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#26 23-03-2019 19:56:37

laxmimittal
Membre
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Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

J'adore
J'adore
Super récit; j'en perds pas une miette.

Je soutiens totalement les crises de "confortites aiguës".

L. smile


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#27 25-03-2019 15:04:05

cajba
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Lieu : TLS
Inscription : 21-11-2018

Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Bonjour,

Merci pour vos retours, ca m'encourage à finir le récit  big_smile ! J'imaginais vraiment pas que ca prendrait autant de temps !

@ Bast198 : je trouve pour ma part que les photos sont très moyennes. Faites avec le smartphone A3 de Samsung et sans retouches, je suis plutôt déçu de la qualité, il ne gère pas bien les expositions variées. Par contre, ca donne des idées des paysages, mais clairement quand je ferme les yeux et que je me souviens des lieux, c'est vraiment vraiment mieux.

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#28 03-04-2019 14:13:32

cajba
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Lieu : TLS
Inscription : 21-11-2018

Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Andorra, petit pays, je t’aime beaucoup…

J25 : De Vall Ferrera à Sorteny

Il a fait chaud cette nuit, et le petit déj tout emballé me fait rappeler que c’est mieux sans passer par un refuge…mais bon, je sens que je ne suis pas prêt à m’imposer de ne pas y passer à nouveau. Je pars donc à l’aube, vers 7h30 (fait nuit tard), à contresens des nombreuses personnes que je croise qui viennent pour faire l’Estats. Je vois dans leurs yeux de l’incompréhension, et parfois un doute (a-t-il bivouaqué au sommet ?). En effet, aujourd’hui est particulier en Catalogne, c’est la Diada, un peu l’équivalent de la fête nationale, alors monter sur le sommet, c’est un acte presque politique ! Plus personne quand je bifurque vers le port de Bouët. Aujourd’hui je vais faire 3 pays, heureusement qu’on peut circuler librement. Ça monte tranquille, puis au port je bascule côté français, et c’est plus sportif. Lors d’un court passage ou il faut mettre les mains, je ressens une grande douleur dans les côtes, m’empêchant de passer comme je voulais hmm . Aie, c’est un reste de la chute dans la rivière, pas bon. Arrivé au fond je remonte vers le port du Rat vers l’Andorre. Repas au col, avec de belles vues sur les journées passées et l’Estats. Puis je descends vers le haut d’Arcalis, station de ski. Je croise des touristes, c’est fou comment on passe du silence et du désert à l’agitation et des personnes sad . Je fais quelques pauses au niveau des lacquets, mais le temps tourne de nouveau à l’orage, donc j’abrège la conversation téléphonique que j’arrive à avoir, je sais néanmoins que le ravitaillement à Bolquères est OK et je reprends le chemin. Enfin, chemin, pas vraiment, je passe en mode 4 x 4 pour descendre et rejoindre l’ancienne route abandonnée. Je descends tranquillement, quelques pauses au soleil quand les nuages, magnifiques, lui laissent un petit espace. Puis je remonte vers Sorteny, par une piste aussi, et arrive au refuge andorran. C’est très humide autour, et je décide (on trouve toujours un bon argument wink ) de passer la nuit au refuge 2 étoiles (et oui, c’est comme ça en Andorre). Je prends un coca en terrasse, avant de prendre une douche de luxe dans le refuge, qui a été rénové il y a peu : grand standing, de la place, des chambres de 6 personnes, de l’espace, des couettes et des draps, bref un bon endroit. L’accueil très sympa aussi, et je découvre l’existence d’une association de randonneurs canins catalans (oui oui ça existe, on randonne avec son chien, et ça à l’air sympa). Le repas du soir est excellent, et pas trop tard, on est 8 dans le refuge. Je m’endors la panse bien remplie !

Dénivelé : +1510 m / - 1450 m
Les + : les isards le matin, le refuge de Sorteny
Les - : la douleur aux côtes, la surprise des touristes sur Arcalis, la seconde partie d’étape peu sauvage



J26 : De Sorteny à Siscaro

J’ai passé une super nuit, petit déj top moumoute, départ comme d’hab, au début avec un peu de soleil, puis très vite dans les nuages. Je croise de bon matin un chevreuil durant son repas. Puis c’est plus haut beaucoup d’isards de part et d’autre du chemin. Aujourd’hui c’est sur le GRP qui fait le tour d’Andorre que je passerai, sans regarder particulièrement le Véron et ses passages parfois un peu originaux à travers les sapins pour éviter 20 m de dénivelé. Comme j’ai les cannes, ça sera parfois des détours, mais surement plus rapide au final. Enchainement de plusieurs cols, ou le vent souffle fraichement, quelques brebis égarées par ci par là. Belle vue sur Soldeu au loin. Comme de la pluie est annoncée cette aprèm, je ne tarde pas trop à musarder au bord des lacs, ça tombe bien il fait bien frais pour cela. Enfin, ça se dégage un peu, trempage de pied quotidien dans un petit lac. Puis c’est la descente vers le val d’Incles, pause coca à un resto lounge avec de la musique sur un transat…Je repars ensuite pour viser la cabane de Siscaro, bien au-dessus. Le temps se couvre vite, il pleut avant que j’arrive à la cabane, vers 15 h. Ha, qu’une seule étoile ici. Et pourtant, il y a tout ce qu’il faut pour une cabane : des lits, table, une carte du coin, une cheminée, de l’eau bonne à boire qui coule (au moins avant l’orage). Je passe un peu de temps pour nettoyer la cabane (qui semble être entretenue tous les mois !), un peu de lecture, ramassage de framboises entre les averses. Et je continue à apprendre des paroles de chansons. Est-ce le fait d’être seul toute la journée (voir plus), mais j’ai envie/besoin de chanter : alors j’en profite pour apprendre quelques chansons que je souhaite depuis longtemps connaitre : réécrit sur un bout de papier et dans la poche, je peux comme cela pousser la chansonnette n’importe quand. Ça fait du bien cool . La vue sur l’étang et sa zone humide est sympa, et avec la pluie qui ne fait pas semblant je suis tout content d’avoir de la place dans la cabane, le confort a du bon. Repas du soir vite avalé, avec sa rasade de rhum, et au lit !

Dénivelé : +1490 m / - 1320 m
Les + : le petit déj, le coté sauvage de l’Andorre
Les - : la pluie


J27 : De Siscaro à Lanoux

Je me lève comme d’hab. Il pleut fort. sad Je me recouche. smile Pas question de marcher volontairement sous la pluie, je ne suis pas pressé. A 8h, cela s’arrête, je prends mon barda et c’est parti. smile 10 mètres et il pleut, même pas le temps de faire le tour du lac. Je retourne à la cabane et patiente. sad Je vois JL le HRPiste passer. Il pleut toujours. Je m’ennuie. Bon, je vais y aller, cela va arrêter la pluie. wink En tout cas ce n’était pas prévu, donc les prévis météo bof. C’est une belle montée vers les lacs puis le col, sous une pluie fraiche et le vent. Je suis bien mouillé, mais finalement dès que l’on marche j’ai bien chaud, tant pis pour les pieds mouillés. Puis c’est une balade facile sur les crêtes à 2600m. La pluie s’arrête enfin, et je distingue sur la trace de belles grosses antennes. Les nuages français envahissent l’Andorre, mais le ciel se dégage. Je descends au doigt mouillé vers le Pas de la Case, à travers les alpages, dans l’atmosphère feutrée des nuages qui absorbent tous les sons. Puis, au détour d’une arête PAF !! La vue sur le Pas de la Case roll . Rien à dire, ça change de ce que je vois depuis le début de la rando : ils ont encore rajoutés des immeubles depuis la dernière fois que je suis venu. C’est vraiment ambiance Jean Michel et Monique viennent acheter du pastis pour toute la famille ! Je serpente entre les voitures et les bus de personnes âgées pour trouver un petit supermarché qui vend des produits utiles comme du pain et des fruits, voir un fuet et du fromage, et je craque sur du tublerone. Après un coca bien mérité, je sors du Pas pour me poser et déjeuner juste au-dessus, en compagnie des vaches. C’est quand même assez flippant de voir ce que l’humanité arrive à faire comme dégâts. C’est la 1ere « ville » que je croise, et quand même ca dénote vraiment. Puis 2h de marche dans les alpages vers le col de Portet, en croisant une vieille mine désaffectée. Heureusement que je ne suis pas le Véron, car l’hôtel qu’il indique au col doit être abandonné depuis pas mal d’années. Je remonte une piste, qui est fermée et interdite, même aux piétons, mais je ne lis pas bien les panneaux. 1 km plus loin je tombe sur des travaux d’installation de pare avalanches. Impressionnant de voir ou est situé le petit engin de chantier qui fait les trous pour mettre les pieux. Faut pas avoir le vertige ! De plus, cet engin se déplace comme une araignée, ça doit être sympa à utiliser. Il fait maintenant beau et chaud, vive les PO ! Quelques sms, j’ai la pêche, je continue ! Lavage de pieds et pause le long d’un ruisseau magnifique, puis je monte doucement vers le lac de Lanou. Je me pose à la cabane un peu en retrait (dite des ingénieurs), partie libre avec matelas et couvertures svp ! Bon apéro après la toilette et une bonne tisane du soir avec le reste du tublerone. Royal !

Dénivelé : +1145 m / - 1170 m
Les + : les anciennes mines, les ruisseaux, ma forme physique
Les - : mon aversion à me lancer sous la pluie, le choc culturel au Pas


J28 : De Lanoux à Bolquères

J’ai bien dormi dans la cabane EDF. Je prends le temps de me lever tranquillement, de manger mon petit déj à base de Princes, et hop c’est parti pour 800 m de montée pour le Carlit, que je n’ai jamais fait. Il fait frais à l’ombre. Après le dernier lac, ça monte bien raide dans les éboulis. Heureusement que l’on voit la trace de loin car au pied je pourrai me demander si cela passe. Je monte tranquillement. Je vois quelques mouflons sur la crête. Première fois que j’en vois ! Il est 9h45 quand j’arrive au sommet, et sa magnifique vue à 360°, sur les Encantats, l’Estats ou le Canigou. Un bivouaqueur au sommet repart, il faudra que j’essaie la prochaine fois. Sur la descente, c’est un peu le petit train de jeunes retraités qui montent à l’assaut de la montagne. La vue sur les différents lacs des Bouillouses est vraiment sympa, et je n’ai que l’embarras du choix pour me poser pour le déjeuner et tremper mes pieds. J’en profite, presque comme tous les jours, pour laver une paire de chaussettes. Puis je redescends au grand lac, coca en terrasse, des coups de fils, et comme il est déjà un peu tard et que je me sens d’humeur à profiter une nouvelle fois du confort, je me réserve un hôtel à Bolquères, pas envie d’aller bivouaquer après Eyne ce soir. Je continue à descendre en suivant le GR10 à travers de nouveaux lacs, que je trouve encore plus beaux que ceux de ce matin. Une ambiance particulière, parfois me rappelant le Québec. Le chemin remonte un peu sur les pistes d’accès pour la station de ski, ce n’est plus génial, mais je ne veux pas me prendre la tête sur le chemin. Au moins, je peux apprendre tranquillement les paroles des chansons. La traversée de Superbolquères et de ses innombrables chalets en bois en vaut le détour, j’imagine l’ambiance un soir de Noel. Je passe à la boucherie récupérer mon colis, je prends du fuet et du fromage, et je prends aussi quelques euros à la boucherie car pas de distributeurs dans le coin. Une bonne douche à l’hôtel (pas donné quand même, 75€ la demie pension), visite de l’église fortifiée, belle vue sur la plaine, lecture du Canard Enchainé, et repas à l’hôtel, bien copieux.

Dénivelé : +875 m / - 1350 m
Les + : la vue du Carlit, les lacs sauvages en bas du Bouillouse
Les - : mes chaussures commencent à fatiguer, trous sur le mesh qui n’attendent que de grandir


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La Haute Vallée du Soulcem


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Sport injection !!


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Art andorran


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Lac du soir, espoir


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Rencontres au sommet


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Marécages de Sircaro


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Au Pas de la Case...


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15 min plus tard...


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Apéro rhum arrangé & noix diverses


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Les Bouillouses vue du Carlit


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Lac en aval des Bouillouses


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La nuit se rapproche de la plaine de Cerdagne/Conflent

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#29 03-05-2019 15:39:26

cajba
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Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Les PO, c’est bô !

J29 : De Bolquères à Ull de Ter

Je me lève à 6h20, douche, petit déj tout seul en bas, puis je pars sur la route, la nuit étant encore bien noire. Je passe le col de la Perche, entre Cerdagne et Conflent, c’est bien plat ! Puis ça monte doucement, croise quelques chevreuils sur la route de bon matin en allant vers Eyne. Je quitte le goudron le soleil levé, pour m’enfoncer sur le chemin dans la vallée. Je croise un chasseur matinal et on discute chasse à l’isard, intéressant. Ca monte calmement jusqu’au col 2600 m, avec un beau torrent, de l’herbe, des orris plus ou moins en ruines, des marmottes à gogo, et des chevaux tous plus beaux les uns que les autres. Je monte comme d’hab, bouche fermée, c’est ma respiration qui fait office de régulateur de vitesse. Ca marche bien, j’ai un rythme correct sans être fatigué. Au col, j’ai à ma surprise déjà, plus d’une heure d’avance sur le topo (depuis Eyne). Les chaussures s’aèrent de plus en plus par les trous sad , est ce que cela tiendra jusqu’à la fin ? J’ai tenté de réparer avec du duck tape, sans succès. On verra bien. Au pire j’en prendrai des nouvelles à Amélie les Bains. C’est ensuite une succession magnifique de crêtes, avec de nombreuses couleurs, de noir à blanc en passant par les rouges. C’est vraiment sympa de marcher là, vue des deux côtés, des lacs, des sommets, des alpages en dessous. Je reviendrai car une fois en haut, c’est magique. Nombreuses pauses, déjeuner sur un des sommets secondaires. Pas mal de catalans qui passent, notamment en provenance de La Muria. Puis les nuages arrivent côté espagnol, mais avec toutes les pauses que je prends ils passent la frontière et viennent boucher ma vue. Ca tombe bien, c’est le moment d’entamer ma descente vers Ull de Ter. Je veux descendre jusqu’au refuge, bien qu’un orri en état me tente sur le chemin. Mais l’absence d’eau sur place me conseille de continuer. Dans les nuages, les chevaux paraissent des bêtes gigantesques. Le refuge est ouvert car on est Samedi, j’ai de la chance ! Je retrouve JL et on discute tranquillement autour d’une bonne bière au pied des trophées de moufflons. Bon repas à l’espagnole, avec soupe, crudités, viande et légumes et dessert. Je discute avec 2 catalans sur la situation politique actuelle. Un sujet vraiment pas facile, et il est interressant de voir leur point de vue. Ils ne sont pas indépendantistes, mais sont pour l’autodétermination de la Catalogne. Tout ca dans un mélange d’espagnol et parfois d’anglais pour que tout le monde puisse suivre. Je me couche bien repus.

Dénivelé : +1550 m / - 1000 m
Les + : la vallée d’Eyne et toute les crêtes ensuite, physique au top.
Les - : chaussures qui fatiguent, le bonhomme qui aime bien le confort des refuges !


J30 : D’Ull de Ter à Arago

Départ 7h20 après le traditionnel petit déjeuner au muesli que je prends malgré l’offre possible du refuge (mais comme je le porte, il vaut mieux le manger !). Je descends vers la piste d’où un bus (je ne vois que ça) vient de déposer de nombreux catalans que je croise. Puis je remonte vers la crête frontière, plus personne. Là-haut à 2300, c’est plat. Ça change ! J’ai l’impression d’être en Mongolie (en tout cas, l’image que je m’en fais !). Beaucoup d’isards, qui se laissent bien approcher, il ne doit pas y avoir de chasseurs dans le coin. Je vois le Canigou au loin, il semble tout petit d’ici. Je me pose pour déjeuner sur une crête, du bon fuet et fromage et pain de Bolquères. Je quitte la frontière pour rejoindre le plat Guilhem, avec pas mal de vent, et je vois les nuages qui viennent de la mer (que je n’ai pas vue encore !) et qui se transforment doucement. C’est impressionnant, et ce n’est pas un endroit où il faut trainer trop longtemps je pense, ça doit péter souvent ici. La roche est blanche est belle. Je vois le classique triptyque isards/vautours/marmottes. Je descends ensuite vers Mariailles, j’en profite pour gouter le coca catalan (bof, bien sucré), mais pas question de rester ici. Je continue pour 400 m de montée vers la cabane Arago, et je croise beaucoup de gens qui descendent. J’arrive à 16h30, personne. Un peu de ménage, toilette, lecture, et je coupe du bois pour faire fonctionner le poêle pour ce soir. Vers 18h30 j’entends des bruits sourds dehors : les vaches et taureaux redescendent en courant vers la cabane, la terre vibre sous leurs pas, c’est impressionnant. Je les laisse boire à la source et je suis bien content d’avoir fait mes réserves d’eau avant. Je les fais un peu remonter avant la nuit pour ne pas avoir à croiser une vache en allant faire pipi la nuit. Diner et petite soirée au coin du poêle, génial. Ah, s’endormir à la lueur d’un feu de bois et au son des buches qui craquent doucement…   

Dénivelé : +885 m / - 1010 m
Les + : les isards, le plat Guilhem, l’ambiance maison dans la prairie de la cabane Arago
Les - : toujours pas vu la mer, vivement demain.


J31 : D’Arago à Batère

Départ comme d’hab après le petit déj : j’ai l’impression d’être devenu un robot : le timing est toujours le même sans regarder la montre, les automatismes sont là pour tout, tout est à sa place, les gestes efficaces. Le temps passe, mais je trouve que son impact sur moi est vraiment différent que dans la vie de tous les jours. Je pars donc vers le Canigou, que j’avais mal orienté de bon matin, heureusement que le chemin est évident. Une quinzaine d’isards, plus ou moins curieux, me passe le bonjour. Je tente de passer la cheminée du Canigou sans les mains, mais arrive un moment où je m’aperçois que ce genre de défi n’est pas compatible avec la réalité hmm . Tant pis, je pose mes mains et profite de l’air frais au sommet. Très belle vue à 360°, sur la mer… de nuages. Damn it ! C’est pas pour aujourd’hui non plus neutral . Je profite quand même bien du lieu, de sa table d’orientation permettant diverses positions de yoga. C’est un peu la fin de la traversée, en tout cas le dernier sommet. C’est passé tellement vite, tout en étant tellement long à la fois. Bref, la descente se fait en mode je pense (ca n’arrive pas souvent !). Un coca aux Cortalets, et je suis un sentier en balcon à travers les rhodos. J’imagine le paysage au mois de juin avec les rhodo en fleur, ça doit envoyer. Je déjeune dans un pierrier, et je continue. Le chemin de descente est un peu long, un brin de nostalgie. Je passe dans la mer de nuage, et il fait quand même bon dans la pinède. Je prends conscience que le massif du Canigou, c’est gros, et qu’en faire un peu le tour, c’est long. Ça se rafraichit, et l’appel du confort se fait. J’appelle donc le gite de Batère pour réserver une place. Répondeur, le gite est fermé. Quoi ? C’est pas possible ! Je rappelle, et finalement tombe sur quelqu’un, pas de soucis on m’attend pour le diner ! Je passe quelques coups de fil, apprends que ma fille vient de perdre sa première dent, j’aurai voulu être là. Repas dans le HLM de l’ancienne mine de Batère, en face d’un allemand qui marche 10j avant de voir si il se lance dans le PCT (Pacific Crest Trail), pour 6 mois de marche. Je ne connaissais pas, mais di donc ça à l’air sympa ça !!  Pour mon interlocuteur du soir, il faudra qu’il passe en mode MUL d’abord, car là ce n’est pas gagné avec son 70l, et il est épaté que je finisse la traversée des Pyrénées. Sans fausse modestie, je lui dis que c’est probablement à la portée de tout le monde ayant un minimum de physique, et je m’endors en m’imaginant marcher 6 mois de suite...

Dénivelé : +930 m / - 1550 m
Les + : passer une heure au sommet du Canigou seul, la balade dans les rhodos
Les - : Méditerranée, où es-tu ?


J32 : De Batère à l’Ermitage des Salines

Départ comme d’hab, avec un beau lever de soleil sur la tour de Batère qui tombe en ruine, c’est bien sympa. Je croise quelques animaux, notamment un petit marcassin qui, apeuré, se cache derrière un brin d’herbe à 5 m de moi. Heu, comment dire ? Je te vois big_smile ! Ça se couvre, et tant mieux, il fera moins chaud. De la piste, encore de la piste, en descente. Je croise un HRPiste en montée, ça à l’air compliqué pour lui. J’arrive en bas de la vallée à 10h30 à Amélie les bains, repère du 3ème age (voir 4ème…). Je prends le temps de faire une vraie belle pause au soleil qui est revenu, après avoir écumé quelques magasins (fruits frais, fromages) : un bon coca sur la terrasse entouré de pichettes décaties. Puis c’est la montée dans les chênes verts. Je croise 2 beaux mouflons, pas trop timides. Il fait quand même bien chaud, faut dire qu’Amélie est à 300 m d’altitude, alors ca change sacrément !! Je sens que la fin du parcours est proche, ce n’est plus vraiment la même chose. Je me sens heureux, mais aussi déçu que cela soit déjà fini. C’est aussi contradictoire avec l’impression que parfois j’en ai quand même marre de marcher. Enfin, je passe le passage du Mas de Felix sans soucis en suivant le chemin, au contraire de ce que l’on m’avait dit et alerté, pas plus tard que ce matin. Comme quoi, il faut vraiment vivre l’instant présent sans trop se projeter. Une belle et longue montée dans les nuages, aucun n’intérêt d’aller sur les crêtes bouchées, je décide d’aller faire un tour vers la cabane de l’Ermitage des Salines, qui est en fait une pièce dans le gros bâtiment. Activités classiques, nettoyage de la bête et de la cabane, étirements, lavage des champis ramassés et hop c’est le diner tout seul dans la brume. Plus que deux jours !

Dénivelé : +1125 m / - 1500 m
Les + : lever de soleil, le kitch de la pause à Amélie, les pieds dans la source des Salines
Les - : ca sent la fin la montagne c’est fini, les chaussures (spoil) qui tiendront jusqu’au bout mais dont les trous augmentent jour après jour


J33 : De l’Ermitage des Salines à la Cabane Tanyarède

Bonne nuit. La mécanique est bien huilée : pour se lever, pour le petit déj, tout est à sa place, je ne perds pas de temps, au bout d’un mois, il y a vraiment des automatismes. Dehors, des nuages, toujours des nuages. Pas de vue panoramique donc, mais rebasculant côté français dans la hêtraie une atmosphère magique, en blanc et noir, une lumière étouffée par les feuilles des arbres, les bruits amortis par la brume…Je passe à Las Illas, point de passage majeur lors de la Retirada. J’imagine le lieu lors de leur passage, et la tension qu’il devait y avoir dans le regard de ses femmes et ses hommes. Les arbres autour, dont la plupart était déjà là, en ont été les témoins silencieux. Une page sombre de notre histoire, qu’il ne faudra jamais oublier. Ca descend et ça monte, mais ce n’est plus vraiment montagneux. Je passe le temps en apprenant par cœur des chansons de Brel, sans tomber, ce qui n’est pas toujours facile quand je lis le bout de papier que je tire de ma poche. Je passe au pied de la belle forteresse de Bellegarde au Perthus, et encore une fois l’histoire m’emmène et je me plonge dans le XVIIIe siècle de Vauban. Le site devait être magnifique. Aujourd’hui, les alentours sont désolants pour qui vient de la montagne : ça pue l’essence, c’est très bruyant, pas propre, des gens partout… Bref le Perthus n’est pas l’endroit idéal pour une longue pause. Néanmoins je m’y arrête pour manger un sandwich et prendre une glace et je repars au soleil pour traverser les Albères, une fois passé sous l’énorme pont de l’autoroute. C’est mignon, et au sommet au col des Ouillats je me pose la question de m’arrêter là pour ce soir. Je fais d’abord une pause coca et crêpe, ça sent vraiment bon, l’ambiance est vraiment sympa, mais comme c’est le dernier soir je souhaite une ambiance plus intimiste. Je continue donc sur la crête pour aller un peu plus loin. Arrivé aux antennes du Pic Neulos, enfin je vois la mer pour la première fois ! Ça me fait plus que plaisir, et je prends le temps de l’admirer, bien que la vue soit un peu trouble je vois bien la baie de Roses. Puis entre un bivouac un peu en pente à côté d’un beau taureau et le confort de la cabane de Tanyarède, et bien mon choix est vite fait, et je pose mon sac vers 17h30. Routine habituelle, et par précaution quelques pastilles dans l’eau prise à l’eau qui sort près de la cabane. Ca fait bizarre, c’est la fin d’une belle grande aventure pour moi. J’ai le rythme maintenant, mais la solitude est parfois pesante.

Dénivelé : +1190 m / - 1240 m
Les + : les lieux chargés d’histoire, la vue sur la mer, le stop au col des Ouillats.
Les - : la chaleur inhabituelle, le retour à la ville et ses attributs (odeurs, bruits, etc.), ça sent la fin…


J34 : De Tanyarède à Banyuls

Je me réveille en ayant vraiment mal à la poitrine. Bof. J’ai quand même bien dormi, et je réveille encore une fois naturellement un peu avant le lever de soleil. Un chocolat chaud, et c’est parti, après avoir croisé un sanglier au pipi du matin. Belle hêtraie puis collines rocheuses d’où alternent les belles vues sur la mer côté français et espagnol, avec la mer qui luit au soleil. Il fait enfin beau, et vite chaud au soleil. Beaucoup de sangliers qui trainent, je suis sur leur territoire. Dernier pic (Saillefort) au-dessus de 1000 m et je descends vers la mer. La tête est ailleurs, cela fait un mois que je marche, c’est tellement vite passé, mais que de riches moments. Je traverse les vignes, c’est le moment des vendanges à la main. Je grappille quelques raisins par ci par là, sans trop de gout. Puis je rentre dans la ville et la plage est à portée de pieds vers 15h30. Je croise JL qui sort de son bain !! Photo souvenir, émotion d’être arrivé. Dans le bain ensuite, ma poitrine m’empêche de bien en profiter. C’est dommage, l’eau est trop bonne (ça change des rivières de montagne quand même !!). Je m’arrête ce soir à l’hôtel Bleu Marine, personne ne m’attend à la maison, donc je reste sur mon nuage et traine sur la plage et le port en mangeant une glace comme tous les vacanciers. Billet de train, et resto. Je suis content et quand même fier de moi d’avoir fini, ce n’était pas gagné. C’est néanmoins la fin de l’aventure qui m’a portée pendant plus d’un mois, et ça fait tout drôle : j’ai tout lâché dans la tête, et il faut se remettre doucement dans le rythme d’antan. Un bon dodo la dessus fera du bien !

Dénivelé : +340 m / - 1325 m
Les + : les vues sur la mer et les vignes, l’arrivée sur la plage en croisant JL, avoir réussi !
Les - : ca fait du bruit une ville, c’est déjà la fin, comment ça on ne peut pas bivouaquer sur la plage ?


Extra J+35 de Banyuls à Collioure :

Et oui, pas possible d’arrêter comme ça, et comme personne ne m’attends aujourd’hui alors j’ai acheté hier mon billet avec un départ de Collioure. Lever habituel mais pour une fois le lever de soleil, c’est sur la mer que je le vois, et quand même ca tache ! Belles vues sur la cote, je ne sens plus le sac, bref c’est sympa. Je prends le train à 15h, et retour maison. Il faut maintenant se réhabituer et garder cette énergie intérieure accumulé en montagne. Physiquement, j’ai dû perdre quelques kilos, et le corps est content que cela soit fini. Mais la tête, c’est différent. Et l’arrivée en ville, et bien, ça pue, c’est sale, il y a du bruit… mad Bref, je suis en décalage complet : par exemple, en voyant le placard rempli de victuailles de ma cuisine, j’ai halluciné de voir que l’on pouvait avoir autant de choix de nourriture possible… lol



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Mes copaings les bâtons


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Sur les crêtes au dessus d'Eyne


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Après plus de 30 j de rando, je pense à me prendre en photo (jamais trop tard big_smile ...)


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Pause aération


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Isards vus de loin par mon tél...


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Les nuages montent sur le Pla Guilhem


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Cabane Arago toute refaite


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Toujours aussi rigolo ce point de vue vers la "cheminée" du Canigou


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L'emballage du saucisson me fait bien rire


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Formes champignonesques


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Dans la brume du soir


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Aube sur la Tour de Batère


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Amélie les Bains en remontant


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Ca pique !!


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Brume matinale


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Chênes lièges en pagaille


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La Mer !!! (bon, ok, pas que, mais à ce moment la qd même ca me tardait de la voir !!)


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C'est plus joli le lendemain...


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Elles sont ou les clés ?


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Banuyls city beach


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Lever de soleil sur la mer, quand même !!


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C'est plat, mais c'est beau !


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Collioure avant d'aller à la gare de trains...


Voilà, c’est fini, j’espère que ce récit donnera envie à d’autres de faire ce genre d’expérience, c’est vraiment fabuleux. Encore merci à tous les contributeurs du site, c’est génial. Et honnêtement, je ne pensais pas que la rédaction de ce compte rendu prendrait autant de temps, alors encore une fois bravo à ceux qui font des retours car ce n’est pas simple du tout !!

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#30 03-05-2019 20:52:05

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Merci cajba de cette fin de récit  smile

On sent la charge des émotions des derniers jours, du dernier sommet, de la dernière crête … et à quel point le chemin s'empare de nous après quelques semaines d'errance. C'est d'ailleurs ce que je redoute maintenant le plus si je devais me lancer dans un grand trek de plusieurs mois : ne plus être capable de reprendre le fil de la vie d'avant, l'impossibilité du retour à la vie civilisée … Heureusement qu'il y a la mer au bout des Pyrénées pour arrêter notre élan et nous rendre à nos proches  roll

A bientôt sur les chemins !


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#31 04-05-2019 10:37:17

DOM42
Membre
Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
Inscription : 17-03-2009

Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Merci pour ce récit très vivant d'une rando que j'envisage de faire. Manque peut être la durée en heures des étapes journalières.

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#32 04-05-2019 12:20:24

Ganesche
Membre
Lieu : Lyon
Inscription : 27-07-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Bonjour,

Je l'envisage mi-septembre 2019 (partie Occidentale jusqu'à pierre St Martin) et la suite en 2020.
Dans l’immédiat je suis dans la phase recueille d'informations (topo Veron, carte, ...) donc ton récit  va être une très sérieuse base de travail.

Namaste

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#33 10-05-2019 13:25:32

cajba
Membre
Lieu : TLS
Inscription : 21-11-2018

Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Merci pour vos retours.



@Hervé27 : oui, on sent bien les émotions, j'ai repris mes notes écrites au jour le jour, sans tenter de les enjoliver ou de les déformer avec le recul. Et effectivement cette fusion entre le corps/esprit et l'acte de marcher avec un but (toujours lointain) peut être très forte, bien que parfois j'ai senti vouloir m'en défaire : mais rien à faire elle était la. Mais cela m'attire quand même franchement, et quoi que plus beau d'être, même de manière temporaire, en adhésion totale avec ce que l'on fait ?
Même si le retour est difficile, n'est pas ce qui nous fait vibrer ? Je préfère avoir des doutes sur ma capacité à vivre dans le futur de la même manière qu'aujourd'hui (et ca serait surement mieux, mais avec des évolutions qui peuvent faire peur ça je suis bien d'accord), plutôt que de me morfondre le reste de ma vie en me disant que j'aurai du faire si ou ca mais que je n'ai pas eu le courage de prendre la décision personnelle de le faire. Mais c'est clair que faire une rando de 6 mois ca va impacter fortement la vie ensuite, d'un point de vue mode de vie, relations à autrui, au travail, etc. Mais c'est un choix. Et d'avoir fait le choix (qui me semble minime maintenant, mais qui a l'époque il y a un peu plus d'un an me paraissait vraiment grand et osé) de faire la HRP d'une traite et de poser pour ca tout seul 6 semaines de congés, et bien je ne le regrette pas du tout. Et heureusement que je l'ai fait ! Et ca va faire boule de neige, c'est sur !!



@DOM42 : oui, je n'ai pas mis les horaires de marche, et pour plusieurs raisons : la première, c'est qu'en rando je ne regarde pas beaucoup ma montre/alti, n'ayant pas l'habitude d'en avoir, et cela me va très bien. la seconde, c'est qu'entre les pauses et les autres détours pour voir un rocher ou tremper les pieds dans le torrent, il m'aurait fallu un calepin complet pour tracer les temps de marche spécifiques.
En gros, j'estime avoir marché en moyenne 8h30 à 9h par jour, avec bien sur des jours avec plus, et d'autres avec moins; mais rien d'impossible : je suis parti qu'une fois de nuit (et donc avant 6h30), et jamais stoppé avant le début du soir (soit donc une bonne heure avant le coucher du soleil, soit max 19h).
Je ne peux que t'encourager pour te lancer dans cette belle aventure !

@Ganesche : franchement c'est vraiment pas compliqué, même si au final les passages hors sentiers hors balisage sont justement plus dans le Pays Basque j'ai trouvé. Bonne préparation !

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#34 10-05-2019 13:28:25

DOM42
Membre
Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
Inscription : 17-03-2009

Re : [Récit + liste] HRP solo mi-aout septembre 2018, 34 j

Merci pour ta réponse

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