[Récit + liste] Un petit tour en Pyrénées (HRP/GR11/GR10)

Magne2 · 01-08-2019 19:28:39

Bien sympa ce récit, même en tournant la tête les photos sont sympa.

Dernière modification par Magne2 (01-08-2019 19:29:09)

gergy · 01-08-2019 20:59:38

C'est dommage pour l'orientation des photos
Et puis, c'est pas si compliqué tu charges les images sous http://webresizer.com/resizer/, tu les remets à l'endroit et les re-tailles si tu veux, c'est tout.

Mais merci pour ton CR

[EDIT instructions images]

Dernière modification par gergy (01-08-2019 21:16:17)

laxmimittal · 01-08-2019 22:52:39

merci à tous de votre passage

@ gergy et kodiak,

comment puis-je « redesser » des photos qui sont droites dans mon téléphone !

c’est sur RL qu’elles sont à l’envers, pas dans mon ordi ni sur mon tel

Allez, jour 6....

L.

Dernière modification par laxmimittal (01-08-2019 23:11:45)

laxmimittal · 01-08-2019 23:38:47

Jour 6 : refuge d'Arrémoulit - refuge Respumoso

Heureusement, Pascal et Jean-Pierre sont des montagnards aguerris. ça fait 48 ans qu'ils randonnent ensemble et ils connaissent bien la haute montagne.

A 5 h 45 on est debout devant le petit déjeuner. A 7 heures on est partis à l'assaut du col d'Arrémoulit.
changement d’ambiance
la vraie haute montagne
ciel gris, nuages chargés, vent fort.

on positive comme on peut
tant qu il ne pleut pas
paf : la pluie
tant qu’il ne tonnne pas
paf : le tonnerre
tant qu il ne grele pas
paf : ....
pour un baptême c’est un baptême !

Je suis concentrée dans la montée pour ne pas retarder mes compagnons.
Arrivés au col, j'avise la descente. euh... ah quand même... je n'ai jamais rien descendu d'aussi raide en randonnée.

Je ne lâche pas Jean-Pierre d'une semelle pour bien comprendre par où il passe. Pascal, qui descend bien plus vite en basket (avec ses grosses dans son sac à dos pour le Vignemale) est déjà en bas.

Crrrrrrrrac, fait le ciel au dessus de nous.

Je reste concentrée pour ne pas glisser, je pose mes bâtons où je peux, mets les mains, rampe sur les fesses, m'appuie sur les pierres.
Jean-Pierre me presse sous le tonnerre ; "il faut descendre maintenant"... mais, Jean-Pierre, je me presse DEJA !!!

Pourtant, je n’ai pas peur, sa présence me rassure.
Tout en bas, Pascal nous crie quelque chose : " ...an... les ...atons". Jean-Pierre me dit de ne pas utiliser mes bâtons, il me les prend. C'est vrai que ça va beaucoup mieux.

Petit à petit, on perd du dénivelé. je suis gauche, maladroite, déséquilibrée, je fais des moulinets avec les bras. mais sans m'affoler, pas à pas, je descend.
ils m’abandonnent après le lac alto pour filer sur Wallon. ils ont un long chemin et je leur ai bien fait perdre une heure avec ma descente d’escargot.

merci à vous, Pascal et Jean-Pierre,
je vous attends de pieds ferme à Quiberon les prochaines semaines pour boire une bonne bière bretonne solidement assis dans des chaises longues.

ensuite, le chemin est facile.
pas besoin de consulter la carte dans le teléphone.
Ce serait surement beau s'il ne pleuvait pas à verses.
Mais la pluie, je m'en moque. Ah tient, la grêle.
Soudain, tout est blanc.

partie à 7 h d’Arrémoulit, je suis à Respumoso à 11 h.
J’ai mon compte et je suis trempée.
j’attend sereinement l’ouverture du dortoir en prenant des notes.

Demain le col de la Fâche et son névé.
Le gardien annonce de la pluie, qu'importe, rien ne peut plus m’arriver.

j’ai descendu le plus dur.

Dernière modification par laxmimittal (02-08-2019 09:53:40)

Naxh · 02-08-2019 10:49:57

Quel temps de m**** !!!!! Le genre de journée qu'il ne vaut mieux pas répéter si on ne veut pas être découragé ><

La suiiite

laxmimittal · 02-08-2019 12:43:09

@Naxh,

Merci de ton passage.
Ah ben, tu vas voir, je n'en ai pas fini avec le sale temps. désormais, je ne crains plus rien...

Allez, jour 7....

L.

Eric le rouge · 02-08-2019 12:54:17

Laxmimittal a écrit :

comment puis-je « redesser » des photos qui sont droites dans mon téléphone !
c’est sur RL qu’elles sont à l’envers, pas dans mon ordi ni sur mon tel

A priori, le fait de "retailler" i.e. réduire la taille (largeur/hauteur ou niveau de définition, comme l'a dit gergy) et d'enregistrer l'image à ce nouveau format "stabilise" l'orientation.
Sur mac, je le fais directement à partir du logiciel "aperçu.app". On peut imaginer que les applications en ligne qui t'ont été suggérées auront le même effet (notamment sur PC).
(si c'est compliqué, n'hésite pas à me contacter en MP)

La suite

laxmimittal · 02-08-2019 13:15:28

et voilà, je viens de perdre tout le jour 7...

faut tout recommencer...

Dernière modification par laxmimittal (02-08-2019 14:08:36)

laxmimittal · 02-08-2019 13:16:38

Jour 7 : refuge Respumoso - refuge Wallon Marcadau

De tous les refuges traversés lors de mon périple, Respumoso est - de loin - le pire.

Le site est magnifique et il y a des chambrées de 12 avec une salle de bain et une douche chaude par chambrée MAIS la nourriture est infecte et le gardien est exécrable. de plus, pour économiser du ménage, il bourre les chambrées au maximum.

C'est donc sans regret que nous quittons le refuge à 7 h 30. Je dis nous car j'ai demandé hier à Olivier le français et à Harald l'autrichien si je pouvais leur filer le train pour passer le col de la Fache.

Vu mon inexpérience, il ne me semble pas prudent de rester seule si je me perds ou si je suis mal en point dans ce mauvais temps. Car là encore, le temps est mauvais. il pleut. il pleut. Pas de bergère, ni de moutons, et l’orage menace.

Je suis trempée... l'avantage des tissus stretch, c'est qu'ils épousent bien les mouvements lorsqu'ils sont secs mais ... ils se détendent lorsqu'ils sont mouillés. Comme si ce n'était pas assez difficile comme ça, en plus, je perds mon froc. je me mords les doigts d’avoir laissé mon pantalon de pluie. Bonne leçon.

Je ne traine pas dans la montée pour ne pas retarder mes compagnons mais, de toutes façons, personne ne va bien loin, car au dessus de Campo Plano, le torrent a grossi de toutes les pluies tombées depuis deux jours et il est impossible de passer. Le lit est trop profond et le courant trop fort. Tous les hrpistes se retrouvent au mm endroit, bloqués.

Harald improvise un pont en lançant pierre apres pierre. Tous s'y mettent et lancent des grosses pierres.

Puis on passe... sauf moi. Ggrrrr. Les fizans 4 brins c'est bien pour Fontainebleau. En plein milieu, ils s’enfoncent au mauvais moment et je tombe à l’eau. Je reste coincée entre deux rives en équilibre précaire. Harald me tend la main et me tire de là. Floc floc font les grosses chaussures pleines d’eau qui viennent de s’alourdir d’un litre.

Le névé est pentu mais je n’ai pas le temps de sortir le piolet, ni même d’enlever les caoutchoucs des pointes de bâtons car il faut profiter d’une éclaircie pour passer le col. on file.

Même pas pu regarder le lac de la Fache qui est en glace et bien beau à voir.

Au milieu du névé, je prends pied sur un caillou... UN pied... l'autre ne suit pas et je reste bloquée sans pouvoir me hisser. C'est au tour d'Olivier de me pousser par derrière. C'est ainsi que, l'un tirant et et l'autre poussant, ils réussissent quand même à me faire passer le Col. Pffff. quel boulet cette fille. ils auront bien mérité une bière à l'arrivée.

De l’autre coté on espérait le soleil, loupé. Purée de poix jusqu’à Wallon. Je fais toute la descente le piolet à la main pendant que les deux autres se moquent de moi. Merde quoi. je me tape ce piolet depuis Arrémoulit dans l’UNIQUE but de passer le névé de la Fache en sécurité et je n’ai même pas eu le temps de le sortir. Laxmimi fachée.

Et quand laxmimi fachée laxmimi cracher ?
Meuh non pas cracher... Laxmimi avancer quand même.
La montagne, c'est du bonheur même quand il pleut.

Le refuge de Wallon est vétuste et chaleureux. Tout l’inverse de Respumoso. C'est pas là que je vais sécher mes pompes. Le gardien n'a pas une tête d'alpiniste mais plutôt une bonne tête de rider qui rêve sa ligne pendant des jours avant d'aller se la skier tout seul un matin. J'adore. A la moindre question, on comprend qu'il connaît sa région comme sa poche.

Il me donne le "Canard Enchainé" pour mettre dans mes chaussures... saine lecture et preuve de bon gout.

ça fait 3 jours qu'on n'a pas de réseau et j’ai peur que mes proches s’inquiètent vu la météo.

A la fin de cette deuxième journée, ma conclusion n'est pas très positive : la haute montagne, ce n’est pas pour moi. C'est trop dur. Conclusion d’harald : "tu es trop lente dans les descentes". Il me demande pourquoi je ne fais pas plutôt le GR 10.

Je ne sais que répondre ... pour voir plus haut ? plus sauvage ? plus grand ? je ne sais pas....

Demain peut-être que je passerai par le Pont d’Espagne... ce serait plus raisonnable...

Dernière modification par laxmimittal (06-08-2019 11:15:19)

Magne2 · 02-08-2019 14:04:12

J'ai eu la chance de bivouaquer dans le coin avant la construction du refuge,l'UCPA en 1986 tu dormais dehors mais on a eu que du beau temps

laxmimittal · 02-08-2019 17:51:09

@ Magne 2,

Eh bé, ça nous rajeunit pas tout ça

Allez, jour 8

L.

PS : merci de vos messages, ça m'encourage à continuer ce récit.

laxmimittal · 02-08-2019 17:57:05

Jour 8 : refuge Wallon - Oulettes de Gaube

Départ 8 h. aaahhhh le soleil, enfin !!!

Pas question de Pont d’Espagne. Je veux voir les montagnes. Monter. Pas descendre.
Tant pis si c’est dur.

Mais après ces deux jours, tout me semble facile. J’enfile sans peine la montée au col d’Arratille, que c’est beau sous le soleil. Le pierrier du col d’Arratille jusqu'au col des Mulets est pénible parce qu'il fait chaud mais c'est ma faute, je suis partie trop tard.

En haut du col des Mulets, un névé assez raide m’avait été annoncé.
ah oui, c’est raide mais... un névé... c’est de la neige.
et la neige, je connais.
enfin quelque chose qui est dans mes cordes.

je sors mon piolet, m’installe bien au centre de cette grande langue de neige et trace une beeeelle ramasse bien droit dans la pente.

aaaaaaaah quelle joie.

il y en a un deuxieme, zou deux ramasses.
un troisième, et de trois.
je ris toute seule tellement je m’amuse.

autour il y a des pierriers croulants.
ah ben c’est comme la neige ça. y a qu’à skier dedans.
et pof, un pierrier croulant en godille.
c'est rigolo.
bon pas trop quand même faudrait voir à pas déclencher une avalanche de pierrier hein.
je serais bien en peine de savoir comment me tirer de là.

Avec ça j’ai bien gagné 300 m de dénivelé.
lente en descente, lente en descente.
ça dépend dans quoi il faut descendre. non mais...

Bivouac de rève devant le Vignemale Vignemale Vignemale Vignemale.

je regarde le ballet des hélico qui ravitaillent les refuges, pendant que Fabrice regarde mon abri avec curiosité. C'est le pioulou de chez Tipik. il pèse 650 g et a une moustiquaire et un tapis de sol intégré.

Un mot sur Fabrice avec lequel je passe une bien bonne soirée. Il est le SEUL en 15 jours à me demander de lui montrer ce qu'il y a dans mon sac si léger. Tous les autres, soit se sont moqués de moi, soit m’ont asséné leurs certitudes. Forcément, je ne fais pas sérieuse avec mon bob rose et mon air pas très assurée. Je lui montre mon kit cuisine, comment j'optimise la serviette, etc... on vide son sac à lui et je lui transmets les premiers éléments de l'allègement, puis je l'envoie lire RL.

Merci à toi, Fabrice, d'avoir ainsi porté intérêt à une démarche qui m'a tout de même permis d'arriver jusqu'à toi. Merci de ton ouverture d'esprit et de ton attention.

Vers 8 heures arrive une bande de jeunes. Ils font du bruit. du feu. des saletés.
ça y est, je sais pourquoi je ne voulais pas faire le GR 10. Parce que je ne voulais pas passer mon temps à essayer d’éviter les vacanciers bruyants, qui sont en montagne comme ils sont à la plage.
Plutôt souffrir dans les pierriers. Au moins ils sont silencieux.

Et puis souffrir... à mesure que les jours passent mon pied est plus sûr. Mes muscles plus fermes. Je souffre moins... euh...dans les montées.

Dernière modification par laxmimittal (09-10-2019 23:02:27)

kodiak · 02-08-2019 18:12:17

laxmimittal a écrit :

Je sais pourquoi je ne voulais pas faire le GR 10. Parce que je ne voulais pas passer mon temps à essayer d’éviter les vacanciers bruyants qui sont en montagne comme ils sont à la plage. Plutôt souffrir dans les pierriers. Au moins ils sont silencieux.

Bravo laxmi. Tes posts sont un régal à lire.

laxmimittal · 02-08-2019 18:32:48

@ kodiak,

un grand merci car je m'applique énormément pour que ce soit plaisant.

C'est bien le moins que je puisse rendre à ce forum.

Allez, jour 9.

L.

Dernière modification par laxmimittal (02-08-2019 19:43:55)

laxmimittal · 02-08-2019 19:49:25

Jour 9 : Oulettes de Gaube - Gavarnie

Départ 8 h après un petit déjeuner au refuge des Oulettes.
Là encore, une super équipe. délicieux double chocolat chaud.
Montée facile de la Hourquette d’Ossoue.
j'ai perdu ma boussole Suunto, ça m'énerve et elle me manque.

journée magnifique
décors magnifique
panorama magnifique.

J'en prends plein les yeux. alors je me laisse faire.
Des fois, la montagne, c'est que du cadeau.

regardez-moi ces coloriages.

Encore une, pour faire un petit clin d'oeil à Naxh...

Gros coup de coeur pour le petit refuge de Bayselance.
On peut pas lui enlever ça, c'est la plus belle vue de toute la HRP.

Je discute avec le gardien qui a du temps le matin après le départ des randonneurs de la veille et avant ceux du jours. Savez-vous qu'un avocat a tenu ce refuge !? Il venait faire la saison et s'en retournait à ses dossiers l'automne venue. Une autre époque...

Première claque visuelle : au loin la brèche.
Voyez-vous cette petite dent cassée là-bas ?

Mais si, là-bas, cette petite dent cassée.

Et là, vous voyez mieux ?

Qui eu cru que j'arriverai jusque là, moi, si gourde, si maladroite.
Et pourtant, j'y suis, de mon pas lent et gauche.
Quel bonheur.

Loooongue descente dans l’immense vallée d'Ossou jusqu'au barrage.
Je me sens toute petite dans cette immense vallée glaciaire.

Plouf a Ossou.
Puis stop avec trois anglais délicieux qui m’enmènent à Gavarnie, mais seulement après le five o'clock tea que nous prenons en devisant, confortablement installés sur une petite table pliante qu'ils sortent de leur véhicule. Ces anglais !!!!

Encore une fois, j'appelle Pascal, qui me ramène à ma voiture, puis je rentre à la maison pour mon anniversaire, car demain, j'ai 57 ans.

Dernière modification par laxmimittal (14-08-2019 16:01:06)

You · 02-08-2019 21:00:28

Joyeux post-anniversaire alors !

(p: sǝpıpuǝlds soʇoɥd sǝɔ ʇǝ 'ʇıɔéɹ ǝʇʇǝnoɥɔ ǝɔ ɹnod ıɔɹǝɯ ʇǝ)

Dernière modification par You (02-08-2019 21:34:20)

Adrienne · 02-08-2019 21:20:33

J'ai eu presque peur que les photos arrivent à l'endroit à un moment mais ouf, ça reste bien un récit de Laxmimi et on se tord le cou et de rire.

Ça fait grand grand plaisir de voir à quel point tu t'es éclatée dans ces montagnes

Vivement la suite !

laxmimittal · 03-08-2019 18:14:03

Merci Adrienne, Merci You de continuer à manifester votre intérêts

C'est très sympa ces petits mots;

Tant mieux, si le plaisir est bien restitué.

Je m'inquiétais de ne pas supporter cette longue période de solitude. En réalité, je ne me suis pas ennuyée une seule minute durant ces presque 4 semaines.

Allez, jour 10.

L.

Dernière modification par laxmimittal (03-08-2019 18:18:32)

laxmimittal · 03-08-2019 18:15:42

Jour 10 : Gavarnie - Col des tentes

Après une bonne journée de repos à la maison et un repas d'anniversaire ou je me gorge de verdure, me voici repartie à Gavarnie dans mon inséparable voiture.

Ma voiture, dans cette histoire, c'est un peu la voiture balais du Tour de France. Le coffre est plein de trucs de rechange. j'y laisse piolet, crampons, muesli, lait en poudre, cacahuètes, ainsi que la cartographie nécessaire à chaque tronçon. Tout ce dont j'ai besoin pour recharger les réserves ou changer de matériel m'attend dans le coffre.

Cette fois-ci, je la laisse au col des Tentes pour basculer le lendemain sur l'Espagne en direction de Bujaruelo, par le port de Boucharo et emprunter le GR 11.

J'arrive vers 12 h et la journée est magnifique. je vais crapahuter pour profiter du Panorama sublime sur tout le cirque de Gavarnie depuis le pic des Tentes et le pic de la Pahule face à la Brêche, mais sans la cohue des innombrable touristes qui vont et viennent à Gavarnie. Je prends le temps de bien étudier les splendeurs géologiques de ce site d'exception.

regardez-moi ce mille feuilles.

je suis seule ... avec quelques marmottes pas très farouches.

et mes fesses, tu les aimes mes fesses ?

Puis je pars me baigner et bivouaquer au lac des Especières.

Pour un lac qui se trouve à 1/4 d'heure de marche d'un parking, on ne peut pas dire qu'il soit surpeuplé. C'est surement parce qu'il est encore tôt dans la saison et que les gens ne sont pas encore en vacances.

J'y passe une très bonne soirée. Un couple m'annonce une nuit très très venteuse et me conseille de bien arrimer la tente. J'arrime toujours très bien la tente en montagne, car on ne sait jamais comment la nuit peut finir. D'autant qu'il faut souvent choisir entre couloir de vent et emplacement plat. Moi j'aime dormir à plat. C'est l'occasion rêvée de savoir ce que la Hilleberg a réellement dans le ventre.

Effectivement, il y a eu du vent. beaucoup de vent. Plus que dans une certaine valleuse un soir d'automne avec le CFBMO. Et de grandes gifles de pluie aussi.

La Hilleberg tient parfaitement le coup toute la nuit. Je n'en attendais pas moins mais ça me rassure encore plus sur sa résistance.

Jour 11 : col des Tentes - Bujaruelo

Au réveil, pluie et purée de poix. Inutile de se presser.

Du col des tentes, un bon sentier en balcon part vers le port de Boucharo. Il a été aménagé pour les personnes en fauteuil.

Il n'est pas fréquent que les personnes à mobilité réduite soient ainsi prises en compte en montagne... c'est une bonne idée, malheureusement l'aménagement du sentier n'a pas résisté aux éboulis et aux chutes de pierres, si bien que 500 m plus loin, le sentier redevient "normal" : c'est-à-dire difficilement praticable en fauteuil.

De toutes façons, ce n'est pas aujourd'hui que l'on va profiter du fabuleux panorama, il pleut et je marche dans le brouillard.

mais à présent, j'ai mon pan-ta-lon-de-pluie.

je le mets ; il ne pleut plus.
j'ai chaud ; je l’enlève.
il repleut.
ça m'énerve, je ne vais pas m'arrêter toutes les 10 minutes.
j’attend d'être arrivée jusqu'à la cabane pour le remettre.
la voilà ; trop tard, je suis mouillée.
je le mets quand même.
la pluie s’arrête.
j'enlève tout en grognant.
pppffff

La trop loooonngue descente sans visibilité jusqu a Bujaruelo ne me laisse pas un souvenir inoubliable mais ensuite il y a un magnifique sentier en balcon jusqu'au camping San Anton avec des vues somptueuses sur le canyon d'Ordessa.

Je recommande vivement ce camping San Anton. Il est propre, beau, calme, accueillant et les proprio sont adorables. On peut diner au restaurant, c'est bon et roboratif et il y a une petite épicerie où je vais faire un tour... comme si j'avais besoin de quelque chose...

c'est alors que je vois avec mes yeux, une autre laxmi acheter... quoi !... un paquet de Princes !
immédiatement, laxmi parle-t-à laxmi.
elle lui fait une scène à cause des Princes.
peux-tu m'expliquer pourquoi tu as acheté ces Princes ?
tu as déjà trop. Et le muesli que tu traine depuis Candanchu ?
Tu le mange quand ton muesli ?

j’ose même pas regarder le poids du paquet tellement j’ai honte.
qu'est-ce que je me prends sur la tête.

Dernière modification par laxmimittal (19-10-2019 01:42:48)

laxmimittal · 03-08-2019 23:08:49

Jour 12 : Burajuelo - Goriz - Fuente blanca

A San Anton on peut acheter des tickets de bus pour le canyon d’Ordessa, qui comptait parmi les sites que je voulais absolument voir.

Le premier bus est à 6 h, puis 7 h, puis toutes les 1/2 heures jusqu’à 10 h. Après 10 h, le bus ne s'arrête plus à San Anton, il faut descendre à Torla.

Je prends le bus de 7 heures. En descendant du bus, il y a une cafeteria. Je mange deux Princes. Puis je monte sans difficulté jusqu’à Goriz par le GR 11 dont le tracé ne passe plus par le Sendero de los cazadores (muy peligroso) mais par le bas (muy facil).

A Goriz, J’offre des Princes à tout le refuge, équipe de cuisine comprise. Personne n’en veut. Les gens sont méchants.

La vue est sublime et c'est émouvant de voir l’envers de la Brèche. Coté espagnol, tout n'est que masses de pierres inhospitalières, sans eau, sans herbe, sans bêtes, sans âmes qui vivent. Désert de chaleur au relief torturé, aux lignes tordues par la poussée tectonique de la plaque africaine.

Quel Titan colérique est venu jeter ainsi ces masses les unes contre les autres. Quel Vulcain facétieux les a chauffées à blanc jusqu’à les tordre en d’infinis origami. Ont-elles souffert ? Figées pour l’éternité dans un chaos de mouvements et de courbes. Figées ? Non, elles bougent. Mais nous ne le voyons pas car leur échelle de temps est celle du millénaire quand nous ne pensons pas plus loin que le siècle.

Dans cet Hadès, le refuge de Goriz apparait comme un havre. C'est plutôt une plaque tournante d'où partent les expé pour les seigneurs alentours ou les retours en France vers la Brèche de Roland.

Normalement c'est là que je m’arrête. Mais il est 14 h, il fait une chaleur épouvantable et pas un pet d’ombre. Un américain grignote nerveusement des graines de tournesol en racontant très fort ses zinnombrables zéroïques zexploits. Je n’ai pas envie d’attendre 19 h sous ce soleil de plomb pour monter ma tente sur la maigre aire de bivouac.

Ce n’est pas dans mes habitudes mais l’orage est annoncé pour demain soir et je me décide à doubler mon étape pour aller dormir dès ce soir à fuente blanca car je n'ai pas envie d'y bivouaquer sous la foudre. Le gardien m’annonce 2 h 30. Je m’en rajoute une de plus : arrivée à 17 h 30. Le temps est stable. C'est jouable. Je regarde la carte au 50.000ème et ne vois aucune difficulté. Go.

Montée facile au col d’Arrabio. Vue sublime. Balisage parfait. Je suis absolument seule. Les gens sont fous. C’est magnifique et il n’y a personne. Douce descente dans des replats herbeux sous les parois de calcaire immaculées. J’ai bien fait d’avancer.

Ils sont drôles ces espagnols, le sentier passe systématiquement par les cailloux difficiles plutôt que de contourner en douceur par la pente herbeuse comme chez nous. Pourquoi ? Pour ménager l’herbe ? Un splendide replat le long du torrent appelle au bivouac s’il n’était strictement interdit. Puis plus rien. Plus de sentier. Ah ben. Où il est le sentier ?

Il y a bien une marque là mais derrière la marque il y a...euh... le vide, ça ne peut pas être là. Mais siiii, c’est là. D’ailleurs il y a d’autres marques bien fraiches peintes sur la paroi comme s’il était nécessaire de bien convaincre le randonneur qu'il va bien lui falloir descendre ce décrochage vertical de 30 m pour arriver à l’étage inférieur.

Je me disais aussi... Il me semblait bien avoir vu ça sur les images internet en préparant l'étape. Je comprends maintenant pourquoi il n’y a personne. Parce que c’est ... DUR !

Et là, tout de suite, la rando prend une autre dimension. Deux pieds une main, puis deux mains un pied, j’assure lentement chacune de mes prises dans cette paroi ou tomber n’est pas une option. Ce n’est pas vraiment difficile mais c'est long et ce n’est clairement plus de la rando.

Puis je réalise avec horreur que ce replat sur lequel j’arrive enfin n’est qu'un intermède avant la prochaine paroi puisque, comme son nom l’indique, je descends dans un canyon et que un canyon, c’est ça : un escalier géant fait de replats et de parois. Aaarrrggglllll

Je mettrai 4 h à descendre ces 700 m de dénivelé dans des sentiers ou trébucher signifie se tuer. Surtout à 5 h de l’après-midi et surtout quand on est seule.

Course au finish contre le soleil pour arriver au rio Bellos avant l’ombre, histoire de me rincer des litres de transpiration évacués dans cette descente concentrée. Puis recherche d’un endroit plat pour bivouaquer. Plantage, déplantage, replantage, redéplantage pour trouver le 1/2 m2 qui me permette de caler mon matelas entre deux pentes (qu'on se le dise : fuente blanca n'est PAS un bon spot de bivouac).

Et, enfin, diner à l’abri d’un rocher pour se protéger du vent sous le regard lourd des trois géants de pierre. On est à 1.650 m et j’enfile la Antza pour me réchauffer.

Comme entrée... des Princes. Comme plat de résistance, des pâtes à la carbonara de chez Leclerc. Insipide. Tout est dans l’odeur. ça sent la carbo à plein nez dans la tente. Argl l’ours. Et s’il sentait les Princes ?

Je file pendre la poubelle dans un sapin, ça sent encore. Re-arrggglll... Moi, si j’étais ours j’habiterais cette vallée hostile ou personne ne semble jamais passer et je m'empiffrerais des Princes de la p'tite dame après avoir lacéré sa tente pour les atteindre.

Je ne suis pas rassurée.

Le vent est tombé. Je mets tout. Polaire + doudoune + caleçon mérinos + chaussettes + bonnet + foulard. La nuit la plus froide de ma rando. Il ne fait même pas froid en vrai, mais je gèle. J’ai 450 g de duvet dans mon quilt + 80 g dans ma doudoune + un matelas RV 3,9 + une tente double toit, et je gèle. Allez comprendre. ça voit pas bcp le soleil fuente blanca, c'est sûr, mais c'est pas hyper froid et pas hyper humide.

Pourquoi j'ai froid comme ça ? La fatigue peut être ? ... Sais pas.

Dernière modification par laxmimittal (14-08-2019 16:06:44)

tolliv · 03-08-2019 23:44:07

Moi j'attends d'avoir la fin pour tout lire sinon je vais être frustré...

Serval · 04-08-2019 00:57:18

laxmimital a écrit :

Désert de chaleur au relief torturé, aux lignes tordues par la poussée tectonique de la plaque africaine.
Quel Titan colérique est venu entrechoquer ainsi ces masses les unes contre les autres. Quel Vulcain facétieux les a chauffées à blanc jusqu’à les tordre en d’infinis origami. Ont-elles souffert ? Figées pour l’éternité dans un chaos de mouvements et de courbes

Wow ! Chateaubriand, sors de ce corps !

Encore, Encore !

[Édit : orthographe nocturne]

Dernière modification par Serval (04-08-2019 08:26:55)

laxmimittal · 04-08-2019 10:35:58

@ Tolliv,

Tu fais comme tu veux mais c'est construit pour être lu par petites bouchées.
Si tu lis tout d'un coup, comme c'est très écrit, ça va être indigeste et tu vas t'étouffer.

@ Serval,

Merci.

HS : Mes maitres en littérature sont Céline et - en plus sympa - Frédéric Dard. Obtenir que le lecteur pleure de rire en lisant une scène, c'est - à mon avis - la quintessence de l'art littéraire. Pour parler "chiffon", j'ai beaucoup plus travaillé le passage sur les Princes afin d'obtenir - si possible - un sourire du lecteur.

L.

Dernière modification par laxmimittal (04-08-2019 10:36:31)

ester · 04-08-2019 11:23:39

Merci Laxmimi pour ce dernier très beau passage !

Pour le coup de froid du soir, je dirais comme toi, dû à la fatigue. La très longue désescalade t'a tenue concentrée, vigilante, attentive au plus haut point, droit à l'erreur = 0. ça en pompe, des calories, ces petits jeux-là.

Pour le test du matelas à plat, tu peux mettre d'abord ton polycree et t'allonger dessus. Ensuite, seulement si la pente te convient, planter...

En tout cas, bravo !

florencia · 04-08-2019 11:45:20

laxmimittal a écrit :

Pour parler "chiffon", j'ai beaucoup plus travaillé le passage sur les Princes afin d'obtenir - si possible - un sourire du lecteur.

Tu as eu le mien , difficile de lutter contre la tentation et la gourmandise

Merci pour le partage de cette jolie balade pyrénéenne et bravo à toi d'avoir surmonter certaines de tes appréhensions

Flo

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#51 01-08-2019 19:28:39

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