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#1 06-02-2019 13:16:40

poissonr
Membre
Inscription : 04-12-2009

Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Bonjour

J'ai découvert ce forum il y a presque dix ans lorsque j'ai commencé à m'intéresser sérieusement à la randonnée. Je sortais d'un voyage de près de ans en vélo. Je cherchais à la fois à étendre mon terrain de jeu, à développer un autre rapport à l'espace et à la nature, à ne plus avoir d'obstacle ou presque, d'être encore plus libre.
La philosophie développée dans le forum a été une vraie claque pour moi. Elle m'ouvrait la possibilité d'une pratique de la randonnée itinérante bien éloignée de l'image d'Epinal que l'on peut avoir ou de mes souvenirs d'enfance ; une pratique sans mal au dos, sans mal au pieds, confortable, où seul devait rester la notion de plaisir laissant la souffrance au placard.

Peu à peu, j'ai acquis de l'expérience sur le terrain, j'ai aussi beaucoup engrangé d'idées et de conseils en parcourant ce forum et d'autres. J'ai fait des erreurs, des achats compulsifs, des choix réfléchis,  j'ai essayé comme tous de trouver cet équilibre miraculeux entre légèreté, efficacité et durabilité (et si en plus ça peut être stylé  ). J'ai commencé par des projets à la con puis je suis revenu à des choses plus simples pour progresser petit à petit dans ma pratique, n'ajoutant de la nouvelle difficulté qu'avec parcimonie. Ce n'était pas une stratégie déterminée mais c'est ainsi que petit à petit cela s'est fait.

En 2015, je me suis lancé pour deux mois sur la Via Alpina ; j'ai basculé dans le monde de la rando longue distance, et comme beaucoup je pense, je suis devenu accroc et n'en suis pas revenu. En mettant un pas devant l'autre il est possible d'aller loin, d'effacer les distances, de basculer de mondes en mondes, d'aller de biotopes en biotopes. Et in fine, d'être dans un état de légèreté et de bien-être physique et mentale.

L'été dernier ce fut la Via Dinarica, l'été prochain cela devrait être le CDT. Je crois que c'est Andrew Skurka qui classifie les expériences de randonnée en fun to do and fun to talk later, not fun to do and fun to talk later, not fun to do or either talk later. J'essaye de toujours rester dans la première catégorie et je ne suis surtout pas à la recherche du thru hike et de faire tout un chemin si je dois en ch... J'apprécie cette liberté que la randonnée nous offre. Un petit coup de stop ou de bus, et on absorbe dans son aventure, un jour de moins bien ou une portion ennuyeuse.

Cet automne, j'ai pu prendre un premier contact avec un superbe terrain de jeu qui est l'Atlas marocain où j'ai pu passer 3 belles semaines. C'était la première fois que je repartais dans un pays du Sud depuis la fin de mon voyage en vélo en 2009 (https://vagabondage.blog/2009/11/19/bre … -12112009/). A nouveau j'ai ressenti un sentiment légèrement désagréable, l'indécence ordinaire du voyage dans les pays en développement. Mais j'ai aussi développé la conviction qu'il devait exister une possibilité de donner une utilité à notre pratique, faire en sorte que sans misérabilisme ou charité déplacée et destructive, nous puissions mieux concilier la randonnée itinérante et le développement durable des communautés locales traversées.
Michaël Peyron, pionnier de la randonnée dans l'Atlas (https://www.amazon.fr/grande-travers%C3 … B006FTEFA6) s'était déjà donné cet objectif dans son ouvrage de référence sur la GTAM. Adepte de la randonnée légère avant l'heure, il parcourrait les massifs de l'Atlas, sac léger sur le dos, allant chercher l'hébergement chez les Berbères.  J'ai moi aussi presque naturellement pu profiter de cette inclinaison naturelle à l'accueil de la population berbère autour du thé ou d'une tajine.
Je pense que cette propension humaine naturelle à l'accueil globalement partagée (que ce soit au Maroc ou ailleurs au Nord ou au Sud), et souvent recherchée par le voyageur en quête d'authenticité et d'immersion, est une richesse sur laquelle on doit être capable de capitaliser et construire cet équilibre entre tourisme nature et développement durable. Je m'interroge donc sur la pertinence que pourrait avoir le développement de solutions d'hébergement chez l'habitant (type fairBnB : https://fairbnb.coop/fr/) qui puissent :
   - alléger le sac en permettant de se passer de tout abris
   - de permettre des expériences authentiques d'immersion
   - de valoriser une richesse
   - d'avoir un impact positif en alimentant des fonds locaux d'aide au développement et favorisant in fine l'autonomisation des communautés locales

Je profite de bosser sur un master en aménagement local et développement durable pour creuser plus en avant cette question. Je serais intéressé par vos avis éclairés sur ce sujet.

Lien vers enquête supprimée

Mule-ment vôtre

Romain

Dernière modification par poissonr (06-02-2019 14:17:49)

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#2 06-02-2019 13:41:30

nomadecueilleur
Long cours, plaine, Europe
Inscription : 24-01-2015

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Tu aurais du demander aux modos la permission de poster un lien sur une enquête. C'est pas souvent bienvenu sur RL, d'autant plus au second post.

Pas clair et pas pertinent ce que tu dis.

Tu mélanges "développement durable" (écologique) et "développement" (économique donc) dans des pays sous développés.

Pour le premier : en randonnant au long cours, on ne ressent aucun malaise. En rando, en une journée, on peut polluer moins que beaucoup de ces populations.

Pour le développement économique, tu confonds rando et tourisme, même si des fois c'est lié. En rando, on peut aller loin des zones touristiques et trouver du vrai authentique. Et dans cet authentique, même pas de malaise ; y'a des gens qui sont pauvres, oui, sauf que pauvre ne veut pas dire malheureux, ils ont juste ce qui leur faut. Les relations sont d'égal à égal.

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#3 06-02-2019 14:16:38

poissonr
Membre
Inscription : 04-12-2009

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Merci de tes commentaires

J'enlève le lien vers le sondage en attendant l'avis des modos.

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#4 06-02-2019 14:19:48

Shanx
Sanglier MUL
Lieu : Probablement au boulot :(
Inscription : 22-04-2012
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Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

nomadecueilleur a écrit :

Tu aurais du demander aux modos la permission de poster un lien sur une enquête. C'est pas souvent bienvenu sur RL, d'autant plus au second post.

Oui.

Pas clair et pas pertinent ce que tu dis.

Non. Ça m'a l'air assez clair.
La question est intéressante je trouve (probablement parce que je me la suis déjà posé et que je me sens concerné pour mon prochain projet), dommage que ça se termine par une demande de questionnaire.

Pour le développement économique, tu confonds rando et tourisme, même si des fois c'est lié. En rando, on peut aller loin des zones touristiques et trouver du vrai authentique. Et dans cet authentique, même pas de malaise ; y'a des gens qui sont pauvres, oui, sauf que pauvre ne veut pas dire malheureux, ils ont juste ce qui leur faut. Les relations sont d'égal à égal.

Encore une fois un jugement très péremptoire de quelque chose que tu ne connais probablement pas assez. Pour avoir traversé des réserves indiennes aux US (zones très pauvres, très défavorisées et franchement pas jouasses), je t'assure qu'on peut se sentir déplacé.

Anecdote : j'ai fait plusieurs centaines de kilomètres en stop. La seule fois où on m'a demandé de l'argent, c'était dans une de ces réserves. Alors certes, je n'étais pas un marcheur (c'était après la fin de mon CDT), mais je restais un randonneur avec tous les attributs du genre. Et je vous assure que je me suis senti très mal à l'aise et pas forcément accueilli "d'égal en égal". Même dégueulasse, après plusieurs jours sans douche, une apparence qui faisait qu'à Helena (capital du Montana) on m'avait littéralement pris pour un SDF, je restais quelqu'un de favorisé à qui on pouvait demander de l'argent.


← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary

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#5 06-02-2019 16:12:27

nomadecueilleur
Long cours, plaine, Europe
Inscription : 24-01-2015

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Shanx a écrit :

Pour avoir traversé des réserves indiennes aux US (zones très pauvres, très défavorisées et franchement pas jouasses), je t'assure qu'on peut se sentir déplacé.

Il y en a évidemment, le l'ai quand même pas exclu.

Toutefois, ce que l'on voit comme de la pauvreté apparente ne veut pas dire malheureux. Y'en a, quand ils décrivent leur quotidien, cela fait peur. Ils peuvent être très limites. Sauf qu'après un moment, ils peuvent avouer qu'ils ne sont pas malheureux, loin du tumulte des villes, pas d'affiches du dernier Iphone, ils pêchent, chassent, jardinent, échangent avec des voisins, ils se "débrouillent".

Du coup, de passage, je serais plus que prudent avant d'envisager d'y installer une hôtellerie de l'authentique, car dans ce cas, si cela leur rapporte et développe une forme de tourisme, cela pourrait détruire le peu d'authentique qu'il reste, pour une déco d'authentique.

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#6 06-02-2019 17:00:45

poissonr
Membre
Inscription : 04-12-2009

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Sur la question du développement durable VS développement économique  :  l'un n'exclut pas l'autre au contraire. Le propre du développement durable est d'encourager un developpement économique qui puisse prendre en compte les enjeux écologiques et de préservation des spécificités culturelles. C'est vrai que quelques fois, on réduit un peu le développement durable à la protection et à la valorisation de la nature.

Je trouve intéressant la question de savoir si la randonnée ou le voyage itinérant plus generalement est une activité dissociée du tourisme (même si liée) ou si la pratique de la randonnée est une pratique touristique.
Je pense que cela peut dependre du contexte. Si on prend les grands sentiers américains ou de la rando dans les pays du Nord de l'Europe, je pense qu'on est effectivement sur une pratique de loisir de 'fusion' avec la nature dissociée du tourisme.. Si on prend la via alpina, la via dinarica, le chemin de st Jacques, ou des initiatives telles que le Jordan trail, on est dans des démarches d'aménagement touristique. Dans les pays en développement (ou dans des zones comme décrites par Shanx), il me semble généralement difficile de ne pas associer randonnée et tourisme, puisque de toute façon, nous serons perçus comme touristes.

En ayant un point de vue egoïste, on pourrait aussi faire l'hypothèse que si on veut pouvoir disposer d'infra nous permettant de randonner dans un pays en développement, il faut accepter que ce soit intégré dans une stratégie touristique. Et des stratégies de développement touristiques autour de la randonnée il n'y en pas des masses. Si je prends le cas du Maroc, c'est un modèle basé sur les agences de voyage (locale ou internationale) avec rando guidée et des retombées économiques qui peuvent rester limitées.
Un second modèle, c'est celui du jordan trail (ou du great himalayan trail) qui est plus ouvert mais qui s'appuie sur un réseau d'auberges. Idem l'impact peut rester limité.
Le risque de ces modèles peut être un abandon progressif des modes traditionnels d'exploitation de la montagne pour de diriger vers de l'activité 100 pour 100 touristique ou pour aller là où il y a du taf.

Donc pour élargir ou reformuler la question, on peut se demander quel modèle économique notre pratique pourrait elle supporter dans les pays du sud pour aussi maintenir cette activité traditionnelle.

Ps  :  désolé pour le sondage, c'était maladroit, je le comprends. Ce qui m'intéresse c'est le débat.

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#7 06-02-2019 17:20:04

Balipit
Membre
Lieu : Sud
Inscription : 05-02-2017

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Le dev durable prends en compte l’écologie :
Ils y vont comment les gens dans l’atlas ?
Tu penses qu’ils ont tous compenser carbone leur billets d’avion ?

Dernière modification par Balipit (06-02-2019 17:22:20)

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#8 06-02-2019 17:29:11

Magne2
Membre
Lieu : Vitry sur Seine
Inscription : 23-09-2013
Site Web

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

poissonr a écrit :

Sur la question du développement durable VS développement économique  :  l'un n'exclut pas l'autre au contraire. Le propre du développement durable est d'encourager un developpement économique qui puisse prendre en compte les enjeux écologiques et de préservation des spécificités culturelles. C'est vrai que quelques fois, on réduit un peu le développement durable à la protection et à la valorisation de la nature.

Je trouve intéressant la question de savoir si la randonnée ou le voyage itinérant plus generalement est une activité dissociée du tourisme (même si liée) ou si la pratique de la randonnée est une pratique touristique.
Je pense que cela peut dependre du contexte. Si on prend les grands sentiers américains ou de la rando dans les pays du Nord de l'Europe, je pense qu'on est effectivement sur une pratique de loisir de 'fusion' avec la nature dissociée du tourisme.. Si on prend la via alpina, la via dinarica, le chemin de st Jacques, ou des initiatives telles que le Jordan trail, on est dans des démarches d'aménagement touristique. Dans les pays en développement (ou dans des zones comme décrites par Shanx), il me semble généralement difficile de ne pas associer randonnée et tourisme, puisque de toute façon, nous serons perçus comme touristes.

En ayant un point de vue egoïste, on pourrait aussi faire l'hypothèse que si on veut pouvoir disposer d'infra nous permettant de randonner dans un pays en développement, il faut accepter que ce soit intégré dans une stratégie touristique. Et des stratégies de développement touristiques autour de la randonnée il n'y en pas des masses. Si je prends le cas du Maroc, c'est un modèle basé sur les agences de voyage (locale ou internationale) avec rando guidée et des retombées économiques qui peuvent rester limitées.
Un second modèle, c'est celui du jordan trail (ou du great himalayan trail) qui est plus ouvert mais qui s'appuie sur un réseau d'auberges. Idem l'impact peut rester limité.
Le risque de ces modèles peut être un abandon progressif des modes traditionnels d'exploitation de la montagne pour de diriger vers de l'activité 100 pour 100 touristique ou pour aller là où il y a du taf.

Donc pour élargir ou reformuler la question, on peut se demander quel modèle économique notre pratique pourrait elle supporter dans les pays du sud pour aussi maintenir cette activité traditionnelle.

Ps  :  désolé pour le sondage, c'était maladroit, je le comprends. Ce qui m'intéresse c'est le débat.

Bonsoir

mes deux Dirhams , je pense qu'il vaut mieux être guide Marocain de MM  ou propriétaire d'un gite ( collectif pour un village par ex  )que chômeur à Rabat .
Toutes les agences Françaises de tourisme dit d'Aventure passe par un réceptif ou agence au Maroc , rien n'est fait en direct depuis la France


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#9 06-02-2019 17:49:56

Shanx
Sanglier MUL
Lieu : Probablement au boulot :(
Inscription : 22-04-2012
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Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

nomadecueilleur a écrit :
Shanx a écrit :

Pour avoir traversé des réserves indiennes aux US (zones très pauvres, très défavorisées et franchement pas jouasses), je t'assure qu'on peut se sentir déplacé.

Il y en a évidemment, le l'ai quand même pas exclu.

Toutefois, ce que l'on voit comme de la pauvreté apparente ne veut pas dire malheureux. Y'en a, quand ils décrivent leur quotidien, cela fait peur. Ils peuvent être très limites. Sauf qu'après un moment, ils peuvent avouer qu'ils ne sont pas malheureux, loin du tumulte des villes, pas d'affiches du dernier Iphone, ils pêchent, chassent, jardinent, échangent avec des voisins, ils se "débrouillent".

Du coup, de passage, je serais plus que prudent avant d'envisager d'y installer une hôtellerie de l'authentique, car dans ce cas, si cela leur rapporte et développe une forme de tourisme, cela pourrait détruire le peu d'authentique qu'il reste, pour une déco d'authentique.

J'ai l'impression que tu transposes tes fantasmes sur leur vie. Parce que tu as envie que ce soit d'une manière, alors il faudrait qu'ils fassent comme ça. Une société, ça évolue toujours, ce n'est pas une image d'épinal fixée. Je ne vois pas pourquoi ils auraient envie de "rester authentiques". Qu'est-ce que ça veut dire d'ailleurs, "rester authentique" ? Si c'est mourir de faim ou le mariage forcé de gamins de 12 ans, est-ce que ça compte (exemples pas forcément représentatifs mais qui donnent une idée) ?
Tu n'aimes pas les iPhone ni les villes, donc tu décides ce qui est bon pour eux. Les nouveautés c'est bien pour toi (qui utilises internet, les transports, etc.), mais pas pour les autres que tu voudrais fixer dans un musée à taille réel pour assouvir tes pulsions d'aventurier découvrant les bons sauvages ?


← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
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#10 06-02-2019 18:49:17

SionBhravi
Mul Nul
Inscription : 06-05-2012
Site Web

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

"Développement durable" est surtout, selon moi, un oxymore de plus, totalement fumeux, créé par les marketeux dans le seul but de ne surtout pas remettre en cause le développement économique, c'est à dire la sacro-sainte croissance.

Les ressources ne sont pas durables, je ne vois donc pas comment le développement peut l'être.


Et toujours, partout, cet irrésistible besoin d'aller voir ce qu'il y a après, surtout si on ne peut s'y rendre qu'à pied.
(Et sortir des GR !)

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#11 06-02-2019 21:40:07

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

SionBhravi a écrit :

"Développement durable" est surtout, selon moi, un oxymore de plus, totalement fumeux, créé par les marketeux dans le seul but de ne surtout pas remettre en cause le développement économique, c'est à dire la sacro-sainte croissance.

Les ressources ne sont pas durables, je ne vois donc pas comment le développement peut l'être.

C'est le propos tenu dans le bouquin "Décroissance Versus Développement Durable" par Yves-Marie ABRAHAM, Louis MARION et Hervé PHILIPPE

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#12 06-02-2019 21:40:33

nomadecueilleur
Long cours, plaine, Europe
Inscription : 24-01-2015

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

D'abord, la difficulté d'avoir mélangé développement économique et durable, c'est que tu as mis du flou sur le sujet. Pour qu'il y ait dév durable, faut d'abord qu'il y ait dév économique, ce qui n'est pas évident vu le sujet. Donc le durable apparait comme un argument forcé.

Ensuite, RL est le principal site de randonnée sur le net, et le plus actif. Sauf que le forum ne représente pas "la rando" générale. Les discussions tournant autour de "l'allègement", cela implique d'avoir déjà randonné. Des membres sont de vrais globe-trotters et vont dans des lieux où il n'y a parfois aucune "infra". Ils font du bivouac.

poissonr a écrit :

En ayant un point de vue egoïste, on pourrait aussi faire l'hypothèse que si on veut pouvoir disposer d'infra nous permettant de randonner dans un pays en développement, il faut accepter que ce soit intégré dans une stratégie touristique. Et des stratégies de développement touristiques autour de la randonnée il n'y en pas des masses.

Osef donc des infra. Les montagnards apprécieront les refuges, pour les autres, du moment qu'il y a de l'eau et des commerces...

Shanx a écrit :

J'ai l'impression que tu transposes tes fantasmes sur leur vie.

Je n'ai fait que rapporter ce qu'ils ont dit. La phrase exacte (pour l'Iphone), c'était : "ici, on n'a pas toute cette pub de la ville sous le nez, on n'est pas tentés par le dernier gadget inutile".

Je n'ai aucune préférence ni nostalgie. Je ne fais pas de tourisme.

Au début, je me faisais enfumer lorsque je leur demandais comment ils vivaient. Ils déballaient d'emblée les inconvénients, longuement, et je les écoutais, très inquiet, en disant ; " ha bon ?", "hé ben !"

Puis, j'ai capté le truc. Depuis, je les laisse parler, sans réagir, puis quand ils ont terminé, je place calmement en contre-pied, avec un sourire complice :"oué, au moins vous êtes tranquilles ici". Et là, ils n'ont plus le souffle, dans un soupir ils se mettent à parler en confidences du positif, et ils disent comment ils font vraiment.

Puis après un moment, ils se reprennent et recommencent à déballer les inconvénients. Là, ce n'est plus pour convaincre, c'est juste une formule de politesse pour retourner dans la discrétion.

Ce que l'on voit de "pauvre", ne l'est pas forcément. Pour en être certain, faut vraiment faire une enquête de terrain. En randonneurs, de passage, on peut difficilement se faire un vrai avis.

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#13 06-02-2019 22:01:36

poissonr
Membre
Inscription : 04-12-2009

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Balipit a écrit :

Ils y vont comment les gens dans l’atlas ?
Tu penses qu’ils ont tous compenser carbone leur billets d’avion ?

Oui, il y a aussi la possibilité de ne pas prendre l'avion et de rester à "porter de marche". Là j'évoque une réalité ambivalente voir contradictoire qui est de vouloir malgré tout toujours découvrir le monde mais en étant attentif à son impact. La possibilité de compenser l'impact carbone de ses vols fait parti des outils possibles. Et on peut sûrement s'interroger sur la manière de faciliter et mieux encourager cette compensation carbone.

Magne2 a écrit :

je pense qu'il vaut mieux être guide Marocain de MM  ou propriétaire d'un gite ( collectif pour un village par ex  )que chômeur à Rabat .

L'alternative que j'évoquais n'était pas celle là, mais celle de travailler dans le tourisme ou aller chercher de meilleurs conditions de vie en Ville VS rester dans sa situation rurale souvent faite d'une activité purement vivrière. Cette alternative pouvant se traduire aussi par : on abandonne les activités traditionnelles/pastorales rurales ou on les maintient.

SionBhravi a écrit :

"Développement durable" est surtout, selon moi, un oxymore de plus, totalement fumeux

Je te laisse libre de ce jugement, mais tu peux aussi reformuler ma question en "comment peut-on randonner dans les pays en développement, en faisant en sorte que notre voyage puisse s'inscrire dans un système viable permettant aux communautés locales de mieux vivre ?"

Bien sûr on peut là aussi répondre : on n'y va pas. Mais je ne suis pas sûr que ce soit bénéfique (tout du moins à court terme) pour les pays en question dont le développement repose en grande partie sur le tourisme. Bien sûr, on pourrait aussi transférer les sommes éventuellement dépensées sur place vers des donations aux ONG.
Mais je pense que l'on perdrait une capacité d'impact positif sur place. En randonnant ou en voyage itinérant, nous sommes souvent un des seuls flux potentiels de capitaux dans certaines zones paumées. Or parmi les enjeux de développement (quelque soit le point du globe), il y a aussi celui de l'autonomisation/l'émancipation des collectifs. C'est avec cela en tête que je me dis que ces capitaux qui ne sont que le contre-don d'un service rendu (l'entretien des chemins, de points d'eau, de lieux d'hébergement, ...) doivent pouvoir être mis au  service de cette émancipation.

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#14 06-02-2019 22:02:07

SionBhravi
Mul Nul
Inscription : 06-05-2012
Site Web

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

nomadecueilleur a écrit :

En randonneurs, de passage, on peut difficilement se faire un vrai avis.

Oui, enfin, sauf toi.
Même sans passer d'ailleurs. cool


Et toujours, partout, cet irrésistible besoin d'aller voir ce qu'il y a après, surtout si on ne peut s'y rendre qu'à pied.
(Et sortir des GR !)

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#15 06-02-2019 22:14:44

poissonr
Membre
Inscription : 04-12-2009

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

nomadecueilleur a écrit :

Osef donc des infra. Les montagnards apprécieront les refuges, pour les autres, du moment qu'il y a de l'eau et des commerces...

Bah... il faut aussi des chemins...
Quant aux commerces, ce n'est pas une évidence ; et l'eau, c'est une ressource qui se gère.
Si l'activité pastorale décroit, la montagne va avoir tendance à se fermer. La via dinarica est un bon exemple pour ceux qui ont eu l'occasion de s'y essayer. Dans certains endroits les chemins n'existent pas et on se trouve à faire de la navigation à la carte en forêt, à traverser un couvert végétal de buisson épineux ou des tranchés créer à la tronçonneuse par l'association en charge de la VD.

Eloi a écrit :

C'est le propos tenu dans le bouquin "Décroissance Versus Développement Durable" par Yves-Marie ABRAHAM, Louis MARION et Hervé PHILIPPE

Je connais mal toutes les imbrications des principes de décroissance, mais je m'interroge sur la manière dont ils se matérialisent dans les pays du Sud (pour ne pas dire les pays en voie de développement  tongue ). Peux-tu nous éclairer ?

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#16 06-02-2019 22:23:25

SionBhravi
Mul Nul
Inscription : 06-05-2012
Site Web

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

J'ai beau relire Eloi, je ne vois pas où il a écrit que les principes de la décroissance se matérialisaient dans les pays du sud.

Pour ma part je rajoute que je pense que la décroissance est une utopie, mais ni plus, ni moins, que le développement durable.


Et toujours, partout, cet irrésistible besoin d'aller voir ce qu'il y a après, surtout si on ne peut s'y rendre qu'à pied.
(Et sortir des GR !)

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#17 06-02-2019 22:35:16

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

poissonr a écrit :
Eloi a écrit :

C'est le propos tenu dans le bouquin "Décroissance Versus Développement Durable" par Yves-Marie ABRAHAM, Louis MARION et Hervé PHILIPPE

Je connais mal toutes les imbrications des principes de décroissance, mais je m'interroge sur la manière dont ils se matérialisent dans les pays du Sud (pour ne pas dire les pays en voie de développement  tongue ). Peux-tu nous éclairer ?

J'ai lu ce bouquin il y a un petit bout de temps et je ne me souviens pas si ça parle des pays du Sud.
Et concernant ma propre expérience, je n'ai jamais mis les pieds dans un pays du Sud parce que c'est loin et que pour y aller, il faut soit un voyage en avion que mon épanouissement personnel ne saurait justifier vu l'impact sur l'environnement, soit énormément de temps pour y aller par des moyens plus respectueux.

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#18 06-02-2019 22:47:48

nomadecueilleur
Long cours, plaine, Europe
Inscription : 24-01-2015

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

SionBhravi a écrit :

Oui, enfin, sauf toi.

Bah, c'est parce qu'à un moment, je cherchais à acheter ou construire une sorte de refuge. Du coup, j'ai enquêté. Depuis, je ne le fais plus, sauf si un local me saoule trop avec ses malheurs, le contre-pied, c'est un poil intrusif.

C'est beau ce que t'as écrit plus haut ! J'en ai été troublé... Si si !

poissonr a écrit :

Bah... il faut aussi des chemins...
Quant aux commerces, ce n'est pas une évidence ; et l'eau, c'est une ressource qui se gère.
Si l'activité pastorale décroit, la montagne va avoir tendance à se fermer.

Des chemins ? Pour quoi faire ? Soit une région est traversable, soit elle ne l'est pas, des repères suffisent.

"Si l'activité pastorale décroit"... ben tant mieux. Moins de troupeaux : moins d'eau polluée et davantage de place pour les animaux et la flore sauvages.

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#19 06-02-2019 23:19:57

Shanx
Sanglier MUL
Lieu : Probablement au boulot :(
Inscription : 22-04-2012
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Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

nomadecueilleur a écrit :

"Si l'activité pastorale décroit"... ben tant mieux. Moins de troupeaux : moins d'eau polluée et davantage de place pour les animaux et la flore sauvages.

Là encore tu démontres ton ignorance crasse. Les alpages et pâturages sont des composants essentiels de la biodiversité et abritent un grand nombre d'animaux (plus de trois fois plus qu'une forêt, par exemple). Leur disparition pose de gros problèmes écologiques (source 1, source 2).

Il faut vraiment que tu arrêtes de dire des conneries à tout bout de champ, ça en devient lassant.

Dernière modification par Shanx (06-02-2019 23:20:34)


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"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary

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#20 06-02-2019 23:34:36

SionBhravi
Mul Nul
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Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Shanx a écrit :

Il faut vraiment que tu arrêtes de dire des conneries à tout bout de champ, ça en devient lassant.

Totalement d'accord. Sans compter que ça devient (enfin, depuis trop longtemps déjà) vraiment pénible de voir la véritable information diluée de la sorte dans ces interminables délires de mythomane forcené.


Et toujours, partout, cet irrésistible besoin d'aller voir ce qu'il y a après, surtout si on ne peut s'y rendre qu'à pied.
(Et sortir des GR !)

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#21 06-02-2019 23:39:29

Adrienne
Apprentie MULe
Lieu : Région parisienne
Inscription : 28-10-2017
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Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Pour revenir un peu sur le propos initial : aller faire de la randonnée dans les pays "du Sud", c'est une forme de tourisme.
On peut le tourner dans le sens qu'on veut et regarder avec dédain les groupes qui tournent en car climatisé... on a pas la même approche mais on fait du tourisme aussi.

Et notre sobriété est un luxe face à des populations qui pour beaucoup aspirent à baigner dans ce confort qu'on se plaît à dénigrer. La décroissance, c'est un truc de riches (ça ne veut pas dire que ce n'est pas pertinent, ça veut dire que par principe pour décroître il faut avoir crû)

Si on choisit d'y aller (et je ne juge pas, j'y suis allée pour bosser, ça m'arrive d'aller en vacances dans des pays beaucoup plus pauvres que ma France natale), alors je dirais qu'en effet le plus moral et le plus "développement durable" est sans doute d'utiliser au maximum les ressources locales : bus local et pas location de 4X4, nourriture locale et pas sachets déshydratés achetés avant le départ, etc. Y compris si ça peut donner des coups de canif à la sainte MUL attitude wink

Peut-être une remarque sur les bivouacs chez l'habitant : attention à ne pas abuser de l'hospitalité des gens, dont l'éducation commande d'accueillir le visiteur mais qui y mettront peut-être beaucoup plus d'argent que raisonnable. On peut poliment décliner une invitation quand il y a d'autres solutions sur place, avec des raisons valables. On peut aussi accepter et proposer le lendemain d'aller faire 3 courses ou revenir avec un cadeau "inutile" mais que la famille ne se serait jamais offert, en faisant attention à ne pas écraser avec sa richesse, on peut surtout avoir une attitude d'écoute et d'ouverture, dans la discrétion, ne pas poser 45 000 questions et laisser les gens parler de ce qu'ils veulent, et accepter de parler de soi même si on rêverait que ce soient eux qui parlent d'eux. Parfois c'est comme ça qu'on "paye" son gîte, quand il n'est pas possible de participer financièrement.


Si tu n'arrives pas à penser : marche. Si tu penses trop : marche. Si tu penses mal, marche encore.
(Jean Giono)

Trombi

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#22 07-02-2019 13:27:08

nomadecueilleur
Long cours, plaine, Europe
Inscription : 24-01-2015

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Shanx a écrit :

Là encore tu démontres ton ignorance crasse.

De la montagne, c'est certain, je n'y vais pas.

Que les activités agricoles soient bénéfiques pour la faune et la flore sauvage, c'est quand même très contre intuitif. Et perso, je reste très perplexe, les liens que tu as donné viennent d'Agroscope : le centre de compétence de la Confédération suisse pour la recherche agricole.

Sur le sujet, j'ai dit plus haut que la rando, c'était pas du tourisme, aussi dans le sens où on ne suit pas forcément un circuit touristique, et les randonneurs n'arrivent pas à une fréquence régulière comme des cars de touristes justement.

Donc un tel type d'hôtellerie pour les randonneurs, ce serait très hasardeux.

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#23 07-02-2019 13:51:10

Balipit
Membre
Lieu : Sud
Inscription : 05-02-2017

Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Comment a fait la montagne pour survivre a l’abscence de troupeaux de bovins pendant des millénaires ?
Pour le sujet il s’agit de groupes de randonneurs avec encadrement local donc la planification est bien possible .

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#24 07-02-2019 14:05:38

Magne2
Membre
Lieu : Vitry sur Seine
Inscription : 23-09-2013
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Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Cela fait 50 ans qu'il y a un tourisme de randonnées au Népal
40 ans pour le Maroc
En individuel et en groupe

https://www.almaouja.com/en-images/lanc … s-naturels


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#25 07-02-2019 14:05:42

romseguy
Membre
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Re : Randonnée et développement durable dans les pays du sud

Shanx a écrit :
nomadecueilleur a écrit :

"Si l'activité pastorale décroit"... ben tant mieux. Moins de troupeaux : moins d'eau polluée et davantage de place pour les animaux et la flore sauvages.

Là encore tu démontres ton ignorance crasse. Les alpages et pâturages sont des composants essentiels de la biodiversité et abritent un grand nombre d'animaux (plus de trois fois plus qu'une forêt, par exemple). Leur disparition pose de gros problèmes écologiques (source 1, source 2).

Il faut vraiment que tu arrêtes de dire des conneries à tout bout de champ, ça en devient lassant.

Sauf qu'il n'y a pas que les animaux qui importent, une forêt ne serait rien sans toute la micro-faune à laquelle on ne pense que rarement vu que l'on marche dessus sans même s'en apercevoir. Cf le bouquin La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben.

Cela dit, les attaques personnelles envers des personnes exposant des points de vue qui ne sont pas en phases avec le notre c'est tout aussi crasse que l'ignorance. Surtout lorsque l'on sait que la réalité est souvent ambivalente et parfois même contradictoire comme évoqué par poissonr plus haut.

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