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#1 29-01-2011 20:06:57

jeronimo
Membre
Lieu : Paris
Inscription : 04-03-2007

Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Ascension de la voie normale de l'Aconcagua: récit d'une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres d'altitude

ATTENTION à ne pas minimiser les risques de cette ascension: sur la voie normale, chaque année des gens meurent de froid ou d'oedèmes liés à l'altitude. L'expédition racontée ici a été préparée pendant deux ans après une première reconnaissance du terrain sur place, par un randonneur très entraîné, ayant déjà utilisé son matériel à des altitudes ou des froids extrêmes. JE DECONSEILLE D'ENTREPRENDRE UN PROJET SIMILAIRE SANS LA PREPARATION ADEQUATE ET SANS DISCUSSION AVEC DES GENS QUI L'ONT DEJA FAIT.

LE PROJET :

Il s'agissait d'appliquer les principes de la marche ultra-légère à l'ascension de l'Aconcagua, sommet argentin de 6960 mètres d'altitude et point culminant des Amériques, dans un contexte où le modèle encouragé est l'expédition ultra-lourde.
Celle-ci suppose de monter aux camps de base avec des convois de mules et aux camps d'altitude avec des porteurs ; grâce à ces mules et à ces porteurs, les ascensionnistes peuvent emporter un équipement surabondant calqué sur celui qui est nécessaire aux expéditions himalayennes ; tout cela implique un séjour sur place de deux à trois semaines. Ce modèle est vendu par des entreprises locales et des organisateurs d'expédition du monde entier, dont certains flattent leurs clients en prétendant sans aucun fondement que les 7000 mètres de l'Aconcagua équivalent à un 8000 mètres de l'Himalaya… Le modèle de l'expédition lourde prise en charge par une entreprise est également favorisé par l'administration du parc, qui voit en cela une garantie de sécurité.
Cependant, à la suite d'une visite aux camps de base de la voie normale et de la face sud en 2008 et d'un certain nombre de récits glanés sur Internet (notamment celui-ci), j'ai été convaincu qu'il était possible de suivre un modèle alternatif, plus économe en temps et en matériel et plus écologique car laissant beaucoup moins de traces dans la montagne, pour les raisons suivantes :
-    l'Aconcagua est un trekking peak, la voie normale permettant d'accéder au sommet en marchant, sans escalade ;
-    la montagne se trouve dans un environnement tellement aride que la voie normale peut être entièrement déneigée ; en temps normal, en été, on ne trouve sur le chemin que quelques névés gelés qui exigent d'utiliser les crampons au dessus de 6000 m. ;
-    cela permet aux andinistes les mieux acclimatés et les plus rapides de faire l'aller-retour entre le camp de base et le sommet (2700 m. de dénivelé) dans la même journée : le record de vitesse serait de 5h aller-retour ; pendant que j'étais sur place on racontait qu'un porteur venait de faire l'aller-retour en 7h avec des chaussures de course ; et le dernier jour j'ai rencontré un Allemand qui venait de le faire en 12h, avec des chaussures d'himalayisme à double coque ;
-    enfin, la présence de l'administration du parc, assez efficace, et le camp de base de Plaza de Mulas permettent de s'appuyer sur certains services et d'offrir une bonne sécurité ; il existe un service de visite médicale aux camps de Confluencia et Plaza de Mulas, où les médecins sont généralement accueillants ; à ces deux endroits, ainsi qu'au camp de Nido de Condores (5400 m), la présence des gardes du parcs et des gendarmes de haute montagne permet de se renseigner sur la météo, de signaler son passage, de discuter un brin ; enfin, le « village de tentes » de Plaza de Mulas offre plusieurs possibilités de se restaurer et d'acheter des victuailles ou du combustible, ainsi que de communiquer par internet ou téléphone ; lorsqu'il est ouvert, on peut même dormir au refuge-hôtel.
Les défis ne sont donc pas dans l'isolement qui impliquerait une grosse logistique pour l'approvisionnement et la sécurité, ni dans les conditions techniques d'escalade ou la présence de neige, de glace, de sérac ou de crevasses qui obligeraient à emporter un matériel lourd et long à mettre en œuvre, comme avec les « 8000 » de l'Himalaya.
Les difficultés de cette ascension se limitent à quatre (et c'est déjà beaucoup), par ordre d'importance : 1) l'altitude (à 7000 m. il n'y a que 50% de l'oxygène disponible au niveau de la mer), 2) la variabilité météorologique incarnée par l'omniprésence et la violence du vent et par le risque de tempête de neige, 3) le froid variant selon les deux premiers facteurs, 4) la déshydratation (il faut absorber minimum 4 à 5 litres d'eau par jour).

J'ai donc imaginé la possibilité de faire le sommet en solo et en indépendant, en huit jours, avec un équipement minimal que je porterai toujours moi-même. Cet équipement devait avoir une grande polyvalence pour me servir de +20°C (entrée du parc) à -40°C (sommet) et me donner l'autonomie nécessaire pour m'orienter, m'abriter, m'alimenter et m'hydrater. La seule chose contre laquelle cet équipement ne pourrait rien, c'était le mal des montagnes. Celui-ci se prévient avec un programme d'acclimatation, qui allait avoir des conséquences sur mon autonomie, dans la mesure où il fallait correctement calculer le nombre nécessaire de rations journalières d'alimentation (et de combustible, ce que j'ai sous-estimé).
Mes principaux choix en matière d'équipement furent les suivants :
-    étant donné l'aridité, choix du duvet pour l'essentiel de mes protections thermiques ;
-    la combinaison de vêtements prévue pour évoluer au sommet devait servir à doubler la capacité thermique de mon sac de couchage Walden 400 prêté par l'ami Peyo ;
-    choix d'une unique paire de chaussures pour l'ensemble du trajet depuis l'entrée du parc jusqu'au sommet, grâce à un modèle destiné à la randonnée hivernale et à la raquette à neige (vendu par son fabriquant comme protégeant jusqu'à -32°C) ;
-    pour faire fondre de la neige et obtenir de l'eau, utilisation d'une casserole de 90cl avec un réchaud à cartouche déportée (pour retourner celle-ci quand le butane se liquéfie en dessous de zéro) ;
-    port d'une ceinture-banane (la « patmobile » offerte par Patbald) protégée sous ma doudoune le jour du sommet, pour conserver à l'abri du gel une poche à eau de 2 litres permettant de m'hydrater via une pipette ;
-    sous-vêtements en laine mérinos, non seulement parce que c'est chaud et léger mais aussi parce que c'est ce qui sera le moins irritant et sentira le moins fort après une semaine sans se laver (finalement, je n'ai fait que deux micro-toilettes de chat).
J'ai discuté assez longuement ces choix avec les camarades Patbald et Peyo, chacun ayant une expérience précieuse : le premier de la très haute altitude, le second du matériel ultra-léger poussé à ses limites extrêmes. Grâce à des années de pratique de randonnée engagée ou à des sorties-tests les plus proches possibles des conditions que j'allais rencontrer, je connaissais tout le matériel emporté, à une seule exception près qui fut une erreur de débutant : mon sac à dos, trop petit.

L'ensemble du matériel utilisé est présenté et commenté dans une autre discussion ouverte dans la rubrique dédiée:
https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=15576

Préparatifs physiques :
-    Sur les conseils de Patbald, en septembre j'ai fait un examen d'hypoxie (effort en atmosphère simulée à 4800 m.) dans le service spécialisé en médecine de montagne du CHU de Bobigny ; c'est là qu'on m'a recommandé de prendre du Diamox en traitement préventif du M.A.M., à partir de la veille de mon arrivée à 4000 m.
-    Entraînement : j'ai ajouté à mes trois ou quatre heures hebdomadaires de course à pied une ou deux heures de montée-descente des escaliers de Montmartre, deux mois avant mon départ pour le Chili.
-    Lors du week-end précédent mon départ pour l'Aconcagua, j'ai fait une sortie dans les Andes (massif du Plomo, qui culmine à 5450m.) avec l'objectif de monter le plus haut possible et de camper à plus de 4000 m., pour commencer mon acclimatation et pour tester une partie de mon matériel. Je suis parti de l'altitude 3000 m. pour faire une belle balade sur une longue crête ; le vent a forci toute la journée, au point que je n'ai pas réussi à planter ma tente (abri MSR Twin Sisters) au premier endroit choisi vers 4400 m. Replié à un endroit que je croyais abrité sur une vire en contrebas d'une paroi, j'ai pu amarrer la tente solidement, avec un petit muret de pierres, à 4330m. J'ai pu faire fondre mon eau, dîner et me coucher tranquillement, mais une demi-heure plus tard, la tente a été arrachée et déchirée par le vent, tandis que mes bâtons qui servaient de mats s'envolaient dans la paroi ! J'ai dû replier mes affaires à toute vitesse et repartir dans le crépuscule (il était 20h30, à proximité du solstice d'été) pour retrouver une heure plus tard un abri de secours en métal que j'avais repéré en montant (alt. 4000 m.). Cet abri de trois places était déjà occupé par… trois personnes, qui se sont serrées pour me faire de la place. Après une nuit inconfortable et bruyante, il faisait -10°C et le vent ne se calmait pas lorsque j'ai décidé de retourner à la voiture et de rentrer plus tôt à Santiago. Bilan : côté négatif, une tente et un sac à dos déchirés (que j'ai réussi à réparer ensuite correctement avec du duct tape), des bâtons à racheter, une sourde inquiétude sur le rôle du vent dans mes futurs campements à l'Aconcagua ; côté positif : je n'avais emporté qu'un pullover coupe-vent (Montane Fireball), qui a suffi à me protéger des mauvaises conditions rencontrées, couplé à un maillot en laine mérinos, à une paire de gants moyennent isolés et à un bonnet sealskinz.

Journal d'expédition : 19-26 décembre 2010

Comme mentionné dans mon récit de 2008, depuis Santiago il faut 7 à 8 heures de bus pour rejoindre Mendoza, la ville argentine où l'on peut acheter le permis d'ascension de l'Aconcagua ; la route passe devant ce sommet, à peu près à mi-chemin… Une autre chose qui fait râler les Chiliens, c'est qu'ils payent le permis au même tarif (750 USD, alors qu'en 2008 c'était 450 USD…) que les étrangers des pays riches, prix presque trois fois plus élevé que pour les Argentins.
En prenant un bus de nuit, je suis arrivé à Mendoza à 6h du matin, j'ai pu faire les démarches dans la matinée puis reprendre un bus pour arriver à Puente del Inca, le hameau à l'entrée de la vallée de l'Aconcagua, vers 14 h. Je me suis installé à l'Hostal El Nico, aussi rustique, sympathique et presqu'aussi inconfortable (au moins il y avait de l'eau chaude) que son voisin en 2008. Puis j'ai loué un vélo pour l'après-midi, pensant contribuer ainsi à mon acclimatation, mais il y avait un tel vent que j'ai fait demi-tour après une heure de montée.

(J1) Dimanche 19 : il fait beau mais vent très fort toute la journée, je suis un peu nerveux

-    Un jeune couple d'Argentins m'emmène en voiture au Centro de visitantes de Horcones depuis l'Hostal où nous logions ensemble.
-    8h30, altitude 2850 m.  : contrôle du permis à l'entrée du parc et début de la marche avec un sac d'approximativement 11 kilos (photo 1 prise en fait à la sortie : le sac à dos ne pèse plus que 6 kg) ; je suis très concentré, je ne pense pas à grand-chose et je ne laisse pas tellement les émotions émerger devant ce qui m'attend (photo 2) ; bref, je suis un peu tendu à l'idée de ce que je vais tenter.

Photo 1 : l'attirail

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Photo 2 : l'entrée dans la vallée de Horcones, dominée par la face sud de l'Aconcagua

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Photo 3 : la vallée de Horcones à la hauteur de Confluencia (3400 m.)

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(J1) Dimanche 19 : suite

-    10h15, alt. 3300 m. : camp de Confluencia (contrôle du permis et visite médicale) ; je rajoute 2 litres d'eau au litre que j'avais déjà ; mon sac arrive donc à 13 kgs.
-    10h40, départ de Confluencia avec un fort vent de face (40 km/h, rafales à 70km/h)
-    14h, la vitesse du vent diminue, son sens change sans arrêt ; je suis frappé parce qu'il y a un peu de végétation, là où il n'y avait rien dans mon souvenir (photo 3).
-    15h, désormais, j'ai le vent dans le dos ; je me rends compte que je n'ai pas encore vu de convois muletiers, qui pourtant étaient nombreux sur ce trajet quand je l'ai fait en 2008.
-    17h, alt. 4300 m., camp de base (CB) de Plaza de Mulas (contrôle du permis) ; je retrouve avec plaisir l'environnement grandiose de ce cirque de haute montagne ; la moraine latérale occupée par le CB me paraît moins chaotique que lors de ma visite ici en 2008, suis-je plus tolérant ou y a-t-il plus d'ordre ? Installation de mon camp dans un emplacement payant de l'entreprise Inka (5 dollars pour un bout de moraine, l'accès au WC et à un robinet d'eau filtrée : le luxe ! Photos 4 et 5)
-    Total : parcours de 8h30 tout compris pour une distance de 33 kilomètres et un dénivelé positif de 1600 mètres ; le vent m'a secoué et je n'ai bu que 2 litres depuis Confluencia.
-    Je suis pressé d'aller en altitude, mais je suis assez confus au sujet de mon programme ; du coup, je fais mon dîner avec l'un des repas lyophilisés pourtant réservés pour plus tard. Je ne suis pas très loin de la tente des porteurs, ils écoutent de la musique, fort et tard. Néanmoins, cela me paraît moins gênant que l'ambiance du CB en 2008.

Photo 4 : mon emplacement dans le camp de base de Plaza de Mulas

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Photo 5 : l'intérieur dépouillé d'un abri M.U.L.

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(J2) Lundi 20 : belle journée, je me sens bien, je commence à frétiller

-    6h15 : mon thermomètre indique -6,5°C. La nuit a été très ventée, la tente a fait beaucoup de bruit.
-    7h20 : début de la montée sur la face ouest de l'Aconcagua (photo 6)
-    11h45 : arrivée à l'altitude 5400 m. (camp de Nido de Condores) ; il n'y a pas beaucoup de vent, il fait un temps parfait, le camp est installé sur un col tellement large qu'il s'apparente plutôt à un plateau, l'ambiance est magnifique ; on voit très bien une bonne partie du chemin d'ascension qui suit. Les vues sont extraordinaires (photo 7), j'aime beaucoup cet endroit qui est à la même altitude mais ne ressemble pas du tout à mes deux volcans préférés, le couple mexicain mythique Popocatepetl-Iztaccihuatl, totem de la naissance de mon fils.

Photo 6 : la voie normale sur la face ouest de l'Aconcagua

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Photo 7 : Panorama depuis le camp de Nido de Condores (5400 m.)

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(J2) Lundi 20 : suite

-    12h25 : après mon pique-nique, début d'une descente tranquille
-    14h25 : arrivée au CB
-    Dénivelés 1100 m. positif (4h25) et négatif (2h).
-    18h : passage à la visite médicale ; problèmes !  sad Les toubibs considèrent que le Diamox que j'ai pris depuis hier est une erreur car c'est un puissant diurétique, qui fait que je ne retiens rien de l'eau que je bois et que je suis complètement déshydraté, avec une tension trop basse. Ils m'interdisent donc de suivre le programme prévu (monter demain matin à Nido de Condores) et veulent me revoir le lendemain, après interruption du Diamox et repos. Je suis furieux, contre le médecin français et contre moi, car je n'avais jamais rien pris contre le mal des montagnes et je l'ai fait ici pour la première fois en essayant d'être sérieux…
-    Ce soir, je me paye un dîner chez Inka, en compagnie de 5 sympathiques catalans, manifestement pleins d'argent et avec une vision assez consumériste du monde ; excellente et énorme escalope milanaise avec purée, que je ne réussis à finir que difficilement.

(J3) Mardi 21 : journée variable, qui commence mélancolique, « chaude » et ensoleillée et qui finit enthousiaste, nuageuse et enneigée

-    6h15 : il fait -3,5°C, la nuit a été peu ventée, la journée verra passer les nuages
-    je fais la grasse matinée au fond de mon duvet jusqu'à 8h30 (du repos ont dit les toubibs !) ; j'ai mesuré combien j'ai uriné cette nuit en utilisant une bouteille : 1,5 litres ; je maudis le Diamox et j'ai peur du temps que je vais mettre à me débarrasser de ce poison…
-    9h-12h : visite du fond du cirque (alt. 4400 m.), dans un état d'esprit un peu mélancolique en admirant la face ouest de l'Aconcagua en face de moi (photo 6) ; au retour, lézardant au soleil sur les marches du refuge-hôtel (pas encore ouvert pour la saison), je fais la connaissance de don Tato, propriétaire d'une des entreprises d'expédition présentes au CB.
-    Depuis ce matin, j'ai bu 1,5 litres et uriné seulement 250 ml, je commence à me tranquilliser et je vais voir les médecins à 12h45 : ils confirment que les indicateurs sont bons (tension normale) et me disent que je peux aller camper au camp Canada à 4800 m. (ouf !)
-    14h : je lève donc mon camp, passe laisser quelques bricoles en dépôt à Tato, et repars vers le haut tandis que le ciel se couvre. Mon sac fait environ 11kg dont 3L d'eau et 2,3kg de nourriture ; je me sens en pleine forme physique et morale ; je dépasse allègrement le camp Canada après une heure trente de montée… En fait l'emplacement de camping est minuscule, et déjà bondé d'une dizaine de tentes les unes sur les autres…
-    17h : le vent accélère, la neige commence à tomber, je me couvre.
-    18h : j'arrive au camp Nido de Condores au milieu d'une petite tempête de neige
-    Après avoir bien installé la tente dans un creux où le vent souffle beaucoup moins fort que sur le plateau, je fais une sortie pour remplir un grand sac de neige (pour faire de l'eau !), pisser un bon coup avant de m'enfermer, et prendre une photo de mon campement pour vous montrer que tout ça c'est un jeu sérieux ! (photo 8)
-    Faire fondre la neige pendant de longues minutes, ça réchauffe l'ambiance sous la tente…
-    Pour bien dormir, j'y mets les grands moyens, à l'exception de ma doudoune : ce sera donc l'occasion de tester les chaussons et le pantalon en duvet à l'intérieur du sac de couchage, dans lequel me tiendront aussi compagnie la lampe frontale, l'appareil photo et ses batteries, la bonbonne de gaz et trois litres d'eau dont un est bouillant dans la gourde Nalgène ; ça fait du monde mais on est bien tous ensemble…

Photo 8 : campement à Nido de Condores

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(J4) Mercredi 22 : belle journée, assez ventée, mon exaltation croît avec l'altitude

-    06h15 : je regarde mon thermomètre, il fait -19°C, je reste dans mon duvet…
-    08h15 : on est toujours à l'ombre, mais il fait beau et je pars me promener avec la doudoune ; en fait, je vais tout droit jusqu'à une petite crête qui sera la première au soleil ; on y arrive à peu près en même temps lui et moi, et je profite des rayons pour me réchauffer, en attendant que le campement sorte de l'ombre, 45 minutes plus tard.
-    10h15 : c'est beaucoup plus facile de replier une tente et lever le camp quand le soleil donne, même s'il fait encore -9°C à l'ombre ; je pars alors de Nido de Condores pour le camp suivant, pas très loin…
-    12h, j'arrive au camp Berlin (alt. 5800 m.), qui est donc un peu plus haut que le point culminant que j'avais atteint en compagnie de mon meilleur ami en 1989 au Citlaltepetl (Pico de Orizaba, alt. 5700 m.)… 21 ans et toute ma vie de père de famille entre ces deux sommets… Contrairement à ce que j'avais lu, il n'y a pas seulement un refuge inutilisable, mais aussi deux utilisables. Ce qu'on appelle ici « refuge » correspond à des cabanes en bois de la taille d'une grande tente, sans aucun aménagement ou équipement, ce qu'on appellerait plutôt en Europe « abri » ou « bivouac » : je pose ma tente à proximité du plus grand et je piquenique ; je suis absolument seul et absolument heureux, le soleil brille, la vue est fabuleuse depuis cette sorte de balcon rocheux (photo 9).

Photo 9 : Le camp du refuge Berlin (5800 m.)

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-    13h, je vais me balader et je rejoins le camp Coléra qui est tout proche, à la même altitude, mais bellement installé sur un étrange petit plateau lunaire sur la face nord du Cerro ; aucune tente n'est installée.
-    Vers 17h, alors que je lézarde dans ma tente surchauffée (miracles de l'effet de serre : -4,5°C à l'ombre dehors, +30°C à l'intérieur !), arrive une patrouille de la gendarmerie de haute montagne à la recherche d'un randonneur dont ils n'ont plus de nouvelles ; ils veulent repartir avec moi, il faut d'abord les convaincre que je ne suis pas Igor (mais non, mais non) que j'ai probablement croisé en montant alors qu'il descendait sur une autre sente (oui, avec un haut beige et un petit sac à dos rouge), puis que j'ai bien le permis qui me permet d'être ici (mais si, mais si), que je vais bien et que je me sens capable de rester seul (si, si). Ils repartent en me disant que le temps va se dégrader et qu'une tempête est prévue pour le lendemain, je leur promets que je passerai les voir à Nido de Condores en redescendant.
-    La température chute, les nuages s'amoncellent, et je passe toute la soirée à faire fondre de la neige : pour obtenir un litre d'eau (pas chaude) il me faut une demi-heure de gaz, je me rends compte que je n'ai pas fait correctement mes calculs concernant mes besoins en combustible.
-    La tempête arrive pendant la nuit : le vent agite tellement la tente que c'est impossible d'y dormir, d'une part parce que ça fait un bruit infernal, d'autre part parce que je n'arrête pas de sursauter en croyant que le moment est venu où la toile va exploser ; épuisé par la trouille et le bruit, je déménage dans le refuge où je me repose enfin ; notre tente a cet immense avantage qu'il suffit de partir en enlevant les deux bâtons qui lui servent de mâts et il ne peut plus rien lui arriver, elle reste accrochée par terre…

(J5) Jeudi 23 : la journée des extrêmes, et moi qui tente (un peu) le diable

-    6h15, il fait -15°C dans le refuge… Mon gaz s'achève alors que j'ai pu faire réchauffer (pas bouillir…) 2 litres d'eau que je vais placer dans la banane que je garderai au chaud sous ma doudoune, avec une pipette qui me permettra de boire sans rien manipuler. A cette température on ne devrait rien faire sans gants, et pourtant il le faut sans cesse : batailler avec le zip de la doudoune, faire les lacets, ouvrir et fermer le sac à dos, se mettre de la crème solaire, verrouiller ou déverrouiller les gourdes, ainsi que le plus dangereux : allumer le réchaud et manipuler la popote ; les gants de soie sont là pour garder une motricité fine sans risque qu'une brûlure ne dégénère avec la fonte sur la peau des matériaux synthétiques de mes autres gants ; mais les gants de soie sont tellement fragiles qu'à force je les ai troués… Il m'en faudra deux paires la prochaine fois.
-    7h10 : je pars dans la tempête de vent, convaincu que je n'ai aucune chance d'aller très loin, mais désireux de vérifier si je peux compter sur mon précieux matériel en cas de besoin ; je porte donc mon équipement le plus extrême de la tête aux pieds, sauf le pullover Fireball.
-    8h15 : j'arrive au col de Piedras Blancas à 6050 m. ; je n'irai pas plus loin aujourd'hui, les bourrasques de vent ne me laissent pas avancer, j'en enregistre une à 106 km/h ; évidemment, si je restais ici, il y aurait des chances pour que j'en enregistre de plus fortes, mais je ne suis pas sûr de vouloir vous faire ce plaisir… Mon thermomètre dit que le froid ressenti est de -30°C. Mon équipement tient le choc, je n'ai froid nulle part, ni au nez, ni aux mains ni aux pieds, mais je redescends au refuge Berlin pour démonter la tente.
-    10h15 : je repars du refuge Berlin avec tout mon matériel et je descends à toute allure, avec le vent comme compagnon permanent.
-    13h05 : j'arrive assez abruti et assez content au CB ; je débarque chez don Tato et demande à installer ma tente dans son campement. Je déjeunerai, dînerai puis petit-déjeunerai ici ; je recommande les « hamburgers andins » et les pâtes à la sauce tomate, mais pas ses steaks/papas fritas (probablement une mauvaise huile) ni ses petits déjeuners (pain infect). Son café est un expresso moulu sur place, très bon (ce n'est pas un amateur de café qui parle). Si vous prenez une salade, assurez-vous d'être deux, voire quatre pour la terminer ; oignons crus, chou et maïs en grain : je suis sûr que c'est bon pour le montagnard plein de carences en vitamine et fibre, mais ce n'est quand même pas très digeste.
-    Tato est chef du service d'odontologie d'un hôpital public de Mendoza ; il a gravi l'Aconcagua pour la première fois il y a 40 ans, alors qu'il avait 18 ans ; depuis, il y est monté des dizaines de fois ; sa passion est telle que chaque année depuis plus de dix ans il prend trois mois de congé sans solde et s'installe au CB de Plaza de Mulas et fait tout dans sa micro-entreprise d'expédition (http://www.cumbresargentinas.com/) : la cuisine, l'accueil, le nettoyage et… la conversation ! Nous avons passé des heures à parler de l'Europe et de l'Argentine, du péronisme et de la globalisation, de Sarkozy et de la Russie, de la lecture et des enfants, du public et du privé…
-    Après avoir envoyé un message à ma douce grâce à la connexion internet satellite (il faut juste attendre 15 minutes que les panneaux solaires commencent à produire assez d'énergie), je cherche dans le CB quelle entreprise pourra me vendre un stick labial, car j'ai terminé le mien ; l'adorable cuisinière du campement Grajales m'offre le sien ! Puis je passerai le reste de l'après-midi et de la soirée sous ma tente, avec un livre prêté par Tato (« El legado de Mandela », de R.Stengel). Je n'ai pas trouvé le livre très bon, mais comme je ne savais pas grand-chose sur la vie de l'extraordinaire Nelson Mandela, j'ai appris beaucoup.
-    En tout cas c'était assez marrant de me rappeler des conditions du matin en me couchant le soir…. Le vent d'abord fort se calme, je dors bien….

(J6) Vendredi 24 : la plus belle journée, j'exulte

-    7h30, je petit-déjeune avec Tato en devisant sur la marche du monde et sur Mandela.
-    9h07, il fait -5°C, je laisse la tente plantée, et quitte le CB chargé de 3 litres d'eau, d'une nouvelle cartouche de gaz et d'un ravitaillement complet d'une journée, vendus par Tato. Mon sac est encore allégé (9,4 kg y compris 3L d'eau et 1,2kg de nourriture) car mon calendrier de retour et la météo ne m'offrent plus qu'une seule option : dormir au refuge Berlin ce soir, atteindre le sommet demain matin et redescendre au CB le soir même….
-    12h21, arrivée à Nido de Condores ;
-    13h55, j'arrive au petit refuge Berlin ; j'ai donc mis 4h50 pour monter le dénivelé de 1500 m depuis le CB (4300 m./5800 m.), soit 300 m. de dénivelé par heure, la moyenne utilisée pour calculer les temps de parcours en randonnée alpine… Cela me donne une confiance en moi qui me fera sous-estimer le temps nécessaire pour le reste du dénivelé, le lendemain !
-    Un Coréen est en train de piqueniquer à côté, tandis que deux matelas sont déjà installés dans le petit refuge, ce qui me laisse la troisième place où je me pose ; je sors à temps pour aider le Coréen, qui ne semble pas maîtriser l'anglais, à monter sa tente avant l'arrivée de ses compagnons, puis je fais une sieste sur mon matelas au soleil et à l'abri du vent (20-40 km/h) sur mon matelas (photo 10) ; il fait chaud (-4°C), d'autant que le vent va tomber dans l'après-midi.

Photo 10 : tenue de sieste à 5800 m.

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(J6) Vendredi 24 : suite

-    Comme je m'ennuie un peu, je retourne au Camp Coléra déjà visité le 22 ; cette fois il est plein de tentes, on voit bien que beaucoup de monde a repéré la bonne fenêtre météo et a décidé de monter demain ; je discute avec trois Australiens, amis d'enfance de Brisbane, puis avec un Californien, puis avec un guide probablement Bolivien pendant que ses compagnons probablement Argentins m'ignorent ostensiblement.
-    Au retour à Berlin, je discute avec une des Coréennes, informaticienne qui écrit des programmes de jeux pour Facebook à Séoul ; elle est déjà allée en France, mais uniquement à Chamonix, pour gravir le Mont-Blanc… Pas plus fou que ma première incursion en Argentine, uniquement pour aller au CB de l'Aconcagua ?
-    Pendant que mon eau chauffe et que mon repas lyophilisé s'hydrate, je grave un petit message à ma douce, avec mon mini-canif, dans la paroi du refuge, à l'exemple de dizaines de prédécesseurs ; ce doit être l'ivresse de l'altitude, car c'est la première fois de ma vie que je commets une telle dégradation !
-    Coucher du soleil tranquille, sans vent, douce chaleur dorée : c'est vraiment étrange d'être dans cette paix royale suspendu ici au dessus du monde ; à une centaine de kilomètres au nord de l'Aconcagua, le grand glacier sommital du Cerro Mercedario, culminant à 6700 m., devient de plus en plus rose-orange tandis que le reste des crêtes andines sombre dans l'obscurité. Ce moment magique s'imprime profondément en moi, je le porte désormais comme un tatouage interne, je me sens changé pour toujours. Je me rends compte seulement maintenant que cette ascension du point culminant des Amériques a une signification spéciale pour moi dont toute la vie adulte et professionnelle consiste en un va-et-vient entre la France et l'Outre-Atlantique.
-    C'est à ce moment-là que déboule un gars échevelé et hagard, qui me demande de lui faire de la place car il a le mal aigu des montagnes (MAM) ; je découvre que J. est français avant qu'il s'effondre sur son matelas. Peu après arrivent sa copine D. et quatre gendarmes de la patrouille de secours, ainsi qu'un médecin dont je ne sais pas s'il était là par hasard ; la consigne est que J. boive quatre litres (4 !) et redescende le plus vite possible au camp du dessous. Je sors ma gourde pleine d'eau chaude, qui était à l'abri dans mon duvet en attendant que je me couche, et je tiens compagnie à J., en l'empêchant de s'endormir et en lui rappelant toutes les dix minutes qu'il doit boire ; il grogne mais il le fait. Pendant ce temps, D. commence à faire fondre de la neige ; c'est long, elle convainc les gendarmes et le médecin qu'ils peuvent descendre à Nido de Condores et qu'elle les rejoindra là-bas avec J. dès que possible. Une fois les autres partis, nous discutons et j'apprends qu'ils ont atteint le sommet et que J. a souffert du MAM dans la descente ; celui-ci se ranime suffisamment pour avoir une idée que les non-malades n'avions pas eu : monter mon réchaud sur leur deuxième bouteille de gaz et accélérer le processus de fonte. J. va de mieux en mieux, son élocution s'améliore et il commence à participer à la conversation ; en revanche D. commence à craquer de fatigue et ils décident de rester à Berlin, tout en s'installant dans le grand refuge « pour ne pas te déranger », malgré mes protestations.
-    Je dors très mal, je me retourne sans cesse, mais ça ne m'alerte pas, car je n'ai encore jamais bien dormi à plus de 5000 m. d'altitude….

Photo 11 : l'ombre portée de l'Aconcagua au lever du soleil

1001_aconcagua11-20101225-0631.jpg

(J7) Samedi 25 : le grand jour, la dernière chance

-    4h30, il fait -10°C ; je commence à reconstituer l'eau chaude dont j'ai besoin tant pour prendre mon petit déjeuner (flocons d'avoine parfumés à la pomme, beurk) que pour ma poche à eau ventrale de 2 litres et pour ma bouillote d'un litre qui va rester ici dans mon duvet ; j'en profite pour chauffer 1,5 litres dans une bouteille que je dépose dans les mains de Jimmy après m'être assuré qu'ils sont réactifs tous les deux ;
-    6h, je pars pour le haut ; dès le début je me sens lourd, moins bien que le 23 ; alors qu'il n'y a presque pas de vent j'avance de façon millimétrique et sans penser à rien. Je retrouve le col de Piedras Blancas au moment où en part un groupe qui vient de Camp Coléra ; ça me fait du bien de les avoir en vue, je m'accroche misérablement ; les vues sont splendides avec le lever du soleil (photo 11) mais le cœur n'y est pas ; le corps pèse des tonnes.
-    Vers 9h30, je commence à désespérer lorsque j'arrive péniblement au col du refuge ruiné Independencia, où je retrouve les trois Australiens rencontrés la veille, qui me confirment que ce point est à 6350 m., alors que mon altimètre m'indique 6200 m. Ca veut dire que j'ai fait un peu moins de la moitié du dénivelé nécessaire et qu'au même rythme j'arriverai au sommet à 13h.
-    Je repars calmé et me concentre uniquement sur ma progression ; d'autant qu'il faut plusieurs fois mettre et enlever les crampons pour passer des névés gelés, ce qui me coûte à chaque fois, tout en m'appliquant à le faire correctement ; je m'astreins aussi à boire régulièrement ; ça marche, mon allure n'est pas mauvaise, je rattrape petit-à-petit le groupe devant moi ; je dépasse une personne arrêtée, je croise une autre qui redescend avec difficulté encordée à un guide ; mais je vais de plus en plus lentement ; l'itinéraire grimper en biais dans un éboulis instable où l'on redescend la moitié de ce qu'on monte à chaque pas.
-    Je termine cette « grande traversée » et arrive à l'entrée de la Canaleta, le couloir d'avalanche qui conduit sous le sommet, souvent décrit comme la principale difficulté de l'ascension (photo 12) ; je me hisse parmi les 5 ou 6 derniers membres du groupe précédent, qui sont allongés en train d'essayer de retrouver leur souffle ; il est 12h15, je fais une sieste de 15 minutes.

Photo 12 : l'aval de la Canaleta (6640 m.)

1001_aconcagua12-20101225-1236.jpg

(J7) Samedi 25 : suite

-    12h30 : j'ai assez repris de repos pour retrouver ma lucidité : c'est foutu, je ne peux plus faire le sommet si je veux respecter les consignes de sécurité que je me suis donné ; en effet, mon altimètre m'indique 6640 mètres, soit un dénivelé restant de 320 mètres pour la cime ; au rythme où je viens de monter, cela me prendrait 2 heures. Mon programme de sécurité impliquait d'être au sommet à 12h, pour pouvoir être de retour au CB à 18h… Je n'aurai pas résisté à tricher d'une demi-heure ou d'une heure avec ce programme, mais il n'est pas question de transgresser mes règles davantage alors que je n'ai pas bien maîtrisé le chronomètre jusqu'à présent. Il me manque moins la force de monter que le temps nécessaire. Une fois décidé, c'est tout de suite que je commence à descendre…
-    15h : j'arrive à Berlin en ayant mis 2h30 pour descendre les 800 mètres que j'ai mis 6h30 à monter… Je n'ai qu'une envie c'est de dormir, j'ai le temps de penser à l'état de J. hier soir mais deux choses ne sont pas comparables dans nos situations respectives : je suis bien hydraté et je n'ai pas de compagnon, donc il est impératif que je redescende. Heureusement il y a un groupe de Français en train de monter leur tente, je leur demande de me réveiller après une demi-heure et je m'écroule sur mon matelas dans le petit refuge.
-    15h30 : réveillé à temps, je bois, je mange, je fais mon sac et je pars à 16h.
-    19h : j'arrive péniblement au CB et demande à Tato si je peux dîner… avant de m'endormir sous ma tente, malgré l'envie de deux voisins brésiliens que je raconte en détail ce que je viens de faire….
-    Tato viendra me réveiller pour dîner avec lui. Il dit que j'ai bien fait de m'arrêter quand je l'ai fait ; il pense que le temps que j'ai mis est normal, qu'il faut compter 8h depuis Berlin ; il aurait donc fallu que je démarre à 4h du matin pour réaliser mon programme. Dans tous les cas il confirme qu'il fallait respecter le temps de retour. Il me raconte une fois épique où à la même saison il a été bloqué à Berlin par une tempête de neige qui a duré 4 jours… Il pense que je me suis bien débrouillé pour une acclimatation qu'il trouve exagérément rapide, avec une météo qui a été très favorable et un équipement dont il reconnaît la pertinence, sauf en ce qui concerne les chaussures : il ne démord pas de la nécessité d'avoir des doubles coques, alors que je reste convaincu de mon choix de chaussures souples et légères.

(J8) Dimanche 26 : le retour, la méditation, la sérénité, la satisfaction

-    Après un dernier petit déjeuner bavard avec Tato et mon contrôle de sortie, je pars vers 9h30 ; un énorme nuage lenticulaire sur l'Aconcagua annonce une période de mauvais temps, j'ai donc eu de la chance…
-    toute la descente vers la sortie du parc, je réfléchis à ce que je viens de faire ; je ne suis pas trop frustré de n'être pas arrivé au sommet ; l'expérience MUL a été menée au bout de toute façon ; j'ai vécu des moments extraordinaires ; et j'aime de plus en plus cet environnement montagnard aride, extrêmement minéral… Bon signe, je prends plein de photos en descendant sur le même chemin où je n'en ai pris presque aucune à la montée ! (photos 13 et 14). C'est presque avec surprise que j'observe la réapparition d'une végétation que je n'ai pas vue depuis une semaine… (photo 15).

Photo 13 : carcasse de mule vers 4100 m.

1001_aconcagua13-20101226-0953.jpg

Photo 14 : vallée de Horcones vers 3800 m.
1001_aconcagua14-20101226-1130.jpg

Photo 15 : végétation vers 3500 m.
1001_aconcagua15-20101226-1344.jpg

(J8) Dimanche 26 : suite

-    Le vent devient de plus en plus violent, les rafales dépasseront 50-60 km/h sur la fin du parcours. Je croise quelques convois de mules, ainsi que quelques randonneurs. En fait, au cours de la semaine écoulée, j'ai réalisé qu'il y avait une grande différence avec la fois précédente (première semaine de janvier), où la saison battait son plein avec un grand flux de mules et d'ascensionnistes et une ambiance de kermesse au CB. C'est pourquoi il vaut mieux venir en tout début de saison, quand il y a beaucoup mois de monde. Certes, il fait plus froid, mais cela ne m'a pas gêné ! Seul le vent a pu être pénible, mais ce n'est pas sûr qu'il y en ait moins deux semaines plus tard dans l'été. Grâce au vent ou au début de saison, il y a eu beaucoup moins de rotations de l'hélico que lors de mon dernier séjour.
-    15h30 : arrivé au poste de sortie du parc, je me fais prendre en photo par une gardienne (photo 1 !).
-    16h20, je suis de retour au hameau de Puente del Inca, et je passe à l'Hostal où j'avais dormi la nuit du 18 au 19, pour y récupérer le petit sac déposé avec quelques vêtements de rechange.
-    Le proprio me dit que le bus pour Upsallata passera dans quinze minutes. Mon projet est d'aller dormir là-bas, car on m'a dit que je pourrai y trouver des bus directs pour Santiago ; cependant, en entrant dans la cafétéria qui sert de salle d'attente, j'apprends qu'il est possible d'aller directement d'ici à Santiago, à 17h ! En attendant, je m'imbibe avec un cola et une soupe de lentilles… Dans le bus, je me sens vanné, je somnole, j'ai les yeux qui piquent, le nez qui saigne un peu, les lèvres qui brûlent, le bout des doigts insensible et le tour des ongles qui craquèle….
-    Mon bus arrive à Santiago à 21h, et avec un taxi (un arnaqueur) je suis à l'hôtel à 21h30 ! Le temps d'une douche, d'un courriel de signe de vie et d'un hamburger au bar de l'hôtel, j'irai dormir vers 23h, sans avoir le temps de réaliser que le matin même j'étais au CB à 4300 m. Je me réveillerai le lendemain vers 11h, et je serai abruti et courbaturé toute la journée, mais heureux ! Je consacrerai la moitié de cette journée à la mise au propre de mes affaires et de mon journal d'expédition, l'autre moitié à regarder la télé…

Photo 16 : les paliers d'ascension

1001_aconcagua16-paliers2010.jpg
Légende :
2700 m. = Puente del Inca (route, bus, auberges)
4300 m. = Plaza de Mulas (alimentation, eau, wc, télécommunications, médecins, gardes)
5400 m. = Nido de Condores (campement, gardes)
5800 m. = Berlin (abris de bivouac)
6000 m. = col de Piedras Blancas
6640 m. = entrée de la Canaleta

La prochaine fois…

J'y pense déjà, j'imagine y retourner, même si je n'en ferai pas une maladie si l'opportunité ne se présente pas… S'il y a une prochaine fois, je prendrai au moins 10 jours pour tenter le sommet en faisant la traversée par la voie normale de la face est, à laquelle on accède par le camp de base de Plaza Argentina, avant de rejoindre la voie normale de la face ouest depuis Camp Coléra, pour redescendre finalement à Plaza de Mulas. Cela implique plus d'autonomie, mais j'envisage sans problème d'augmenter le poids du sac avec de la bouffe ! De toute façon, j'emporterai de plus petites rations journalières car je n'ai pas réussi à avaler les 3000 kcals que j'avais prévues par jour… Évidemment, j'aurai plus de gaz.
Je suis très content de mon couchage et de mon habillement, ainsi que de mon système d'hydratation protégé. J'alourdirai mon équipement avec une deuxième paire de sous-gants de soie (ou laine), une paire de guêtres pour éviter les gravillons dans les chaussures et une frontale plus puissante pour ne pas hésiter à partir en pleine nuit. L'abri Twin Sisters est sans doute trop juste pour affronter les gros vents de l'Aconcagua : il faudra que je réfléchisse à une alternative (la Spectrum 23 chez The North Face ?).
J'emporterai aussi un gros livre, car l'acclimatation implique beaucoup de siestes et temps d'attente... Et puis, ça serait sympa de réaliser ce projet avec quelqu'un.

Pour conclure : ce que j'ai appris de mes quatre principales erreurs.

1)    On ne part pas avec un matériel qu'on ne connaît pas, surtout si l'on tente quelque chose d'un peu extrême où l'on joue avec ses propres limites : j'ai transgressé cette règle en emmenant le sac à dos Wanderer, alors que j'aurai dû me rendre compte avant le départ qu'il était trop petit pour tout ce que je voulais emmener.
2)    J'ai sous-estimé la force du vent et/ou la résistance de l'abri Twin Sisters.
3)    J'ai complètement oublié de calculer combien de temps il me faudrait pour faire fondre 5 à 6 litres d'eau par jour par des températures comprises entre -5° et -20°C ; je ne savais donc pas quelle quantité de gaz serait nécessaire et je n'en ai emmené que 250cl alors que j'en ai consommé 400 cl…
4)    J'ai commis l'erreur de calculer mon temps d'ascension entre 5800 et 7000 mètres en prenant ma vitesse entre 4300 m. et 5800 m.
Ces quatre erreurs sont des erreurs fondamentales, qu'un randonneur qui se prétend expérimenté ne devrait pas commettre. Elles n'ont pas eu de conséquences graves car j'ai toujours bénéficié de solutions de repli. Mais cela m'apprend que malgré l'expérience, je suis toujours susceptible de commettre d'assez grosses erreurs, et donc que je dois garder des procédures de sécurité qui empêchent les erreurs de devenir des catastrophes.

Liste commentée du matériel utilisé:
https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=15576

Modif: ajout de l'avertissement initial et quelques corrections

Dernière modification par jeronimo (01-02-2011 12:12:36)

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#2 29-01-2011 20:39:24

ambrose chapelle
*
Lieu : Nancy
Inscription : 12-10-2005

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Superbe récit ! Merci de nous faire partager cette aventure car c'en est une. La photo 10 a quelque chose de lunaire presque...


Il n'y a pas de mauvais temps, il n'y a que de mauvais équipement

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#3 29-01-2011 21:13:12

Iksarfighter
Voyageur nordique allégé
Lieu : Toulouse ou Ariège
Inscription : 18-05-2009

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Chapeau !
Merci pour le récit détaillé, il m'a scotché.

Ne pourrais-tu pas fondre ou préfondre de la neige dans la tente au soleil en l'étalant sur un Polycree en cuvette ? (Une idée comme ça).

Bon repos  wink


Randonnez en Norvège !

Plus on part doucement et plus on va loin !

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#4 29-01-2011 21:22:30

Nicodime
Membre
Inscription : 26-04-2010

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

J' ai adoré lire ton récit.

Merci de nous le faire partager.


«Peu m'importe qu'il soit blanc, noir, jaune ou indien. Il suffit qu'il soit un homme, il ne peut rien être de pire.»
Mark Twain

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#5 29-01-2011 21:28:09

DBL
Membre
Lieu : Bruxelles
Inscription : 23-03-2008

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

L'aspect Mul rend tout cela encore plus passionnant. J'ai bien aimé de te lire  smile.

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#6 29-01-2011 21:33:35

Ralf7500113
SpectActeur
Lieu : Où les vents me porteront
Inscription : 03-02-2010

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

On en rêve! Merci à toi!


"Une heure d'ascension dans les montagnes fait d'un gredin et d'un saint deux créatures à peu près semblables. La fatigue est le plus court chemin vers l'égalité, vers la fraternité. Et durant le sommeil s'ajoute la liberté."
Friedrich Nietzsche

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#7 29-01-2011 22:00:18

jeronimo
Membre
Lieu : Paris
Inscription : 04-03-2007

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Bonsoir à tous,
content que le récit vous ait plu!

@ Iksarfighter: ton idée de réchauffer la neige en bénéficiant de l'effet de serre dans la tente au soleil est à tester!

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#8 29-01-2011 22:09:56

cédric
Allez hop ... chargeons la MUL !
Inscription : 01-02-2005

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Que dire ... un récit magnifique pour une aventure superbe ! On sent que ce périple t'a marqué. Quelle expérience fabuleuse. Tes photos donnent envie d'aller "traîner ses guêtres" là bas  wink

Je trouve que tes retours d'expérience (que ce soit le récit de l'ascension ou bien la liste de ton matériel sur un autre fil de discussion) apportent un éclairage pertinent sur l'entreprise Mul dans ce type de "randonnée " (peut on d'ailleurs appeler ça randonnée ?) ou tu as rencontré des conditions assez éprouvantes (climat, altitude entre autre).

Tu as quand même du passer pour un extra terrestre aux yeux de certains j'imagine voire même fait quelques envieux.

Bref, un grand merci à toi pour ce récit.

Je m'en vais de ce pas léger le relire encore une fois  cool

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#9 29-01-2011 22:27:28

odinius
*
Lieu : Dans le plat pays
Inscription : 22-01-2006

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Super expérience.
On en avait parlé un peu en septembre dernier.
Merci de nous faire partager ton retour.


La Randonnée améliore l'être humain, si tous les hommes marchaient plus, nous n'en serions pas là.     

Ma galerie photo   Mon blog

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#10 30-01-2011 00:05:29

antoinepierre
Membre
Lieu : Avon-Fontainebleau
Inscription : 08-09-2010

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Chapeau !

Intelligence et humilité, bel exemple.

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#11 30-01-2011 00:43:43

oli_v_ier
Administrateur
Inscription : 24-01-2005
Site Web

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Pas mieux qu'Antoine Pierre: "Intelligence et humilité"  (sauf pour ton message gravé, mais on mettra ça sur le compte de l'hypoxie wink ).

Merci pour ce récit !


La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.

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#12 30-01-2011 01:04:00

Yann
MUL Pyrénéen
Lieu : Bordeaux
Inscription : 26-01-2005

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Intense ton aventure à l'Aconcagua ! ça donne envie d'aller au loin et d'aller en haute altitude... C'est quand même une autre dimension... les 6000 m  et les 7000m d'altitude !
La seule chose que j'ai réussi à faire dans les Pyrénées.... c'est déchirer la Twinsister :-)

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#13 30-01-2011 01:47:26

Guybrush84
Threepwood
Lieu : Aix en Provence
Inscription : 02-08-2010

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Un grand merci ! C'est superbement écrit, les détails sont là, les anecdotes aussi. Je l'ai vécu autant que lu.

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#14 30-01-2011 06:22:45

tomi
Qui ça ?
Lieu : Belledonne + Euskal Herria
Inscription : 02-09-2008

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Mes hommages !

Et merci pour ce récit détaillé et instructif.

thomas


Monsieur Miko, attendez, vous ne pouvez pas faire ça ! - Toi pas t'inquiéter, Miko pouvoir.  (Vuillemin)

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#15 30-01-2011 08:30:29

EriK31
aller à la fin du chemin
Lieu : la ville rose
Inscription : 01-11-2009

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Slt
super recit smile
super périple !  roll
super aventure ! cool
super mul  wink



chapeau bas l'artiste  big_smile

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#16 30-01-2011 10:40:20

Draven
Aller a l'essentiel..
Lieu : Jura
Inscription : 14-06-2009
Site Web

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Super récit, et beaucoup d'humilité dans tes mots, c'est très instructif. Et les photos sont magnifiques.


Réduire le sac, à défaut de pouvoir réduire son porteur...
FlickR

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#17 30-01-2011 11:07:23

ChP
Membre
Inscription : 13-09-2006
Site Web

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Belle aventure wink.

Mes commentaires ne pourraient être autres que la compilation de ce qui a déjà été dit.

Cordialement.

Pierre


Alzheimer mais ne se rend pas wink !

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#18 30-01-2011 11:47:07

Eddie1964
Voyageur UL
Inscription : 14-06-2009

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Superbe aventure et tellement bien illustrée.
En te lisant,j'avais tellement l'impression d'y être que je devais décompresser mes oreilles en te suivant dans ton ascension.
Félicitations pour ta lucidité et ton travail de préparation et d'écriture.

Je ne savais pas que les droits d'accès pour une ascension était aussi cher!!!


Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit,celui-ci voudrait souffrir en face du poêle et celui-là,croit qu'il guérirait à côté de la fenêtre!Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas et cette question de déménagement en est une que je discute sans  cesse avec mon âme!C.Baudelaire.

La vie est une aventure dont on ne sort jamais vivant (Alphonse Allais)

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#19 30-01-2011 11:56:56

taowen
voyages/randos/treks à pieds, vélo, ski...
Lieu : aube
Inscription : 07-06-2007
Site Web

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Seul, il faut oser. C'est sûr que ça doit donner de la sérénité quand on a fait ça. Qu'est-ce que c'est beau la haute montagne!

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#20 30-01-2011 11:59:27

highpictv
dit "Hichpyche"
Lieu : Talence, Bidart ou Aragnouet
Inscription : 01-06-2005
Site Web

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Très intéressant comme démarche et très instructif mais beaucoup trop border line et pas assez de marge de sécurité à mon goût. Je pense que tu as eu de la chance wink

Dernière modification par highpictv (30-01-2011 16:14:52)


- Mieux vaut être mort en vallée d'Aure que vivant en vallée de Campan (proverbe local) -
Mes randos dans mon trombino.

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#21 30-01-2011 12:17:27

Pascal35
Membre
Inscription : 17-03-2009

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Merci pour ton récit super intéressant.
Et félicitation pour ton aventure et ta prudence lucide !


Le mieux est l'ennemi du bien.

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#22 30-01-2011 12:19:31

fab05
Membre
Lieu : Vers Briançon (Hautes Alpes)
Inscription : 16-07-2008

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

Bravo pour ce beau récit plein de détails.

A ces altitudes, la clé c'est la vitesse donc le concept MUL appliqué ici prend tout son sens. Mais il y aussi et surtout l'acclimatation (en plus d'un affûtage physique de base bien sûr). A ces hauteurs on ne peut pas traîner.
Le problème c'est qu'il faut du temps. Il doit y avoir d'autres objectifs ou parcours dans le secteur pour bien s'acclimater.

Je me souviens de mon expérience dans la Cordillère Blanche avec un copain de cordée. On était autonomes, sans porteurs ni mules donc en mode alpin mais aussi, hélas, à l'époque, en mode mulet. On était entraînés mais au début du séjour, à 4500 m ça n'allait pas bien vite. Cependant on avait des semaines pour profiter, explorer et faire aussi des treks et autres "petits" sommets de quelques jours avant les plus hauts sommets.
A la fin du séjour, bien que chargés, on gambadait dans les 5000 comme en moyenne montagne dans les Alpes. Si bien qu'on a réalisé les plus hauts objectifs dans de bonnes conditions (mais au-delà de 6000 et sur la fin ça tire quand même évidemment).

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#23 30-01-2011 13:06:26

Iksarfighter
Voyageur nordique allégé
Lieu : Toulouse ou Ariège
Inscription : 18-05-2009

Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

jeronimo a écrit :

4)    J'ai commis l'erreur de calculer mon temps d'ascension entre 5800 et 7000 mètres en prenant ma vitesse entre 4300 m. et 5800 m.

C'est en effet une erreur importante, même moi qui n'ai jamais dépassé 2900m mais qui ai lu un peu je sais que les perfs physiques s'effondrent de façon exponentielle avec l'altitude.
Mais bon tu avais tellement de choses à préparer, et en solitaire, que ce détail s'est perdu dans la MULtitude wink

Dernière modification par Iksarfighter (30-01-2011 14:03:24)


Randonnez en Norvège !

Plus on part doucement et plus on va loin !

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#24 30-01-2011 13:07:41

ChP
Membre
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Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

fab05 a écrit :

...A ces altitudes ... Mais il y aussi et surtout l'acclimatation ...

Cela me semble fondamental.

Il y a quelques années lors d'un trek de six semaines au Ladakh, avec mon épouse et un ami, nous voulions faire un 6000. Nous en avons vu un sur notre chemin au bout d'une semaine. Rien qu'à voir comment on en bavait entre 4500 et 5000 m, on a abandonné cette idée. Au bout de quatre semaines, le mont Mata au bord du Tso Moriri et culminant à 6300 m nous tendait les bras. Bien acclimatés, cette fois, nous avons alors pu en faire l'ascension, bien que les 200 derniers mètres dans un pierrier furent très durs.

Cordilièrement ... euh, cordialement wink.

Pierre


Alzheimer mais ne se rend pas wink !

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#25 30-01-2011 14:17:32

sylsol
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Re : Aconcagua: une expérience M.U.L. jusqu'à 6640 mètres

très joli récit, une aventure que vous ne risquez pas d'oublier
la sagesse de renoncer à un moment donné, c'est aussi à cela que l'on reconnaît un vrai randonneur...


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