[Récit + liste] Tour du Mont Blanc à la Toussaint

anatta · 05-11-2018 00:02:32

Finalement, malgré les prévisions météos pluvieuses pour cette semaine de la Toussaint sur le Mont Blanc, je décide de partir tout de même voir sur place, quitte à changer mes plans si besoin.

J'ai besoin d'air et de tester le bivouac l'hiver. Je vais être servie ...

Un partie de ma liste :

Items	Commentaires
SAD Berghaus Fast Hike 32	trop petit pour l'hiver, obligée de rajouter un sac de 13l attaché au dos pour tout mettre. J'aurais du acheter la taille au dessus.
Abris DIY façon Gatewood Cape agrandie	fera son taf, mais un peu juste par grand vent
Sardines	j'aurais mieux fait de prendre des sacs à neige
Sac de couchage Marmot Hydrogen (le vieux modèle) donné à -1 confort	OK jusqu'à -10 avec une doudoune et sur sac
Sur Sac Karrimor Bivi Sac
Matelas Therm-a-Rest Ridgerest Solar	bien isolant
Un couverture de survie en guise de tapis de sol
Pour compléter le sac la nuit
tee-shirt polaire
collant merinos
chaussettes
doudoune Fjern Arktis	(450g avec 160g de duvet) -> déperlante, très chaude
Vêtements et Equipement divers
deux paires de gant imperméables	heureusement que j'ai pris 2 paires de gants car même en goretex, ils ont fini par être trempés et j'en ai perdu un dans le vent. à refaire, je prendrais plutôt une paire de gant et une paire de moufle.
sous gants
gants latex
chaussettes imperméables Seasink
+ des chaussettes chaudes de ski	très bonne combinaison pour moi pour garder les pieds plus ou moins au sec et au chaud.
bonnet + buff en merinos
pantalon de ski léger "imperméable"
collants de running hiver à mettre sous le pantalon
Une sous-couche ML Odlo
Un tee shirt ML merinos
Une polaire fine
veste et pantalon Frogg Togg
Les chaussures - pas MUL - en cuir Aigle	elles ont 20 ans, je sais qu'elle me sont très confortables dans la neige et que je peux mettre deux paires de chaussettes dedans et sont bien isolante.
bâtons Leki carbone
piolet Petzl Ride
crampons Microspikes

Aller, maintenant je raconte

Mon co-voiturage me pose aux Houches en début de ce samedi après midi sous une pluie battante. Je m'arrêtre dans une petite auberge accueillante pour manger un peu et réfléchir où je vais bivouaquer ce soir avant de prendre la route.

Après un copieux repas, la montée des "escaliers" - toujours sous la pluie - est très dure !

Je me fais dépasser par deux jeunes lourdement chargés sous leur poncho. Ils partent faire le TMB. Je les dépasserai à mon tour plus loin, malgré mon allure de sénateur.

Marre de la pluie, je décide de monter vers le col du Tricot pour passer la limite pluie/neige.

Mais la nuit tombe extrêmement vite et je suis obligée de faire mon premier bivouac en catastrophe sous la pluie. Je trouve tant bien que mal un endroit sous des arbres. Il ne fait pas froid, mais très humide. Le sol est détrempé par la pluie. Et c'est peut être là que je fais ma première erreur.

Je ne sais pas vraiment laquelle d'ailleurs, mais en tout cas, je me réveille le matin avec un duvet trempé au pied et au cou.
J'avais bien mis des vêtements secs et le sursac me protège le la condensation. Je ne comprends toujours pas pourquoi mon duvet est trempé.

Mais en ce dimanche matin, il pleut toujours et je suis donc bien obligée de tout remballer tel que, tout trempé. Je continue mon ascension. Le paysage change peu à peu.

Et se transforme en paysage de carte postale de noel

Mais, c'est un fois arrivée en haut de la montée, contente de moi d'avoir trouvé le chemin disparu sous la neige au GPS, que je vois une pancarte indiquant la fermeture du pont allant au col du Tricot ! Je suis donc obligée de faire demi-tour et de redescendre presque à mon point de départ. Et en dessous de 1500 m, je retrouve la pluie …

Le chemin vers les Contamines Montjoie n'est pas passionnant et la traversée de la station non plus. Je décide donc de prendre un chemin de traverse vers la réserve naturelle. La forêt est calme et tranquille. La pluie s'est un peu calmée. Je prends mon temps, fait des pauses, recharge mes réserves d'eau dans les torrents, laisse passer des vététistes. Je m'installe pour bivouaquer près d'un refuge fermé. Mon duvet est bien mouillé et tout ce que j'ai sur moi aussi. Je décide de monter jusqu'au refuge de la croix du Bonhomme le lendemain et d'arrêter ensuite mon périple. Il fait trop mauvais.

Lundi matin, je prends donc le chemin vers le col du Bonhomme

Le paysage est un peu fantomatique. J'entends des hurlements de chiens de meute au loin.

Il ne pleut plus, mais le temps est de plus en plus maussade.

Je suis impressionnée de voir la nuit tomber aussi vite.

Je monte tellement lentement et le ciel est si sombre que je ne tente pas d'aller jusqu'au refuge de la croix du Bonhomme, mais je m'arrête dans un petit réduit au col du bonhomme. Et je m'installe pour la nuit. La température est descendue brusquement. Je suis réveillée dans la nuit par le froid. J'entends le vent souffler à l’extérieur, et qui souffle tellement fort qu'il emmène de la neige jusque à l'intérieur du cabanon par les interstices des planches. Je me fais une bouillotte d'eau chaude et je finis la nuit comme ça en espérant sécher l’intérieur de mon duvet. heureusement, ma doudoune est bien sèche et me tient chaud.

Mardi matin, le vent souffle toujours. Je retrouve mes chaussures congelées. Impossible de les enfiler. Les lacets sont raidis et je n'ose pas forcer de peur de les casser. Mes gants aussi sont gelés ainsi que mon pantalon et tout ce qui n'était pas avec moi dans le duvet en fait ...

Je sorts uriner avec des sachets en plastiques aux pieds !

On voit le Bonhomme :

Je rentre vite dans le réduit. Je me remets dans mon duvet qui a un peu séché et prépare mon petit déjeuner paresseusement au chaud. J'ai mis mes chaussures et mes gants dans un sac poubelle et l'ai placé entre mon duvet et mon sursac pour les réchauffer. J'ai le temps d'aviser, je suis à l'abri.

Je renouvelle l'eau de ma bouillotte en faisant fondre de la neige.

Je ne sais pas trop quoi faire aujourd'hui. Je ne capte pas de réseau et donc suis incertaine sur la météo.

Le vent se calme l'après midi. Le refuge cosy de la croix du bonhomme, n'est qu'à 1h (peut être 2 pour moi), mais c'est faisable.

Mais d'un autre coté, ça fait un moment que j'ai envie de tester le bivouac dans la neige sans jamais oser le faire. Je me dis que c'est peut être le moment.

Hop, ma décision est prise. Je choisis un endroit à peu près plat et creuse la neige abondante. Je fixe mon abris avec des sacs en plastique remplis de neige et enterrés et tasse de la neige contre la paroi de la tente tout autour.

L’accalmie n'a pas duré longtemps et le vent s'est remis à souffler. Je rentre sous mon abris, contente de moi et continue de tasser la neige de l'intérieur.

Bon, j'avoue, j'ai eu très peur la nuit à cause du vent qui claquait sur l'abri manquant à chaque fois de le faire s'envoler (mais non, il a tenu le coup!)

Et j'ai retenu la leçon pour les chaussures et le reste : tout dans un sac poubelle et entre le sursac et le duvet ou bien sous moi entre le matelas et le sursac.

Au petit matin du mercredi, je déblaie la neige pour sortir de mon abris (c'est pour ça qu'il n'est plus tendu sur la photo). Il a encore bien neigé.

Le temps n'est toujours pas mieux. Il est même peut être pire,mais tout de même, je me dis que j'ai la journée pour aller au refuge qui est à une heure de route. Je devrais y arriver tout de même !

Le chemin est devant moi, je m'y engage et là, la tempête se lève et souffle tout autour de moi. Je ne vois plus rien. C'est le Mordor : si je mets un pieds en dehors du chemin, je m'enfonce jusqu'aux genoux dans la neige et sur le chemin, ça glisse. Je mets mes crampons. ça va mieux.

Je ne vois plus le chemin (je ne vois plus rien du tout d'ailleurs) et je veux sortir ma boussole. Il faut que j'enlève un gant. Et hop une rafale de vent et le gant part avec en une fraction de seconde !
(note pour moi même et les autres : les dragonnes, c'est pas mul, mais ça peut servir !)
Heureusement que j'ai une deuxième paire de gants.

La journée de l’enfer ne fait que commencer …

J'ai l'impression que la boussole D4 ne m'indique pas la bonne direction. ça se confirme quand j'arrive à consulter mon GPS (difficilement car avec des rafales de neige dans les yeux, c'est pas facile !) Et même pas un rocher pour se mettre à l’abri. Le vent manque me faire tomber plusieurs fois. Je dois m'arrêter de marcher le temps que les rafales passent pour ne pas tomber.

Re-note pour moi-même et les autres : dans des conditions alpines, je ne négligerai plus le matériel mécanique comme la boussole et l'altimètre. Ma montre qui fait boussole, altimètre, etc... je n'ai jamais pu lire ce qu'il y avait dessus dans la tempête.

Le vent fini par se calmer un peu, je réussi à consulter mon GPS. Je me suis beaucoup dévié du chemin. Il est en contrebas, je le vois. Il y a une bonne pente, mais plus beaucoup de vent. Je sors mon piolet et commence la descente tranquillement à reculons face paroi. ça va bien, je prends de l'assurance. Ben j'aurais pas dû !

Tout s'est précipité très vite. Un pas et j'étais sur un pierrier. Je n'ai rien pu faire. Piolet, crampon, tout ça était inutile. Rien ne pouvait accrocher. J'étais sur un tapis roulant. J'ai dévalé toute la pente en semant tout ce qui était accroché à l’extérieur de mon sac : bâtons, bouteilles d'eau. J'ai perdu aussi mes lunettes, le piolet et les crampons d'une chaussure se sont détachés. En bas un peu sonnée, je regarde mon sang couler. Je n'ai pas mal, il fait trop froid pour ça, mais je pense que j'ai le nez cassé. Bon, ben, plus qu'à appeler les secours. Je sors mon téléphone... inutilisable...

Je dois dire que je me suis sentie seule au monde là !

Et plus beaucoup de force pour faire le chemin dans un sens ou dans l'autre. J'avise un chalet qui semble bien sûr fermé et qui est tout en haut d'une pente. Il n'est peut être pas plus près que le refuge, mais je le vois et ça me rassure. Mais pour y aller, il me faut mon piolet. Il n'est pas très haut sur le pierrier. Je remonte le chercher et redescends avec des précautions infinies de peur de retomber.

Je finis par arriver au chalet qui est barricadé. Même la grange où il y a la réserve de bois est fermée à clé. Pas la force de monter mon abris parce qu'il faudrait le consolider fortement pour qu'il résiste au vent qui s'est levé de nouveau. J'avise un couloir étroit entre deux granges avec un toit. Il y a quelques planches par là, que je vais caler à chaque bout du couloir. J'ai juste la place de mettre mon matelas et de m'allonger là dans mon sac de couchage. Et évidemment comme une idiote qui ne réfléchit plus très bien, je rentre dans mon duvet avec mes vêtements trempés …

Il me reste tout de même un minimum de jugeote. Je sais que maintenant, il faut juste que je passe la nuit sans tomber en hypothermie. ça veut dire pas trop dormir et bouger de temps en temps. Je n'ai plus d'eau. Je fais fondre un peu de neige et j'utilise mon dernier combustible pour chauffer l'eau au maximum (ça sera tiède) pour boire.
Vous savez déjà que ça se termine bien, puisque je suis sur RL à taper avec tous mes doigts mon récit.

Cette nuit là, j'ai expérimenté, ce que je connaissais d'une manière plutôt théorique sur la méditation Toumo. Je médite depuis très longtemps et cela ne fait que quelque mois que je m'intéresse à ce genre de méditation qui permet de résister au froid. Un des premiers exercices que j'ai appris est une respiration en hyperventilation qui permet de réchauffer l'air des poumons et d'envoyer cette chaleur aux membres. C'est ce que j'ai fait en alternant avec des petites périodes de sommeil.

A vrai dire, je ne sais pas si ce sont ces exercices ou simplement si ça aurait été pareil si j'avais seulement frotté mes mains et mes pieds vigoureusement plusieurs fois dans la nuit.

Mais en tout cas, je n'ai pas été en hypothermie contrairement à ce que j'ai lu dans les journaux après mon sauvetage.

Jeudi matin en tout cas, ça allait beaucoup mieux. Le soleil était au rendez-vous et j'ai pu me réchauffer avant de prendre la route. Je décide de revenir sur mes pas car si je ne rencontre personne, ça me semble plus réalisable et moins fatiguant de redescendre sur les Contamines que dans l'autre sens.

Voyant bien le soleil à l'est, je confirme que la boussole D4 a perdu le nord ! Je décide de ne pas prendre le chemin (que de tout manière, je ne vois pas vraiment sous la neige), mais d'aller au plus court en me dirigeant au soleil. Il fait très beau, le paysage est magnifique. En une heure, je suis de retours au col du Bonhomme. Le soleil, ça change tout, la visibilité est parfaite. Malgré mon nez cassé et ma soif, je prends plaisir à cette petite balade dans la neige. Mais je sens que je suis déshydratée. Je mets de temps en temps un peu de neige dans la bouche pour la faire fondre, mais ça ne fait pas beaucoup d'eau.

Tout à coup, j'entends des voix. Elles viennent d'un petit groupe de jeunes qui marchent droit vers moi. Au départ, ils ont un petit mouvement de recul. Je n'ai pas vu ma tête. Elle est enflée, difforme et violette avec des traces sanglantes !!! Une vraie tête d'halloween. Du coup, le choc passé, ils sont aux petits soins. Ils m'offrent de l'eau, veulent me faire manger, bref.

C'est l'un d'eux qui me prêtera son téléphone pour appeler les secours. L'hélicoptère des gendarmes du PGHM de Chamonix arrive bien vite et m’emmène à l'hôpital de Sallanche. Je ne suis jamais montée en hélicoptère, j’apprécie la vue !

J'ai bien de multiples fractures au nez et quelques hématomes sans gravités sur le corps, mais rien d'autre. Ils me gardent tout de même en observation 24H pour me réhydrater.

On est dimanche, je suis de retours chez moi. Je ne sais pas trop quoi penser de cette aventure. Je vous la livre toute crue comme ça.

Merci pour ceux qui m'ont lue jusque là !

Et mes excuses pour la qualité des photos récupérées sur mon téléphone.

zorey · 05-11-2018 00:55:34

Wow, sacré récit !

Content que tu sois revenue pour nous le raconter, pas évident de partager ça, merci anatta !

Quelles leçons en tire-tu ?

laxmimittal · 05-11-2018 00:56:14

ah ben là, Anatta, je suis sur le c...

voici mes deux réactions à chaud.

d'abord tes photos sont magnifiques ; ces paysages désolés sous la neige font penser à de tableaux de maitres flamands.

mais surtout, merci pour ce récit. un grand merci car il sera utile et instructif tant il permet d'apprendre et de partager.

L.

einganien · 05-11-2018 01:05:58

Bonjour Anatta
Et bien !! c'est un sacré récit que j'ai lu jusqu'au bout !!
T'as eu beaucoup de courage de partir dans un univers que tu ne connaissais pas.
Il y a beaucoup d'erreurs que tu analyseras avec le recul, comme partir toute seule dans l'inconnu avec une météo qui s'annonçait plus que moyenne ou de savoir pourquoi tu as mouillé ton duvet dès la première nuit.....
Est-tu prêtes à repartir ??

marcheur75 · 05-11-2018 09:11:17

Merci pour ce récit, qui m'a ému et rappelé quelques galères.

Il est très instructif.

Manche · 05-11-2018 10:18:08

Merci Anatta pour ton récit précis et vraiment instructif.

Adrienne · 05-11-2018 10:53:05

Bonjour Anatta

Tout d'abord, soulagement à la fin de la lecture de ton récit de voir que tu t'en sors pas trop mal.
Je crois qu'il y a en effet pas mal d'erreurs à analyser, ce qui n'enlève absolument rien au courage dont tu as fait preuve avant et après ta chute pour t'en sortir sans trop de dommages.

C'est vraiment très bien de l'avoir raconté ici sans cacher les détails, si tu es d'accord pour que ce soit discuté, je pense que ça peut être vraiment utile pour tout le monde ! (Mais personnellement j'attendrai que tu donnes ton accord pour disséquer un peu les moments où il aurait fallu agir autrement, pas envie que tu te sentes attaquée )

Remets-toi bien !

Naxh · 05-11-2018 10:56:49

Bon rétablissement à toi Anatta et merci pour ton partage de cette expérience.

C'est important de lire ce genre de récit également ...

tacheton · 05-11-2018 11:00:15

ça confirme une fois de plus que quand les conditions n'y sont pas... faut pas insister.

tolliv · 05-11-2018 11:21:05

Waouu ce récit, un rare récit où tout ne se passe pas bien.
J'espère sincèrement que tu n'auras pas de séquelle (physiques et psychologiques).
Partir seule dans la neige sans bien connaître le milieu c'est effectivement très risqué. Tu t'en sors quand même bien, cela aurait pu être plus grave.

Un grand merci à toi. Moi qui pensais partir seul dans la blanche et bien cela m'en à dissuadé.
Bon rétablissement.

René94 · 05-11-2018 14:41:45

Un grand merci d'avoir relaté cette sortie qui aurait pu se finir beaucoup plus mal...

Quelle boussole avais-tu ? Quel GPS ?

Avec le recul, sais-tu maintenant quelle liste d'équipement tu prendrais pour refaire cette rando dans les conditions que tu as vécue ?

walkmyway · 05-11-2018 15:28:50

Heureusement que ton récit se termine bien! Je ne m'attendais pas a ce que ça tourne à l'expérience de survie en lisant le titre.
L'essentiel est que tu ai pu être secouru, et que tu te remette bien.
Bon rétablissement

Ezequiel54 · 05-11-2018 17:54:40

Bonjour Anatta, et merci pour ce retour de terrain très constructif, et ton honnêteté.

Ça nous rappel la réalité du terrain et les risques possibles. Content que tu t'en sois sorti et que tu sois là pour nous conter ce récit, qui sera une grande source d'expérience pour toi, mais également pour nous.

Bon rétablissement et bon retour prochain sur les sentiers !

Dernière modification par Ezequiel54 (05-11-2018 19:00:15)

Oisans38 · 05-11-2018 18:39:36

J ai vu la news sur le DL qui n'a pas parlé d'hypotermie mais d'une chute et d un téléphone casse. Tu as quand même pris la bonne décision de revenir sur les Contamines, il était temps de faire demi tour avec tous ces signes negatifs qui se sont enchaîner depuis le depart (avec le pont ferme) jusqu a la chute qui aurait pu être plus grave. Et dire que c'est une balade familiale quand il fait beau !

Hervé27 · 05-11-2018 18:55:41

Merci Anatta de retour, dont on peut dire qu'il fait impression !

Si d'un côté tu t'es fait peur, de l'autre tu peux te dire que tu as su gérer la situation ... J'espère que tu te remets bien.

De ce que je comprends, lors de ta dernière nuit les choses ne tenaient plus qu'à un fil …

Tu nous en as déjà donné plusieurs indices, mais il serait intéressant de partager avec nous ton analyse de l'enchainement des bonnes et mauvaises décisions / circonstances :
- ayant contribué à l'accident ou à son aggravation, d'une part ;
- qui ont malgré tout permis une fin heureuse, d'autre part ;

... histoire de nous rappeler cette maxime maritime que racontait mon paternel :

"L'accident possible est déjà arrivé, l'accident impossible ne va plus tarder" (les formulations varient)

Archimboldi · 05-11-2018 19:06:20

Merci de ton retour Anatta, remets-toi bien !

De même, j'aimerais bien avoir ton analyse de tes décisions.

Pour le sdc mouillé aux pieds le premier soir, j'ai pu observer par le passé que si le sursac karrimor était très imperméable et respirant, les bandelettes thermocollantes condensaient dans certaines situations (fort taux d'humidité dans l'air). Et il y a beaucoup de ces bandes au niveau des pieds. Je n'ai jamais noté que mon sdc était totalement trempé à cet endroit, mais humide oui !

Dernière modification par Archimboldi (05-11-2018 19:11:20)

tolliv · 05-11-2018 19:15:41

Les pieds mouillés, c'est malheureusement fréquent. Si tu as le buste chaud et les pieds froids, le point de rosée peut parfois se situer dans le sac de couchage au niveau des pieds.
Si tu te recroquevilles, si le sdc est trop long, tu dois avoir les mêmes phénomènes !

Nayana · 05-11-2018 21:26:39

J'ai pensé à toi mardi lorsqu'il s'est mis à neiger ici mais je t'imaginais plutôt au chaud dans un refuge devant un bon chocolat

Ton baptême du feu.... enfin de la neige... a été brutal. Merci de ton retour honnête sur RL. Ta malheureuse expérience se termine bien (pas trop mal) et c'est instructif pour tout le monde.

Et un bon rappel en ce début de saison hivernal

Bon, j'espère que tu n'es pas complètement écœurée de la neige parce que je compte sur toi pour une sortie raquette cette hiver

Hareotoko · 05-11-2018 22:09:19

À méditer......
Quel était ton niveau de préparation physique avant de partir ? Ce programme n'était-il pas un peu trop ambitieux?
Avais tu lu les retex sur le TMB ? Le secteur du Bonhomme et la transition jusqu'au refuge de La Croix du Bonhomme y sont décrits comme délicats en cas d'enneigement...
Tu étais à quel endroit exactement? Il me semble que redescendre sur les Chapieux après ta mésaventure aurait été moins risqué , je me trompe peut-être .....
Il est heureux au final qu'il ne te soit rien arrivé de pire....et merci pour ce partage.
Bon rétablissement .

lamarmotte63 · 05-11-2018 22:40:07

Lac Pavin / Lac de Montcineyre, aller retour il y a moins de risque.

Bon rétablissement. Un jour tu le feras ton tour du Mont Blanc.

anatta · 05-11-2018 23:07:05

ouah, tous ces commentaires

Ce matin, je suis allée travailler avec trois couches de fond de teint. Je ressemblais à une mère maquerelle, mais c’est passé.

Pour l'humidité du sac le premier soir, j'ai bien pensé que c'était la condensation. Peut être que j'étais trop habillée aussi. Il faut que je réessaye peut être avec un autre sursac.

Pour les mauvaises décisions : en fait, j'aurais dû m'arrêter dès le deuxième jours en voyant le col du Tricot fermé et attendre le beau temps.
Pas partir quand on a pas tous les éléments météo.

Deuxième mauvaise idée : le matériel d'orientation. Je le referai certainement, mais avec une boussole mécanique de qualité qu'on peut utiliser par tous les temps et un altimètre fiable. Je n'aurais pas dévié du chemin, même dans le mauvais temps.

On pourrait dire aussi : ne pas partir seule. Mais ça, bon, c'est un risque que je prends très souvent et je pense que je ne suis pas la seule ici.

Adrienne (et les autres) si vous avez des analyses d'autres erreurs, ça peut servir à tout le monde.

Hereotoko : non, ce programme n'était pas trop ambitieux. Il ne faut pas exagérer, ce n'est que de la moyenne montagne et la civilisation n'est jamais très loin. Le temps de mon sauvetage, j'ai vu passer une quinzaine de randonneurs. Quand il fait beau, c'est une balade. Évidemment, je ne le ferais tout de même pas en plein hiver.

Nayana : non, non pas dégoutée du tout au contraire Quand tu veux pour une sortie raquette Enfin, quand mon nez sera remis...

René94 · 05-11-2018 23:21:24

René94 a écrit :

Quelle boussole avais-tu ? Quel GPS ?
Avec le recul, sais-tu maintenant quelle liste d'équipement tu prendrais pour refaire cette rando dans les conditions que tu as vécue ?

As-tu vu mes questions ?

laxmimittal · 06-11-2018 01:36:47

coucou Anatta,

Je ne suis pas expérimentée en rando neige mais je connais un peu la montagne en ski. donc, voici ce que ça m'inspire :

il me semble que tu avais vraiment bien calibré ton habillage contre le froid avec une doudoune bien chaude, des chaussettes, des collants, des pantalons imper-respi, deux paires de gants, de bonnes chaussures, etc... certains item sont redondants, c'est presque trop. tu as donc pu te "permettre" de mouiller ou de perdre une partie de ton équipement sans trop de dégâts.
c'est cette marge de sécurité qui t'as finalement sauvé la mise pour te permettre de passer les nuits froides.

il me semble aussi que tu avais le bon équipement pour dormir avec le bon matelas et une cape suffisamment large pour toi et que tu étais équipée neige (piolet/crampons). finalement, ce n'est pas tant l'équipement le problème. A part le point que tu as bien déjà identifié de ne jamais compter sur les instruments à pile quand il fait froid.

les problèmes viennent donc plutôt d'une suite de comportements inadaptés :

- d'abord, mal anticiper les prévisions de marche en fonction de ton rythme perso et de l'heure de la tombée de la nuit ; tu constate le décalage dès le samedi soir, ça se reproduit le dimanche, mais ça ne déclenche pas de modification de ta part.

- ensuite, ne pas faire sécher tes affaires dès le lendemain est peut-être une preuve que tu as peut-être un excès de confiance dans ton matos.

- mais surtout, c'est à partir de mardi que tout bascule : tu passe la journée dans ton réduit sans rejoindre le refuge, alors que le temps se dégage un peu et te permet de repartir, puis tu décide de bivouaquer seule dans la neige alors que tu ne l'as jamais fait, que tu n'as plus de back up en cas de pépin (tes affaires sont mouillées et tu passe ta journée à consommer ton gaz), et que tu n'as pas la météo. c'est là je crois que tu fais vraiment preuve d'imprudence. il aurait été opportun de rejoindre le refuge ou de redescendre en vallée tant que la vue te permettait d'avancer, et de marcher sans sortir du chemin.

- ensuite, lorsqu'arrive la tempête et l'accident bête, tu n'as plus aucune marge pour te permettre d'absorber les problèmes. plus d'eau, plus de gaz, plus de rechange sec. finalement, ce n'est pas tant lors de ta chute que tu te mets en danger que lorsque tu "gaspille" tes marges de sécurité durant la journée de la veille.

- heureusement, il me semble que tu as vraiment bien géré le quatrième bivouac qui était vraiment dangereux (celui entre les deux granges) avec des exercices de respiration, sans trop t'affoler. alors que tu as eu à affronter le froid et le manque d'eau (à ce moment d'ailleurs tu ne dis pas que tu as eu peur). c'est bien car c'est ce sang froid qui t'as permis de t'en sortir. c'est ton mental qui t'a aidée.

Voilà. je ne sais si mes remarques apportent grand chose mais faites moi signe pour la rando raquette

L.

edit : je suis curieuse d'avoir des infos sur la respiration que tu as expérimenté.

Dernière modification par laxmimittal (08-11-2018 22:08:29)

Adrienne · 06-11-2018 02:20:16

Bonsoir Anatta

J'étais en train de lister mes remarques et je vois que Laxmimittal est passée avant moi

J'ai un peu le même avis qu'elle : je pense que tu n'as pas vu les signes que ça allait foirer, sans doute par excès de confiance en toi. Et donc, comme dit Laxmi, tu as "brûlé tes réserves".

Je trouve ça particulièrement instructif pour nous tous, parce que c'est facile de le voir dans ton récit, mais est-ce qu'on est capable d'avoir cette lucidité seul(e) dans la montagne ? Pas sûre...

Mes notes, donc :

- bivouac en catastrophe sous la pluie parce que nuit tombe : c'est ta 1ère erreur et c'est vraiment quelque chose à anticiper en automne / hiver. À 18h il fait nuit. Donc si on veut bivouaquer correctement et avoir le temps de faire sa popote, on s'y prend 1h avant. Et à 20h on dort au fond du duvet, c'est cool
- décider de continuer alors que tout est trempé (y compris duvet) et qu'il neige, donc avec des températures sous ou à 0° : c'est déjà une grosse prise de risque. Au printemps où tu peux espérer 30 min de soleil bien chauffant à midi pour rattraper le coup, ça le fait. Sous la neige, c'est risqué.
- fermeture du pont : mauvais signal (mais est-ce que tu sais pourquoi il était fermé ?)
- ta photo pleine de brume du lundi matin : dans un endroit que je ne connais pas, seule et sous la neige : je ne continue pas avec ce manque de visibilité
- vêtements dans le sac de couchage en cas de grand froid : c'est un basique pour le confort.
- pour les chaussures en cuir qui ont gelé = c'est qu'elles étaient trop humides, le cuir humide + froid c'est pas bon. C'est quelque chose qui s'anticipe avec l'expérience. Je ne sais pas comment éviter que les chaussures gèlent à part dormir avec... ou ne pas utiliser de chaussures en cuir (je n'ai pas eu ce souci avec des chaussures en Goretex ou chaussures d'alpi classiques : du journal dedans la nuit pour absorber l'humidité, à changer en milieu de nuit si possible ou à enlever une fois l'humidité absorbée, et même très au froid je n'ai jamais eu de souci le lendemain si elles étaient sèches)
- manque de réseau téléphonique / incapacité à avoir des prévisions météo : en solo pour moi ça veut dire qu'on redescend directement, surtout si tu n'as pas une grande expérience.
- pas d'abri neige après déjà 3 jours compliqués seule : là vraiment tu tapes dans les réserves et tu prends des risques. Même si ton bivouac s'est bien passé, tu as probablement brûlé beaucoup d'énergie / de force. Peut-être celle qui t'a manqué en attention ou équilibre et qui t'a fait tomber, ou ne pas réussir à stopper directement ta chute... Le froid nous fait consommer beaucoup d'énergie et nous fatigue, il faut le garder en tête.
- si je me dis "j'ai la journée pour aller à ce refuge qui n'est qu'à 1h de marche normalement" c'est que quelque chose ne va pas dans les conditions météo ou dans ma condition à moi. C'est une grosse alerte. C'est là où je me dis : c'est facile à voir sur un récit à froid, mais est-ce qu'on est capable d'avoir cette lucidité sur le terrain ?
- au moment de la tempête = la seule option valable est le retour en arrière, pas de chercher à retrouver le chemin pour continuer...
- téléphone inutilisable après la chute : où était-il rangé ?
- clairement ta dernière nuit a été dangereuse, on sent que tu as eu une altération de ton jugement et de tes capacités à cause de la fatigue ou de la douleur (rentrer dans le duvet trempée, pas assez de force pour monter l'abri), même si tu l'as très bien géré avec sang froid et courage.

Voilà, c'est un peu brut et j'espère que tu m'en excuseras.

Je fais aussi cet exercice pour moi, en me disant que repérer ces signes qui auraient du t'alerter, c'est pour nous lecteurs une occasion de nous réinterroger sur nos propres pratiques !

Encore bravo pour le sang froid

fredlafouine · 06-11-2018 05:54:12

Sursac = risque accru de condensation.
Un chouette weekend (+++ bonus lessons learned)!

Mêmes questions que René94.

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#1 05-11-2018 00:02:32

[Récit + liste] Tour du Mont Blanc à la Toussaint

#2 05-11-2018 00:55:34

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#3 05-11-2018 00:56:14

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#21 05-11-2018 23:07:05

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