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#151 04-10-2018 15:38:10
- Hervé27
- éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
J28 - mardi 14 août - L'Hospitalet près l'Andorre - bivouac proche Bouillouses
Ambiance très humide ce matin après la pluie de la nuit. L'Hospitalet est toujours sous un épais voile de nuages et je remballe une tente détrempée. Renseigné sur les horaires matinaux de l'épicerie, je sais qu'elle ouvre très tôt car elle fait en même temps bar-tabac. Comme j'estime n'avoir qu'une journée de marche jusqu'à Bolquère, je sais que je disposerai d'amples possibilités de ravitaillement demain (malgré le 15 août car, magie d'Internet, je sais que supérette et supermarché seront ouverts). Pas besoin donc de beaucoup me charger. J'embarque quelques biscuits, du chocolat, un saucisson, des soupes … Je savais également que le choix était limité, c'est effectivement le cas et en fait de café il me faudra me rabattre vers une chicorée-café, c'est quand même pas pareil … Avant de prendre le chemin, je m'offre quand même le plaisir d'un café / croissant chaud au comptoir .
C'est un excellent sentier muletier qui monte de l'Hospitalet en direction du refuge des Bésines. Longtemps en forêt, il me faut garder la veste de pluie car les arbres s'égouttent encore, longtemps après l'orage de cette nuit, et le brouillard lourd ne les aide pas à sécher. Je profite du bon réseau téléphonique à la montée pour coordonner avec mon épouse la logistique de l'arrivée : ma deuxième fille viendra en train m'accueillir à Cerbère, mais la date du billet de train à prendre reste incertaine, ce sera le 20 ou le 21. Je table toujours sur la première des deux dates, mais un alea est toujours possible.
un bon sentier en sous-bois
cascade
décidément de jolis cairns dans ces belles Pyrénées
La montée est facile et régulière mais longue. Quand je croise mon premier randonneur à la descente j'attaque naturellement la discussion. Il s'agit de José, sur son GR10. Quand il me dit qu'il en est au 35ème jour je me dis qu'il y a un problème et lui demande où il croit aller dans cette direction … Il s'est en fait trompé de direction en arrivant depuis le Porteille des Bésines au refuge, et sans moi il se retrouvait à l'Hospitalet croyant monter à la Coume d'Aniel ! Il en est quitte pour un 1/2 tour qui l'embête bien, car il s'est fixé comme impératif de dîner ce soir au refuge des Bouillouses où il a RDV avec d'autres GRDistes.
Nous marchons quelques instants dans le même (bon) sens, même si j'ai un peu de mal à le suivre, c'est visiblement un traceur …
Nous croisons rapidement un espagnol qui nous interpelle et qui visiblement a une urgence. Nous essayons de nous comprendre en anglais et il nous indique qu'il marche avec un groupe et qu'un membre s'est blessé, alors qu'ils avaient quitté le chemin pour éviter de traverser un troupeau de vaches qui leur barrait le sentier … Nous voyons le reste de l'équipe arriver, avec l'un d'eux qui progresse lentement en position assise, et redescend ainsi jusqu'au chemin, sa cheville le faisant atrocement souffrir. La question principale est d'appeler de l'aide via le 112 et notre espagnol cherche à savoir dans quelle direction il trouvera le plus vite du réseau : je sais que j'étais en ligne 1/4 h avant avec mon épouse : nous l'enjoignons à laisser son sac ici et à descendre dans la direction d'où nous venons. L'homme est entouré, il n'y a pas grand'chose de plus que nous puissions faire et nous finissons par leur souhaiter du courage et reprendre notre route.
C'était typiquement l'accident bête, celui qui n'arrive que par un enchaînement de circonstances et de mauvais choix qu'on ne peut que regretter ensuite.
Tout à notre discussion et au rythme effréné de José, nous arrivons brusquement et sans anticipation au milieu des mêmes vaches qui avaient provoqué le détour de nos espagnols. Les vaches s'écartent rapidement mais je me dis que ce n'est pas mon habitude de foncer dans les troupeaux : je comprends mieux comment des traceurs comme José ou Léo peuvent parfois avoir des rencontres difficiles et moi pas. Leo m'avait en effet raconté s'être fait attaquer par un patou après Lescun, lequel lui avait déchiré une poche de son sac à dos. Était-il comme nous arrivé trop vite au mauvais endroit ? En tout cas je me promets de faire plus attention.
José passe la surmultipliée et nous nous saluons, je ne le recroiserai pas (enfin, si : je l'aperçois furtivement redescendant du refuge des Bésines, où pourtant il n'avait pas besoin de remonter pour aller vers la Coume d'Aniel. Je pense que marchant trop vite, il n'a pas pris le temps de regarder le panneau de directions d'où je le vois passer …).
Je retrouve le Soleil le long de l'étang des Bésines et à l'approche du refuge, même si la brume s'accroche encore aux crêtes.
au pied des Bésines, la brume fait de la résistance
Je profite de cette réapparition du Soleil et d'un large rocher plat en bord de chemin pour ma pause dédiée au séchage du matériel. Tente et duvet sont étalés tandis que je chauffe mon café. Je peux enfin tomber la veste de pluie et m'aérer un peu, tandis qu'enfin la brume se déchire et découvre le beau panorama du vallon des Bésines. De là, la journée va être éblouissante, au prix d'une tramontane qui va s'établir et m'accompagner plusieurs jours.
Le Puig Pedros se dégage de la brume
un lagot en contrebas de la Coume d'Aniel
Le franchissement (très facile) de la Coume d'Aniel me fait l'effet d'une frontière, non pas de passage d'un pays à l'autre, mais de limite entre deux environnements très différents. Du côté d'où je viens, les Pyrénées acérées aux vallées profondes et resserrées, dont la traversée exige des dénivelés en yo-yo. De l'autre côté les montagnes sont ouvertes et ondulées, ce contraste étant accentué par la belle luminosité de cette journée. Je ressens fortement que j'entre dans une nouvelle section de ma traversée, que dans mon esprit je découpe en 4 : 1 semaine dans le Pays Basque, 3 jours dans le Béarn, 2 semaines dans les Pyrénées Centrales … et me voici maintenant dans l'ultime semaine des Pyrénées Orientales .
en arrière vers l'Hospitalet, la brume s'accroche encore
La France des deux côtés, mais pour moi c'est comme une frontière
brusquement le paysage s'ouvre
Le grand beau temps qui s'installe, après 24 heures passées dans la brume et la pluie, est un euphorisant qui me donne envie de m'organiser un moment sympa quelque part le long des belles étendues d'eau que je découvre en contrebas. Sur les rives de l'Estany de Lanoset, je cherche un emplacement qui me permettrait de me baigner mais, las, la végétation d'eau et le vent m'en découragent et je poursuis ma route.
J'atteins rapidement le croisement de chemin d'où je bifurque à droite pour longer le Lac du Lanoux. Pour ceux qui veulent s'affranchir de la montée au Carlit, continuer tout droit via le Portella de la Grava et la longue descente vers les Bouillouses. En cette mi-journée nous sommes quelques randonneurs à nous croiser ici.
La cabane du berger à la croisée des chemins
vue en arrière le long du Lanoux ...
… et en avant
Je continue à avancer et ne m'arrête pour ma pause déjeuner qu'un peu après la bifurcation qui me mène au Carlit. Je me trouve un emplacement à l'ombre d'un pin et proche du torrent, me permettant de m'allonger et de me détendre.
Dans ma tête je me construis un petit agenda des jours à suivre. Au vu du très grand beau temps je pourrai marcher tard ce soir donc inutile de me presser plus que de raison, cela ne changera rien pour mon dernier ravitaillement d'importance demain à Bolquère. Demain étant le 15 août, je ne veux pas non plus me jeter dès ce soir au milieu d'un des sites les plus fréquentés de la région au pic de la saison d'été. Je me fixe donc comme objectif de bivouaquer quelque part avant les Bouillouses, de ravitailler demain au passage à Bolquère et de viser le haut de la vallée d'Eyne pour demain soir.
C'est sans me presser que je me remets en chemin pour le Carlit, qui se présente à moi comme une muraille dont je me demande bien comment je vais la franchir ...
il est temps de bifurquer pour le Carlit, qui m'attend
mon fidèle compagnon
Le Carlit : on distingue juste le début du chemin pour son ascension
Estany dels Forats au pied du Carlit
Juste au pied des éboulis avant d'attaquer la montée au Carlit,je rencontre un marcheur assis au-dessus du chemin et qui scrute la pente. J'entame la conversation et il s'avère qu'il vient de tenter de monter mais arrivé à mi-pente, ne voulant pas croire que la trace puisse être aussi raide et persuadé de s'être trompé. Il est bien chargé en mode mulet, et se montre très intéressé par la MUL … Je lui propose de l'accompagner dans une seconde tentative, quitte à lui prêter l'un de mes bâtons (il n'en a pas). Il préfère m'interroger sur un itinéraire alternatif pour rejoindre les Bouillouses, pour lequel je lui indique le grand détour (vu d'ici) par le Portella de la Grava.
C'est donc bien prévenu sur ce qui m'attend que je me lance dans la montée. C'est effectivement raide mais la trace me semble évidente. Au moins on s'élève vite et les vues époustouflantes de cette fin de journée sont une motivation supplémentaire. Je surmonte ma légère propension au vertige et éxécute cette montée méthodiquement, un pas après l'autre, et me voici qui arrive enfin sur la crête, où le vent s'engouffre et m'oblige à me baisser.
Au même instant arrive par l'autre côté un couple de HRPistes Est-Ouest, Pierre-Marie et Fanny, qui m'évitent de me poser trop de questions sur la position à droite ou à gauche du sommet : à droite pour moi, à gauche pour eux !
vue arrière à mi-pente ...
… et la vue avant, on comprend pourquoi ça monte vite
Sur le sommet proprement dit, nous nous retrouvons étonnamment tous les trois à l'abri du vent. Nous faisons la constatation malheureuse que la croix a été sciée à la meuleuse et a disparu (suite des conflits politiques en Catalogne ?). Nous passons un bon moment à profiter d'une vue fantastique à 360° : vers l'Est, à gauche du Canigou, je vois la mer !
Je propose de partager café (bon d'accord, chicorée-café ...) et chocolat, car le moment le mérite ! Nous passons un moment bien sympathique : Pierre-Marie et Fanny, si vous me lisez, donnez-moi des nouvelles de votre périple !
ne surinterprétez pas mon poing levé ...
vue arrière vers le Lanoux et les Pyrénées nappées de brume
les Bouillouses, le Canigou et la Méditerranée (mieux visible à l'œil nu que sur cette photo, mais elle est là)
Il est temps de se séparer et de poursuivre nos HRP en sens opposés. Je pensais que, parce plus fréquentée, la trace de la descente serait plus praticable que celle de la montée, il n'en est rien et c'est tout le contraire. A la montée j'étais toujours sur un sol ferme ou sur du rocher, tandis que dans cette descente je me retrouve dans des éboulis pulvérulents et instables. Je ne suis pas du tout à mon aise, surtout lorsqu'il me faut descendre par un goulet bien raide où aucune pierre ne veut tenir en place. D'un côté je suis seul et les pierres que je fais tomber contre mon gré ne menacent personne … mais si c'est moi qui tombe il n'y aura personne pour venir à mon aide avant sans doute demain matin (il est 19h) … et c'est ce qui arrive ! La chute n'est pas trop grave mais je me fais une belle écorchure au tibia, à rajouter désormais à la liste de mes cicatrices.
vue arrière sur ma descente, c'est dans le goulet tout en haut que je me suis écorché
Rétrospectivement je me demande s'il n'y avait pas un chemin plus "solide" par les rochers sur ma droite, mais de toute façon je ne me serai pas écarté de la trace principale tout seul pour le chercher.
Passé 19h00 je vais maintenant rester à l'ombre du Carlit, et avec la tramontane qui souffle plus fort de ce côté ce sera souvent assez désagréable. J'ai hâte de me trouver un point abrité où planter la tente, mais comme j'anticipe une nuit froide je vais chercher à descendre le plus possible vers les Bouillouses.
que de contrastes sur cette image
C'est d'un pas rapide que je longe les lacs, bien agités de vagues poussées par le vent. Les points de bivouac ne manquent pas dans ce très bel environnement et je me donne pour objectif de marcher jusqu'à 20h00 avant de m'arrêter. C'est ce que je fais et à l'heure dite je bifurque sur la droite du chemin et pars me cacher dans une clairière bien abritée du vent et loin des nombreux chevaux qui pâturent. J'ai négligé de refaire le plein d'eau et il s'avère que mon environnement immédiat est plutôt aride. Il me reste un peu moins d'1 litre, tant pis, je ferai avec. Il me faut en sacrifier un minimum pour nettoyer ma blessure, mais le vrai nettoyage devra attendre demain et je décide de la laisser à l'air, ce qui s'avèrera la bonne décision.
Itinéraire :
Progression :
Profil :
Total 26 km - Marche 9h30
Ce que j'ai aimé : la lumière, la vue du Carlit (la Mer !)
Ce que j'ai regretté : ne pas avoir déjeuné ou bivouaqué au bord d'un lac. Cette étape était éblouissante, mais un peu longue sur la fin.
Si c'était à refaire : être encore plus prudent à la descente du Carlit
Le matériel : RAS
Le bonhomme : mon écorchure m'a laissé une estafilade et une histoire à raconter
Dernière modification par Hervé27 (17-11-2019 00:07:26)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
Trombi, Récits & Liste(s)
l'ultralighter più estremo di sempre
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#152 04-10-2018 18:28:20
- Serval
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Des paysages somptueux, de l'aventure, du suspense, des blessés – y compris le héros à la fin de l'épisode... mais qui donc est le scénariste de ce splendide western ?
Dernière modification par Serval (05-10-2018 06:57:31)
(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)
Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)
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#153 04-10-2018 20:05:04
- Bolton
- Membre
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Rétrospectivement je me demande s'il n'y avait pas un chemin plus "solide" par les rochers sur ma droite
De mémoire c'est le cas, je n'ai pas le souvenir d'une descente difficile.
(Au passage je fais partie des lecteurs silencieux qui se délectent de ton récit et attendent le prochain épisode avec impatience )
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#154 04-10-2018 20:20:02
- René94
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- Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Rétrospectivement je me demande s'il n'y avait pas un chemin plus "solide" par les rochers sur ma droite
Effectivement, j'étais descendu par ces rochers mais ce n'était pas facile.
Merci pour ce CR très complet
"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi
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#155 04-10-2018 23:11:00
- toufou
- Membre
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
je confirme que dans ce sens la montée est spectaculaire. Avec ma copine nous avions hésité sur la trace (de loin) et nous avions croisé deux isards qui semblaient nous narguer juste dans les rochers à gauche. Je ne sais pas comment c'est jouable en descente (sens est-ouest donc).
Par contre aucune difficulté en descendant par les rochers sur la droite. Il faut mettre les mains mais c'est (c'était ?) très stable
belle balade et belles photos
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#156 05-10-2018 08:39:25
- Doomlike
- Membre
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Moi aussi je fais parti du public silencieux.
Merci pour ce superne récit !
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#157 05-10-2018 11:03:23
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Normandie
- Inscription : 01-11-2017
- Site Web
Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Merci à tous pour vos encouragements ! Cette traversée s'avère plus longue à transcrire par écrit qu'à marcher sur le terrain … mais l'arrivée est proche !
J29 - Mercredi 15 août - Les Bouillouses - Barraca dels Pastors (abri)
Aujourd'hui est à plusieurs titres une étape de transition, avant d'aborder le grand final par les crêtes jusqu'au Canigou et la descente vers la mer. Nous sommes le 15 août et je suis dans le site touristique le plus fréquenté des Pyrénées Orientales, pas question de m'y attarder. L'objectif premier est de rejoindre Bolquère et d'y ravitailler, mon fond de sac doit être recomplété car j'ai devant moi 3 à 4 jours avant Amélie les Bains. J'aimerai pour ce soir atteindre les crêtes en haut de la Vallée d'Eyne, car la vue de la mer depuis le Carlit me donne envie de la retrouver et ne plus la quitter.
Petite rechute d'efficacité ce matin pour remballer, je ne me mets en marche qu'à 7h55, mais ce n'est pas grave car les objectifs du jour sont (relativement) modestes et la météo reste marquée par la tramontane : j'ai toutes les chances de garder le Soleil toute la journée, me permettant de marcher tard si nécessaire. Inutile donc de se presser outre mesure.
Dans l'air frais du matin, avec un ciel pur et des éclairages rasants, les paysages sont aussi superbes qu'hier soir.
Estany del Viver 1
Estany del Viver 2
A peine de retour sur le chemin je commence à croiser les promeneurs du 15 août, rapidement de plus en plus nombreux. Je suis le seul à remonter la file à contre-sens et cela bien souvent entrave ma descente. Après 1/2 h je suis au Lac des Bouillouses, et après un rapide passage aux toilettes aménagées pour une toilette rapide, un nettoyage de mon écorchure et un plein d'eau, je suis à nouveau sur la piste en direction de Bolquère, mais avec maintenant beaucoup moins de monde avec qui la partager.
Pour ceux qui s'inquiétaient de ma "blessure", au matin et après nettoyage elle n'est plus très spectaculaire.
Arrivée aux Bouillouses
Une belle vue, une belle lumière mais trop de monde à mon goût
Je ne suis pas très imaginatif pour rejoindre Bolquère, et je suis la marque du GR10 qui me permet de dérouler les kilomètres sans me poser trop de questions d'itinéraires dans cet environnement de pistes et chemins qui s'entrecroisent. Il y avait certainement plus bucolique, mais je souhaite ravitailler le plus tôt possible pour pouvoir mieux prendre mon temps cet après-midi. C'est agréable tout de même et passé l'étang de Pradeilles je ne croise plus grand monde.
Cabane de l'étang de Pradeilles
GR10 le long de l'Etang de Pradeilles
Afin d'être certain de trouver tout le nécessaire je vise l'hypermarché Casino des hauteurs de Bolquère ("Pyrénées 2000"), ce qui m'impose de marcher un peu le long de la route. J'aurai bien aimé refaire mon fond de sac à la BioCoop en face, mais elle est malheureusement pour moi fermée en ce 15 août. Par nature je n'aime pas le travail du dimanche et des jours fériés, et m'abstiens généralement de faire des courses ces jours-là. Je suis bien obligé de faire une exception cette fois-ci et c'est avec gourmandise que je m'engouffre dans l'hypermarché.
J'ai les yeux très gros et le ventre encore plus , et je ressors avec un carton plein de victuailles : fromages, saucisson, jambon cru, biscuits, pain, fruits, fruits secs, semoule, cake au chocolat, tablettes de chocolat, barres de céréales, soupes … n'en jetez plus ! Je me trouve un espace aux abords de l'hypermarché pour m'asseoir à l'ombre, engloutir sur place ce qui peut l'être et reconditionner le reste. La rehausse de 10 cm du KS Imo Pack trouve à nouveau son usage .
Ce faisant je constate que j'ai oublié un élément stratégique : l'alcool à brûler, que je n'ai plus renouvelé depuis Vielha il y a une semaine. Il me faut retourner à l'intérieur pour y acheter une bouteille et faire mon complément. J'essaierai sans succès de proposer ma bouteille entamée à différentes personnes à la sortie, et comme je n'avais pas que ça à faire je finirai par l'abandonner près des bornes de recyclage pour piles usagées, à côté de cartouches de gaz laissées là par d'autres … S'il existait des bouteilles d'1/2 litres nous ne nous poserions pas ce genre de question …
Il est 12h30 lorsque j'estime en avoir terminé avec la corvée du ravitaillement, je voudrais trouver un endroit pour m'installer confortablement et faire une pause mais ce n'est pas le lieu. J'entame donc la descente vers le vieux village de Bolquère, et à suivre les méandres de la route c'est très long. Après 3/4 h je finis par atteindre l'église et entrer dans un jardin d'enfants où se trouvent des tables de pique-nique à l'ombre des arbres. J'y étale mes affaires et lance un café. J'entame la discussion avec un couple en vacances avec leurs deux enfants, ils complèteront mon ravitaillement en me faisant cadeau des excédents de charcuterie qu'ils ont acheté à la boucherie du village et dont ils se disent qu'ils ne pourront jamais tous les consommer. Merci à eux, ce ne sera pas perdu ! Comme c'est maintenant mon habitude, je leur offrirai café et chocolat !
étalage de victuailles, et la suite du parcours en face de moi
Je repars à 14h45 avec un Soleil encore quasiment à la verticale, mais grâce à la tramontane je ne suis pas écrasé de chaleur. Quel changement que de marcher le long des champs dans cette très large vallée. Toute la journée je verrai derrière moi le Carlit s'éloigner, me rappelant que je suis malgré tout toujours dans les Pyrénées … Sur ces larges chemins on avance vite, et me voilà une heure plus tard rendu à Eyne.
Je ne suis pas pressé et, malgré ce que j'ai englouti depuis ce matin, me voilà attablé au restaurant près de l'Office de Tourisme pour prendre un café et une part de tarte aux myrtilles (pour me rappeler toutes celles que je n'ai pas cueilli ?). C'est donc passé 16h00 et à nouveau à contre-sens des randonneurs du jour que j'entreprends enfin la remontée de la Vallée d'Eyne.
un train pour le Canigou
le Carlit s'éloigne
Eyne
Le chemin est excellent, je ne me suis pas encore beaucoup dépensé aujourd'hui et j'ai fait le plein d'énergie. C'est avec des ailes que je remonte la vallée, tout en réfléchissant au meilleur choix pour mon bivouac. Une contrainte importante est celle de l'eau : si je monte jusqu'en crête pour passer la nuit (une option est de tirer jusqu'à l'abri du Col des Nou Fonts), il me faut prendre suffisamment d'eau pour demain car je ne sais pas où il me sera possible d'en retrouver. L'autre option est de bivouaquer en haut de la Vallée d'Eyne, pour une montée en crête au lever du Soleil demain.
un bien beau vallon
et derrière moi le Carlit est toujours là
Finalement et à l'approche des 18h00 j'aperçois de l'autre côté du torrent et à flanc de montagne l'Orri de la Barraca dels Pastors, et je trouve l'idée d'une soirée bien exposée au Soleil très tentante, d'autant que je n'ai pas encore fait sécher mes affaires après cette nuit. Il n'y a pas de chemin bien évident pour traverser le torrent et la rejoindre, mais je tente l'approche et à la découverte de l'orri mon choix est fait, ce sera ma maison pour ce soir.
L'intérieur est naturellement sommaire : un sol de terre battu, 2 grandes bâches plastiques à étaler au sol pour l'une, pour obturer l'entrée pour l'autre. Un renfoncement pour faire du feu (et s'enfumer, certainement), de quoi accrocher son linge …
Je m'installe, retourne faire le plein d'eau au torrent, prends mon dîner dehors Soleil, admire les lumières du couchant … J'aurai finalement bien profité de cette étape de transition, et à moi les crêtes pour demain !
la Barraca dels Pastors dans son écrin
on n'est pas bien, là ?
les crêtes m'attendent
bonne nuit !
Itinéraire :
Progression :
Profil :
Total 27 km - Marche 6h15
Ce que j'ai aimé :
- la lumière, à nouveau
- avoir su prendre mon temps
- mon abri pour la nuit
Ce que j'ai regretté : j'avais la ressource temps et forme physique pour pousser un peu plus loin, mais mon bivouac en valait la peine
Si c'était à refaire : il m'en aurait coûté 2 h de plus pour atteindre l'abri du Col des Nou Fonts et profiter du coucher de Soleil et prendre de l'avance sur le programme du lendemain. Rétrospectivement cela m'aurait permis beaucoup de choses, mais ne dévoilons pas la suite …
Dernière modification par Hervé27 (17-11-2019 00:08:37)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
Trombi, Récits & Liste(s)
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#158 06-10-2018 10:47:21
- Hervé27
- éMULe
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- Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
J30 - jeudi 16 août - Barraca dels Pastors - Refuge Pla Guillem
A condition de bien obturer l'entrée avec la bâche plastique à disposition et ainsi limiter l'entrée d'air froid, on peut passer une très bonne nuit dans cet Orri. Une fois n'est pas coutume j'ai programmé mon réveil pour partir à la frontale afin d'être en crêtes le plus tôt possible. Ce sera un peu court de ~1/4h pour le lever du Soleil, car j'ai attendu d'y voir assez clair pour franchir le torrent. Record néanmoins battu sur cette traversée avec un départ à 6h10.
Comme hier le ciel est pur, mais la brume installée plus bas en vallée m'indique que la tramontane est retombée. La météo prise hier me donne un risque d'orage pour ce soir, risque très accentué pour demain. Toute la journée je vais m'interroger sur les "itinéraires bis" disponibles pour quitter les crêtes avant que d'y être piégé par cette vague orageuse. L'objectif pour ce soir est d'arriver au plus près du Canigou.
Un peu plus haut dans le val d'Eyne j'aperçois un tarp planté au bord du torrent, j'aurai aussi pu bivouaquer là. Derrière moi je vois que les premières lueurs du Soleil ont atteint le Carlit, et que la mer de nuages impose sa chape sur la Cerdagne. Juste avant d'atteindre le Col de Nuria, les isards font nombre et constellent la pente. Encore une fois, je regrette de n'avoir pas un vrai appareil photo doté d'un zoom optique ...
Le Carlit domine la brume et prend le Soleil en premier
Une flopée d'izards au pied du Col de Nuria. Si, si, ils sont sur la photo ...
Quand j'atteins le Col de Nuria, je découvre que la mer de nuages recouvre l'Espagne à perte de vue. Je rejoins vite le pic d'Eyne pour disposer de la vue la plus large possible et réaliser film et panorama, et c'est alors que j'ai la désagréable surprise de voir mon téléphone se mettre en rideau dès qu'il se retrouve exposé au vent … Il me faut le réchauffer un long moment dans une poche intérieure pour pouvoir le redémarrer, et ne le sortir que quelques secondes pour réaliser mes photos / vidéos . J'aurai ce problème tant que la fraicheur matinale perdurera, et comme ces extinctions / redémarrage "mangent" de la batterie, je me retrouverai quasiment à plat de téléphone et de powerbank en fin de journée ...
Je croise un randonneur espagnol qui a dormi à l'abri du Col des Nou Fonts, pour lequel je m'estimais trop "court" hier soir, tandis que lui-même visait la Barraca dels Pastors mais manquait de temps pour poursuivre. En quelque sorte, nous avons échangé nos abris …
Val de Nuria encore dans l'ombre. Mer de nuages sur l'Espagne.
Pic d'Eyne
Pic des Nou Fonts
Lorsque j'y passe je jette un œil à l'abri du Col des Nou Fonts. Le Col est encore à l'ombre et je pense que j'aurai eu bien froid si j'avais dormi là. L'abri est cependant en bon état et offre une bonne protection, mais attention, c'est bas de plafond ! On doit tout juste tenir assis ...
Abri du Col des Nou Fonts
A partir de là j'enquille les cols, les sommets, les crêtes, les vues sur les vallées de part et d'autre, les rencontres … Le chemin est tantôt bien formé et reste à niveau, permettant une avance rapide. Quelques rares passages sont plus acrobatiques, comme aux abords du Pic de l'Infern. D'un pic à l'autre il y a quelques descentes ou remontées un peu raides, mais jamais très longues. Bien souvent je crois voir la mer, mais jamais de manière aussi certaine qu'au Carlit avant-hier car l'atmosphère est beaucoup plus chargée de nébulosité.
Croix de la Fossa del Gegante
bon chemin à flanc ...
… ou plus acrobatique comme ici avec le Pic de l'Infern derrière moi
Entre le Col del Portell et le Pic de l'Infern (où je ne monterai pas), je marche avec un binôme espagnol sur cette portion où il faut jouer des mains sur plusieurs passages. En même temps je constate que des cirrus d'altitude circulent, et loin au Sud je vois monter de beaux cumulo-nimbus : il ne peut s'agir que des Baléares ...
Vallée de Carrança
Pic de Freser (?) (j'ai un doute...)
Un peu avant 11h30 je parviens au point haut de cette journée au Pic des Bastiments, en fait une crête, à peine moins haute que le Carlit avec 2 880 m. Il y a maintenant beaucoup de monde, puisque l'accès depuis la station de Valter 2000 est facile et tout proche. Je parviens à me trouver un abri de rochers où m'installer pour une longue pause, car étant parti tôt je marche depuis un peu plus de 5 heures. Au-dessus de moi tournent des gypaètes (pas de bonne photo à vous montrer, désolé …).
Pic des Piolets des Bastiments
Je prends mon temps et profite de la vue, jusqu'à ce qu'en quelques minutes le temps bascule, avec la remontée depuis l'Espagne des bancs de nuages qui y formaient une mer de brume. Il est temps de se remettre en chemin, et désormais ce sera une course entre moi et cette brume montante, laquelle annonce l'orage de ce soir.
Que dire de la suite de cette journée et de mes 5 heures de marche non-stop jusqu'à Pla Guillem, sinon que le temps se couvre, que le chemin est long et que je crains de me retrouver dans la brume et l'orage ? Le refuge de Pla Guillem est le meilleur objectif que je puisse me donner, puisque je sais qu'il y a de l'eau, que c'est un bon abri en cas de très mauvais temps, et que depuis là les options d'itinéraire restent ouvertes ?
La marche de cet après-midi est longue mais n'en reste pas moins magnifique. Le Canigou vu de si loin hier depuis Bolquère se rapproche maintenant à vue d'œil et dévoile ses détails, avant que d'être enveloppé par les nuages.
Je passe rapidement au refuge de la Porteille de Rotja, un abri métallique. Tant que la météo tient je continue d'avancer, mais je repère les lieux pour pouvoir y revenir si ça se dégrade trop vite.
le Canigou encore dégagé quand je quitte le Pic des Bastiments
vue en arrière depuis Pic de la Dona, sur la brume qui me poursuit
depuis le Pic de la Dona, le Canigou rejoint par la brume
borne frontière 514 … on avance
Refuge de Porteille de Rotja
Après la Porteille de Rotja le chemin redescend de quelques dizaines de mètres sur le versant français, dans une portion un peu plus chaotique et encombrée de rochers. Les abords du chemin ont été récemment entretenus, puisque les jeunes arbres qui commençaient à l'envahir ont été coupés / taillés. Je profiterai à plusieurs reprises dans tout le massif du Canigou des effets de cet effort d'entretien.
La dégradation de la météo que je constate de visu est également confirmée par celle que je peux actualiser sur mon smartphone : les orages pour demain sont annoncés pour 11h00 avec une très forte probabilité et tout le reste de la journée. Peu à peu s'impose à moi le fait qu'il ne me sera pas possible demain de monter au Canigou et de descendre par les crêtes (Roc Nègre, Cincreus, Gallinasse …) avec un tel risque électrique. Si je ne peux pas monter au Canigou ni passer par les crêtes, il va me falloir choisir une voie de contournement, par le Nord ou par le Sud.
La brume m'a rattrapé sur la piste par laquelle je monte au plateau de Pla Guillem. Je me fie totalement à mon GPS pour m'orienter et bifurquer au bon moment vers le refuge, avec l'angoisse d'une batterie qui tire sur sa fin, et d'un panneau solaire qui ne recharge plus dans la brume.
Je dois être bien fatigué et mes neurones doivent nager dans une soupe blanche, car là où je pense trouver un refuge "moderne" je tombe sur un vieil abri de pierre à la toiture en voie d'effondrement. Avec des grondements d'orage derrière moi, je ne me vois vraiment pas passer la nuit ici, et je ne comprends pas comment mon refuge moderne a pu être confondu avec cette ruine … Heureusement pour moi, étant légèrement redescendu en altitude le plafond de brume est passé au-dessus de moi, et une rapide exploration me permet de trouver le "vrai" refuge, à 200 m de là … Ouf !
Pla Guillem devant moi, bientôt dans la brume
L'abri de Pla Guillem est pittoresque ...
… mais le refuge est plus fonctionnel
Dans le refuge je n'ai aucune connection, il me faut sortir et remonter vers l'abri de pierre pour en retrouver. En effet j'ai besoin d'indications pour trouver la source que sais exister à proximité ainsi que reprendre une météo. '"Cabanes des Pyrénées" mentionne la source à 900 m plein Sud, mais j'en viens et n'ai rien trouvé. Il me faudra me remettre en recherche "à l'instinct", en repérant les zones et les ravines plus vertes. Elle est en fait au Sud-Ouest et n'a déjà plus beaucoup de débit en cette mi-août. Il me faudra prendre l'eau un peu plus en contrebas dans la mousse.
Pour ce soir l'orage restera finalement confiné au lointain plus à l'Ouest. M'attendant à du très mauvais temps dès la fin de matinée demain, je retiens l'option du contournement Sud qui me semble plus court d'une part, plus bas en altitude d'autre part (tant qu'à être pris par l'orage, je préfère être en bas qu'en haut …). Pour me donner le temps de progresser le plus possible, je mets le réveil à 5h. Je n'ai plus que quelques % de charge dans mon téléphone et plus rien dans ma powerbank, espérons qu'ils tiennent un peu ...
Itinéraire :
Progression :
Profil :
Total : 32 km - Marche 8h30
Ce que j'ai aimé adoré: les incroyables panoramas de cette longue promenade en crêtes
Ce que j'ai regretté : avoir manqué le lever de Soleil au Col de Nuria
Si c'était à refaire : j'aurai eu le temps de rejoindre une cabane plus près du Canigou (refuge Arago, Cabane de Jasse Cady, Refuge de Mariailles …), mais j'étais fatigué, et cela m'aurait défintivement aiguillé sur un contournement Nord du Canigou pour le lendemain. A Pla Guillem le choix restait ouvert.
Le matériel : l'hypersensibilité de la batterie de mon téléphone (iPhone 6+) à la déperdition de température face au vent m'aura vraiment compliqué la vie. Je ne sais pas si mon téléphone d'origine (iPhone SE) aurait mieux résisté ...
Le bonhomme : à part la crainte du retour des ampoules dans la dernière heure de marche, ça va !
Dernière modification par Hervé27 (17-11-2019 00:09:54)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
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#159 06-10-2018 21:44:58
- Jerichay
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Salut,
Chouette compte rendu.
Qu'est ce qui t'a fait être si certain que ce ne serait pas un temps à monter sur le canigou le lendemain ? A cette période de l'année le cumulus se forme tous les jours en milieu d'après midi sur les hauteurs, mais il disparait dans la soirée...
Il n'existe que des points de vue.
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#160 06-10-2018 23:54:06
- Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Salut,
Chouette compte rendu.
Qu'est ce qui t'a fait être si certain que ce ne serait pas un temps à monter sur le canigou le lendemain ? A cette période de l'année le cumulus se forme tous les jours en milieu d'après midi sur les hauteurs, mais il disparait dans la soirée...
Tu as raison, je dois préciser : quand je suis en montagne je distingue 2 types d’orages :
- l’orage local, souvent répétitif d’un jour sur l’autre, que l’on « voit venir » tout au long de la journée et qui se dissipe en soirée, mais dont l’amplitude, l’horaire et la localisation exactes restent extrêmement difficiles à prévoir pour les services météo. Ce type d’orage se « gère », sans besoin de consulter la météo, en marchant tôt le matin afin de se garder le maximum de latitude pour l’après-midi selon la tournure prise et à condition de bien surveiller son environnement.
- la perturbation / ligne orageuse qui vient de loin, généralement bien modélisée par la météo (si bien sûr on la consulte) et à laquelle il est difficile d’échapper. L’horaire de passage de la perturbation est connu et annoncé, et c’était le scénario prévisionnel dans lequel je me trouvais, avec un pic d’intensité orageuse prévu débuter vers 11h et se poursuivant tout l’après-midi. La ligne de perturbation pouvant naturellement se cumuler avec les conditions locales ...
De fait, et j’anticipe un peu sur la suite du récit, l’orage grondera dès 10h30 le lendemain et claquera à midi pour durer jusqu’au soir, comme annoncé ... Si je n’avais pas adapté mon itinéraire, j’aurai été pris par l’orage en redescendant du sommet du Canigou (d’où je n’aurai rien vu pour cause de temps bouché) pour le garder tout au long des crêtes ... Très peu pour moi
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#161 07-10-2018 05:26:08
- Jerichay
- Conventionnel Montagnard
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
J'avais pas capté que tu regardais la météo...
Il n'existe que des points de vue.
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#162 07-10-2018 09:05:34
- René94
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Si je n’avais pas adapté mon itinéraire, j’aurai été pris par l’orage en redescendant du sommet du Canigou (d’où je n’aurai rien vu pour cause de temps bouché) pour le garder tout au long des crêtes ... Très peu pour moi
Et un orage au Canigou, ça peut être mortel
"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
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#163 08-10-2018 15:03:44
- Hervé27
- éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
J31 - vendredi 17 août - Pla Guillem - Refuge de Batère
Réveillé à 5h00 je mets rapidement le nez dehors pour constater de visu l'allure général du ciel. Une ondée vient de passer et la toiture du refuge s'égoutte. Avec les orages annoncés pour avant 12h00, en partant le plus tôt possible je me donne la possibilité de faire une étape pas trop courte : je voudrais être au refuge de Batère pour midi, avec l'option de descendre jusqu'à Amélie les Bains si la météo est moins dégradée qu'annoncée. Le gros regret reste évidemment d'être privé du sommet du Canigou et de la descente en crêtes initialement programmée. Sur cette traversée je n'aurai pas eu de chance avec les passages en crête : Iparla, Lindus, Camino, Pic d'Orhy … J'aurai au moins eu la journée d'hier ! Le fait d'avoir pu voir la mer dès le Carlit me console d'en être privé depuis le Canigou.
Je quitte le refuge à 6h00 avec le choix de contourner le Canigou par le Sud, en suivant l'itinéraire GRP "Tour du Canigou". Je suis conscient que c'est tout sauf direct et en réalité beaucoup plus long que si j'avais tiré par la crête, mais je ne peux pas prendre le risque d'être pris par l'orage trop en altitude. J'estime une fourchette de 5 à 7h de marche pour rejoindre Batère : ce sera 7 h et on ne pourra pas dire que j'ai traîné en route …
Mon téléphone affiche très peu de batterie et c'est avec parcimonie que je fais quelques photos au lever du Soleil. J'essaye aussi de m'appuyer autant que possible sur la marque du GRP et de ne pas trop utiliser le GPS : il m'en coûtera quelques hésitations ici ou là.
impressions Soleil levant ...
Rapidement les nuages commenceront à s'accrocher au sommet du Canigou et aux crêtes, j'ai bien fait de redescendre.
Depuis Pla Guillem le chemin descend direct le long d'une large crête avant de bifurquer pour traverser le vallon des estables. Tandis que je rejoins la piste, un groupe de quatre chiens se met à aboyer depuis la cabane et à courir dans ma direction. Le chemin passe devant la cabane et je n'ai pas d'autre choix que de m'engager plus avant dans leur territoire. Pas rassuré, je les vois arriver sur moi … pour quémander des caresses et me faire la fête !
un peu plus loin que la Cabane des Estables, un bel Orri et sa table de pierre
De là toute la matinée est une interminable succession de crêtes et de vallons, le plus souvent en forêt, sur de bons chemins sinon sur des pistes. Plusieurs portions ont été récemment entretenues et dégagées d'une végétation envahissante. Les cueilleurs de champignons ont visiblement été actifs et efficaces pour ne laisser aucun cèpe derrière eux, alors que les autres variétés percent partout où porte l'oeil. J'avance d'un bon rythme et ce n'est qu'au hameau de Saint Guillem que je m'octroierai une modeste pause à une table de pique-nique.
Saint Guillem
vue vers l'Espagne
le Canigou se couvre
C'est un peu après le refuge de la Devesa que les premiers grondements commenceront de se faire entendre, puis la brume montant de la vallée me rejoindra et enfin la pluie. Je marcherai avec plus de 2 heures, n'arrivant au refuge de Batère qu'à 14h00, après une ultime montée très raide qui me surprendra un peu.
Je me pose à l'intérieur et y commande une collation, sympathisant avec un trio de jeunes mulets partis pour une semaine, mais je ne sais plus sur quel itinéraire. Ils ont négligé de prendre du liquide et avec leurs ultimes pièces de monnaie les voilà à se partager à 3 une assiette de charcuterie ...
Dehors la pluie se renforce, les éclairs sont parfois tout proches et le tonnerre claque violemment. Tout cela est conforme à la météo, et je prends vite la décision de dîner et dormir au refuge. En partant tôt et en m'arrêtant peu j'ai quand même pu marcher 7h, ce qui fait que ma journée n'est pas trop raccourcie. Je peux échanger avec mon épouse et confirmer avec confiance mon arrivée pour la journée du 20 août.
Je partagerai ma chambre avec un autre HRPiste Ouest-Est allemand (Jan), et un norvégien (Jon).
Jan et moi nous parlerons beaucoup au sujet du matériel, la MUL étant un concept qui l'intéresse beaucoup. Jusqu'au lendemain, chaque fois qu'il apercevra mon sac, il prendra une expression incrédule et se lamentera sur ses 12 kg . Il est parti ce matin du refuge Arago et a eu le temps de monter au Canigou juste, juste avant que le temps ne se couvre, pour redescendre dans la brume et arriver comme moi sous la pluie … De quoi me donner un peu plus de regrets . J'aurai bien aimé poursuivre demain ma route avec lui, mais ni lui ni moi n'avons voulu déroger à nos itinéraires prévisionnels : lui par Arles sur Tech conformément à son topo, moi par Amélie les Bains. Nous commanderons tous les deux un petit-déjeuner anticipé à 6h30 pour le lendemain, avant de prendre chacun notre direction (ajout le 17/11/2018 : trouvé sur YouTube la vidéo de la HRP de Jan).
Jon, le norvégien, est un "personnage", genre armoire à glace, qui passe le plus clair de son temps à barouder pour son plaisir ou pour des œuvres humanitaires. C'est ainsi qu'il est passé par l'Afghanistan où il a survécu à un attentat, mais dont le souffle de l'explosion lui a affaibli les poumons et il lui faut dormir avec un appareil respiratoire. Il transporte ledit appareil dans son sac à dos, et en bivouac le fait fonctionner sur une puissante powerbank. Sacré bonhomme !
Itinéraire :
Progression :
Profil :
Total 28 km - Marche 7h00
Ce que j'ai aimé : pour une fois marcher en forêt, depuis le temps que je cours en altitude …
Ce que j'ai regretté : le Canigou, bien sûr
Si c'était à refaire : toujours sans monter au Canigou, je crois que j'aurai eu le temps d'emprunter les crêtes avant l'orage pour rejoindre Batère beaucoup plus rapidement, mais c'eut été une prise de risque.
Le matériel : RAS
Le bonhomme : en forme !
Dernière modification par Hervé27 (17-11-2019 00:11:14)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
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#164 08-10-2018 23:02:51
- laxmimittal
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Je ne sais pas si mon téléphone d'origine (iPhone SE) aurait mieux résisté ...
bof bof
pas sûr que tu aies perdu au change
si j'en juge par les trahisons régulières du mien cet hiver en raquettes.
L.
La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.
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#165 12-10-2018 09:29:24
- Hervé27
- éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
J32 - samedi 18 août - Refuge de Batère - Castell Cabrera (bivouac)
Après un petit-déjeuner à 6h30 avec Jan c'est à 7h05 que nous nous séparons, lui vers Arles sur Tech et moi vers Amélie. Dans ma préparation j'ai préféré ma version parce qu'elle emprunte les crêtes : bien m'en a pris car dans les lumières du matin cette longue descente vers Amélie les Bains a été magnifique, avec en permanence la vue sur le Canigou qui s'éloigne et la mer qui se rapproche …
Un regret pour mon séjour à Batère : ne pas y avoir profité du bassin extérieur chauffé. Sous l'orage ça aurait eu son charme ...
Immense refuge de Batère
J'emprunte la route puis la piste pour rejoindre la Tour de Batère et mon itinéraire. Après l'orage et avec l'humidité l'ambiance du matin est très agréable. Arrivé à la Tour je découvre le Soleil maintenant levé et la vue sur la mer qui va m'accompagner tout au long de ma descente. A maintenant deux jours de l'arrivée, mon départ de Batère marque le moment où je quitte définitivement l'altitude, même si les dénivelés restent au rendez-vous.
jeux de lumière
Derrière moi, mon ombre s'étire vers le Canigou
Tour de Batère
Le Canigou dans le rétroviseur
vue sur la Méditerranée !
La piste puis le sentier très faciles suivent la crête tantôt à gauche, tantôt à droite. A partir de l'ancienne Gare Minière de Formentera, totalement en ruines aujourd'hui, la descente s'accélère un peu. Du Col de la Reducta il faut emprunter la route pour traverser le hameau de Puig Rémy, où je croise un groupe de scouts avec leurs gros sacs à terre près de leur minibus.
Dans un virage on quitte la route pour passer au pied d'un relais de téléphonie avant d'attaquer l'ultime raidillon de la descente vers Amélie. Sur le terrain il y a plus de pistes et de chemins que ce que m'indique OpenTopo : il m'arrive de prendre des raccourcis qui n'en sont pas …
Amélie ou Arles ? Arles ou Amélie ?
Amélie
De passage à Amélie je m'arrête dans une épicerie pour refaire le plein de produits frais. Je marche un peu en ville pour me trouver un banc à l'ombre et engloutir le gros de mes achats. Je reviens sur mes pas et retraverse la ville pour trouver un point d'eau public, alors qu'en reprenant la route j'en trouverai finalement un autre à 50 m de là où je m'étais initialement arrêté. Ce n'est pas que j'avais besoin de me dégourdir les jambes … Lors de mes pérégrinations en ville, j'apercevrai à nouveau mon groupe de scouts mais cette-fois dans leur minibus : je n'ai pas eu besoin d'être motorisé pour venir jusque-là avant eux, moi ...
A 12h00, après une grosse heure d'achats, de pause et de recherche d'eau, me voilà reparti pour la très longue ascension vers le Roc de France ( 1200 m de D+ !). Je suis content de trouver un sentier muletier de très bonne facture, qui permet de s'élever régulièrement et sans fatigue excessive. Grâce aux orages de la veille et à l'ombre des arbres (toute la montée est en forêt), j'échapperai toute la journée à la chaleur.
je crois que ce sera le seul panneau mentionnant la HRP que je croiserai
Chemin large, régulier, ombragé … Que demander de mieux ?
Le chemin est excellent jusqu'à Can Félix. Là, le détour obligé de ce vaste domaine se fait par un itinéraire incertain, certes marqué mais absolument pas aménagé / entretenu. Quand enfin l'on rejoint le tracé initial de l'autre côté, il est beaucoup plus chaotique et raide … ou bien serait-ce un début de fatigue qui me fait le voir d'un mauvais œil ?
Unique rencontre dans cette longue ascension, je croise une famille anglaise qui redescend du Roc de France sur Amélie où ils sont en villégiature. Monsieur se montre très intéressé par ma traversée, car c'est un projet qui lui trotte dans la tête. Pas certain en revanche qu'il soit prêt à passer au mode léger.
Cette montée se révèle interminable, et ce n'est que passé 15h30 que j'arrive enfin au Roc de France, balayé par une tramontane qui se réinstalle. Là où j'espérais marquer une belle pause agréable, l'exposition au vent me complique la tâche de faire chauffer mon café comme de profiter du Soleil.
Banc de circonstance sur le sentier de contournement de Can Félix
Roc de France, vue Canigou
Roc de France, vue vers l'Est par la crête
Il s'avère que mon ascension depuis Amélie au Roc de France m'a pompé toute mon énergie, et je ressens bien la fatigue lorsque je me remets en chemin à 16h30. Il me faut commencer à envisager mon bivouac, et comme il s'agira de mon avant dernière nuit avant l'arrivée à Cerbère, je recherche un site exceptionnel me permettant de faire de belles images. Mon désir secret est de pouvoir photographier / filmer le Soleil couchant ce soir sur le Canigou, et le Soleil levant demain matin sur la Méditerranée.
Avant cela il me faut pouvoir refaire le plein d'eau et quoi de mieux que le Sanctuaire des Salines ? Je longe la crête jusqu'au Coll del Pou de la Neu et bifurque pour descendre vers le site. Quelques randonneurs sont là et profitent de l'hospitalité du sanctuaire. Mon intention n'est pas de dormir sur place, je fais juste un crochet à la fois touristique et utilitariste par la fontaine … que je trouve occupée par un randonneur à poil en train de se doucher . Je le laisserai à son intimité …
Fontaine des Salines
Il est passé 18h lorsque je reprends le GR10, maintenant en quête de mon bivouac idéal. Le sentier se transforme bientôt en piste, où je croise un GRDiste mulet à son 3ème jour de marche. Au cours de notre discussion, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec le HRPiste en arrivée avec qui j'avais partagé un café à Biriatou il y a maintenant plus d'un mois, une éternité ! Les rôles sont maintenant inversés et tout prend le goût de "la dernière fois" : la dernière grande descente, la dernière ascension, le dernier bivouac, le dernier refuge … Je m'auto-entretiens dans l'idée que je suis presque (déjà ?) arrivé, alors qu'il me reste 2 pleines journées de marche et d'efforts à fournir.
l'une des nombreuses stèles des chemins de la liberté
Les quelques spots "bivouaquables" que j'aperçois sont en forêt et n'offrent pas de vue : je retiens leur existence mais poursuit mon chemin, car je cherche quelque chose de vraiment exceptionnel, et c'est alors que …
… je trouve ça :
Quoi que qu'est-ce ? Un château en ruines ? Sur un piton rocheux ? Et me voilà à quitter la piste pour aller visiter ce site, au moment où un couple en redescend après y avoir pris la vue. Il y a du vent, j'inspecte les lieux et finit par repérer un endroit plat, dans un renfoncement, me permettant d'être modérément abrité du vent et avec un peu de prise au sol pour mes sardines. Je suis conscient que m'exposer ainsi au vent n'est pas forcément très raisonnable, mais la vue offerte par le site est irrésistible. Au total j'utilise 9 points d'ancrage pour fixer ma tente, que je renforce avec des pierres.
le bivouac de mes rêves ?
j'ai osé ...
Avec un bivouac aussi vertigineux, je n'imagine pas ce que ce serait que de devoir plier boutique en pleine nuit si le vent devait se renforcer. Que ne ferait-on pas pour une belle photo ?
Itinéraire :
Progression :
Profil :
Total 32 km - Marche 9h30
Ce que j'ai aimé : l'itinéraire en crête pour descendre de Batère à Amélie
Ce que j'ai regretté : une certaine méforme en fin de journée
Si c'était à refaire : je ne vois pas, peut-être eut-il été plus raisonnable de s'arrêter une heure plus tôt au Refuge des Salines
Le matériel : la tente résistera-t-elle au vent ?
Le bonhomme : fatigué en fin de journée ! J'ai vraiment envie d'arriver tout en étant heureux d'être là et voulant que ça dure … Nous sommes pétris de contradictions …
Dernière modification par Hervé27 (17-11-2019 00:13:05)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
Trombi, Récits & Liste(s)
l'ultralighter più estremo di sempre
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#166 17-10-2018 22:24:42
- Hervé27
- éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
L'angoisse de terminer ? Plus j'approche de la fin de ce récit et plus j'espace les épisodes … Bientôt le point final à cette aventure décidée il y a maintenant 1 an. Dès que j'en aurai clos la version écrite, je commencerai à vous faire part de mes projets futurs (sur mon fil perso).
Allons-y donc pour cette avant-dernière étape, celle où le marcheur sent l'écurie (dans tous les sens du terme )
J33 - dimanche 19 août - Castell Cabrera - Refuge Tomy
Une fois n'est pas coutume, j'attaque par une photo
Cette photo, je l'ai prise à minuit passé depuis mon duvet : elle exprime les secousses dans ma tente avec un vent qui a forci depuis le coucher du Soleil. La tramontane se renforce et, malgré mes 9 points d'ancrage et les pierres utilisées pour bloquer mes piquets, et mes 2 bâtons entrecroisés pour apporter des renforts latéraux, je suis à plusieurs reprises obligé de sortir pour tenter de la consolider. A force de battements au vent, l'un de mes haubans finira par se rompre à force de frotter sur la pierre qui maintenait le piquet. Avec un bout de toile qui vole ainsi au vent, deux autres piquets vont s'envoler et j'aurai du mal à les retrouver dans le noir.
A 2h00 du matin je finirai par admettre que mon emplacement est déraisonnable, et je profiterai d'une courte accalmie entre les bourrasques pour remballer au plus vite mon abri, le tout à la frontale. Je fourre duvet, matelas, toiles etc. en vrac dans mon sac à dos, et j'entreprends la désescalade nocturne du piton rocheux, jusqu'à trouver un replat sous les arbres raisonnablement abrité du vent. J'y finirai mon bivouac en mode cow-boy, sans pour autant trouver le sommeil à cause du vent qui ronfle.
Aux premières lueurs du jour je refais rapidement mon sac et c'est à 6h05 que je me mets en chemin après une nuit blanche … C'est raté pour la photo du Soleil levant sur la Méditerranée, car au final et depuis mon point de vue il se levait sur les crêtes et pas sur la mer !
Ce n'est pas sur la Méditerranée, mais c'est beau quand même
On peut comprendre que je ne suis pas très frais en reprenant le chemin. Je descends par la piste jusqu'au Coll de Lli, d'où ma trace GPS grimpait au Puig Nègre afin de rester sur la crête frontière. Las, bien qu'ayant essayé de plusieurs manières, je me trouve bloqué par de hautes clôtures qui m'empêchent de prendre l'itinéraire tel que je l'avais tracé. J'en viens à reprendre la piste côté espagnol, puis la route, et ce jusqu'au Coll de Manrella. L'itinéraire est parfaitement inintéressant, et après mon cumul de déconvenues je ressens le besoin de m'arrêter au monument espagnol qui se trouve au Coll pour me remettre d'aplomb. Il me reste assez d'eau des réserves faites hier aux Salines pour faire un brin de toilette (1/4 de litre suffit)et chauffer de l'eau. J'avale 2 barres de céréales avec mon café-chicorée pendant que je laisse mes pieds s'aérer …
Finalement un peu requinqué, je peux reprendre mon itinéraire sur cette frontière que je ne quitterai plus jusqu'à mon arrivée à Cerbère. La piste est large et c'est heureux, je n'ai pas de question d'itinéraire à me poser et je déroule mécaniquement les kilomètres pendant ces heures matinales encore fraîches.
Version forestière de la piste
Deux jeunes bergers en quad viennent à ma rencontre pour me demander si je n'ai pas croisé leurs moutons (réponse négative). Un peu plus loin je longerai le territoire de la ferme naturiste du Mas Nou, et si un panneau indique que la randonnue est autorisée, les photos ne le sont pas … Je resterai habillé (légèrement) et m'abstiendrai de toute photo mais ne croiserai personne.
Plus loin je rattrape (difficilement, car ils marchent vite) un couple de HRPistes avec qui je fais pause commune au Coll del Priorat juste avant d'attaquer la descente sur le Perthus. Ils terminent la seconde moitié d'une HRP entamée 7 ans auparavant. Je les recroiserai au Perthus où nous partagerons le déjeuner.
Borne 565 au Coll del Priorat
La descente en pente douce vers le Perthus n'est pas désagréable, mais le ciel de tramontane sans nuage fait que le Soleil cogne tandis que la végétation méditerranéenne s'impose. Quel contraste avec les pentes du Canigou que je n'ai quitté qu'hier matin !
Arrivé au Perthus je me mets en quête d'un ultime ravitaillement, que je veux faire au plus vite tant le lieu est à fuir en ce dimanche où toute une région vient faire le plein d'alcool et de cigarettes. A défaut d'une épicerie, la supérette où j'entre me permet de trouver biscuits, saucisson, chocolat … mais je suis refait pour les produits frais : aucun fruit ou légume tant la place prise par les alcools est grande … Comme je n'ai pas envie de perdre de temps (mon arrivée est pour demain soir), je remonte la rue pour m'installer déjeuner sur la petite place de la mairie où je retrouve mes 2 HRPistes de tout à l'heure. Pour aujourd'hui ils visent de s'arrêter au refuge de l'Ullat, tandis qu'à ce stade je n'y envisage qu'un possible arrêt casse-croute. Nous nous séparons à nouveau mais ne nous recroiserons plus (dommage, nous avions de belles conversations).
La question pour moi est de savoir si je fais une grosse journée aujourd'hui ou demain, pour tenir le RDV avec ma fille en fin d'après-midi à Cerbère. En repartant et sur une autre placette un peu plus haut je retrouve le GRdiste croisé hier soir tandis qu'il se douchait à la source des Salines, que je laisse avec son coéquipier et leur déjeuner après un salut rapide. Je refais le plein d'eau à la sortie du Perthus, aux toilettes publiques qui se trouvent en face du grand parking.
quel contraste par rapport aux Pyrénées qui sont derrière moi
le fort de Bellegarde
une (ancienne) fontaine militaire
ici c'est moins moche qu'ailleurs
mais où vont-ils donc tous comme ça ?
C'est au Soleil et dans la chaleur, avec heureusement la tramontane pour me ventiler, que j'attaque donc l'ultime grand dénivelé de ma HRP, quasiment 1 000 m de D+ jusqu'au Puig Neulos. L'ascension s'étale sur une longue distance et la pente n'est jamais très forte. La plus grande partie du chemin est une piste carrossable, souvent bordée de ronces me fournissant quelques mûres en amuse-gueule. Toute la portion au-dessus de St Martin de l'Albère est agréable, souvent ombragée et grâce à l'altitude retrouvée déjà plus fraîche que le Perthus surchauffé.
En bord de chemin un tuyau déverse une eau fraîche, et j'en profite pour une douche improvisée qui me régénère .
dessert à volonté !
Finalement suffisamment en forme malgré ma nuit blanche, je décide de ne pas passer par le Col de l'Ullat et son refuge, mais de rejoindre directement la crête au Puig de les Colladetes. Etant parti très tôt, il n'est que 15h00 et une certaine suggestion de Zorey pour mon bivouac de ce soir me sert de motivation . En suivant la crête jusqu'au Pic Neulos, la mer à ma droite, je me plais à croire que c'est ma dernière ascension et que tout le final est en descente.
Le cheval sent l'écurie mais le cavalier sent le cheval
Cairn du Pic Neulos
tout le final sous mes yeux
Je descends à la Tanyareda où je fais une longue pause à la source, tout en discutant avec un baroudeur mulet qui a quasiment fait de l'itinérance son mode de vie. Il est bien sympa et je me prends à rêver de faire de même. Tout à notre discussion, nous sommes rejoints par mon GRdiste baigneur des Salines, et son arrivée me rappelle que si je veux tenir l'objectif du jour il va falloir que je m'active.
Il me reste encore de longs kilomètres à faire le long des crêtes (je laisse derrière moi le refuge de la Tanyareda et son panneau "Banyuls 7h30"), maintenant très exposé au vent latéral. C'est fatigant car ni les pieds ni les bâtons ne se posent là où on le leur demande et il faut en permanence corriger la trajectoire. Allié à la fatigue accumulée du jour et à ma nuit blanche, j'appelle ce vent "le vent des fous" car il épuise l'esprit autant que l'organisme. C'est tel un somnambule que j'arpente ces crêtes pour enfin parvenir, à 19h30 et après 10h30 de marche effective, au Pic de Sailfort et au Refuge Tomy. Quel souvenir extraordinaire que cette traversée sans nuages, avec la Méditerranée plus proche à chaque pas et l'ivresse de savoir l'arrivée si proche ...
tantôt en forêt
tantôt sur les prairies
toujours plus près de la mer
Refuge Tomy, le plus beau d'entre tous
Je ne remercierai jamais assez Zorey de m'avoir rappelé l'existence de ce refuge merveilleusement situé pour une ultime nuit en balcon sur la Méditerranée avant l'arrivée. J'y trouve Richard, un GRdiste suédois, qui a préféré planter sa tente plutôt que d'utiliser le refuge. Chic, je l'aurai pour moi tout seul, après avoir déplacé quelques planches pour aménager ma couchette. Quel détente que d'être soudain abrité de ce vent de folie ! J'inviterai Richard à finir avec moi Tucs et chocolat ramenés du Perthus : ce soir c'est la fête !
J'abandonnerai aussi dans les caisses dédiées du refuge mes denrées non périssables (semoule, soupes…) en prenant soin de noter dessus la date à laquelle je les y ai laissé.
Itinéraire :
Progression :
Profil :
Total 39 km - Marche 10h30
Ce que j'ai aimé : la lumière, les crêtes, la vue, le refuge Tomy
Ce que j'ai regretté : la traversée (incontournable) du Perthus
Si c'était à refaire : pas d'idée
Le matériel : le pare-vent de mon réchaud, bien attaqué par la corrosion, commence à se désagréger. La version alu s'était délitée à la chaleur, cette version acier fait de même à l'humidité. A remplacer par une version titane. Le P3RS tient quant à lui encore très bien la distance …
Le bonhomme : à part un abus de charcuterie qui m'a donné de désagréables flatulences , je vais bien … Je crois aussi que le syndrome du Grand Bleu me guette, l'envie folle de continuer et de ne pas reprendre ma vie d'avant … Il est temps d'arriver : ma fille arrive demain à 15h30 à Cerbère, j'estime n'avoir plus que 6h de marche pour la retrouver. Quelle joie !
Dernière modification par Hervé27 (17-11-2019 00:14:14)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
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#167 19-10-2018 11:41:22
- Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
J34 - Lundi 20 août - Refuge Tomy - Cerbère (Hôtel)
Ce matin je me lève très tôt, car avec un ciel libre de nuages avec la tramontane, pour rien au monde je ne manquerai le spectacle du lever de Soleil sur la Méditerranée, tandis que le site du Refuge Tomy m'offre une vue sur peut-être 300 km de littoral ! Le vent est toujours aussi fort, et lorsque je m'avance sur la crête pour prendre la vue vers le Languedoc je peine à me tenir debout. Le refuge est admirablement situé pour m'abriter du vent, et c'est de là que j'attendrai le jour.
lumières de Banyuls et lueurs du levant
magique ...
Richard le suédois
Avec 6h00 de marche prévue aujourd'hui et un rendez-vous programmé avec ma fille au Cap Cerbère à partir de 16h30 (le temps pour elle de venir à pied de la gare), nul besoin de me presser pour le départ. Je prends mon temps pour remballer proprement mon sac et faire don au refuge de mes réserves non périssables. Lorsque Richard prends le départ pour Banyuls, j'empoigne 2 bonbonnes d'eau vides du refuge et commence à descendre avec lui via le GR10 pour refaire le plein d'eau à la source François Grand. Hélas je l'ai mal repérée, et lorsque sur le bord du chemin je trouve un petit sanctuaire avec un peu d'eau stagnante, je crois être à la source et la pense asséchée … Elle n'était que quelques dizaines de mètres en contrebas.
Refait par ignorance, je remonte au refuge et complète le 1/2 litre qui me reste après mon café du matin avec un peu d'eau du refuge. C'est ainsi que je pars pour cette chaude journée avec à peine plus d'1 litre. Il va falloir jouer serré …
Il est 8h45 lorsque je démarre, sachant que je n'ai vraiment pas à presser le pas. Je veux profiter de chaque instant de ce final tout en crêtes avec vues sur mer.
l'incroyable site du refuge Tomy
toutes ces crêtes encore à parcourir
vue arrière sur le Sailfort
Un peu incertain au début mon sentier de descente trouve rapidement sa forme et me permet de descendre de manière régulière vers le Col de Banyuls à travers le maquis. Ici et là, lorsque la végétation se resserre sur le chemin, les épineux viennent se frotter à mes chevilles. Pour une fois je regrette de marcher jambes nues, mais allai-je m'alourdir d'un pantalon pour cette seule journée ?
Du regard j'essaye de repérer Cerbère qui reste obstinément cachée par les crêtes devant moi, tandis que Banyuls reste bien visible et que, du côté espagnol, Port-Bou pointe le bout de son nez.
Juste avant le Col de Banyuls je passe au petit refuge en béton qui s'y trouve. La source (ou citerne ?) est à sec et aucune eau ne coule à la petite fontaine qui se trouve à l'entrée. Comme je ne les cherche pas, à l'intérieur du refuge je ne trouve pas les bonbonnes d'eau qui s'y trouvent habituellement et dont j'apprendrai plus tard l'existence. Je dois continuer avec ma petite réserve prise au refuge Tomy, dans laquelle je me réhydrate avec parcimonie ...
Refuge du Col de Banyuls
Passé le Col de Banyuls je renoue avec les derniers dénivelés positifs, pour une série de montées/descentes autour d'une altitude moyenne de 700 m. Heureusement pour ma problématique hydratation, je croise de nombreux massifs de ronces bien chargées en mûres … délicieusement mûres … Ayant du temps devant moi, c'est sans retenue que je m'y arrête. Je pense qu'au cours de cette journée j'en aurai avalé largement plus d'1 kilo, soit presque autant d'eau.
Ma journée entière se déroulant sur la crête frontière, je longe une par une les bornes séparant la France de l'Espagne, et dont la numérotation me rapproche de l'arrivée.
… 591 ...
...592...
Je marque une bonne pause à l'ombre d'un bosquet au pied du pic de Taravaus. J'y croise un trailer en sens contraire bien courageux sous ce soleil et cette chaleur … J'y sacrifie une part substantielle de mes ultimes réserves en eau pour mon dernier café de cette HRP. Sous le Pic Taravaus le chemin quittera momentanément la crête pour une ultime portion boisée et bienvenue sous un Soleil de plomb.
Cerbère est toujours invisible.
Ici et là on voit que la forêt d'origine a été ravagée par les grands incendies frontaliers du passé, mais que le reboisement à base de cèdres et de pins d'Alep commence à rétablir un couvert végétal.
En lien SMS avec ma fille encore dans le train, je lui enjoins de prévoir une bouteille d'eau à l'arrivée car il est possible que j'aurai alors soif ! C'est à ce moment qu'une première cactée (figuier de Barbarie, je pense) fait son apparition …
j'ai soif !
c'est beau, c'est chaud, c'est sec
...595...
...597...
Un peu avant 14h j'arrive au pied du Puig de Querroig, et de la tour bien visible à son sommet. Je n'ai pas besoin d'y monter pour descendre à Cerbère, et il me faut surmonter une petite crise de paresse pour me décider à en faire l'ascension … Je ne le regretterai pas car de son sommet la vue à 360° est magnifique. Je découvre enfin Cerbère, blottie dans une vallée masquée aux regards indiscrets. Je profite de cette vue qui me permet de relier le Canigou, le Cap Creus, Cerbère, la côte languedocienne au moins jusqu'à Agde … Tandis que je photographie arrive en courant un trailer anglais : ce sera ma seconde et dernière rencontre avant Cerbère. Pas grand monde en effet sur cet itinéraire alternatif à l'arrivée sur Banyuls du GR10 et des HRP habituelles.
tout là-haut, le Puig et la Tour de Querroig
Cerbère, enfin !
J'ai beau marcher tranquillement à la descente, si je ne m'arrête pas je vais arriver au phare avant ma fille ! J'attends donc de trouver un point un l'ombre (chose rare) et avec vue sur la gare de Cerbère, pour y attendre l'arrivée de son train, laquelle me donnera le signal du départ.
Comme je marche maintenant quasi exclusivement en descente (700 m de D- jusqu'à la mer depuis le Puig Querroig) et à un rythme très tranquille, je transpire relativement peu et ma gestion de l'eau à l'économie m'a permis de rester raisonnablement hydraté (grâce également aux mûres abondantes). Ce n'est pas un zombie qui arrivera au phare !
...599...
Je passe le Coll dels Belitres où, entre les voitures dans les deux sens, j'ai presque du mal à traverser la large route au niveau de l'ancien poste frontière. Cette crête n'en finit plus de descendre vers la mer, mais enfin j'arrive à la borne frontière n°601 : plus loin c'est la falaise et la plongée dans la mer. Je quitte donc une ultime fois la frontière franco-espagnole pour les 100 derniers mètres de descente côté français vers le Phare de Cerbère.
...601 ! C'est bouclé !
on m'attend là en bas
Ma fille vient à ma rencontre tout en filmant. Que d'émotion dans cet instant !
Je joue un final mode "Seigneur des Anneaux" avec une "Fin" qui n'en finit pas : la dernière borne, les retrouvailles, le phare … et enfin, enfin la plage !
on y est !
de l'Océan à la Mer
Les baigneurs sont royalement indifférents au zozo qui se jette à l'eau en short, T-shirt et chaussettes (je tenais beaucoup à garder les chaussettes …). Quelques jours auparavant j'avais pu réserver une petite chambre d'hôtel où nous allons nous installer, avant que de revenir sur la plage pour une baignade plus sérieuse, puis un dîner en terrasse sur le Port. A la sortie du restaurant, si le menu était bon, il n'était pas calibré pour un randonneur efflanqué ! Me voilà à commander en supplément une pizza à emporter (je consommerai un sorbet en l'attendant), que nous irons nous partager à la terrasse de notre hôtel …
Au matin ma fille tiendra à se lever tôt pour aller voir le lever de Soleil sur la Méditerranée, je ne peux pas lui en vouloir et de toute façon mon rythme de sommeil fait que je suis naturellement réveillé très tôt. Nous retournerons donc au phare aux petites heures pour accueillir l'astre du jour, avant de prendre notre petit déjeuner en terrasse sur la mer à l'hôtel. J'avais payé l'option d'un petit-déjeuner "buffet à volonté" : je ne me suis pas privé (j'ai dû manger 5 fois ce qui est sur la photo …).
Cerbère, paisible au petit jour
P'tit déj à volonté, en terrasse sur la mer
Itinéraire :
Progression :
Profil :
Total 20 km - Marche 6h00
Ce que j'ai aimé : le lever de Soleil depuis le refuge Tomy, l'émotion du dernier jour, la lumière, les crêtes
Ce que j'ai regretté : ma mauvaise gestion de l'eau au départ, marcher jambes nues dans les épineux …
Si c'était à refaire : mieux chercher la source au Sailfort, ainsi que les réserves d'eau au refuge de Banyuls
Le matériel : unique journée qui aurai pu justifier un pantalon
Le bonhomme : heureux, fier, amaigri (73 kg pour 79 au départ ...), en pleine forme, des projets plein la tête
Voilà, ça y est, voici passé le final, cette arrivée tant imaginée, anticipée, rêvée … Si en cette très belle journée la traversée s'achève c'est parce que la montagne est descendue dans la mer et ne me permet plus de poursuivre. La césure du rocher qui se noie dans la Méditerranée me contraint à m'arrêter et me renvoie vers les miens et la vie civilisée. Sans cette frontière naturelle pour me barrer le passage, comment librement abandonner cette vie d'itinérance qui a été la mienne cinq semaines durant, et qui m'est devenue si naturelle ?
Je repartirai, c'est sûr ... Sur quels chemins ? Ai-je envie de le savoir à l'avance, pourvu que je marche ?
Dernière modification par Hervé27 (17-11-2019 00:15:19)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
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#168 19-10-2018 15:16:05
- Serval
- Carpe diem
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Clap de fin...
Bravo et merci pour cette aventure partagée et ces longs moments de lecture !
(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)
Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)
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#169 19-10-2018 15:23:05
- Doomlike
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
C'est déjà fini ?
Merci pour ce superbe retour !
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#170 19-10-2018 15:50:29
- laxmimittal
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
merci hervé pour avoir pris le trmps de relater ta hrp.
le récit de cette derniere journée est trés émouvant.
l'espace et la liberté sont des drogues dures dont il est bien difficile de déccrocher.
bienvenue aux "sédentaires anonymes", nous sommes là pour nous entraider
L.
La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.
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#171 19-10-2018 15:55:09
- Hervé27
- éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Quand y en a plus y en a encore
Epilogue et bilan
Cette HRP en chiffres, c'était :
818 km (y compris le faux départ et les erreurs d'itinéraire)
267 heures de marche effective
36 jours au total dont 34 avec marche, et l'équivalent de 32 j en décomptant les repos (Lescun, Gavarnie, Vielha …) et les "petites" 1/2 journées.
8h20 de marche par jour en moyenne, soit 1h de moins que dans les Alpes
56 500 m en D+ et 57 500 en D-, pour cause de tricherie motorisée sur certaines portions (Candanchu-Astun puis Vielha-Bonaigua)
6 nuits en bivy
15 en tente
8 en cabanes ou refuges non gardés
3 en refuges gardés
4 en hôtel, auberge ou location
5 à 6 kg de perdus … et vite repris depuis à raison d'1 kilo par semaine. Impressionant !
Puisqu'on parle de poids, voici ma liste avec les fluctuations qu'elle a connu en chemin :
Catégorie | Article | Modèle | Commentaire | Poids fixe origine / (arrivée) | Poids Variable | Poids total origine (arrivée) |
Vestiaire de Marche | Chaussures de marche | MERRELL - MOAB FST | remplacées à J+22 MERREL ALL-OUT BLAZE2 | 0,762 / (0,826) | 0,762 / (0,826) | |
Vestiaire de Marche | Chaussettes de marche | X-SOCKS - Trail Run Energy | 0,041 | 0,041 | ||
Vestiaire de Marche | Bâtons | FIZAN - B.R. Compact (dragonnes retirées) | 0,314 | 0,314 | ||
Vestiaire de Marche | Boxer | Kalendji - | finalement supprimé | 0,042 / (0) | 0,042 (0) | |
Vestiaire de Marche | Short de marche | UNDER ARMOUR - HEAT GEAR ARMOUR Cuissard | 0,080 | 0,080 | ||
Vestiaire de Marche | T-shirts technique (court) | Millet Wool 1/4 zip | remplacé à J+22 TS synthétique | 0,110 / (0,100) | 0,110 / (0,100) | |
Vestiaire de Marche | Buff | KALENDJI - écharpe/bonnet/cagoule/bandana … | fonctions chiffon/serviette en + | 0,034 | 0,034 | |
Vestiaire de Marche | Lunettes de vue soleil | 0,025 | 0,025 | |||
Vestiaire de Marche | Couvre-chef | QUECHUA | 0,097 | 0,097 | ||
S/T Vestiaire sur moi : | 1,553 / (1,565) | - | 1,553 (1,565) | |||
Portage | sac à dos | KS IMO PACK | 0,349 | 0,349 | ||
Portage | sacabouf | plastique supérette "solide" | 0,012 | 0,012 | ||
Portage | Sac compression imperméable | Sea to Summit - Housse Compression XXS | pour vêtements | 0,037 | 0,037 | |
Portage | Sac compression imperméable | Sea to Summit - Housse Compression XXS | pour duvet | 0,037 | 0,037 | |
Portage | Sac compression imperméable | Sea to Summit - Housse Compression XXXS | pour tente NEMO à J+10 | 0 / (0,018) | 0 / (0,018) | |
S/T Portage : | 0,664 / (0,682) | - | 0,664 / (0,682) | |||
Couchage | sac de couchage | WILSA - DOWN ULTRALITE 300 | 0 / 6°C | 0,618 | 0,618 | |
Couchage | Matelas gonflable | KLYMIT - Inertia X-Lite | sans housse ni gonfleur | 0,172 | 0,172 | |
Couchage | Bivy | OUTDOOR RESEARCH - HELIUM BIVY | toile (jusqu'à J+10) | 0,450 / (0) | 0,450 / (0) | |
Couchage | Bivy | OUTDOOR RESEARCH - HELIUM BIVY | arceau (jusqu'à J+10) | 0,060 / (0) | 0,060 / (0) | |
Couchage | Bivy | OUTDOOR RESEARCH - HELIUM BIVY | housse (jusqu'à J+10) | 0,032 / (0) | 0,032 / (0) | |
Couchage | Tente | NEMO BLAZE 1P à J+10 | toiles (à J+10) | 0 / (0,616) | 0 / (0,616) | |
Couchage | Tente | NEMO BLAZE 1P à J+10 | arceau (à J+10) | 0 / (0,094) | 0 / (0,094) | |
Couchage | Tente | piquets titane | x8 à J+10 i/o x5 | 0,030 / (0,048) | 0,030 / (0,048) | |
Couchage | Bâche de sol | Arklight - Polycree | 1,5 x 2 m (plié en 2) | 0,062 | 0,062 | |
S/T Couchage : | 1,394 / (1,580) | - | 1,394 / (1,580) | |||
Vestiaire dans sac | Chaussettes de marche bis | X SOCKS - Outdoor Low Cut | pour dodo et rechange | 0,033 | 0,033 | |
Vestiaire dans sac | Boxer | KALENDJI - 0 | 0,042 | 0,042 | ||
Vestiaire dans sac | Collant de marche | UNDER ARMOUR - HEAT GEAR ARMOUR 2.0 LEGGING | dodo et rechange | 0,116 | 0,116 | |
Vestiaire dans sac | T-shirt technique ML | NORRONA - Bitihorn Wool Shirt (M) Hot Sapphire | dodo et rechange | 0,134 | 0,134 | |
Vestiaire dans sac | Polaire | THE NORTH FACE - 100 GLACIER 1/4 ZIP | 0,220 | 0,220 | ||
Vestiaire dans sac | Veste imper/respi | EIDER - BRIGHT JACKET 2.0 | 0,278 | 0,278 | ||
Vestiaire dans sac | Gants | ICEBREAKER - Quantum Glove Black | 0,049 | 0,049 | ||
Vestiaire dans sac | Lunettes de vue | pour les petites heures sans lumière … | 0,026 | 0,026 | ||
Vestiaire dans sac | Crampons | VARGO Pocket Cleats Titane | renvoyés à J+22 | 0,146 / (0) | 0,146 / (0) | |
Vestiaire dans sac | Piolet | de J+15 à J+22 | 0 / 0,450 / (0) | 0 / 0,450 / (0) | ||
S/T Vestiaire dans sac : | 0,898 / 1,494 / (0,752) | - | 0,898 / 1,494 / (0,752) | |||
Hygiène-Pharmacie | Trousse | Recyclage de la housse serviette microfibre | pour toilette / pharmacie / kit réparations | 0,008 | 0,008 | |
Hygiène-Pharmacie | Brosse à dents | Brosse à dents recoupée | 0,003 | 0,003 | ||
Hygiène-Pharmacie | Dentifrice | LUSH - ETHIFRICE - pastilles dentifrice | 20 pastilles | 0,002 | 0,012 | 0,014 |
Hygiène-Pharmacie | Savon | savon d'Alep dans flacon échantillon | perdu à J+27 | 0,008 / (0) | 0,040 (0) | 0,048 (0) |
Hygiène-Pharmacie | Gant de toilette | DIY - découpé / cousu dans serviette microfibre | 0,007 | 0,007 | ||
Hygiène-Pharmacie | Hygiène | Baume à lèvres | 0,009 | 0,005 | 0,014 | |
Hygiène-Pharmacie | Hygiène | Boules Quiès | 0,001 | 0,001 | ||
Hygiène-Pharmacie | Hygiène | Mini Coupe-Ongles | 0,015 | 0,015 | ||
Hygiène-Pharmacie | Pharmacie | VAUDE FIRST AID KIT - 1 set de pansements | dans mini ziplock | 0,002 | 0,002 | |
Hygiène-Pharmacie | Pharmacie | VAUDE FIRST AID KIT - 1 rouleau de sparadrap | 0,016 | 0,016 | ||
Hygiène-Pharmacie | Pharmacie | VAUDE FIRST AID KIT - 1 pince à tiques | supprimée à J+10 | 0,009 | 0,009 | |
Hygiène-Pharmacie | Pharmacie | 5 Compeed moyen format, sans boîte | dans mini ziplock | 0,001 | 0,016 | 0,017 |
Hygiène-Pharmacie | Pharmacie | cachets anti inflammatoire / douleur | 0,009 | 0,009 | ||
Hygiène-Pharmacie | Kit réparations | SuperGlue | dans trousse pharmacie | 0,001 | 0,005 | 0,006 |
Hygiène-Pharmacie | Kit réparations | Rustines (matelas, tente) | dans trousse pharmacie | 0,004 | 0,004 | |
Hygiène-Pharmacie | Kit réparations | Fil / Aiguille | dans trousse pharmacie | 0,004 | 0,004 | |
S/T Hygiène - Pharmacie - Réparations : | 0,072 | 0,105 | 0,177 | |||
Technologies | Téléphone | Apple - iPhone SE | remplacé J+1 iPhone 6+ | 0,113 / (0,186) | 0,113 / (0,186) | |
Technologies | Coque téléphone | 0,013 / (0,035) | 0,013 / (0,035) | |||
Technologies | Chargeur | ajouté J+1 | 0 / (0,046) | 0 / (0,046) | ||
Technologies | Ecouteurs | Apple - Oreillettes | 0,011 | 0,011 | ||
Technologies | Cable | Apple - USB/Firewire 1 m | cable + long pour charger en marche … et anti-chute ! | 0,022 | 0,022 | |
Technologies | Lampe frontale | D4 - LED | 0,078 | 0,078 | ||
Technologies | Powerbank solaire | STODEUS - Batterie Solaire 5 600 mAh | semble suffire à ma conso | 0,273 | 0,273 | |
Technologies | Cordelette | pour fixer Stodeus | 0,003 | 0,003 | ||
S/T Technologies : | 0,513 / (0,667) | - | 0,513 / (0,667) | |||
Divers | mini portefeuille | CB, CI, VITALE, qq billets € (1 ziplock) | étui plastique + Aloksak pour étanchéité | 0,027 | 0,027 | |
Divers | PQ | (1 ziplock) | 0,003 | 0,010 | 0,013 | |
Sous-Total Divers : | 0,030 | 0,010 | 0,040 | |||
Cuisine / Hydratation | Couteau | OPINEL - n°3 | 0,007 | 0,007 | ||
Cuisine / Hydratation | Cuillère | TOAKS - Titanium Short Handle | 0,010 | 0,010 | ||
Cuisine / Hydratation | briquet | BIC - Mini | 0,007 | 0,004 | 0,011 | |
Cuisine / Hydratation | Allumettes | Allumettes | (dans mini ziplock) | 0,003 | 0,003 | 0,006 |
Cuisine / Hydratation | Gamelles | KEITH - Titanium Mug 300 ml avec couvercle | 0,059 | 0,059 | ||
Cuisine / Hydratation | Gamelles | DIY - Gobelet plastique (fond bouteille de lait) | contient mug + P3RS + Opinel + Briquet + allumettes | 0,008 | 0,008 | |
Cuisine / Hydratation | Réchaud | Mini P3RS fait main | 0,007 | 0,007 | ||
Cuisine / Hydratation | Pare-Vent & supports | découpé dans canette + feuille alu | Pare-vent / Réducteur de combustion / support alu | 0,014 | 0,014 | |
Cuisine / Hydratation | Alcool | VARGO - Flacon bec verseur 250 ml | Dans ziplock ; 1 chauffe = 7 g ; 3/j estimées = 21 g | 0,031 | 0,090 | 0,121 |
Cuisine / Hydratation | Gourde | Platypus - Gourde souple 2,5L | à la pipette | 0,031 | 0,031 | |
Cuisine / Hydratation | Filtre | SOURCE - mini-SAWYER + CONVERTUBE | Tuyau ajusté | 0,108 | 0,108 | |
S/T Cuisine - Hydratation : | 0,285 | 0,097 | 0,382 | |||
Alimentation | Noix/fruits secs | 300 g/j (5 ziplocks) | grignotage de 12 à 18h | 0,017 | 0,300 | 0,317 |
Alimentation | Barres énergie/céréales | 1 Isostar + 3 Grany / j | grignotage de 12 à 18h | 0,115 | 0,115 | |
Alimentation | Soupes Potabio | 1/j (1 ziplock) | dîner, ajusté à ma conso effective | 0,003 | 0,009 | 0,012 |
Alimentation | Semoule complète | 150 g/ j (1 ziplock) | dîner, ajusté à ma conso effective | 0,003 | 0,150 | 0,153 |
Alimentation | Huile d'olive | un zeste de calories à bon compte | 0,010 | 0,025 | 0,035 | |
Alimentation | Café | Café soluble | dans contenant épices | 0,014 | 0,005 | 0,019 |
S/T alimentation 2 jours / 1 nuit : | 0,047 | 0,604 | 0,651 | |||
S/T "sac sec" | 3,904 / (4,095) | 0,212 | 4,116 / (4,297) | |||
Consommables alimentaires | pour 3 j autonomie | 1,845 | 1,845 | |||
Sac Total | pour 3 j autonomie | 3,904 / (4,095) | 2,057 | 5,961 / (6,142) | ||
S/T "sur moi" | 1,553 / (1,565) | - | 1,553 / (1,565) | |||
Total porté (sans eau) | pour 3 j autonomie | 5,457 / (5,660) | 2,057 | 7,514 / (7,707) |
Avec un démarrage à 3,9 kg, le poids de base a atteint un max proche de 4,6 kg avant que je ne renvoie piolet (acquis en route) et crampons à la maison depuis Vielha. Avec l'alourdissement de la téléphonie et de l'abri (la tente remplace le bivy à J+10), le poids de base des 2 dernières semaines sera à 4,1 kg.
Je sais maintenant que, moyennant un retour à une téléphonie plus légère, je dispose d'une configuration Bivy autour de 3,8 kg sur les sorties courtes (2 ou 3 bivouacs), ou bien tente à 4,0 kg pour les sorties longues (3 bivouacs et +).
Je ne l'ai pas noté mais j'ai utilisé successivement deux étuis étanches pour mon téléphone, l'un acheté à Irun à J+1 et qui s'est vite déchiré, l'autre acheté à Gavarnie mais que j'ai très peu utilisé. Dans l'un et l'autre cas la qualité des photos prises à travers était très mauvaise, et les manipulations tactiles sur plastique mouillé très peu efficaces. Au final, je reviendrai à la configuration Aloksak ou Ziplock par temps de pluie, avec un tél qui a fini par trouver sa place accessible dans la poche mesh du KS par beau temps.
Dégâts matériels et enseignements (quand on perd / casse on objet que l'on croyait indispensable, on peut apprendre beaucoup sur son utilité réelle):
- téléphonie : iPhone SE noyé au 1er jour, remplacé par iPhone 6+ au 2ème.Si j'avais pu j'aurai repris un iPhone SE, beaucoup moins gourmand en énergie. Le "noyé" a pu être réanimé au retour, ce qui m'a permis de récupérer les quelques photos et vidéos que je croyais perdus, mais si toutes ses fonctions sont rétablies il ne capte désormais plus le réseau GSM …
- chaussures : le changement de chaussures à Vielha aura été une déception, puisque intervenant après un cumul de "seulement" ~600 km pour ma seconde paire de Merrell Moab FST. En revanche le changement s'est fait pour le meilleur, puisque moyennant quelques dizaines de grammes en plus j'ai trouvé un super confort dans les MERRELL ALL OUT BLAZE 2, pour un peu moins cher. Léger bémol avec l'impression d'une accroche un peu moins bonne, mais à partir de Vielha j'ai aussi trouvé un environnement de rochers glissants par météo humide que je n'avais pas eu précédemment, ceci expliquant peut-être cela.
- briquets : j'ai appris qu'une pierre à briquet pouvait être mouillée et nécessiter de sécher pour refonctionner. J'ai jeté 2 briquets neufs que j'ai cru défectueux … Malgré un mini ziplock dédié, je n'ai pas réussi à préserver mes allumettes de secours de l'humidité. J'expérimenterai peut-être un allume-feu pour voir si c'est efficace pour un réchaud alcool.
- tente : un hauban sectionné par grand vent par frottement sur la pierre qui le bloquait + une attache perdue (celle qui permet "d'élargir" le volume habitable par tension de la toile interne sur la toile externe)
- popote : dans les tous derniers jours, dégradation accélérée par corrosion de mon pare-vent fabriqué à partir de 2 canettes acier. Je vais acheter une version en titane qui supprimera le problème. Le P3RS en lui-même tient bien la distance, encore utilisé ce W-E sur la sortie "Boucles de la Seine" (entre les tests et l'utilisation réelle, il en est à largement plus de 100 utilisations, peut-être 150 à 200)
- popote toujours : mon très pratique contenant à café soluble et son précieux contenu ont disparu lors de mon arrêt au refuge Enric Pujol
- j'avais recyclé la housse du matelas klymit pour porter mes crampons à la ceinture. J'ai perdu cette housse lors d'une pause en décrochant ou raccrochant mon sac.
- hygiène : mon petit flacon à savon liquide (max 50 ml) a probablement été oublié sur les rives du Lac Soucarrane après une toilette rapide. J'ai réussi à faire sans sur les 10 derniers jours en profitant de ce que je trouvais en chemin (toilettes publiques ou de restaurants / commerces, refuges, camping …). Pas idéal mais je m'en suis passé sans trop de conséquences …
- sac à dos : le KS IMO Pack a très bien tenu, sauf une attache (que je n'utilisais de toute façon pas) qui s'est décousue d'elle-même les premiers jours
Les matériels ayant donné entière satisfaction :
- Sac à Dos KS IMO Pack : léger, fonctionnel, confortable, très modulaire puisque fermeture par enroulement, solide (je ne l'ai pas ménagé), étanche (bien éprouvé de ce côté avec de nombreux jours de pluie et forte humidité)
- mon jeu de vêtements : cuissard de marche, veste imper/respi, polaire, buff … Le plus usé est le cuissard, mais finalement je crois qu'il pourrait encore se lancer dans une 3ème traversée … Le reste est encore comme neuf et a bien fonctionné dans les différents environnements météo.
- Ensemble popote : mon kit P3RS / mug titane 300 ml / cuillère / Opinel n°3 / emballé dans 2 fonds de bouteilles de lait a vraiment été très sympa à utiliser, me permettant de me lancer un café facilement dans toutes les circonstances favorables. A part le pare-vent (cf ci-dessus), tout a bien tenu et peut repartir à l'aventure.
- babioles : les micro-pinces à linge "cocktail" ont été très utiles en tant que … pinces à linge, que ce soit sur ma cordelette tendue ou sur des petits branchages. Elles ont à chaque fois très bien tenu au vent et ne pèsent rien, 1 à 2 g la pièce ...
Les matériels appelant à réflexion :
- mon couchage : je n'ai JAMAIS bien dormi en randonnée, pas plus sur cette HRP que dans les tribulations de mes 20 ans. Je ressens quand même le besoin de réfléchir à ce sujet, pour tenter de remédier aux fins de nuits fraîches pour cause de duvet humide (autant sous bivy que sous tente). Je pense qu'à la base je suis trop à l'étroit dans mon duvet sarcophage : je bouge beaucoup et me retrouve à écraser / tendre une trop grande surface et à perdre ainsi en confort thermique. Je vais donc chercher en direction de solutions type couette ou quilt extra-large, de façon à avoir beaucoup plus de duvet flottant sur moi que écrasé sous moi. Je n'ai pas mieux ni plus mal dormi avec mon matelas gonflable "à trous" Klymit Inertia, mais avec une couette ou un quilt il me semble indispensable de revenir à un matelas plein.
- mon abri : j'ai appris que le bivy n'était pas adapté aux sorties de longue durée, eu égard au risque si la météo reste pluvieuse. La tente double toit offre plus de "sécurité" de ce côté. Bien utilisé / tendu et s'il reste ventilé par une large ouverture au niveau de la tête (par beau temps, donc), le bivy reste très pratique et agréable, et permets d'essuyer une averse dans une relative sécurité. Avec une nouvelle mésaventure au vent (mais je l'ai bien cherché !), ma tente a un peu souffert mais a bien rempli son office au cours des 15 nuits que j'y ai passé. Il va être temps que j'explore maintenant la solution tarp .
- Pharmacie : j'avais déjà beaucoup simplifié la pharmacie, et je retiens de ma traversée que s'il faut être bien pourvu en compeed de toutes tailles au départ, une petite quantité "au cas où" suffit après 10 j d'accoutumance de l'épiderme. De même après une grosse consommation de sparadrap / élastoplaste en préventif dans les 1ers jours, l'utilité s'émousse avec les jours qui passent et on peut s'en passer totalement après 2 semaines. Je pense que de mes 2 paires de chaussettes, l'une était trop "rèche" et me brulait les orteils. L'autre, beaucoup plus douce et que je réservais au bivouac, a finalement pris le dessus.
- Technologies : je suis certain que si je ne l'avais pas noyé au premier jour, mon iPhone SE associé à la powerbank solaire Stodeus m'aurait posé beaucoup moins de soucis de consommation énergétique que son remplaçant iPhone 6+. Je peux donc avoir des regrets de ma stupide maladresse du premier jour, qui aura limité ma production de vidéos / photos et surtout timelapse par souci d'économie d'énergie
Itinéraire prévu (en bleu) avec les détours (en rouge)
de g. à d., les principaux écarts furent :
- le passage en contrebas du Pic d'Orhy
- le passage par Lescun (RDV famille) plutôt que de couper par la Table des 3 Rois
- le passage par Respomuso après 1/2 tour au Port du Lavedan
- Gavarnie (RDV famille)plutôt que Bujaruelo
- Pineta via GR11
- Vielha
- Passage par Pla de Boavi et Sellente plutôt que Col de Sottlo
- Contournement Sud du Canigou
Je ne résiste pas à la vue satellite de l'itinéraire effectif :
Je conclurais par la motivation qui était la mienne sur cette aventure, à savoir entreprendre une grande traversée dont je rêvais depuis mon adolescence (ça remonte à loin ...), et un peu frustré de n'avoir pas achevé celle des Alpes l'année dernière. Maintenant que j'ai accompli ce parcours d'un grand itinéraire, mon envie se déporte vers un cheminement dans des zones moins connues, pas forcément plus lointaines, peut-être plus humanisées / humaines ... J'aimerai partir en itinérance mais sans itinéraire, faisant mon chemin au jour le jour, au hasard des envies et des rencontres. Je voudrais m'obliger à demander mon chemin, afin d'aller vers les autres plutôt que de rechercher l'autonomie qui mène finalement à un certain isolement. Je ne manquerai pas de vous faire part de ces projets, qui feront l'objet d'une bien moindre préparation que ce que j'ai pu investir dans cette HRP. Peut-être et sans doute ne me déciderai-je qu'à l'improviste, sans préavis ... mais je ne manquerai pas de vous en faire part : c'est à RL que je dois d'avoir réalisé mon rêve, je me dois de le partager avec vous.
A bientôt sur les chemins,
Hervé
Edit 02/01/2019 : ajout cartes trajet réel vs planifié
Dernière modification par Hervé27 (02-01-2019 19:46:00)
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
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l'ultralighter più estremo di sempre
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#172 21-10-2018 00:43:27
- martie
- Membre
- Inscription : 04-03-2011
Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Bon le feuilleton est fini!
Bravo pour cette traversée...
Et merci d'avoir pris le temps de nous compter conter tes aventures avec force commentaires et photos...
Alors quand on a bouclé une HRP, concrètement, on se projette vers quoi?!
(question et curiosité!)
Merci
martie
Edit: conter et non compter! J'ai sans doute été impressionnée par les derniers "comptes" d'Hervé... Et je reste impressionnée par la préparation au mm! Mais j'aime les contes, ce que le randonneur raconte, plus que les simples comptes m^me si'ils apportent des infos complémentaires qui ne sont pas inintéressantes!
Dernière modification par martie (21-10-2018 18:44:14)
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#173 21-10-2018 12:37:03
- florencia
- Membre
- Lieu : 71
- Inscription : 11-11-2011
Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Lectrice silencieuse jusque là, j'ai pour autant suivi tes pas avec intérêt
Merci pour le temps consacré à la rédaction et aux jolies photos
Et alors, maintenant , en référence à la question de Martie
Flo
Réalisations DIY
_ _ _ _ _ _ _ _ _
"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.
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#174 21-10-2018 12:41:51
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Bravo
Tu ad mangé 5 fois ce qu'il y a sur la photo ? Petit joueur
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Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
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#175 21-10-2018 13:09:53
- Magne2
- Membre
- Lieu : Vitry sur Seine
- Inscription : 23-09-2013
- Site Web
Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018
Bonjour.
Un grand merci pour ce récit qui t'a demandé certainement beaucoup de temps.
Bonne préparation pour la suite où qu'elle soit.
kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur
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