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✅ Formation "Encadrement et secourisme en montagne" : proposée les 6 et 7 juillet en Ariège ✅
#1 23-09-2018 22:01:57
- labontes
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[Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
[photos et titres édités pour meilleure lecture, intro complétée]
Bonjour à tous,
Voilà plusieurs années que je visite occasionnellement ce forum dédié à la randonnée légère. J'y ai trouvé de nombreux conseils et idées pour améliorer mon paquetage. C'est grâce aux contributions des uns et des autres que j'ai pu progressivement m'alléger pour arriver à un poids de sac hors eau et nourriture de moins de 5kg. C'est du confort et plus de plaisir, avec la possibilité de parcourir de belles étapes en limitant les risques de blessure.
Grand amateur de montagnes et de vallées sauvages, j'ai usé mes chaussures sur les sentiers alpins ou corses avant de sentir l'appel des Pyrénées. Quelques courses ariégeoises ont confirmé que ce massif recelait des trésors biens gardés, réservés aux marcheurs les plus méritants. Le topo-guide de Georges VERON s'est imposé comme la référence pour m'accompagner dans le projet de traversée.
Ma traversée initialement prévue d'une traite en 2016 sera finalement réalisée en 2 fois : de Hendaye à Benasque en juillet 2016 et de Banyuls à Bagnères-de-Luchon en juillet 2018. Ce schéma m'a permis de finir à deux reprises dans les secteurs que je considère les plus beaux et les plus spectaculaires, avec une progressivité dans l'effort et les difficultés.
Dans mes choix de parcours, j'ai essayé au maximum d'éviter de redescendre. Sur 32 jours de traversée au total, j'ai fait 5 vrais ravitaillements (en épicerie la plupart du temps), soit un tous les 6 jours environ. La moitié de mes nuits (16) étaient sous tente, les autres en cabane (6), en dur (6 gîtes, refuges ou hôtel)
Le matériel :
Ma liste est à moins de 10kg (avec eau et nourriture) en ayant fortement optimisé, notamment grâce à un sac Virga 2 de chez Granite Gear, très bien conçu, qui autorise un important gain de poids grâce à la suppression d'armatures. Sachant que je porte
sur moi pantalon, t-shirt, sous-vêtements, casquette, lunettes, chaussures, bâtons et GPS. Mon équipier porte la trousse de pharmacie (200g) et le "kit popote" avec casserole et brûleur pour un total de 500g.
HRP partie 1 : de Hendaye à Benasque en juillet 2016
10/07/2016
Je partais initialement pour 27 jours dont 20 en solitaire, de Hendaye à Banyuls. Malgré une bonne forme et le respect de mes temps de passage, j'ai choisi de couper la traversée en deux, étant davantage pris par le désir de revenir que par celui de finir la traversée d'un bloc.
Etape 1 : de Hendaye au col de Lizuniaga
11/07/2016
+900m/-550m/22,1km
Démarrage de la traversée depuis la plage d'Hendaye. Passage sous la Rhune (905m) avec deux HRPistes sous une pluie battante. Déjeuner sous un petit pont puis bivouac en forêt sous le col.
Etape 2 : du col de Lizuniaga à Elizondo
12/07/2016
+1250m/-1150m/31,7km
Traversée du pays basque espagnol par une brume pluvieuse - l'ambiance est toute de fougères, chevaux noirs, et palombières. Je surprends un lièvre matinal au bivouac du col d'Otxaskiko.
Etape 3 : d'Elizondo à Lindux (cabane de Trona)
13/07/2016
+1450m/-700m/26km
Je fais route avec un sympathique HRPiste breton ; cette troisième journée est très pluvieuse et mes pieds souffrent terriblement, je maudis le vieux campeur et moi avec pour avoir choisi des chaussures trop rigides. Nous rencontrons 5 norvégiens perdus sur la colline de Lindus. Alors que le soir tombe dans la brume, nous débusquons un bel abri de chasseurs où passer la nuit. Mon compagnon de route breton nous prépare un délicieux thé à la menthe sauvage, avec des feuilles ramassées dans la journée.
Etape 4 : de Lindux à Pedro
14/07/2016
+1200m/-1400m/33,6km
Encore une journée de marche pluvieuse . Un peu plus engagée que les précédentes et toujours avec mon équipier breton. Au passage du col de Roncevaux nous croisons de nombreux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. La journée s'enchaîne avec le passage des cols d'Orgambidé et d'Errozaté.
Mon équipier breton décide de finir sa journée sur les coups de 17h, il rejoint des canadiens près d'un cours d'eau. Il marche bien plus vite que moi, mais sur des journées plus courtes. Je choisis de continuer. Pour la première fois depuis 4 jours il y a une éclaircie, le ciel est dégagé, les crêtes d'Urkulu m'appellent. Il n'y a pas de sentier. Les crêtes sont couvertes d'herbes hautes et balayées par le vent. J'avance avec détermination, mais je m'égare juste après les crêtes. La nuit tombe, je n'ai plus d'eau et je peine à trouver un endroit pour passer la nuit. Je trouve finalement refuge près d'une rivière. Il doit être 20h30lorsque je plante la tente.
Etape 5 : de Pedro à l'abri d'Ardané
15/07/2016
+1500m/-1100m/21,1km
Je commence la journée perdu, malgré le GPS. Des randonneurs m'orientent. Alors que je pense être très en retard sur le topo je constate que je suis dans le tempo. Me voilà au pied du sommet du pays Basque, le majestueux Pic d'Orhy, qui culmine à 2017m.
Le temps est très instable, nuageux, venteux - aucun marcheur dans les environs en cette fin de matinée. Pour arriver au pic il faut d'abord franchir la crête de Millagate et le sommet du Zazpigaï. Il n'y a pas de sentier tracé, il faut "suivre la ligne de palombière", ces petites cabanes rudimentaires utilisées pour tirer les palombes. Le vent est si fort sur les crêtes que j'avance à pas lents, recroquevillé sur mes bâtons. Par chance, à quelques mètres du sommet je passe au dessus des nuages. La vue s'ouvre sur l'ensemble de la chaîne et sur les journées qui m'attendent.
Dans la descente je croise un ancien HRPiste qui me livre quelques conseils utiles pour la suite - gare au lapiaz d'Anaye.
Etape 6 : de l'abri d'Ardané aux cabanes d'Ansabère
16/07/2016
+1600m/-1300m/26,7km
Très grosse journée, avec un départ matinal vers le Port de Bimbaleta (1677m). J'évite la Pierre Saint-Martin par le GR12 côté espagnol, en cours de balisage : je croise deux peintres espagnols équipés de rouge et blanc.
Malgré les alertes du hrpiste du Pic d'Ohry, le manque d'eau dans le lapiaz d'Anaye me fait renoncer à la Table des Trois Rois (2421m). Je me rattrape par une descente de pierrier mémorable. Je passe la soirée avec Mehdi - un randonneur croisé quelques jours plus tôt que j'ai retrouvé par hasard dans le lapiaz - aux cabanes d'Ansabère où nous nous étions donné rendez-vous, le tout autour d'un fromage de brebis exceptionnel acheté à la bergère d'Ansabère.
Etape 7 : des cabanes d'Ansabère à la cabane d'Escuret
17/07/2016
+1150m/-1300m/28km
Après les vallons du pays Basque et les spectaculaires paysages de l'Anie, j'arrive dans le parc national des Pyrénées françaises. Les couleurs changent, l'altitude s'élève. Je vois au loin le pic du midi d'Ossau et le pic d'Arriel, que j'atteindrai respectivement dans un et deux jours. Les promeneurs sont rares. Je croise quelques randonneurs qui grignotent sur les cols. Col de Pau, col de la Cuarde, col de Saoubathou... j'arrive rapidement au lac d'Arlet, époustouflé par les paysages grandioses. La lumière fait vibrer les rochers de granit mauve. On entend en écho la voix d'un jeune berger qui cherche à rassembler ses brebis à l'ombre, alors que le soleil arrive au zénith.
La cabane d'Escuret est occupée par un éleveur de porcs. Il m'indique un coin pour planter ma tente. Un HRPiste septuagénaire est déjà là. Il fait la traversée dans l'autre sens, pour la seconde fois. Je me couche rapidement car je sais que les journées à venir seront intenses.
Etape 8 : de la cabane d'Escuret à la cabane du Caillou de Socques
18/07/2016
+1500m/-1500m/26,2km
Une journée sportive qui commence par le premier ravitaillement de la traversée, au niveau du col frontière du Somport, à Candanchù. A 11h, je me baigne dans le lac del Escalar (2078m), sous le col des Moines. Un gypaète pêche pendant que je me sèche au soleil. Je poursuis mon chemin pour venir au pied du pic du midi d'Ossau. Après le refuge de Pombie, je pousse jusqu'au Caillou de Socques. La cabane est sale et décrépie, bordée par une route fréquentée, mais je n'ai pas d'autre solution. La nuit sera mauvaise.
à suivre...
Dernière modification par labontes (12-02-2019 07:32:42)
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#2 23-09-2018 22:19:34
- laxmimittal
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
bonjour labontes
merci pour le partage.
j'ai commencé à lire ton blog, il est très bien fait;
L.
La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.
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#3 24-09-2018 09:58:55
- tolliv
- Sérénitude
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Euh .. y-a pas les photos !
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#4 24-09-2018 10:26:14
- Magne2
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Bonjour
les photos s'affichent sur mon smartphone ( android ) et pas sur mon ordi ( window )
kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur
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#5 24-09-2018 11:16:48
- Serval
- Carpe diem
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Bonjour
les photos s'affichent sur mon smartphone ( android ) et pas sur mon ordi ( window )
Bonjour,
C'est parce que les photos sont sous le format WebP (fichiers *.webp)
"WebP est un format d'image matricielle développé et mis à disposition du public par Google.
[...]
Chrome (et sa version libre Chromium) a été le premier navigateur Web à supporter nativement le format WebP8, suivi ensuite par Opera9.
Le navigateur Firefox ne soutient pas le format WebP.
Les navigateurs Internet Explorer 11 et Edge n'affichent pas le format WebP."
(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)
Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)
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#6 24-09-2018 12:54:04
- tolliv
- Sérénitude
- Lieu : Toulouse
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
C'est parce que les photos sont sous le format WebP (fichiers *.webp)
Vive le jpeg !
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#7 26-09-2018 21:27:52
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Ah mince pour le format photo. Je vais voir si je peux améliorer ça.
On va tester ça avec la suite :
Etape 9 : de la cabane du Caillou de Socques au refuge Wallon-Marcadeau
19/07/2016
+1650m/-1200m/25km
Je m'échappe de la cauchemardesque cabane du Caillou aux aurores pour faire l'ascension du col d'Arrious (2259m). Le temps est frais mais rapidement ensoleillé. Tout est calme. Je m'arrête au col pour prendre quelques barres de céréales. Pour atteindre le refuge d'Arremoulit je dois traverser le passage d'Orteig, réputé pour sa difficulté. Devant l'obstacle, j'hésite à opter pour un long détour : le site est vertigineux. Le fameux passage est une mince corniche de 60 cm, à flanc de falaise. Je surmonte ma peur en voyant deux randonneurs au-delà du passage.
Je me déplace avec précaution le long de la roche, en m'assurant avec le câble métallique qui équipe la falaise. Après la corniche suit une étroite cheminée de 80 m. Enfin, je peux descendre dans le cirque d'Arremoulit. Le site est d'une beauté saisissante. Je m'arrête au refuge pour prendre un bol de café et du gâteau à la banane. J'enchaîne sur le col du Palas (2517m) et les lacs d'Arriel. Je suis maintenant en haute montagne, comme en témoignent les névés et les quelques randonneurs aguerris que je rencontre.
Après les féériques vallons d'Arriel, je m'engage côté espagnol en direction du refuge de Respomuso, posé en rive d'un immense barrage.
Les sentiers sont davantage fréquentés et le soleil tape dur. Je m'octroie une sieste généreuse à l'ombre d'un pin. La route est encore longue pour arriver au refuge Wallon-Marcadeau où j'ai prévu de dormir. L'après-midi est déjà bien consommée lorsque j'attaque l'ascension du col de la Fache (2664m). Le col est complètement enneigé et à cette heure la montagne est déserte. Il est 17h30 lorsque j'arrive au col. De retour côté français. Le refuge est encore à plusieurs kilomètres, mais je suis en forme. Le temps de dire au-revoir au Balaïtous et je descends en courant au refuge Wallon, pour une première nuit dans un lit.
Ma déception en arrivant sera grande : le refuge est une véritable usine, bondé. Je trouve une place mais je ne suis plus habitué au bruit, ni aux gens. Le lendemain, je partirai tôt.
Cabane du Caillou
Vallon des lacs d'Arriel
Embalse de Respumoso (2121m)
Passage à flanc pour monter au col de la Fache (2664m)
Refuge Wallon-Marcadeau
ça marche les photos ?
Dernière modification par labontes (30-09-2018 20:54:45)
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#8 26-09-2018 22:16:28
- Serval
- Carpe diem
- Lieu : Entre Bilbao et Strasbourg !
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
ça marche les photos ?
Yes !
(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)
Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
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#9 26-09-2018 23:08:21
- tolliv
- Sérénitude
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
ça marche les photos ?
Super, c'est bien mieux avec
"La vie est trop courte pour être petite"
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#10 27-09-2018 12:08:55
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Cool du coup j'ai actualisé mon premier post pour que les photos apparaissent mieux également.
Tout ça nous emmène à l'étape 10 :
Etape 10 : du refuge Wallon-Marcadeau à Gavarnie
20/07/2016
+1350m/-1900m/32,6km
Ce soir je retrouve deux amis à Gavarnie pour poursuivre le périple avec eux. Ils viennent avec un ravitaillement et des piolets pour affronter les séquences les plus aériennes de la traversée. Je sais que la journée sera longue et exigeante. La perspective de les rejoindre dans les conditions prévues est un puissant carburant. Aux premières heures du jour, je gravis énergiquement le vallon de la Gave d'Arratille. Passage du col d'Arratille, puis du col des Mulets, et descente aux refuge des Oulettes de Gaube, face au patron, le Vignemale (3298m), sommet français des Pyrénées.
Après les Oulettes, le temps change brusquement : la pluie s'intensifie alors que je grimpe la Hourquette d'Ossoue, puis c'est la tempête. Pendant 2 heures, je vais lutter contre le froid, la pluie, et le vent, qui manque plusieurs fois de me faire chuter par la violence de ses rafales. Passée la Hourquette (2734m), je réussi à m'abriter dans le refuge Bayssellance. Je m'y repose une heure, le temps de manger et de me réchauffer. Gavarnie n'est plus qu'à quelques heures de descente. Les jambes brûlent un peu. Je réussi à dérouler pour arriver à Gavarnie à 19h. Les amis m'y retrouvent à 20h.
Montée à la fraîche au col d'Arratille
Col d'Arratille
Vers le col des Mulets (une espèce bien connue sur ce forum)
Refuge des Oulettes de Gaube
Le patron, qui culmine à 3298 m
Le Barrage d'Ossoue, après la tempête
Dernière modification par labontes (30-09-2018 20:55:11)
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#11 27-09-2018 16:36:44
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Etape 11 : de Gavarnie à Héas
21/07/2016
+1100m/-900m/20,2km
Après d'heureuses retrouvailles, me voici épaulé par deux nouvelles recrues. Cette journée leur permet de se mettre en jambe. Nous quittons Gavarnie par un temps convenable pour monter au refuge des Espuguettes. Nous descendons dans le cirque d'Estaube, où une vache essaye de mettre bas au milieu de promeneurs indélicats. Au débouché du vallon d'Estaubé se trouve le barrage des Gloriettes. Les touristes sont nombreux. Nous avançons pour passer la nuit dans un petit camping à la chapelle d'Héas.
Cirque de Gavarnie
Refuge des Espuguettes
Vallon d'Estaubé
Lac des Gloriettes
Etape 12 : de Héas à la cabane de Barrosa
22/07/2016
+1400m/-1150m/21,1km
Depuis Héas, après quelques hésitations au regard du mauvais temps, nous partons vers 11h dans le cirque de Troumouse, sous une bruine persistante. La vue est bouchée. Pourtant la montagne est belle ; nous traversons des paysages irréels en slalomant autour de petits laquets embrumés. Nous ne trouverons jamais le fantomatique refuge de Barroude. Sur le port de Barroude (2534m), nous sommes sur une autre planète. C'est une grande étendue de cailloux jaunes, un col dénudé où souffle un vent brutal. Nous descendons à l'aveugle sur une pente gorgée d'eau pour trouver la cabane de Barrosa, sombre mais confortable.
Pas de photos vu les conditions météo !
Etape 13 : de la cabane de Barrosa à la cabane de Sallena
23/07/2016
+1100m/-1000m/22,7km
Nous empruntons le GR11 espagnol qui passe près de Parzan, avec des portions de route et de piste sans grand intérêt. Les amis déroulent en papotant alors que je traîne un peu la patte.
Passage par l'embalse de Urdizeto et descente rythmée depuis le paso de Los Caballos jusqu'à la cabane de Sallena - la cabane aux épinards -, plantée comme son nom l'indique au beau milieu d'un champ d'épinards sauvages.
Déjeuner à l'embalse de Urdizeto
Bivouac à côté de la cabane de Sallena et son champ d'épinards sauvages. La Cabane est un peu trop sommaire, mais le site est superbe.
Etape 14 : de la cabane de Sallena au refuge de Caillauas
24/07/2016
+1450m/-1200m/24km
Après une bonne nuit de sommeil, nous descendons vers le refuge de Viados, pour remonter par le col d'Aygues-Tortes. Nous goûtons quelques difficultés avec plusieurs séquences aériennes complètement hors sentier. Dans le vallon qui suit le paysage a changé, et seuls les vautours nous tiennent compagnie. Nous voilà dans le Val d'Aran espagnol, en Catalogne. C'est ici que la Garonne prend sa source. La progression est bonne, les conditions sont parfaites. Nous arrivons au refuge de Caillauas dans les temps : nous plantons nos tentes à proximité, près d'un vieux bâtiment industriel qui n'a plus que ses murs.
Port d'Aygues-Tortes
Splendide cabane de Pouchergues, état neuf !
Sentier minier qui monte au refuge de Caillauas
Dernière modification par labontes (30-09-2018 20:55:58)
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#12 27-09-2018 16:50:59
- Magne2
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Bonjour
Point de détail mais tu n'est pas en Catalogne ni dans le val d'Aran mais en Aragon cela devrait être pour plus tard
kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur
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#13 27-09-2018 17:51:24
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Bonjour
Point de détail mais tu n'est pas en Catalogne ni dans le val d'Aran mais en Aragon
cela devrait être pour plus tard
En effet ! probablement trop pressé d'y être, pourtant il faudra que j'attende même 2 ans pour finalement y arriver )
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#14 27-09-2018 19:51:51
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Etape 15 : du refuge de Caillauas au Cirque de Rémune
25/07/2016
+1200m/-1000m/16,3km
Sans aucun doute l'étape la plus spectaculaire, la plus physique, la plus technique ! Le secteur des Gourgs-Blancs recèle de nombreuses difficultés : l'altitude (autour de 3000m), la neige, les rochers, la déclivité importante, l'absence de balisage.
Bivouac dans le creux du Cirque de Rémune, avec une fin de journée difficile pour un des amis qui souffre d'une violente périostite. Les efforts des derniers jours ont été éprouvants. Je commence à réfléchir à interrompre la traversée à Bénasque. Après 15 jours de marche, 20 000 mètres de dénivelé et 400 km, je suis à la moitié de la traversée.
Au-dessus du refuge de Caillauas
Arrivée au col des Gourgs-Blancs
L'impression de changer de planète
Pic Gourdon (3034m) et Pic des Spijeoles (3065m) qui surplombent le lac glacé
Le Pic des Gourgs-Blancs (3129m)
Les 3 pics réunis et à gauche le pluviomètre
Descente au lac et au refuge du Portillon pour remonter en face au col frontière de Litérole
Refuge et barrage du Portillon
Du Col de Litérole au Portal de Rémune, pas mal de neige : bien content d'avoir son piolet
Cirque de Rémune
Dernière modification par labontes (30-09-2018 20:56:27)
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#15 29-09-2018 13:42:26
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Etape 16 : du Cirque de Rémune à Bénasque
26/07/2016
+30m/-1200m/20,3km
Ma décision est prise : j'arrête la traversée ce soir avec mes deux comparses. Terminus Bénasque, au pied de l'Aneto, qui domine les Pyrénées de ses 3404m. Je reviendrai ici en partant de Banyuls 2 ans plus tard, pour boucler la traversée.
En descendant vers Hospital de Benasque
Statistiques et profil de la partie 1
Dernière modification par labontes (30-09-2018 20:56:47)
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#16 30-09-2018 17:38:41
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
[edit : supprimé doublon]
Dernière modification par labontes (30-09-2018 19:40:51)
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#17 30-09-2018 17:38:57
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
[edit : précisions sur le matériel]
A la fin de la traversée de Hendaye à Benasque, j'ai su immédiatement que je reviendrai.
Partir de Banyuls pour rejoindre Benasque était une évidence : davantage de progressivité dans l'effort, les paysages les plus spectaculaires à la fin, pas le soleil dans les yeux le matin, davantage de temps laissé à la neige pour fondre...
Pour une question de facilité de transport, j'ai finalement opté pour une arrivée à Bagnères-de-Luchon, le symétrique de Benasque côté français.
Le 15 juillet 2018, deux ans après la partie 1, je pars en binôme avec un équipier affûté, un ami avec lequel j'ai déjà fait des marches au long cours. Nous veillons à optimiser nos sacs respectifs selon la liste mise en début de post. Le point essentiel selon moi passe déjà par le poids du sac lui même : j'ai un Virga 2 à 540g et mon équipier un Osprey autour de 700g. Pour ma part je n'utilise pas de sursac. Certes, le Virga 2 prends un peu l'eau, mais il sèche vite. Tout le contenu est à l'abri dans un sac poubelle à l'intérieur.
Pour les vêtements j'ai un change minimaliste : un boxer décat' sans coutures. Je fais mes lessives avec du savon de Marseille dès que j'en ai l'occasion. Le savon peut aussi servir pour la vaisselle, même si un bon rinçage à l'eau claire suffit la plupart du temps.
Concernant les repas, c'est pain de mie complet/céréales avec fromage et charcuterie le midi et semoule/soupe le soir. Le combo semoule et soupe et idéal pour son rapport calories/poids et nécessite peu de gaz : je fais bouillir l'eau, puis j'éteins le gaz et mélange directement la soupe et la semoule, laissez reposer 10 minutes, c'est prêt !
Je n'ai pas encore passé le pas du tarp, même si j'y pense. J'apprécie quand même le confort et la sécurité d'une tente fermée. Ma ferrino lightent garde un poids acceptable (1,4 kg selon le constructeur, plutôt 1,7kg sur ma balance).
La pharmacie pèse 200g, avec couverture de survie, médicaments pour le mal de tête, le mal de ventre, les allergies, pansements et désinfectant. Nous n'aurons besoin que d'un peu de désinfectant pour de menues éraflures.
Etape 1 : de Banyuls au Col de l'Orry
15/07/2018
+1300m/-350m/17,9km
Le soleil est avec nous pour le départ de cette deuxième demi-traversée ; le sentier est commun avec le GR10 sur cette première étape. Après avoir franchi le Pic Sailfort (981m) et le Pic des 4 Termes (1156m), nous arrivons au col à 15h30. Notre préoccupation : y-aura-t-il du réseau pour regarder la finale de la Coupe du Monde ?
Des conditions idéales pour (re)démarrer
Etape 2 : du Col de l'Orry à Las Illas
16/07/2018
+750m/-1300m/30,5km
Le réveil sonne à 6h30, mais en sortant de la tente, surprise ! Mon équipier constate que son sac a disparu !!! Il avait été soigneusement mis dans un sac en plastique à côté de la tente pour limiter l'encombrement. Plus de sac, cela veut dire plus de traversée, la fin de l'aventure moins de 24h après l'avoir débutée...
Je soupçonne assez rapidement un renard de nous avoir joué ce mauvais tour. Ils sont coutumiers du fait et la nourriture était restée dans le sac. Dans ce cas l'animal n'a pas pu traîner l'objet du délit bien loin. Après une petite dizaine de minutes, je retrouve le sac lacéré 150m en contrebas, caché derrière un arbre. La bête s'en ait donné à coeur joie : la poche principale est éventrée, une bretelle est sectionnée et quasiment toute la nourriture engloutie, de la charcuterie aux barres de céréales. Nous retrouvons le contenu du sac éparpillé dans la pente. Le goupil n'a gardé qu'une paire de lunettes de soleil.
Si vous voyez un jour un renard avec des lunettes de soleil, il y a des chances que cela soit notre coupable !
Même si le sac flambant neuf a maintenant piètre allure, il tiendra toutes les étapes avec un peu de bricolage.
Cette mésaventure à part, la journée se déroule sans encombre. Nous gravissons le Pic Neulos (1256m) avant de redescendre sur le chalet des Albères situé au Col de l'Ouillat (936m) où nous dégustons une crêpe pour nous remonter le moral.
Le chemin vers le Perthus passe par un sentier de bonne qualité : c'est une innovation récente appréciable, le GR10 ayant été fraîchement rebalisé. Il y a 10 ans la route goudronnée était incontournable pour aller à la ville-frontière, rendant l'expérience particulièrement désagréable.
Après le Perthus, nous passons le fort de Bellegarde et découvrons les splendides forêts du Vallespir, qui nous conduisent à Las Illas. Le hameau a eu l'excellente initiative d'aménager une aire de bivouac gratuite avec barbecue, douche, sanitaire, tables. Nous croisons nos premiers HRPistes, un ancien à la buvette du village où nous prenons une bière, et un qui arrive d'Hendaye sur l'aire de bivouac. Le genre solitaire, qui a fait durant sa traversée les ascensions du Grand Vignemale (3298m) et de l'Aneto (3404m), avec de la neige "jusqu'à la taille" !
Le lieu du crime au Col de l'Orry
Etape 3 : de Las Illas à Amélie-les-Bains
17/07/2018
+1050m/-1300m/22,1km
La HRP quitte le GR10 pour emprunter un parcours typique de la traversée : une crête frontière orientée est-ouest, parfaite pour progresser efficacement. Nous arrivons au Roc de France (1450m) : sublime point de vue, notamment sur le pic du Canigou.
La descente du Roc de France est assez technique, dans des forêts et non balisée. Nous progressons beaucoup en hors sentier grâce au GPS et parfois sur des terrains privés et sur d'anciennes portions du GR10 aujourd'hui abandonnées. A midi nous atteignons un charmant petit hameau de 3 ou 4 maisons perchées sur un éperon : Montalba d'Amélie. Assez éprouvés par la descente, nous déjeunons face à Montalba où il y a de l'eau et de l'ombre.
Après une sieste réparatrice, nous filons vers Amélie pour y être tôt et ravitailler dans de bonnes conditions. C'est une jolie ville thermale un peu désuète que nous atteignons à 16h30 : après le ravitaillement, direction le camping, qui est légèrement excentré.
Roc de France
Montalba d'Amélie
Etape 4 : d'Amélie-les-Bains à la Cabane des Cortalets
18/07/2018
+2050m/-300m/34,8km
La matinée est composée de plusieurs pistes forestières, qui serpentent entre d'anciennes mines de fer.
Amélie est à 210m d'altitude et notre étape prévoit initialement une arrivée au refuge de Batère situé à 1470m. La montée s'effectue par paliers. Nous quittons la cité thermale par un de ses quartiers dénommé "Héliopolis".
Entre les pistes nous coupons parfois par des portions de hors-sentier. Certaines séquences sont délicates, avec une végétation touffue qui ralentit notre ascension. Nous passons le col de la Redoute (875m), puis le col de Formentère (1133m) pour arriver à la tour de Batère (1400m). Cette petite tour à signaux du XIVe siècle domine le Haut-Vallespir.
Nous déjeunons finalement au refuge de Batère, un ancien bâtiment minier partiellement réhabilité. Quelques personnes sont assises en terrasse, randonneurs ou promeneurs, le refuge étant accessible par la route. Nous accompagnons nos sandwichs d'une généreuse planche de charcuterie et de quelques bières bien fraîches.
Comme il est tôt, nous étudions les possibilités de conserver notre avance en prolongeant l'étape. Notre topo prévoit un passage sur les crêtes de la Serra del Roc Nègre, où il y a peu d'endroits pour bivouaquer et peu de points d'eau. Il semble cependant possible d'atteindre les Gourgs de Cady assez rapidement depuis les crêtes, ce qui permet d'éviter un important détour par le pic du Canigou.
Alors que nous nous apprêtons à partir sur les crêtes, le gérant s'enquiert de notre programme. Il bondit en nous conjurant de ne pas nous y rendre : les nuages s'y amoncellent déjà et le risque d'orage est fort. Si l'itinéraire est simple par beau temps, il peut virer au cauchemar par de mauvaises conditions.
Le jeune homme nous conseille alors une alternative intéressante par "la carnisseria" (boucherie en catalan). Au niveau de ce lieu-dit facile d'accès par le GR10 il est possible de bivouaquer, avec de l'eau, pour emprunter le lendemain un chemin de berger (absent de nos cartes) permettant de rejoindre notre itinéraire de crête. Un peu déçus d'amender l'itinéraire mais convaincus par les arguments du gérant, nous partons pour la "carnisseria".
Le chemin est "roulant" après le refuge de Batère, même si l'ascension du col de la Cirère (1731m) tire un peu après les bières du midi. Nous franchissons plusieurs petits cours d'eau avant d'arriver à la fameuse "carnisseria". Là, nous trouvons un site humide, quasiment sous un torrent ; le relief laisse à peine un ou deux espaces dans lesquels on pourrait imaginer coincer la tente.
Nous avons marché plusieurs heures depuis le refuge, sans faire de sieste vu le temps menaçant. L'épuisement nous guette. Impossible de distinguer un quelconque chemin de berger dans la pente raide et encombrée de rocs et d'herbes hautes. Nous n'avons guère le choix, il va falloir avancer sur le GR pour trouver un bivouac digne de ce nom. Cela nous conduit droit au détour redouté, par le Canigou.
Heureusement la fin de journée sera illuminée par la découverte inattendue d'une petite cabane en parfait état, située sous le Ras dels Cortalets, qui nous permet d'éviter la foule du chalet des Cortalets situé un peu plus haut. Le lieu est idyllique, inutile de monter la tente ce soir ; tant mieux car il est déjà 19h passé. Avec plus de 2000 m de dénivelé positif et près de 35 km, cette étape appelle un repos largement mérité !
Tour de Batère
Refuge de Batère
Cabanes des Cortalets (ancien et nouveau modèle)
Dernière modification par labontes (30-09-2018 19:41:58)
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#18 30-09-2018 20:49:56
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Etape 5 : de la Cabane des Cortalets aux Clots
19/07/2018
+1350m/-1400m/28,5km
Après une excellente nuit dans la cabane située à 2000m, nous partons à 6h, au lever du jour, pour grimper le pic du Canigou (2784m), sommet catalan emblématique des Pyrénées Orientales. Nous croisons quelques isards - des chamois des Pyrénées - sur le sentier. Cette montée à la fraîche et par beau temps est vraiment agréable. Nous ne croisons presque personne avant d'atteindre le sommet à 8h00, où sont présents une jeune espagnole et deux randonneurs germaniques. Si la montée par l'arête nord ne présente aucune difficulté, la descente dans la combe sud passe par une vertigineuse cheminée, que nous franchissons avec prudence.
Nous laissons la porteille de Valmanya (2591m) sur notre gauche pour nous diriger vers les Gourgs de Cady afin de récupérer le chemin de crête que nous visions depuis Batère. La porteille qui permet d'accéder aux crêtes est particulièrement raide et barrée d'un petit névé que nous évitons. Nous débouchons sous le Puig dels Tres Vents et prenons les crêtes vers le Puig Roja (2724m). Les conditions sont bonnes, mais les crêtes ne sont pas balisées et sont très raides, certains versants sont clairement impraticables. Nous progressons lentement sur la ligne de crête. Je suis autant que possible les cairns épisodiques, mais la crête est très accidentée : il faut parfois la contourner par la gauche, d'autres fois par la droite. Lors d'un contournement à flanc nous nous engageons dans une combe menaçante sur un terrain friable, sans trouver d'itinéraire satisfaisant.
Il nous faudra tâtonner pendant plus de vingt longues minutes avant de retrouver notre chemin sur la ligne de crête. Ces minutes seront particulièrement éprouvantes, même si la suite du parcours de crêtes se fera sans autre difficulté, avec le franchissement du Pic des Sept Hommes (2661m) et du Roc de l'Aigle.
Lors du déjeuner à l'abri du Pla Guilhem, le moral est un peu atteint : nous manquons d'eau et avons pris pas mal de retard. Sans eau, il est de plus hasardeux de poursuivre l'itinéraire de crête. Atteindre le refuge le plus proche, Mariailles, nécessite de s'écarter de l'itinéraire et de perdre alors une journée complète. Nous étions pourtant en avance, jusqu'à ce que le gérant de Batère nous envoie à la boucherie ! Alors que nous nous sommes résolus à gagner Mariailles, je rêvasse devant la carte du topo de VERON. C'est alors que j'identifie une piste que je n'avais pas vue jusqu'ici, qui tire droit vers l'ouest, évite les crêtes et débouche sur des cabanes et de l'eau. C'est inespéré pour limiter notre retard, même si c'est deux fois plus loin que Mariailles.
Nous trouvons finalement une fontaine très discrète en quittant l'immensité du Pla Guilhem. Nous n'arrivons aux Clots qu'à 19h30, une des cabanes visées, la cabane Da Silva, est privatisée en mode rosé-barbecue et il a fallu prolonger hors sentier, sans trace GPS, par un chemin de berger peu emprunté.
Nous plantons la tente à côté d'un abri du néolithique, à proximité d'une source. Nous sommes éreintés ; mon équipier renverse la popote avec le repas du soir à l'intérieur. Heureusement, il nous reste encore de quoi faire un repas. Vu les circonstances, je propose que la journée du lendemain soit consacrée à la récupération en assumant un jour de retard sur le programme.
Départ aux aurores
Le pic
La cheminée de descente
Crête des 7 hommes
Le Pla Guilhem
Etape 6 : des Clots au Refuge Ulldeter
20/07/2018
+700/-400m/11,7km
Aujourd’hui, c'est récupération ! Lever à 9h pour un départ tranquille vers 10h. La montée dans le vallon des Conques n'est pas balisée et mon GPS ne dispose pas d'information : c'est donc un excellent exercice d'orientation en montagne, avec l'aide parcimonieuse de quelques cairns.
Nous croisons plusieurs troupeaux de chevaux et de vaches dans le vallon en montant à la porteille de Rotja. Le marbre des crêtes est sublime. Nous suivons les crêtes jusqu'à la station de ski Vall Ter, rapidement dépassée en feintant par le GR11 espagnol, puis nous atteignons Ulldeter peu après 15h : bières, lessive, douche et dîner au refuge pour bien récupérer !
Vallon de la Rotja
Montée à la porteille de la Rotja
Refuge Ulldeter
Etape 7 : du Refuge Ulldeter à Bolquère
21/07/2018
+1000m/-1650m/26,5km
Nous quittons le refuge au lever de soleil, avec un départ à 6h. Maintenant que nous sommes bien reposés, nous pouvons envisager de rattraper notre étape de retard - même si la beauté du Canigou a presque réussi à nous la faire oublier. S'ouvre alors une journée incroyable, avec la rencontre d'une centaine d'isards, des crêtes splendides, l'ascension épique du Pic de Noufonts (2861m) par un vent froid et puissant, pour finir par un ravitaillement au poil à la boucherie de Bolquère, avant de dîner à l'hôtel Lassus, merveilleusement accueillis par les gérants.
Quelques chamois sous les premiers rayons de soleil
Sur les crêtes de Noufonts
Arrivée à Bolquère (1600m)
Etape 8 : de Bolquère à l'Hospitalet-près-l'Andorre
22/07/2018
+1800m/-1300m/31,7km
Nous prenons confortablement notre petit déjeuner à 5h du matin à l'hôtel pour attaquer une journée gargantuesque : montée aux lacs des Bouillouses en passant par Font-Romeu, ascension du pic Carlit (2921m), le sommet des Pyrénées Orientales, puis descente vers l'Hospitalet pour terminer la 8e étape dans les temps prévus par notre topo.
Les derniers mètres pour accéder au sommet du Carlit sont vertigineux et demandent la plus grande attention : les mains sont souvent nécessaires pour franchir des passages rocheux mal balisés malgré la fréquentation importante.
Refuge des Bouillouses
Lacs des Bouillouses
Sommet du Pic Carlit, dont la croix sommitale a parait-il été volée
la suite bientôt !
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#19 07-10-2018 17:25:51
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Etape 9 : de l'Hospitalet à la Cabane de Garsan
23/07/2018
+1200m/-1400m/23,8km
Nous avons bivouaqué dans la Coma d'en Garcia, un peu au-dessus de l'Hospitalet, à environ 1h de marche (5km et 700m de dénivelé négatif). Nous partons un peu après 8h et prenons un deuxième petit déjeuner à l'Hospitalet (1436m) où nous croisons un "Transpyr". Ce randonneur nous apprend l'existence d'un topo-guide éponyme paru en 2012 et écrit par l'héritier de Georges VERON, Jérôme BONNEAUX, qui décrit la traversée est-ouest des Pyrénées par la haute route : précisément notre itinéraire.
Nous enchaînons par une montée magnifique dans le Val d'Argues, au-dessus de l'Hospitalet. Je n'ai jamais vu autant de fleurs de montagne différentes dans une ascension : toutes les couleurs et tous les styles semblent représentés. Le bas du vallon est fréquenté, mais une fois passée la Couillade de Pédourrès (2251m), nous sommes seuls au monde, et les paysages rivalisent de beauté. Nous finissons cette journée splendide, rythmée par les lacs et les pierriers de granit, en empruntant une variante personelle par le Val d'Aston, sous le refuge du Ruhle.
Le Val d'Argues
Coume de l'Estanyol
Val d'Aston
Etape 10 : de la Cabane de Garsan à la Cabane de Rialb
24/07/2018
+1150m/-1050m/17,1km
Peut-être est-ce l'étape la plus difficile de cette deuxième partie de traversée. En partie parce que celle-ci est hors "Véron", en variante personnelle. L'ensemble de la journée se déroule en "freeride" : pas de balisage, des passages très techniques de pierriers, de blocs, de névés, des cols aux pentes sévères. Le plus éprouvant pour moi sera de maintenir la concentration pour nous orienter efficacement. Même si le GPS est d'une grande utilité, il permet avant tout de donner la direction générale, mais il n'indique pas les passages praticables sur les pentes sauvages de l'Ariège.
Nous commençons la journée en remontant la Coume de Varilhes, en cherchant à plusieurs reprises à passer le torrent. Je manquerai de me faire emporter lors d'une tentative infructueuse. La montée au premier col (2350m) est incroyablement raide. La pente est herbeuse et glissante. Nous trouverons un petit troupeau de brebis en train de paître tranquillement dans le goulot final de l'ascension. Nous aboutissons dans la Coume d'Ose et aperçevons le Col de l'Homme Mort (2520m), notre prochaine étape, dont le nom évocateur ne laisse pas indifférent. Le topo indique une traversée à flanc, mais il ne semble y avoir que des barres rocheuses à pic, peut-être serait-il plus prudent de descendre en fond de vallée pour remonter au col.
Je pense pourtant distinguer un passage dans la rocaille... Même si le passage n'est que très vaguement cairné, nous nous décidons finalement pour le passage à flanc. La pente est impressionnante et le terrain délicat : nous progressons prudemment mais à un rythme qui reste satisfaisant. Après avoir franchi plusieurs pierriers et feinté des barres rocheuses aériennes, parfois par le chat d'une aiguille, nous arrivons sous le col de l'Homme Mort. Nous y retrouvons un couple de randonneurs, équipés à dessein en piolets et crampons, car le col est barré d'un imposant névé en travers de la pente.
Le couple semble hésiter sur le passage à emprunter. L'homme a opté pour une montée à gauche du névé, dans de la pierraille glissante où il progresse avec peine. Sa femme nous demande par où nous pensons passer. Nous choisissons de tenter notre chance par la droite, où le terrain est plus terreux, probablement plus stable. Peut-être pourrons-nous atteindre le col sans passer dans la neige en nous frayant un passage le long de l'arête rocheuse qui borde le névé. Malheureusement le passage est trop étroit. Malgré l'absence de crampons c'est donc parti pour une traversée du névé, d'abord de droite à gauche, à flanc, puis de gauche à droite, en coupant la pente sur sa diagonale. Une fois en haut nous retrouvons un passage à flanc qui nous conduit sur un éperon qui s'aplanit.
Nous nous installons pour déjeuner dans du gispet, ces herbes hautes et piquantes caractéristiques des Pyrénées. A peine le repas commencé, le ciel se charge de nuages et nous entendons tonner au loin. Pas de sieste aujourd'hui : mieux vaut avancer plutôt que de risquer l'orage. Las ! Peu après nous sentons les premières gouttes et l'orage se rapprocher.
Il nous faut une bonne heure pour atteindre le port de Banyell (2500m) où nous prenons une grêle nourrie et quelques flashs d'éclairs. Je repère sur le GPS une cabane 500 mètres en contrebas, versant andorran. Nous renonçons à notre itinéraire, qui restait sur le versant français en passant par la crête d'Arial pour aller à l'étang du Rouch puis au refuge de l'étang Fourcat. L'urgence est de se mettre à l'abri.
Marmottes de la Coume de Varilhes
Barres rocheuses de la Coume d'Ose et vue sur le col de l'Homme mort et son névé
Etape 11 : de la Cabane de Rialb à l'Artigue
25/07/2018
+1300m/-2100m/28,1km
Cette 11e journée s'annonçait particulièrement relevée, avec le passage du port de l'Albeille (2601m) pour atteindre le refuge de l'étang Fourcat, passage réputé très technique. Nous quittons la cabane de Rialb à 6h pour remonter la vallée jusqu'à la porteille. Nous prolongeons par un itinéraire de berger à flanc puis nous retrouvons l'itinéraire de la HRP juste avant la station de ski Ordino-Arcalis. C'est là que nous croisons, surprise, notre Transpyr. Il nous prévient que le port de l'Albeille est infranchissable sans équipement : 3 HRPistes ont dû faire demi-tour hier. Il compte essayer de passer par le col de Tristaina (2682m), voisin, sur lequel les 3 HRPistes ont aussi buté. Voilà de bien mauvaises nouvelles. Si nous voulons assurer notre progression et rattraper notre retard, le risque est trop grand.
Nous trouvons un itinéraire bis par le port de Creussans (2622m) et la vallée de Soulcem. Le choix est frustrant, car il nous prive d'une belle étape, remplacée par des pistes et des routes fréquentées, même si les paysages restent spectaculaires.
Vallée de Soulcem
Etape 12 : de l'Artigue au Refuge de Certascan
26/07/2018
+1600m/-550m/15,9km
La journée commence par une splendide montée de 1300m au port de l'Artigue. Un ancien HRPiste d'une soixantaine d'année qui a passé la nuit au bivouac à côté de nous est venu au matin pour connaître notre itinéraire. Quel bonheur de voir le simple plaisir qu'il avait à se remémorer son périple fait 3 ans auparavant. Il nous a souhaité, comme c'est l'usage, une "belle bambée".
C'est une étape 100% plaisir : paysages incroyables, baignade, isards, refuge imprenable atteint à 16h15 en toute fluidité - presque personne sur les sentiers. Comme nous n'avons pas réservé le refuge, nous avons un petit suspense pour savoir s'il reste de la place. Heureusement, le dortoir est grand (40 places) : ce sera donc la complète avec bière, douche, lessive, dîner, petit-déjeuner et deux picnics par personne car nous sommes un peu juste niveau ravitaillement - nous pensions pouvoir dîner à Mounicou, avant l'Artigue, mais le gîte était complet et ne servait pas à manger.
Au dîner nous discutons avec 3 HRPistes à notre table : un classique qui vient de Hendaye et 2 transpyrs qui viennent de Banyuls comme nous ; c'est un impressionnant couple de britanniques qui doit avoir dans les 70 ans, que nous avions dépassé dans la journée. De sacrés montagnards qui inspirent le respect, vu les passages techniques déjà franchis ! Nous échangeons sur les difficultés du parcours et nos progressions respectives : notre 12e étape est la 17e des anglais et il en reste 14 à notre HRPiste français, qui semble douter de la réalité de notre timing. Ce dernier nous alerte d'une difficulté notable au col de Molières, où un névé imposant rend la partie finale de l'ascension délicate.
Après le détour du Canigou et le contournement de l'étang Fourcat, hors de question de varier d'itinéraire alors que nous sommes parfaitement dans les temps. Nous savons déjà que nous jugerons par nous-même cette difficulté dans 3 ou 4 jours.
Arrivée au Port de l'Artigue (2480m)
Le superbe refuge de Certascan, perché dans la roche
Hors ligne
#20 13-10-2018 20:21:31
- labontes
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Jour 13 : du Refuge de Certascan à Isil
27/07/2018
+1050m/-2100m/31,7km
Nous quittons le refuge à 6h30, après un excellent petit-déjeuner, bien copieux : fromage et charcuterie de la montagne, café, pain, confiture, madeleines, jus de fruit. Nous rattrapons vite le couple d'anglais parti un peu avant. La beauté des montagnes est presque irréelle avec la lumière du soleil levant. Nous arrivons rapidement au col de Certascan (2605m) pour entamer une belle et longue descente au Hameau de Noarre (1600m). Nous montons ensuite un sentier spendide et pentu, qui suit le torrent de la Rotja de Mollas quand il ne passe pas dedans, avec quelques sections d'escalade amusantes.
Nous atteignons l'abri Mont-roig Enric Pujols peu après midi, où nous decidons de déjeuner puis de faire une bonne sieste sur les confortables matelas. L'abri se présente comme une boîte de conserve solidement amarrée à un rocher à 2280 mètres d'altitude, sous le Mont Rouch (2847m). Suit une incroyable succession d'étangs pour atteindre le col de Calberante (2610m), puis les cols de Curios et de la Cornella. Nous sommes encore juste en matière de ravitaillement : il nous reste un picnic pour demain midi mais plus de repas pour ce soir et le ravitaillement est prévu à Salardu demain soir.
Nous avons repéré des restaurants grâce à internet au village d'Isil, un peu en dehors de la HRP, à 4 km au sud d'Alos d'Isil. Cela nous conduit à réaliser une très grosse étape qui se conclue par 10 km sur route. Heureusement le village tient toutes ses promesses : c'est l'orgie de fromage, de charcuterie, de grillades et bien sûr, de bières. Nous camperons sur un petit terrain privé à la sortie du village en montant la tente de nuit !
lac de Certascan
Arrivée au hameau de Noarre
Abri Enric Pujols
Tout le confort moderne
Etangs de la Gallina depuis le col de Calberant (2608m)
Etape 14 : d'Isil à Salardu
28/07/2018
+1600m/-1550m/22,3km
La journée commence par une drôle de surprise. Nous avions bien remarqué la veille que de nombreux fanions jalonnaient notre itinéraire. Nous pensions que c'était peut-être lié à un groupe de scouts qui avait fait halte au refuge de Certascan - dans un capharnaüm infernal, empilés les uns sur les autres, croquant à pleines dents les saucissons qu'ils ne prenaient pas la peine de découper, se promenant à moitié nus... Mais vu l'ampleur géographique des fanions il s'agissait plus certainement d'une course en montagne. Hypothèse qui se vérifie ce matin : alors que nous montons au col d'Airoto, nous sommes à contre-courant d'une course de trail assez relevée (parcours de 50 ou de 100 km). Contraints de nous déporter régulièrement sur le côté pour laisser passer les concurrents !
Le refuge d'Airoto (2200m) est un bel abri orange en forme de tente canadienne, très bien aménagé. Il a été transformé en point de ravitaillement pour la course de trail. Nous y faisons une pause avant de reprendre notre ascension pour le col. Mais au lieu d'emprunter le chemin direct au sud du lac, je me trompe d'itinéraire et nous emmène à l'opposé, au col del Clot de Moredo (2420m). Et au pas de course, dans une ascension qui marie passage sauvage dans les blocs granitiques et lacets. C'est au col que je m'aperçois de mon erreur : nous avons rejoint la trace GPS qui partait d'Alos d'Isil. Ce n'est qu'un léger détour en distance, mais sur un terrain beaucoup plus compliqué : pour rejoindre le col d'Airoto (2500m) il nous faut à présent traverser à flanc un gigantesque pierrier sur 2 km, sans balisage ni cairn. Les blocs de granit sont gigantesques et les dalles souvent instables. La traversée est un peu scabreuse : il faut sans cesse éviter des passages trop pentus ou contourner des blocs trop grands, tout en gardant le cap vers le pied du col.
L'effort durera une bonne heure. C'est la plus éprouvante session de blocs que nous ayons réalisée. Grosse intensité ! Les 100 mètres de montée au col d'Airoto sont également dépourvus de tout balisage. Nous retrouvons une déclivité exceptionnelle qui nous rappelle la Coume de Varilhes. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous attaquons droit dans la pente. Le franchissement des derniers mètres demande de contourner une petite paroi rocheuse qui bloque la goulotte d'accès au col. Nous enchaînons avec l'ascension du Tuc de Marimanha (2660m) par un chemin de crête qui offre une vue unique sur le massif des Encantats au sud et sur le Mont Valier au nord. Une fois arrivés au sommet du Tuc, la descente s'avère très technique dans un couloir herbeux et vertical pour atteindre les étangs de Bacivère avant d'entrer dans le Val d'Aran. Nous passons ensuite la station de ski de Baqueira Beret, depuis laquelle nous descendons à Salardu (1260m) par un agréable sentier en balcon.
Nous trouvons un accueil excellent au Refugi Rosta au coeur de ce village animé. C'est notre dernier ravitaillement et nous faisons bombance en dégustant des plats étonnants et délicieux tels que les gambas aux pois chiches ou les pieds de porc grillés.
Refuge d'Airoto
Etang d'Airoto depuis le col del Clot de Moredo (2420m)
Etang et Serrat des Plans depuis le Tuc deth Rosari de Bacivèr (2600m)
Crête d'accès au Tuc de Marimanha
Etape 15 : de Salardu à l'Abri de Molières
29/07/2018
+1850m/-800m/26,9km
Cette avant-dernière étape s'annonce relativement facile, malgré un dénivelé important. La journée débute par 10 km de piste et de route (surtout de route) pour atteindre Pontet de Rius, juste en-dessous du refuge de la Restanca. Nous grimpons à bon rythme jusqu'au lac de Rius où je discute avec quelques traileurs intéressés par notre "bambée". Une fois passé le lac et le port de Rius (2320m), nous traçons généreusement dans la descente du Vall de Conangles vers Hospitau de Vielha (1626m). Les laçets s'enchaînent en courant, même si la fatigue accumulée se fait sentir.
Nous faisons une bonne pause avant de monter à l'abri de Molières. C'est presque une réplique de l'abri Pujols. Il est occupé par une colonie d'ados espagnols encadrés "à la dure", qui nous font une place en se serrant à deux par couchette.
Abri de Molières
Etape 16 : de l'Abri de Molières à Bagnère-de-Luchon
30/07/2018
+1200m/-2850m/33,8km
Nous avions prévu un lever à 3h30 pour voir le lever de soleil depuis le Tuc de Molières (3010m). Mais je n'entends pas mon réveil. Par chance, j'ouvre les yeux à 4h20 ; à 4h30 nous sommes prêts à partir. Il fait nuit noire. L'orientation est une gageure avec la frontale qui éclaire à 2 mètres à peine et l'absence de sentier marqué. Je navigue au mieux en croisant les informations du GPS et en gérant les obstacles qui jalonnent notre parcours nocturne. Quelques passages d'escalade complètent les difficultés, mais nous progressons plutôt bien. Nous n'arriverons cependant pas à temps au Tuc. Nous assistons au lever du Soleil sur le val de Molières depuis une petite terrasse située à 2800 mètres d'altitude. Nous y préparons le petit déjeuner pendant que le soleil se lève, il est 6h30.
Nous comprenons en arrivant sous le col pourquoi le HRPiste de Certascan nous avait alerté. Le seul accès possible passe par un névé sacrément raide, encore un peu gelé à cette heure, même si le soleil vient en renfort. Le passage de quelques mètres est assez plat mais il y a d'un côté le vide et de l'autre une crevasse qui longe la paroi. Le genre de petit passage qui ne laisse pas beaucoup de place à l'erreur - crampons et piolets n'auraient pas été superflus ici. C'est donc sur le sommet d'un étroit mur de neige que nous avançons lentement. Une fois l'obstacle passé, quelques mouvements d'escalade sont nécessaires pour atteindre le col (2928m).
Nous enchaînons avec le Tuc de Molières (3010m), sommet de notre traversée, qui fait face au sommet des Pyrénées, l'Aneto et ses 3404 mètres. Il est 8h du matin et cette dernière journée commence comme une apothéose, avec un temps splendide et une vue extraordinaire sur les Pyrénées. La descente s'opère sur de grandes plaques de pierre légèrement arrondies et divisées par de petits ruisseaux. Après un premier verrou nous passons un nouveau névé assez pentu mais suffisamment ramolli pour ne pas présenter de problème. Nous croisons un HRPiste britannique peu après le névé. Garçon flegmatique d'une trentaine d'années, il est équipé léger mais complet, avec crampons et piolets. Il a gravi l'Aneto la veille où il a manqué de dévisser à cause d'un grimpeur qui a glissé sur lui. Les passages les plus durs et les plus enneigés sont derrière lui, même si c'est une jolie bambée qui l'attend encore.
Un second verrou doit nous permettre d'accéder au Plan dels Aigualluts (2050m), mais il est justement verrouillé par un troupeau de vaches. Le passage étant étroit nous patientons... jusqu'à perdre patience : elles sont trop nombreuses et glissent dans la montée boueuse. Nous profitons de l'hésitation de l'une d'elle pour couper par un petit passage rocheux. Il y a de plus en plus de monde : des groupes, des familles, des traileurs, des promeneurs. Ils viennent admirer les splendeurs du parc naturel des Posets-Maladeta, au pied de l'Aneto d'où jaillissent d'impressionantes cascades. Nous déjeunons au plan d'Estan (1850m) où la cabane de la Besurta vend rafraichissements et spécialités locales. Nous prenons une bière et du pain frotté à l'ail et à la tomate avec du jambon de pays. Nous repartons pour faire une bonne sieste sous de grands pins. Une fois reposés, nous attaquons notre dernière montée, qui mène au col frontière du Port de Benasque (2444m).
La descente depuis le Port de Benasque nous donne encore de belles émotions, avec la successions des boums (lacs) de Vénasque aux couleurs magnifiques et d'une transparence cristalline. Nous faisons halte au refuge de Vénasque (2239m), idéalement placé près des boums. Le refuge a été complété par des barnums de façon un peu anarchique. Je résiste à prendre un café et des gâteaux ; nous nous contentons d'un plein d'eau et d'une barre de céréales. Il reste pas mal de chemin pour atteindre notre point d'arrivée, Bagnères-de-Luchon (630m) : précisément 14 km et 1600 mètres de dénivelé et il est déjà 16h30. Nous ne laissons aucune chance à la descente en lacet qui conduit à l'Hospice de France (1380m) en l'effectuant au pas de course à la vitesse de 1200 m/h. La suite sera plus laborieuse, avec une succession de routes forestière et de départementales pour arriver à destination à 19h15.
Panorama sur le Val de Molières et le Tuc de la Tallada (2956m)
Tuc de Montanero
Aneto depuis le Tuc de Molières
Boums de Venasque
Hospice de France
Cette deuxième partie de la traversée a été parcourue sur les bases de la première, avec 25 km par jour en moyenne pour 7 heures de marche. Le profil est cependant un peu plus relevé : plus alpin, plus haut, plus technique. Il est clair que les Pyrénées Orientales, en restant faciles, demandent plus d'engagement que leur cousine du Pays Basque et même du début des Pyrénées Atlantiques.
En 16 jours, nous avons donc totalisé un dénivelé positif cumulé de 21 000 mètres, avec la moitié des nuits en bivouac et les autres en cabanes/refuges... Le poids du sac a été bien sûr déterminant pour conserver le rythme. Le Virga 2 a montré des faiblesses après ces 16 jours, avec une petite déchirure sous une bretelle, mais cela reste léger vu le niveau de sollicitation. La clémence des conditions météos n'a pas trop mis le reste du matériel à l'épreuve, ou l'absence de matériel. Je n'avais par exemple pas pris de sursac. Si je devais optimiser davantage, je pourrais passer de la tente au tarp et opter pour un réchaud plus fruste. Mais le fait d'avoir pu marcher en autonomie en restant sous les 10kg permet déjà un grand confort. Parmi tous les randonneurs croisés très peu voyageaient léger : les montagnards à convertir sont encore nombreux ! Je n'ai guère croisé qu'un adepte en 2016, avec un sac de moins de 7kg et un tarp ultra-léger qui m'a bluffé.
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#21 29-10-2018 13:10:12
- Hervé27
- éMULe
- Lieu : Normandie
- Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Bonjour Labontes,
Je ne lis ton dernier post qu’aujourd’hui : un régal !
À une semaine près on se croisait à Molieres : à la descente du col je n’étais pas fier sur la fragile crête de neige entre la rimaye côté rocher et la pente, et mon piolet ne suffisait pas à me rassurer ... Mon itinéraire par la suite a été plus simple que le tien, c’était la dernière véritable difficulté.
J’ai bien rigolé de ton passage à Airoto, car dans l’autre sens j’ai fait l’erreur inverse : commencer à descendre vers Isil alors que je visais Alos d’Isil par le Clot Del Moredo ...
Depuis Airoto vers le Rosaire c’est de toute façon paumatoire, même sans erreur d’itinéraire : chemin invisible, pas/peu de cairns ...
Je réalise qu’en mode solo j’ai beaucoup limité les hors sentiers (et les tracés improbables...) et ce faisant la prise de risques. À te lire Je vois que je me suis sans doute privé de bien des plaisirs ...
Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade
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#22 29-10-2018 13:25:31
- Balipit
- Membre
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
En language du sud chamois = isard
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#23 29-10-2018 16:13:53
- zorey
- HRP addict
- Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
- Inscription : 07-06-2011
Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
En language du sud chamois = isard
N'importe quoi !
La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.
Ourson Power
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#24 29-10-2018 16:54:52
- labontes
- Membre
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Merci Hervé, je me suis bien régalé à la lecture de tes aventures aussi ! Ton tracé était peut-être moins improbable, mais tu as dû affronter des conditions météo moins clémentes.
Bravo en tout cas pour ta superbe traversée et merci pour le retour détaillé qui fait immanquablement revivre des séquences et des souvenirs que j'espère conserver longtemps
Bonjour Labontes,
Je ne lis ton dernier post qu’aujourd’hui : un régal !
À une semaine près on se croisait à Molieres : à la descente du col je n’étais pas fier sur la fragile crête de neige entre la rimaye côté rocher et la pente, et mon piolet ne suffisait pas à me rassurer ... Mon itinéraire par la suite a été plus simple que le tien, c’était la dernière véritable difficulté.
J’ai bien rigolé de ton passage à Airoto, car dans l’autre sens j’ai fait l’erreur inverse : commencer à descendre vers Isil alors que je visais Alos d’Isil par le Clot Del Moredo ...
Depuis Airoto vers le Rosaire c’est de toute façon paumatoire, même sans erreur d’itinéraire : chemin invisible, pas/peu de cairns ...
Je réalise qu’en mode solo j’ai beaucoup limité les hors sentiers (et les tracés improbables...) et ce faisant la prise de risques. À te lire Je vois que je me suis sans doute privé de bien des plaisirs ...
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#25 29-10-2018 17:46:26
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye -> Benasque, Banyuls -> Bagnères, 32j
Balipit a écrit :En language du sud chamois = isard
N'importe quoi !
Faisons plus simple : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Rupicapra_pyrenaica
Dernière modification par Balipit (29-10-2018 18:03:19)
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