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#126 24-08-2022 07:59:40

patou
Membre
Inscription : 11-05-2014

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

pouce
C'est juste wouaw !
Bon retour à la civilisation.


Mul part ailleurs

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#127 25-08-2022 16:56:26

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Merci à tous  smile  !

Le récit approche, je vais essayer de publier en parallèle les épisodes quotidiens écrits sur ce fil et en vidéo sur YouTube.

Pour la version imagée, j'ai trouvé mon générique, c'est ici.

Cela rappellera quelques souvenirs que les moins de 20 ans 30 ans 40 ans 50 ans ne peuvent pas connaître roll

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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
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#128 25-08-2022 17:50:46

Magne2
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Abonné  smile


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#129 25-08-2022 21:37:17

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J00-1er juillet : maison-Banyuls

au taquet !
7YHJPLLJg.2022-06-30-13.jpeg

En dernière minute avant de partir, je rajoute une prise secteur, retire du sac des attaches que j’avais prévu pour le piolet : jusqu’où peut-on être trop près du trop prêt ?

On me pose à la gare après une nuit courte : mal dormi, couché tard, nerveux … Départ Thann 7:12 à l’heure, sous une petite pluie après la vague orageuse d’hier. Déjà je reçois l'alerte du TGV en retard d’1h à Montpellier : pas grave, j’avais 2 h de correspondance, mais l’opération pizza sur la Place de la Comédie est compromise.

Retour du masque … Toute la place voulue dans une rame TER moderne et propre. La journée sera longue dans ces 3 trains successifs. Je décide de ne rien imager avant ce soir.

Tiens ? J’ai oublié de parfaire mon rasage d’hier : je ne serai pas parfaitement glabre pour la photo du départ… En revanche la coupe de cheveux est rase : sabot numéro un (le plus court) sur les bords, numéro deux sur le haut. Plus simple à laver et coiffer …

Je me suis pesé avant de partir : ouille ! L’absence d’affûtage se ressent, la perte de poids de l’aventure s’annonce massive et le démarrage poussif. Avec une heure de trop à tuer en gare de Mulhouse, je dois déjà résister aux tentations sucrées en tout genre. Les grandes plâtrées attendront que les efforts soient passés par là …

Mulhouse, toujours … Je profite du temps mort imprévu pour m’aventurer vers le centre-ville, et continuer à réduire ma check-list avec un retrait en liquide qui aurait pu attendre Banyuls …. Avec 13 degrés et quelques gouttes, je supporte la polaire que j’ai eu la bonne idée d’enfiler ce matin. Retour en gare après 1/4 h : qu’il est le long le temps, quand il faut le tuer.

À nouveau les odeurs de viennoiseries et de café viennent titiller mes sens, mais je résiste à l’illusion : mon corps n’a pas encore faim.

Impossible de rester en place : dans la gare, puis sur le quai enfin annoncé, je fais les 100 pas, 1000 pas, 3000 pas ? Devrais-je les compter dans les bilans chiffrés de l’aventure ?

Enfin mon TGV s’aligne sur le quai. Je suis prépositionné pile face à ma porte de montée. Voiture 18, place 47: c’est reparti ! Dehors c’est toujours gris, le paysage défile déjà et les Vosges ennuagées s’éloignent, je sais que je pars vers le soleil.

Ce que je porte, mes vêtements comme le contenu de mon sac, seront mes seules possessions des prochaines semaines. Chaussures et chaussettes sont neuves, je retire les premières dans le train. Pas sûr que je puisse le faire au retour sans incommoder mon voisinage …

Toujours le paysage qui défile, en s’éloignant car je suis assis à l’opposé de la marche. À travers la Bourgogne, si le temps reste variable le Soleil commence à prendre le dessus.

Ces quelques heures passées dans un wagon me rendent encore plus impatient - si la chose est possible - de renouer avec la solitude. Ça parle fort, ça téléphone, ça bouscule les sièges voisins, ça froisse et refroisse et refroisse encore ses papiers gras, ça jette le PQ dans les lavabos rendant les toilettes innommables… Deviendrais-je misanthrope ? En fait il en suffit de très peu : une gare, quelques descentes et montées, et le wagon toujours plein mais partiellement renouvelé retrouve la quiétude … mais les toilettes restent dégueulasses …

Le train progresse. Maintenant le soleil écrase tout. C’est le Sud, la Méditerranée n’est plus loin. Là, bien net, le Ventoux se détache. Souvent foins et moissons sont déjà faits. Ailleurs les herbes commencent à roussir dans la chaleur sèche, mais il reste du vert. Dans la direction opposée au maître Mistral, les arbres penchent au Sud. La voie enjambe le Rhône, dont la surface soufflée se brise en mille facettes. Maintenant, le Ventoux domine en majesté.

Tandis que j’approche de Montpellier, je réalise à quel point j’étais jusqu’à présent investi dans les aspects pratiques : sac, organisation … Maintenant que mon esprit peut vagabonder, je me demande si tout ça est bien raisonnable …

Entrée en gare, il est temps de retirer ma polaire, car le passage de la climatisation à la chaleur estivale est brutale.

Avec une nouvelle heure à tuer dans ma correspondance à Montpellier, raccourcie par le retard, je ne dispose plus d’assez de temps pour aller jusqu'à la Place de la Comédie prendre place en terrasse. Sous un violent soleil, je déambule autour de la gare à la recherche d’une grande surface. Après quelques détours, je peux compléter mon menu des 2 prochains jours avec mon assortiment de noix et fruits secs, et mes dosettes de capuccino.

Retour à la gare, un sandwich vite attrapé et me voilà dans mon dernier train du jour. Bien du monde dans le TER, je prends un strapontin, mais je sais que ça se videra après Perpignan. 1ère gare : Frontignan, 3 descentes, zéro montée, je m’installe à une confortable double place libérée.

Les arrêts s’enchaînent, aucun temps perdu.

Sète : l’étang est aussi bleu que le ciel. Au loin, ça y est : plus loin encore que la Montagne Noire, je vois le pâle fil bleu des Pyrénées apparaître à l’horizon !
Béziers : express
Narbonne : arrêt plus long

En repartant, voilà maintenant le Canigou !

Port la Nouvelle
Perpignan : presque tout le monde descend, mais n’empêche, ceux qui restent sont bruyants. Vivement la montagne.

Le voyage continue cahin-caha jusqu’à se retrouver coincé entre mer et montagne. Encore de nombreux arrêts pour ce TER omnibus et nous voilà, enfin, à Banyuls !

La polaire est retirée avant même de sortir du train, il fait fichtrement chaud. Heureusement un petit vent rend les choses supportables. Quelques pas vers la plage pour les photos officielles de ce départ, puis direction mon hôtel pour y prendre ma chambre. Chance ! Il apparaît que je suis surclassé ! Une chambre familiale pour quatre personnes avec vue mer au deuxième étage. Un peu de détente et, déchargé de mon sac à dos, retour en ville et sur la plage.

Plutôt que de m'attabler en terrasse je préfère acheter deux ou trois bricoles dans la supérette, pour les grignoter sur la plage avant de piquer une tête. Il n’y a presque plus personne au bord de l'eau, la ville est finalement très calme en ce début de saison.

Banyuls
7YHJUSLcZ.2022-07-01-17.jpeg

ultime repos
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rêve d'évasion
7YHKkdCjY.2022-07-01-17.jpeg

mes pénates de ce soir, face à la mer
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Rentré à l'hôtel, je m’oblige à une première lessive histoire de ne pas déjà partir avec du sel dans mes vêtements. Quant au (vieux) caleçon avec lequel je me suis baigné je l’ai abandonné dans une poubelle : il ne fait pas partie du paquetage ...

Avec une chambre donnant directement sur la corniche je craignais d’avoir besoin de bouchons d’oreille, mais il n’en a rien été : j’ai pu dormir très confortablement après avoir frénétiquement usé de mon téléphone à envoyer plein de posts, ouvrir un fil WhatsApp et tchatcher sur RL.

Je prévois de me lever tôt, bien avant le lever du soleil, et ce afin d'échapper à la chaleur pour la montée au Sailfort. Ma nuit sera donc courte dans ce confortable lit d'hôtel ...

Les températures annoncées pour Banyuls demain ne crèvent pas (encore) les records, mais avec la moiteur du bord de mer le ressenti sera probablement étouffant
7YHKM5QCM.2022-07-02-04.png


EDITs typo/orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 11:22:11)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi, Récits & Liste(s)
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#130 25-08-2022 22:11:46

bernard_lyon
Μηδὲν ἄγαν
Lieu : Lyon
Inscription : 16-12-2015

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Allez, je m'abonne  big_smile
(oups, mais je l'étais déjà…)


Mon trombi | Liste | HRP Banyuls-Alos d'Isil | GR738
"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")
Modification non explicitée : orthographe ou syntaxe

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#131 25-08-2022 22:16:42

ester
Membre
Lieu : Bzh
Inscription : 24-08-2011

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Tu ne marches plus, tu voles !
Félicitations Hervé !  pouce
Et bon atterrissage...


Grâce à vous, j'avance ! merci !  smile

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#132 25-08-2022 22:39:23

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 03-10-2019

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

45 jours... ça nous amène au 12 octobre à raison d'un récit par jour pour chaque jour marché. Avanti popolo !  smile


Moins on porte, mieux on se porte !

Liste lighterpack 2022

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#133 26-08-2022 00:00:48

Bombadyl
Membre
Lieu : Pyrénées
Inscription : 27-05-2021

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J'ai lu avec plaisir les cartes postales et je me régale déjà de ce prologue.

Je suis curieux de ton avis comparatif sur les chaussures : 2022 version cuir vs 2021 version mesh.
J'ai marché avec les mêmes que toi cette année et j'ai tantôt loué l'excellente protection du cuir, tantôt souhaité plus de ventilation...


Listes : liste HRP2023

Récits : HRP 2021 -> HRP 2022 -> HRP 2023

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#134 26-08-2022 09:00:51

Dermochelys
Membre
Lieu : Bruxelles
Inscription : 03-02-2022

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Une bonne mise en bouche comme premier récit et photos! Et j'adore le générique YT wink
Vivement la suite!

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#135 26-08-2022 10:21:43

zur
Membre
Lieu : La Belle de Mai
Inscription : 14-09-2016

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Salut,


Le café avec tes commentaires sur les 4 Certascan en face: le Pic, le Col, le Lac et le Refugi.
Un très beau moment cette rencontre, au somment du Port  lol
Ça restera un instant éternel dans ma mémoire.

Tu signes la, une très belle Bambée
Félicitations Hervé.

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#136 26-08-2022 10:43:21

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Bombadyl a écrit :

#663463J'ai lu avec plaisir les cartes postales et je me régale déjà de ce prologue.

Je suis curieux de ton avis comparatif sur les chaussures : 2022 version cuir vs 2021 version mesh.
J'ai marché avec les mêmes que toi cette année et j'ai tantôt loué l'excellente protection du cuir, tantôt souhaité plus de ventilation...

Salut Bombadyl smile

Je suis parti par défaut avec les cuir car n’ayant pas pu/su me procurer à temps les « knit » avant arrêt de leur fabrication… Les cuirs sont plutôt mon modèle pour les sorties d’hiver.

Confort parfait : zéro échauffement ou début d’ampoules en 40 j.

En revanche je sentais la différence de poids, et surtout la respirabilité très inférieure. J’avais chaud, et heureusement je n’ai eu que très peu de jours de pluie avec.

Les semelles ont commencé de se déliter vers 1000 km, et l’amorti s’est désintégré après 1200 km. Je les ai changé au Pas de la Case passé 1300 km, ce qui est quand même pas mal.


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#137 26-08-2022 10:48:21

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

zur a écrit :

#663484Salut,


Le café avec tes commentaires sur les 4 Certascan en face: le Pic, le Col, le Lac et le Refugi.
Un très beau moment cette rencontre, au somment du Port  lol
Ça restera un instant éternel dans ma mémoire.

Tu signes la, une très belle Bambée
Félicitations Hervé.

Salut zur smile

Un très beau souvenir pour moi aussi que ces instants partagés ! Ce n’est pas tous les jours que, franchissant un col, je tombe nez à nez avec quelqu’un qui me reconnaît : il s’imposait de faire chauffer le café wink


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#138 26-08-2022 10:50:47

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Ruz boutou a écrit :

#66345445 jours... ça nous amène au 12 octobre à raison d'un récit par jour pour chaque jour marché. Avanti popolo !  smile

Ceux qui espèrent un épisode quotidien vont devoir ronger leur frein … Vous en aurez au minimum jusqu’à Noël, voire même jusqu’aux perce-neiges wink !


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#139 26-08-2022 11:10:35

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 03-10-2019

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Parfait ! Une saga trois saisons ! Un bout d'été, l'automne et une tranche d'hiver pour se plonger dans ta HRP yo-yo.


Moins on porte, mieux on se porte !

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#140 26-08-2022 11:11:17

Enfile tes MUL
Lourd-Dos qui cherche à s'alléger
Lieu : Marseille
Inscription : 19-04-2022

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Salut Hervé.
Au delà du rêve que ton parcours suscite mais aussi de l’admiration qui découle de
- ton organisation sans faille
- Ta motivation
- Le rythme soutenu de ton parcours
- Cette capacité de se suffire de si peu sans se mettre en danger
Ce parcours ( comme toute marche au long cours dans une recherche de quasi autonomie )
nous questionne …
Si seulement nous pouvions disposer nous aussi d’un mois et demi de libre pour marcher ( on le ferait aussi , facile même tongue ).
Sur le papier , où par procuration aux travers des retours terrains des uns et des autres, nous avons traversé la quasi totalité de la France et de ses moindres sommets …
Mais la réalité est tout autre !
Serions nous capables, si les conditions sine qua non nous étaient données, de réaliser ce type de marche au long cours qui fait rêver nombre d’entre nous mais qui doit être, dans la vraie vie, d’une grande complexité à gérer.
Gestion de l’effort et des blessures potentielles qui en découle
Gestion de la nourriture et de la juste alimentation,
Confort du repos sans pour autant trop alourdir le sac à dos, Solitude souvent recherchée mais qui parfois doit devenir pesante !!
Bref,  pour nous remettre en situation entre nos désirs ardents et notre réelle capacité à réaliser de tels parcours : Merci !
Pour ne rien gâcher, le superbe récit du J0 nous met définitivement dans le bain d’une histoire qui va nous tenir en haleine.
Félicitations, et mention spéciale  aussi à la reconnaissance que tu évoques ( sans connaitre ton histoire ) envers le corps médical et une guérison dont tu sembles pleinement profiter pour réaliser de tels efforts !

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#141 26-08-2022 20:15:56

laxmimittal
Membre
Inscription : 23-10-2016

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Ta da...

le récit.

cool  cool  cool

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#142 27-08-2022 08:15:14

patou
Membre
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

pouce


Mul part ailleurs

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#143 27-08-2022 11:41:49

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Traditionnellement, le retour matériel se fait à la fin du récit : il vous faudrait donc attendre la fonte des neiges avant d'en bénéficier ... Je voulais donc commencer par là mais je suis allé un peu vite en ayant déjà publié le J0. Tant pis, je vous livre ici un chapitre thématique plutôt que chronologique, lequel illustrera à l'avance la suite du récit...


Jamais autant de déboires matériels n'avaient affecté l'une de mes itinérances. Chaque petit malheur a sa cause et je peux m'interroger sur la manière qui aurait permis de l'éviter. Le bon côté des choses, c'est que même la somme de tous ces incidents ne m'a pas empêché de poursuivre et de finir. Je vous livre ici les différentes catégories dans lesquelles je range ces histoires de matos et leur cause probable :


- Le maladroit :

Je me suis trouvé une méthode pour me confectionner un super oreiller, en roulant mon sac à dos avant de le fourrer dans ma polaire avec les quelques autres vêtements encore disponibles. Encore faut-il avoir précautionneusement vidé le sac de tout ce qui y traine encore ... C'est ainsi que j'ai roulé et dormi sur mes clips solaires, irrémédiablement cassés en deux au petit matin ...

En fin de parcours, les clips de remplacement prêtés par Laxmimittal s'évaporent à leur tour, après des heures de marche sous l'orage à l'aplomb des crêtes du Roc de France. Rangées dans la même poche de bretelle que le téléphone, mes incessantes consultations du GPS pour trouver un chemin et un abri ont du causer leur expulsion de leur rangement ...

Au retour, après un jour zéro à Gavarnie et au moment de remballer, c'est le bouchon de mon flacon d'alcool qui va inexplicablement sauter tandis que je le range à l'extérieur du sac à dos, inondant une partie de ce dernier ainsi que mon polycree. Même si je range l'incident dans la catégorie "maladroit", je ne me l'explique pas autrement que par une visite inopportune de mon abri en mon absence (au camping), et quelqu'un qui aura voulu "flairer" le contenu dudit flacon, dûment fermé et inutilisé depuis plusieurs jours. Au fil des jours suivants, ce sont les réparations au duct-tape de mon polycree qui, décollées par l'alcool, vont se défaire les unes après les autres ...

Ayant provisoirement remplacé ma Platypus (voir "Le Présomptueux") par une bouteille, celle-ci tombera du sac sans que je m'en aperçoive ... Remplacée le lendemain par une autre bouteille, je vais le même soir en perdre le bouchon lors d'un remplissage au torrent et à la frontale lors d'un bivouac tardif ...


- Le distrait :

Dès les 1ères heures de marche, je réalise que j'ai oublié l'adaptateur Lightning / USB-C indispensable à la recharge de ma caméra (j'ai voulu faire un dernier test de câble la veille du départ, et négligemment abandonné ledit adaptateur sur mon bureau). En effet, il y a une incompatibilité entre tous les panneaux solaires que j'ai testé et la caméra, rendant le passage par une batterie tampon indispensable. J'en serai réduit durant 2 semaines à quémander la recharge de ma caméra dans les bars, restaurants, hôtels et refuges (tous les 2 à 3 jours environ), jusqu'à retrouver mon adaptateur lors des retrouvailles familiales à Gavarnie. Pour le téléphone et la powerbank, le panneau solaire fera parfaitement son office.

Un de mes piquets titane va vite manquer à l'appel, mais heureusement j'en prévois toujours un de plus par sécurité (et pour pouvoir éventuellement piquer les portes de l'abri à la verticale, plutôt que les tendre vers l'extérieur sur le hauban comme c'est mon habitude). Remplacé là aussi à Gavarnie depuis mes "réserves" acheminées dans le coffre de la voiture familiale.

En l'espace de quelques jours lors du trajet retour, ce sont mon couteau (Opinel n°3) et ma frontale (Petzl e-lite) qui vont mystérieusement disparaitre de mon paquetage. Le fait de marcher alors en groupe a sans doute perturbé ma vigilance lors des déballages / remballages, toujours à discuter ou à répondre à une sollicitation ... Je les remplacerai heureusement vite dans les (très bons) commerces de Gavarnie (encore !), presque à l'identique.


- Le maudit :

La tête d'un piquet titane (Vargo Nail stake UL) va casser sous la simple pression de ma chaussure pour l'enfoncer. Cela m'était déjà arrivé, mais j'avais mis ça sur le compte d'une frappe au caillou la veille. Rien de tel cette fois-ci, c'est bien une fragilité intrinsèque de ces piquets, qui ne supportent pas l'angle de torsion infligé par une chaussure.

Mon matelas gonflable, 3 ans d'âge et revenu intact de mon périple alpin de l'an dernier, va se percer. Une 1ère réparation va tenir quelques jours, mais le phénomène de déflation va vite revenir. Profitant toujours de la logistique familiale, je vais lui substituer un second morceau d'Arkmat127 : ce sera ma configuration sur le dernier tiers du trajet aller et tout le trajet retour. Pas le top du confort, mais j'ai su m'en contenter ...

Avant de partir, j'avais noté que le capot de protection du connecteur USB de mon panneau solaire se décollait, et avait remis les choses en ordre avec de la super-glue. Hélas je n'avais fait que le recoller ainsi sur sa bande de silicone, et il va s'arracher de nouveau, encore une fois lors de mon bivouac avec laxmimittal ... Je vais cette fois utiliser mon tube de seam-grip, et tout ira bien jusqu'à ce que j'entame le trajet retour. Là, une méchante branche va accrocher et faire levier sur mon câble, arrachant le port USB. Je vais tenter une remise en place, mais la connectique a été endommagée et une soudure cède ... De nouveau dépendant des prises secteur, je réceptionnerai quelques jours plus tard à Gavarnie un panneau de remplacement puisé dans mes stocks et envoyé en express par mon épouse au camping de la Bergerie (30 g plus lourd, mais on fait avec ce qu'on a !)

En glissant de côté dans une pente herbeuse, sans mal pour moi heureusement, je vais me retrouver à appuyer de tout mon poids sur le bâton que je portais à bout de bras côté pente. Il va légèrement ployer, bloquant le coulissement entre les 2 brins inférieurs. J'attendrai quelque temps avant de m'essayer à une pression inverse, qui rétablira à peu près la bonne fonctionnalité de l'ensemble.


- L'ami des bêtes :

En Ariège, peu après avoir posé mon bivouac dans un fond de vallée silencieux et dénué de tout cheptel, des chevaux rappliquent tandis que je m'endors... et marchent sur la toile de mon Pioulou, histoire de s'essayer à l'escalade ! Réveillé en sursaut par cette bonne frayeur, je les fait décamper et ne suis plus ennuyé ... jusqu'à ce qu'au matin, je découvre une déchirure de 7-8 cm dans ma toile. Réparée précairement avec 2 bandes de duct-tape posées au recto & verso de la déchirure, je n'aurai pas de problème avec, même avec les bons orages quotidiens du trajet retour ...

Bivouaquant dans les lapiaz entre Belagua et Lescun, mon sac de bouffe se fait la malle ! J'aperçois 4 pattes qui détalent sans identifier la bête (très certainement un renard, sinon plusieurs ...), laquelle devait s'affairer depuis un moment tandis que je dormais : au bilan, disparition d'un fromage, d'un sac de noix & fruits secs, et une barre d'isostar gloutonnement dévorée, dont je ne retrouve que l'emballage ... Le "gobelait" dans lequel je mangeais ma mixture soupe-pâtes-fromage la veille a été visiblement mordillé, le transformant désormais en verre baveur.


- Le présomptueux :

Satisfait de certains matériels que je pensais increvables, je ne me suis pas trop préoccupé cette année de les renouveler par anticipation, et voulu faire du neuf avec du vieux. Embarquant ainsi dans mon placard la 1ère Platypus me tombant sous la main, je vais récupérer un modèle qui se mettra à pisser l'eau à la 1ère tentative de transvasement par filtrage, lors de mon bivouac aux Pédourés avec Laxmimittal. Le duct-tape n'y fera rien, et je patienterai jusqu'à Gavarnie et son soutien logistique familial pour remplacer la Platypus défaillante par une plus récente.

Je range dans cette catégorie la seconde déchirure de mon Pioulou, mais j'aurai aussi bien pu la mettre dans le chapitre "maladroit" ou "maudit". C'est la toile d'une des deux portes, au plus près de la pointe du tipi, qui va se déchirer net sur 10 cm, une nuit au moment de la rattacher après une sortie "pipi aux étoiles". Passé le cap d'une centaine de  bivouacs, le matériel accuse désormais une certaine fatigue, et pour une aventure de cette longueur il eut peut-être été préférable de ré-investir ... Avec ses 2 déchirures et malgré les réparations plus "propres" que je vais entreprendre, je ne peux plus avoir confiance dans l'abri au-delà que sur des sorties courtes.

En 2018 j'avais noyé mon iPhone SE (version 2016) dès le 1er jour de ma HRP. Ressuscité en septembre, et après changement de la batterie et de l'écran, il avait depuis repris du service. Il était cependant écrit qu'il voulait mourir dans les Pyrénées : donnant déjà des signaux d'un fonctionnement ralenti, il va mourir une 2ème fois lors du trajet aller, le matin où je devais laisser ma famille à Candanchu. La journée se transformera en jour zéro, avec un aller-retour jusqu'à Pau pour renouveler ce matériel stratégique. Lazare / Highlander n'en a pour autant pas fini avec les ressuscitations, puisqu'à mon retour il fonctionne à nouveau et que j'ai pu récupérer toutes les données que je n'avais pas préalablement sauvegardé ...

Mes chaussures (Scarpa Mescalito version cuir) ont parfaitement joué leur rôle. Pas d'échauffement, pas d'ampoules, et ce malgré la répétition des longues étapes. J'ai toutefois présumé de leurs possibilités, espérant qu'elles puissent tenir sur tout l'aller-retour, et n'avait pas pré-acheté une paire d'avance à récupérer sur le parcours ... Las ! Passé la moitié du retour et entre 1200 et 1300 km parcourus, semelles et amorti vont se dégrader à un point tel que je serai contraint d'acheter la 1ère paire pas trop inconfortable d'une marque inconnue que je trouverai au Pas de la Case. Après 40 jours de confort, les 5 derniers seront douloureux ...


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#144 27-08-2022 12:08:54

eraz
multimedia
Lieu : Sancy
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Kikoo Hervé27 wink

Bravo et toutes mes félicitations pour ce superbe yoyo ! Abonné également, j'attends le récit avec impatience smile.

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#145 27-08-2022 17:53:25

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Enfile tes MUL a écrit :

#663494Salut Hervé.
Félicitations, et mention spéciale  aussi à la reconnaissance que tu évoques ( sans connaitre ton histoire ) envers le corps médical et une guérison dont tu sembles pleinement profiter pour réaliser de tels efforts !

Salut Enfile tes MUL et merci smile !

Ma signature pour le corps médical ne concerne pas ma personne, mais date d'un temps confiné où je rêvais déjà de repartir sur une HRP, c'était ici ...

J'ai effectivement eu à me remettre en état il y a quelques années, et c'est ici rl que j'ai trouvé tous les remèdes dont j'avais besoin !


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#146 27-08-2022 18:00:23

Manche
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Merci Hervé27 pour ce (début de ?) retour matériel très intéressant !
Avec du recul sur plusieurs années maintenant, est-ce que tu saurais donner une MTBF (même à la louche) sur chacun de tes items ?

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#147 27-08-2022 18:42:40

Nayana
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Manche a écrit :

Temps moyen avant défaillance wink


Lentement mais surement...

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#148 27-08-2022 19:19:06

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Manche a écrit :

#663674Merci Hervé27 pour ce (début de ?) retour matériel très intéressant !
Avec du recul sur plusieurs années maintenant, est-ce que tu saurais donner une MTBF (même à la louche) sur chacun de tes items ?

Je compte en temps utile faire une mise à jour du fil "L'itinérance, combien ça (me) coûte ?" ouvert il y a quelques années.

Pour l'heure, priorité en récit, l'épisode 01 est dans les tuyaux avec texte ET vidéo en simultané.


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#149 27-08-2022 19:27:48

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

en fait ton Iphone n'aime PAs les pyrenées.

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#150 27-08-2022 22:24:27

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J01 - samedi 2 juillet : de Banyuls au Puig Calmelles

En vidéo !
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Pour ôter tous les doutes, l'idée d'un yoyo était inscrite dès le début du projet. Sous le sceau du secret, je m'en étais ouvert à quelques-uns ici, qui ont su se retenir sur leur clavier plutôt que de vendre la mèche wink . D'autres avaient sans effort percé mes intentions lol (salut azerty, nos belles virées me manquent !)... Je n'ai rien voulu afficher pendant la préparation ni même après le départ, car à la différence des autres années je ne voulais pas m'enfermer dans un objectif, et me ménager autant de libertés que possible. Si comme d'habitude j'ai travaillé à l'avance l'itinéraire, je l'ai fait sous forme d'options multiples. C'est ainsi que je me suis constitué une base .gpx de ~300 sections de HRP et de variantes, me laissant ainsi le loisir de choisir en chemin, ce dont je ne me suis pas privé.

Même si le plan a déjà souvent changé, mon idée en ce jour de départ est de réaliser une première traversée rapide (~3 semaines) sur l'itinéraire le plus direct possible, et me donner ainsi le temps de revenir (en ~4 semaines) par autant de variantes que je pourrai. Bien évidemment, tout plan est destiné à mourir lors de son exécution (que ce mot est bien choisi !).

6ème départ de grande traversée en autant d'années : les émotions sont intactes, les interrogations aussi ... Toutes mes projections de temps et de distance indiquent que je ne présume pas de mes forces : à la différence des autres années, j'ai même délibérément fait usage de moyennes horaires et quotidiennes nettement en-deçà de mon rythme alpin de l'an dernier. Pourtant je ne suis pas dépourvu de doutes : aurai-je l'envie, une fois face à l'océan, de faire demi-tour ? La rugosité des Pyrénées aura-t-elle raison de moi et de mon matériel ? Advienne que pourra, les dés sont jetés !

A la date de mon départ les chaleurs sont déjà là, bien que pas encore aussi intenses que ce qui va suivre. Je suis donc déjà conscient qu'il faut développer des stratégies pour y échapper, et la mienne est simple : gagner l'altitude des crêtes du Canigou aussi vite que possible ! Je crois la chose possible en 2 jours.

Pour que depuis Banyuls la montée au Sailfort soit la moins pénible possible, le réveil est réglé sur 4h12, c’est-à-dire deux heures avant le lever du soleil. Avec le cérémonial du départ, cela devrait me permettre de commencer à marcher avec les toutes premières lueurs du jour, et échapper à un soleil trop écrasant sur ces premiers 1000 m de dénivelé. Pour la suite, pas grand-chose à faire que de subir la chaleur de la descente vers Le Perthus, objectif minimal du jour. Je compte sur la fraîcheur relative du soir et la longueur du jour pour me permettre de dépasser cette ligne.

Il est 4h41 quand je me donne à moi-même le signal du départ en laissant mon hôtel derrière moi, les premières lueurs de l’aube apparaissant sur la ligne d’horizon de la Méditerranée. Descendant vers la plage, il y a sur les terrasses du front de mer un ou deux groupes de fêtards, soit très matinaux soit très tardifs. Un arrêt au bord de l'eau, puis face au panneau du GR10, et c'est le début d'une nouvelle aventure. Déjà je filme abondamment, et j'appréhende le travail de mise en ordre et montage qui m'attend au retour ... Une pensée fulgurante traverse mon esprit : où est le raccord qui devait me permettre de recharger ma caméra depuis ma Powerbank ? Je le revois posé sur mon bureau, et aussitôt ma mémoire y ajoute le geste de le ranger dans un tiroir au lieu de le joindre à mon paquetage ... Premier incident matériel, il y en aura beaucoup d'autres ...

Banyuls-plage by night
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Passage obligé
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Hier dans ma soirée de farniente sur la plage, j'ai aperçu quelques marcheurs aux lourds sacs déambulant en ville, que je me suis plu à croire GRDistes ou HRPistes. Certains affichaient la fatigue de l'arrivée, d'autres la fraîcheur de la descente du train. Cet été sera marqué par bien plus de rencontres que lors de mes traversées précédentes, mais j'anticipe, j'anticipe ...

La nuit est encore bien là quand je traverse Banyuls à la lumière des réverbères, et quand enfin je décroche du bitume pour attraper le sentier, il me faut faire usage de la frontale pendant quelques instants. Bien vite cependant mes yeux s'adaptent à l'obscurité d'une part, la lumière du jour s'élève d'autre part, et je peux sans artifice arpenter le chemin, armé de mes bâtons enfin déployés. Que c'est bon de repartir sac au dos, même si cette année le manque d'affûtage est criant : de disgracieux bourrelets de graisse débordent de mon short ops ...

Mes passages précédents m'ont donné une connaissance préalable des sources entre Sailfort et Neulos, et sur ce tronçon de GR10 depuis Banyuls j'ai ajouté la Source des Chasseurs à ma liste. J'y parviens quelques minutes avant le lever de soleil sur la Méditerranée, et c'est de là que je filme cet instant émotionnel si précieux.

1 minute avant sa Majesté
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Je me suis abondamment hydraté hier soir et ce matin avant de partir, et ne renouvelle mon eau qu'à partir de ma bouteille d'1/2 litre à la bretelle. Une réserve de sécurité d'1 litre est dans ma Platypus, mais je n'en ferai pas usage avant le refuge Tomy à l'heure du café. Si j'étais parti en plein soleil, la consommation aurait été toute autre.

Petit mot sur cette Fontaine des Chasseurs : on arrive d'abord sur un tuyau métallique fin avec un petit débit, et c'est là que je fais le plein en buvant un nouveau 1/2 litre. Juste quelques mètres plus loin, un débit bien plus important est disponible et sans doute plus sain. Je vais en reparler ... À noter également un beau replat aménagé, permettant un confortable bivouac (certes en bord de chemin et sous la route ...).

L'eau ne manque finalement pas en ce début d'été déjà sec et caniculaire : après le Col de Vallauria, une conduite court sous le chemin, avec plusieurs regards permettant l'accès à l'eau. Avant de découvrir ces regards, c'est une grosse fuite qui inonde le chemin d'une eau claire et fraîche, mais dont je n'ai pas besoin car m'étant déjà rassasié à la Fontaine des Chasseurs.

Le GR10 court de telle manière sous les crêtes que, malgré le soleil qui s'élève, je reste encore longtemps à l'ombre. Il ne fait "que" ~21-22°C à cette heure matinale, mais l'air est moite et je transpire déjà abondamment dans cette montée. C'est qu'il va me falloir en perdre, des graisses indésirables ! Pas de fatigue malgré le manque de préparation physique, et déjà j'ai pris mon souffle pour encaisser le dénivelé. Derrière moi la Méditerranée s'abaisse vite, tandis que je gravis les pentes du Sailfort. Détour de la source François Grand, histoire de boire mon eau portée, plus 1/2 litre tiré du caisson, et recharger encore 1/2 litre. Il n'est que 8h et depuis mon réveil à l'hôtel j'ai peut-être déjà bu 3 litres : on ne peut pas parler de déshydratation ...

Encore quelques efforts et me voilà sur la selle du Sailfort, d'où je me dirige derechef vers le Refuge Tomy, guidé par son arbre caractéristique taillé en tête de loup, en bas par les vaches et en haut par le vent ! C'est là, sur le petit terre-plein propice au bivouac devant l'abri, que je fais ma 1ère pause et mon 1er café de la traversée ! Aucun signe extérieur de l'incendie qui avait affecté ce bijou des Pyrénées, mais l'intérieur est désormais bien plus dépouillé. Que de remerciements devons-nous tous à Maurice Praxes et à sa détermination à maintenir vivant ce lieu magique !

Un arbre qui a du chien
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Refuge Tomy
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Au redémarrage, les choses sont plus faciles et le chemin déroule. Première rencontre d'un randonneur (mulet, évidence statistique ...), qui achève aujourd'hui un périple de 6 jours entamé à Py. Il me parle d'un HRPiste en arrivée qui doit le suivre de peu, et effectivement je croiserai bientôt un énorme sac accroché à un petit bonhomme, trop focalisé sur son arrivée prochaine pour que nous entamions une conversation. Petit détour pour visiter la source de la Massane, où je ne ressens pas le besoin de refaire le plein. Un groupe fait la sieste non loin, mais nous n'avons pas non plus l'occasion d'échanger. Après cela, je suis avec assiduité le fil de crête en passant par chaque col et chaque (petit) sommet, comme nous l'avions fait il y a 2 ans avec Pala2 & azerty. Vive la HRP !

A l'un de ces cols, une scène cocasse s'offre à mes yeux au son des clarines : toutes les vaches sont du côté espagnol de la clôture, tandis qu'un taureau est esseulé du côté français et voudrait bien émigrer. Pourvu qu'il ne s'intéresse pas à moi !

Où sont les douaniers ?
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J'ai donc maintenant rejoint la frontière, et les bornes s'égrènent : il y en a 602 de la Méditerranée à l'Atlantique, et seront un indicateur fidèle de ma progression.

cette année, chaque borne compte double !
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Une étrange alerte me saisit lorsque, peu avant le refuge de la Tanyarède, il me faut attaquer une petite montée : des crampes assez violentes se font sentir simultanément dans mes 2 jambes au niveau des cuisses. Je n'ai pourtant pas manqué d'eau et la chaleur n'est pas encore excessive, serait-ce le manque d'exercice des derniers mois ? Je suis obligé de modérer l'allure afin d'éviter une nouvelle crise, mais c'est très inhabituel chez moi. En général, une crampe ne me prend pas en plein mouvement, mais plutôt le soir  quand les muscles refroidissent et que je ne me suis pas suffisamment hydraté. Bizarre ...

Je passe rapidement l'abri de la Tanyarède, un peu nettoyé depuis mon dernier passage à l'été 2020, et poursuis jusqu'à la prise d'eau et l'aire de bivouac avec ses tables de pique-nique, lieu de la pause-déjeuner après déjà plus de 6 h de marche. Je me contente de grignoter et de continuer à m'hydrater abondamment. Il semble que la chaleur prélève malgré tout son dû : j'ai une sensation désagréable, comme une contraction, dans l'arrière-gorge et le haut du palais. Les débuts d'itinérance ont souvent été l'occasion de perte d'appétit sur les 1ers jours, je ne me pose pas plus de questions que ça.

Je fais un gros plein à la prise d'eau (~2 litres) pour parer à toute éventualité dans la descente très sèche sur Le Perthus, et malgré mon hydratation soutenue je me trouve à nouveau à la limite des crampes dans la montée finale au Pic Neulos.  Tout ira bien mieux à la descente douce qui s'ensuivra, même si je sens les jambes flageolantes. Je garde aussi longtemps que possible le fil de crête pour ne pas passer par le Refuge de l'Ulliat et limiter le temps passé sur la piste. Il y a parfois un peu de passages bordés de près par les ronces, mais en gros c'est du bon sentier souvent ombragé. La piste finit cependant par devenir inévitable, et c'est par elle que je m'enfonce lentement dans la fournaise de l'après-midi et du Perthus. La météo prise ce matin y annonçait 28°C, mais j'en trouve 35°C : ça casse !

Abondance à la Tanyarède
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du Neulos au Canigou
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Il est presque 16h30 et j'ai déjà marché 9h30, impossible de poursuivre dans cette chaleur sans repos, ventilation et apport d'énergie. La ville est étonnamment vide de son affluence habituelle venue se fournir en alcool et cigarettes. Dans l'artère principale tranquille, j'entre dans un bar où je peux me réfugier dans une arrière-cour ombragée et bien aérée. Je vais y passer une grosse heure, sirotant une grande bouteille d'eau pétillante bien fraîche, plusieurs cafés et une excellente tarte tatin nappée de chantilly. Ma douleur dans l'arrière-gorge autorise le passage de cette bonne grosse dose de sucre, je m'en trouve rasséréné.

2 randonneurs bien chargés sont assis non loin de moi, arrivant ici depuis Amélie Les Bains (je crois) après juste un bivouac. Mon sac a été aperçu et la conversation démarre, heureusement vite interrompue par leurs épouses qui viennent les chercher ici, les félicitant de leurs exploits. Moi, laissé seul, je déguste la chantilly de ma tarte tatin ...

Le couple de gérants, très gentils et accueillants, s'intéressent à mon périple à peine entamé. Ils rechargeront ma caméra (je peux filmer 3 jours max sur une charge, mais c'est toujours ça de pris), et feront le plein de ma Platypus et ma petite bouteille à la bonne eau fraîche et adoucie du comptoir : 3 litres pour s'extirper des 35°C du Perthus ne sont pas de trop !

Je repars à 17h30 avec mon gros plein d'eau et le coup de fouet des calories sucrées que je viens d'ingurgiter. Je monte sans encombre jusqu'au Col du Priorat, d'où je rattrape la longue piste qui doit me mener à Las Illas, que j'envisage d'atteindre vers 20h30. Je sais trouver là une agréable zone de bivouac en plein cœur du village, munie de toutes les commodités. Y être ce soir est la garantie de pouvoir demain soir m'élever au-dessus d'Amélie et des chaleurs. C'est pourtant avec peine que je progresse, malgré les quelques °C de moins : les crampes bizarres ressenties tout-à-l'heure affleurent à nouveau, m'obligeant à une démarche fatigante.

Chênes liège au Priorat
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J'ai également besoin de soulager mes intestins, après toute l'eau bue aujourd'hui, que je chiffrerai à au moins 7 ou 8 litres ... Cherchant à cet effet à m'accroupir dans les fougères à l'écart de la piste et au bord d'une petite prairie, les crampes vont se faire plus violentes que jamais. Il me faudra un moment pour me sortir de cette situation critique, drôle après coup mais pas sur l'instant, je vous assure roll ...

La décision est vite prise d'arrêter là ma journée déjà bien longue, d'autant que ma petite prairie s'avère fort accueillante pour le bivouac, et bien cachée de la piste par les fougères. Il me suffit de me faire cette réflexion pour que 2 VTTistes passent y jeter un œil : heureusement, je suis alors déjà sorti de ma position critique lol ! Ma pleine charge en eau faite au Perthus est à peine entamée, et plus que suffisante pour passer la soirée et continuer de m'hydrater pendant la nuit. Demain matin, Las Illas ne sera plus très loin pour y refaire le plein, pas de peur de manquer.

Monter l'abri avec les crampes qui reviennent sans cesse est un calvaire. Heureusement les piquets s'enfoncent bien, car m'accroupir pour optimiser leur piquage et la tension de la toile est l'assurance de déclencher une crise !

Guère d'appétit quand il s'agit de dîner : je me contente de grignoter et de m'affaler, cherchant le plus possible à reposer et détendre les muscles de mes jambes qui ne demandent qu'à se contracter violemment ... La douleur légère dans l'arrière-gorge est toujours là, et je mets tout cela sur le compte de la chaleur. En réalité et avec le recul, je suis maintenant persuadé que j'ai chopé quelque chose soit à la Fontaine des Chasseurs, soit à celle de François Grand, car les symptômes qui vont se poursuivre plusieurs jours s'avèrent plus viraux ou bactériens que ceux d'un "simple" coup de chaleur ...

bivouac obligé, je ne tiens plus debout
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En quelques chiffres :

42 km
D+2380
D-1695
Marche 11h40 (+ pauses 3h15)
km-Effort 68
IBP 197

Itinéraire
7YKIotbYn.Trace.jpeg

Profil
7YKIr6yma.Profil-J01.jpeg


En vidéo !
7YKY1BPpb.Intro-J01.s.jpeg


EDITs : typo/orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 11:38:56)


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