Aller au contenu

Annonce

#1 27-10-2022 21:46:31

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

[Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Une traversée du Mercantour

Cette traversée, réalisée du 16 au au 23 octobre, de Saint-Etienne-de-Tinée à Menton, s’est faite dans le parc naturel du Mercantour mais également dans sa zone d’adhésion, c’est donc au sens large que je l’entends pour ce récit, d’où l’intitulé « une traversée ». smile Ayant hésité à faire un morceau de la grande traversée du Mercantour j’ai finalement choisi un itinéraire à des altitudes un peu moins élevées, me permettant plus de ravitaillement et des températures un peu plus douce.

J’ai également décidé, pour changer, de ne pas rédiger l’intégralité de mon récit d’un bloc mais journée par journée, au fil de l’eau.

J0 : Samedi 15 octobre - 769 km..... en transports en commun

Départ de Paris – Gare de Lyon vers 9h, direction Nice Ville. Arrivé vers 15h30, un rapide transit par TER vers le quartier Grand Arénas me permet de prendre le bus 91 de 16h00 direction Saint-Etienne-de-Tinée pour 1h45 de trajet.

Plutôt que de devoir chercher un bivouac à la tombée de la nuit dans une zone habitée, j’ai choisi de prendre une nuit au gîte Le Corborant, en centre-ville.

Je partage le dortoir avec un autre randonneur, belge, qui s’est lancé pour la première fois en itinérance depuis déjà deux semaines en montagne, avec non moins de 23 kg sur le dos, sans compter l’eau. Pour ma part, mon sac sec s’approche des 5,6 kg, auquel s’ajoute près de 3 kg de nourriture et mon eau.

Très sympathique, il partagera avec moi à l’occasion du repas des fruits et légumes dont il s’est largement chargé, que j’accepte avec reconnaissance, sachant qu’ils seront la denrée rare de mon alimentation des prochains jours.

Je passerai au gîte une nuit reposante après une longue journée passée en transports en commun, qui m'aura paradoxalement bien plus fatigué qu'une journée de marche !

J1 : Dimanche 16 octobre – de Saint-Etienne-de-Tinée aux abords du col de la Crousette – 19,3 km, 1814 m de D+, 725 m de D-

Après un petit-déjeuner au gîte, je me lance vers 8h00 en direction d’Auron, pour monter environ 500 mètres de dénivelé, dans une montée sans grand intérêt. Très vite, bonnet, polaire et bas de pantalon vont rejoindre le sac du fait de l’effort et des températures très douces de cette mi-octobre.

Auron ressemble à une ville fantôme en ce dimanche, ce qui ne l’empêche pas d’être touchée par une urbanisation galopante, avec pas moins de trois grues sur place et de nombreux chantiers, très certainement liés à son activité de station de ski.

Seule la supérette du centre-ville, ouverte et illuminée, laisse entrevoir quelques signes de vie. Peu à peu toutefois, un cortège de VTT s’élance, une course étant apparemment organisée dans les environs, dans laquelle le marcheur que je suis détonne quelque peu. Je fuis rapidement ces lieux.

Je profite de la fontaine non loin de la supérette pour me charger en eau car je n’ai aucune idée de l’état des cours d’eau que je croiserai au cours de la journée. Mes quelques expériences passées où le manque d’eau s’est fait sentir me poussent à porter plus que nécessaire et c’est ainsi que je repars avec 4 litres d’eau sur moi, bien loin de l’esprit MUL pour cette première journée.

Je quitte l’ambiance de station pour m’enfoncer dans une zone plus forestière qui débouche ensuite sur des pâturages, vers lesquels je me dirige pour rejoindre ensuite le hameau de Roya.

Dans la montée, chargé de près de 12 kilos, je sens la charge de mon sac, même si j'arrive à progresser sans trop de difficultés. Ce poids me semble être ma limite personnelle pour conserver un minimum de confort de portage. Je pense alors à mon compagnon de chambrée d'hier et grimace en m'imaginant porter le double de ce que j'ai actuellement sur le dos.

80kdgZPky.IMG_20221016_111820.jpeg
80kdhHzf4.PANO_20221016_112908.jpeg
80kdh6owm.IMG_20221016_114502.jpeg
Une chapelle à l'abandon

80kdhcgTg.IMG_20221016_120627.jpeg
Bergerie au dessus du hameau de Roya

Sur mon chemin se trouve un troupeau de brebis et je guette le ou les éventuels chiens de garde qui pourraient voir d'un mauvais œil mon passage. Je fais du bruit pour me signaler mais aucun molosse ne fait son apparition pour me dissuader de continuer. Les brebis s’écartent prestement, étonnées de voir un randonneur passer en cette saison.

Alors que je pensais avoir échappé aux éventuels gardiens des lieux, deux chiens déboulent d’une cabane alors que je passe à côté. Je m’éloigne sans demander mon reste et ceux-ci ne seront heureusement pas trop insistants.

Le hameau de Roya comprend une fontaine – j’aurai donc pu attendre un peu avant de me charger en eau ! Son goût terreux laisse néanmoins à désirer, mais faute de mieux, je m’y sers pour m'hydrater.

Je monte progressivement en altitude, où le paysage devient progressivement bien plus minéral, ayant atteint l'étage alpin.

80kdhiDI9.IMG_20221016_135948.jpeg
80kdhPs3l.PANO_20221016_151700.jpeg

Après une pause farniente près de la cabane de berger de Sallevieille, je monterai un peu plus haut et terminerai ma journée un peu avant le Col de Crousette, sur un beau plat herbeux.

L’eau coule ici mais au vu des déjections animales, certes anciennes, qui parsèment les abords du cours d’eau, je me dis qu’il est de toute manière préférable de consommer celle que j’ai porté jusqu’ici et que ce surpoids n'est finalement pas inutile.

Je m’arrête vers 15h30 dans un cadre sublime, à 2 250 mètres d’altitude, ce qui me permet de vaquer à quelques occupations : tentative de lessive, toilette, préparation du repas, etc, avant de me coucher avec le soleil.

80kdhogz0.IMG_20221016_172446.jpeg
En dessous du col de la Crousette
80kdhtX8h.IMG_20221016_172548.jpeg
80kdhz1e1.IMG_20221016_190104.jpeg

Dernière modification par Clem_Ly (28-10-2022 16:51:19)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#2 28-10-2022 01:51:43

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 03-10-2019

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Cool  smile  Une nouvelle traversée à suivre !

Clem_ly a écrit :

je me lance vers 8h00 en direction d’Auron, pour monter environ 500 mètres de dénivelé, dans une montée sans grand intérêt.

Ah oui... Je garde un mauvais souvenir de cette montée pénible et effectivement sans intérêt (en plein après-midi caniculaire en plus). Le départ d'Auron également, à travers les pistes... Bof. Une fois passé le col par contre (baisse du Colombier), en allant vers Roya, c'est très beau.

Et tu as choisi un super lieu de bivouac. cool


Moins on porte, mieux on se porte !

Liste lighterpack 2022

Hors ligne

#3 28-10-2022 07:27:34

DOM42
Membre
Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
Inscription : 17-03-2009

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Merci pour ce premier retour, ça me rappelle de bons souvenirs  smile
Si je ne me trompe, c'est une Tarptent Aeon Li ? En es-tu satisfait ? Merci

Hors ligne

#4 28-10-2022 08:17:35

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Ruz boutou a écrit :

Ah oui... Je garde un mauvais souvenir de cette montée pénible et effectivement sans intérêt (en plein après-midi caniculaire en plus). Le départ d'Auron également, à travers les pistes... Bof. Une fois passé le col par contre (baisse du Colombier), en allant vers Roya, c'est très beau.

C'est aussi l'un des passages que j'ai le moins aimé, avec une partie bitumée du 7eme jour que je n'ai su éviter. Il faut vraiment attendre la descente vers le hameau de Roya pour que les paysages deviennent plus intéressants.

DOM42 a écrit :

Si je ne me trompe, c'est une Tarptent Aeon Li ? En es-tu satisfait ? Merci

Toujours aussi satisfait, j'approche bientôt la vingtaine de nuit avec et pense ouvrir un sujet dédié après le récit pour la présenter un peu plus.

Elle ne prend presque pas de place et se monte finalement sans trop de difficultés (c'était une réserve que j'avais au départ) et plutôt rapidement.

J'ai enfin pu la tester sous de vraies conditions pluvieuses lors de cette traversée et son habitabilité était bien appréciable à ce moment là. Elle a aussi une bonne tenue au vent.


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#5 28-10-2022 14:26:08

DOM42
Membre
Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
Inscription : 17-03-2009

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Merci. Je te posais la question, car j'ai le même modèle. Je l'ai testé sur 2 sorties mais dans des conditions assez clémentes. le montage, je suis d'accord peut déconcerté, mais après quelques essais, je trouve que ça le fait.

Hors ligne

#6 28-10-2022 14:55:09

pap35
Membre
Lieu : Rennes
Inscription : 29-02-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Merci du retour, je m'abonne pour la suite qui me rappelera des souvenirs.

J'ai bivouaqué quasi au même endroit il y a un an, c'etait top, mais il ne devait pas faire la même temperature, j'avais bien caillé

Tu nous partageras ta liste?

Hors ligne

#7 28-10-2022 16:40:46

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Salut pap35, content que ça puisse te permettre de revivre un peu ton parcours de l'année dernière, même s'il était plus montagneux que le mien à ce qu'il me semble. En tout cas encore merci pour la suggestion de la région, j'ai beaucoup aimé.

Ma liste est prévue en fin de récit avec tout ce qui a fonctionné, ce qui sera amélioré voire supprimé.

@DOM42 : oui, la présence des mini-mats en carbone m'avait laissé dubitatif au départ. Le réglage de la tension est vraiment primordial pour cet abri, mais sinon il est plutôt simple à monter.


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#8 29-10-2022 09:36:04

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

J2 : Lundi 17 octobre : Des abords du Col de la Crousette vers Roure – 22,9 km, 911 m de D+, 1673 m de D-

J’ai passé une bonne nuit hier, sans que mon sommeil ne soit trop interrompu, hormis à deux moments par de légers courants d’air frais.

J’ai commencé ma nuit avec ma tenue habituelle : chaussettes en laine, legging de course doublé polaire, haut en merinos 200 g/m² et buff en merinos en mode cagoule. Au premier réveil j’ai rajouté un petit bonnet merinos, et au second ma doudoune avec la capuche, en me faisant la réflexion que l’air était plutôt frais.

Au réveil, si un brin de condensation était présente sous forme liquide, je constate avec surprise qu’il a gelé, mais pas uniformément, puisque seules certaines parties de la tente sont givrées. Mon sac de nourriture, laissé à l’extérieur comme toujours, en est également recouvert d’une belle couche.

J’ai heureusement conservé comme à chaque fois le matériel le plus sensible au froid dans mon quilt : fourre-tout comprenant l’électronique, mon portable et mon filtre BeFree. Tout ce qui craint le froid est donc sain et sauf.

J’ai testé cette nuit pour la première fois les sangles de mon quilt, ne voulant pas mourir idiot. Habituellement, je me contente de bien le fermer autour de moi et puisque je ne gigote pas trop, cela me convient la plupart du temps. Je n’ai pas ressenti de réelle amélioration avec les sangles voire presque ressenti davantage le froid. C’est à retester mais je ne suis pas particulièrement convaincu.

Ayant été optimiste hier après-midi, j’étais persuadé que mon t-shirt de marche en merinos (155 g/m²) pouvait subir une lessive et sécher dans la foulée. Hélas, la veille au soir avant de me coucher, je constate bien qu’il est encore humide et le constat est bien évidemment identique en me levant.

Je prends une grande inspiration avant de le remettre, en prenant soin d’ajouter ma polaire par au-dessus car au vu de la température matinale, il me fait l’effet d’un glaçon sur tout le torse.

Je démarre donc d’un bon pas ma randonnée, espérant me réchauffer rapidement. J’entends quelques blocs de pierre tomber au loin et en scrutant les montagnes alentour, j’arrive à observer quelques chamois qui me regardent à leur tour avec curiosité.

80mBGucNS.Vers-le-Col-de-la-Crousette.jpeg
Vers le Col de la Crousette

J’arrive après quelques dizaines de minute au col de la Crousette, à 2480 mètres d’altitude, où un vent assez marqué refroidit rapidement mes ardeurs. Je bats en retraite quelques mètres plus bas, le temps de déposer mon sac et d’enfiler ma veste imper-respirante et de bien fixer ma capuche pour résister à son assaut.

Je poursuis mon chemin jusqu’à apercevoir la direction du Mont Mounier sur un panneau. Ce n’est pas prévu à mon programme du jour, mais en regardant la cartographie, j’ai vraiment très envie de d’y monter d’autant plus qu’aujourd’hui j’ai planifié une petite journée.

Je fais mes calculs en termes de temps et de dénivelé et je m’y élance. Les sentiers sont déserts à cette heure de la matinée et même hier je n’ai croisé personne. Je dépose donc mon sac près d’un cairn pour faire l’ascension du Mont, qui culmine à 2817 mètres.

En l’absence de poids dans le dos, c’est tout de suite plus simple ! A l’approche du Mont Mounier, une onomatopée peut résumer ma première impression : « gloups ». En effet, sans en être à proximité immédiate, j’ai du mal à deviner comment accéder au sommet, via un chemin qui semble n’être qu’une simple crête. En réalité, le sentier se dessine aisément au fur et à mesure de l’avancée, sans trop de passage à pic.

80mBQ0pfi.Mont-Mounier-1.jpeg
Le Mont Mounier, de loin
80mBSn8tJ.Mont-Mounier-2.jpeg
Sur le sentier qui mène au sommet

Le sommet donne à voir une belle vue sur les environs.

80mC3f9i2.Sommet-Mont-Mounier.jpeg

Je redescends par la suite du Mont Mounier, croisant successivement un traileur puis un groupe de retraités. Il y a un peu de monde finalement !

Vers midi, dans ma descente vers le Col des Moulines, je prends le temps de faire sécher tente, quilt et tout ce qui peut en avoir besoin, grâce au soleil qui perce les nuages qui se sont installés depuis la fin de matinée.

80mCdwIeK.Descente-vers-Col-de-Mouline.jpeg
Descente vers le Col de Moulines

L’eau coule plutôt abondamment sur mon tracé et je n’ai plus besoin de me charger autant qu’auparavant.

80mCiUEzr.Vers-Vignols.jpeg
Vers Vignols

Je dépasse le hameau de Vignols, qui présente la particularité d’avoir une cavité rocheuse qui le surplombe et semblerait presque taillée dans la roche.

80mCrHDPr.Vignols.jpeg
Vignols et sa cavité

80mCxwAnc.au-dessus-de-Vignols.jpeg
Au-dessus de Vignols

La suite du chemin m’amène vers des pâturages ou je découvre un cadavre de vache consciencieusement rongé (quel prédateur peut bien en être à l'origine ?), tandis qu’une de ses congénères broute paisiblement non loin. Si je faisais de l’anthropomorphisme, je m’imaginerais qu’Annabelle doit se dire que Léontine l’a bien mérité, à toujours se trémousser non loin de Gaston le taureau, pour attirer ses faveurs. Mais évidemment, ce ne sont que des suppositions infondées.

80mCFNpJy.Avant-refuge-Longon.jpeg
Plat herbeux avant le refuge de Longon

Arrivé au refuge de Longon, actuellement en travaux, je salue les ouvriers et fais le plein d’eau. Un chien se promène autour du refuge.

Je continue ma route quand au bout d’une quinzaine de minutes, j’entends quelque chose qui galope pour me rejoindre. Je me retourne, et découvre le fameux chien, qui a apparemment décidé de me suivre ! D’abord amusé, je m’inquiète qu’il me suive trop loin et trop longtemps de son maître, qui doit sûrement être l’un des ouvriers. Je lui indique la direction du refuge et l’incite à remonter, mais celui-ci n’en fait qu’à sa tête et ouvre le chemin, en prenant bien soin de revenir vers moi si je traîne trop.

J’essaie tous les stratagèmes pour me séparer de ce sympathique compagnon, qui n’a malheureusement rien à faire avec moi : l’ignorer, le gronder, et même le semer en tentant de lui faire croire que je prends un chemin alors qu’en réalité je bifurque. C’est sans compter sur ses sens aiguisés, celui-ci me retrouve toujours.

Après ce qui semble être un hameau du nom de Rougios, je descend avec l’objectif de bivouaquer près d’un point de vue situé un peu en dessous, mais cet emplacement ne fera pas l’affaire : situé en bord d’une piste carrossable, il est en outre rempli de matériaux de chantier qui doivent servir au chantier du refuge de Longon.

80mCLUPcg.Rougios.jpeg
Vue du hameau (?) de Rougios

Je prends le sentier parallèle à la piste et trouve un replat en surplomb, pour y glisser ma tente sur une fine bande herbeuse, sous des arbres.

Mon compagnon canin est toujours là, même s’il se promène désormais dans la forêt qui m’entoure. Vers 18h, j’entends une camionnette qui vient de la piste et le chien part comme une fusée en me jetant un dernier regard d’au revoir. J’entends au loin des voix et des effusions de joie ; ouf, il a retrouvé son propriétaire ! Je suis content que tout se finisse bien, car sinon j’avais prévu de le déposer à Roure ou Saint-Sauveur-de-Tinée que j’atteindrai le lendemain.

Le soir venu, des cerfs me font le plaisir du spectacle sonore de leur brame. C’est la première fois que j’ai l’occasion de l’écouter en vrai et c’est impressionnant, même s’ils ont l’air assez loin. Tant mieux après tout, je n’aimerais pas que l’un d’eux ne me prenne pour une biche.

Une petite heure après m’être couché, c’est un mauvais running gag qui se poursuit ! J’entends d’abord des voix à une certaine distance, un peu surpris, puis tout d’un coup le galop d’un animal, pour me rendre compte qu’un chien vient renifler ma tente et surtout mon sac à nourriture – en voilà un petit malin ! J’ai l’impression que c’est le même chien mais n’ayant pas mes lunettes sur mon nez je ne peux en jurer. Il a en tout cas le même pelage blanc. Je le chasse gentiment et celui-ci s’en va rejoindre son maître et ne reviendra plus de la nuit.

Dernière modification par Clem_Ly (29-10-2022 12:31:43)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#9 29-10-2022 10:56:04

DOM42
Membre
Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
Inscription : 17-03-2009

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Toujours de bien belles photos avec cette ambiance automnale  pouce Ah ! le chien qui ne veut plus te quitter, ça me rappelle quelques expériences  smile

Hors ligne

#10 29-10-2022 14:11:37

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

DOM42 a écrit :

#669476Toujours de bien belles photos avec cette ambiance automnale  pouce Ah ! le chien qui ne veut plus te quitter, ça me rappelle quelques expériences  smile

Merci !

Et comment ça s'est soldé pour toi avec les chiens ?  smile


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#11 29-10-2022 15:07:03

DOM42
Membre
Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
Inscription : 17-03-2009

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Ils ont fait comme pour toi, ils m'ont suivi pendant un moment(parfois assez long), et demi-tour. mais tout de même,on s'interroge si on va devoir adopter un chien ou non  smile  smile

Hors ligne

#12 30-10-2022 21:04:45

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

J3 : Mardi 18 octobre : Dans les environs de Roure au Col de la Madeleine – 22,2 km, 1519 m de D+, 1269 de D-

La nuit s’est bien passée et l’absence de condensation me permet de replier et ranger rapidement tout mon matériel, sans avoir besoin de tout aérer ce midi.

La première partie de cette matinée se déroule sur une piste qui me permet de me chauffer les muscles. Je retrouve mon ami le chien à l’approche d’une habitation mais heureusement aujourd’hui, il décide de rester chez lui ! J’en vois également un second qui me paraît correspondre davantage à mon visiteur de la nuit dernière.

Ce matin, un grand soleil accompagné d’un voile de brume sera présent jusqu’en fin de matinée.

J'atteint bientôt Roure, charmant petit village, très calme, en surplomb de Saint-Sauveur-de-Tinée. Le randonneur itinérant peut y trouver de nombreuses commodités, entre gîte, toilettes publiques et même laverie automatique.

80oYhIdVG.Roure-lavoirs.jpeg
Les lavoirs de Roure

Dans la descente vers Saint-Sauveur-de-Tinée, je me fais une frayeur en dérangeant un serpent de couleur vert clair qui sommeille au milieu du sentier (aucune idée de l’espèce), qui s’enfuit sans demander son reste. Je ne sais qui a eu le plus peur des deux ? Pour ma part, je me prends une minute pour souffler et dorénavant, jusqu’à atteindre la ville, je fais du bruit avec mes bâtons pour signaler ma présence aux reptiles du coin.

En marchant, je m’imagine déjà refaire un petit complément de ravitaillement et me faire plaisir avec quelques viennoiseries à la boulangerie locale. Ma faim grandit avec l’avancement de la randonnée et je sens le besoin d’avaler un peu plus de calories que les jours précédents.

Saint-Sauveur-de-Tinée est un village très agréable avec ses couleurs vives et ses ruelles encaissées. Je dois tirer un trait sur mon envie de douceur car la boulangerie de la ville est fermée et le local entièrement vide. Qu’à cela ne tienne, je  me rabats sur la supérette de la rue principale qui propose un peu de choix, et je me prends outre quelques tomates, bananes et pommes, du chocolat et des yaourts grecs.

Je dévore une bonne partie de mes provisions sur la place principale et profite de la fontaine pour me prendre 1,5 litres en prévision de l’après-midi. J’interroge au préalable une habitante sur la qualité de l’eau puisqu’un écriteau précise « eau non surveillée ». Elle m’explique qu’auparavant l’eau était classifiée non potable, mais qu’à la suite d’une étude lancée par la municipalité, l’eau est devenue non surveillée ; elle en boit depuis un certain nombre d’années mais n’a jamais eu de soucis. Ah ! Voilà qui est rassurant... Je tente ma chance moi aussi.

Stratégiquement parlant, je ne suis pas persuadé qu’avaler trois yaourts grecs avant de me lancer dans une montée de 500 mètres de dénivelé sur 4 km de distance, tandis que le soleil commence à bien chauffer, ait été l’idée du siècle. Mais gustativement parlant, oui !

Heureusement la montée vers Rimplas est progressive, sur une piste en bonne partie ombragée, où subsistent des poches de fraîcheur, qui sont plus que bienvenue.

80oYu19E8.Monte-vers-Rimplas.jpeg
Dans la montée vers Rimplas

Le cadre de ma pause repas est digne d’un 3 étoiles et je prends le temps de sécher mes vêtements dans lesquels j’ai transpiré abondamment au vu de la chaleur du jour.

80oYDskxh.Pause-Rimplas.jpeg
Pause à Rimplas - Que demander de mieux ?

Dans la descente vers le village de la Bolline, j’aperçois une affiche m’indiquant que des travaux sont en cours devant moi ; or le contournement du pont me forcerait à prendre une bonne partie de route pour l’effectuer. J’avance jusqu’au pont en question, et si des ouvriers sont en train de travailler, je passe sans problème et sans remarques de leur part.

Je monte un chemin bordé de châtaigniers, dont beaucoup ont lâché leurs bogues au sol. Un couple de personnes âgées en ramasse allègrement ; en haut de cette montée je me rends compte que ce sont les Bonnie and Clyde de la châtaigne puisqu’un énorme panneau rouge rappelle l’interdiction municipale de les ramasser sur le territoire communal. Plus loin, c’est un vieil homme avec un escabeau qui se sert à même les arbres et derrière, un 4x4 façon Walker Texas Ranger qui débarque avec son garde forestier qui fait la leçon au contrevenant, qui lui ne se laisse pas démonter en expliquant qu’il a toujours fait ça et que personne ne lui faisait de remarques avant ! Je fais profil bas et contourne les deux personnages pour continuer ma route.

Si je suis le GR qui me dirige vers Saint-Dalmas, je compte bien m’en éloigner pour dormir en hauteur. Ma seule interrogation, c’est de savoir si je trouverais de l’eau avant cette ville pour pouvoir bifurquer avant. Mon souhait est exaucé, avec une source en bordure de chemin, et un sentier qui grimpe vers le Col de la Madeleine, qui surplombe Saint-Dalmas, et m’impose une montée de plus de 600 mètres de dénivelé positif.

80oYQIDE7.Vers-Saint-Dalmas.jpeg
Vers Saint-Dalmas

Chargé en eau, j’avance moins vite d’autant plus que les pentes sont raides, bien qu’heureusement en lacets.

Arrivé au col, à 1736 mètres d’altitude, je découvre une belle vue et un terrain plutôt plat.

80oYZbFOq.Vue-du-Col-de-la-Madeleine.jpeg
Vue du col de la Madeleine

Remarquant que les insectes se font rares et au vu du beau temps actuel, je décide de mettre en application une idée qui me trotte dans la tête depuis quelques temps : passer une nuit à la belle étoile. J'installe donc pour ce soir uniquement mon polycree, mon matelas, mon quilt et mon Sol escape bivy lite en sursac, qui jusqu'à présent ne m'a servi à rien.

80oZ3JH8Z.Nuit-la-belle-toile.jpeg
Nuit à la belle étoile au col de la Madeleine

Sans pollution lumineuse dans les environs, le spectacle est magnifique, j’arrive même à voir la voie lactée. Je rechigne à retirer mes lunettes avant de m’y résoudre pour dormir.

Dernière modification par Clem_Ly (30-10-2022 21:17:07)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#13 31-10-2022 19:20:21

Canyon83
Membre
Inscription : 18-04-2021

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Superbe, je suis passé au col de la Madeleine moult fois en VTT car il donne accès à plusieurs descentes, effectivement, tu devais être tranquille là-haut, mais tu avais fait le plein d'eau avant d'y monter je suppose ?

Hors ligne

#14 31-10-2022 19:49:41

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Canyon83 a écrit :

#669603Superbe, je suis passé au col de la Madeleine moult fois en VTT car il donne accès à plusieurs descentes, effectivement, tu devais être tranquille là-haut, mais tu avais fait le plein d'eau avant d'y monter je suppose ?

Oui effectivement j'ai fait le plein en vallée, sur une source non répertoriée avant Saint-Dalmas. Beaucoup de mes bivouacs sur cette rando étaient "secs", sans source à proximité.

Cela permet de choisir des coins tranquilles avec l'inconvénient d'une charge supplémentaire un peu conséquente en fin de journée.


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#15 01-11-2022 00:03:28

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

J4 : Mercredi 19 octobre : Du col de la Madeleine jusqu’aux hauteurs de Saint-Martin-de-Vésubie – 17,2 km, 779 m de D+, 1294 de D-

La nuit a été très calme et sans vent, ce qui m’a offert une première expérience de nuit à la belle étoile très agréable. Je suis satisfait d'avoir su dépasser ma crainte des insectes rampants !
 
Je constate que l’utilisation du Sol escape bivy lite a généré pas mal de condensation, mon quilt est assez humide sur le dessus et l’intérieur aluminisé du sursac également. Le duvet hydrophobe m’a heureusement permis d’en conserver le gonflant et de ne pas perdre de chaleur ; l’ajout de la doudoune en cours de nuit était prévisible et m’a permis de dormir sans avoir froid, tout juste une légère fraîcheur sur les premières heures du matin. J’avoue avoir du mal à appréhender le fonctionnement de ce sursac, qui me semble au final avoir plus d’inconvénients que d’avantages.
 
Alors que je suis en train de boucler mon sac, une vache apparemment mécontente vient me meugler dessus, restant heureusement à bonne distance. J’étais persuadé que le pâturage était inoccupé mais une dernière occupante fait une saison tardive. Cela explique sûrement les quelques bruits de pas entendus cette nuit, que j’attribuais plutôt à un autre animal de passage.
 
En cette matinée ensoleillée, je monte jusqu’au col des deux Caïres à 1921 mètres d’altitude ; dans cette montée, un fermier du coin a eu la bonne initiative de laisser du fromage en libre-service pour les randonneurs, qui dort dans un ancien bunker reconverti en frigo de fortune pour l’occasion. Ne souhaitant pas m’alourdir tout de suite avant mon ravitaillement de la mi-journée, je ne saisis pas l’opportunité mais c’est presque à regret.

80qKGKsKS.Col-des-deux-Cares.jpeg
Près du col des Deux Caïres

80qKL3fD5.Fromagerie.jpeg
Fromagerie de montagne
 
Au col, je descends par le GR 5 jusqu’au col du Varaire à 1710 mètres, où je bifurque dans l’idée de me rendre au sommet du Conquet à 1776 mètres, pour rester en hauteur et éviter de redescendre par Saint-Dalmas. Cet ajustement du trajet, que j’arrive désormais à réaliser quasiment sur le vif, s’est néanmoins basé sur une interprétation erronée de la cartographie. Là où je pensais voir des lignes à haute tension, il s’agissait en réalité de lignes de téléphériques de la station de la Colmiane, ce qui me fait donc passer par des pistes de skis pour l’instant vierges de toute neige ! De fait, les chemins sont moins agréables et hormis le sommet du Conquet, le paysage a peu d’intérêt.

80qKWEO5T.Vue-arriere-vers-la-Colmiane.jpeg
Vue arrière sur les pistes

80qLhyfHA.Vue-du-Conquet.jpeg
Vue depuis le sommet du Conquet

La redescente en vallée se fait ensuite dans des pentes où le sentier de randonnée se fait oublier, au profit des pistes. Tout schuss donc ! Mais pas trop vite quand même, sous peine de me retrouver un peu trop rapidement en bas… Je zigzague quelques minutes avant de rejoindre enfin un chemin praticable et le GR 52A, direction Saint-Martin-de-Vésubie.
 
Le cheminement est doux et à l’ombre de nombreux arbres.

80qL9Ba8I.Chemin-sous-les-arbres.jpeg
Le chemin menant vers Saint-Martin-de-Vésubie
 
Arrivé à Saint-Martin-de-Vésubie, le silence se fait naturellement dans mon esprit. L’ampleur de la catastrophe se mesure encore dans toute son intensité, entre lit de la rivière largement agrandi et maisons et immeubles éventrés, qui font peser une ambiance très étrange en ces lieux. Par contraste, le centre-ville, épargné, redonne une touche de vie à cette ville dévastée. A la vue des chantiers pharaoniques qui se dressent tout autour de la ville, je ne peux néanmoins m’empêcher de m’interroger : est-ce raisonnable de reconstruire ainsi dans des lieux où la nature a visiblement décidé de chasser l’homme ?

Dans un premier temps, je décide de gérer le complément de mon ravitaillement destiné aux quatre prochains jours, mais je dois composer avec le seul supermarché du centre, qui n’offre pas de quantités adaptées au marcheur itinérant : 450 grammes de pain, 500 grammes de semoule, 500 grammes de muesli, 250 grammes de fromage et 125 grammes de barres énergétiques et me voilà avec plus de 1,8 kg supplémentaires sur le dos sans pour autant avoir une nourriture très diversifiée ; le tout à des prix quelque peu prohibitifs.

J’enchaîne ensuite par un repas sur la terrasse d’une pizzeria, ce qui me permettra de faire une charge de téléphone. La batterie de mon Xiaomi Redmi Note 7 commence à vieillir et s’épuise plus rapidement qu’auparavant. Malgré cela, une utilisation raisonnée (mode avion 90 % du temps, cartographie avec exceptionnellement GPS, photos et quelques messages à des proches) me permet de tenir sur mes réserves, d’autant plus que ma batterie externe Nitecore NB 10 000 tient la route, avec une bonne capacité de stockage, m'offrant ainsi suffisamment d'autonomie pour cette randonnée de huit jours.

A la suite d'un repas plutôt copieux et d'une heure trente de pause, je reprends la route qui démarre sur du bitume. Cet itinéraire est assumé car le détour qui m’aurait permis de rejoindre davantage de verdure impliquait 200 mètres de dénivelé sur 1 km. Je cherche le moindre effort en ce début d’après-midi assez chaud. La piste redevient un peu plus sauvage après quelques kilomètres et offre de belles vues sur le parcours.

80qLx3xsI.Piste-aprs-SMDV.jpeg
Piste après Saint-Martin-de-Vésubie

Après un lieu-dit nommé « Le Bioulet », j’affronte une montée assez raide, sous un soleil qui ne faiblit pas en ce milieu d’après-midi. En haut, je me fais la réflexion que cet endroit serait un bon point de bivouac, avec une vue sur la vallée en contrebas, un terrain plat et de la végétation pour limiter la condensation.

80qLBWMOe.Bivouac-J4-Mercantour.jpeg
Un bel endroit pour bivouaquer

Je continue de marcher jusqu’à une source qui se trouve à cinq minutes de là et assez vite, l’idée fait son chemin de revenir en arrière pour m’arrêter où j’étais, puisque l’alternative serait de poursuivre avec une descente puis une remontée et de viser une cabane non gardée, sans aucune certitude de l’état dans lequel elle se trouve. Un bivouac à proximité d’une source d’eau abondante, ça ne se refuse pas.

Je m’arrête vers 16h30, profite du paysage et vaque à diverses occupations avant de monter ma tente en fin de journée.

80qLKyNhT.La-vue-au-crpuscule.jpeg
A l'approche de la tombée du jour

Dernière modification par Clem_Ly (01-11-2022 00:35:27)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#16 03-11-2022 14:39:27

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

J5 : Jeudi 20 octobre : Des hauteurs de Saint-Martin-de-Vésubie aux hauteurs au-dessus de la Bollène-Vésubie – 23 km, 1457 m de D+, 1502 m de D-

L’emplacement m’ayant évité toute condensation, le repliage des affaires se fait rapidement aujourd’hui. Exceptionnellement, j’ai mis un réveil à 6h30 en prévision d’une journée plus longue que les précédentes, où je me laissais porter par mon horloge naturelle, avec un lever vers 7h10.

Je me fais plaisir sur les quantités du petit déjeuner du fait de mon conséquent ravitaillement de la veille. Le muesli aux fruits rouges déshydratés me donne l’illusion de vrais fruits, faute d’en avoir pris hier par manque de place.

Le début de la journée n’est pas technique mais la descente vers Berthemont-les-Bains nécessite de la concentration car entre les feuilles mortes qui masquent les pierres et les bogues de châtaignier, je manque de glisser et de m’étaler de tout mon long à plusieurs reprises ! Je ne suis pas mécontent de m’être arrêté hier avant cette section, car la fatigue m’aurait potentiellement fait commettre des erreurs d’inattention.

80uUI5ygu.J5-Mercantour-au-matin.jpeg
Couleurs automnales au petit matin

80uUNal2T.Badminton.s.jpeg
Un match de badminton d'anthologie a du se jouer ici...

80uUQx6EL.Ruisseau-J5-Mercantour.jpeg
Ruisseau sur le chemin au-dessus de Berthemont-les-Bains

Par la suite, la montée vers Belvédère se fait dans une ambiance forestière, en balcon, et sous une légère grisaille.  La cabane que je projetais éventuellement de rejoindre hier se trouvait finalement assez loin et se révèle guère accueillante, très sombre, avec un sol en terre battue et quelques planches surélevées en guise de sommier. Ça ne vaut clairement pas mon emplacement de la veille.

80uV5O62C.Refuge-avant-Belvdre.jpeg
Une cabane où je n'aurais pas aimé passer la nuit...

80uW7v6b2.au-dessus-de-Belvdre.jpeg
Vue depuis le chemin avant Belvédère

La ville de Belvédère porte bien son nom car elle se trouve surélevée au centre d'une vallée et donne à voir sur tous les paysages alentours.

80uUXZtnp.Belvdre-au-loin.jpeg
Belvédère, au loin

80uVhIAXa.Clairire-avec-chapelle.jpeg
Clairière avec chapelle avant de rejoindre Belvédère

80uW1k2aI.Chemin-autonome.jpeg
Ambiance automnale sur le chemin

80uVm4t7V.Vers-le-centre-Belvdre.jpeg
Vers le centre de Belvédère

J'atteins ensuite La Bollène-Vésubie après successivement une montée, une redescente et une nouvelle montée qui me font travailler les mollets.

Difficile de retranscrire en photographie l'atmosphère de village et de calme de ces deux cités, avec leurs ruelles qui partent en tous sens. Je prends plaisir à les explorer.

Je fais une pause à la Bollène-Vésubie car une dernière montée m'attend pour rejoindre le lieu de bivouac que je me suis fixé, en surplomb de la ville, à un peu plus de 500 mètres de dénivelé positif. Je prends le soin de prendre au passage mes 3,4 litres d'eau réglementaires (2,4 Ldans mon Evernew pour le bivouac et 1 L que je m'autorise à consommer d'ici mon arrivée) dans une fontaine. J'ai repéré une zone plate avec en prime, un abri qui pourra me servir soit à y dormir selon son état, soit à y passer la soirée.

En y arrivant vers 17h00, je découvre un abri ouvert très propre et décide d'y dormir sans monter la tente. Je vérifie au préalable la présence ou non de déjections animales pour éviter toute mauvaise surprise nocturne, mais rien à signaler de ce côté-là.  Je repars sur mon système polycree matelas quilt mais cette fois je ne mets pas le Sol escape bivy lite pour comparer le niveau de condensation que j'émettrai cette nuit par rapport à celui du 3ème jour.

80uVQ3g5z.Vue-bivouac-J5.jpeg
Vue depuis le bivouac (La Bollène-Vésubie au premier plan en bas, Belvédère au second plan à droite)

80uVShVsq.abri.jpeg
Mon hôtel abri pour ce soir

Dernière modification par Clem_Ly (03-11-2022 14:43:12)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#17 06-11-2022 10:10:58

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Avec un temps de retard, voici la suite du récit.

J6 : Vendredi 21 octobre : Des hauteurs de La Bollène-Vésubie aux Granges de Cuous – 26,4 km, 1476 m de D+, 1784 m de D-

Pendant la nuit, j’entends un bruit très proche à la croisée du couinement et du cri. Je suis quasiment certain qu’il ne s’agit pas d’un bruit de souris d’autant plus que je n’entends aucun bruit de pas et que l’architecture de l’abri ne laisse pas vraiment de place à leur installation. Confortablement emmitouflé dans mon quilt, je n’ai pas spécialement envie de me lever pour vérifier. J’allume toutefois ma lampe frontale et, j'attrape l'un de mes bâtons qui maintient le polycree à ses extrémités avant de frapper la paroi de tôle pour voir si cela créée du mouvement. Calme plat. J’exclus définitivement la piste d’un éventuel rongeur et suppose qu’il s’agit d’un oiseau dans un arbre à proximité. Le « couinement » rythmera la nuit un bon moment.

Vers les premières heures de la nuit, c’est la pluie qui s’invitera par un léger tambour sur le toit, qui aura plutôt l’effet de me bercer. C’est l’occasion de constater qu’il est heureusement étanche !

La semaine était jusqu’à présent si radieuse que je n’ai pas pris la peine de vérifier la météo depuis mon départ. Au réveil, la pluie continue et je ne me presse pas pour prendre mon petit-déjeuner et remballer mes affaires. Je regarde les prévisions du jour, qui m’annoncent des averses éparses et de la grisaille.

Vers 8h00, la pluie s’est arrêtée et je démarre par une piste qui me mènera au col de Turini, assez sinistre par ce temps et en l’absence de toute âme-qui-vive. J’enchaîne avec une montée raide de 170 mètres de dénivelé positif pour atteindre la cime de la Calmette à 1 786 mètres d’altitude qui offre une vue très dégagée, qui paraît-il, donne à voir une montagne corse à l’horizon ! En cette journée grise, la visibilité est grandement réduite, mais les pigments de couleur qui se détachent des forêts devant moi constituent un magnifique paysage malgré le temps.

80zp3HejW.IMG_20221021_101612.jpeg
80zp7Gtx2.IMG_20221021_101618.jpeg
Points de vue depuis la cime de la Calmette

La cime est battue par le vent et je commence à me refroidir, aussi mets-je polaire, veste imper-respirante et gants pour me tenir chaud après cette pause contemplative.

Je dois désormais rejoindre le village de Moulinet en serpentant sous le couvert arboré de cette section de moyenne montagne. Les arbres me protègent tout du long de la descente des averses qui reprennent petit à petit. Vers midi, je m’arrête à l’occasion d’une accalmie pour ma pause repas et découvre, au moment de repartir, un commerce ouvert que je crois être un café et qui s’avère être une chambre d’hôtes, « Sous les carillons ». Je n’ai pas pour habitude de promouvoir tel ou tel établissement dans lequel je passe, mais l’accueil y a été tellement sympathique, alors que je devais être le seul client à des kilomètres à la ronde, que je me permets de le souligner ici. Café, dessert maison et discussion avec la gérante autour d’un poêle fraichement allumé pour moi me permettent de faire le plein d’énergie pour l’après-midi qui m’attend. Avant mon départ, elle me propose même spontanément le plein d'eau pour la suite de mon parcours, ce que j'accepte volontiers.

Je compte aujourd’hui avancer un peu sur mon programme prévisionnel, d’une part pour me donner un peu de marge pour attraper mon train ce dimanche, d’autre part parce que j’aimerais visiter le vieux Menton, voire Nice également si j’ai le temps.

Une première piste assez douce me fait monter jusqu’à la chapelle Saint-Michel, puis se poursuit avant de me faire bifurquer sur un petit sentier plus intéressant, en surplomb des monts et forêts.

80zpjt0cS.IMG_20221021_144055.jpeg
Sentier vers les Granges de Cuous

Arrivé aux Granges de Cuous, je continue mon chemin car je prévois de bivouaquer vers la Cime de Penas, que j’ai repéré sur ma carte. A l’embranchement qui y mène, je constate que le panneau indicateur ne la mentionne pas mais j’aperçois en revanche des cairns qui signalent le début du sentier. Qu’à cela ne tienne, je m’y lance ! Et c’est là que je débute la discipline du Naturex. Qu’est-ce que le Naturex me demanderez-vous ? Eh bien c’est le volet « nature » de l’Urbex, c’est-à-dire emprunter un sentier depuis longtemps abandonné par l’homme. Si les premiers mètres paraissent praticables, plus j’avance et plus la végétation a repris ses droits, m’obligeant à jouer au sanglier pour atteindre le sommet. Je peste à l’encontre du chemin, retourne sur mes pas, retrouve une trace, hésite à nouveau… Tout cela me prend du temps pour arriver en haut pour constater que certes, le terrain est plat, mais c’est aussi un simple promontoire rocheux tout lisse sur lequel il est impossible de planter ma tente. O joie !

80zpsuYE0.A-la-recherche-dun-chemin.jpeg
A la recherche d'un chemin

80zpHrhs5.IMG_20221021_161942.jpeg
Sommet de la cime de Penas

Je me décide à redescendre par le chemin précédemment emprunté, en inventant une variante bien malgré moi sans avoir compris comment, qui me ramène à mon panneau indicateur de départ. J’ai bien perdu 45 minutes pour cet aller-retour de 100 mètres de dénivelé. Un peu fatigué et ne repérant aucun véritable plat plus loin sur lequel je pourrais m’installer, je décide de rebrousser chemin vers le dernier lieu qui me paraissait pouvoir accueillir ma tente : les Granges de Cuous, à environ 2-3 km de là. En effet, le ciel commence à devenir menaçant et je préfère jouer la carte de la sécurité tant que je suis encore un minimum en forme, sans avoir à me demander où je pourrais m'arrêter.

Sur le retour, la pluie revient à la charge alors qu’elle était la grande absente de l’après-midi et celle-ci redouble au moment où j’atteins mon point de chute, en même temps que le vent se lève. Ayant bien l’impression que la tendance va se maintenir, je monte mon bivouac à cet endroit, ce qui n’est pas aisé à cause de l’effet combiné des éléments et notamment du vent. Le sol est particulièrement dur pour de la terre et je suis contraint de ne pas pouvoir y enfoncer totalement mes sardines. Quelques cailloux par-ci par là vont m’aider à consolider le montage, mais cela ne me permet toutefois pas de tendre la toile de tente de manière optimale.

Je me glisse dans la tente au moment où la météo forcit encore. Je fais un rapide point sur la météo et compare deux applications. Sur "La Chaîne Météo", quelques averses, tandis que "Météo Blue" annonce des pluies conséquentes, des rafales à 35 km/h et un risque d'orage. Je vous laisse deviner vers quel scénario je me dirige !

À l'abri, je place d'abord l'ensemble de mes affaires de bivouac à l'intérieur de la tente avant de faire une toilette plus minimaliste qu'à l'accoutumée, avec juste mon gant de toilette et un peu d'eau versée au compte-goutte avec mon BeFree.

Je prépare ensuite matelas et couchage avant de me préparer à manger précautionneusement sous l'abside.

Un défaut de l'Aeon Li c'est justement un léger manque de place sous les absides. Y faire tenir mon sac à dos à l'abri de la pluie s'avère compliqué et de fait, il essuiera un peu d'eau pendant la nuit.

Pendant la nuit, pluie et vent vont alterner à un rythme régulier. L'endroit où je suis est exposé et le vent fait battre la toile de ma tente qui tient étonnamment bien, considérant mon montage de fortune. Par réflexe, je tiens parfois mon bâton de marche, qui sert de mât, face aux rafales, mais il est solidement ancré et ce n'est clairement pas nécessaire. Malgré la pluie et le vent combiné, je ne subis aucun "splash effect", une bonne chose.

Le bon côté de cette météo exécrable, c'est que le vent balaie littéralement toute velléité de condensation et le lendemain, je me réveillerai dans une tente quasiment sèche.

Pour l'heure je ne dors pas au milieu de ce déluge et quelques éclairs très espacés viennent illuminer le ciel, sans qu'aucun coup de tonnerre n'éclate. Le grand spectacle doit se jouer à quelques kilomètres de là, sur la mer.

Vers 2h30, le vent lance un dernier baroud d'honneur qui fait sauter les deux sardines situées aux extrémités arrière de la tente. La pluie s'est par chance arrêtée depuis un moment et je peux aisément sortir pour refixer le tout et renforcer les sardines avec davantage de pierres pour les sécuriser.

Le vent faiblira après cela avant de revenir légèrement vers le début de matinée, ce qui m'offrira ma plus longue période de sommeil de cette nuit.

Dernière modification par Clem_Ly (10-11-2022 14:48:18)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#18 10-11-2022 00:54:32

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

J7 : Samedi 22 octobre : Des Granges de Cuous au refuge Patrick Gambino – 20,7 km, 1487 m de D+, 1325 de D-

La nuit a été courte mais au matin, le soleil est de retour au loin, visible depuis mon promontoire.

80FacyXAu.IMG_20221022_075606.jpeg
Vue des Granges de Cuous au matin

Comme expliqué précédemment, mon sac à dos (en ultra 200), pas totalement abrité de la pluie, a été un peu arrosé mais je suis satisfait de voir que mon scellage des coutures a fait le job : ni eau ni humidité à l’intérieur.

Ce n’est pas le cas de mes affaires de jour, entre la transpiration et l’humidité, elles n’ont pas eu la moindre chance de sécher, aussi je les renfile juste avant de me remettre en route d’un pas rapide.

Une fois de retour à l’embranchement menant à la cime de Penas, je poursuis ma route et découvre quelques petits endroits plats qui auraient peut-être pu me servir de bivouac la veille. Tant pis pour moi, c’est le jeu !

80FaktcEQ.IMG_20221022_092517.jpeg
Au loin, les Granges de Cuous

80Fao8TNI.IMG_20221022_092933.jpeg
"Escalier" rocheux sur le chemin

La descente vers Sospel est mal entretenue et pas mal de ronces viennent me chatouiller à mon passage. A cela s’ajoutent des pierres et un sol bien trempés qui manquent à plusieurs reprises de me faire glisser. A l’approche de la ville, un riverain passant en voiture m’indique que la route est coupée du fait d’un éboulement un peu plus loin et qu’il me faut passer par les hauteurs des quartiers résidentiels. Effectivement, en zoomant sur ma carte, je m'aperçois qu'une section de route semble coupée. Je n’avais pas spécialement prévu ce détour trop bitumé à mon goût ! Je presse le pas en mode pilote automatique jusqu’à rejoindre le centre-ville, où je redécouvre la « civilisation », en tout cas la foule qui va avec.

Face à la profusion de commerces, mes restes de pain, saucisson et fromage font pâle figure et je finis dans une boulangerie avec un sandwich plus appétissant et un pain au chocolat une chocolatine (si je ne veux pas me fâcher avec les locaux). J’en profite également pour refaire un léger ravitaillement de barres énergétiques. Dans un café, la serveuse m’avertit que l’eau coule assez peu dans les environs ; je lui demande par conséquent un plein d’eau et me charge déjà de mes 3,4 litres d’eau en prévision de ce soir.

J’ai en effet repéré deux points d’eau d’ici mes points de bivouac potentiels, mais je ne leur accorde qu’une confiance limitée : un robinet apparemment au milieu de nulle part, et une source signalée au milieu de bois.

Je termine ma grosse heure de pause par un petit tour dans les ruelles de Sospel puis c’est parti pour 1 000 mètres de dénivelé positif : pour ce soir je vise le Grand Mont, ou Monte Grammondo pour les italiens, car il se situe à la frontière entre France et Italie.

Dans la première montée à la sortie de Sospel, un convoi de bonshommes en tenue orange défile avec une quantité impressionnante de sangliers dans leurs remorques. Aurais-je atteint la fameuse région du Bouchonnois ? D’une piste caillouteuse, le chemin se transforme ensuite heureusement en sentier sous les arbres.

J’atteins le robinet repéré précédemment sur ma carte. Il s’agit d’une fontaine, quasiment sèche. Un minuscule filet d’eau en sort mais ce n’est pas avec ça que j’aurais pu me ravitailler. Plus loin, c’est la potentielle source d’eau qui fait également défaut, rien ne coule et seules quelques mares grisâtres rappellent sa présence passée. Je suis bien content d'avoir fait le plein à Sospel.

80Fav1kII.IMG_20221022_134126.jpeg
Fontaine tarie, je ne boirai pas de ton eau

Je prends une petite pause au col du Razet après avoir avalé quasiment 700 mètres de dénivelé puis rejoins le col Bassa avant de monter au Grand Mont, pas si grand que cela puisque d’une hauteur de 1 379 mètres d’altitude. Le sentier est copieusement piétiné par un troupeau de brebis qui stationne dans les parages et que je croise d’ailleurs sur ma route, avec leur berger. Si le repérage du chemin à suivre en est facilité, il est cependant plus difficile à pratiquer, tout étant encore bien boueux.

80FaBqE9z.IMG_20221022_151613.jpeg
Sur le chemin du Grand Mont

En haut la vue est particulièrement belle mais le vent sauvage me dissuade finalement d’y passer la nuit, d’autant que je ne distingue aucun plat où planter ma tente. 

80FaIoPdQ.PANO_20221022_154153.jpeg
Vue depuis le sommet du Grand Mont, côté français

80FaTIOEK.IMG_20221022_154731.jpeg
Vue depuis le Grand Mont, côté italien

Ce n’est pas un souci, car même si je suis un peu déçu de ne pas pouvoir dormir sur un dernier « sommet » pour cette traversée, j’ai déjà un plan B préparé à l’avance : le refuge Patrick Gambino, un peu plus bas en Italie. Je descends le Grand Mont part son versant italien, sur un sentier quelque peu effacé mais qui reprend une forme un peu plus consistante plus bas.

80FbcGXLc.IMG_20221022_160424.jpeg
Dans la descente vers le refuge Patrick Gambino

Je croise une curiosité sur ma route et me demande bien comment elle a pu en arriver là vu le terrain et les chemins alentours.

80FaXEHOW.IMG_20221022_161510.jpeg
Stationnement gênant

Après une bonne demi-heure, j’arrive enfin au refuge. Le spot est très sympathique mais en été il doit y avoir trop de monde pour que ça soit vraiment agréable. Ce soir, il est à moi tout seul et je m’installe non loin dudit refuge, sous un arbre, avant de prendre place sur la table et le banc sous l’auvent - grand luxe - pour un repas de fin de séjour où l’objectif est de manger tout ce qui peut l’être avant le retour. Je m’y applique avec soin !

80Fb3MQGd.IMG_20221022_162554.jpeg
Refuge Patrick Gambino

80Fb78DqL.IMG_20221022_170026.jpeg
Dernier bivouac

Je flâne enfin dehors jusqu’à ce que la lumière du jour faiblissante m’empêche de lire. Quelques dizaines de minutes après m’être couché, et alors que la pénombre s’installe, j’entends des bruits de pas assez rapides, suivis de plusieurs souffles et quelques jappements et aboiements secs, très courts.

Un chien dans un endroit si reculé ? Et où est son maître ? Je lève la tête mais ne vois rien. J’envisage ensuite la possibilité d’un chien errant, ce qui ne m’enchante guère quand soudain, tout doute se lève : le « chien » lance un long hurlement, puis deux puis trois. Au loin, ses congénères répondent de part et d’autre et leurs hurlements résonnent dans les montagnes environnantes.

Mon rythme cardiaque s’accélère fortement en comprenant qu’il s’agit bel et bien d’un loup qui me rend visite ! Je me raisonne et me calme, sachant qu’il s’agit d’un animal qui craint l’homme et ce d’autant plus lorsqu’il est solitaire. Ma présence a d’ailleurs certainement du le déranger, j’imagine qu’il ne devait pas s’attendre à me croiser ici au vu de la faible fréquentation des lieux. Ceci étant, allongé dans mon quilt en pleine nature, sans réseau (pour je ne sais quelle raison, je ne capte pas ici), je ne fais pas spécialement le fier. Je profite néanmoins pleinement de ce moment privilégié car j’apprécie la chance que j’ai d’assister à un tel spectacle de si près. Quel dommage de ne pas l’avoir aperçu, mais je suis déjà très heureux de finir ce séjour sur une telle note.

En tout et pour tout, cela aura duré une dizaine de minutes avant que le loup ne s'en aille, mais je suis ensuite excité comme une puce et j'aurais du mal à m’endormir. Plus tard, je serai à nouveau réveillé par des hurlements, mais cette fois-ci un peu plus lointain. Quelle superbe nuit !

Dernière modification par Clem_Ly (10-11-2022 00:55:12)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#19 10-11-2022 02:33:58

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 03-10-2019

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Merci pour le récit ! Superbe expérience que cette proximité avec les loups... eek J'aurais aussi eu du mal à trouver le sommeil roll

Clem_ly a écrit :

Mon rythme cardiaque s’accélère fortement en comprenant qu’il s’agit bel et bien d’un loup qui me rend visite ! Je me raisonne et me calme, sachant qu’il s’agit d’un animal qui craint l’homme et ce d’autant plus lorsqu’il est solitaire.

Cet été, en passant à Colla Bassa, j'ai discuté avec un berger qui parquait ses moutons au col. Il m'a raconté que la semaine précédente, il avait pu observer un loup qui passait à une cinquantaine de mètres de lui, tranquillement, sans lui prêter la moindre attention, et ce, en pleine journée. Apparemment, les loups se manifesteraient de plus en plus en journée. Ceci dit, le berger en question semblait prendre les choses avec un certain recul. Cela m'a également étonné d'apprendre qu'il ne dormait pas près de l'enclos où ses moutons étaient enfermés pour la nuit. Il descendait par la piste dormir à une bergerie située quelques kilomètres plus loin et semblait assez serein quant au sort de son cheptel. Il faut croire que les loups doivent trouver autre chose que des brebis à manger dans le coin (des sangliers peut-être ? puisqu'ils semblent être assez nombreux par là lol ).

Dernière modification par Ruz boutou (10-11-2022 02:35:41)


Moins on porte, mieux on se porte !

Liste lighterpack 2022

Hors ligne

#20 10-11-2022 09:38:22

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Je n'imaginais pas que les loups se montraient aussi peu farouches en journée !

Quand j'ai repensé à l'enclos et à sa clôture sommaire, qui servait à parquer les brebis que j'ai croisé, je me dis que les loups n'avaient pas grand effort à faire pour se servir.

Le coin devait être effectivement bien fourni en gibier car le lendemain j'ai croisé plusieurs chasseurs.

Dernière modification par Clem_Ly (10-11-2022 09:38:41)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#21 11-11-2022 12:39:54

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 03-10-2019

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Clem-Ly a écrit :

Quand j'ai repensé à l'enclos et à sa clôture sommaire, qui servait à parquer les brebis que j'ai croisé, je me dis que les loups n'avaient pas grand effort à faire pour se servir.

Effectivement, l'installation est assez rudimentaire :

80HzBUfIn.IMG_20220815_192359_695.s.jpeg


Moins on porte, mieux on se porte !

Liste lighterpack 2022

Hors ligne

#22 11-11-2022 14:01:34

06chamois
Membre
Lieu : Là-haut
Inscription : 13-11-2018

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

J'apprecie, une partie de ton parcours se trouve " sur mon terrain de jeux ".

Quelle chance pour le loup .... même  pas une petite photo ????

Moi j'en entends mais je n'arrive pas à  en voir même 1 seul.


La montagne entretient à la fois la tête et le corps, alors plus d’hésitation = vive la randonnée  big_smile

Mon trombi :   https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=35338

Hors ligne

#23 11-11-2022 20:32:21

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

06chamois a écrit :

#670358J'apprecie, une partie de ton parcours se trouve " sur mon terrain de jeux ".

Quelle chance pour le loup .... même  pas une petite photo ????

Moi j'en entends mais je n'arrive pas à  en voir même 1 seul.

Eh non malheureusement pas de photos ! Il commençait déjà à faire sombre dehors et je n'ai pas voulu sortir de peur de faire fuir le loup.

J'ai essayé de le distinguer au travers de la toile de tente en cuben (un avantage à mon sens, on peut regarder tout autour de soi, même si la visibilité est un peu brouillée) mais même comme ça impossible de le voir.

Par contre il devait être à moins de 50 mètres, grand max, vu comment j'ai entendu distinctement les bruits de pas.

Un temps, je me suis demandé s'il ne s'intéressait pas à mon sac à nourriture, que j'avais eu la bonne idée de suspendre à un crochet sur une poutre de l'auvent du refuge. S'il a tenté quelque chose, ça devait être trop haut pour lui.


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#24 14-11-2022 14:14:17

Clem_Ly
Membre
Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

J8 : Dimanche 23 octobre : Du refuge Patrick Gambino à Menton – 14 km, 483 m de D+, 1499 m de D-

Ce matin, je me réveille, encore enthousiaste de l’évènement de la veille ; c’est vraiment pour ce genre de chose que j’apprécie l’itinérance en bivouac.

Mes affaires vite repliées, je dévore mon restant de muesli en guise de petit déjeuner et, ce faisant, mon sac à nourriture devient ridiculement léger. Un chasseur passe avec ses chiens, juste avant mon départ et nous nous saluons de loin. Je prends note de me signaler un minimum sur mon parcours car d’autres doivent être dans les parages.

Du refuge, je rebrousse chemin vers le Grand Mont mais bifurque rapidement vers le col du Trètore qui me ramène sur le GR 52, avant le col Bassa, où je croise quelques chasseurs et retrouve les brebis de la veille. Mon visiteur d’hier soir ne semble pas être passé par ici.

Le GR 52 alterne ici entre quelques montées et de la descente, surtout de la descente en fait. Vers le Vieux Castellar, une aire de repos en libre-service est aménagée par une association, qui fait de la permaculture. Une affichette signale l’absence d’eau entre Sospel et Menton, ce que j'ai pu constater par moi-même, mais il me reste suffisamment d’eau de la veille, environ 1L, pour terminer la petite journée qui se présente devant moi. Un écriteau précise que « les chiens sont gentils » mais au vu des aboiements continus entendus depuis tout à l’heure, il faut croire que l’un d’entre eux s’est levé de la patte gauche, aussi je préfère ne pas tenter ma chance et de poursuivre ma route. J’esquive peu après un serpent, couleur terre, qui dort sur le sentier.

Sur mon chemin, j’aperçois distinctement la mer malgré la grisaille de ce début de matinée, qui la fait se confondre avec l’horizon. Je croise quelques ruines d’habitation ou de cabanes de bergers ainsi que de nombreux balcons herbeux et relativement plats, qui sont autant d’invitation au bivouac.

80MrIIqqf.IMG_20221023_090937.jpeg
Vue sur la mer avec balcon

80MrL1b9H.IMG_20221023_092349.jpeg
Ruines

80MrOdpWV.IMG_20221023_100307.jpeg
Une belle pelouse qui semble propice au bivouac

L’une de mes dernières grimpettes est un détour au roc de l’Orméa, à 1132 mètres d’altitude, où je croise une famille des environs en promenade dominicale, avec qui je papote le temps d’une pause, pas mécontent de retrouver de la compagnie humaine. Je surplombe Menton mais aussi Castellar et au loin Monaco. Des drapeaux de prière tibétains sont accrochés ici, c’est plutôt curieux.

80MrUL6eh.IMG_20221023_100836.jpeg
Vue depuis le Roc de l'Orméa

La descente à partir d’ici est caillouteuse et le dénivelé négatif se fait franchement sentir sous mes pieds ; je préfère largeur l’effort lent et mesuré d’une montée aux rapides à-coups d'une descente.

80Ms273a5.IMG_20221023_103019.jpeg
La descente raide vers Menton commence bientôt

Je fais un détour par le Monte Carpano, sans grand intérêt puis finis mon parcours sur un sentier de plus en plus dégradé et sale, jonchés de déchets et d’une quantité impressionnante de vêtements, peut-être laissés par des migrants en quête d’un refuge en France ? Tant la saleté des lieux que mes pensées dirigées vers les tristes destins de ces personnes qui fuient leur pays me donnent un léger cafard. L’autoroute de La Provençale en fin de parcours achève ce tableau décidément peu reluisant.

J’atteins enfin le bord de mer de Menton, ce qui me redonne un peu le moral, et je me pose assez vite en terrasse d’un restaurant pour avaler un double burger bien mérité au soleil !

80Ms4GHVc.IMG_20221023_122153.jpeg
La mer, enfin ! Le soleil ne va pas tarder à faire son apparition...

Je consacre une bonne partie de l’après-midi à visiter le vieux Menton, que je conseille fortement. Passée la place de la Conception, les ruelles sont désertes et j’y déambule au gré de mes envies.

80Ms7JsOg.IMG_20221023_140029.jpeg
Le calme d'une ruelle de Menton

Je rejoins ensuite Nice où je m’aventure également dans ses vieux quartiers, avant de revenir en région parisienne en fin de soirée.

Fin du récit !

Liste et retour d’expérience matériel à suivre.

Dernière modification par Clem_Ly (14-11-2022 14:50:05)


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

Mon Trombinoscope et mes récits

Hors ligne

#25 14-11-2022 14:54:40

pogo
Membre
Inscription : 27-03-2017

Re : [Récit + liste] Une traversée du Mercantour - du 16 au 23/10/2022

Encore un joli voyage Clem-Ly, merci de nous le faire partager.

Une question : pourquoi avoir préféré le GR 52A au 52 : manque de temps, crainte de la neige... ?

Et quelle chance ce concert lupin. A lire : Manières d'être vivant de Baptiste Morizot. On ne sait pas grand-chose de ce qui passe entre le loup, les patous et les brebis et Morizot évoque des comportements stupéfiants, loin des idées reçues. Il évoque l'expérience sensible de l'écoute du hurlement du loup, la tienne donc !, et développe une belle et à mon avis importante philosophie.

Hors ligne

Pied de page des forums