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#1 10-07-2021 15:01:13

Rhomain
Membre
Inscription : 28-07-2012

[Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

Je reviens d'une rando de 6 jours à vélo dans les Pyrénées, au départ de chez moi. Le but était de prendre les routes et pistes les plus proches possible de la crête pyrénéennes (autrement dit de manger du dénivelé), en évitant toutefois les cols que je connaissais déjà (dans la mesure du possible), de traverser le Pays Basque jusqu'à Hendaye et rentrer de manière plus direct par le piémont.
Mes expériences d'itinérances en vélo se résument jusqu'à maintenant à un voyage de 3 mois de vélo/woofing/tourisme pas vraiment MUL et quelques virées de 2/3 jours en mode bikepacking improvisé sur un vélo de route.
Et c'est une première avec mon relativement nouveau vélo de gravel, qui correspond plus à ma pratique et me permet de cesser de maltraiter enfin mon pauvre vélo de route dans des chemins pas roulant.

Le vélo

C'est un Origine Trail, annoncé à 9,1 kg (je ne pas de quoi le peser), avec les caractéristiques principales suivantes :
- roues Fulcrum Racing Zero
- pneus Continental Terra Speed en 35, tout récemment passé en tubeless
- groupe Shimano GRX 600, pédalier en 46/30 et cassette 11-34

Je reviendrai sur le matériel après.

Les traces par jour sont ici.

Il n'y a pas de photos (enfin juste une !), ça va manquer au récit mais à vélo c'est moins facile de s'arrêter qu'à pied.

Jour 1 − Dimanche 20 juin

72.78 km / 1867.2 m D+

Je quitte mon appart dimanche en milieu d'après-midi et commence rapidement l'ascension des cols de Marrous puis Péguère. La route je la connais par cœur, ils font partis de mon terrain de jeu habituel. Puis je redescend sur Saint-Girons, en manquant au passage un premier passage en gravel. Dans la descente je suis déjà loin. Pas grave, je continue sur la route elle est très jolie.

Après Saint-Girons, je traverse quelques villages agréables où les gens en sont à l'heure de l'apéro dans la rue. J'y fais le plein d'eau en prévision de ce soir car ensuite c'est une piste forestière qui monte tranquillement jusqu'en dessous le Pic de l'Estélas, où j'ai prévu de dormir. L'endroit ne me plaît guère, je suis obligé de me mettre en bord de piste sinon il y a trop de végétation au sol pour y mettre mon abri. Je poursuis quelques kilomètres plus loin au col de la Houst : bien mieux. En plus j'ai une vue sur les sommets du Couserans !

Je pose mon vélo contre un arbre et puis… euh qu'est ce que je fais maintenant ? Ah ben oui, monter mon abri. Il est où déjà ? Ah oui, dans cette sacoche. Ah, et si j'enlevais mon casque pour commencer ? C'est là que je me rends compte qu'à pied j'applique ma routine machinalement sans y penser, mais à vélo je ne suis pas du tout habitué roll

Jour 2 − Lundi 21 juin

138.72 km / 3201.8 m D+

Le départ est un peu délicat, la courte portion de piste pour passer le col est plutôt faite pour les engins forestiers et est bien défoncée, je met pied à terre dans la descente. Ensuite ça redevient roulant, puis une descente en lacets dans de la grosse rocaille jusqu'au col de Portet d'Aspet. Je le traverse pour continuer sur une piste étroite en sous-bois. Ça monte raide, ce qui m'oblige à pousser sur quelques dizaines de mètre mais la forêt est agréable. À ce moment là, je me rends compte qu'il manque quelque chose sur mon vélo : j'ai perdu un brin du mat qui me servait pour monter mon abri mad . Il était fixé sur mon porte-bagage arrière, mais tel qu'il était fixé, il ne pouvais glisser que vers l'avant et tomber en passant entre mes jambes, je ne comprends pas comment je ne l'ai pas senti… Je fais demi-tour à regret car j'ai déjà fait une quinzaine de bornes avec un dénivelé non négligeable… Bonne nouvelle, je le retrouve rapidement, sur la piste rocailleuse qui tabassait bien. Mauvaise nouvelle, entre temps un camion est passé dessus et il n'en reste plus grand chose… Je récupère les bagues en métal et laisse le bambou sur place. Il va falloir que je trouve à monter mon abri sans maintenant.

Je reviens où j'en étais, la piste étroite se transforme en sentier dans la terre et les feuilles mortes, ça roule bien et c'est agréable. Descendu en fond de vallée par une petite route, je remonte de suite après au col d'Artigascou par une piste assez raide et en mauvais état. Là ça devient dur, surtout que je n'ai toujours pas pris mon petit déj. Je tablais sur les boulangeries que je croiserai, mais étant presque toujours sur de la piste c'est moi évident.
De là-haut la vue sur les sommets est magnifique, le temps est dégagé. Je traverse Melles, un hameau tout fleuri, tout en pierre et plein de fontaines en cascade. Juste avant d'atteindre Fos et la Garonne. Là, initialement je prévoyais une petite incursion par l'Espagne et ainsi couper par le Col du Portillon. Bon, à Fos la police a fait un barrage avant la frontière. J'observe de loin, ils arrêtent tous le monde. Inutile d'aller discuter pour si peu, je vais descendre la vallée de la Garonne jusqu'à Saint-Béat puis remonter celle de Bagnère-de-Luchon. Ça circule beaucoup mais ça me fait un peu de plat et je roule bien. Je trouve enfin une boulangerie à Saint-Béat.

Je traverse Bagnère-du-Luchon (là il y a l'embarrât du choix pour trouver à manger mais j'ai plus faim…) et monte en direction du col de Peyresourde. C'est pas un col que j'apprécie beaucoup, il y a beaucoup de trafic sur la première partie et je l'ai déjà fait l'année passée. Il se met à pleuvoir un peu. Et il y a une cabane à côté de la route pour s'abriter. Je profite de cette excuse pour faire une pause en milieu de montée car j'ai vraiment pas d'énergie. Ma stratégie de manger quand l'occasion se présente et de faire avec des vivres de courses le reste du temps pour porter le minimum de bouffe a peut-être ses limites.

Une fois basculé dans la vallée du Louron, le soleil revient, tant mieux. J'arrive à Arreau, il est un peu moins de 15h, j'ai faim ET il y a des commerces, même une Biocoop ! Je m'accorde une longue pause sieste dans le parc avant de repartir.

Je continue de descendre la vallée vers le nord jusqu'à trouver une superbe petite route qui monte vraiment à flanc dans la falaise, qui me permet d'atteindre la route forestière de l'Aréouse. Ce n'est pas de tout repos, entre 10 et 15 % sur 8 km jusqu'au col de Beyrède. C'est très beau là-haut, et initialement je comptais y dormir mais il y a un peu trop de monde en camping-car et il vente bien, donc je redescends. Je me dis que de toute manière, mieux faut dormir dans les vallées pour ne pas se taper la descente dans le froid et l'humidité du matin.
Je descends la vallée de Campan puis bifurque sur la vallée de Lesponne, où je m'installe dans un pré, caché par les herbes hautes.

Puisque je n'ai plus que la moitié de mon mât, j'expérimente différentes technique pour monter mon abri (qui est en forme de type demi-tipi) à l'aide de mon vélo. C'est pas satisfaisant, dans tout les cas soit il prends toute la place sous mon abri, soit il m'empêche d'y rentrer. Je pars à la recherche d'un bois mort à la bonne taille pour faire office de mât, finalement pas si difficile à trouver que ça, et c'est bien plus efficace.

Jour 3 − Mardi 22 juin

106.49 km / 2891.5 m D+

Ce matin je me sens plus efficace, il me restait la moitié d'un brownie au chocolat acheté la veille à Arreau ! Après deux cols en pistes forestières et petites routes et quelques magnifique points de vue sur le Midi de Bigorre (enfin son massif, car lui faisait la grâce mat' sous sa couette de nuage), je redescend dans la vallée de la Gave de Pau. La piste cyclable tout droite et plate me permet de filer rapidement sur Argelès-Gazost. C'est jour de marché, ça tombe bien. Après une pose repas et sieste au soleil qui s'éternise un peu alors que je ne veux pas traîner (de la pluie est annoncée pour l'après-midi ; profiter du soleil tant qu'il y en a pour y faire la sieste ou pour avancer, dur choix tongue ), je me dirige vers les cols du Soulor et d'Aubisque… et vers les gros nuages gris. Un peu avant le premier col ça éclate. Je mets juste mon coupe-vent, j'aurai trop chaud avec ma veste de pluie, et quitte à être mouillé autant l'être par la pluie que par ma transpiration, j'économise de l'eau ! La route en corniche entre les deux cols, au dessus du plat de l'Ouzom est spectaculaire malgré les nuages et la faible visibilité je devine les à pics en dessous.

Dans la descente au fond de la vallée d'Ossau, un déluge s'abat sur la route. Déjà bien refroidi par la descente, c'est trop. J'aperçois un bar/restaurant à la devanture moche dans la moche station d'hiver de Gourette. Je me réchauffe passablement avec un chocolat chaud puis une soupe. Je suis le seul dans le bar, et écoute le patron et le serveur débattre sur l'inscription « Office de Tourisme » sur le bâtiment en face (au lieu de « Office du Tourisme » qui serait selon eux la graphie correcte, et pour ma culture les 2 le sont).

S'arrêter en milieu de descente n'était finalement pas une très bonne idée, je repars avec mes affaires mouillées sous une pluie fine pour plusieurs kilomètres de descente sans pouvoir m'activer. Ce n'est qu'en bas de vallée que je retrouve une température plus chaude et des éclaircies… mais pas pour longtemps. En remontant vers le col de Marie Blanque, la pluie revient. Je suis quasiment sec, c'est le bon moment ou jamais pour arrêter là la journée, même s'il est un peu tôt et que j'ai encore de l'énergie. En plus je trouve un magnifique spot d'herbe verte sous des grands mélèzes au Plateau de Houndas, abrité du vent.

Jour 4 − Mercredi 23 juin

101.14 km / 2995.2 m D+

Il pleut toujours par intermittence. Pas beaucoup mais quand même. En vélo ça va vite, 10 minutes que je suis parti et je suis déjà trempé, il faut dire que ma veste de pluie a fait son temps aussi. Je remonte la vallée d'Aspe, une des rares vallées pyrénéennes encore desservie par le train. C'est à la fois très beau (tout est vert, ce qui n'est pas étonnant avec toute cette flotte) et peu agréable car c'est un axe très passant pour relier l'Espagne et beaucoup de camions y circulent. Heureusement, et après un jeux de piste dans le petit village tout mignon d'Osse-en-Aspe pour comprendre où est-ce que la route passe entre les maisons, je me dirige vers des petits cols tranquilles (Hourataté, Bouesou, Labays), à travers la forêt d'Issaux. Ça monte raide, je suis quasiment tout le temps sur mon plus petit rapport, mais qu'elle est belle cette forêt ! Du vert, du vert et encore du vert, des immenses sapins et hêtres dans un terrain escarpé avec des falaises apparentes dans une ambiances mystiques avec les nuages bas qui s'y accrochent. Je me note de revenir en rando dans le coin car ça à l'air magnifique.

Passé La Pierre Saint-Martin, j'entre en territoire Basque, mais le dénivelé lui est toujours là, avec une longue et raide montée en suivant l'itinéraire du GR10 jusqu'à Anhauko Khürütxea, et une descente du même calibre. Je devine facilement les nombreuses gorges présentes de part et d'autre, là aussi à venir explorer à pied une prochaine fois.

Je termine ma journée au camping de Larrau, vidé de toute énergie. Ma chaîne me suppliait d'arrêter à chaque coup de pédale après toute cette pluie et cette boue sableuses des pistes d'estives.

Jour 5 − Jeudi 24 juin

99.81 km / 2936.4 m D+

Pour changer ce matin, il bruine, notez l'évolution il ne pleut plus. Mais ce n'est que temporaire et une pluie fine entrecoupée de rares accalmies sera le programme de la journée. Et je serai beaucoup plus dans les nuages, ce qui est dommage car le programme de la journée est de passer sur les hauteurs du Pays Basque, sur les crêtes. La petite route monte, descend un coup, recommence, un coup à gauche, un coup à droite, je la suis sans réfléchir en espérant seulement que je ne suis pas en train de tourner en rond indéfiniment. Je ne vois rien à part la tête de quelques moutons et vaches qui sortent du brouillard. Et des GR10-istes et pèlerins de Compostelle aussi.

J'ai pas du faire assez attention lors de la préparation de mon itinéraire, à partir du col d'Errozate jusqu'au col d'Organbide, je dois suivre la ligne de crête. Il n'y a ni piste ni sentier, tout au plus des sentes de moutons donc je roule dans l'herbe. C'est marrant un moment mais très vite ça me gonfle, je n'avance pas, je dois mettre pied à terre souvent et je n'ai de toute manière aucune vue. Il y a une route en contrebas, je descends direct à pied dans la pente abrupte pour la rejoindre.

Je suis de près la HRP et retrouve des cols connus (Arnostéguy au pied d'Urkulu notamment) que je reconnais difficilement.

Enfin je redescend, sortant des nuages, il fait plus chaud et une fois à Saint-Jean-Pied-de-Port, le soleil revient. Grosse pause repas/sieste/séchage dans un parc ; quel contraste, j'ai du mal à réaliser qu'une heure plus tôt j'étais dans le brouillard, l'humidité, le froid, au milieu de nul part et me retrouve maintenant sous le soleil dans l'animation de la ville.

Un peu plus tard je traverse Bidarray et passe devant le vieux pont Noblia sur la Nive sur lequel, il y a 1 an à une semaine près, j'y faisais les premiers pas de ma HRP smile.

Après une rude montée par la piste vers le col de Mehatse, je me trouve un peu avant le col un spot de bivouac idyllique : un replat recouvert d'herbe verte (avouons que de l'herbe sèche aurait été intriguant par ici) entouré de fougères, un cerisier sauvage qui pousse au milieu de vielles cabanes en ruine. Je prend mon repas sur un rocher en surplomb de gorges en contrebas et avec une vue sur les sommets alentour (dans les nuages).

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J'entends des pas derrière moi. Quelqu'un vient me voir d'un pas décidé. Il commence à regarder mon vélo, fouiller dans mes affaires, et tente de me racketter : « vas-y file moi tes biscuits là ! » à grands coups de museau.
Je résiste, planque mes biscuits et après quelques caresses il comprend qu'il n'aura rien d'autre et il repars voir ces copains ânes restés à l'écart. Ouf smile

Jour 6 − Vendredi 25 juin

43.34 km / 1011.5 m D+

Plus de pluie prévue aujourd'hui, ça s'annonce bien même si ce n'est pas si évident que ça en voyant l'état du ciel. Je prévois d'atteindre Hendaye en milieu de journée. Un fois le col de Mehatse et ses cromlech passés, je redescends par des plus-ou-mois-pistes, en réalité envahies par la végétation et transformées en simples sentiers. Je descends très lentement, je n'ai aucune confiance avec mes pneus sur de la caillasse mouillée. Je fini par retrouver une route et m'aperçois à l'allure des panneaux que je suis en Espagne. Heureusement pas de contrôle à la frontière quelques kilomètres plus loin.

Je contourne la Rhune par le sud via une piste agréable (comprendre confortable à rouler et sans caillasse), qui se transforme en sentier encombré de gros rochers pour descendre sur le col de Deskargako, puis encore plus bas à Intzolako Benta. Bon, il se trouve qu'effectivement sur ma carte c'est un sentier, je ne peux m'en prendre qu'à moi je n'avais pas fait gaffe à cette portion en préparant mon itinéraire. Évidement je fais toute la descente à pied dans ces conditions mais même comme ça c'est galère, je pousse, je tire, le vélo rebondi sur les rochers et moi je glisse facilement sur la roche mouillées avec mes chaussures de vélo. Et je n'arrive pas à le porter à causse de la sacoche de cadre. Tout d'un coup la roue arrière se bloque et je comprends qu'en rebondissant, ma roue arrière a cogné une roche sur le côté qui a envoyé la chape de mon dérailleur dans les rayons (et qu'au passage j'étais resté sur le grand pignon donc il a suffit de peu, ce qui n'était pas très malin). Je débloque tout ça et termine de descendre car ça me soûle bien, ça doit faire une demi-heure que je suis dans cette descente et j'avance pas.
Une fois arrivé en bas, enfin, je me pose et examine la situation : c'est pas joli, la patte de dérailleur est tordue vers l'intérieur. Je démonte tout pour essayer de redresser la patte correctement… et deux morceaux me reste dans les mains sad. Bon, de pire en pire. Je n'ai pas de patte de rechange alors je tente de bricoler un truc à base de fil de fer et de colliers de serrage, mais ça ne tient pas plus de quelques tours de pédales.
Le point positif, c'est que je ne suis qu'à une vingtaine de kilomètre d'Hendaye et c'est beaucoup de descentes et de routes. Je me laisse aller en descente comme si de rien était, fait du troti-vélo sur le plat et marche dans les quelques montées. Au final je suis à Hendaye en 2h, pas pire. Sauf que bon, pour trouver un vélociste au milieu des magasins de plage, plongée et bateau, c'est pas évident. Il y a seulement un Décathlon, mais sans atelier de vélo.
Je prends le train direction Saint-Jean-de-Luz, là il y a 3 vélocistes. Enfin 1 après avoir constaté que les 2 premiers étaient définitivement fermés. Et ce dernier ne peux rien faire pour moi, même pas un petit bricolage magique qui me permettrait de rentrer. Je trouve une quincaillerie, dans l'espoir de trouver quelques chose pour consolider la patte cassée. Il me vend de la colle Araldite.

Je m'en vais hors de la ville, que j'en ai plus qu'assez de parcourir en long et en large en poussant mon vélo, pour passer la nuit. Je recolle les 2 morceaux de ma patte et attend la nuit que ça sèche, on verra demain.

Je n'ose pas trop penser que je pourrais repédaler (en fait j'y crois moyennement à cette colle) et réfléchi à ce que je peux faire d'autre si ça ne marche pas, mais je ne trouve que deux solutions : soit tenter de virer le dérailleur et faire tout le retour en mono-vitesse mais je suis pas sûr d'en être vraiment capable car même si je n'ai plus de cols pour le retour, c'est quand même loin d'être plat le piémont. Soit je rentre en train et tant pis pour le reste. Après tout, le trajet retour c'était juste pour rentrer chez moi, j'ai fait le meilleur sur le trajet aller.

Jour 7 − Samedi 26 juin

Je me réveille le matin, j'ai plus mal aux pieds qu'aux fesses de la journée d'hier, assez insolite pour une rando à vélo smile. Il fait beau d'ailleurs et… enfin bon inutile de faire durer le suspens. Je remonte mon dérailleur, pédale un peu et… ben il n'y a pas de jour 7, ça recase immédiatement.
Je rentre chez moi en train.

Le retour sur le matériel arrive smile

Hors ligne

#2 10-07-2021 17:25:59

Boucles&Détours
Membre
Inscription : 23-07-2020

Re : [Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

Que de péripéties, ta façon de raconter la rencontre avec l'âne m'a beaucoup fait rire lol

Pour la patte de dérailleur, peut être aurai tu pu essayer de monter ton vélo en single-speed pour les 20km vers Hendaye qui te restait.

Je viens d'expérimenter cette méthode aujourd'hui après qu'une personne peu délicate aie malmené mon vélo accroché dans la rue. J'ai eu exactement le même soucis, patte plié, puis cassé en essayant de la redresser.
Heureusement en raccourcissant ma chaine, et en la mettant bien droite petit plateau-millieu de la cassette j'ai pu rentrer chez moi tant bien que mal.

J'attends donc impatiemment mes 2 pattes de dérailleur (pour en avoir une d'avance ?)

Hors ligne

#3 10-07-2021 19:41:39

Rhomain
Membre
Inscription : 28-07-2012

Re : [Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

J'en suis au début de ma réflexion, j'essaye plein de choses différentes depuis le début donc ce n'est pas du tout une liste stable. Du coup le poids de chaque item séparément je m'en fous un peu pour le moment, j'en suis plus à expérimenter ce dont j'ai réellement besoin ou pas et les différentes possibilités d'agencement et de portage sur le vélo et toute critique ou suggestion est la bienvenue.

Marque/caractéristiquesPoids porté (g)Poids sur moi (g)
Portage : 1370 g
sac étanche sur PBRestrap 14L73
Sacoche de cadreApidura 4.5L207
Sacoche de guidoninconnu390
Sacoche outilsde récup
straps divers130
Porte-bagageRacktime lightit570
2 poches de potencePoche porte bidon decathlon
Abri : 609 g
abriDIY Skytex 39 g/m²303
Tapis de solPolycree68
Sardines × 863
Matbambou DIY175
Couchage : 1487 g
pied d'éléphantCumulus 300 g duvet519
matelas jambesmousse Arkmat 5mm53
matelas torsemousse Ridge Rest 10mm122
bonnetpolaire fin Decathlon23
doudouneCumulus 120 g duvet360
chaussettesMérino Smartwool58
gantssynthétique62
tour de cou34
moustiquaire de têteDIY10
drap de soieDecathlon recoupé au torse58
T-shirt MLDecathlon laine mérino188
Vêtements de jour : 496 g + 1428 g
shortsynthétique Decathlon212
cuissard courtGore137
maillot vélo MCDecathlon laine mérino193
Boxersans couture Decathlon50
chaussettes32
casque207
lunette vue/soleil29
veste de pluieMEC, membrane Pertex 2,5 couches164
gants courts de vélo
giletsynthétique sans manches
coupe-ventDIY70
chaussuresShimano RT82830
Cuisine/hydratation : 304 g
bol pliableDecathlon46
cuichette (spork)titane16
poche à eau + tuyeauPlatipus 1,8L130
bidon0.75L87
flacon pour mélange huile/sel/épices25
Hygiène/Premiers soins : 150 g
divers premiers soins30
savonMorceau savon de Marseille13
serviette microfibresde ménage26
brosse à dents7
Outils/électronique/divers : 438 g
lampefrontale Zebra Light85
couteauOpinel n°629
kit de couture/réparationaiguilles, fils, tape, tissu, épingles23
Téléphone + ziplock176
batterie téléphone supplémentaire × 270
chargeur + câble USB40
ID, carte bancaire, cash, carte vitale10
crayonBic5
Outils/accessoires vélo : 1426 g
éclairage arrièreBontrager Flare R37
éclairage avant (fait aussi powerbank)Ravemen PR1200212
antivolcâble Decathlon529
Tournevis + emboutsallen, cruciforme,100
clés écrous45
maillon rapide2
pompeTopeak Mini Morph G176
Dérive-chaineTopeak44
Démonte-pneu/pince à maillonsTopeak44
chambre à air (dont obus de rechange) + rustines135
Mèches + outil insertion + colleLezyne36
Démonte-obus1
adaptateur presta/shrader5
colliers serrage plastique, fil de fer, élastiques, sanglespour réparation de fortune23
vis, écrous, rondelles20
huile chaine
câble de dérailleur17
Total62801428

Portage

3 sacoches principales : de cintre, de cadre et sur le porte-bagage arrière. J'avais en fait trop de place 90% du temps, je pourrais me passer d'une sauf que ce n'est pas si simple :

  • Porte-bagage : j'y met un sac étanche qui contient tout mes vêtements chaud pour le couchage, sanglé sur le PB avec mes 2 bouts de matelas de sol en mousse. Le problème sont les matelas mousse relativement encombrant et que je n'arrive pas à caser ailleurs sur le vélo, ce qui m'oblige à garder le PB pour ces 175 g de mousse !! Je reste convaincu par la mousse, le confort me suffit à condition de ne pas dormir sur un sol dur, ça peut être troué, déchiré, manipulé sans aucune précaution ça fonctionnera toujours, sorti et rangé en un rien de temps, c'est le must pour un truc pas prise de tête. Mais je dois avouer que c'est encombrant et à vélo ça a plus d'importance qu'à pied. À pied ils me servaient à rigidifier, garder au sec et protéger l'intérieur de mon sac en cas de grosse déchirure, bref utiles même dans le sac. Là à vélo j'ai tenté de les attacher de plein de façon différentes au cadre, aucune ne me convient. Je continue d'expérimenter dans le but de pouvoir me passer de PB. Et à ce moment là le sac étanche ira sous la selle.

  • Sacoche de cadre : l'utilité principale de cette sache est de pouvoir y mettre une poche à eau. Je bois plus facilement (et donc plus régulièrement) au tuyau qu'à un bidon surtout en terrain accidenté. Il me reste de la place dedans pour mettre mon abri, coupe-vent et veste de pluie. Et un peu de nourriture quand la poche à eau est vide. Malheureusement elle est trop grande de quelques centimètre pour mon cadre, ce qui rend l'ouverture et fermeture compliqué à 2 mains (et impossible en roulant). Je vais tester de m'en passer et prendre un bidon supplémentaire pour remplacer la poche à eau et voir si j'ai assez d'autonomie en eau et en place disponible.

  • Sacoche de cintre : principalement de la nourriture, l'antivol et mon ziplock d'hygiène/premiers soins. En pratique les affaires se déplaçaient souvent entre la sacoche de cintre et la sacoche de cadre suivant la place que je trouvais. Elle est trop haute pour mon vélo, du moins comme elle n'est tenu que par des velcros au cintre, elle pique du nez pour reposer sur le tube de direction (en écrasant les câbles de freins et dérailleurs au passage) et peu frotter sur le pneu quand sa secoue bien. J'ai donc fixé un morceau de garde boue avant de récup pour qu'elle repose dessus. Soit je la remplace par une sacoche typée bikepacking, à fermeture à enroulement mais ça me plait guère car c'est pour y mettre la nourriture, donc accédée fréquemment, il faut que ce soit rapide à ouvrir et le contenu ne sera pas très compactable, soit plutôt une sacoche avec un point t'accroche solide au cintre type klickfix, mais probablement plus lourd, à voir.

En plus de ça :

  • 2 poches porte-bidon Decathlon sur la potence pour des vivres de course et éventuellement d'autres petites choses. Je pense qu'une seule pourrait suffire, à tester.

  • pochette pour outils sanglée sur le tube oblique. Tout tient dedans à l'exception de la chambre à air qui va dans la sacoche de cadre et la fiole d'huile attachée à la jonction des haubans et du tube de selle. La pompe est fixé sur le tube de selle.

Vêtements, abri, couchage

Pour l'abri, rien à dire à part que je pourrai trouver le moyen de le fixer quelque part sur le cadre, pour éviter de le mettre mouillé dans ma sacoche.
Pour le mat (en temps normal un de mes bâtons de marche), finalement j'ai pu facilement trouver à chaque fois une branche à la bonne taille, à l'exception de la nuit passé au camping. Je pars sur le fait de ne pas en prendre les prochaines fois.

Les matelas sont très problématique à transporter, comme dit ci-dessus.

Je n'ai jamais eu froid au bivouac, je dors bien à 0°C avec cette config donc là c'était overkill. J'avais un change complet ce qui était agréable pour être au sec au bivouac. Je pense à terme me faire quilt en Apex, moins chaud que mon PE pour gagner du poids de ce côté là, mais c'est pas pour tout de suite.

La moustiquaire de tête ne m'a pas servi, fermer complètement l'abri la nuit est suffisant avec les moustiques d'ici.
Initialement je n'avais prévu qu'un boxer sans couture + short Decathlon pour le vélo, c'est avec ça que je fais mes sorties à la journée sans douleur particulière le lendemain. Mais sur plusieurs jours j'avais un peu peur donc j'ai pris un cuissard aussi (qui en temps normal ne m'apportait pas vraiment plus de confort y compris sur de longues sorties). J'ai bien fait car après 2 ou 3 jours (je sais plus) je n'ai mis plus que le cuissard et mon short a été relégué en vêtement pour le bivouac lol. Mis à part les premières 5/10 minutes le matin, pas de douleurs particulières aux fesses avec le cuissard. Je le garde donc. Et prendre un short plus léger s'il ne me sert que pour dormir.

J'ai rarement eu froid à vélo malgré la pluie (uniquement lorsque que longue descente + grosse pluie), mais sous la petite pluie malgré le fait que je sois trempé ça allé bien. Il faut quand même que je remplace ma veste de pluie.

Eau et nourriture

J'ai choisi de ne pas prendre de réchaud et manger froid. Ça ne m'a pas manqué, en pouvant me ravitailler quasiment tous les jours et manger des trucs frais et varié à chaque fois, pas besoin de réchaud le soir. Généralement c'était semoule + mélange huile/herbes/épices que j'avais emporté ou bouillon cube et à côté des trucs achetés durant la journée. Je repartais le matin sans manger en comptant sur la première boulangerie, mais je pouvais ne croiser la première que passé midi suivant où j'étais, donc à refaire je prendre quand même un peu de muesli (et puis ça me tient mieux au ventre).

Pas de réchaud, pas besoin de mon bol titane qui prend de la place, donc j'avais un bol pliable Decathlon en silicone. Ça prend pas de place serte, mais c'est le même poids que mon bol titane pour 2 fois moins de contenance, et j'ai un gros appétit. Et c'est pas facile à nettoyer, sa colle toutes les saletés. Pas très satisfait donc.

Pour l'eau, j'avais une poche à eau de 1.8 L + un bidon de 0.75 L, je n'ai jamais manqué d'eau. L'inconvénient de la poche à eau est que je ne sais jamais ce qu'il me reste.

Électronique

Je me sers de mon téléphone, fixé sur le cintre, pour la afficher la carte et pour enregistrer la trace (avec osmand~). Je n'ai pas envie d'acheter un objet électronique supplémentaire, donc ça restera comme ça. Globalement ça me satisfait, il fait des petits caprices et n'enregistre plus la trace (il y a par exemple 2 bouts que j'ai du retracer à la main après coup dans ma trace du premier post). C'est vrai que l'autonomie est problématique par contre, j'avais en tout 3 batteries (dont une qui ne fait plus que la moitié d'une charge) + mon phare avant qui peut faire powerbank (l'équivalent d'une charge supplémentaire), et je consomme environ les 2/3 d'une batterie par jour. Ça m'oblige à passer la nuit dans un camping pour recharger, mais je ne peux pas tout recharger à la fois.

Outils

Je me suis depuis alourdis de 16 g supplémentaire pour une patte de dérailleur de spare smile.
Pour le reste, rien de particulier à dire. Je suis très content de ma pompe qui pour son poids et encombrement a un manomètre, un tuyau pour éviter de tordre la valve et un pied pour quand on a pas de force dans les bras comme moi.
Vous remarquerez quand même que j'ai pris 2 rustines (< 1g) au cas où je crève ma chambre à air, qui est déjà une solution de secours si je n'arrive pas à réparer une crevaison de mon pneu tubeless lol.

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#4 12-07-2021 12:23:20

Bilbox
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Inscription : 17-04-2013

Re : [Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

Cool tout ça, as-tu une tof du vélo tout équipé?

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#5 12-07-2021 18:19:45

Cat 09
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Re : [Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

Joli tour ! Je suis admirative des distances/dénivelées en général hors des routes, et parfois même hors chemin :) .
Pour les photos, dommage qu'il n'y en ait qu'une, car on se dit que les autres auraient été jolies également.
Et il semblerait qu'on soit voisins...

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#6 20-07-2021 09:06:44

Rhomain
Membre
Inscription : 28-07-2012

Re : [Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

J'ai profité de quelques jours de congé pour retourner rouler, en attendant un petit CR (avec photos cette fois ci wink ), voici 2 photos de mon vélo chargé (lors de ma dernière sortie donc) :

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Il y a quelques trucs qui ont changé :

- je me suis passé de la sacoche de cadre, et donc de la poche à eau, que j'ai remplacé par un second bidon + porte-bidon sur le cadre. Je passe donc de 2,5 L à 1,5 L d'autonomie d'eau mais ça a été suffisant, c'est relativement facile de trouver de l'eau par ici ;
- mon tarp, tapis de sol en tyvex et sardines sont roulés et sanglés à l'avant du tube horizontal, ainsi je ne le mets pas mouillé dans une sacoche ;
- ma sacoche de cintre contient donc la nourriture, bol, cuillère et couteau, mon coupe-vent et veste de pluie, mon ziplock de toilette/pharmacie, le chargeur et batteries supplémentaires et lampe frontale. Ça tenait aisément avec 1 ou 2 repas d'autonomie.

Pour le couchage, je n'ai rien changé par rapport à la première sortie : matelas de sol roulés sur le PB et le couchage dans le sac étanche posé par dessus.

Pompe et pochette outils sont attachés en bas du tube oblique.

Et il semblerait qu'on soit voisins...

Cat 09 : En effet, j'ai vu ça à ton tour du rond, pas le même village mais pas loin smile

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#7 26-07-2021 19:43:23

Rhomain
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Re : [Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

Et voici le récit avec les quelques photos.

La trace par jour est ici

Jour 1 − Mercredi 14 juillet

154 km / 2471 m D+

Départ dans la matinée, à nouveau de chez moi. Je rejoins la voie verte direction Saint-Girons et même au-delà. Je la quitte à Prat-Bonrepaux mais elle se poursuit jusqu'à la Garonne. Ensuite ça devient plus vallonné mais j'ai prévu un tracé assez direct pour être au plus vite dans les Pyrénées-Atlantique. La route est un peu monotone parfois, mais le ciel lui change constamment et ai plus distraillant à regarder avec ses jeux de lumière à travers les nuages. J'ai bêtement oublié que c'était férié et donc que je ne trouverai rien d'ouvert aujourd'hui (faut le faire quand même…), je ne fais qu'avec mes noix et fruits secs durant la journée. Je termine la journée bien vidé physiquement, d'autant plus que je n'arrive pas à trouver un seul endroit plat pour me poser. Les Baronnies de Bigorre, ce ne sont que des bosses. Je fini par me poser en bordure d'une route d'explotation forestière boueuse, alors qu'un petit crachin commence à venir. Je suis juste au dessus de Bagnère-de-Bigorre.

Jour 2 − Jeudi 15 juillet

160 km / 2702 m D+

Après avoir compensé le manque à manger d'hier dans la première boulangerie trouvée, je prends la route de Lourdes. Il y a des camping-cars stationnés de partout dans les pâturages et beaucoup de trafic, et je comprends rapidement que le Tour de France va passer là dans la journée. Je bifurque et trouve d'autres routes plus petites pour retrouver de la tranquillité jusqu'à Lourdes.

C'est à partir de là que ça devient intéressant.

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Après une pause le long du Gave de Pau, j'attaque la montée aux cols du Couraduque et du Soulor, mais par les pistes forestières puis les pistes de ski de fond. Après des côtes très raides sur route pour rejoindre le début de la piste forestière, la montée devient plus douce et linéaire et j’apprécie la belle forêt d'Arragnat.
Je croise beaucoup de monde au sommet, à pied ou en… trottinette tout-terrain (on dit TTT ?) électrique. Première fois que je croise ça neutral . Malgré ça et le fait que la vue est bouchée par les nuages, c'est quand même très beau et les pistes sont faciles, je me régale.

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Vautours, peu inquiétés par les randonneurs.
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La route en corniche entre le Soulor et l'Aubisque (juste sous les nuages).
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Je quitte le col du Soulor par une longue descente dans le fond encaissé de la vallée de l'Ouzom. Puis c'est à nouveau de la moyenne montagne jusqu'aux portes du Pays basque, avec quand même de belles sections de petites routes sous une forêt profonde et humide, le Bois du Bager entre Arudy et Oloron Sainte-Marie, dans lequel je repasserai d'ailleurs au retour mais dans les sentiers.

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Alors que je cherchais depuis un petit moment à faire le plein d'eau avant le bivouac, je tombe sur une aire de repos, annoncée avec sanitaire, électricité, Wi-Fi, super. Sauf qu'il n'y a pas de robinet d'eau. Pas grave, je vais au moins en profiter pour recharger mon téléphone. Ah non, les prises électriques ne marchent pas non plus. Bon les toilettes alors, elles ne peuvent pas ne pas marcher. Et bien il n'y a ni éclairage (pas qu'il ne marche pas, il n'y a juste rien), ni fenêtre (amenez votre frontale ou laissez la porte ouverte !)… faut le faire quand même !

Heureusement je trouve bien plus loin les sanitaires ouvertes au stade municipal de Barcus. Je bivouac un peu plus loin en bordure d'un champ. Un renard vient me voir, occupé à flairer une trace dans les fougères visiblement, il ne m'avais pas senti (ni mon fromage fort odorant que j'étais en train de manger d'ailleurs tongue ). On se regarde au moins une dizaine de secondes, il m'examine comme s'il ne me voyait pas vraiment. Il est à même pas 10 mètres. Je bouge un peu trop pour attraper mon téléphone et il déguerpi.

Jour 3 − Vendredi 16 juillet

107 km / 2698 m D+

Un monsieur vient me voir au matin alors que je plie mes affaires. Il cherche des champignons. En discutant j’apprends que je suis sur son terrain et donc que je peux rester ici tant que veux. Ils sont sympathiques les gens ici !

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Après avoir traversé Mauléon-Licharre, je monte sur une crête que je suis quelques temps, mi-piste, mi-route jusqu'au col d'Osquich. Le temps s'est enfin dégagé et j'ai une belle vue sur le relief du Pays Basque.
Certaines sections de piste sont affreuses par contre, de la boue piétinée par les vaches et séchée au soleil, c'est trop inconfortable à rouler donc je marche et pousse le vélo.

Je me rends compte que j'ai pris le rythme de manger toutes les 3 heures : le matin un peu avant de partir, à 11h, à 14h, encore à 17h et puis un peu le soir avant de me coucher. Contrairement à pied où j'ai mes rations de prêtes et pesées et où je ne croise pas des épiceries tous les jours, à vélo je suis plus tenté de manger, beaucoup et tout le temps à force de passer devant des commerces. Et je teste plein de truc, genre de la compote (jamais je n'aurai oser emmener ça en rando, et même en temps normal je n'en achète jamais).

J’atteins Saint-Jean-le-Vieux, point le plus à l'ouest de mon itinéraire. À partir de là je bifurque plein sud et monte vers les Chalets d'Iraty par la D18. Je prends de la hauteur très vite (comprendre c'est raide !) et une partie de l'ascension se poursuit sur des crêtes. La vue y est magnifique !

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Je profite assez mal de la redescente. D'abord une petite route sympa, puis une piste, puis un sentier monotrace (en fait je suis le GR10). Le sentier est roulant malgré quelque passage de rochers où je fais attention, mais est très étroit et à flanc, la pente à ma droite est raide et ne me rassure pas du tout, je n'ai aucune marge de manœuvre si je penche trop à droite, donc je roule lentement et garde contact de temps en temps avec le sol avec mon pied gauche pour me rassurer. Ça se corse après avec un long passage dans la boue sur un sentier étroit dans la broussaille sur 5 km. Il n'y a pas de porte de sortie, je passe « à peine » une heure là dedans à pousser et porter, mais ça me semble être une éternité. Je perd beaucoup de temps, m'épuise et gâche des kilomètres de descente durement acquis. Enfin je retrouve une piste et là c'est une descente merveilleuse jusque en bas de la vallée. Je suis partagé entre me laisser aller et ralentir pour lever les yeux et profiter de la vue.

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Les crêtes sur lesquelles je vais bien galérer.
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À Abense-de-Haut, je m'arrête au camping. Je suis plein de boue et une douche est plus que nécessaire.

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Jour 4 − Samedi 17 juillet

175 km / 3618 m D+

Le programme de ce matin est de monter à La Pierre Saint-Martin. Je repasse beaucoup aux endroits déjà traversés lors de ma première sortie, mais pas par les mêmes chemins, et puis comme j'avais eu mauvais temps la première fois je ne voyais pas grand chose du paysage.

Ça commence mal pour la première partie, de Haux au col de Baraltzaga ça monte trop raide pour moi et avec de la roche mouillée sur laquelle je n'ai aucune adhérence, donc je fais tout à pieds. Ensuite par contre je retrouve une piste plus roulable qui suit les crêtes ou à flanc de pente, j'ai une vue dégagée et roule à travers la brume matinale, un régal.

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Je plonge dans une belle forêt puis retrouve une route qui me monte jusqu'au col de la Hourcère. Je suis étonné de voir personne sur cette route, aucun cycliste ni motard, seulement 2 ou 3 voitures, pour un samedi matin avec un beau temps annoncé. Mais tant mieux. La montée est raide encore une fois (le Pays Basque et ses dénivelé à 10% tout le long…) mais agréable dans la forêt, et au tout dernier moment au col se dévoile la vue sur le massif karstique du Pic d'Anie. Je suis émerveillé par la splendeur des lieux. Dire que c'est la troisième fois que je passe dans le coin et seulement la première fois que je peux voir quelque chose du paysage, j'avais vraiment manqué quelque chose !

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Après une longue pose contemplation je redescends sur le col de Suscousse pour remonter à la Pierre Saint-Martin. Je croise plusieurs cyclistes en gravel en mode bikepacking, dont certains à pousser leur vélo sur la route dans les forts dénivelés. Ça me rassure sur le fait que je sois souvent sur mon plus petit développement (30 × 34) même sur route alors que j'aurai imaginé m'en servir que sur des pistes difficiles.
Je discute avec quelques autres au sommet, en fait ils font le Gravelman, partis de Saint-Jean-de-Luz vendredi matin. Une épreuve de 350 km à faire en 2,5 jours en version route ou gravel, en autonomie. C'est la première édition et ça à l'air vraiment cool !

J'ai terminé la grosse montée aujourd'hui, je commence la longue descente dans la forêt d'Issaux, par laquelle j'étais monté la première fois. Sans la brume et la pluie, elle paraît moins mystérieuse, mais n'en ai pas moins belle.

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J’atteins Asasp où je m'attendais à trouver une boulangerie mais elle a mis la clé sous la porte. De même que la boucherie. Le village n'est pas très gai mais je m'arrête quand même manger un bout de mes provisions.

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S'ensuit une petite portion sur des sentiers faciles de VTT à travers le Bois du Bager (que j'avais traversé par la route à l'aller et que j'avais trouvé magnifique). Ça m'amuse et j'en profite, car après c'est beaucoup plus monotone, à travers les champs, sans ombre, il fait chaud. Je passe Asson (dont son principal intérêt était son épicerie (qui n'existe plus) et sa boulangerie (qui est fermée), tant pis il faut savoir patienter). J'emprunte l'itinéraire de la véloroute 81 le long du Gave de Pau, très beau par endroit mais pas reposant pour mes fesses vu l'état de la route. À Saint-Pé-de-Bigorre, enfin, je fais quelques courses.

Il commence à être tard, plus beaucoup de circulation et encore moins sur les petites routes perdues des Baronnies de Bigorre. Peu de chance de rencontrer du monde, et pourtant c'est là que je rattrape Dann, un Belge parti de chez lui, à vélo depuis un an. Alors qu'on cherchait un endroit de bivouac, on se retrouve invité à l'apéro d'une AG d'un petit club de Rugby, qui nous offre d'abord un terrain pour nos abris, puis « vous voulez pas venir boire un coup avec nous ? » big_smile , puis à manger, puis nous donnent l'accès aux douches (avec eau chaude) du stade, bref c'est royal ! Ce n'est pas du tout dans mes habitudes d'aller à la rencontre des gens, j'ai plutôt tendance à me cacher et être le plus discret possible pour bivouaquer, mais j'avoue que l'inverse peu réserver de sacrées surprises.

Jour 5 − Samedi 18 juillet

139 km / 1730 m D+

On se sépare le matin, je quitte le bivouac avant Dann pour continuer seul. Je veux être rentré chez moi pas trop tard et j'ai encore beaucoup de route à faire. Lui ne passera par chez moi que le lendemain soir.
Ce jour a assez peu d'intérêt, je repasse assez proche de mon trajet emprunté à l'aller. Je revois le village fortifié de Saint-Bertrand-de-Comminges, visité quelques jours plus tôt avant de remonter la Garonne. Je monte quand même le Col des Ares (très beau et facile) et de Portet d'Aspet (très raide), et ça y est, me revoilà en Ariège. J'arrive finalement rapidement à Saint-Girons, où je décide d'arrêter manger à la terrasse d'un resto, plus pour le plaisir qu'autre chose puisqu'il ne me reste plus grand chose à parcourir jusqu'à chez moi. Mais je n'ai droit qu'à une portion pour souris d'une salade de chèvre, donc je fais un second repas derrière avec ce qu'il me restait dans de vivre de course mad smile

Je fais le retour par la même piste cyclable qu'à l'aller jusqu'à Tresbens, et je suis content d'arriver car il commence à faire vraiment chaud pour rouler l'après-midi.

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#8 26-07-2021 20:22:07

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] À travers les Pyrénées à vélo

On dit trotin'herbe  big_smile
C'est super ludique, centre de gravité très bas, c'est stable et ça passe partout.

Merci pour le récit et les jolies photos, les plus belles montagnes du monde sont jolies même en bas. smile


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

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