[Récit + liste] Transbalkanique 2021 (45 jours - 1300 km - 3.8kg)

bigej · 29-07-2021 12:10:52

Bonjour à tous,

Je suis rentré il y a quelques jours d’une longue aventure estivale et solitaire à travers les Balkans et il est déjà l’heure de me livrer à un retour à chaud tant sur la partie matérielle que sur le vécu de cette marche. Je ne vais pas faire un retour jour par jour car ce serait un peu long ! J'ai pris beaucoup de notes pendant la marche, on verra ce que j'en ferai...
Depuis ma HRP en 2020, je souhaite partir à nouveau sur plusieurs semaines. Lors de marches long-courriers, j’ai la sensation de muer après une dizaine de jours, comme si je laissais ma carapace casanière à la maison pour devenir nomade. Cette sensation est magnifiée par le fait de me déplacer avec un petit sac : moins de dépendance, plus de liberté et la sensation de tenir l’éternité dans la paume de ma main.

Je me blesse au genou à l’hiver 2021 sans trop savoir ce qu’il m’arrive et malgré les nombreuses séances de kiné, la douleur a du mal à disparaître à la marche. Je sais que j’ai deux mois de libres à partir de début juin alors je commence à faire des plans sur la comète. J’ai en tête depuis quelque temps la Via Dinarica White Trail, jeune sentier longue distance européen à travers les Alpes Dinariques de la Slovénie à l’Albanie. La question est : mon genou me laisse-t-il envisager une telle marche ?
Mi-mai, je sens que je tiens le bon bout et je commence sérieusement à faire des recherches sur cet itinéraire. En parallèle, @Timalaya s’est élancé sur le tracé depuis déjà quelques semaines et je profite de ses infos fraîches ! Il me déclare alors :

« À ta place, je commencerais en Croatie par le massif du Velebit et du Dinara et passerais plus de temps à l’est dans les Peaks of the Balkans ou bien sur le High Scardus Trail. »

Je prends ses conseils à la lettre et prends un bus pour Senj en Croatie. Nous sommes alors le 5 juin 2021 et je croule sous les doutes : itinéraire méconnu, champs de mines, COVID et frontières, ours, genou… Mais bon, à trop douter on finit par rater l’appel. Je me fixe un objectif d’une semaine pour faire un point physique ! 45 jours plus tard (39 jours de marche), j’arrive sur la place centrale de Tirana après 1300 km et 58 600 m de dénivelé.

Voici comment s’organise le CR :

I) Itinéraire
II) Liste et retour matériel
III) 10 moments remarquables de cette marche

I) Itinéraire

J’ai suivi pendant 900 km l’itinéraire de la Via Dinarica avec quelques variantes :

Train de Gracac à Knin pour éviter 50 km fastidieux sur piste et route
Passage de la frontière Croatie/Bosnie par le massif de Troglav
Passage de la frontière Monténégro/Albanie par le Talijanka
Redescente du Maja et Jezerce directement côté Valbona

De Valbona j’ai rejoint Plav par un col de montagne avant de traverser le Kosovo par Gjeranica son point culminant puis par les villes de Gjakova et Prizren pour faire la liaison avec le High Scardus Trail. Concernant ce dernier, j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes à Prizren, car il existe très peu d’informations sur internet. J’ai rejoint les crêtes des monts Sharr par Osljak et je suis resté le long de la frontière sans descendre dans les villages jusqu’au Grand Korab, point culminant de cette marche. Deux jours de marche m’ont permis de rejoindre Tirana à travers la campagne albanaise.

J’ai reconstitué ma trace GPS ici.

Voici le détail de mes journées :

Jour	Date	Tronçon	Distance (km)	Dénivelé positif (m)
1	07/06/2021	Vratnik - Zavizan	24	1450
2	08/06/2021	Zavizan - Sporkovac	34	650
3	09/06/2021	Sporkovac - Sugarska Duliba	28	1250
4	10/06/2021	Sugarska Duliba - Struga	28	1650
5	11/06/2021	Struga - Zlatino	24	1400
6	12/06/2021	Zlatino - Gracac	35	600
7	13/06/2021	Repos + train Gracac-Knin	0	0
8	14/06/2021	Knin - Glavas	32	1860
9	15/06/2021	Glavas - Pume	32	2100
10	16/06/2021	Pume - Kurte	43	1240
11	17/06/2021	Kurte - Vitrenik	29	1800
12	18/06/2021	Vitrenik - Umolje	31	750
13	19/06/2021	Umolje - Libinje	38	1915
14	20/06/2021	Libinje - Jablanica	31	1375
15	21/06/2021	Jablanica -Vutras	23	2310
16	22/06/2021	Vutras - Casici	45	1100
17	23/06/2021	Casici - Bobovica	33	2330
18	24/06/2021	Bobovica - Kalinovik	42	1615
19	25/06/2021	Visite Sarajevo	0	0
20	26/06/2021	Visite Sarajevo	0	0
21	27/06/2021	Kalinovik - Donje Bare	41	2350
22	28/06/2021	Donje Bare - Trnovacko	20	1000
23	29/06/2021	Trnovacko - Sarici	32	2050
24	30/06/2021	Sarici - Zabjac	39	1700
25	01/07/2021	Zabjac - Sinjajevina Katun	37	1150
26	02/07/2021	Sinjajevina Katun - Medeno Guvno	40	1065
27	03/07/2021	Medeno Guvno - Prisojacki	37	1700
28	04/07/2021	Prisojacki - Purthiq	40	1765
29	05/07/2021	Purthiq - Vusanje	27	965
30	06/07/2021	Vusanje - Valbona	29	1890
31	07/07/2021	Valbona - Plav	27	1580
32	08/07/2021	Jour de pause	0	0
33	09/07/2021	Plav - Liqeni i Tropojes	35	2075
34	10/07/2021	Liqeni i Tropojes - Gegaj	33	1325
35	11/07/2021	Gegaj - Gjakova	23	100
36	12/07/2021	Gjakova - Prizren	45	860
37	13/07/2021	Prizren - Jazhince pass	32	3020
38	14/07/2021	Jazhince pass - Klec	35	1900
39	15/07/2021	Klec - Strezimir	37	1520
40	16/07/2020	Strezimir - Zagrad	29	2380
41	17/07/2021	Zagrad - Bllatë e Sipërme	27	1270
42	18/07/2021	Malade	0	0
43	19/07/2021	Malade	0	0
44	20/07/2021	Bllatë e Sipërme - Bulqizë	29	435
45	21/07/2021	Bulqizë - Tirana	62	1350

II) Liste et retour matériel

J’ai gardé grosso modo le même matériel que lors de ma HRP. Voici la liste : https://lighterpack.com/r/r6erzf. Je suis tout de même passé de 4,5 kg à 3,8 kg ! Je vais donc m’attarder sur les changements et sur les remarques particulières qui me sont venues au fil de ma marche.

Sac à dos : petit changement, j’ai retiré la mousse du dos ainsi que la ceinture ventrale ce qui m’a fait gagner 100 g environ et je n’ai pas vu la différence en termes de confort.
Sac étanche : j’ai abandonné mes sacs STS pour du nylofume. J’en avais un pour mes affaires et un pour la nourriture. Ce dernier a fini troué à cause des souris. Sinon j’en suis très content.
Sac de couchage : il a très bien convenu pour les gammes de température rencontrées (5° la nuit au minimum). Par rapport à celui de Décathlon, je le trouve moins confortable au niveau de la tête. Avec mon ancien (Trek 900 Forclaz), j’avais la douce sensation d’être enveloppé dans un cocon, un peu comme la capuche d’une doudoune. Le Cumulus est plus léger, mais le système de serrage au niveau de la tête me plaît moins.
Matelas : j’ai pris conscience que les pâturages n’étaient pas tous aussi confortables que ceux des Pyrénées. Il m’a posé problème lors des nuits sur planche en bois dans les cabanes de Croatie. C’est un élément que je compte changer quitte à perdre 100 g. Pourquoi pas le trek 100 de Décathlon à 12 € coupé en 2 ? Je passerai de 60 à 190 g, mais à 2 cm d’épaisseur.
Tarp: c’est la dernière fois que je pars sans protection moustique. J’ai vécu certains soirs un calvaire. Il m’est même arrivé d’utiliser mon drap de soie à l’extérieur du sac de couchage, enfilé à l’envers par la tête pour me protéger de ces saletés. Est-ce qu’un abri monoparoi fermé limite l’entrée des moustiques ? Je vais m’acheter une petite moustiquaire STS. Sinon, après une soixantaine de nuits avec, le tissu commence à fatiguer (débuts de déchirures dans un angle) et j’ai réussi à casser la tête d’une sardine décath !
Chaussures : cette fois j’avais la version Gore-tex des Brooks Cascadia 15 et contrairement aux Pyrénées j’ai pu faire 1300 km avec ! Je pense que le fait qu’il y ait une membrane contribue à prolonger la durée de vie des baskets. J’ai par contre eu très très mal aux pieds pendant la première partie. La faute aux semelles orthopédiques ? La faute au sentier souvent inexistant ?
Casquette saharienne : j’ai perdu la première semaine le tissu de protection et j’ai fait toute la marche en coinçant ma serviette de toilette. Nickel.
Pharmacie : j’ai changé en cours de route le sparadrap contre de l’elastoplaste, beaucoup plus efficace contre les échauffements et les ampoules. J’étais juste en Tiorfan et beaucoup trop large en micropurs.
Combo Panneau solaire/batterie : très satisfait ! En moyenne je rechargeais l’équivalent d’une charge complète de mon téléphone chaque jour si beau temps ce qui me permettait d’être autonome pendant près de 2 semaines. J’ai enchaîné 6 jours de nuageux en Albanie et c’était plus compliqué. Sinon, la prise USB du TomTop est assez fragile et je faisais tenir le tout avec du scotch.
Smartphone: bien content d’avoir changé juste avant. La navigation se fait 90 % du temps au GPS. C’était un luxe d’avoir une batterie qui tient.
Popote : je l’ai surtout utilisé en Croatie lorsqu’il y avait des poêles à bois. Assez grand pour moi.

III) 10 moments remarquables

Forêts de Croatie
La marche en Croatie est en grande majorité forestière. Dans le massif du Velebit, il arrive souvent de marcher entre des îlots rocheux qui émergent d’un océan de conifères.

Cela donne un aspect curatif bienvenu à cette aventure : les oiseaux chantent, les arbres s’étirent en craquant, les bois sont pleins d’énergie. À chaque pas, des souris filent dans toutes les directions. Les locaux me préviennent : « Attention, elles transmettent la fièvre ! ». L’itinéraire est ponctué de magnifiques cabanes non gardées avec parfois des matelas ou encore l’électricité et l’eau courante.

En dehors des parcs nationaux, les traversées de forêts sont éreintantes. Elles sont d’une densité à couper le souffle. Le chemin est recouvert par la végétation, les arbres sont couchés en travers de l’itinéraire, la progression est très lente et les points d’eau très rares. Je n’ai jamais vu de forêt aussi sauvage de ma vie, il serait impossible d’y pénétrer à cheval ou à vélo ! Pour prévenir la venue des ours, je passe de longues heures à fredonner des chansons françaises, à siffler et à taper sur mes bâtons. Mais à part des chouettes et des sangliers, pas de trace de l’ursidé sinon quelques déjections encore fraîches. À force, la foret et la solitude deviennent une épreuve. Il y a toujours quelque chose plus haut que soi. Si ce n’est pas un talus, c’est un arbre ! Heureusement, le sentier finit par déboucher sur des balcons surplombant la mer Adriatique et sur quelques sommets noyés dans des arbustes qui côtoient les 1700 m d’altitude.
Dinara et Troglav

Depuis Knin, je me lance dans l’ascension du Dinara, plus haut sommet de Croatie à un peu plus de 1800 m d’altitude. Je prends en pleine face la bura, ce vent du nord extrêmement violent le long de l’Adriatique. Il en ferait disjoncter les éoliennes ! Dans la montée je tombe sur des chars militaires, vieux témoins des guerres d’indépendance.

Je fais le choix de quitter l’itinéraire de la Via Dinarica et passer en Bosnie par le massif de Troglav en suivant un ancien chemin militaire qui a servi lors de l’opération tempête quand les Croates sont venus libérer Knin des Serbes. J’ai l’impression de m’enfoncer dans un vrai no man’s land complètement désertique.

Aucune végétation, personne pendant trois jours, très peu d’eau et des sentiers effacés par le temps. Les champs de mines sont bien présents, mais assez bien indiqués. Je passe en Bosnie sans encombre sous les panneaux « interdit aux piétons ». Un peu plus loin, l’un des rares points d’eau se situe au fond d’une grotte dans laquelle il faut se glisser sur plus de 100 m. Il ne faut absolument pas louper le point d’eau journalier et faire le plein de 3L à chaque fois. Les locaux m’ont souvent répété qu’il était interdit et impossible de rentrer en Bosnie par Troglav, mais voilà que je foule le lac Busko et que je change mes kunas en marks.
Prenj

Il y a certains massifs qui vous coupent le souffle sans interruption. Prenj en fait partie. Mais il se mérite ! La montée depuis Jablanica est brutale, 1200 m en 3 km avec des passages à plus de 50° de pente droits dans la forêt. Le plateau est immense et aride, mais tellement beau.

Les névés sont encore bien présents et donnent un aspect haute montagne à l’endroit. Les sommets du Zelena Glava et Otis me font penser au Fitz Roy de Patagonie.
Lukomir et Vito
L’arrivée à Lukomir, plus haut village de Bosnie, est le premier vrai choc culturel. Paisible hameau perché dans les montagnes où les maisons sont les katuns, habitations typiques, équivalent de nos estives en montagne.

Un peu plus loin, je grimpe sur les crêtes du Vito au petit matin. La montagne est bien là !
L’enfer à Sutjeska

Sutjeska est un parc national magnifique ou pour une fois les sentiers sont visibles et bien entretenus. Globalement, la Via Dinarica est très éprouvante du fait de ses sentiers souvent inexistants. Il est alors courant de traverser la broussaille, les ronces ou les orties pendant de longues portions. J’ai souvent eu l’impression d’être en course d’orientation, de tirer l’azimut de balisage en balisage à travers la brousse. Alors quand c’est de la moquette on profite !

Enfin quand on peut… Malade depuis la veille car les fermiers, faute d’eau, m’ont servi uniquement du lait au repas, je me fais littéralement assiéger par des nuées de moustiques dès 14 h à 2000 m d’altitude. Impossible de m’arrêter donner libre cours à mes coliques, impossible de faire la moindre pause. Le soleil se couche et la nuit tombe sans que je ne vois de solution. Dormir sous tarp est inenvisageable, j’ai les bras, les jambes et le visage couvert de moustiques. La larme à l’œil je poursuis ma marche à la nuit jusqu’à la première habitation qui en voyant mon état, accepte de m’héberger. 36 km et 2300 m de d+ la colique aux fesses. Qui dit mieux ? Le lendemain je me réconforte sur les berges du Trnovacko, magnifique lac en forme de cœur.
Hauts villages du Monténégro

J’ai adoré débarquer dans les villages perdus du haut Monténégro, souvent habités pendant l’été seulement par quelques familles.

Ce matin-là, je demande mon chemin aux villageois. On m’invite à boire un café. La tradition veut que l’on boive le rakija avant toute chose et ce peu importe l’heure que ce soit 7 h du mat ou 22 h. très vite les villageois se réunissent dans la katun à mes côtés et veulent tous me faire visiter leur maison. Je suis invité deux fois de suite à prendre un repas complet dans le même village. Après-midi de digestion difficile…
Maja e Jezerces
Depuis quelques jours je me renseigne pour faire le sommet du Maja e Jezerces, point culminant des Alpes Dinariques à 2694 m. Tous les locaux et les guides me disent que c’est impossible ;
- Trop de neige
- Seul
- Sans équipement
Je décide tout de même d’aller jeter un coup d’œil. Finalement je continue ma grimpette à travers les névés jusqu’à 2400 m. Un passage un peu délicat où je dois creuser des marches avec mes baskets m’amène sous le sommet. M’y voilà ! Plus haut sommet des Alpes Dinariques ! Je suis trop content. Pas trop tout de même car il reste à redescendre.

Passage raide sur un câble de 10m puis de longs névés m’amènent au fond de la vallée. Au café, le gérant apprenant que je viens de faire le sommet par le Nord m’offre un open-bar.
Frontière Kosovo
La Via Dinarica est terminée et je me lance dans une traversée du Kosovo vers le sud en passant par Gjeravica son point culminant.

Une traversée par les montagnes où je n’ai pas encore croisé grand monde si ce n’est un groupe d’anciens combattants venus se souvenir de la guerre Kosovo/Serbie qui a mené à l’indépendance de leur pays il y a un peu plus de 20 ans. Ils me font remarquer que je n’ai pas vraiment le droit d’être là, que c’est interdit de rentrer au Kosovo depuis le Monténégro sans passer par un poste-frontière officiel. Pendant toute la suite de la journée alors que je longe la frontière je me mets des coups de pression tout seul. Finalement je débarque dans la vallée sans encombre au niveau d’un poste-frontière officiel après avoir dormi chez un Albanais fier de me montrer sa kalachnikov. Je ne suis pas du tout au courant des restrictions liées au Covid pour entrer au Kosovo.

« - Il vous faut un test PCR, sinon on ne peut pas vous laisser entrer, c’est la loi. Vous devez retourner dans une grande ville d’Albanie.
- J’ai fait un test PCR il y a un mois pour entrer en Croatie, vous voulez le voir ?
- Test négatif. Ok c’est bon. Ça fait 4 semaines, mais vous êtes jeune et en bonne santé vous pouvez passer. »
Monts Sharr

Depuis Prizren, je rejoins les crêtes des monts Sharr après une journée à plus de 3000 m de dénivelé. Le massif s’étale d’est en ouest sur une centaine de kilomètres sous forme d’une magnifique crête frontalière ponctuée de sommets à plus de 2600 m.

Un itinéraire, le High Scardus Trail a été créé en 2019 dans ces montagnes. Pour autant, il existe très peu d’information et aucun retour d’expérience sur internet. J’ai fait le choix de suivre les crêtes au maximum, mais j’ai très vite perdu la trace et passé de longues heures à errer dans les pentes herbeuses. Alors qu’il est 17 h, j’entends des pierres rouler dans une petite vallée encaissée. Je presse le pas en me disant que le sentier n’est pas safe. Et tout à coup je le vois. Le prince des Balkans !

Un ours brun assez jeune. Au début je suis pris d’une frayeur car je m’attends à voir aussi la mère. Finalement il est seul, retourne des pierres pour récupérer les insectes. Pendant 10 min il ne me voit pas et je l’observe tranquillement à 100 m. Quand il m’aperçoit, je parle et siffle et il prend ses jambes à son coup. Trop heureux de cette rencontre que je redoutais tellement !
Dysenterie
À seulement 100 km de Tirana, je tombe malade dans une petite bourgade d’Albanie. La veille j’ai mangé beaucoup de beurre chez des bergers et je pense que c’est dû à ça. Je me retrouve cloué au lit alors que l’orage gronde à l’extérieur. Le toit n’est pas étanche et il pleut dans la chambre. L’électricité est coupée alors que la pompe fonctionne au courant. Résultat, pas d’eau pendant une journée entière. Impossible de me laver les mains, de boire… Le premier market est à plus de 5 km… Gros moment de solitude et les gérants finissent par me forcer à aller voir un docteur. Je me retrouve alité et perfusé sans pouvoir échanger en anglais. Un jour plus tard, j’étais remis sur pied !

En conclusion, j’ai trouvé que cet itinéraire n’avait rien à voir avec tout ce que j’avais fait jusqu’à présent. J’ai vraiment souffert physiquement et mentalement. Pour le coup et Timalaya confirmera, la grande majorité des sentiers balkaniques ne sont pas battus et rendent la progression très difficile. S’ajoute à cela la gestion de l’eau qui est parfois compliquée en Croatie et Bosnie. Les zones traversées sont parfois hyper sauvages pour mon plus grand bonheur. Vu les doutes du départ et malgré les difficultés, je suis vraiment heureux d’être aller au bout et cette expérience me laisse envisager d’aller poser mes baskets dans des lieux encore plus reculés. J’espère rendre compte de tout cela dans un petit film ça l’automne que je partagerai ici !

Dernière modification par bigej (18-11-2021 20:32:54)

Gunnar · 29-07-2021 12:41:10

Superbe retour Bigej et de très belles photos.

J'aime bien le format que tu as choisi pour décrire ton aventure sans le faire jour par jour. La rencontre avec l'ours a dû être magique. Les Balkans c'est pour moi un très vieux souvenir mais je me suis juré d'y retourner et tes photos arrivent même à me foutre un coup de blues. Ils avaient dû te mettre de la Sliwovitz dans la perf pour que tu récupères aussi vite .

Côté matos, 1300 bornes avec les même pompes en terrain accidenté c'est quand même balèze !! Tu ne devais plus beaucoup avoir d'amorti et être plus proche de chaussures minimalistes à la fin. Aurais tu réussi à te débrouiller juste avec une moustiquaire de tête ou penses tu plus à un abri avec moustiquaire complète ?

Gunnar.

Sails · 29-07-2021 13:15:25

Superbe, belle route, très beau récit!

Un peu partout, mais surtout au Canada, j'ai pu gérer les moustiques sous tarp fermé avec des bandes de mousquetaire cousues le long des bords inférieurs. Les mauvais soirs je dois placer des petit cailloux pour bien fermer le tout, mais ça reste un petit effort pour rester sous tarp.

bigej · 29-07-2021 14:07:44

Gunnar a écrit :

#621148Superbe retour Bigej et de très belles photos.
J'aime bien le format que tu as choisi pour décrire ton aventure sans le faire jour par jour. La rencontre avec l'ours a dû être magique. Les Balkans c'est pour moi un très vieux souvenir mais je me suis juré d'y retourner et tes photos arrivent même à me foutre un coup de blues. Ils avaient dû te mettre de la Sliwovitz dans la perf pour que tu récupères aussi vite .
Côté matos, 1300 bornes avec les même pompes en terrain accidenté c'est quand même balèze !! Tu ne devais plus beaucoup avoir d'amorti et être plus proche de chaussures minimalistes à la fin. Aurais tu réussi à te débrouiller juste avec une moustiquaire de tête ou penses tu plus à un abri avec moustiquaire complète ?
Gunnar.

Merci pour ton retour ! Ahah oui ou un peu de Rakija !

On peut dire que j'ai fini avec des chaussures de salle oui, elles étaient bien lisses ! Le mesh était troué mais pas la membrane et je n'ai pas eu de douleur particulière sous les pieds en fin de périple.
La moustiquaire de tête ne me dit rien qui vaille... Je ne supporte pas de dormir avec quelque chose collé au visage donc il faudrait que je dorme avec la casquette... Je pensais plutôt à celle-ci .

Sails a écrit :

#621151Superbe, belle route, très beau récit!
Un peu partout, mais surtout au Canada, j'ai pu gérer les moustiques sous tarp fermé avec des bandes de mousquetaire cousues le long des bords inférieurs. Les mauvais soirs je dois placer des petit cailloux pour bien fermer le tout, mais ça reste un petit effort pour rester sous tarp.
https://www.randonner-leger.org/forum/u … 10544.jpeg

Merci également ! Je n'avais jamais vu cette technique ! Je note, c'est très bien pensé. C'est quoi ton abris ?

NikoWTFIRL · 29-07-2021 15:46:39

superbe retour, bravo et merci pour le voyage et les images

Manche · 29-07-2021 16:09:57

Bonjour bigej,

Merci pour ce retour. J'aime aussi beaucoup cette forme synthétique.

J'ai l'impression qu'à chaque fois que tu as été malade, c'etait à cause des produits laitiers. Je suppose que le lait était cru ? Toute ma jeunesse j'ai bu du lait cru, mais je ne retenterais pas l'expérience aujourd'hui !

Sails · 29-07-2021 16:31:17

Je fais tous mes abris, souvent en cuben, mais aussi en poly ou nylon. Tu en vois plus dans mon trombinoscope.

Tu peux facilement ajouter les bandes de mousquetaire sur m'importe quel abri fermé. Point zigzag ou 6 temps, jamais droit.

einganien · 29-07-2021 18:41:56

Juste pour te dire un grand bravo.
Ton retour est fabuleux, je me suis éclaté.

Magne2 · 29-07-2021 18:49:12

Merci,grâce au photos et au texte on visualise mieux ce voyage dans des pays peu parcourus,bon courage pour le montage du film

Dernière modification par Magne2 (29-07-2021 19:29:53)

florencia · 29-07-2021 19:21:43

einganien a écrit :

Juste pour te dire un grand bravo.
Ton retour est fabuleux, je me suis éclaté.

Pas mieux

Flo

Stéphane_33 · 29-07-2021 21:41:53

Bonjour bigej,
Merci pour ton récit, je suis impressionné par la performance et l'engagement de ta traversée !
Stéphane.

tomi · 29-07-2021 22:39:38

Merci Bigej pour ce retour et ce tracé moins connu.

Dernière modification par tomi (30-07-2021 08:30:00)

Etimul · 29-07-2021 23:15:46

SAlut et merci.
Les paysages et les photos sont super

06chamois · 30-07-2021 04:25:28

Bigej
De magnifiques photos dépaysantes mais surtout j'ai adoré ton récit.
Bravo pour cette traversée.

Ours = maintenant tu es devenu un bon chanteur ???

Les rencontres locales doivent être intéressantes niveau coutumes du pays ou de la région.

De beaux souvenirs enregistrés dans ta mémoire.

Merci

Jiwi · 30-07-2021 08:35:04

Merci d'avoir partagé cette super aventure, j'ai pris beaucoup de plaisir à te lire. Du coup j'ai hâte de voir le film.

Personnellement je sais pas se que je trouve le plus flippant: Les mines ou les ours. Sans compté ses sales petits moustiques ou encore les spécialités laitière local... . De partir sur se genre de périple, en solitaire de surcroit doit demander une bonne condition physique c'est certain, mais plus encore un gros mental.

Bravo à toi.

July · 30-07-2021 08:45:06

Très bon récit, incroyable aventure, merci !

bigej · 30-07-2021 10:38:04

Merci à tous pour vos retours encourageants. Je suis très heureux de mettre en lumière cette région du monde qui mérite qu'on aille fouler ses sentiers et rencontrer ses habitants. Ce fut vraiment une aventure instructive tant sur le plan personnel que sur le plan histoire des Balkans.

Manche a écrit :

#621178
J'ai l'impression qu'à chaque fois que tu as été malade, c'etait à cause des produits laitiers. Je suppose que le lait était cru ? Toute ma jeunesse j'ai bu du lait cru, mais je ne retenterais pas l'expérience aujourd'hui !

Effectivement, lait cru... ça me servira de leçon pour la suite ! Plus jamais !

06chamois a écrit :

#621259
Ours = maintenant tu es devenu un bon chanteur ???

Hum pas certain... Je me suis surtout rendu compte que mon répertoire musical était limité. Chanter le refrain en boucle du titre de Manau, "Mais qui est la belette ?" ça va deux minutes...

Jiwi a écrit :

#621269
Personnellement je sais pas se que je trouve le plus flippant: Les mines ou les ours. Sans compté ses sales petits moustiques ou encore les spécialités laitière local... .

Avec le recul, la pire expérience fut vraiment les moustiques ! J'avais très peur des mines et des ours mais sur le terrain ça s'est super bien passé. Si jamais certains hésitent du fait de la présence de mines, il ne faut pas. Les zones sont bien indiquées et il suffit de rester sur le sentier en Croatie et Bosnie !

Dernière modification par bigej (30-07-2021 10:39:07)

brons07 · 30-07-2021 11:46:37

Bonjour
Je suis passé en Yougoslavie (ça s'appelait comme à l'époque...) en 1974 et en mobylette jusqu'à Split...
puis en moto en 1975 et en contournant l'Albanie interdite d'accés en ce temps là pour rejoindre la Grèce des colonels...
J'irais bien y marcher un de ces jours, en tout cas merci pour le retour et les infos, ça fait réver.

SionBhravi · 30-07-2021 16:06:23

De sacrées tripes et beaucoup d'humilité, un combo au poil pour offrir un excellent moment aux lecteurs, moi en tout cas.
Merci.

Magic Manu · 30-07-2021 18:12:29

Merci pour ce retour. En effet, on tremble presque pour toi!

bigej · 31-07-2021 19:53:32

brons07 a écrit :

#621295Bonjour
Je suis passé en Yougoslavie (ça s'appelait comme à l'époque...) en 1974 et en mobylette jusqu'à Split...
puis en moto en 1975 et en contournant l'Albanie interdite d'accés en ce temps là pour rejoindre la Grèce des colonels...
J'irais bien y marcher un de ces jours, en tout cas merci pour le retour et les infos, ça fait réver.

En effet, j'ai souvent baigné dans le passé de l'ex-Yougoslavie (mines,...) ou encore la dictature communiste en Albanie (bunkers...). Il existe encore des tensions notamment entre Serbie/Kosovo et les pays ne se sont pas encore remis de cette période des guerres des Balkans. Je pense notamment à la Bosnie, gouvernée par trois présidents différents en même temps ! Il y a énormément de chômage et les jeunes fuient vers l'Allemagne, l'Italie, le Royaume Uni, la Suisse, l'Autriche ou encore la France. J'ai ainsi découvert que l'Albanie était le premier pays des demandeurs d'asile en France !

brons07 · 01-08-2021 09:45:46

Bonjour
Cette terrible guerre qui date de 25 ans maintenant me fait hésiter à revoir des coins tellement sauvages dans les années 70, sans parler du boom touristique sur la côte adriatique ( j'ai passé 3 semaines magnifiques sur l'île de Hvar en face de Split...) l'Albanie reste encore à l écart du tourisme de masse semble t il mais pour combien de temps? en même temps c'est un pays qui a besoin de se developper pourvu que ce ne soit pas à tout prix.
Drôle de souvenir en contournant l'Albanie, à l'époque, et devoir faire demi tour des que l'on s'approcher un peu trop près de la frontière avec en point de mire les fameux bunkers des Albanais. Quatre français vivaient en Albanie en ce temps là: L'ambassadeur de France, sa femme et leurs deux filles: quelle époque!

Julien2 · 01-08-2021 10:24:49

Merci beaucoup pour ce très beau récit et les superbes photos. Un grand bravo pour cette aventure portant sur un coin que je connaissais pas du tout !

Lodewijk · 01-08-2021 10:35:17

Salut,

Merci pour le retour Les Balkans m'intéresse beaucoup. L'époque où j'ai traîné là bas n'était sûrement pas la meilleure (C'est le moins que l'on puisse dire )

A pluche.

Bebacksoon · 17-11-2021 23:34:40

Hello

Je viens de regarder la vidéo de ce périple en terre de randonnées peu connues et c'est vraiment une belle et extraordinaire aventure ! Alors félicitations et je vous invite aussi à aller découvrir la vidéo sur YT (voir le lien en début de fil)

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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#1 29-07-2021 12:10:52