois sessions, ce n'est quand même pas la Bourgogne qui va nous tenir en échec ? Angoisse présente tout de même. Un seul constat... Sur une large partie du parcours il n'y a pas de chemin. Comment faire une marche ultra légère dans ces conditions ? La réponse fut en bateau-MUL. Ce fut le compromis le plus adapté, bien que largement discutable. A cela s'est ajouté la contrainte de l'aller-simple, puisque nous sommes partis de la source vers Troyes, sans idée de faire marche arrière. Donc il fallait arriver sur place, en pleine Bourgogne, avec tout le barda en autobus, sans quand même trop déranger. Là encore la MUL a pris tout son sens.

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Je redonne l'introduction qui place le contexte du projet.

De février 2016 à septembre 2017, un vaste projet a été mis en oeuvre, consistant à enregistrer les ambiances sonores de la Seine depuis la source jusqu’à son estuaire. Quatre CD ont été réalisés, à savoir : la source de la Seine et la Seine-Amont en Bourgogne, la Seine en région parisienne, les boucles de la Seine Normande, l’estuaire de la Seine. La dernière étape fut achevée en la première semaine du mois d'août 2017, de Source-Seine (en réalité depuis Poncey-Sur-L'Ignon) jusqu'à Troyes.


Introduction à la source

Du 29 juillet 2017 au 6 août 2017, nous avons réalisé la dernière étape de notre parcours le long du fleuve Seine : la source de la Seine. Cette étape aurait dû logiquement se placer en tout premier, mais il s’avère qu’elle est la plus difficile. Cela explique que nous avons commencé à l’estuaire au Havre en juillet 2016. Nous avons remonté le cours d’eau comme des saumons.

Cette dernière étape a été réalisée en bateau, étant donné qu’il y a très peu de chemins, voire pas du tout en bien des endroits. C’est totalement sauvage. C'est dur à imaginer pour la Seine, et pourtant ... ...

Nous avons commencé depuis le village de Poncey-Sur-L’Ignon. De là, 2 kilomètres d’une route de campagne nous a mené à la source de la Seine, située sur la commune de Source-Seine. C’est au nord de Dijon. En utilisant très majoritairement le GR2, nous avons traversé à pieds les communes de Chanceaux, Billy-Les-Chanceaux, Oigny, Orret, Duesme, Quemigny-Sur-Seine, Saint-Marc-Sur-Seine. Longueur de l’étape à pieds : 37,6 km. Au vu de la longueur, du portage et de la densité de sources sonores, nous y avons consacré 2 jours.

A Saint-Marc, nous avons mis les deux bateaux à flots. Nous nous sommes rendus par les eaux de la Seine jusqu’à Troyes. Sans compter les méandres, le parcours fut de 101 km. La longueur de cette étape en Bourgogne fut d’environ 139 km. C’est peu, mais la navigation ralentit considérablement l’avancée. Nous avons eu de plus de nombreux barrages à passer. Nous avons charioté afin de contourner par les berges.


Le matériel

Cette randonnée cumule les difficultés. Etant donné qu’il s’agit d’un aller simple et non un aller-retour, il a fallu la concevoir en MUL, ce qui disons-le sans ambages est une difficulté considérable.

Afin de se protéger du froid de l’eau, j’ai opté pour une combinaison néoprène sans les bras. Epaisseur minimum, soit 3.2 mm. Elle a assuré une protection correcte pour un mois d’août, même si on a commencé tôt dans la journée. J’ai opté par une complétion avec des chaussettes néoprène. Ce matériel a été acquis au Garage Nautique de Jambes, Chaussée de Liège n°109 à 5100 Namur.

Au vu du peu de fond, j’ai envisagé des grosses chaussures de rando, que j'ai immergées. La nage a été opérée par poussage. Avec les pieds, on a cherché le fond et on a poussé l’embarcation. En réalité j’ai toujours procédé de la sorte en rivière. Ici ça a clairement posé problème dans les nombreuses sections sans courant, mais au vu du peu de fond très régulier aussi, il était impossible d'envisager une navigation avec des palmes.

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Les embarcations sont des Itiwit 100, achetés à Décathlon. Je suis très peu fan de cette firme, mais je n’ai pas trouvé d’alternative évidente. Les bateaux Intex et surtout-surtout Sevylor ont été décevants jusqu’à présent. Le Itiwit a deux avantages :
- Un poids réduit, 3100 grammes. Il est dur de faire moins. Attention que le fabriquant annonce un poids de 2000 grammes, mais ce n’est assurément pas le cas !
- Un encombrement moyen et une impression première d’une certaine robustesse.
Ce fut un excellent choix et malgré que ce soit Décathlon, je recommande.

Les objets ont été enfermés dans des sacs étanches, achetés chez Alpisport Namur et Seonee Ottignies (35 Litres pour le gros du barda, 2 Litres pour l'enregistreur + appareil photo). Les affaires dedans sont encore conditionnées en ziplock et le tout empaqueté dans un kit-bag qualifiable de non-totalement-étanche mais assurant déjà une solide protection aux éclaboussures, étant donné que c’est fabriqué en bâche de camion.


Composition du sac

Vous allez faire un bond de 15,3 mètres car j'annonce un sac de 15,3 kg sad Je vais largement détailler ça. En effet, ma composition MUL du sac à dos est faiblarde, mais par contre question navigation, j'ai tellement cherché et entendu des conseils de professionnels que je pense avoir quelque chose à partager.

Portage   [total 1000 g]
Kit-bag - 1000 g

Couchage   [total 1330 g]
Sac Ignition 1200 - 1150 g
Bâche - 180 g

Utilitaire   [total 941 g]
Bruleur gaz - 66 g
Charge gaz - 372 g
Popote Titanium - 106 g
Fourchette - 16 g
Briquet - 14 g
Brosse à dent - 7 g
Dentifrice - 30 g
Gsm - 76 g
Cartes IGN - 146 g
Pastilles micropur - 2 g
PQ - 36 g
Papiers ID et 200€ dans ziplock - 50 g
1 bic + 1 feuille CR - 20 g

Vêtements portage    [total 1126 g]
2 paires de chaussettes - 138 g
2 calbute - 168 g
2 tshirt - 322 g
1 veste imperméable - 210 g
1 pull léger - 288 g

Loisirs    [total 528 g]
Sac étanche - 34 g
Chat mort - 34 g
Enregistreur - 186 g
Moumoute - 36 g
Six piles - 162 g
Micro contact - 56 g
Ecouteurs - 20 g

Eau   [total 3000 g]
3,0 Litres - 3000 g

Nourriture   [total 3449 g]
8 barres céréales - 200 g
7 Twix - 358 g
7 barres aux pommes - 126 g
Vrac Café - 160 g
8 Ramen - 1005 g
2 Semoule - 400 g
1 pain - 450 g
1 emmental - 250 g
Molokor - 500 g

Total MUL classique : 11.374 g

Batellerie   [total 3924 g]
Bateau - 3100 g
Kit de réparation - 10 g
Combi néoprène - 560 g
Chaussettes néoprène - 100 g
Sac étanche - 108 g
Mini corde - 10 g
Crème solaire - 36 g

Total batellerie : 3.924 g

Total 2 sacs : 15.298 g


Commentaires quant à la composition :

- Les mêmes faiblesses reviennent à chaque rando, le sac de couchage Ayacucho Ignition 1200. Provenant d'AS Adventure, ce n'est pas un cadeau. A remplacer. La bâche, remplacée depuis par un sursac Bivy Millet.
- Ici le kit bag s'est révélé tout à fait adapté, considérant les éclaboussures, les vagues aux barrages, les renversements du bateau.
- Les sacs étanches Sea to Summit, 35 litres, protégeant le précieux, sac de couchage entre autres.
- Les petits sacs étanches 1 litres ou 2. Pour l'appareil photo et le matérial audio. Très bien.
- Les combi néoprène, très bien, fallait pas plus. On s'est caillé le matin tôt, on a crâmé au soleil quand ça donnait.
- Les cordelettes, pour attacher les bateaux partout. Super pratique.
- La crème solaire. A ne pas négliger, même les jours couverts, on a crâmé !

Le gros du truc donc ce sont les bateaux. Ca j'ai cherché comme un fou.

Le ITIWIT de Décathlon a les avantages suivants :
- En toile, solide. Les boudins sont indépendants de la toile, pas comme sevylor et tous les trucs de plage. Ca évite les crevaisons dans les embâcles.
- Trois boudins indépendants, donc en difficulté dans un embâcle, tu ne coules pas tout de suite. (Ca m'est arrivé)
- Un fond super renforcé avec une grosse bâche grise. Ca peut râcler, on s'en fout.
- MUL oblige, pas de gonfleur, faut 15 minutes pour les mettre en place en soufflant.
- Un poids de fabricant faux ! 3100 grammes avec les sacs de portage.

Bon j'aime pas mettre ma trombine sur internet, mais là c'est pour la bonne cause...

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On y voit la technique de portage lorsqu'on est hors d'eau. Admettons que de prendre le bus avec, ça le fait. L'autre photo est une simulation de mise en rivière. On a quand même eu des gros doutes, fallait être sûr de soi...

Je n'ai pas trouvé de désavantage à ces bateaux, que j'ai depuis utilisé dans des mines souterraines partiellement noyées. Si utilisé avec des rames ou en mer, je doute de leur utilité, trop petits, risque de renversement je trouve. On est donc vraiment là dans un projet de rivière. Après oui il y a des bateaux plus légers, mais aux prix plus élevés. Il y a aussi du plus costaud, mais plus lourd. Pour 80 € le truc, je ne demande pas plus. En gros c'est une embarcation familiale plage tranquille, poussée un peu plus loin dans sa catégorie d'utilisation. Pour ce que c'était ça a été.

Le reste du sac est lourd. Plusieurs raisons. Nager ça donne faim, donc la nourriture est assez conséquente. Les piles de réserve pour l'enregistreur, étant donné qu'on allait croiser aucune infrastructure (enfin non, on pensait que ça allait être comme ça). Et puis le fait d'être constamment trempé, quand même quelques vêtements chauds pour compenser, surtout le soir avec la fatigue. A noter, pas de serviette. Ca sera du nature nature !

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#2 08-12-2017 19:57:49

tchorski
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

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Samedi 29 juillet

Au petit matin alors que je prends le café dehors, je reçois l'agréable visite d'Adolphette. Il s'agit d'une courtaude chatte toute blanche qui possède une petite moustache noire... Oui bon désolé elle s'appelle vraiment comme ça !

Nous allons en direction de la gare puis sans le moindre souci à signaler, prenons le rail vers Dijon. Le trajet est un peu longuet mais en réalité ça ne dérange pas puisqu'on somnole. A Dijon, le premier bus possible est à deux heures d'attente (nous le savions), c'est de la sorte que nous faisons une petite visite éclair de la ville. Ça se résume à peu de choses, puisque nous n'avons le temps que de visiter la cathédrale et de squatter au parc Darcey Desvosge. On en profite pour prendre un pain au chocolat chacun, mais alors le truc... euh comment dire, énoorme ! Bref c'est trop bon ! C'est un vrai bonheur et disons-le, c'est un séjour qui commence bien.

Le bus est à 12h20. Au vu qu'il n'y a que 3 bus par jour, on se pointe assez bien à l'avance. Le chauffeur n'est pas spécialement accueillant : en effet lorsque je lui dis ne pas reconnaître à l'avance l'arrêt de Poncey-Sur l'Ignon (c'est en pleine campagne en bord de route nationale, sans repère) et lui demande de me l’indiquer, il répond sèchement que les arrêts seront mentionnés à l'écran. En réalité l'écran je me rends bien compte que les arrêts sont trrèèès aléatoires, puisque dès qu'on a passé Talant, ça déconne déjà... Bon donc je suis les arrêts sur la carte. Reste que... même pas arrivé à Poncey, ça indique déjà Chanceaux. Oulàh ça se présente mal. Le chauffeur nous indique assez brutalement de descendre. Comme ça sent le roussi on descend. Sauf qu'on est 1,5 km trop au sud. Certes ce n'est aucunement un problème tant qu'on n'est pas hors carte, mais nous c'est le cas !!

Sans trop de complication, on passe à travers champs moissonnés et nous rejoignons le bon point après peu de difficultés. Les sacs sont lourds, il fait chaud mais tout va bien. Nous sommes enfin au croisement de Poncey, un lieu que je reconnais (j’avais fait un street view).

Par la petite route des Vergerots, on arrive à la source de la Seine. Il est 14h30. Le trajet est en fin de compte et heureusement adéquat.

Le site est très joli. Étant donné que ça va demander un peu de temps, on cache les sacs à dos. Le dessus de la fausse grotte de Lourdes, site de broussailles, est parfait pour cela. Le site est étonnamment vert, tout plein de nature, c'est un lieu plaisant comme tout. Arrivent régulièrement des touristes, parfois un peu bruyants, mais aucun ne stationne longtemps. Dans l'ensemble c'est peu gênant, voire même parfois amusant. Une famille de passage stationne devant la grotte et dit : ah, c'est ça... Euh, y'a que ça ? C'est nul, y'a pas de chute. En bref, je crois qu'il faudra leur expliquer ce que c'est une source et que là c'est pas l'Ignon !

Le lieu était réputé manquer d'entretien du fait que c'est encore et toujours la propriété de la ville de Paris en plein cœur de la Bourgogne – et donc en quelque sorte ils en ont (ou auraient) gravement rien à foutre. La réalité est tout autre et globalement surprenante. Bien que ce soit un site Napoléon III, et donc un style d'époque un peu décrépi, le site est super bien entretenu. L'herbe est tondue, les tables de pique-nique propres, il y a une borne à eau potable (cool !). La source est une fausse grotte dans laquelle est abritée la déesse Sequana. La source est un petit filet d'eau de quelques dizaines de centimètres de large pour un petit millimètre d'épaisseur. C'est vrai que... ça change du Havre et inévitablement on y pense. L'eau de là... va là-bas ! La pauvre, elle est mieux là !! En effet, le site est immensément envahi de menthe sauvage. C'est plein de fleurs, c'est super beau et très odorant.
Déesse Sequana, nous plaçons notre promenade sous ta protection.

On va jusqu'au ce-qu'on-dit 'premier' pont, monté à 50 mètres de la source, et connu de tous car cité de la sorte par Wikipedia. Il fait deux mètres en tout, le pont ! C'est le pont Lamarche, construit en 1970. Mais curieusement la réalité des choses, c'est le deuxième pont. En effet le premier absolument minuscule se trouve dissimulé dans les menthes. A côté se trouve une deuxième statue de Sequana. Assez austère, elle est l’œuvre d'Eric de Laclos, un agréable sculpteur fort inspiré par le site de la source (ou disons des sources), duquel d'ailleurs il habite tout proche.

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La Seine dans les menthes à la source

Après avoir été un peu partout et enregistré les ambiances sonores à foison, nous reprenons les sacs et enfin, partons à l'aventure en bord de la Seine aimée. Nous descendons la rivière vers Saint-Germain. La friponne se cache énormément dans la végétation et bien des fois, nous insistons dans la brousse afin de la voir. Mazette la belle prend vite de l'ampleur. Au bout de 300 mètres à peine, elle fait plus d'un mètre de large. Il faut dire que d'avoir cheminé dans la forêt, on se rend bien compte que tout est gorgé d'eau de toutes parts ! On rencontre les premiers barrages et ça fait de grands lacs, ça ne manque pas d'esthétisme. Dans le second, d'une fameuse dimension (300 mètres), les grenouilles croassent et des buses se bastonnent. Tout autour c'est la merveilleuse Bourgogne ensoleillée.

On continue sur Chanceaux, aucun intérêt car c'est posé sur la route nationale 971, puis sur Courceau. La chaleur est bien présente et un peu fatigués, on fait une pause dans le lavoir. Il faut dire que les sacs pleins et les bateaux, ça fait quand même un sacré paquetage à trimballer ! La suite vers Billy-Les-Chanceaux est un petit chemin rural agréable. On prend notre repas à une sympathique table de pique-nique en bord de Seine. Des gens viennent discuter avec nous et nous évoquent leurs descentes en kayak sur la Seine dans la région parisienne. Des habitants hollandais nous donnent de l'eau, tandis qu'un monsieur en fauteuil roulant vient discuter avec nous. Il nous raconte employer 30 personnes, il fabrique des moteurs pour les fauteuils. Il prend congé de nous en filant à toute vitesse ! Le coin est accueillant, c'est le moins qu'on puisse dire.

Après le repas, on s'achève par un court trajet jusqu'à Oigny. Des gens festoient dans l'abbaye. Nous, on va dormir dans une pâture. Le site est très agréable. Par contre, en plein milieu de la nuit passe une voiture. Dedans, une personne gueule « Mais merde non je veux pas mourir moi ! ».

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#3 08-12-2017 20:05:38

tchorski
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

Dimanche 30 juillet

La journée débute assez tôt. On descend sur la grange en bord de Seine, c'est fameusement occupé par les moineaux, puis ensuite empruntons le GR2 menant à Orret et au-delà Oigny. Le site est paisible. La pluie est un peu éparse, elle n'est pas dérangeante. En voulant aller voir la Seine de plus près et malgré la présence de carex avertisseurs, j'ai un pied qui fait plouf le marécage ! J’entends des cris d’oiseaux que je ne connais pas. En fin de compte c’est chevreuil monsieur qui poursuit madame ! Ils sont passés comme des dingues sous les barbelés.

C'est après un parcours forestier sans embûche qu'on arrive sur les hauteurs de Gronet (les pauvres qui habitent là !) puis à Duesme. La question qui se posait était de savoir si on allait pouvoir embarquer à Duesme, mais la réponse est immédiatement non. L'étiage est trop prononcé. La Seine navigue entre les cailloux avec un fond à plus ou moins 10 centimètres. Comme je m'en doutais, il faut aller jusqu'à Saint-Marc. Honnêtement vu les chemins existants, ça ne pose aucun souci.

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A Duesme s'annonce un orage assez saisissant. Du coup on s’abrite sous le porche de la toute petite église. Il y a des chaises, ce qui s'avère idéal en vue de prendre un bon repas léger. A gauche pend la corde permettant de sonner la cloche. L'orage s'abat sur le village sans que cela n'arrive à calmer l'ardeur des moineaux dragueurs. C'est après l'orage que nous reprenons les chemins. Il n'y a aucun sentier permettant de longer la Seine, donc comme prévu nous dévions par Quemignerot, La Folie, Meursauge, Toutifaut et Saint-Marc. Globalement c'est un parcours agricole, marqué par les vallons de la Côte d'Or. Il y a une belle affluence d'escargots sur Quemignerot. Avec la distance, ça s'avère assez fatigant considérant le gros portage, mais je savais que le début allait être dur. A Saint-Marc on est cuit.

Dans la descente sur le village, le talus de gauche regorge de mûres. Miam ! Nous demandons de l'eau à un riverain, puis rejoignons la Seine. Elle s'avère navigable. Bonne nouvelle ! On met le cap, toujours à pieds, sur Chenecières (un écart) puis à peu près comme le dit la carte IGN, c'est une pâture qui se referme au bout de quelques centaines de mètres. On la traverse puis à la zone de fermeture, on pose tout le barda. C'est un endroit adapté afin de prendre un repas, il est plus ou moins 18 heures, il fait terriblement lourd. Les bateaux sont gonflés puis nous faisons la première mise à l'eau.

Cette mise à l'eau permet de mettre en valeur les erreurs à ne pas commettre : certaines affaires se retrouvent totalement trempées par mauvais calculs. Le kit-bag ne doit pas être couché en long mais mis à l'avant en hauteur. Couché il se remplit d'eau comme dans la mare. La bâche de campement et la tarp doivent être mis en étanche. Ce sont de bêtes petites choses, pénalisantes, qui permettent d'apprendre. Le parcours est surprenant car du faible fond, il s'avère surtout qu'il y a une multitude impressionnante de méandres et de fosses. Ça n'avance pas du tout et là aussi, il faut apprendre à naviguer.

Nous croisons un troupeau. Au vu des traces je comprends très bien qu'ils traversent le cours d'eau sans hésiter. En nous voyant les vaches sont prises de panique et commencent à courir. Ça fait badabam badabam et tout tremble ! Elles sont nombreuses. En fin de peloton se trouve le taureau qui...... qui marque un arrêt bref en nous voyant et qui dit : ah, c'est que ça ?? C'est pour ça qu'on court ?? Euh bah nous en tout cas on va dire qu'on ne s'attarde pas trop, parce que de voir ses grosses couilles ballotter et son bon 1200 kg nous jauger, et bien... on va se faire la malle !

C'est de la sorte que je nomme en belle oxymore mon bateau 'Vache Flottante' et Nico le sien, en belle métaphore, 'Couille Rosée', faisant à la fois allusion au taureau et à la rosée du matin. Autant dire qu'il assume entièrement ses propos, il me l'a dit ! Comme l'évoque François : une vache c'est pas étanche du cul et dans la flotte, elle prend l'eau.

C'est ainsi que nous débarquons à Vaurois et logeons dans ce beau petit village. Le temps est très couvert mais il ne pleut pas. La nuit est passable du fait que pas mal d'affaires sont trempées, mais ça ce n'est pas grave, on apprend et du coup, on ne recommencera pas.

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#4 08-12-2017 20:12:56

tchorski
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

Lundi 1er août

A partir de Vaurois et au petit matin, nous mettons le cap sur le village d'Aisey. Il fait couvert, chaud, assez lourd. Dans le hameau, une dame désherbe. On en profite pour lui demander de l'eau, tout en l'aidant à désherber. Elle nous demande ce qu'on pense de la source. On lui dit qu'on trouve ça joli. Elle par contre trouve ça beaucoup trop aménagé, bétonné, etc. En gros on se rend compte que tout le monde a un avis sur la source, mais peu l'aiment bien ! Elle préfère la source de la Coquille. C'est certain que c'est un autre style...

On monte sur Nod, puis après un parcours un peu bruyant (camions, scierie de pierres), passons sur les hauteurs aux carrières. Il pleut. Le paysage se nappe d'une aura un peu dépressive. Le chemin que je souhaitais utiliser n'existe plus, cependant une grosse piste de débardage descend pile où je le souhaite, c'est parfait. La forêt est baignée du chant flûté du loriot. En bas et de retour en Seine, la pâture est habitée par les vaches, qui se dépêchent d'aller à notre rencontre (télé !) ; on se fait la malle car il y a un taureau ! Une chance au moins que les bateaux ne soient pas rouges ; c'est ainsi qu'on arrive à Chamesson.

Il s'y trouve un lavoir super entretenu et très-très parfait pour nous. Table de pique-nique et photo ancienne du lavoir sur dibond. Merci à la municipalité de Chamesson ! La pluie tombe abondamment mais nous sommes à l'abri. C'est super chouette.

Sous un climat maussade, on met les embarcations à flot. Un zivah de passage (sympa) nous indique qu'au moulin, on va avoir de gros soucis de navigation. Bon, et bien on va aller voir... En effet, c'est immédiatement assez compliqué, car c'est un gros gros vannage. C'est vraiment joli en tout cas. On chariote les bateaux sur la berge gauche sans le moindre souci. La suite est ce qui s'appelle charmante. L'appareil photo est sorti tout le temps ! En plus le temps devient graduellement ensoleillé et là franchement, ça devient idyllique. Au barrage de Buncey, on croise des baigneurs. Curieusement il s'avère qu'on rencontrera plus de monde dans l'eau de Seine que sur les chemins du GR2 !

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La nage se passe beaucoup mieux que la veille. A Buncey, on croise une dame dans l'eau, avec son chien. On lui demande où on est, elle répond en franco-russe ! C'est après ce parcours qu'on s'arrête à une table de pique-nique à Buncey. Le lieu est agréable (merci à la petite municipalité aussi !). Un gars est au bord de l'eau. Je le prends pour un pêcheur. Du coup je lui demande quels poissons on voit partout, il répond que ce sont des perches. Loin d'être pêcheur, il sirote un ricard en bord du lavoir ! On discute avec lui. Il aime la Seine et ça se voit. Il nous explique qu'à Chatillon, il va falloir charioter car la Seine est à sec. Elle passe en perte durant l'été. Ce n'était pas comme ça avant, dit-il, et c'est de la sorte depuis « qu'ils ont pété des vannages ». Il nous dit qu'il faudra reprendre à Sainte-Colombe. J'ai sur la carte et c'est sans problème.

Les affaires sèchent sur la clôture du jardinet, c'est très ensoleillé. On a un peu cramé. Demain ce sera crème solaire ! J'envie les tomates cœur de bœuf juste à côté !! En soirée, on migre sur Chatillon. On cache les affaires dans les fourrés. On va dormir dans la pâture ici (47.851006 , 4.562695). En w3w ça donne météore.contexte.évacuer (j'aurais vraiment vraiment dû me méfier !!!!!!) Puis on visite en léger la ville de Chatillon.

De Chatillon, j'ai une répulsion immédiate et viscérale. Cette ville me donne une aversion spontanée qui fait que j'en ai mal au ventre. Après quelques errances, on trouve la statue de Sequana, au bord de la Seine effectivement à sec. Grande surprise, elle est l’œuvre d'Alexandre Ladarré. Je m'en trouve touché (je le connais) ! Avant de partir de Chatillon, je demande de l'eau au bar, le monsieur m'en donne avec gentillesse, on discute quelques instants. Il confirme qu'on devra migrer à Sainte-Colombe.

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Sequana, par Alexandre Ladarré

En arrivant de retour dans la pâture, l'orage gronde. On se dépêche de monter la tarp et on accroche solidement. Cet orage passe au loin sur Péringey, on est soulagés.

La réalité de cette nuit, c'est qu'un second orage passe à 23 heures, sans conséquence non plus, mais dès minuit un troisième arrive. C'est sons et lumières. Il y a trois éclairs à la seconde, le ciel est blanc. On a peur. Je dis : ça va aller j'espère, c'est un orage de chaleur. Cependant, une dizaine de minutes après arrive la terrible pluie. Cachés tout ce qu'on peut, on tient la toile d'une main, le piquet central (un bâton d'acacia) de l'autre, le vent ébranle la toile et les arbres. Ça tombe très-très-très fort. On tient le coup. Mais 2h10, un orage suivant tombe. Et ainsi de suite. A 5h00, on se paye une voiture, la sono à fond (du genre Michel Sardou !). C'est un gars de véolia. La foudre est tombée à 10 mètres de nous sur la station de pompage, il est à imaginer que le courant a sauté. A 7h00 toujours sous la tarp, le septième orage est aussi violent que celui de minuit. Même si la pluie est frappante d'intensité, c'est surtout le vent qui est démentiel. Est-ce que ça va tenir ? Le paysage est méconnaissable, tout est lardé de coups d'un climat en colère. Purée ça va s'arrêter ?

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#5 08-12-2017 20:20:14

tchorski
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

Mardi 2 août

L'ami de Nico, Yann, nous avait fait la météo et avait prévu de petites pluies éparses !! Ah le fripon !! On ose sortir. On prend le petit déjeuner à Chatillon dans le parc situé allée des Boulangers. Le climat fait un peu peur mais ça se tient. Des ouvriers municipaux nettoient les dégâts. On quitte Chatillon par une route hostile et désagréable menant à Sainte-Colombe. On fait une pause à l'église le temps de laisser passer l'orage suivant. Ensuite en chemin dans les champs vers Etrochey, on essuie pour de bon le dernier orage. On se cache sous nos bâches, au sein du tristounet paysage de la carrière d'Etrochey. C'est sous un climat pour l'instant meilleur qu'on file à grands pas vers Vix, village dans lequel on va s’abriter au lavoir. La pluie reprend de plus belle. Heureusement à l'abri, il nous faut attendre deux heures et demi que ça passe. Le village est tristounet mais ça s'arrange.

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Nous passons Pothières, village dévasté par la désertification, puis mettons le cap sur Charrey. On fait une interview de vaches ayant les oreilles fourrées (elles sont géniales !) puis on peut enfin se jeter à l'eau. On met à flot à Charrey. On démarre sous le regard de deux jeunes ados, amusées de notre passage sous leur fenêtre. Elles nous suivent au jardin. Elles évoquent avoir fait baignade la veille ! Plus loin le parcours se complexifie parce que la Seine passe aux Lannes Mortes. Il n'y a plus aucun courant. Au vu du climat, on aurait presque froid, mais enfin, ça va. L’eau est grise des boues liées aux orages.

C'est par ce parcours qu'on longe l'usine de palettes de Mussy, à cet endroit nous quittons la Côte d'Or et passons dans l'Aube. On fait un bon repas au barrage de Mussy, où il se trouve des chaises longues en bois. Super aménagement de la municipalité ! On en profite, c'est le cas de le dire. Le climat est stabilisé, ça rassure. L'église est magnifique. Par contre mazette, que certains murs sont penchés, c'est impressionnant. On prend de l'eau au cimetière. Un monsieur s'inquiète de notre présence. On discute quelques instants. Il nous dit qu'on sera bien à squatter à Plaines. Entre Mussy et Plaines, la Seine est particulièrement lente et noire.

Après quelques hésitations, on prendra un campement à Plaines-St-Lange (47.990853 , 4.4734). Suite à la nuit précédente dévastée, ça s'avère particulièrement adapté, calme et réparateur.

Mercredi 3 août

Sous une matinée fortement ensoleillée, on se sent bien. On met le cap sur l'aval de la Seine via la forêt de la perte éternelle (Bois des Cras). Le parcours est bruyant à cause de la nationale 71. C'est dans cette ambiance qu'on va jusqu'à Gyé, un village éminemment marqué par la vigne. On est en champagne. C'est du vignoble où que porte le regard. On avance jusqu'à Neuville, puis Buxeuil. Le soleil tape dur, ça chauffe !

Assez claqués, on prend un repas à Buxeuil. Au lavoir, il se trouve une paradisiaque fosse verte, baignée d'une chute et d'une végétation luxuriante. Qui dirait qu'on se trouve en Seine ? A côté se trouve une poule électrique, elle caquette comme une pile rechargeable !

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Le parcours est si beau qu'on a envie de faire une photo tous les 20 mètres. La réalité n'en sera pas loin en fin de compte, car les arrêts sont incessants ! La Seine nous fait passer aux villages de Polisy et ensuite Polisot. C'est un secteur de guerre intense, entre le duché des Zy et le Comté des Zo. On passe le long d'un splendide château ruiné à Polisy, il y a de nombreux baigneurs (de la tribu des Zy) puis ce n'est guère différent à Polisot, où le clan des Zo observe notre passage en jouant dans l'eau. A Polisot au milieu de Seine se trouve plantée une gigantesque bouteille de champagne décorative ! Le passage du barrage de Polisot est pour le moins rocambolesque, ça secoue fort !

Au pont de la route rouge, un oiseau qui habite là piaille à notre passage, mais plus étonnant encore, des chauves-souris habitent dans un interstice du pont. Comment supportent-elles les camions ? Mystère. Elle craquouillent à notre passage. C'est certain que ça ne doit pas être fréquent là-dessous !

Dans la soirée, nous arrivons à Bar-Sur-Seine (à distinguer de Bar-Sur-Aube, et donc ici le gentilé est Barséquanais). On fait quelques courses de périssable. Un clodo nous alpague sans nous lâcher la grappe ! Le caissier nous dit que lui ça va il est gentil, mais alors ses potes !! Il nous dit que si on veut aller prendre un repas, bah en bref on va à gauche, mais SURTOUT pas dans le parc en face !! Bar donne une impression un peu triste, mais pas autant que Chatillon. On prend un repas devant l'église à la tour très massive et fort jolie. Je vais demander de l'eau à un bâtiment qui s'avère être la cure. Je discute quelques instants. Peu de temps après, mais le repas déjà en préparation, une dizaine d'ados du logement nous invite à manger avec eux. Ambiance chaleureuse.

Le lieu n'est pas facile pour dormir. Après un peu d'hésitations, nous irons à Bourguignons, quasiment hors carte, sur une pâture en impasse : 48.13548 , 4.367553. Il s'agit d'un site cinq étoiles. La soirée est baignée d'un incessant et génial ballet de chauves-souris, qui nous frôlent – nombreuses, elles bouffent juste au-dessus et dégomment les moustiques ! Matelas de foin, on a dû remuer du moucheron. C'est magnifique comme spectacle. Au petit matin, un chevreuil aboie à quelques pas de là. La nuit est excellente.

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#6 08-12-2017 20:26:16

tchorski
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

Jeudi 4 août

Rejoignant la Seine au bas de Bourguignons près du massif barrage, on voit le curieux spectacle d'une dame courant après ses poules. On passe devant le château de Foolz puis sommes attirés par l'étrange aspect d'un monticule de taupe en train de monter. J'y plante un micro-contact et... ça marche !! On l’entend creuser et farfouiller sous le tas. Le lieu-dit est L'Isle Gérard, donc c'est la taupe Gérard ! La Seine est sans courant et le paysage un peu morne, ça sent l'Aube agricole. A la passerelle de Courtenot, curieux ouvrage en béton typique des années 1900, on caresse le chien Rex, un peu peureux mais sympa. Puis on continue la Seine vers Virey. Le climat est fort couvert mais ça ne dérange pas. Lorsqu'on croise deux dames en promenade, elles ne nous souhaitent pas « bonne ballade » mais « bon courage » ! On est dans l'Aube !

Le village suivant est Fouchères. On demande de l'eau, car ça commence à être bien à sec. Admirant le jardin, la dame dit le faire entretenir par un jardinier. Elle demande si on se doute de quel âge elle a. En réalité je dirais... pas du tout, je réponds évasivement car je ne sais trop comment répondre (je ne me souviens plus de ce que j’ai dit). Elle avoue alors avoir 95 ans. Elle dit que son fils est à Genève, à 400 bornes. Sa femme est très malade. Du coup, elle explique se sentir vachement seule dans ce putain de hameau isolé de 30 habitants. Comme elle est vieille, elle ne peut pas aller en Suisse. De sa personne émane la grande solitude de personne âgée. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a eu des invités inattendus pour une journée où elle aura été un tout petit peu moins seule. Plus loin, une vieille dame repasse dans une petite pièce avec un poster délavé de deux petites filles qui pleurent. Un antique poste des années 60 diffuse du Julien Clerc tout pourri. Drôle d'image.

A Chappes, on est complètement cuit par la fatigue. La toute petite municipalité a fait beaucoup d'efforts afin de mettre son tout petit patrimoine en valeur et c'est plaisant comme tout. De nombreux baigneurs font les zouaves dans les pentes du barrage. Ça s'arrose, se bagarre, puis c'est piqué tête la première dans l'eau. Au mur, une analyse physico-chimique de l'eau de juin 2017 donne des valeurs impressionnantes. C'est une eau de source nickel de chez nickel. Il est de fait que même dans des passages à 3 - 4 mètres de fond, on voit les cailloux. C'est super limpide.

Le barrage de Chappes fait de belles successions de rapides et là aussi, ça secoue sévère. On s'amuse à se filmer comme deux jeunes idiots et franchement c'est sympa. Au lieu-dit Pré Mancion, deux enfants défoncent le talus sous le regard indifférent des vaches. On doit passer plusieurs gros embâcles, l'orage a déraciné des peupliers qui se sont couchés dans le lit mineur. Peu à peu on arrive à Villemoyenne. C'est une ville qui n'est ni grande ni petite, avec un attrait un peu intermédiaire (on dira que ça va), le patrimoine est visible mais sans excès, le gentilé des habitants est le Modéré, ce qui n'est nullement étonnant. Après pas mal de nuages, on fait une pause sur l'herbe de la berge baignée de soleil. Ça permet aux affaires de sécher, ce qui est adapté.

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Après Courbeton, on sort de l'eau puis prenons le chemin de Clérey dans les champs. Nombreux sont les arbres déracinés ou pétés. Il y a même un pylône électrique couché au sol. Autant dire que dehors avec nos sept orages nocturnes, le moins qu'on puisse évoquer est qu'on a eu de la chance. Ça aurait pu tourner au vinaigre.

A Clérey, nous logeons dans une ancienne ferme-moulin abandonnée (48.203575 , 4.191598). Ça s'avère un lieu pas mal adapté. Je ressens le lieu comme étant hanté. Dans la nuit ça n'aura pas loupé !! Deux chouettes effraie se moquent d'un petit chien, qui était en villégiature jusque 23 heures (j'ai entendu son papa le rechercher). Les chouettes faisaient du Ou-hou-hou motivé, le chien gueulait en ayant peur, et les deux ne cessaient d'en retartiner une couche Oou-hou-houououou !!

J’ajoute qu’avant la nuit, nous faisons une pointe jusqu'à Clérey-Sud, un hameau sur la nationale. On compte y prendre le bus le lendemain matin. Comme l'arrêt est bizarre, je demande quelques renseignements au bar ‘Au Bon Accueil’. C'est ambiance très-très-bourrés, mais ça reste sympa tout de même.

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#7 08-12-2017 20:29:11

tchorski
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

Vendredi 5 août

Nous démarrons la journée assez tôt afin d'attraper le bus. Le but est de dépasser la banlieue de Troyes, qui est visiblement hostile. C'est agricole morne, autoroute A5, nationale 71 et surtout, plein de boîtes à chaussures commerciales de déstockage de vêtements. De la sorte nous dépassons Bréviandes et Saint-Julien-Des-Villas. Au vu du trajet en bus, le moins que je puisse dire, c'est que tout laisse à penser que c'est tant mieux. A Troyes, la Seine est bien sûr totalement urbaine, mais curieusement pas désagréable ni polluée. Le courant est rapide, parfois très rapide, il y a même un ponton de départ de canoë. Le secteur est chargé d'une myriade de canaux et ça fait parfois penser à quelques aspects de Bruges.

Troyes est une belle ville de colombages. C'est un vaste centre-ville médiéval, assez bien préservé. La cathédrale est plutôt massive. Par contre mazette que les flambements des piliers sont impressionnants. La Seine prend ensuite son cheminement vers Paris en traversant les assez mornes plaines de Nogent, puis la Petite Seine, c’est comme ça que ça s’appelle.

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Nous prenons le train à Troyes, vers Paris-Est. Je suis extrêmement étonné que la ligne ne soit pas électrifiée, c'est encore en diesel.

Les affaires sont très sales (ainsi que moi-même !), mais ce n'est pas grave. Il manque donc quelques kilomètres à Mantes-La-Jolie & Porcheville, ce sera fait en péniche, et quelques kilomètres à Romilly & Nogent-Sur-Seine. Ce n’est pas pénalisant. Nous avons vu la naissance de la Seine, Sequana a donné sa protection et c'est avec la joie de l'achèvement que le parcours auprès de la belle Seine se clôture quasiment maintenant. Depuis les campagnes dijonnaises jusqu'au gigantisme havrais, jamais je n'aurais imaginé que le parcours soit si loin des prévisions. Des 777,6 km, il a fallu sans cesse réadapter le projet. Ça n'a quasiment pas été une seule ligne conforme aux prévisions, même là en Bourgogne. Pourtant ce fut réussi et achevé. Merci à toi Sequana, tu nous as permis là, par ta présence, la réalisation d'un beau rêve fluvial.

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#8 08-12-2017 22:35:30

Adrienne
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

Merci pour ton récit !

Il me touche beaucoup car :
- c'est (presque) chez moi, la belle Bourgogne ! Dont tu as subi les orages estivaux qui peuvent être terribles... j'espère que ça n'a pas trop gâché le plaisir quand même.
- quand j'avais 8-9 ans, avec mon frère nous avions construit un radeau que nous trouvions super confort (pneus et planches, pas MUL du tout) pour remonter les rivières bourguignonnes, *bizarrement* les parents n'étaient pas d'accord ! Heureuse de voir qu'on n'était pas les seuls à avoir ce genre d'idées wink
- j'aime beaucoup ton écriture (je suis allée lire ton récit sur le Méjean, aussi)

N'étant qu'aspirante MUL je ne me permettrai pas de commenter ton sac et ton équipement. J'aurais juste à te conseiller de te trouver un sac de couchage plus léger, même si c'est un budget. Je suis passée de 1.2kgs à 700g dernièrement, c'est plutôt pas mal.


Si tu n'arrives pas à penser : marche. Si tu penses trop : marche. Si tu penses mal, marche encore.
(Jean Giono)

Trombi

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#9 09-12-2017 09:14:15

tchorski
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Re : [Récit + liste] La source de la Seine

Merci pour ton passage !
Je suis convaincu d'être passé à Semur en 2005, j'aurais bien aimé en mettre une photo, mais curieusement je n'en retrouve aucune trace. Ce n'est pas grave. Concernant les orages à Chatillon, je dirais que ça a nettement plus fait peur que gâché. On a eu de la chance en fin de compte...

Oui le sac de portage et le couchage d'été sont à changer. Je suis très attaché au kit-bag, sorte de grosse poche solide dont il ne faut prendre aucun soin. C'est un kilo, c'est lourd, donc c'est franchement discutable. Quant au couchage, clairement il y a un souci sur l'objet du compte-rendu. Le souci est que je souhaiterais éviter le duvet. Je ne vais pas dire que je suis vegan, mais en gros c'est pas loin et ça me dérange que mon sac soit en plumes d'oies. Or le synthétique n'amène pas les mêmes performances. Je vais farfouiller le wiki. Il y a forcément réponse à ça.

Je suppose que pour 700 grammes, tu as passé ton couchage en duvet ?

Si je retrouve des photos de Semur, je te les enverrai !

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