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#51 14-10-2018 05:35:36
- fredlafouine
- Fouinez!
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
J'aime beaucoup le fait de lire d'abord le récit comme un livre (à imaginer les lieux, les visages etc), puis seulement après découvrir les photos.
´·.¸¸.·´¯`·.¸ ><((((((º>
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#52 14-10-2018 08:03:02
- nguyenpa
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
balto38 a écrit :Super, pourquoi ne pas mélanger le texte et les photos.....
La raison principale est que je ne voulais pas trop saucissonner le texte. En temps que lecteur, je préfère lire des blocs compacts et logiques plutôt que de petits bouts disséminés ici ou là. En temps qu'auteur, je trouve l'idée de raconter une histoire sur plusieurs jours bien plus attirante, plutôt que de ne mettre que des instantanés coupés les uns des autres.
La raison secondaire est que c'est bien plus facile pour moi comme ça.
Merci pour ce superbe témoignage.
J'aime la forme récit "comme un livre", très bien écrit, suivi de l'album photo de l'épisode avec courtes légendes.
Tantôt je commence par l'un, tantôt par l'autre, et j'ai toujours immédiatement envie de regarder l'autre moitié.
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#53 14-10-2018 08:32:10
- JonathanD
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- Inscription : 17-09-2018
Re : Continental Divide Trail - le matériel
Merci Shanx pour le récit, super intéressant.
Débat intéressant, puisque je me pose un peu les mêmes questions pour un voyage futur
Himalaya, Alpes, etc me tentent beaucoup, mais j'ai l'impression qu'il est difficile de s'éloigner de la civilisation (en France, on est toujours à quelques heures à pied d'un village, d'une route, même les grands GR).
Ce qui m'attire dans les grands trails américains (PCT, CDT, AT), ce sont les grands espaces. La possibilité de marcher plusieurs jours sans croiser une route, et, en marchant sur une crête, ne voir que la nature sauvage jusqu'à l'horizon, et poser sa tente au milieu de nulle part. Je ne sais pas si c'est un fantasme (au vu du récit de Shanx, il a l'air servi en termes de nature et de solitude - s'il la souhaite), en tout cas c'est ce que je recherche.
Connaissez-vous d'autres destinations pour des trails assez longs avec cette isolation?
Sur le PCT, quels retours as-tu eu Shanx sur la fréquentation? Je vois les 50 départs / jour et je me demande :
- si les gens sont vraiment groupés ou si ça s'étale
- quand la meute s'étiole (peu de gens semblent arriver au bout...)
- si ça surcharge les points de ravitaillement, les caches d'eau, et si ça détériore le chemin.
Sur un chemin alpin, 50 pers/jour c'est au final pas énorme, d'autant plus que tout le monde va dans la même direction sur le PCT
Quoi qu'il en soit, le CDT n'est pour moi pas vraiment une option : je n'ai pas 6 mois, et j'aime quand même la présence humaine.
A toute,
Jonathan
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#54 14-10-2018 17:47:27
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Merci Shanx pour le récit, super intéressant.
Débat intéressant, puisque je me pose un peu les mêmes questions pour un voyage futur
Himalaya, Alpes, etc me tentent beaucoup, mais j'ai l'impression qu'il est difficile de s'éloigner de la civilisation (en France, on est toujours à quelques heures à pied d'un village, d'une route, même les grands GR).
Si tu es prêt à quitter les GR pour te faire tes propres itinéraires, tu peux quand même limiter les contacts trop violents avec la civilisation (cf. par exemple ma traversée des Alpes.
Ce qui m'attire dans les grands trails américains (PCT, CDT, AT), ce sont les grands espaces. La possibilité de marcher plusieurs jours sans croiser une route, et, en marchant sur une crête, ne voir que la nature sauvage jusqu'à l'horizon, et poser sa tente au milieu de nulle part. Je ne sais pas si c'est un fantasme (au vu du récit de Shanx, il a l'air servi en termes de nature et de solitude - s'il la souhaite), en tout cas c'est ce que je recherche.
Le CDT suit quand même beaucoup de pistes (surtout au Nouveau-Mexique). Mais on peut avoir une impression de grands espaces si on est sur une piste (attendez de voir les photos du Great Divide Bassin, vous comprendrez ).
Connaissez-vous d'autres destinations pour des trails assez longs avec cette isolation?
Les grands sentiers américains sont, avec quelques rares autres (Re Araroa, mais que sur l'île du sud), les trails longues distances les plus faciles d'accès je pense. Bien sûr, en partant ailleurs (cf. message de Bilbox : Himalaya, Andes, etc.), on aura peut-être encore mieux, mais au prix d'une logistique bien plus compliquée.
Par contre, l'AT est finalement peu sauvage (une ville tous les 3 jours en moyenne), mais l'AT et le PCT sont en intégralité sur sentier (très bien aménagé d'ailleurs), contrairement au CDT.
Sinon les Etats-Unis ont pas mal d'autres grands sentiers. Un commence à avoir particulièrement la côte : l'AZT, ou Arizona Trail. Par contre la logistique est un peu plus compliquée.
Sur le PCT, quels retours as-tu eu Shanx sur la fréquentation? Je vois les 50 départs / jour et je me demande :
- si les gens sont vraiment groupés ou si ça s'étale
- quand la meute s'étiole (peu de gens semblent arriver au bout...)
- si ça surcharge les points de ravitaillement, les caches d'eau, et si ça détériore le chemin.
Pour en avoir pas mal discuté avec d'anciens PCTers :
- beaucoup de départs, mais beaucoup d'abandons
- au bout de quelque temps c'est beaucoup plus calme sur le sentier
- au pire, faire le sentier sobo (du nord vers le sud) limite grandement les fréquentations
- le sentier est extrêmement bien entretenu et permet de marcher sans se poser de question
- une communauté autour du sentier très active (mais pas encore au niveau de l'AT), donc beaucoup de trail angels / caches d'eau / etc.
Quoi qu'il en soit, le CDT n'est pour moi pas vraiment une option : je n'ai pas 6 mois, et j'aime quand même la présence humaine.
Contrairement aux deux autres sentiers, le CDT a de longues alternatives officielles qui permettent de moduler la longueur entre 4000km et 4900km. J'ai fait 4500km (la moyenne semble être 4400km). Le PCT est à 4300km, donc finalement on est dans les mêmes ordres de grandeur.
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#55 15-10-2018 12:26:34
- Shanx
- Sanglier MUL
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Partie 06 : Cuba - Chama (89mi/143km, 8 jours avec plusieurs demi-journées de glande)
Le départ de Cuba se fait en groupe (Larry Boy, Skunk, Dodgy, Casper et moi). Comme toujours nous avons du mal à nous motiver à partir, d'autant plus qu'un énième burger se met sur notre route. En regardant ce qu'il nous attend, nous voyons que nous devons faire minimum 18km/1100m D+ pour pouvoir bivouaquer dans de bonnes conditions, donc vers 15h nous estimons enfin que nous avons assez trainé et nous attaquons ce petit morceau. Nous accédons ainsi à un plateau dont le paysage est radicalement différent de ce qu'on a pu voir jusque maintenant : ce sont des forêts de connifères entrecoupés de grandes clairières, un peu ce que nous nous attendons à voir plus au nord. Nous sommes déjà assez haut, à plus de 3000m, donc il reste des plaques de neige et les clairères sont des marais. Nous voyons aussi nos premiers wapitis ("elk" en anglais américain, à ne pas confondre avec "elk" en anglais britannique, qui désigne l'orignal, c'est à dire le "moose" en anglais américain - facile), mais ils sont farouches.
Après une fraiche nuit durant laquelle on envisage pour la première fois la visite nocturne d'un ours (le secteur nous semble être un bon secteur à ours, mais en fait ils sont partout donc ça ne change pas grand chose),on redescend dans la plaine de l'autre côté. Je croise mon premier serpent à sonnette, qui sonne très fort à un mètre du sentier, et on retrouve les paysages de western (et le manque d'eau et d'ombre). Là, nous avons choisi de prendre la variante de Ghost Ranch, qui est réputée plus jolie et qui ajoute un point de ravitaillement. Une fois n'est pas coutume, Casper et moi nous sommes envoyé des colis de nourriture là bas. Malheureusement, il y a pas mal de marche sur de la piste pour atteindre Ghost Ranch, qui se niche au pied des Southern San Juans (les fameuses montagnes où on va passer pas mal de temps). Ghost Ranch est une retraite spirituelle au milieu de nulle part où beaucoup de western ont été tournés. Nous y passons la nuit (buffet à volonté pour le diner, puis pour le petit déj, puis pour le déjeuner - on les a ruinés), on rencontre plein de randonneurs et on récupère Da Bear dans notre groupe. J'essaie d'appeler Thermarest pour négocier l'envoi d'un nouveau Neo Air (je n'arrive pas à réparer le mien, et mes nuits sont courtes), mais c'est trop compliqué donc je décide de commander un Ultralight Insulated Mat de chez Sea To Summit (un peu plus lourd, mais la réputation d'être très confortable). Je devrais le recevoir dans la prochaine ville, donc en attendant je continue avec mes nuits moyennes.
C'est un groupe joyeux qui a trop mangé qui quitte Ghost Ranch par un petit canyon beau comme tout. Le sentier monte rapidement dans les San Juans, et le paysage se fait de plus en plus montagnard. Nous nous arrêtons assez tôt sur une crête boisée pour dormir. C'est la première fois que je campe avec Da Bear, donc je regarde son hamac avec interêt ; il m'assure que c'est le meilleur système de couchage du monde. Je le croirais presque si on arrivais pas dans les montagnes sans arbres du Colorada. Les journées suivantes nous faisons 27mi/44km, ce qui est un nouveau record pour moi et me surprend vu le terrain très vallonné, voir montagneux, que nous traversons. Le groupe se forme et se déforme au gré du rythme de chacun, et finalement le dernier jour nous ne sommes plus que 4 lorsque nous arrivons dans la première zone vraiment enneigée. Pendant plusieurs kilomètres nous nous débattons dans une forêt à contourner les arbres morts tout en s'enfonçant à chaque pas jusqu'aux genoux. C'est un peu fatiguant.
Le dernier camp avant Chama est un soulagement, et Casper et Skunk décident de faire un feu pour nous réchauffer un peu. Avec Dodgy nous participons à la collecte du bois, mais nous ne pouvons pas lutter contre la motivation de Skunk (il est increvable). Bonne soirée autour du feu, avant une "bonne" nuit (autant que faire se peut avec un matelas percé) et un départ matinal avec Casper pour arriver tôt à Cumbress Pass. Le chemin est difficile à suivre (neige, arbres morts) et nous mettons près de 3h pour faire 5 pauvres miles (8km).
Juste avant Cumbres pass, nous passons la frontière du Colorado. À part un panneau indiquant que nous changeons de forêt nationale et un barbelé à vache, il n'y a pas grand chose pour marquer le coup. On ne demande pas une frontière comme celle entre les Corées, mais un petit truc à prendre en photo serait cool, non ? Arrivé au col, c'est la déception : il n'y a que très peu de trafic, donc nous devons attendre longtemps avant de trouver une âme charitable pour nous amener à Chama (qui est la première ville étape qui n'est pas directement sur le sentier). Finalement, après plus d'une heure d'attente et alors qu'on se demande si Skunk et Dodgy vont nous rattraper avant qu'on arrive à partir, une voiture s'arrête. Surprise : Skunk et Dodgy sont déjà dedans ! En voyant l'état du chemin ce matin, ils ont coupé pour descendre plus rapidement et rejoindre une piste forestière, donc ils sont arrivés sur la route 2 kilomètres plus bas.
Nous arrivons donc tous les 4 à Chama et allons au Y motel, connu pour être vieillot, mais pas cher et hiker-friendly. Pour 80$, nous avons une mini-suite avec 4 lits et une cuisine. Comme Larry Boy et Da Bear nous rejoignent, ça fait vraiment pas cher la nuit, donc nous décidons de prendre un zéro. Ça y est, nous avons fini le Nouveau-Mexique !
06-05-2018
Signaux contradictoires
Ce coin est plein de wapitis, mais ils vont trop vite pour les photos
Serpent qui sonne (y'aura une vidéo)
08-05-2018
Skunk, son gros sac vert, et les couleurs du désert
De nombreux western ont été tournés ici. Vous voyez pourquoi ?
09-05-2018
On quitte Ghost Ranch par ce canyon
Forêt d'Aspen (en vrai Populus tremuloides, ou peuplier faux-tremble)
Parcours d'obstacles : franchissement
Parcours d'obstacle : équilibre
11-05-2018
Ici une randonneuse va se casser un poignet le lendemain de notre passage
12-05-2018
Petite vallée donnera grosse rivière
On croise de plus en plus de neige
Traversée de plaine entre deux crêtes
13-05-2018
On quitte le Nouveau-Mexique...
Dernière modification par Shanx (04-09-2022 16:27:04)
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#56 16-10-2018 10:45:47
- wax
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Toujours aussi bien !
Bravo !
w.
"Life is known only by those who have found a way to be comfortable with change and the unknown. Given the nature of life there might be no security but only ... adventure"
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#57 17-10-2018 18:33:50
- Shanx
- Sanglier MUL
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Partie 07 : Chama - Pagosa (72mi/116km en 4 jours)
Aujourd'hui, c'est repos (pourquoi est-ce que je fais le CDT ? Pour les jours de repos). Comme j'ai eu pas mal froid ces dernières nuits, j'attends avec impatience de récupérer mon nouveau matelas mais malheureusement Chama est toute en longueur et nous devons marcher près de 2km pour aller à la poste. Ce n'est pas forcément beaucoup, mais ça ne compte pas pour le CDT donc ça ne nous motive pas. Mais à peine nous sommes sortis du Motel une voiture s'arrête et le conducteur nous propose de nous conduire en ville. Encore mieux, il nous propose de nous retrouver le lendemain pour nous ramener au col, à environ 30 minutes de voiture d'ici. C'est un trail angel vivant ici et aidant souvent les randonneurs ayant besoin d'un tour en voiture. C'est plutôt sympa, et comme le rendez-vous est fixé à 9h pour une fois nous savons quand est-ce que nous allons quitter la ville.
Il est donc environ 10h quand nous quittons Chama. Une seule heure de retard pour notre départ, on s'améliore. Surtout que ce n'est pas de notre faute : le magasin de glace était super loin du motel ! Ca y est, on attaque les fameuses San Juans. Ce massif des Rocheuses monte jusqu'à plus de 4000m et a une altitude moyenne assez élevée (environ 3500). Heureusement qu'il y a peu de neige cette année, car nous sommes très tôt dans la saison. D'ailleurs, il y a un trail register au col, et il n'y a que 10 personnes devant nous. Le début de la journée est tranquille (même si ça monte), mais ensuite on arrive dans la neige et c'est moins drôle. Va falloir s'y faire... Au camp, nous faisons un feu pour tenter de sécher deux trois trucs, et je crame une chaussette (au moins elle est presque sèche). Voilà voilà... Durant la nuit, je teste mon nouveau système de couchage, avec le changement de matelas sur lequel j'ai collé de petits scratchs pour fixer le quilt. C'est pas mal, il faudrait juste que je mette plus de scratch vu que je bouge beaucoup. Mais j'ai toujours un peu froid alors qu'il ne fait que -2° environ : c'est probablement mon corps qui a du mal à s'habituer aux très longues journées, manque de nourriture et perte de poids rapide.
Le lendemain nous nous débattons dans la neige toute la journée. Avoir un sentier est un souvenir qui semble déjà lointain, et nous suivons plutôt la direction générale en essayant de sélectionner les coins avec un peu moins de neige. On n'avance pas très vite, et on a perdu Dodgy (qui est derrière) et Larry Boy (qui est devant). C'est une fine équipe tout ça. En milieu d'après midi, nous arrivons devant une traversée à flanc qui fait bien peur. Casper et moi n'avons pas de piolet (bah oui, on nous avait dit qu'il n'y avait pas de neige) et on ne se sent pas trop de faire ça. Nous pouvons revenir environ 1h en arrière et prendre un chemin qui redescend dans la vallée (d'après les traces de pas, Larry Boy a fait ça), ou alors nous pouvons essayer de descendre droit dans la pente. La bonne idée est la première, donc forcément nous choisissons la seconde. On est parti pour la descente la plus dangeureuse que j'ai jamais faite : très raide, enneigée, au milieu de barres rocheuses. On fait 400m de descente en 3h... On bivouaque dans la vallée en réflechissant à la suite. D'après les cartes, nous pouvons nous attendre au même genre de traversée dès demain si on remonte sur le chemin, donc nous décidons de prendre une variante qui reste dans les vallées (et sur des pistes).
Après une nuit dès plus fraiche, nous descendons donc la vallée. Plus loin, Skunk et Da Bear décident de remonter une autre vallée pour rejoindre le chemin tandis que Casper et moi continuons sur la variante. Rendez-vous est pris pour le soir : ils ont un chemin plus court mais plus difficile, nous avons un chemin plus long mais très facile. A ma grande surprise, le soir nous arrivons à tous nous retrouver (enfin, sauf Dodgy et Larry Boy, qui sont toujours pas loin mais pas avec nous). Demain, nous avons uniquement 20mi/32km à faire pour arriver au col au dessus de Pagosa Spring, et ça devrait être bien orienté donc on espère pouvoir arriver assez tôt.
Las : s'il n'y a peu de neige (du moins au début), il y a énormément d'arbres morts, et certains font perdre beaucoup de temps. Et même si globalement c'est bien orienté, il y a toujours de petits passages nords qui sont pas faciles à négocier. Plus on se rapproche du col, plus il y a de la neige. On retrouve Larry Boy qui est aussi déséspéré que nous par l'état du chemin, et finalement nous décidons de couper dans la pente pour rejoindre un lac, et ensuite une piste qui doit nous ramener au col. Malheureusement, suivre la berge est bien plus difficile que ce que nous espérions et on traine un peu. Nous arrivons finalement au col vers 17h et nous lançons avec espoir dans une tentative de stop. Nous sommes 5 gus trempés de retour de 4 jours de randonnée, qui ne voudrait pas nous prendre ? Mais finalement ça va assez vite, et nous voilà dans le premier motel que nous trouvons à Pagosa. Le propriétaire est en train de fumer sur son parking (et pas du tabac - bienvenue au Colorado), donc on sait qu'on sera bien accueilli. Maintenant, la question est de savoir quand est-ce qu'on repart. La neige a quelque peu refroidi nos ardeurs...
Dernier regard sur les plaines
On va bientôt entrer dans le vif du sujet
Mais fatigante (surtout qu'on est à environ 3500m)
Dur de garder les pieds au sec
16-05-2018
Ca y est, on est dans la neige pour de bon
C'est facile, on suit les montagnes
Comme un lagopède, mais moins craintif
Des fois y'a moins de neige, mais ça ne veut pas dire qu'on peut aller plus vite
Au moins on n'a plus de problème d'eau
Des fois on retrouve du balisage
Le chemin reste en altitude : traversées dangereuses en vue
On est descendu là dedans : mauvaise idée
Environ 2h30 pour descendre ça
Vallée minière entourée de montagnes de fer
Panneau 100% américain : propriété privée, voiture et trous de balles
18-05-2018
Skunk et la vallée de Pagosa Spring
Dernière modification par Shanx (04-09-2022 16:27:27)
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#58 17-10-2018 20:21:27
- René94
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- Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
- Inscription : 30-12-2009
Re : Continental Divide Trail - le matériel
Je le ferai, un jour ! Je le ferai !
Merci Shanx de nous donner envie d'y aller
"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi
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#60 17-10-2018 22:10:28
- Serval
- Carpe diem
- Inscription : 15-06-2018
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Je le ferai, un jour ! Je le ferai !
J'allais le dire !
Merci Shanx.
(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)
Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)
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#61 18-10-2018 09:53:53
- tacheton
- Membre
- Inscription : 05-09-2018
Re : Continental Divide Trail - le matériel
sachant qu'il y a de la neige, personne ne prend des raquettes ? sur une étape de plusieurs jours ça peut simplifier la vie non ?
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#62 18-10-2018 15:15:35
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
sachant qu'il y a de la neige, personne ne prend des raquettes ? sur une étape de plusieurs jours ça peut simplifier la vie non ?
C'est assez compliqué. Déjà, on ne s'enfonce dans la neige qu'à partir de 11h environ (parfois pus tard selon l'orientation ou la météo). Ensuite, surtout cette année, la neige est par zone. On peut avoir une traversée de 500m où on s'enfonce, puis de l'herbe, puis 1km peu profond, etc. Mettre et retirer les raquettes à chaque fois serait une perte de temps. Enfin, c'est une neige particulière, lourde et humide. Même avec des raquettes on risque de s'enfoncer.
Et puis les raquettes c'est lourd et ça demande de la logistique (surtout pour moi qui n'avait pas de pied à terre où les renvoyer par la poste).
Donc la question est de savoir si ça vaut la peine de transporter des raquettes. Cette année la réponse était définitivement non ; l'année dernière (très, très enneigée), la réponse était plutôt oui, mais j'ai lu le blog d'un gars qui en avait et finalement il ne les a que très peu utilisées.
D'ailleurs, on ne le savait pas encore, mais la portion avant Pagosa était de loin la plus compliquée au niveau de la neige. Ensuite ça devient moins enneigé ou plus facile de contourner la neige.
Dernière modification par Shanx (18-10-2018 15:16:46)
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#63 19-10-2018 18:14:42
- Shanx
- Sanglier MUL
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Partie 08 - Interlude : road trip / rando en Utah
Nous sommes à Pagosa, et nous n'avons pas envie d'en partir. Il y a une source chaude gratuite au bord de la rivière, l'hôtel est pas mal et le cinéma passe Rampage (pire film de tous les temps, mais les randonneurs ne sont pas difficiles - c'est un peu comme pour la bouffe). Mais bon, après 2 jours à ne rien faire, notre conscience nous rattrape, surtout que Da Bear et Perpermint Skunk sont déjà repartis. Nous allons donc au buffet chinois à volonté pour nous donner des forces, et nous décidons de partir le lendemain... Mais dans l'Utah. Nous sommes quatre (Larry Boy, conducteur et guide vu qu'il a habité en Utah, Casper, Dodgy et moi) et le programme est simple : faire du stop jusqu'à la ville la plus proche, louer une voiture, aller dans l'Utah, faire une rando de 3 jours, puis retour en passant voir quelques trucs.
Nous avions été un petit peu optimistes pour le stop, et malgré des hippies qui nous font faire une vingtaine de kilomètres, nous sommes bloqués au milieu d'une route passante mais sans personne qui s'arrête. Finalement nous nous séparons, et Larry Boy seul a facilement de la chance. Nous restons donc derrière, et lorsque Larry Boy nous dit qu'il a récupéré la voiture nous profitons de la station service pour acheter de quoi boire à l'ombre de la station de pompier. Hiker trash jusqu'au bout...
Le trajet est un peu long, mais finalement nous arrivons à la ranger station où nous allons devoir acheter un permis demain. En effet, nous sommes dans un parc et pour y passer une nuit il faut s'enregistrer (et payer 4$). Nous allons y passer deux nuits, en rejoignant le San Juans Canyon par un des bras du Slickhorn Canyon puis en repartant en suivant une autre branche du Slickhorn Canyon. C'est un parcours en dehors des sentiers battus, avec des vestiges pueblo (une rapide présentation - ils ont été construit pas les Anasazis, nom qui en navajo signifie "anciens ennemis"). Nous allons donc croiser la rivière San Juans au fond de son canyon, à ne pas confondre avec les San Juans, le massif que le CDT traverse et où la rivière a sa source.
Le cercle rouge est la voiture ; les croix rouges sont les deux bivouacs.
Bon, je vais être honnête : ces trois jours sont mes préférés de mon voyage aux US. C'est un peu con, parce que j'étais en dehors du CDT. Mais les paysages étaient magnifiques, de vrais clichés de western ; le groupe était super cool ; la recherche des vestiges cachés dans les falaises (non marqués) un petit jeu dont je ne me lassais pas ; le coin était désert, et la remontée du dernier canyon un hors-sentier ludique et beau. Bref, une des plus belles rando sur 3 jours que j'ai pu faire.
Nous avons donc dormi à la belle étoile à quelques kilomètre de la station. Le lendemain nous y passons prendre nos permis. Les rangers nous demandent notre itinéraire, puis s'inquiètent de notre niveau en rando après qu'on ait expliqué notre plan. On a déjà environ 1200km dans les jambes, ça devrait le faire. Vu qu'il n'y a pas grand monde qui passe par là, ils nous demandent de repasser au retour pour faire un état des lieux de l'eau disponible. Parce que oui, on sera dans des canyons, mais ils sont secs sauf pendant les crues (sauf le San Juans Canyon, mais personne n'a envie de boire son eau).
Après quelques kilomètres sur piste, nous laissons la voiture et revenons un peu sur nos pas pour descendre dans le premier bras. Le temps est couvert, mais les paysages sont déjà superbes, et nous avons la chance d'être avec un connaisseur des lieux en la personne de Larry Boy. Une fois en bas, nous avançons les yeux levés en cherchant les fameux vestiges. Ils sont moins développés que ceux de la Gila, mais nous les trouvons et passons du temps à en explorer quelques uns.
Mais nous devons aussi baisser les yeux pour ne pas marcher sur les cyanobactéries/algues qui poussent sur le sol. Ce sont les plus anciennes formes de vie sur terre, et une trace de pas peut les faire disparaitre pour une centaine d'année le temps que ça repousse un lien.
Finalement nous arrivons à une jonction avec une autre branche. Nous pensons bivouaquer ici, mais avant ça nous remontons un peu ce canyon à la recherche d'autres ruines, que nous trouvons déjà à l'ombre au milieu de la falaise.
Après une bonne nuit à la belle étoile, nous continuons à descendre le canyon qui s'élargit petit à petit. Finalement nous nous retrouvons dans le même genre de paysage que le grand canyon (mais sans personne). Nous débouchons enfin dans le San Juans Canyon, à mi-hauteur. Nous descendons afin de prendre de l'eau à des suintements à côté de la rivière. Nous entendons des voix, donc nous allons à la rencontre d'un couple descendant la San Juans en rafting. Nous passons plusieurs heures avec ces hippies, et nous partons alors que le mec est complétement déchiré (et nous a gentiment proposé weed et autres psychotropes). Nous remontons à mi-hauteur où nous suivons une très ancienne piste d'exploitation pétrolière. Nous décidons de camper au bord de la falaise, à ce qui est probablement le plus beau spot de bivouac où j'ai pu dormir.
Pour finir, nous devons d'abord rejoindre un autre bras du Slickhorn Canyon. Celui-ci est encore moins usité (du moins pour la partie basse), et nous devons jouer des main. Nous devons d'ailleurs passer une grosse marche (probablement du 5), ce qui donne un moment de comédie filmée (mais ça reste dans mes dossiers). Nous retrouvons d'autres vestiges, puis quittons (perdons) le sentier pour remonter sur la mesa par un "chemin personnalisé" (qui se termine avec les mains au milieu de la falaise). Finalement nous retrouvons la piste (un peu difficilement, merci le GPS) et nous rejoignons la voiture.
Nous devons rendre la voiture demain, donc nous décidons de rentrer lentement. Nous passons voir Monument Valley (de loin), puis Goosenecks State Park (des méandres de San Juans Canyon). Nous dormons dans la pampa à quelques kilomètres. Le lendemain, nous passons voir d'autres vestiges à Hovenweep National Monument. Enfin nous rendons la voiture et retournons à Pagosa Spring grâce à un gars qui nous prend en stop. Il a une casquette "Make America Great Again", des stickers NRA partout, et un shotgun accroché entre les deux sièges avant, et il est super sympa - on est probablement le bon type de touriste, juste là pour donner nos sous et repartis dans quelques mois.
Nous arrivons assez tard à Pagosa Spring, et nous devons repasser à l'hôtel pour reprendre la nourriture que nous y avions laissé (nous avions fait notre ravitaillement pour les San Juans avant de changer de plan). C'est donc tout naturellement que nous y repassons la nuit. Mais promis, demain nous repartons !
22-05-2018
On commence par de la piste
Des vestiges se cachent dans ces falaises (mais pas sur la photo)
Le canyon n'est pas encore trop profond
Biological soil crust au sol
Autres vestiges plus difficiles d'accès
On arrive au bivouac (dans les arbres)
On a trouvé les vestiges (c'était pas facile)
23-05-2018
Les falaises se font plus raides
Jonction avec le canyon de San Juans
Y'a pire comme endroit pour manger non ?
Meilleur spot de bivouac de tous les temps ?
Panorama sur le canyon de San Juans
24-05-2018
La nuit aussi c'est sympa
Plateau à mi-hauteur du canyon
La petite troupe dans un des bras du canyon
Les plus grosses ruines du secteur
Dernière modification par Shanx (04-09-2022 16:28:00)
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#64 19-10-2018 22:23:31
- Trevor
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
C’est superbe. L’Utah est une de mes destinations rêvées depuis que j’ai lu Desert Solitaire de Edward Abbey.
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#66 20-10-2018 14:47:59
- malcor
- Membre
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- Inscription : 12-01-2009
Re : Continental Divide Trail - le matériel
J'adore, trop beau.
Salut et Fraternité
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#67 20-10-2018 15:43:48
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Merci
Pour ceux que ça pourrait intéressé, j'ai écris un glossaire. Les sentiers américains ont un vocabulaire particulier dont j'explique certains termes.
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#68 21-10-2018 13:00:42
- florencia
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- Lieu : 71
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Bon, je vais être honnête : ces trois jours sont mes préférés de mon voyage aux US. C'est un peu con, parce que j'étais en dehors du CDT. Mais les paysages étaient magnifiques, de vrais clichés de western ; le groupe était super cool ; la recherche des vestiges cachés dans les falaises (non marqués) un petit jeu dont je ne me lassais pas ; le coin était désert, et la remontée du dernier canyon un hors-sentier ludique et beau. Bref, une des plus belles rando sur 3 jours que j'ai pu faire.
Peut-être aussi la liberté retrouvée, d'une certaine façon ? Sous-entendu, peut-être lassé à la longue de suivre un cheminement "imposé" ?
Pour quelqu'un qui disait ne se souvenir de rien, la mémoire visiblement t'est revenue, tant mieux pour nous lecteurs, et tes photos sont très belles
PS : Très sympa et intéressant ton glossaire.
Flo
Réalisations DIY
_ _ _ _ _ _ _ _ _
"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.
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#69 21-10-2018 15:41:45
- tacheton
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
magnifiques photos.. du coup je réalise que je connais pas vraiment la géographie américaine.
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#70 21-10-2018 20:44:07
- Shanx
- Sanglier MUL
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Shanx a écrit :Bon, je vais être honnête : ces trois jours sont mes préférés de mon voyage aux US. C'est un peu con, parce que j'étais en dehors du CDT. Mais les paysages étaient magnifiques, de vrais clichés de western ; le groupe était super cool ; la recherche des vestiges cachés dans les falaises (non marqués) un petit jeu dont je ne me lassais pas ; le coin était désert, et la remontée du dernier canyon un hors-sentier ludique et beau. Bref, une des plus belles rando sur 3 jours que j'ai pu faire.
Peut-être aussi la liberté retrouvée, d'une certaine façon ? Sous-entendu, peut-être lassé à la longue de suivre un cheminement "imposé" ?
Le CDT est pourtant le moins "imposé" des trois grands sentiers américains.
Je pense que ce qui m'a fait aimer ces quelques jours était l'impression de vacances. Quand on était sur le CDT, y'avait toujours cette notion d'objectif (notamment pour les ravitaillements) qu'on avait absolument pas dans l'Utah (on a dû faire 40km sur les 3 jours, c'est à dire une journée normale sur le CDT).
Pour quelqu'un qui disait ne se souvenir de rien, la mémoire visiblement t'est revenue, tant mieux pour nous lecteurs, et tes photos sont très belles
Je me suis souvenu de plein de trucs que j'ai oublié de mettre dans le récit. Mais si je mettais tout, ce serait bien trop long. Ce sont déjà de beaux pavés que je poste, alors imagine si j'avais tous mes souvenirs à disposition
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#71 21-10-2018 20:46:54
- Shanx
- Sanglier MUL
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
PS : Très sympa et intéressant ton glossaire.
Merci Dans la même veine (c'est à dire plutôt intéressant pour ceux qui pensent à faire le CDT ou un grand sentier du genre), j'ai écris un article reprenant quelques chiffres : nombre de zeros et neros, moyennes, rythme par état, etc. C'est ici
Un résumé (neros = moins de 20km, plus d'explications dans l'article) :
Distance | Jours | Zeros | Neros | Moyenne | Moyenne sans 0 | Moyenne sans 0/neros | |
Nouveau-Mexique | 662mi / 1063km | 37 | 2 | 6 | 17,9mi / 28,7km | 18,9mi / 30,4km | 21mi / 33,7km |
Colorado | 747mi / 1199km | 45 | 9 | 6 | 16,6mi / 26,6km | 20,8mi / 33,3km | 22,8mi / 36,6km |
Wyoming | 497mi / 799km | 22 | 1 | 3 | 22,6mi / 36,3km | 23,7mi / 38km | 26,1mi / 41,9km |
Idaho/Montana et Montana | 822mi / 1322km | 39 | 4 | 4 | 21,1mi / 33,9km | 23,5mi / 37,8km | 25,6mi / 41,1km |
Total | 2728mi / 4383km | 143 | 16 | 19 | 19,1mi / 30,7km | 21,5mi / 34,5km | 23,7mi / 38,1km |
Dernière modification par Shanx (21-10-2018 20:47:20)
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#72 21-10-2018 21:21:37
- wax
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Encore merci pour toutes ces infos. Ton CR est une véritable mine d'or pour ceux qui se lanceront ... un jour ou l'autre ... sur ce sentier.
Une petite question pratique. En te lisant (et en ayant discuté avec d'autres randonneurs aux US) je me rends compte que ce n'est pas toujours évident d'etre pris en stop. Cela vient sans doute d'un facteur culturel mais également d'un élément "sécurité" (on sait bien que la moitié des autostoppeurs sont des ... sérial killers en puissance ! ). Donc je me demandais si ce type de bandana pouvait éventuellement améliorer les choses. Qu'en penses-tu ?
Merci !
w.
"Life is known only by those who have found a way to be comfortable with change and the unknown. Given the nature of life there might be no security but only ... adventure"
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#73 22-10-2018 11:38:41
- Shanx
- Sanglier MUL
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Encore merci pour toutes ces infos. Ton CR est une véritable mine d'or pour ceux qui se lanceront ... un jour ou l'autre ... sur ce sentier.
Merci J'ai pas mal de temps à perdre en ce moment, donc j'aimerais bien arriver à faire de mon blog une source d'information "de référence" sur le CDT en français. Même si quelqu'un voulant se lancer sur le chemin devrait plutôt savoir parler anglais, ce ne serait pas plus mal d'avoir les infos aussi en français.
Une petite question pratique. En te lisant (et en ayant discuté avec d'autres randonneurs aux US) je me rends compte que ce n'est pas toujours évident d'etre pris en stop. Cela vient sans doute d'un facteur culturel mais également d'un élément "sécurité" (on sait bien que la moitié des autostoppeurs sont des ... sérial killers en puissance ! ). Donc je me demandais si ce type de bandana pouvait éventuellement améliorer les choses. Qu'en penses-tu ?
Globalement, le stop entre le sentier et les villes est facile. Dans les petites villes, les gens connaissent bien entendu le CDT donc généralement, pour peu qu'il y ait un peu de passage, ce n'est absolument pas un souci. J'ai plus souvent été pris en stop par une des 5 premières voitures que j'ai dû attendre plus de 30 minutes.
Le stop sera plus dur sur un axe important, avec moins de locaux et plus de circulation (ce qui était le cas pour aller dans l'Utah). Mais globalement, le stop n'était pas trop un souci. Je ne pense pas que le bandana (qui reprend un truc traditionnel du PCT : j'ai vu d'anciens PCTers avoir ce genre de message sur leurs matelas ou tapis de sol ) aide beaucoup.
Dernière modification par Shanx (22-10-2018 11:39:01)
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#74 22-10-2018 19:57:17
- Shanx
- Sanglier MUL
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Partie 09 : Pagosa Spring - Lake City (121mi/195km, 8 jours)
Le ciel est couvert et il fait frais. Ce sont les meilleurs conditions pour retrouver la neige, non ? Alors en avant ! Voilà, je crois que j'ai résumé la journée. Nous avons tous du mal à avancer, donc nous ne faisons que 18km avant de poser le camp. Aller plus loin nous ferait monter sur une longue crète où nous avons peur de ne pas trouver de bons emplacements, et puis nous sommes contents de nous arrêter relativement tôt (c'est à dire vers 18h - on est encore une fois partis assez tard de Pagosa).
Avant de partir dans l'Utah, j'avais acheté un drap polaire pour compléter mon quilt. En effet, j'ai beau faire, j'ai très souvent froid la nuit, et les 800 prochains kilomètres sont au dessus de 3000m d'altitude. Certes ça ajoute 300g qui auraient été bien plus efficaces en duvet, mais je ne voulais pas changer mon quilt pour plus chaud (perte de polyvalence), donc je me suis méchament alourdi. Ceci étant dit, ça révolutionne mes nuits ! Enfin, après des dizaines de nuits sur un matelas percé, d'autres dizaines de nuits à avoir froid, je peux enfin dormir ! Enfin, je pourrais dormir si j'arrivais à m'acclimater. En effet, malgré la montée en altitude très progressive, je n'arrive toujours pas à bien dormir. C'est tout de même embêtant, surtout que les journées sont fatigantes bien que courtes (la neige rend tout de suite les choses plus compliquées).
Le lendemain nous montons sur la fameuse crête où, après quelques kilomètres, se trouve une jonction pour une variante : Creede Cut-off. Comme son nom l'indique, c'est un raccourci qui coupe la grande boucle que forment les San Juans. Mais vu qu'on rate la partie la plus belle des San Juans, c'est hors de question pour moi de la prendre. Casper, par contre, ne se sent pas de continuer encore et encore dans la neige, donc il préfère prendre le raccourci. Ce sont donc nos adieux, vu qu'il aura près d'une semaine d'avance sur moi. Dodgy et moi continuons donc ensemble, mais je le perds très rapidement vu qu'il n'est pas très rapide dans les montée. Larry Boy est quelque part devant nous, donc finalement je me retrouve seul. Heureusement, sur les crêtes le vent remplace la neige, avant une dernière portion complétement blanche. Je tente de passer par la crête, mais finalement elle ne me dit rien qui vaille (en fait ça passe en mettant un peu les mains d'après Larry Boy), donc je reviens sur mes pas et me lance dans de longues traversées de lacs de neige. Je m'enfonce régulièrement jusqu'à mi-cuisse, donc je vous laisse imaginer ma vitesse de progression. Prenez pas de raquettes qu'ils disaient ; il n'y a pas beaucoup de neige qu'ils disaient... (en vrai, les raquettes n'auraient pas valu le coup - pas cette année du moins). Je campe sur un îlot presque sec, à la belle étoile même si je sais qu'il va faire frais.
Après une belle nuit, je finis de traverser cette neige (mais le matin c'est bien, on ne s'enfonce pas) puis continue sur un système de crêtes sans trop de neige, sauf lorsqu'il y a des traversées à faire. La matinée est presque sèche, et j'essaie d'avancer vide pour arriver assez tôt à Knife Edge. C'est une crête qu'on traverse en contrebas et qui est considérée comme une des portions les plus difficiles ou dangereuses avec de la neige. Et en effet, ça craint. Je suis bien content d'avoir mon piolet (acheté à Pagosa et qui ne me servira que là). Je mets 1h pour faire environ 1,5km. Ceci, avec la fatigue qui s'accumule à cause de mes mauvaises nuits, fait que je continue à faire de courtes journées (environ 32km/jour). Lors d'une descente dans une petite vallée, le chemin fait un virage brusque, et de l'autre côté je me retrouve nez à nez avec... un ours. Un bel ours noir, bien gros comme il faut. Heureusement, il ne demande pas son reste (sinon on aurait dû récupérer mes restes) et il s'enfuit presto. J'arrive à prendre une photo de lui lorsqu'il traverse une clairière plus bas. Je suis content, j'ai vu un ours ! J'en suis si retourné que j'oublie mon téléphone (qui me sert pour les cartes, donc sans lequel je suis dans une belle panade) à la pause que je fais peu après. Même devoir faire demi-tour pour le récupérer n'attaque pas ma bonne humeur, et finalement remonte sur le plateau avant de pauser le camp. Il fait grand beau, mais pour essayer d'avoir une bonne nuit je pose l'abri.
Et au milieu de la nuit se déclare un orage de grêle. L'une des seule fois où je monte l'abri alors qu'il fait beau, la météo tourne complétement. Je suis quand même un mec chanceux, c'est fou. Mais la nuit est quand même difficile, et une fois n'est pas coutume je traine complétement le lendemain. Vers 8h, alors que mes affaires sont encore déballées et sèchent au soleil (qui est gentiment revenu), je vois un randonneur passer au loin sur le chemin. Vu qu'il était derrière moi et que ce n'est pas Dodgy, je ne pense pas le connaitre et je n'ose pas l'appeler. A la place, je remballe tout en vitesse et m'élance environ 10 minutes après son passage pour essayer de le rattraper. Au moins, j'ai une motivation pour aller vite ce matin.
Dans la montée, la distance nous séparant se réduit petit à petit, et je crois reconnaitre Larry Boy, qui est pourtant censé être devant moi. C'est bien lui, et nous nous retrouvons sur le plateau. Hier il a posé le campement un peu plus tôt que moi, et vu que j'étais pas loin derrière je l'ai doublé. Nous décidons de rester ensemble, surtout que la météo prévue pour le lendemain est franchement mauvaise. Mais en attendant, nous avons une belle journée qui s'annonce. Lorsque je lui annonce (tout content, photos à l'appui) que j'ai vu un ours la veille, il est vert : il était environ 1h devant moi et il ne l'a pas vu. Il a plus de 5000km de rando dans le territoire à ours à son actif, et il n'en a jamais croisé...
Nous campons ensemble à la limite des arbres et décidons de partir tôt le lendemain pour essayer d'avancer le plus possible avant le mauvais temps prévu en mi-journée. Au réveil, le ciel est bien bleu, mais au fur et à mesure qu'on avance il se couvre progressivement. D'après certaines cartes, d'anciens bâtiments miniers peuvent servir d'abri donc nous espérons les atteindre avant l'orage. Le dernier col est avalé en vitesse, mais à part quelques ondées neigeuse et une descente piégeuse dans la neige, rien à déclarer. Nous nous perdons mutuellement brièvement car je descends à fond dans la pente alors qu'il s'arrête mettre ses crampons (deux techniques, même résultat : on se gamelle). Finalement, nous atteignons la cabane qui offre un abri tout à fait décent et nous nous installons pour manger. Je suis complétement crevé, et donc je décide de m'arrêter là pour la journée (seulement 18km, mais je suis de plus en plus malade : perte d'appétit, mal de crâne, insomnies...), mais Larry Boy veut continuer. Enfin, il voulait continuer avant qu'il se mette à neiger. L'après-midi se passe lentement à comater dans mon duvet.
Malheureusement la nuit n'aura pas été bien meilleure, et donc même si la météo est superbe je décide de descendre dans la vallée. Avant ça nous parcourons ensemble quelques kilomètres sur le plateau avant d'arriver à un col avec une piste (réminiscence du trafic minier - il y a des mines partout dans le coin), puis nous nous séparons en espérant nous revoir le lendemain. Je descends le long de la piste jusqu'à 3000m, où je dois retirer les chaussures pour traverser une belle rivière. J'en profite pour manger, puis faire une sieste, et finalement je décide de m'arrêter là pour la journée. Encore une très courte journée, mais un très bon choix : je fais de longues siestes dans l'après-midi, et ma nuit est la meilleure depuis longtemps.
Le lendemain consiste à remonter longuement sur un joli sentier une autre vallée pour rejoindre le CDT près des crêtes. Aujourd'hui je me sens en forme (enfin !), donc une fois le sentier rejoins je le quitte aussitôt pour parcourir la crête et faire un petit sommet dont je n'ai plus le nom. Il n'a rien de remarquable, à part que c'est mon premier 4000. Le reste de la journée se fait sans histoire et avec de jolies vues alors que les montagnes se font plus douces. Le ciel se voile progressivement, mais ce ne sont pas des nuages : c'est de la fumée d'un incendie dans le sud. Sur les cartes est indiquée la présence d'une yourte pour randonneur. Espérant qu'elle soit ouverte, je la rejoins : bonne idée. J'y passe une bonne soirée en compagnie de Hopefull, un autre randonneur que j'avais déjà croisé à Lordsburg - ça fait un moment. Larry Boy est passé ici dans l'après-midi, donc j'espère le voir demain à Lake City, qui n'est qu'à 14km.
J'ai donc mis plus de temps que prévu pour cette section. Heureusement, ce mal étrange qui m'a ralentit m'a aussi fait perdre mon appétit, donc j'ai largement assez de nourriture pour aller jusqu'à Lake City.
Après une nouvelle bonne nuit - cette descente dans la vallée m'a vraiment fait un bien fou -, Hopefull et moi partons ensemble pour le col d'où nous devons faire du stop pour Lake City. Nous discutons politique et implication citoyenne, et c'est toujours intéressant d'avoir le point de vue d'un américain pour mieux comprendre ce qu'il s'y passe. Au col, le trafic est minimal (la route relie Creede, 200 habitants, à Lake City, 300 habitants). Finalement nous demandons à un gars garé là s'il peut nous descendre. Il peut, mais il n'a qu'une place et il part dans une dizaine de minutes. Attentif à la réputation des français, je laisse Hopefull réserver la place. Une minute plus tard, une voiture s'arrête pour moi. Je serais à Lake City avant Hopefull, merci le karma.
A Lake City se trouve le premier hostel de la traversée (l'équivalent d'un gite d'étape, ou d'une auberge de jeunesse). J'y retrouve Larry Boy, qui est arrivé la veille mais qui a décidé de prendre un zéro. Ce soir nous ne sommes que tous les trois, et je décide de prendre un zéro le lendemain. Je suis toujours quelque peu fatigué par l'étrange maladie que j'ai eu (un problème d'acclimatation ? Étrange).
Le lendemain, plein de randonneurs arrivent. Entre notre semaine de pause à Pagosa et ma lenteur dans les San Juans, certaines personnes ayant commencé plusieurs jours après moi m'ont rattrapé, donc je rencontre de nombreuses nouvelles têtes. Parmi celles-ci, les plus notables sont Anchor, une suisse allemande dans un groupe de 6, et Iceman et Cattywampus, un couple qui s'est rencontré il y a 9 ans sur l'Appalachian Trail et qui finit là sa Triple Crown. Comme vous vous en doutez, je vais passer pas mal de temps avec eux (mais pas forcément tout de suite). Ma motivation baisse proportionnellement au nombre de personnes que je rencontre, et du coup je me retrouve à faire un double zéro. Deux jours de repos à la suite ? C'est une honte ! C'est pour les faibles ! Mais c'est tellement bon...
26-05-2018
Retour dans la neige
27-05-2018
Aujourd'hui on parcourt les crêtes
On suit la crête et on monte en face
Finalement on ne marche pas toujours dans la neige
Traversées lentes et pas rigolotes
29-05-2018
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Col pile sur la ligne de partage des eaux
Retrouvailles avec du balisage
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Deux femelles wapitis
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31-05-2018
On a passé la nuit dans la cabane de droite
Sur le plateau (3800m d'altitude)
Finalement pas tant de neige cette année
01-06-2018
Retrouvailles avec le CDT
Petit passage en hors-sentier sur les crêtes
Premières traces de fumées de feux de forêt
02-06-2018
Hopefull avant le col
Dernière modification par Shanx (04-09-2022 16:28:25)
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#75 22-10-2018 20:01:37
- Shanx
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Re : Continental Divide Trail - le matériel
Je vais aussi bientôt attaquer la rédaction d'une FAQ (en continuant à écrire des articles plus complets pour ce qui le mérite : nourriture et ravitaillements, ours et autres "risques" dus à la faune, etc.). Du coup, si vous avez des questions/remarques, je suis très preneur.
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