[Récit + liste] Une autre Corse: 34 jours d'itinérance

Phil67 · 13-08-2013 00:09:02

Nayana a écrit :

florencia a écrit :
sauf en Montagne de Cagna, le dernier jour où en plus, j’ai perdu ma boussole
Ah, je me disais aussi

C'est juste un teaser pour maintenir le suspens jusqu'à la fin !

florencia a écrit :

et certainement sans réseau téléphonique
Je n’ai même pas eu le réflexe de vérifier si cela passait
Randonnant la plupart du temps en solo, j’ai appris à ne compter que sur moi-même. Bien sur, en cas de blessure grave, il en aurait été autrement.

C'est clair.
Je me suis également trouvé dans une situation scabreuse l'hiver en solo en hors-pistes (c'est pas bien ) dont je me suis sorti par mes propres moyens après avoir tergiversé pour appeler le PGHM (pas trop le droit à l'erreur).
Après analyse à froid le mieux dans ce genre de situation où le téléphone passe encore serait d'appeler un tiers de confiance (sachant garder son calme) en lui exposant la situation (contexte, lieu, direction) avec une heure limite jusqu'au prochain point. En l'absence de nouvelles (aggravation de la situation ou perte de batterie ou de réseau), il pourra toujours décider d'alerter d'éventuels secours avec des informations précises.

florencia a écrit :

La difficulté était plus de savoir comment rallier le point A au point B : absence ou perte des cairns, sentes décelables mais envahies par la végétation, sentier qui devrait exister mais n’existe plus… il faut alors naviguer à vue ; plus difficile en forêt ou en cas de végétations plus hautes que soit. le relief est également très tourmenté et c'est vrai que si on rate le cheminement idéal, il est difficile de le retrouver par la suite.

Je me souviens de certains coins où la végétation et/ou le relief formaient des labyrinthes parsemés de fausses pistes d'animaux.
Sans point de repère visible et facilement identifiable ou GPS on a vite fait de s'engager dans une impasse sachant qu'il n'est pas toujours possible de couper au cap comme souvent en métropole.

guichen · 13-08-2013 00:19:42

Pour certains jours...tu avais photocopié des topos du Fabrikant ou uniquement à partir des cartes IGN...?
Car le Fabrikant est vraiment le must pour les randos hors GR...
Perso, j'emmenais les cartes...

florencia · 13-08-2013 09:58:53

Non, aucun topo, les cartes seulement.

J’ai cherché vainement, il y a 2 ans, le livre de Michel Fabrikant.
Malheureusement, il est indisponible définitivement et pas trouvé d’occasion.

Si quelqu’un le possède et désire s’en débarrasser. J’en ferais bon usage

Flo

florencia · 13-08-2013 12:53:15

Etape 27 – Bergeries des Pozzi – Pinzi Corbini – Bocca della Calle: chevauchée ratée

http://www.visugpx.com/?i=1374854837

Beau ciel bleu ce matin, je rejoins la crête au niveau du Rocher de Madonuccia
Avec une belle vue sur le Monte d’Oro

Direction la Punta Scarpiccia puis la Punta dell Oriente, arrivée aux alentours de 1900 m, je surveille le flanc ouest pour trouver la sente qui me permettra de traverser sous les Pinzi Corbini
C’est chose faite

Le cheminement est bien marqué et évident

Les pointes des Pinzi Corbini se découpent dans le ciel

Jeux d’équilibre précaire

Puis je tombe sur des marques de balisage rose fluo qui paraissent récentes
Malheureusement, elles me font regagner la crête plus tôt que prévu, entre 2 aiguilles

J’hésite puis me laisse finalement basculer flanc Est. la présence de névés complique l’avancée

La ligne de crête s’éloigne de plus en plus et je comprends que le balisage me conduit tout droit aux bergeries de Capannelle

Cela me coûtera 2 bonnes heures d’effort en hors sentier. Pfff !

Pour enfin rejoindre les crêtes

Pensant m’épargner une dépense d’énergie supplémentaire, je choisis de suivre une sente qui a l’air de contourner l’un des petits sommets.

Mauvais choix à nouveau ; je perds de l’altitude et dévie bien trop à droite.

Je tente de me diriger au cap , mais c’est sans compter sur le relief tourmenté et une succession de petites crêtes. La traversée entre rochers et aulnes est de plus en plus laborieuse, sans parler du vide sous les pieds. Une seule issue, remonter.. Belle économie d’énergie !...

Quand je reprends pieds sous le Monte Renoso, les nuages noirs font leur apparition suivis rapidement par la pluie.

Adieu sommet et crête de Pietradone. Ce sera pour une prochaine escapade en corse

Décidément, j’ai tout raté aujourd’hui

Plus le choix désormais, je descends à la Bocca della Cagnone dominant le lac de Vitalaca

La Bocca della calle est en vue, voie d’accès aux pozzi.
Encore faut-il pouvoir la rejoindre...

Nouvelle bataille dans les Aulnes, surtout sur la fin, avant d’apercevoir une aire herbeuse qui pourra accueillir mon bivouac.

Pour finir, la nuit sera elle aussi agitée. La colère éolienne fait suite à la pluie et l’abri est exposé aux 4 vents. La toile claque sous les assauts et je dois tenir le bâton de peur qu’il ne glisse.
Une soudaine rafale arrache un des piquets et fait chuter le bâton, m’obligeant à m’extirper de mon sac en urgence.
Impossible de retrouver la sardine, je m’en passe grâce à la technique des pierres d’Eraz (merci) avant de remonter la toile mais cette fois-ci avec mes 2 bâtons disposés en V inversé. Nickel pour la fin de la nuit, malgré les assauts répétés

Bref, super journée et super nuit

Dernière modification par florencia (19-09-2013 13:19:51)

Myrtille88 · 13-08-2013 18:03:28

Hello
Encore de belles pages d'aventures, j'aime bien tout de même la portion de gr20
mais surtout la pause avec le Berger,très sympa
J'aimerais bien (tu passes déjà tellement de temps à nous faire ce compte-rendu, en essayant d'éviter les fautes d'orthographe )te demander le détail de ta ravitaillement donnée en photo: j'y vois du pain, ok, des saucisses et des poudres... ?
et aussi dans les liens donnés visugpx est-il possible de visualiser l'itinéraire total pour avoir une idée de l'ensemble?

Myrtille

florencia · 13-08-2013 20:06:43

Pas de soucis Myrtille

Dans ce ravito :

Purée au lait
Semoule épices du monde
Mélange pignons de pins + raisins secs + reste tomates, poivrons séchés et oignons grillés
2 plaquettes de chocolat
1 crème dessert chocolat pour le soir de J1 et une compote pour le déjeuner de J2
un paquet de madeleine
reste de pain d’épices (donné par mes amis corses)
mélange amandes + noix + noisettes ( donné par mes amis corses)
mélange noix de cajou + cacahuètes
pain
saucisson
fromage
safran en sachets individuels trouvés à l’épicerie de calacuccia

Capture d’écran de l’itinéraire ajoutée page 1 poste 1 ( c’est un peu petit, mais j’ai fait ce que j’ai pu)

Flo

florencia · 14-08-2013 08:23:13

Etape 28 – Bocca della Calle – abri de Vizzilugo : Journée contemplative, enfin presque

http://www.visugpx.com/?i=1374854895

J’ai émis un souhait cette nuit. Une journée tranquille, contemplative et sans maquis

Vœu exaucé en ce début de matinée, le site des pozzi est tout à moi

Il y aura bien un saut à 2 pieds joints dans la boue mais qui ne viendra pas perturber ma bonne humeur.
Lavage des chaussures, semelles, guêtres et chaussettes dans une rivière puis fin de la découverte pieds nus sur un tapis herbeux doux et moelleux. Super agréable

A 10H00, j’entraperçois 2 groupes de 15 personnes arriver au loin dans ma direction. C’est le signal du départ en direction des crêtes de Scaldasole

Presque arrivée à la Punta Scaldasole, le sommet se recouvre peu à peu de nuages.

Décidément, le temps se gâte de plus en plus tôt…
J’irai malgré tout jusqu’à son pied, pour avoir une vue d’ensemble sur le site des pozzi et déjeuner tranquillement

Je poursuis par les crêtes

Jusqu’à la Foce d’Astra

J’avais envisagé, en miroitant sur les cartes et google Earth, de pouvoir gagner et suivre la crête jusqu’au refuge de Vizziluga.
Maintenant que je connais un peu mieux le terrain, je sais que cela équivaudrait à une nouvelle galère, dont je n’ai plus envie ; leur vue me confirme que cela ne serait pas raisonnable.

Je décide donc de rejoindre le sentier forestier plus bas, non sans faire du hors sentier, pour éviter la station de ski du Val d’Ese.
Il chemine, entre, d’un côté, une belle forêt d’hêtres et de l’autre des sapins Corses.
Ma carte indique, que je dois suivre la piste jusqu’à son extrémité et que démarre alors un sentier, en pointillé rouge sur IGN, menant à l’abri. Une pluie fine m’accompagne, mais sans être gênante.
Normalement tout devrait bien se passer, sauf que quand j’arrive à l’extrémité de la piste, c’est un cul de sac avec le vide au bout !
Pas le choix, je pénètre dans la forêt qui borde la piste

Il s’en suit une longue errance en tentant de garder le cap, et de ne pas perdre trop d’altitude. L’altimètre m’indique, justement, que le refuge se situe quelques 100m plus haut, mais où? Aucune idée, puisque je ne peux pas vraiment me situer sur la carte. Alors, je joue à saute mouton avec le relief.
Je finis par atterrir dans une clairière de fougères, plus propice à regagner de l’altitude, mais toujours aucune visibilité sur les hauteurs.

Je commence à épier chaque espace, où je pourrai planter ma toile, en cas de nécessité, mais rien de propice. Quand soudain, une apparition miraculeuse surgit, au profit d’une petite éclaircie. J’ai bien failli le louper!

Le refuge est top : avec matelas, table, banc et cheminée et une source située à quelques 200 m plus loin, balisée en bleu.
Je passerai une bonne soirée, à me sécher, au coin du feu

Dernière modification par florencia (19-09-2013 13:32:51)

Myrtille88 · 15-08-2013 14:39:22

merci Florencia pour tes précisions et
la vue de l'itinéraire général aide "à sortir la tête du maquis" ça me manquait, super!

je n'aurais pas penser à faire 34 jours en Corse,me disant que la Corse c'est plutôt petit, comment en es-tu venue à ce nombre de jours? ou bien l'avais-tu déterminé à l'avance?

très belle vue des pozzis combinée avec les moutons
les gros plans sont comme des jardins japonais, j'ai eu la même vision dans la Clarée en juillet, mais en moins grand

belle aubaine pour le refuge, je ne m'y attendais pas non plus! c'est plein de cachettes la Corse

Myrtille

florencia · 15-08-2013 18:02:59

Myrtille a écrit :

je n'aurais pas penser à faire 34 jours en Corse,me disant que la Corse c'est plutôt petit, comment en es-tu venue à ce nombre de jours? ou bien l'avais-tu déterminé à l'avance?

C’est marrant, je n’ai jamais envisagé ni vu la corse comme une destination courte.

J’ai plutôt du me limiter pour passer 2 jours, à la fin, avec la famille, venue me rejoindre à Propriano
Donc oui, c'était déterminé à l'avance

Peut-être parce que, quand je m’y suis intéressée, je me suis rapidement rendu compte de son potentiel au travers des sites de Corsica-Sauvage et des récits de Martin Pierre: certes une petite surface en km2, mais une variété et une richesse assez incroyable du Sud au Nord et de l’Est à l’Ouest.

J’ai déjà l’idée d’une seconde balade et je pourrais aisément tracer un nouvel itinéraire d’une même durée sans problème et sans repasser par les mêmes sentiers, même si quelques recoupements sont inévitables ou simplement par envie de revoir certaines personnes..

Maintenant reste à savoir si j’ai envie de me re confronter tout de suite au Maquis Corse ; ça, c’est une autre histoire la douceur des alpages est en balance pour l'année prochaine.

Flo

florencia · 15-08-2013 21:22:42

*

Dernière modification par florencia (15-08-2013 21:32:58)

florencia · 15-08-2013 21:33:18

Etape 29 – abri de Vizzilugo – Matalza : Parenthèse loufoque au son de chants polyphoniques

http://www.visugpx.com/?i=1374855177

Une journée qui se vit, plus qu’elle ne se raconte, mais bon , je vais essayer

Je quitte au petit matin, l’abri de Vizziluga

et suis une sente balisée jusqu’au col de Bottagio avant de plonger dans la vallée

Je retrouve l’ambiance paisible des petits villages Corses, de Tasso puis Giovicacce

Ses beaux sentiers forestiers

Des cochons noirs curieux

Une chèvre, perchée sur une tombe, en pleine discussion avec une de ses congénères

N’ayant trouvé le départ du sentier menant à u-Vergaju, je me retrouve sur un route tortueuse, au macadam brûlant, assommée par la chaleur accablante. Certainement la journée la plus chaude depuis mon départ. Quand une voiture ralentit à ma hauteur, je lui fais signe. Son occupante peut me déposer au carrefour précédant Les-bains de Guitera. J’accepte volontiers et à midi pétante, j’entre dans le snack – bar - terrasse du coin. Une bande de joyeux lurons est accoudée au bar autour d’un verre de pastis.
Je me prends un sandwich saucisson accompagné d’une pietra et file sur la terrasse pour profiter de la vue.
Les sources d’eau chaude sont juste en dessous, mais vu la chaleur torride, je suis plus enclin à rechercher la fraicheur et à m’éviter de marcher aux heures les plus chaudes.

Au moment de payer, le patron m’interroge sur ma destination. J’explique que je désire me ravitailler à Zicavo avant de monter sur le plateau vers Bassetta.

Ils font tout pour me dissuader, Tout y passe : l’argument de la chaleur, un sentier jusqu’à Zicavo dénué d’intérêt, une épicerie qui n’ouvre de toute façon pas avant 15H30, accompagné d’une proposition de m’y déposer en milieu d’après-midi. Je finis par céder devant cette véritable coalition et dépose mon sac

Je me prends un petit café pour patienter. L’ambiance est à la fête, 2 chanteurs polyphoniques doivent donner un récital ce soir et s’échauffent la voix pour mon plus grand plaisir

Le temps passe, on m’offre un second café mais « à la corse » en rajoutant un trait de gnôle. Aîe ! je sens que cela va être dur dur d’atteindre Basseta!

Soudain après un bref échange en langue Corse, tout le monde se lève et me fait signe de les suivre. A peine 2 km plus loin, on s’arrête devant un restaurant, tenu par un ami.
Je me retrouve attablée devant des beignets de légumes puis une belle pièce de bœuf et sa salade mixte. Le patron débouche une bouteille de Moulin à vent, vin de ma région, en mon honneur

Il est 16h00 lorsque le repas se termine. Nouveau signe de départ, Zicavo ? Non, on part… pécher. L’un d’entre eux, m’explique que ce qu’on va faire est un peu illégal. Je commence à m’inquiéter. Moi, sur le ton de l’humour : « A la dynamite ??? » Eux : « Non, quand même pas !. »
Je les vois déballer tout un bardât dont une batterie et des fils électriques. Je suis alors chargée de détourner l’attention de la meute de cochons agglutinée derrière la barrière d’accès à la rivière, à l’aide d’un énorme sac de pains rassis.
Une heure plus tard, une vingtaine de truite a été prélevée, non sans peine à remonter la rivière, puis on retourne au restaurant pour un 2° récital polyphonique.

Vers 18H00, je profite que 2 belges montent en voiture au refuge de Matalza, pour m’éclipser et quitter la bande de joyeux drilles

Au refuge, je retrouve « Chico » le gardien, rencontré un peu plus tôt au snack-bar. Je craque devant un sauté de veau et sa jardinière de légumes, mijoté par sa femme. Aujourd’hui, j’aurai plus mangé que marché

On parle du Gr20, des randonneurs, de l’ancien et du nouveau tracé, de l’accusation qu’il a subit, et toujours pas digérée, à propos de la destruction de la fameuse passerelle (au même titre que d’autres gardiens de la zone en question).

Il refusera que je paye sous prétexte que je n’ai pas pris le menu complet. Décidément, les Corses sont accueillants et généreux

Très belles lumières ce soir

Dernière modification par florencia (19-09-2013 13:38:39)

florencia · 16-08-2013 16:23:58

Etape 30 – Matalza – plateau du Coscione: Le Plateau de Coscione de long en large

http://www.visugpx.com/?i=1374855235

Ce matin, je décide de remonter vers le Nord jusqu’à la Bocca di l’Agnone, par où j’aurai du arriver hier…

J’emprunte tout d’abord le sentier, démaquisé par Chico, le long du sympathique ruisseau de Padulelli

puis le nouveau tracé du GR20 jusqu’au col avant de basculer de l’autre côté sur l’ « ancien » tracé dont le balisage a été rafraîchit récemment.

Peu avant la passerelle, je bifurque pour longer une zone de Pozzi jusqu’aux bergeries de Cavallera.

De vastes étendues, agréables à parcourir et aux couleurs chatoyantes

Je fais une pose à l’ombre d’un bosquet d’arbre, chacun cherche la fraîcheur comme il peut

Le maquis est de plus en plus dense et même s'il n'est vraiment pas haut, il devient difficile de progresser hors sentier

Je me résous à suivre la piste jusqu’aux bergeries de Croce

Avant de bifurquer sur une petite sente balisée en jaune.

J’oscille entre le sentier des Pierres

Puis le sentier des Bergers

La pluie arrive et je file en direction du centre de ski de fond, au cas où l’orage éclaterait. Il est bien gardé et fermé

Je file en direction du Castellu d’Ornucciu et Monte Canoso

Au col, les aiguilles de Bavella se découpent sous un ciel noir menaçant

Mais c’était une fausse alerte, pour me faire presser le pas afin de trouver une zone de bivouac, somme toute de grand luxe, sur un tapis herbeux plus que moelleux

Dernière modification par florencia (19-09-2013 13:40:37)

Myrtille88 · 17-08-2013 17:48:12

hello Florencia

oui tu as raison, ce sont les satanés 15 jours du gr20 qui m'ont conduit à pencher pour une durée de 2 semaines
je ne suis allée qu'une seule fois en Corse et y ai peu marché je m'imagine donc mal la superficie.
avec les cartes en main ça doit être différent

très beau plateau de Coscione

et une aventure typiquement corse je suppose, que celle que tu nous racontes mais plutôt agréable finalement

je trouve les cochons un élément vraiment comique en Corse

à bientôt pour la suite

Myrtille

florencia · 17-08-2013 19:59:38

Etape 31 – plateau du Coscione – Punta di Piana Longa – Levie : jonction par les crêtes avec le Mare a Mare Sud

http://www.visugpx.com/?i=1374855288

Ce matin, je choisis de tirer « tout droit » dans le maquis pour gagner les crêtes de Piana Longa.

Tapis de digitales

J’aurai aimé pouvoir atteindre les crêtes hier soir, pour y bivouaquer et profiter du coucher de soleil, et donc d’une belle lumière, sur les aiguilles de Bavella. Tant pis, ce sera un jeux d’ombres et lumières, à contre jour

Pas âme qui vive depuis que j’ai quitté la zone des Pozzi, fréquentée grâce à l’accès en voiture. Le cheminement est facile entre traces cairnées et zones rocheuses

Vue sur le plateau de Coscione

La Punta di Bambiolu dominant Quenza

Ce beau début de matinée sera entaché par une erreur de ma part. Je quitte trop tôt la crête, me laissant attirer par une ligne de cairn descendant en direction d’un hameau que je confonds avec Tallonu.
Conséquence 300m de D- à travers les Aulnes et autres ronces ; Quelques 2h00 de combat dont je ressors ébouriffée et plus qu’exaspérée et lassée par ma bêtise..

J’avoue que j’ai de plus en plus de mal à vivre, surtout mentalement, ces passages et le risque inhérent au hors sentier.
Mon éternelle dualité, car je m’ennuierai à mourir sur le mare a mare Sud entre Quenza et Levie, avec sa large piste et un décor plutôt monotone, malgré la rapidité de progression.

Seule exception, le sentier d’accès à la chapelle St Laurent est plutôt agréable

Je stopperai à Levie. Le refuge est plein et pas de camping ; la propriétaire me refusera de planter la tente devant le refuge... Bref, une fin de non recevoir, sans solution alternative
Finalement, en m’arrêtant boire une bière dans un petit bar, la gérante me propose une petite chambre chez sa mère. Merci, car j’avais pas vraiment le courage de poursuivre, ni envie d’un bivouac à proximité du village …

Dernière modification par florencia (19-09-2013 13:43:26)

Myrtille88 · 18-08-2013 08:36:32

Belle photo des aiguilles de Bavella prise du col
sentier vers la Chapelle St Laurent, toute la variété des paysages de Corse

Mon éternelle dualité, car je m’ennuierai à mourir sur le mare a mare Sud entre Quenza et Levie, avec sa large piste et un décor plutôt monotone, malgré la rapidité de progression.

je comprends, pas facile à solutionner! Pour ma part j'ai remarqué que dès que je suis sur une piste je suis fatiguée et je n'avance plus!! J'ai compris que c'était l'ennui
mais en effet le mental s'use à la répétition de situation difficile, c'est un équilibre à veiller à maintenir entre le plaisir et les aléas pénibles...

au fil de ton récit je me rends compte qu'il semble y avoir souvent des cours d'eau , globalement quel est ton sentiment sur le souci de l'eau, a-t-il été permanent ou épisodique, et ta "stratégie" de boire beaucoup au point d'eau a-telle suffit?
voilà
Myrtille

florencia · 18-08-2013 12:01:07

Exercice de mémoire, probablement non exhaustif, mais dont je suis sure, même si, attention, certaines sources ne sont probablement pas pérennes.

J1 : Fontaine San fabiano au dessus du hameau abandonné de Fiuminale Soprano
J2 : Bar d’Ortale, Fontaine village de Perelli,fontaine d’acquastucca
J3 : Fontaine d’Erbolane, fontaine village de Pianello, résurgence entre le Col St Antone et Mont Piano Maggiore, fontaine 1° virage route menant à la chapelle San Martino
J4 : Fontaine village Sta lucia Di Mercurio, Corte, source, de mémoire, peu avant le pont traversant le Tavignano, eau captée au refuge de Sega
J5 : eau de fonte névé vallée de Bidanelli, source bergeries de vaccaghia et de Colga
J6 : restaurant d’Albertacce, Fontaine de Lozzi, refuge de Corscia
J7 : ruisseau de Ruda, bergeries de teghia
J8 : résurgence Bocca Barnosella Sottana
J9 : Torrent vallée de ladoncella, eau de source chez Stephanie à Asco ( une fontaine existe aussi dans le village)
J10 : Ruisseau de Prado, Fontaine Maison forestière de Tartagine, fontaine sans nom sur la piste à 1205 m.
J11 : source de l’Ortu di u piobbu, camping Bonifatu
J12 : Fontaine à la sortie du camping, source à mi chemin entre Bocca de Bonassa et Bocca di Lucca, gite de Tuarelli
J13 : Galeria, ruisseau de tavulaghiu ( au point 152 cad le plus haut possible)
J14 : restaurant de Girolata, Fontaine de Spana
J15 : Source après Curzu en dessous de Capu a Parata, Porto
J16 : Source qq minutes après le début de la montée des Roches bleues, source de Piana Moninca, eau captée abreuvoir-baignoire avant Bergeries ruinées de Vitullu
J17 : Fontaine de Marignana, Evisa
J18 : Source fin de la descente du col sans nom sur sentier menant à Puscaghja au niveau du s en bleu après le point 564, source de Corgola, source abri de Lumiu
J19 : Source de Puscaghia, 2 sources dans la descente du Col di Capronale, Montestremo
J20 : Ruisseau de Tana di l’Orsu
J21 : Ruisseau bergeries de Scaffone
J22 : Montestremo
J23 : 2 Sources jusqu’au col di Capronale, source de Puscagja, Source bergerie de Radule, source entre le col de vergio et l’accès aux Pozzi de catamalzi
J24 : Vergio, Bergerie de vaccaghia
J25 : eau de fonte névé Bocca Muzzella, source refuge de Pietra Piana, ruisseau de manganello
J26 : Vizzavona, Source Bergeries des pozzi
J27 : Source bianca
J28 : Fontaine de Vizzulaga
J29 : Fontaine de Tasso, Guitera-les-bains, refuge de Matalza
J30 : branche du Ruisseau Vinajolo , la plus haute possible
J31 : Fontaine de Carbini, Quenza, Levie
J32 : Fontaine de Carbini, « cachée » dans l’enceinte de la cathédrale, Cartalavonu
J33 : Fontaine après le col de Bacinu, en dessous de la route, au niveau du carré bleu R, Source d’Apaseu
J34 : Source non indiquée, que je situerai à proximité de Punta D’Ovace, au dessus du DE de Monatagne de Cagna sur la carte

edit: ortho

Dernière modification par florencia (18-08-2013 12:29:09)

florencia · 18-08-2013 12:03:42

Cela montre que le ravitaillement, dans les cours d’eau, a été tout de même minime.

Sinon, oui, même tactique, 500 ml immédiatement à chaque source ou fontaine rencontrée, c’est à dire pour l’eau sure, sinon je traite au Micropure forte et attends 30 minutes au minimum. Souvent d’ailleurs, je garde cette eau en réserve, seulement au cas où je ne trouve rien d’autre., quitte à la jeter si je trouve mieux.

Je n’ai quasiment jamais souffert de la soif et me suis rarement rationnée.

Je ne suis pas très angoissée par le problème de l’eau et ne m’en préoccupe que si je sais qu’il n’y en a pas à proximité du bivouac envisagé. D’autant plus cette année, avec l’hiver prolongé y compris en Corse

Myrtille88 a écrit :

en effet le mental s'use à la répétition de situation difficile, c'est un équilibre à veiller à maintenir entre le plaisir et les aléas pénibles...

Oui, tu as raison, et c’est bien pour cela que j’hésite à retourner en Corse rapidement.
Même si j’ai bien conscience que la plupart des passages pénibles, c’est moi-même qui me les suis infligés, par manque de vigilance ou lecture attentive de la carte…

Flo

florencia · 18-08-2013 19:12:15

Etape 32 – Levie – Au dessus du col de Bacinu: en passant par la Punta di a Vacca Morta

http://www.visugpx.com/?i=1374855340

Descente pour traverser la rivière U Fiumicicoli, quelques 350 m plus bas, avant la longue remontée jusqu’au point culminant, Punta di a Vacca Morta, culminant à 1314m, mon objectif du jour

Normalement, il permet un panorama à 360° de la baie de porto Vecchio au SE, la montagne de Cagna au Sud, la vallée d’Ortolo au SO et les aiguilles de Bavella au Nord-Est. Mais comme de coutume depuis quelques jours, dès la fin de matinée, le temps se charge de nuages.

Je profiterai principalement d’une vue sur le village de Carbini

Et le Lac d’Ospedale.

Je fais une pause au refuge-restaurant de Cartalavonu, ce qui me permet de faire le plein d’eau pour le bivouac de ce soir, puis repars tranquillement en direction du col de Bacinu

Je trouve un beau spot de bivouac que je ne veux pas laisser passer, bien qu’il ne soit que 16H00, avec en fond de décor la baie de porto Vecchio

Ne pouvant pas planter de sardines, je prends le temps de bien amarrer l’abri avec des pierres, surtout que le tonnerre gronde. J’aurai à peine terminé, que les premières gouttes tombent. Cool, je suis à l’abri ; le vent se lève mais les attaches tiennent bien. Bon test !

Le calme revient à l’heure du coucher de soleil

Au réveil, belles lumières depuis ce décor rocheux

Dernière modification par florencia (19-09-2013 13:49:31)

florencia · 18-08-2013 22:22:03

Etape 33 – Au dessus du col de Bacinu – Apaseu : Direction la Montagne de cagna, réputée paumatoire..

http://www.visugpx.com/?i=1374855392

Un peu avant 7h00, je décolle en direction du col de Bacinu puis de Ferula

Plutôt que de suivre la route, je descends par une sente un peu plus bas, attirée par un carré bleu noté réservoir sur la carte. Je tente quand même ma chance. Bingo !

La journée débute sur de bonnes augures, du moins je le prends comme tel

Arrivée au col de Ferula, je me retrouve face à plusieurs sentes. J’en tente plusieurs sans succès. Toutes aboutissent dans une impasse, de part la végétation trop dense et peu engageante. Je me résous à suivre celle qui est la plus dégagée et cairnée, même si elle est bien trop, sur la droite, à mon goût. Cela se confirme, elle m’éloigne de plus en plus de mon objectif, la Punta Chantata. Située en face, une forêt inhospitalière et le ruisseau Capitellu m’en séparent.

Je dois batailler une nouvelle fois, malgré ma répulsion, désormais, pour cet exercice.. pas le choix !

Une fois de l’autre côté, des éperons rocheux m’aident à progresser et reprendre de l’altitude.

Enfin, je tombe sur mon premier cairn, et c’est un véritable soulagement. Je commençai à douter et croire que la Montagne de Cagna se refuserait à moi

J’applique la technique employée dans le Filasorma, pas d’avancée sans trouver le prochain cairn, ce qui me vaudra à plusieurs reprises de faire demi-tour ou de tourner en rond jusqu’à ce que, mais au moins, pas de risque de se fourvoyer

Il est à peine 9h30, le ciel est bleu et les premiers grondements sourds du tonnerre éclatent ; Impossible de voir d’où vient la menace, pas très rassurant

Je m’active désormais au milieu d’une zone forestière ce qui complique les choses en cas de bivouac d’urgence. Je note l’altitude de chaque zone susceptible de faire l’affaire.

Les coups sont de plus en plus rapprochés et le ciel s’assombrit progressivement

Désormais proche du col où je dois prendre pied sur la crête de Compolelli, j’accélère encore. 11h00, je jette mon sac à terre, en extrait l’abri et en moins de 3 minutes je me glisse dessous avec tout mon bardat. Ouf, juste à temps, des trombes d’eau s’abattent sur la toile

Ne sachant pas combien de temps cela va durer, je décide de m’installer confortablement ; d’abord le tapis de sol et le matelas, sur lesquels je déjeune ; autant que cette pause forcée, serve à quelque chose
1h00, plus tard, je sors le sac de couchage et m’enfile dedans pour une petite sieste ; toujours ça de pris ! Je glisse aussi mon bol snow peak à l’extérieur pour remplir, au cas ou, une de mes 2 bouteilles vides.

14h30, j’émerge, la pluie a cessé et la toile commence même à sécher grâce au vent. Juste le temps de tout remballer, et je me remets en route

Cheminement en crête jusqu’à la Punta di Compolelli

Le décor est impressionnant et intimidant, au milieu de ces blocs rocheux

Aux formes modelées et polies, laissant place parfois à l’imaginaire

Contournement de la Punta di Compolli par le flanc gauche

Le col d’Arjetu est en vue

La Punta Furcuta

Descente après le col de Morello

J’avance bien et je me dis que je vais finalement pouvoir atteindre la fontaine d’Apaseu ce soir comme prévu
En me retournant, la Punta Furcuta est déjà loin

Le décor change et laisse place à des clairières de fougères et forêts

J’atteins Apaseu un peu après 19h00. L’endroit est verdoyant et accueillant L’eau coule à flot ; La rançon, des nuées de moustiques

Coucher de soleil rougeoyant se reflétant dans le port de Propriano

Normalement, demain, j’y dormirai en famille pour 2 jours et 2 nuits de farniente bien mérité..

Dernière modification par florencia (19-09-2013 13:53:22)

JollyJumper · 18-08-2013 22:46:43

L'urbanisation de la baie de Porto Vecchio m'a surpris. Il est vrai qu'en 49 ans, tant de choses ont pu changer...

Myrtille88 · 21-08-2013 11:58:00

alors c'est la fin ...
une dernière partie encore très variée, et des endroits de bivouac qui suscitent l'envie même celui sous la pluie
tu as raison parfois il faut savoir saisir le lieu de bivouac magique, surtout à 16h, bien vu

Je glisse aussi mon bol snow peak à l’extérieur pour remplir, au cas ou, une de mes 2 bouteilles vides.

j'aime bien ça a marché?

on a vraiment envie d'aller les voir ces rochers rigolos

autre mine d'infos: la liste des sources merci à toi d'avoir pris cette peine, la période fin juin est sûrement idéale aussi

Myrtille

florencia · 21-08-2013 12:45:00

Désolée Myrtille, non ce n'est pas la fin! il reste la dernière journée et le retour matos, mais j'ai eu un problème d'ordinateur... black out depuis 2 jours, il vient juste de ressusciter. problème de batterie.
Promis la suite et fin du récit au plus tard demain soir

Oui, j'ai réussi à remplir à ras bord mon bol, sous la pluie. je le fais quand je n'ai pas de garantie d'eau sur le parcours. Prenant du retard, avec cet orage je n'étais pas du tout sure d'atteindre le soir même, la seule source connue du parcours.
Certainement pas la meilleur eau, mais bon, cela dépanne occasionnellement.

flo

Dernière modification par florencia (21-08-2013 13:01:09)

Alex KXK · 21-08-2013 15:31:05

Vraiment merci pour ton retour Florencia!

J'adore ta façon de randonner et d'appréhender les choses une fois sur place

En tout cas c'est superbe et ça donne clairement beaucoup plus envie que le GR20!!!

florencia · 21-08-2013 22:37:42

Etape 34 – Apaseu – Giannuccio: une journée déboussolée

http://www.visugpx.com/?i=1374855441

Plus de batterie APN ce matin, mes 3 batteries auront tout de même tenues 33 sur les 34 jours de rando et sans trop me restreindre. Plutôt satisfaite de la gestion

Je vais donc tenter de vous conter, puisque sans illustration, cette dernière journée, au vécu contrasté. Un goût inhabituel pour moi pour une fin de périple.

Je détaille par le menu. Peut-être, le besoin d’exorciser, pour ne pas rester bloquer sur des sentiments et termes négatifs qui m’ont poursuivis à mon retour tel que « sortir, fuir, s’extirper, s’échapper, bref en finir… » Impressions probablement déformées et décuplées par la crainte de ne pas respecter le timing, annoncé 2 jours auparavant à ma famille, et qu’ils ne s’inquiètent, sans pouvoir les rassurer.

Le récit est aussi long que la journée m’a parue être une éternité, c’est peu dire

Je n’en voudrai à personne de ne pas aller à son terme

Je redémarre ce matin, par une sente en milieu forestier, non sans de nombreux amas de blocs rocheux, qui sont autant d’obstacles à contourner. Rapidement, le tracé est chaotique, des sentes partent dans tous les sens et chacune est cairnée. Donc difficile de s’y retrouver ; J’essaye de garder une ligne directrice, mais je suis souvent obligée de revenir sur mes pas. Je n’ai aucun repère géographique, ce qui complique encore. Bref, 2 bonnes heures pour faire 500m ! J’arrive alors au niveau d’une clairière, puis plus rien, je la traverse, une vague sente part sur la droite puis disparaît.. En jetant un œil à la boussole, je m’aperçois que j’ai dévié vers l’Est, alors que je dois suivre globalement un cap Sud-Ouest. Je repars au cap vers l’Ouest, en espérant croiser à nouveau des cairns. Je ne trouve rien, partant dans la bonne direction, et me résous à suivre une sente qui descend et s’enfonce dans une vallée. Je tombe par hasard sur une source, c’est toujours cela de gagner J’essaye de poursuivre mais suis face à une forêt dense et impénétrable. Je me vois remonter, puis redescendre, m’emberlificoter , ne plus retrouver la source. Bref, un peu, le cœur qui s’accélère. Seule solution remonter et suivre le chaos de blocs rocheux, que j’ai entrevu un peu plus tôt, et qui longe la forêt, cela ne peut pas être pire que les ronces
Bingo, à nouveau des cairns, de très beaux cairns avec plusieurs empilements. J’ai remarqué depuis un moment, que ceux qui ne contiennent que 2 ou 3 éléments maximum, ne sont pas bons. L’euphorie revient, je trace au maximum, tenue que je suis, par la montre, ayant dis, bêtement à ma famille que je devrai arriver à San gavino, aux alentours de midi. Ne plus donner d’horaire si précis, car cela m’a mis plus de pression qu’autre chose….
11h00, je crois toucher au but en atteignant le point 1025, et que je suis enfin tirer d’affaires.
Mais, la ligne de cairn poursuit toujours au Sud-Ouest, alors que je dois désormais suivre un cap à l’Est. En voulant vérifier que je ne suis pas dans l’erreur, je vois pendouiller, à l’extérieur de ma poche de pantalon, la cordelette qui sécurisait ma boussole bouton, mais plus rien au bout. Déjà, que je suis un peu déboussolée, cela ne va pas arranger les choses…

Je décide de suivre les cairns et traverse un torrent, mon seul repère géographique indiscutable. Mais après 30 minutes avec le soleil en permanence en face de moi, je comprends que je ne m’engage, définitivement, pas dans la bonne direction. J’essaye imprudemment de tenter un virage à 90 ° sur ma gauche mais après plusieurs ascensions de sommets rocheux, incartades infructueuses en forêt, il me faut à nouveau retourner sur mes pas.

13h00. L’orage arrive, les coups de tonnerres rugissent, puis les premières gouttes ; je prends quand même le temps d’enfiler ma veste imper-respi. Je galère à nouveau dans les Aulnes et les ronces avant de retrouver le plateau et me mettre à la recherche de la seule trace de cairn, qui me ramènera au torrent, mon point de repère. Pas le temps, le déluge s’abat et transforme le plateau en un véritable torrent. Je patauge dans 10 cm d’eau. Je reste sourde aux détonations qui éclatent tout autour de moi et avance tête baissée, sans même oser regarder le ciel au dessus de moi. Désormais ce sont des grêlons de plusieurs mm qui viennent me frapper. Seul, l’arrivée du brouillard, me fera réagir. Je sors de ma bulle et prends enfin conscience du danger et du fait que je dois stopper, car sans visibilité et sans boussole, je risque définitivement de me perdre.

14h00. Je me mets donc en quête d’un abri. J’inspecte chaque bloc rocheux. Quelques minutes plus tard je tombe, à l’entrée de 2 blocs rocheux, sur un sac puis une grosse marmite. J’avance encore et aperçois un énorme rocher incliner. Je ne peux pas y tenir debout. Le sol est détrempé par les nombreuses gouttières, mais cela fait l’affaire, être à peu près au sec.. Je jette mon sac dessous ainsi qu’une pierre plate puis me glisse et m’assois. Reste plus qu’à attendre…

Je grignote un peu de noix de cajou et autres, pour me réchauffer et patienter ; glisse ma bouteille de 50 cc au dehors. Pas de problème pour un remplissage rapide, malgré le petit goulot ; en prime, quelques glaçons, certains diraient qu’il ne manque plus que le pastis ! N’est-ce pas, Domweb !
Bon, en fait je n’aime pas trop cela et n’ai pas non plus la tête à la plaisanterie , même si je n’ai pas pu m’empécher d’y penser et dans sourire intérieurement
Je regarde l’heure qui tourne, et commence à douter de pouvoir sortir de là avant ce soir. Ma famille risque de s’inquiéter et bien sur, pas de réseau.

Je mets ce temps d’arrêt à profit pour prendre de bonnes résolutions.
Arrêter de tournicoter dans tous les sens dés que je vois une vague sente ou un cairn « minable ».
Dès que cela s’arrête, retourner au torrent et au point 1025, et si je ne trouve toujours rien, suivre la ligne de cairn allant au Sud-ouest, tant pis.
On verra bien jusqu’où elle me mènera. En ayant quand même l’espoir qu’elle continuera après Uomo di cagna (une attraction géologique du plateau), sinon, je ne serais guère plus avancée. Un village plus à l’Ouest, dont je ne me souviens plus le nom, est un autre point d’accès au plateau.

15h30, la lumière filtre jusqu’à mon abri sous roche, et la pluie est de plus en plus fine, l’heure du départ a sonné.
Je me tiens à mes résolutions, et après une nouvelle recherche infructueuse du sentier menant à Naseu, je file désormais, sans plus m’arrêter ou me détourner de mon objectif, suivre et ne plus quitter la ligne de cairn. Je ne perds pas d’altitude mais avance correctement.

Soudain, j’entends le bruit des pales d’un hélicoptère en approche, sans que je puisse le distinguer. Mon cœur se pince, ma montre indique 17h00 ! cela ne peut quand même pas être pour moi. Brusquement, il surgit au dessus du plateau et se met en vol stationnaire à priori au dessus de Uomo cagna. Quelques centaines de mètres nous séparent. Je peux voir distinctement un homme harnacher, prêt à intervenir et qui scrute en dessous de lui. Je m’immobilise en essayant d’être visible, mais n’ose faire de signe particulier, en fait je ne sais pas trop quelle attitude avoir. L’hélico ne faisant toujours aucun mouvement, je décide de poursuivre ma route, qui de toute façon, va dans sa direction. Puis pénétrant dans une zone forestière, je le perds de vue et entends qu’il s’éloigne… cela m’a donné un coup de fouet, d’autant que le sentier est de plus en plus marqué et praticable. J’oublie toute fatigue, même ma douleur à la hanche que je traîne depuis Pietra Piana s’évanouit, mes semelles intérieures ratatinées au fond de la chaussure par la marche dans l’eau, ne sont plus une gêne. Je commence à trottiner de plus en plus vite jusqu’à courir quand je le peux, ce qui me vaudra quelques gadins sur ce terrain détrempés boueux et autres rochers glissants. Je n’ai qu’une idée en tête : sortir de là et appeler mes proches dès que possible.

19h00 : le village sans nom est en vue quelques 300m plus bas.
Je stoppe, sors le téléphone. 3 barres. J’appelle la famille basée sur Propriano. Ils reviennent tout juste de San Gavino où ils m’ont attendu tout l’après-midi. Ils ne manifestent aucune inquiétude sur mon retard. Ayant observer les orages sur la Montagne de cagna depuis 2 jours, ils se sont doutés que j’aurai du retard.
Je ne me fais guère prier pour qu’ils viennent me chercher malgré l’heure tardive.
Pendant qu’ils se mettent en route, je dévale le sentier pour demander le nom du village : Giannuccio.

Je tombe sur un couple d’anciens adorables et bavards. Ils m’apprennent que l’hélico est venu chercher, à Uomo Cagna, un couple perdu et apeuré par l’orage ; me parlent de « la grotte du tribunal des bandits », et qu’il faut absolument que je revienne, pour qu'ils puissent me conter plein d’histoires et légendes sur La Cagna.

Quelques mots qui rallument la flamme et la curiosité pour un prochain périple..

Fin

Dernière modification par florencia (21-09-2013 11:07:12)

florencia · 21-08-2013 22:42:01

Rermerciements

A stéphanie d’Asco et son instinct maternelle débordant

Au garde forestier anonyme compréhensif et indulgent

Aux 2 couples Normands à Tuarelli et aux 2 compeeds qui m’ont permis de poursuivre mon périple jusqu’à Porto

A Dumé, gardien de Puscagja

Aux 4 amis Corses qui ont eu la gentillesse de m’intégrer à leur équipée au cœur du Filasorma

A Noel, le berger de Vaccaghia, pour son accueil, sa patience et ses bons conseils

Au couple de la brèche de Capitello, un beau moment d’émotions et de partage

Aux 4 loustics de Guitera-les-Bains : une belle et amusante parenthèse

Aux mouflons espiègles du Capu Biancu

Au couple d’anciens de Giannuccio pour avoir rallumer la flamme

Tout simplement à la bien nommée île de Beauté

Et enfin à tous les courageux lecteurs qui auront patienté jusqu’à la fin

Pas de remerciements

Aux Aulnes

Aux épineux avec mention spéciale aux ronces

Aux moustiques qui ont tenté de me gâcher quelques bivouacs

Flo

Dernière modification par florencia (22-08-2013 00:33:58)

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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#101 13-08-2013 00:09:02

Re : [Récit + liste] Une autre Corse: 34 jours d'itinérance

#102 13-08-2013 00:19:42

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#115 18-08-2013 08:36:32

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