Aller au contenu

#1 26-12-2013 15:26:36

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

[Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Voici le récit de 3 semaines de randonnée en montagne, sur le tracé de la HRP (à quelques choses près). On est allé d’Est en Ouest pour la simple raison que je suis du matin et que je n’aime pas marcher avec le soleil dans les yeux. Et puis on a plus de chances de rencontrer d’autres HRPistes en les croisant qu’en marchant dans le même sens smile
En noir vous lirez mon récit pour lequel je suis resté presque fidèle au journal que je tenais en cours de route, et en rouge le récit de Sonic.
Je vais partager ce compte rendu en 3 parties qui en ce qui me concerne sont découpées par les ravitaillements et s'étalent sur environ une semaine.
Première partie : De Banyuls à Font-Romeu
Deuxième partie : De Font-Romeu au refuge d'Airoto en espagne (entre Alos d'Isils et le Port de la Bonaigua)
Troisième partie : Du refuge d'Airoto au lac d'Oo dans le Luchonnais.

J-1 : Caudies, Vendredi 28 Juin 2013

Derniers préparatifs avant le départ. La cartographie c’est réglé, je m’alourdis de trois cartes top25 pour couvrir les cinq premiers jours. Pour la suite nous serons sur quatre cartes Rando Edition au 1:50000. Je partirai avec toutes les cartes, et je m’en débarrasserai au fil des ravitaillements.
Côté matos, mon paternel m’a donné le carnet et le stylo avec lesquels j’ai écrit ce journal. Il ne manque que quelques piles CR2032 pour la frontale et l’altimètre. Ce n’est pas indispensable car la frontale devrait tenir les 3 semaines et l’altimètre peut tomber en rade car Sonic en a un aussi.
Je vais tenter de rédiger au moins une page par jour.

Il me tarde le départ.
De mon côté, je pars de Bordeaux en covoiturage avec un couple de jeunes forts sympathiques et admiratifs de mon projet de rando (s'ils savaient que je suis loin d'être digne d'admiration... lol!). Ma sœur et mon beau-frère me récupèrent à Narbonne, où ils habitent, pour que j'y passe la nuit avant de prendre le train pour Banyuls le lendemain matin. Ma frangine me prend pour une tarée pendant que son homme serait bien tenté par l'aventure mais trouve ça trop extrême.
Je me couche assez excitée par la perspective de cette HRP mais réussis à bien dormir tout de même.

J 1 : Samedi 29 Juin 2013

Nous quittons Caudies, mon frère Hector et moi (ce n’est pas son vrai prénom, d’ailleurs tous les prénoms sont modifiés dans ce récit Non, pas tous, sauf le mien), et nous récupérons Sonic (j’ai un scoop : c’est pas non plus son vrai prénom) à la gare de Banyuls. Il est presque midi, Nous rejoignons la plage pour manger un bout avant de démarrer.
Nous marchons à l’heure de la chauffe, et heureusement il y a quelques nuages et un peu de vent pour nous rafraichir. Comme ça souffle un peu trop, nous finissons l’étape par la piste forestière. En entrant dans le refuge de Tañarède, nous réveillons son unique occupant : un australien d’un certain âge qui se promène au gré de ses envies. Il est équipé de matos MUL. Nous comparons, nous admirons ses bâtons 3 brins réglables en carbone de faible section.
Il partage volontiers une part du melon amené par Hector (mon frère dont ce n’est pas le vrai prénom, je vous le rappelle). Il parle anglais. Je comprends assez bien ce qu’il dit mais je suis incapable de lui répondre. C’est Sonic qui fait la traduction.
Nous nous couchons sur les bat-flancs du haut. Nous avons entre-ouvert la porte pour évacuer la fumée de cheminée qui nous incommode. Le vent souffle toute la nuit.

Ma sœur et son homme m'amène à la gare, tout en m'ayant obligé à accepter une brosse à dent pliable de voyage, après avoir vu mes bâtons siwak, mdr!!! Le trajet en train a un côté dépaysant pour moi: c'est la première fois que je visite cette partie de la France. J'arrive à Banyuls et trouve tout de suite Eloi et son frère (plutôt son frère d'abord d'ailleurs mais il lui ressemble tellement que je n'ai pas douté une seconde que ce soit eux). Un petit passage sur la plage puis près d'une fontaine bien fraîche et le vrai départ commence... en tournant un peu en rond, lol! Une fois trouvé le bon chemin nous commençons à monter au-dessus de la ville sous un soleil de plomb. Hector marche moins vite qu'Eloi, ce qui me va très bien pour s'échauffer doucement. La fin de journée est un peu longue jusqu'au refuge de Tanarède, Hector commence à en avoir plein les pattes et j'avoue que je suis un peu fatiguée aussi: ça souffle fort et il commence à faire nuit. La vue de la cabane me soulage smile
L'Australien qui dormait là ne peut s'empêcher de crier (d'effroi?) quand on ouvre la porte grinçante avec la douceur d'un troupeau de mammouth. Après s'être rassuré d'avoir affaire à des humains bien intentionnés, c'est avec affabilité qu'il s'arrache à son lit pour se joindre à nous, le temps de grignoter quelques petites choses et d'allumer un feu. Il s'avère qu'il est MUL par bien des aspects et la discussion part sur le matos, of course (je fais des rimes, tiens...). Il a même quelques articles en cuben et plein de petits détails pratiques très intéressants. La nuit est assez bonne malgré un vent à décorner les cocus.

4408_cimg2599_50_26-12-13.jpg
Plage de Banyuls
4408_cimg2601_50_26-12-13.jpg
Le grand départ
4408_cimg2614_50_26-12-13.jpg
Vue sur la plaine du Roussillon
4408_cimg2618_50_26-12-13.jpg
Les vaches sculptent les arbres
4408_cimg2621_50_26-12-13.jpg
Il est pas beau ce Néulos?

J 2 : Dimanche 30 Juin 2013

Ce matin la crête est en plein nuage. L’humidité entre par la porte entre-ouverte. Nous tardons à nous lever. Je suppose que personne ne veut imposer aux autres l’heure du réveil. Si bien qu’après le petit déjeuner notre départ a lieu vers 10h30 ou 11h. Hector retourne vers Banyuls et nous autres poursuivons en direction de l’océan avec l’australien. Le Néulos ne nous tente pas : Nous le contournons pas la piste. Nous sommes en plein brouillard et nous distinguons la plaine du Roussillon en bas. L’australien nous offre une conso dans le gite d’étape du col de l’Ullat. La brume s’est dissipée et depuis la terrasse nous avons la vue sur le Perthus et le Canigou. En descendant vers le Perthus, nous nous arrêtons pour manger près de la chapelle St Martin de l’Albère où coule une source. Ma carte a beau être récente (2006), le balisage du GR10 ne suit pas du tout le tracé de la carte. Après le repas, l’australien nous quitte. Il doit refaire des provisions. Nous repartons de notre côté.
Après une bière en terrasse au Perthus nous remontons vers la crête par une piste forestière. Il fait chaud et la pente est très douce, ce qui rend cette portion éprouvante. La carte indique de nombreuses sources en bord de GR, mais il s’agit de bains de boue pour sangliers, impossible d’y prendre de l’eau. Nous trouvons enfin de l’eau au Mas Nou. Nous y baignons nos pieds et y remplissons nos gourdes. Le maître des lieux répare une porte avec son fils. Il nous interpelle et nous propose une eau plus pure et son champ pour planter les tentes. Ils nous invitent à passer boire un verre le soir. Nous y allons après avoir dressé le camp et mangé. Soirée agréable autour d’un verre de rosé. Nos hôtes vivent de maraichage, d’élevage et de récolte du liège. Nous allons nous coucher relativement tard.

Cette étape pour moi est parmi les plus chiantes au niveau intérêt: ça monte très peu mais c'est long, long, long et une piste forestière, ce n'est pas franchement passionnant. Le paysage est assez monotone. A cela s'ajoute les déceptions successives de tomber sur des "fausses sources". L'arrivée au Mas Nou est un vrai bonheur: bain de pieds rafraichissant et repos à l'ombre. On remplit nos gourdes non sans avoir bu généreusement auparavant: le propriétaire des lieux, qui nous a vu faire des A/R hasardeux, nous dit de ne pas prendre cette eau mais plutôt de nous servir au robinet extérieur chez lui. Après avoir planté la tente et dîné (c'est la seule fois que je me servirai de mon réchaud à bois), le fils de la maison nous interpelle pour aller boire un verre avec ses parents. Des originaux, qui vivent près de la nature, tendance Manisiens wink et très sympathiques. Nous passons une bonne soirée.

4408_cimg2623_50_26-12-13.jpg
pla de la Tanyareda dans la brume
4408_cimg2629_50_26-12-13.jpg
Au bout du chemin : St Martin de l'Albère, et derrière, le massif du Canigou
4408_cimg2632_50_26-12-13.jpg
On approche du Perthus, ça se sent, ça s'entend... Au fond, le truc qui dépasse c'est sa majesté le Pech de Bugarach
4408_cimg2638_50_26-12-13.jpg
On se retourne pour voir ce qu'on est content de fuir
4408_cimg2643_50_26-12-13.jpg
Et voilà qui nous accueille au Mas Nou
4408_cimg2645_50_26-12-13.jpg
On y dresse le camp
4408_cimg2646_50_26-12-13.jpg
On y dîne (sur la photo c'est mon réchaud qui chauffe, mais c'est vrai que sonic a fait un peu marcher le sien ce soir là tongue

J 3 : Lundi 1er Juillet 2013

Ce matin réveil très tôt avec le soleil. En partant nous disons au revoir à nos hôtes. Nous descendons sur Las Illas. Nous nous paumons une fois en arrivant au village et une autre fois en le quittant. J’ai pris l’habitude de suivre les traits pleins sur la carte, et là, il fallait suivre un pointillé. Nous montons jusqu’au col le Lli, nous passons en Espagne et là, nous montons jusqu’à un autre col qui nous ramène en France. Nous y piqueniquons puis nous poursuivons sur le GR10. Nous avons une carte de 1991 et il me semble que le tracé dudit GR a été modifié de façon conséquente. Il nous fait monter au Roc de France, puis redescendre à Amélie les Bains par un sentier en dents de scie. Ça ajoute un peu de dénivelé supplémentaire. Le sentier nous amène au bord d’une rivière dans laquelle nous prenons un rapide bain.
Nous arrivons à Amélie les bains épuisés physiquement parce que c’était long, et moralement parce que cette ville est super moche et triste. Nous buvons une mousse dans un resto et mangeons une pizza dans un autre, puis nous rejoignons le camping l’Amélia, peuplé presque uniquement de curistes en camping-car. Le sol est dur comme du béton et un gentil campeur en tente (seule tente du camping avec les nôtres) nous prête son maillet. Des vrais WC, une vraie douche, on lave du linge, il fait chaud, après les quelques gouttes et le ciel couvert de la fin d’après-midi.

Peu de choses à dire sur cette étape (je ne prends aucune note, je préfère garder des impressions dans ma tête) sinon que la "descente" sur Amélie les bains est vraiment décourageante: ça monte sans cesse pour redescendre, l'altimètre ne varie pas vraiment, à croire qu'on n’arrivera jamais à descendre... Nous sommes côté Nord, assez humide, et les petits moucherons me rendent quasi folle. Je ne dis rien mais ces petites bêtes sont enrageantes au plus au point. La bière et la pizza sont très bienvenus et le camping aussi, malgré son côté "on n'est pas fait pour accueillir les tentes".

4408_cimg2647_50_26-12-13.jpg
Les chèvres de nos hôtes au petit matin
4408_cimg2653_50_26-12-13.jpg
Un sanglier pas très farouche aux abords de Las Illas
4408_cimg2661_50_26-12-13.jpg
Un petit passage en Espagne
4408_cimg2664_50_26-12-13.jpg
Puis retour en France
4408_cimg2674_50_26-12-13.jpg
Le roc de France, pas prévu à la base mais les balises nous y ont mené
4408_cimg2681_50_26-12-13.jpg
On a fait trempette ici, ça fait un bain fou
4408_cimg2688_50_26-12-13.jpg
Amélie les bains
4408_cimg2689_50_26-12-13.jpg
Une petite prière avant d'attaquer ces pizzas tant méritées

J 4 : Mardi 2 Juillet 2013

Nous avons bien dormi au camping. Nous nous levons un peu après 6h, mais ne partons pas avant 8h.  Au programme il n’y a que de la montée : 1300m. Nous quittons Amélie les Bains par un sentier mal entretenu. Il fait déjà très chaud et heureusement, nous progressons en sous-bois. A partir de Montbolo nous arrivons sur une route goudronnée que nous suivons sur 3km avant qu’elle ne se transforme en piste forestière. Nos pieds disent « ouf ! ». Nous faisons le plein d’eau dans une fontaine ferrugineuse. L’eau à un goût de fer, de sang. Il y a d’anciennes mines de fer dans le coin. Les cailloux rouillent. Nous atteignons le col de Formentera où nous cassons la graine, puis la tour de Batère. Le ciel devient sombre, ce qui fait ressortir le jaune des genets, le rose du Rhododendron et les différents verts de toute la végétation et des pierriers de granit. Il commence à pleuvoir quand nous approchons du refuge de Batère. Nous y buvons un coca sur la terrasse couverte. Le bâtiment est un ancien habitat collectif pour les familles des mineurs des mines de fer qui ont été exploitées jusqu’en 1988. Devant le refuge il y a un hot-pot. C’est un jaccuzi en bois intégrant une chaudière à bois. Nous laissons passer la pluie et au retour du soleil nous repartons vers la cabane de l’Estanyol, à 2h de marche de là. Ça prolonge l’étape mais ce n’est pas vain, vous allez comprendre pourquoi : En observant les panneaux indicateurs des GR et PR, je me suis rendu compte que les kilométrages différaient des miens. En effet, j’avais prévu à peine 11km alors que nous en avons parcouru plus de 15. Et encore, c’est sans compter la rallonge jusqu’à la cabane d’où j’écris ce soir. Quand je me suis rendu compte de cette erreur, j’ai recalculé le kilométrage des prochaines étapes et la conclusion est rude : l’étape Ull de Ter – Bolquère est passé de 20 à 30km !
Pour rejoindre le refuge de l’Estanyol nous montons au col de Cirère 300m plus haut. L’orage tonne au loin… pas si loin en fait… Nous ne nous attardons pas au col, trop exposé à la foudre. La descente vers la cabane est vraiment chouette. Des sapins assez bas mais serrés, des fleurs de rhododendron, des éboulis de pierres vertes, tout ça sous un ciel sombre, menaçant. Nous essuyons un peu de pluie en descendant. Juste un avertissement. C’est lorsque nous sommes presque au refuge que la pluie s’intensifie. Le refuge est très bien. C’est une maison forestière avec une cheminée qui tire bien et 8 places sur 2 étages de bat flancs. Juste après notre arrivée, l’orage a tonné de nouveau. Pluie, grêle. Nous avons pensé aux 5 marcheurs surchargés que nous avons croisés en descendant du col. Il y a du feu dans la cheminée, de l’eau qui bout. Nous allons bien manger. L’orage nous a donné l’idée de nous lever tôt demain : nous mettons le réveil à 5h30.

C'est marrant de voir la différence d'exposition: aujourd'hui, point de petites bêtes zozotantes autour de ma tête. Bonheur! Le refuge de Batère est bien agréable (et celles qui le gèrent aussi) et le hot pot me fait un œil pas possible. J'aimerais y retourner passer la nuit rien que pour le tester big_smile
Arrivés à l'Estanyol, on a une chance pas possible, qui ne se démentira pas pendant les 3 semaines qui vont suivre : un violent orage de grêle éclate moins de 5 minutes après avoir poussé la porte... Le menu sera original ce soir-là: je fais un flan à l'abricot que je fais "prendre" dans la fontaine très fraîche aménagée à quelques mètres de l'entrée. C'était vraiment pas mal, et je suis contente d'en avoir pris un 2ème au chocolat dans mon sac.

4408_cimg2692_50_26-12-13.jpg
Pour quitter Amélie les bains, on est forcés de longer la route.
4408_cimg2693_50_26-12-13.jpg
L'appareil photo de Sonic étant son téléphone, et son chargeur solaire ne chargeant pas, j'ai assez peu de photos de moi. Vous y couperez pas, je crois que je vais toutes les mettres smile
4408_cimg2700_50_26-12-13.jpg
Là où nos pieds disent "ouf"
4408_cimg2716_50_26-12-13.jpg
Tour de Batère.
4408_cimg2724_50_26-12-13.jpg
Refuge de Batère
4408_cimg2728_50_26-12-13.jpg
Au dessus du refuge : c'est pas mal dégagé au Sud-Est
4408_cimg2736_50_26-12-13.jpg
Mais c'est le temps n'est pas au beau fixe, ça sent l'orage
4408_cimg2747_50_26-12-13.jpg
Sonic en mode pluie
4408_cimg2751_50_26-12-13.jpg
ça, c'est du rhododendron, ça sent bon
4408_cimg2758_50_26-12-13.jpg
Oh une jolie maisonnette
4408_cimg2762_50_26-12-13.jpg
Oh de la grêle
4408_cimg2768_50_26-12-13.jpg
Puis ça se dégage

J 5 : Mercredi 3 Juillet 2013

Le réveil sonne. J’ai bien dormi, ce qui n’est pas le cas de Sonic. Nous petit-déjeunons puis quittons les lieux à 6h30. Au bout d’une heure, nous atteignons l’abri du Pinatell, chouette cabane en bois avec un poêle. Nous y rencontrons Julien qui termine le GR10 à coup de grosses étapes de 40km avec 18kg sur le dos. Nous parlons de matos, de RL, et nous ne voyons pas le temps passer. Nous ne décollons que vers 9h. Cette journée est la journée de la tchatche. Les MUL font des émules. Au chalet, il y a aussi un père et son fils. Le fils porte un pyjama et le père une cicatrice résultant de la rencontre avec une épine de palmier. Sonic coupe ses points de suture. Ils font de toutes petites étapes, randonnent à la cool.
Nous atteignons les Cortalets vers midi, après avoir de nouveau tchatché en route avec un vieux qui vient de Mérens par le GR10. Nous prenons une conso au refuge, ce qui nous permet de profiter de la terrasse pour piqueniquer. Le brouillard entoure le refuge. Nous sommes en plein nuage, tantôt ça se dégage un peu, tantôt le nuage revient sur nous. Un vieux pyrénéiste mulet nous tient la jambe. Il porte lourd et il reste persuadé que c’est mieux. Il a fait la HRP Est-Ouest en plusieurs fois. Je supporte assez bien son discours mais je vois bien que Sonic bouillonne intérieurement de voir ce type se vanter de porter du poids et de s’être ainsi détruit les deux genoux et quelques lombaires qu’il numérote fièrement.
Nous repartons vers 13h en direction du pic du Canigou, que nous atteignons après 15h. Toujours du brouillard. En terme de panorama, nous ne distinguons que la croix et la table d’orientation. Après avoir grignoté quelques sucreries, nous descendons par la cheminée puis nous perdons dans les pierriers. Nous arrivons au refuge de Mariailles vers 19h30. Les glaces maison à la framboise et à la mangue sont fameuses. Sonic dort dans la maison forestière, avec 2 groupes de randonneurs, et moi je plante la trailstar dehors au bord de la falaise. J’ai profité de cette soirée seul pour faire tranquillement quelques étirements dans la tiédeur du soir avant de me coucher.

Ceux qui me connaissent vont rire: la journée de la tchatche sera surtout pour Eloi wink Je vais jouer les infirmières pour un gars qui s'est méchamment ouvert le doigt: devant la moue peu enthousiaste des autres gars présents, je me sacrifie, lol, et j'aime bien (2 ans de médecine oblige...).
L'arrivée au refuge des Cortalets me fait du bien, je n'ai pas bien dormi et je n'ai pas beaucoup de jus. Je m'installe confortablement dans un bain de soleil mais un gentil pyrénéiste retraité ne l'entend pas de cette oreille. On n'a pas le droit aux souvenirs d'armée, mais c'est tout comme: "et moi de mon temps", "quand on était jeunes"... Sympa et bon enfant mais j'étais crevée et le fait de démontrer par A + B qu'il avait "la plus grosse" parce qu'il s'était fusillé la santé à porter très lourd et marcher très vite m'a rendu cynique, limite désagréable. Le fait qu'il soit bien plus âgé m'a gardé de lui manquer de respect mais franchement, je me suis retenue... Je peux perdre patience parfois wink
La montée au Canigou est vraiment éprouvante, plus que je ne l'imaginais. Elle est donné pour 45 minutes, au bout de 50, je vois le sommet à travers le brouillard et me dit en mon for intérieur "chouette, je ne suis pas si lente, Eloi va être content de monter à allure normale"; on arrivera là-haut au bout d'1h20... Presque le double! je suis assez découragée et mécontente de moi mais ne dis rien. On est contents d'être là-haut et on fait une pause sympa 'barre de céréales-table d'orientation alors qu'on voit pas à 10 mètres'.
La descente sur le refuge de Mariailles est un peu pénible: depuis 3 jours environ, j'ai très mal aux pieds en fin de journée, comme si j'avais des bleus géants à la place des arpions. Je ne le sais pas encore mais ça partira après une grosse semaine de marche, heureusement. Les glaces du refuge font un bien fou et sont franchement délicieuses, on se régale. Je dormirai dans la cabane un peu plus haut avec une joyeuse bande d'étudiants/jeunes diplômés de médecine qui nous "forcent" gentiment à finir leur cassoulet avec Eloi. Le coucher de soleil est tellement magnifique que je regrette de ne pas pouvoir appeler Eloi qui est parti planter sa tente je-ne-sais-où. Les jeunes toubibs prennent des photos superbes et on échange nos mails respectifs pour qu'ils me les envoient. Des mois plus tard, le gars tiendra parole: merci à lui smile Ils me font une place à l'étage, bondé. Ce sera une des nuits les plus terribles que je vais passer, suivi de bien d'autres, jusqu'à la 3ème semaine. J'ai des douleurs à hurler dans les 2 hanches, j'en chiale presque et évidemment ne dors pas ou très peu.

4408_cimg2770_50_26-12-13.jpg
Départ matinal
4408_cimg2781_50_26-12-13.jpg
Abri du Pinatell
4408_cimg2782_50_26-12-13.jpg
Encore du rhododendron
4408_cimg2790_50_26-12-13.jpg
Premier névé
4408_cimg2795_50_26-12-13.jpg
Refuge des Cortalets
4408_cimg2803_50_26-12-13.jpg
Lors de la montée sur le Canigou, la crète partage la météo
4408_cimg2814_50_26-12-13.jpg
Magnifique panorama. Au passage, devinez dans quelle région se trouve le Canigou?
4408_cimg2815_50_26-12-13.jpg
Maintenant c'est par là qu'on descend.
4408_cimg2817_50_26-12-13.jpg
C'est raide mais ça se fait
4408_cimg2822_50_26-12-13.jpg
Pierriers sous les nuages
4408_cimg2823_50_26-12-13.jpg
Isars sous les nuages
4408_cimg2830_50_26-12-13.jpg
Choucas dans les nuages
4408_cimg2833_50_26-12-13.jpg
Après la tenue de pluie de Sonic, voici la mienne. La jupe est bien trop courte, mais elle est transparante, c'est tendance.
4408_cimg2839_50_26-12-13.jpg
Refuge de Mariailles avant le coucher de soleil (Sonic, si t'as la photo du coucher de soleil prise par les étudiants, je prends smile )
4408_cimg2840_50_26-12-13.jpg
Coucher d'Eloi. Sur le panneau : "Danger Falaise"

J 6 : Jeudi 4 Juillet 2013

J’ai très bien dormi. Sonic un peu moins. Nous attaquons vers 7h30. Le ciel est dégagé et il y a un peu de vent. C’est une journée de crête. Nous visitons le refuge CAF de Pla Guillem. Il est bien mais crado et nous ne trouvons pas d’eau à proximité. Une bonne dizaine de couchages et une cheminée, mais pas de bois dans les environs. Cap sur le Roc Colom. D’abord par une piste à peu près carrossable, puis par un sentier dur à suivre en dévers au nord de la crête. Nous déjeunons au refuge de la porteille de Rotja. C’est le moment de changer de carte. Adieu les top25, on passe aux Rando Edition au 1:50000 et c’est pas top. Nous devons contourner le roc colom par la droite mais nous partons par le mauvais sentier, ce qui nous oblige à remonter en crête hors sentier en évitant les névés, sous l’œil d’un isard allongé sur un rocher. Du coup nous montons au Roc Colom qui n’est plus très loin. Puis nous suivons les balises d’un PR et du GR11. Nous nous plantons de nouveau vers la potella de Mantet, histoire de perdre une bonne demi-heure. Enfin sur le bon chemin, nous arrivons par les hauteurs sur la station de ski Vallter 2000. Le café est fermé et il n’y a pas une goutte d’eau. Nous poursuivons donc jusqu’au refuge d’ull de Terr. Là, nous passons de l’univers désertique et archi moche de la station  à un vallon verdoyant avec un torrent. Un petit coin de paradis. Nous buvons un coca dans ce refuge, tout boisé à l’intérieur, puis nous attaquons le col. Ce que j’ai oublié de préciser, c’est que le vent s’est mis à souffler ce matin et ça nous a bousculé toute la journée sur les crêtes. Nous nous arrêtons sous le col, dans une zone presque abritée. Nous avons vu deux jeunes isards jouer dans un névé. C’était très amusant. Nous dînons sous la Trailstar, le vent tournoie, il entre parfois par l’ouverture.

Pas grand'chose à dire sur cette journée. Un passage un peu dur pour monter à la Roca Colom, à flanc et hors sentier. Le refuge d'Ull de Terr est désert mais vraiment très beau et la pause est bienvenue avant d'attaquer une dernière montée qui sera très venteuse (vent de face si je me souviens bien).

4408_cimg2843_50_26-12-13.jpg
Belle journée qui s'annonce.
4408_cimg2854_50_26-12-13.jpg
Pla Guilhem : C'est plat.
4408_cimg2861_50_26-12-13.jpg

4408_cimg2870_50_26-12-13.jpg

4408_cimg2879_50_26-12-13.jpg
On déjeûne à l'abri du vent là dedans
4408_cimg2883_50_26-12-13.jpg
Le sentier qu'il ne fallait pas prendre et qu'on a quand même pris
4408_cimg2885_50_26-12-13.jpg
Il s'est bien foutu de nous
4408_cimg2899_50_26-12-13.jpg
Vallter 2000
4408_cimg2905_50_26-12-13.jpg
Une des dernières photos de moi avant que mon nez ne crame vraiment. En effet les journées étaient longues et même en marchant vers l'Ouest, on a fini par avoir le soleil en pleine face
4408_cimg2909_50_26-12-13.jpg

4408_cimg2916_50_26-12-13.jpg

J 7 : Vendredi 5 Juillet 2013

Réveil à 5h30. J’ai plutôt bien dormi, mais je n’ai pas beaucoup reposé mon corps. La pente était dans le sens de la largeur et je luttais pour ne pas glisser. Départ à 6h30. Ça a soufflé toute la nuit et ça continue. Le ciel est parfaitement dégagé. Nous montons les 100m qui nous séparent du col à côté du Pic géant, puis nous descendons pour remonter au fond d’un vallon qui nous mène au pied du pic de la vache. Là il y a un abri d’urgence, sorte d’igloo en pierre façon orri avec un poste d’appel radio d’urgence hors service sur le toit. On entre en rampant dans ce bunker par un très bas et étroit couloir qui traverse les 1m50 d’épaisseur du mur. Au bout du tunnel il y a une porte en tôle qui semble avoir été laissée mal fermée car l’abri est rempli de neige.
Nous montons au Col de la Vaca. La vue est panoramique et dégagée. Il y a des isards partout, quelques marmottes et un couple de Gypaètes barbus. Nous suivons la crête, passons entre Nuria et la vallée de la Carança, entre pics et cols, en plein vent. Je n’ai pas retiré la doudoune (PO CSC) depuis hier soir. Ça doit soufler à 80km/h, et il fait 8°C. Après un dernier pic, le Néufont, nous arrivons au col d’Eyna et descendons la vallée d’Eyne. Il est midi et nous nous posons au bord de la rivière pour manger et faire la lessive. La vallée est très fréquentée. Elle est à la hauteur de sa réputation : c’est un petit coin de paradis.
Nous atteignons Eyne, buvons un coup en discutant avec un couple de HRPistes qui font la traversée en 4 fois 2 semaines avec leur fils. Ils nous rassurent sur l’enneigement en Andorre, et nous conseillent d’éviter le passage par l’Etang Fourcat au profit du Port de Rat. Sonic achète du fromage et un pot de miel (en verre, le pot, quel mulet j’vous jure !) et nous traversons le fond de vallée, en stop jusqu’à Bolquère, puis nous montons à la station de Pyrénées 2000 et suivons le tracé d’un télésiège pour atteindre le col del Pam où nous rejoignent Vladimir et Olga (pas leurs vrais noms, vous vous en doutez), mes ravitailleurs. Ils viennent de Toulouse où les températures sont caniculaires. Moi, j’ai passé la matinée en doudoune… On n’est pas si mal tout là haut 
Nous mangeons et dressons le camp Les branches mortes des sapins sont très sèches, je réchaud à bois tourne pour tout le monde.
Dans le ravitaillement il y a un paquet de 800gr cacahuètes salées sous vide. A deux nous n’avons pas réussi à terminer les 800gr que j’avais au départ, alors je laisse ça, ainsi qu’un paquet de crêpes à Fajitas car j’en mange moins que prévu. En dehors de ça mon ravitaillement est tristement identique aux victuailles que j’avais emmenées au départ. Je ne me réjouis pas de retrouver le même morceau de comté, les mêmes saucissons… Je me console en gobant des tomates cerise et une pomme apportées en supplément.

C'est la montée au Neufont dont je me rappelle le mieux: vent de face très puissant! ceci dit, on monte bien plus vite que prévu, Eloi est content et moi aussi, on avance bien malgré un vent dont les rafales doivent avoisiner les 100km/h. Il fait beau et le point de vue est superbe: on aperçoit la vallée de la Carança et l'Eyne au loin que nous allons rejoindre. La vallée ne vole pas sa renommée, c'est vraiment, vraiment magnifique. Le paradis sur terre version montagne, une vallée avec un torrent, des fleurs de toutes les couleurs, des animaux domestiques et sauvages... je n'ai pas assez d'yeux pour tout voir. La pause miam miam est idéale: on lave nos fringues, on les fait sécher au soleil, une petite sieste sous le même soleil après avoir mangé. Bref, c'est un très agréable moment. Le village me permet d'acheter du fromage (j'ai oublié de compléter mes colis avec un supplément de fromage) et du miel bien lourdingue mais qui nous fera bcp de bien à Eloi et moi-même pas mal de fois.
On traverse la vallée jusqu'à Bolquère en stop, sans complexe wink Marcher sur du bitume brûlant en plein cagnard, c'est moins rigolo que les cols! La montée à Pyrénées 2000 est un peu pénible pour moi, la journée à été longue et je fais les 200 derniers mètres avec une envie folle de poser enfin mes fesses. Après s'être posé dans un ptit coin très agréable, on aperçoit la voiture des amis d'Eloi. Ce dernier se met à sauter de joie et courir comme un fou pour les rejoindre, ça fait plaisir à voir et me fais rire. On passe une super soirée avec eux et on mange comme des ogres! Pour ma part, je ne serai ravitaillée que 2 jours plus tard, par mes parents, à l'Hospitalet près l'Andorre.

4408_cimg2921_50_26-12-13.jpg
Le sac est fait (petite pub pour le KS40 de Kinpu San, au passage)
4408_cimg2922_50_26-12-13.jpg
En route (en mode Tex Avery)
4408_cimg2941_50_26-12-13.jpg
Une marmotte se raffraichit les petons sous le pic de la Vaca
4408_cimg2948_50_26-12-13.jpg
Sur la crète le vent est froid (Petite pub pour le PO de CSC que j'ai gardé toute la matinée)
4408_cimg2959_50_26-12-13.jpg
A l'horison, ce qui nous attend demain : Le pic Carlit
4408_cimg2972_50_26-12-13.jpg
Le Neufont, dernier pic de ce passage en crète, qu'on attaquera après une petite pause au col
4408_cimg2994_50_26-12-13.jpg
Pause lessive dans la vallée d'Eyne
4408_cimg3004_50_26-12-13.jpg
La vallée d'Eyne avec ses touristes
4408_cimg3008_50_26-12-13.jpg
Et puis vers le bas il y-a une végétation plus dense
4408_cimg3013_50_26-12-13.jpg
Un bronzage partiel camoufflant difficilement une montre altimètre de chez Lidl (encore un peu de pub, scuzez)
4408_cimg3021_50_26-12-13.jpg
Ben ouais, on est passé par là et alors, la HRP ne peut pas toujours être aussi jolie que la vallée d'Eyne
4408_cimg3023_50_26-12-13.jpg
Coin cuisine. Au passage, une mise en garde. Cette souche me semblait être l'endroit le plus indiqué pour poser le réchaud. Ce n'était pas faux car le sol était couvert d'aiguilles de pin qui ne demandaient qu'à bruler, mais j'ai commencé à brûler la souche et j'ai du sacrifier un peu d'eau pour l'éteindre. Soyez vigilents si vous faites du feu dans cette région, c'est particulièrement inflammable.


Fin du premier épizode.

Dernière modification par Eloi (29-12-2013 14:03:47)

En ligne

#2 26-12-2013 20:22:04

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

J 8 : Samedi 6 Juillet 2013

Ce matin les tentes sont humides, à l’intérieur comme à l’extérieur. Je me lève à 7h17, pour être précis, et il fait 7°C. Le soleil passe à peine entre les arbres. Il n’y a pas de vent. Petit déjeuner au réchaud à bois, puis on décolle vers 8h30. En arrivant sur le plat de Bones Aures, à l’Aval du lac des Bouillouses, nous sommes pris dans une course de trail, si bien que nous marchons en dehors du sentier pour leur laisser la place. Nous prenons de l’eau aux toilettes du Parking sous le barrage, puis nous montons vers les douze lacs parmi les traileurs. Mon sac est lourd du ravitaillement et pourtant, je marche plus vite qu’eux, les dépassant en sautant de rocher en rocher (Il s’agit certainement des moins bons traileurs du cortège). J’ai une pèche d’enfer. La présence de ces coureurs me file la patate et j’aimerais marcher un moment à mon rythme. Nous mangeons avant la montée du Carlit, l’occasion de faire sécher le matos. Puis nous attaquons l’ascension vers 13h. Il y a quelques névés sur le sentier et les randonneurs passent n’importe où au mépris de la sécurité. Nous faisons une petite pause au sommet puis nous descendons côté Ouest. Il n’y a pas de neige dans les éboulis. Je descends en gambadant. L’éboulis amortis mes pas, j’ai l’impression de skier. En bas nous obliquons de façon à contourner l’immense Etang Lanoux par l’Est sans descendre jusqu’à sa rive. Ça nous fait traverser des névés, des monticules rocheux… Nous trouvons un spot de bivouac agréable, sous la Portella de la grava que passeront Vladimir et Olga demain, et avec vue sur le coll de Coma d’Anyell que nous franchirons. Il semble peu praticable à cause d’un fort enneigement. Nous prendront peut-être le col voisin qui semble plus praticable : la Portelle de Lanos. Des nuages ont encombré le ciel et maintenant ils cachent complètement les monts et les cols avoisinants. On se croirait dans une grande boite recouverte d’un couvercle. Nous nous sommes lavé les cheveux dans un ruisseau de fonte de névé… c’est glacial mais il est très agréable d’avoir les cheveux propres. L’humidité est arrivée, ce qui a détendu le silnylon de nos abris. Il est 21h30, tout le monde est couché sauf moi qui suis content de pouvoir écrire à la lueur du jour et non à la frontale.

Cette journée est ambivalente pour moi: je suis super contente de marcher avec Vladimir et Olga, qui sont forts sympathiques, mais je ne m'attendais pas à marcher avec des TGV pareils... ça me fait très plaisir pour Eloi, qui s'éclate avec ses potes et marche à sa vitesse; son enthousiasme est visible et ça me réjouit. D'un autre côté, je me sens nulle, mais nuuuulle... arf, j'ai l'impression d'être tellement boulet et inutile. Ils m'attendent souvent et Vladimir et Olga m'encouragent même au cours de la montée du Carlit, en me disant que je suis régulière malgré mon petit rythme et comme je m'arrête pas, ils disent ne pas m'attendre tant que ça. Ca me fait plaisir mais ne m'enlève pas ce sentiment terrible d'être un éternel poids mort. Les traileurs qui montent en courant me font rêver (j'aimerais pouvoir faire de la course en montagne) et me déprime en même temps. Mais la journée est belle et je profite quand même, je ne souffre pas trop. Des abrutis descendent à toutes pompes des pierriers et manquent de peu d'estourbir ceux qui sont en aval, je me permets même une remarque mais ils n'en ont cure... C'est pour ça que j'aime l'alpinisme au-dessus de 3000m: ya personne, lol!
La descente est dans mes cordes, du petit éboulis bien glissant où on s'éclate à 'skier' dedans smile On s'est lavé les cheveux avec Eloi au bivouac: la sensation d'avoir la tête dans un étau à cause de l'eau très froide est très nette. On passe une bonne soirée à siroter du ricard accompagné de cacahuètes. Malheureusement, la nuit pour moi sera peut-être la pire: je ne dors pas du tout, même pas une heure. Ce n'est pas lié à la randonnée (j'ai la chkoumoune moi tongue ), j'ai une migraine terrible qui me tient éveillée et qui perdure au matin. Je n'ai pas été bavarde jusqu'au départ de Vladimir et Olga, je suis embêtée de tirer une tronche pareille mais j'ai la tête comme une citrouille. On part chacun de notre côté, Olga avec la promesse d'un resto s'ils arrivent à la voiture avant midi (qu'elle aura, la courageuse!) big_smile 

4408_cimg3028_50_26-12-13.jpg
Vladimir (Gossamer) et Olga (Osprey) sur le pla de Bones Aures
4408_cimg3030_50_26-12-13.jpg
Lac des Bouillouses et au fond de gauche à droite : Pic de la Cometa d'Espagne, Grand Peric et Petit Peric
4408_cimg3034_50_26-12-13.jpg
Le Carlit, avec pas mal de neige pour un mois de Juillet, et pas mal de monde dessus.
4408_cimg3038_50_26-12-13.jpg
Au bord de je ne sais trop quel lac, entre les Bouillouses et le Carlit, Il reste de la neige.
4408_cimg3040_50_26-12-13.jpg
Là d'où on vien. Au fond c'est le massif du Canigou.
4408_cimg3045_50_26-12-13.jpg
Après manger, on attaque la grimpette
4408_cimg3054_50_26-12-13.jpg
Dernière vue sur le secteur des Bouillouses avant de franchir le Pic
4408_cimg3063_50_26-12-13.jpg
Puis descente en gaudille dans les éboulis. Au fond, l'étang du Lanoux.
4408_cimg3080_50_26-12-13.jpg
En voilà un campement qu'il est bien rangé smile
4408_cimg3081_50_26-12-13.jpg
Avant l'arrivée des nuages
4408_cimg3090_50_26-12-13.jpg
Et après

J 9 : Dimanche 7 Juillet 2013

Lever tardif à 7h. Faut pas brusquer les ravitailleurs. Il fait beau. Nous laissons Vladimir et Olga (qui peuvent d’ailleurs me contacter s’ils veulent apparaitre sous d’autres noms) repartir par la Portella de la grava sous le soleil levant, et nous nous dirigeons vers les Bésines. Le coll de Coma d’Anyell est encombré de gros névés, nous utilisons pour la première fois les crampons 6 pointes prêtés par Kinou (et qu’il faut d’ailleurs que je lui rende). De l’autre côté du col c’est pire. La neige est plus dure. On chausse, déchausse, rechausse…
Arrivés au refuge de Bésines, nous prenons un soda et piqueniquons sur la terrasse couverte. C’est une habitude qu’on a prise. C’est assez agréable de manger assis, même si c’est nettement moins agréable de payer une canette de coca entre 2€50 et 3€. Nous repartons sans perdre de temps car nous savons que les parents de Sonic nous attendent, mais nous n’avons pas eu de réseau depuis un moment pour les avertir de notre retard. Nous parvenons à leur envoyer un texto depuis une dalle de béton en bordure de sentier, à l’aval de l’étang de Bésines, comme nous l’a conseillé la gardienne du refuge. Il fut un temps où on captait bien le réseau d’Andorre, mais les opérateurs français ont demandé à leurs homologues de la principauté de baisser les émissions pour cause de prise abusive de parts de marché. Les andorrans se sont exécuté, mais les opérateurs français n’ont visiblement pas pris ce marché.
A l’hospitalet c’est jour de marché aux puces. Pour les parents de Sonic, ça a rendu l’attente moins longue. En revanche ça a contribué à vider l’unique distributeur de billets, sur lequel nous comptions. Nous passons un moment dans leur camping-car, le temps que Sonic prenne son ravitaillement en lui faisant subir au passage une cure d’amaigrissement, vu le peu qu’elle a mangé jusque là. En bonus nous bénéficions d’un copieux cassoulet pour ce soir, d’une petite pastèque, de quelques abricots. Au passage je profite de la présence d’un chargeur de Nokia pour rajouter les deux barres de batterie que j’ai consommé jusque là. Ça me laissera un peu plus de marge. Nous repartons vers 17h et des brouettes. Il nous faut atteindre l’étang de Couart, 800m plus haut. Nous sommes bien chargés et il fait chaud. Le ciel se couvre un peu, le vent souffle, on sent venir l’orage. Nous repérons une cabane sur la carte, 200m sous l’étang visé. Nous traversons une zone qui a brûlé l’an dernier. C’est désolant, nous marchons dans la cendre et les bouts de buissons calcinés. Puis nous atteignons la cabane qui heureusement a été épargnée par les flammes. C’est petit et presque aménagé. Il y a les affaires du berger et un mot sur la porte demandant de les respecter. Soirée cassoulet, réchauffé au réchaud à bois devant la cabane, puis pastèque en dessert. On est sales, mais il fait trop froid et venteux pour qu’on ait le courage de se laver.

La perspective de voir mes parents pour un ravitaillement après 9 jours de marche me motive, même si la descente sur l'Hospitalet est un peu éreintante. Le fait de ne pas avoir de sous au distributeur me gêne énormément: je vais être dépendante d'Eloi pour le liquide, les refuges ne prenant bien sûr pas la carte bleue. Mon ravito est assez spécial: je décharge mon sac plus que je ne le charge! Si je reprends de la nourriture pour 7 jours, je laisse plus d'1kg de bouffe sur les 3,5 que j'avais pris, et je ne prendrais pas la totalité de ce que j'avais prévu pour les 7 jours. L'effort, violent pour moi, me coupe tout appétit, je ne mange pas ou peu le matin, pratiquement pas en journée (vivres de course), un peu le midi et le soir.
Après avoir monté les 800 derniers mètres de la journée, nous ferons tout de même honneur au cassoulet que ma môman a pris soin de faire mijoter longuement et conditionné en sac congélation bien hermétiques. On se régale vraiment, au point que la dégustation de la pastèque est reportée au lendemain matin. La nuit est plutôt bonne, avec un matelas assez confortable et une couverture en laine pour compléter ma couette.

4408_cimg3096_50_26-12-13.jpg
Ciao les potes, bon retour et merci pour le ravito.
4408_cimg3099_50_26-12-13.jpg
Passons aux choses sérieuses
4408_cimg3115_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3116_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3119_50_26-12-13.jpg
C'est le premier cramponnage, et certainement pas le dernier, ça c'est sûr.
4408_cimg3125_50_26-12-13.jpg
Le col est passé, on redescend sur l'Hospitalet-près-l'Andorre. Mais c'est quoi cette forme au fond?
4408_cimg3124_50_26-12-13.jpg
Je me disais bien
4408_cimg3134_50_26-12-13.jpg
Le lac de Besines
4408_cimg3140_50_26-12-13.jpg
Et ouais, les montagnes Ariégeoises sont raides, les vallées encaissées.
4408_cimg3147_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3149_50_26-12-13.jpg
Après l'Hospitalet, bienvenue au pays des Pipe-line
4408_cimg3154_50_26-12-13.jpg

J 10 : Lundi 8 Juillet 2013

Ce matin réveil à 5h30. Pendant la nuit nous avons entendu un rongeur. Heureusement nous avons pensé à mettre la nourriture hors d’atteinte. Il fait beau. Nous attaquons vers 6h30. Rapidement nous sommes ralentis par des névés, entre contournement et chaussage déchaussage de crampons. Nous atteignons le col de l’Albe vers 11h30. De l’autre côté nous avons le même problème. 2 fois, je plie en deux le dernier brin d’un bâton selon un processus très simple : premièrement, s’assurer que les bâtons sont dépourvus de rondelles à neige. Ensuite, progresser en plantant un bâton en aval. Enfoncez-le jusquà la zone à plier. Ensuite vous n’avez plus qu’à glisser sur la neige, perdre l’équilibre et vous affaler sur le bâton. Il arrive quelques fois que le bâton ne cède pas. Dans ce cas choisissez une zone où la neige est plus dure.
Nous mangeons au refuge de Jucla. Le coca est tiède et le jus d’orange un peu rachitique. Globalement le refuge n’est pas agréable. Nous croisons des touristes sous-équipés dans un névé raides plongeant dans le lac (les névés, pas les touristes) même équipés de crampons et piolets, nous avons préféré contourner le névé, mais apparemment en tongues ça passe. Puis nous descendons aux Incles. Au passage je repère un aigle gris qui se pose sur une vire rocheuse. C’est un des rares rapaces que nous verrons. Nous en sommes à 2 couples de Gypaètes et cet aigle. Sonic a mal au genou et hésite à abandonner. Elle m’accompagne finalement jusqu’à la fin de l’étape. L’orage menace au loin. Nous montons au refuge de Cabana Sorda. L’orage éclate peu de temps après, avec de la grêle. Nous dînons et quand l’orage est passé je vais me laver dans le lac. L’eau est glaciale. Je ne m’immerge que jusqu’à la taille, ce qui est déjà pas mal. Après le lavage je rentre au refuge, claquant des dents. Sonic s’est couchée. Je ne vais pas tarder à en faire autant. Enfin, dès que j’aurai lavé l’encre de mes doigts. Ce stylo écrit bien mais les différences d’altitude le rendent incontinent.

Pas grand'chose à dire sinon que je suis estomaquée par ces fichus espagnols qui traversent les névés limite en tongs alors que non seulement, c'est dangereux, mais en plus, même étant équipée, je les traverse lentement et avec difficulté, avec des 6 pointes arrière qui ne m'inspirent pas du tout confiance (et j'aurais raison par la suite). Avant de monter à la Jucla, j'ai vraiment failli rendre les armes: mon genou droit me tire terriblement et toujours ce mal de hanches qui perdure. Ce sera une des 2 seules fois où j'envisage vraiment de profiter de la proximité de la route pour dire stop et rentrer (à cause de douleur physique plus que d'une envie de lâcher).

4408_cimg3162_50_26-12-13.jpg
La cabane de berger où nous avons passé la nuit : c'est le refuge Brougnic
4408_cimg3169_50_26-12-13.jpg
Le jour se lève
4408_cimg3182_50_26-12-13.jpg
"La guerre des mondes", vous connaissez?
4408_cimg3188_50_26-12-13.jpg
Il reste un petite peu de neige
4408_cimg3192_50_26-12-13.jpg
et c'est un peu raide
4408_cimg3197_50_26-12-13.jpg
L'étang de Couart
4408_cimg3198_50_26-12-13.jpg
Et ses Icebergs
4408_cimg3215_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3217_50_26-12-13.jpg
ça, je crois que ce sont des oeufs de grenouilles.
4408_cimg3236_50_26-12-13.jpg
Dernier effort avant le col de l'Albe
4408_cimg3264_50_26-12-13.jpg
Descente haute en couleurs
4408_cimg3266_50_26-12-13.jpg
et arrivée à Soldeu ("camping d'Incles" dans le Veron)
4408_cimg3284_50_26-12-13.jpg
Le refuge de Cabana Sorda

J 11 : Mardi 9 Juillet 2013

Lever à 5h30, départ à 6h30, comme d’habitude. Nous commençons par passer un col à l’ouest du refuge, puis nous descendons jusqu’à une autre cabane tout aussi grand luxe. Là nous replanifions les étapes futures car nous ne pourrons pas passer à l’étang Fourcat. Nous devrions être à Alos d’Isil samedi à la mi-journée. Nous reprenons le chemin. Nous devons passer le col de la mine. Il y a de nombreux névés à franchir. Nous chaussons plusieurs fois les crampons. Sonic fait une glissade à la fin d’un névé, et termine sa course dans la terre et les cailloux. Plus de peur que de mal. Nous observons un groupe de deux randonneurs qui s’arrêtent un bon moment avant le franchissement d’un névé que nous venons de traverser. Ils chaussent leurs crampons. Quelques minutes plus tard, alors qu’ils arrivent au bout de ce névé, une avalanche de morceaux de neige et de roche coule à l’endroit où ils s’étaient arrêtés. Un rocher rectangulaire de la taile d’une épaisse pierre tombale commence par surfer sur la neige puis roule en faisant un fracas de tous les diables. Il passe exactement là où ils chaussaient leurs crampons quelques minutes avant. Ces deux marcheurs ont eu très chaud. Et nous aussi, d’ailleurs. Nous faisons une pause bouffe juste 200m sous le col. Il faut bien ça, le moral est atteint, le rythme est bas. C’est très éprouvant, tous ces névés à gérer. Puis nous montons au col au pas de course et je profite de mon avance pour me laver un peu le haut du corps que j’avais négligé hier soir. Je me lave avec de la neige, ça marche plutôt bien. La descente derrière le col de la mine c’est 1200m de D- dans une vallée qui nous rappelle la vallée d’Eyne. L’orage approche, il nous cerne, il tombe quelques gouttes. Nous arrivons à la route au dessus de d’El Serrats. Nous la remontons à droite en direction de la station de ski d’Ordino Arcalis. Le soleil est revenu, il fait chaud, ça monte, Nous marchons sur du bitume. Nous avons au moins 700m de D+ à gravir dans ces conditions pour atteindre la station. Il y a peu de circulation. En général c’est une bonne chose, mais là nous aimerions être pris en stop. Les rares voitures (2 ou 3) qui nous dépassent sont déjà pleines de passagers. Nous atteignons un croisement avec une piste que nous avons l’intention de suivre pour éviter le bitume et un tunnel. L’orage re-menace. Nous faisons une pause, mangeons quelques gâteaux en espérant que d’autres voitures passeront. Mais rien. Au moment où nous reprenons nos sacs, il commence à tomber de grosses gouttes. Une Fiat Panda 4x4 ancien modèle avec à son bord un couple d’Andorrans retraités à l’avant et la belle sœur tout aussi retraitée à l’arrière, passe sans s’arrêter. Nous reposons nos sacs pour enfiler nos imper puis nous apprêtons à prendre la piste. A ce moment la panda redescend la route et nous embarque. Les sacs remplissent le coffre, et les 750cc du moteur nous hissent à la station, nous épargnant un max de D+ sous la pluie battante. Au bout de la route, le chauffeur recule sous la terrasse d’un restaurant d’altitude pour nous permettre de décharger nos sacs à l’abri. Nous les remercions, et nous nous installons sur la terrasse abritée de ce restaurant fermé. Thé, cake anglais, puis lessive dans le torrent voisin, et dîner avant de se coucher sur la terrasse.

La traversée des névés aujourd'hui est assez terrible, alors que j'en ai pourtant l'habitude. La fatigue doit y faire mais le fait aussi d'avoir des crampons 6 pointes qui couvrent l'arrière du pied (je ne peux pas les inverser pour les avoir sur le devant du pied). Cela me fait beaucoup forcer, me fatigue encore plus et rend l'aventure périlleuse. Je vais le payer 2 fois: une glissade en fin de névé m'amoche un peu (j'ai encore les marques de crampons dans le mollet), me fait très peur sur le coup et je bénis mes lunettes de soleil de cacher à Eloi les quelques larmes qui s'échappent, de rage, de peur et de douleur un peu. Je vais le payer aussi avec une méchante blessure derrière le genou droit, qui remonte jusqu'au milieu de la cuisse, qui a vraiment failli me faire abandonner par la suite (cela sera terrible à chaque fois que je taillerai des marches dans la neige).
La fin de journée est plus reposante, avec l'épisode stop qu'Eloi a déjà évoqué. La station de ski est un abri très bienvenu et on passe un bon moment à se restaurer et apprécier un thé chaud avec du cake anglais (à reprendre ab-so-lu-ment! c'est excellent, pour le moral y compris).

4408_cimg3298_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3305_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3328_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3332_50_26-12-13.jpg

J 12 : Mercredi 10 Juillet 2013

Sonic me réveille à 5h30. J’ai très bien dormi. Nous partons vers 6h30. Mon T-Shirt manches longues en mérinos est mouillé car je l’ai lavé hier soir. Il tente de sécher sur mon sac, mais il n’y a pas encore de soleil. Nous devons monter au Port de Rat, 300m au dessus de la station. A mi-chemin je retire la doudoune synthétique que je portais à même la peau et enfile le mérinos encore mouillé. C’est froid pendant quelques secondes, puis ça devient confortable. Nous atteignons le col et dominons un cirque. Nous voyons en face le Port de Bouet par lequel nous quitterons le cirque et passerons en Espagne. Pour le moment nous somme sur la frontière entre l’Andorre et l’Ariège. Nous descendons 700m, traversons une rivière pieds nus, puis remontons 700m en face, avec une petite pause au lac. Ensuite nous descendons de 2500m à 1450m dans un vallon. Nous passons à proximité du refuge de Vallferrera, mais nous ne nous y arrêtons pas. Nous longeons un torrent très tumultueux avant de remonter un vallon en direction de l’Etang de Baborte. Le début de l’ascension est mal balisé, donc nous restons groupés. Je souffre de ne pas trouver mon rythme. A 1950m, je pars devant et grimpe à mon rythme jusqu’au lac, par ce GR qui ressemble un peu à un sentier à sanglier. A mesure que je monte je calcule ma vitesse ascensionnelle : 700m/h sur 350m. ça me fait un bien fou de me mettre un peu dans le rouge. Je transpire pas mal, et je me dis que j’aurai tout le temps de me baigner dans le lac. Le problème c’est qu’il est en grande partie recouvert de glace et de neige. Je suis un peu moins motivé pour me jeter à l’eau du coup. Au bout de 30mn Sonic me rejoint. Nous montons au refuge de tôle orange qui surplombe le lac. Il y a quelques espagnols devant la porte. Nous leur demandons s’il reste de la place à l’intérieur. Il sont prêt à nous faire très gentiment de la place mais il sont déjà 14 dans ce refuge 8 places. L’astuce c’est que dans ces refuges en tôle, les couchettes ne sont pas larges, mais longues (environ 2m50) et permettent de dormir à deux tête bêche, si nécessaire. Nous décidons de camper non loin de là in-extremis avant que la pluie et la grêle ne nous tombent sur le coin de la tronche. Le soir ça se dégage. Nous cuisinons au bois, puis verveine miel avant de se coucher.

Une belle journée s'annonce et j'avance à peu près normalement. Je vois qu'Eloi a besoin de se dérouiller les pattes (et à cause d'une question d'orientation, je ne peux pas vraiment lui dire aussi souvent que je voudrais d'aller galoper sans moi); je l'encourage à grimper seul juste avant Baborte. C'est la fin de journée et je ne peux pas faire vraiment plus que du 400m/heure (je ne crois pas d'ailleurs que je puisse faire davantage, même en pleine forme). Arrivée là-haut, il me dit tout content qu'il est à 120 pulsations/minute, il est même légèrement essouflé et transpirant, il est monté à presque 800m/h. ca me fais rire gentiment: c'est mon rythme cardiaque sur du plat, en ville, quand je fais du shopping, mdrrr!!! J'étais moi-même, en montant moitié moins vite, à un peu plus de 170 pulsations/minute. Ce n'est pas grave pour moi, j'ai l'habitude d'être constamment dans le rouge (très foncé!) en montagne, je suis très rarement en-dessous de 150 pulsations/m, en descente à la limite; c'est clair qu'on n’a vraiment pas le même niveau et même avec beaucoup de bonne volonté, on ne peut pas accorder nos violons niveau rythme. Eloi a la délicatesse de ne pas me le faire trop sentir et n'est jamais désobligeant, mais je culpabilise pas mal de le voir "coincé" entre le choix de marcher tout seul, ce qui serait dangereux, et se traîner un boulet qui le ralentit considérablement: pas de sommet ni de temps en fin de journée avant l'orage.
Les espagnols du refuge de Baborte sont très sympas et sont même un peu éberlués de me voir refuser une place (en tant que fille peut-être?) alors que l'orage arrive et qu'on monte les tentes pour bivouaquer. La nuit est bonne pourtant (hormis mes ptites douleurs de vieille, lol!), ils se sont inquiétés pour rien. C'est fou comme pas mal de randonneurs redoutent le bivouac par mauvais temps.

4408_cimg3336_50_26-12-13.jpg
Il est temps de quitter la station d'Arcalis.
4408_cimg3339_50_26-12-13.jpg
Le jour se lève
4408_cimg3341_50_26-12-13.jpg
Port de Rat
4408_cimg3348_50_26-12-13.jpg
Ceci n'est pas une salamandre
4408_cimg3352_50_26-12-13.jpg
Gla-gla
4408_cimg3353_50_26-12-13.jpg
Pour ceux qu'auraient pas pigé, si on descend dans cette vallée, on arrive un peu plus bas à l'étang de Soulcem, et plus bas il y a Mounicou et son gite.
4408_cimg3356_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3368_50_26-12-13.jpg
Un jeune isar loin de sa meute, pas bien farouche
4408_cimg3371_50_26-12-13.jpg
Descente vers le refuge de Val Ferrera
4408_cimg3375_50_26-12-13.jpg
Baborte, ses glaçons, son refuge.
4408_cimg3383_50_26-12-13.jpg
Le campement
4408_cimg3386_50_26-12-13.jpg
Comme je disais, il reste encore un peu de neige.

J 13 : Jeudi 11 Juillet 2013

L’orage s’est calmé hier dans la soirée. La nuit a été calme. Nous attaquons vers 6h40, passons le col de Sellente. Nous entendons de l’orage, et le ciel lointain que nous voyons maintenant est très sombre. Ça vient vers nous. Nous commençons à prendre la pluie vers 8h et ça dure. Nous ne trouvons aucun abri, et aucune zone d’herbe n’est accueillante pour planter la Trailstar. Il n’y a que du gazon spongieux et du caillou. Nous descendons tout en bas, puis remontons par une piste. La pluie dure. J’ai besoin de contacter mes amis pour organiser le ravitaillement d’après-demain. Dans les premiers virages de la piste, je parviens à capter juste assez pour recevoir quelques textos, mais pas moyen de retrouver du réseau ensuite pour en envoyer un. La pluie cesse. Nous atteignons une sorte d’abribus XXL en bois, orienté plein sud. Nous profitons du soleil qui est revenu pour tout faire sécher et manger un bout. Puis nous montons à travers une sorte de large cascade enneigée, jusqu’à rejoindre le sentier de la HRP que nous avions quitté il y a quelques jours. Nous le suivons jusqu’au refuge de Certascan. Il n’y a nulle part où piquer une tente dans les environs, à cause de la neige. Nous ne pouvons pas poursuivre notre route parce que nous n’aurions pas le temps de passer le col et atteindre un gazon sec avant la nuit. Au refuge, nous buvons 6€ de bière et passons un coup de téléphone pour 3€ (3 mn). Nous décidons d’y passer la nuit, pour 15€ chacun. Il y a un problème de pression d’eau. Les douches ne fonctionnent pas, il n’y a pas d’eau chaude au robinet. Au moment où j’écris, il y a derrière moi un groupe de 5 belges bruyants et très envahissants. Il pleut, fort et longtemps. Un gros groupe d’une 20aine d’ados débarque. Ce doit être une colo. Ils portent des shorts très courts et sont trempés jusqu’à l’os. Ils grelottent. Les belges sont moins bruyants quand ils mangent. Nous cuisinons et mangeons, puis nous nous couchons tôt. Je mets des bouchons d’oreilles et dors comme un loir.

On se prend la pluie toute la matinée ce jour-là, ce sera la seule et unique fois. Comme d'habitude, on a une chance insolente: la pluie s'arrête vers midi et on arrive juste à un abri de bus en bois vraiment grand, on peut s'étaler tant et plus pour faire sécher toutes nos affaires. On fait une pause bien agréable en plein soleil, ça fait du bien après avoir été trempés jusqu'aux os. La montée le long de la cascade qui mène à Cercastan est un peu hasardeuse (très peu cairnée) mais agréable. Il y a déjà du monde quand on arrive au refuge mais on trouve un petit coin sur une table en bois pour se poser. Après avoir prospecté les alentours tous les 2, il apparaît difficile de planer la tente à cause de la neige et du relief. Comme ça fait déjà quelques jours qu'Eloi m'offre à boire en refuge, je trouve là l'occasion de faire à mon tour un ptit geste pour nous 2: on dormira au refuge, et ô joie, ils prennent la CB! C'est vraiment drôle et râlant à la fois: c'est notre seule et unique nuit en refuge gardé et c'est probablement le seul de toute la chaîne des Pyrénées qui a les douches qui dysfonctionnent ce jour-là... Et on l'a rêvée cette douche! ça me fait sourire mais c'est vrai que c'est vraiment ballot. En plus de cela, un groupe de belges particulièrement bruyants incommodent le pauvre Eloi qui essaye de se concentrer pour écrire quelques lignes dans son carnet. Connaissant sa discrétion et son besoin de calme, j'ai mal pour lui... J'avoue que moi-même, je les trouve plus bruyants que le groupe d'ados espagnols qui débarquent quelque temps après, c'est dire! Le lit est confortable mais je dors beaucoup plus mal que le bivouac précédent. Je vais encore morfler pas mal avec mes hanches.

4408_cimg3398_50_26-12-13.jpg
Quand je vous dis qu'il en reste !
4408_cimg3400_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3406_50_26-12-13.jpg
ça craint
4408_cimg3409_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3412_50_26-12-13.jpg
Refuge de Certascan

J 14 : Vendredi 12 Juillet 2013

J’ai très bien dormi. Nous quittons le refuge vers 6h30 et discutons de la route à prendre avec un randonneur espagnol. Il nous conseille judicieusement de suivre ses traces laissées hier. Du refuge au col nous ne décramponnons pas. Et de l’autre côté, nous gardons les crampons jusqu’au virage à gauche que forme la vallée. La carte au 1 :50000 est fausse, et c’est dangereux de s’y fier. Le GR est presque toujours indiqué sur le mauvais versant des vallons qu’on emprunte. Selon la carte le GR franchis une barre rocheuse verticale, ce qui est impossible. Nous descendons jusqu’à Noarre où nous déjeunons en compagnie des papillons. Nous montons ensuite en direction du Mt Roig et nous arrêtons au refuge Enric Pujol : boite en tôle solidement ancrée au rocher par de gros cables d’acier. Il y a 9 couchages, ça doit faire dans les 5m x 3m, boisé à l’intérieur avec une odeur à mi-chemin entre le renfermé et la naphtaline. Nous avions prévu de pousser un peu plus loin, mais l’orage menace. Alors nous restons là pour la nuit. L’étape de demain sera un peu plus longue que prévu.
Je suis frustré : J’aimerais avancer à mon rythme, finir les étapes assez tôt pour prendre un bain, faire du bois, une sieste. Mais au final je passe autant de temps à attendre Sonic qu’à marcher. Et là où je kiffe la life à écouter le chant des oiseaux en progressant sous le soleil levant, elle est à bout de force, elle s’épuise, râle contre la carte imprécise, ses chaussures qui glissent, le sol spongieux, les cailloux glissants… Nous ne sommes pas du tout dans la même dynamique. Parfois je fais une portion à mon rythme, puis je l’attends, mais en Espagne, le GR est si mal balisé que je dois m’arrêter très souvent pour l’attendre, pour être sûr de prendre le même chemin (même si ce n’est pas le bon). Ça m’épuise et ça m’empêche de méditer. Je crois que le rythme soutenu est un ingrédient pour atteindre l’état de lucidité que je cherche à retrouver dans ce type de randos. Mais d’un autre côté j’ai besoin qu’on soit deux. Dans les conditions d’enneigement exceptionnel que nous rencontrons, il est impensable de marcher seul. Ça me fait penser à des situations de Western où deux personnage veulent s’entre-tuer mais ont besoin l’un de l’autre (par exemple le bon la brute le truand). Non pas que j’aie eu des envies de meurtre, mais nous aurions eu tout intérêt à nous séparer pour progresser chacun à notre rythme, s’il n’y avait pas eu cette neige.

Aujourd'hui, on ne va pas décramponner avant un bon moment, et pour le coup, cela facilite presque la progression; on part assez tôt pour avoir une neige très correcte qui passe pas trop mal avec les 6 pointes. La journée est longue pour moi, comme la veille pour Baborte, j'accuse un peu le coup de 2 semaines de marche sans pause. J'ai eu la très mauvaise idée de partir avec des chaussures de running indestructibles, donc trèèèès glissantes, je n'ai jamais vu ça. C'est dangereux, crevant et je ne prends aucun plaisir sur des terrains qui habituellement me plaisent, comme les gros pierriers. Cela ajouté à mon petit rythme et ma fatigue, ça m'atteint un peu le moral et j'ai du mal à faire abstraction tout le temps. J'essaye au maximum de ne pas l'exprimer mais parfois, c'est plus fort que moi et je vois que ça affecte Eloi. Il ne dit rien mais je le vois, je culpabilise, ça me démoralise encore plus de ne pas pouvoir suivre et prendre mon pied dans cette aventure qui est vraiment géniale en elle-même. L'arrivée au refuge est comme d'habitude: trop tardive pour se laver ou se baigner comme on voudrait, l'orage menace, on se refroidit très vite et finalement on se pose pour manger et se coucher. Je crois que c'est dans ce refuge qu'on voit un autocollant "laufbursche", ce qui nous fait penser à toute la petite communauté MUL, ça met un peu de baume au cœur smile

4408_cimg3414_50_26-12-13.jpg
Refuge de Certascan
4408_cimg3417_50_26-12-13.jpg
Lac de Certascan
4408_cimg3418_50_26-12-13.jpg
Névé du lac de Certascan
4408_cimg3425_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3428_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3433_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3437_50_26-12-13.jpg
Et un petit zoom ci-dessous
4408_cimg3439_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3447_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3454_50_26-12-13.jpg
Ces papillons sont accro au matos, pire que des MUL
4408_cimg3459_50_26-12-13.jpg
C'est l'occasion de m'essayer à la macro
4408_cimg3469_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3478_50_26-12-13.jpg
Sans doute une couleuvre, rencontrée lors de la montée vers le Mont Roig
4408_cimg3479_50_26-12-13.jpg
Le Mont Roig
4408_cimg3483_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3485_50_26-12-13.jpg
Le refuge Enric Pujol

J 15 : Samedi 13 Juillet 2013

Levés à 5h, nous quittons le refuge Enric Pujol peu avant 6h. Il fait tout juste assez jour pour marcher. Nous passons par une crête douce pour éviter les névés en pente du fond de vallon. Il y a des cairns là où nous marchons. Je suppose que le chemin indiqué en fond de vallon sur la carte n’existe pas, comme d’habitude. Nous atteignons rapidement un premier col, descendons vers le lac Bassa de Curios où j’avais prévu initialement de bivouaquer. Puis nous remontons un vallon vers le Mt Roig. Le tracé de la HRP passe par le coll de la Cornella, qui ressemble à un couloir de neige très raide et étroit. Nous décidons de passer plus au nord, par la Collada de Mont Roig, plus facile à passer. De l’autre côté du col on se paume. La carte indique que le chemin est sur la rive droite, mais nous voyons des cairns sur la rive gauche. Nous les suivons, car d’après notre expérience, c’est une donnée bien plus fiable que tout ce qui peut être indiqué par ces satanées cartes. Je vous rappelle que nous progressons dans la neige, donc les sentiers sont invisibles la plupart du temps. On finit par descendre hors-sentier, et on atteint le haut d’une pente raide qu’il serait dangereux de descendre, même si l’idée me traverse l’esprit un moment. Je pose le sac est prospecte aux alentours, puis trouve une pente plus douce qui devrait rejoindre le tracé de la HRP, qui je vous le rappelle, emprunte un autre col. Nous passons par là. La vue des premiers Cairns nous remplit de bonheur. Ils nous font descendre un pierrier peu confortable. Plus bas, dans un couloir d’avalanche plein d’arbres déracinés, nous croisons un HRPiste solo qui a du niveau. Il fait la traversée depuis Hendaye et plein de sommets en prime, dont l’Aneto. Je lui déconseille de passer par le col de la Cornella, mais il dit qu’il sait à quoi s’attendre, et qu’il est équipé pour le franchir. Il a effectivement l’air de savoir où il va et ce qu’il fait, je lui fais confiance là-dessus.
Nous poursuivons notre descente jusqu’à Alos d’Isil, parcourant les 5 derniers km sur route en stop, en alfa avec deux pêcheurs. A Alos je capte. J’ai un message d’Alice. On s’était mal compris, ils envisageaient d’aller là où nous serons après-demain. Tout va bien, on s’appelle avant qu’il ne commencent à marcher, du coup ils viennent jusqu’à Alos d’Isil en voiture. En les attendant nous déjeunons devant l’église du village, sur un banc à l’ombre. Quand ils arrivent nous récupérons nos ravitaillements. Afin d’éviter le passage d’un col potentiellement encombré de neige, nous descendons jusqu’à Isil, puis montons au refuge d’Airoto avec nos ravitailleurs. A peine quittons-nous Isil que l’orage éclate, et nous montons les 1100 secoués par le tonnerre et mouillés par la pluie. Les éclairs frappent à moins d’1km. Parfois il ne se passe pas une seconde entre l’éclair et le tonnerre. Le sentier n’est pas entretenu et très mal indiqué, surtout au début. Marchant en tête, je débusque un cerf. Je crois que je n’en avais jamais vu d’aussi près. Puis nous observons au loin une biche. L’orage ne m’inquiète pas tant que nous sommes au fond du vallon, mais sur la fin nous prenons de la hauteur et l’orage est toujours là. Ça se finit en courant, voutés, piolet et bâtons repliés en main, au raz du sol, avec des éclairs encore très proches. Nous atteignons enfin le refuge d’Airoto : The place to be. Ça ressemble à une grande tente canadienne orange. A l’intérieur les deux pentes de toit sont en bois. C’est chaleureux. Il y a une estrades avec des matelas pour 5 ou 6 dormeurs, une table et des tabourets, plein d’accessoires, scies, ustensiles de cuisine, papier toilette… et un poêle à bois, genre Turbo, qui fait feu de tout bois sans broncher, chauffe correctement et ne fume pas. C’est très commode parce qu’on a un paquet de truc à faire sécher. Dehors il a une fontaine. Nous mangeons, discutons, puis dormons.

Aujourd'hui, on va un peu galérer au niveau orientation, comme d'habitude à cause de la précision exécrable de ces fichues cartes. Dans l'absolu, ça ne me gêne pas dans la mesure où ça ne rallonge pas le parcours ou ne rajoute de D+: dans les faits, cela arrive souvent. Ce ne serait pas grave si je galopais avec facilité, ça pourrait même rajouter un côté piquant à l'affaire. Me perdre ne me stresse pas plus que ça, le problème, c'est que cela m'épuise un peu plus, surtout en hors sentier difficile, et ça n'aide pas à me redonner du jus ni le moral. Ceci étant, c'est aussi le jour où on va être ravitaillé tous les 2 par des amis d'Eloi, et cette perspective me réjouit, même si les incompréhensions avec eux par texto déconcertent Eloi. On arrive finalement à se trouver tous les 4, et on ouvre avec plaisir les colis (petite déception pour moi, j'ai de la bouffe qui a moisi et qu'Alexis et Alice ont été obligé de jeter mais rien de grave au niveau quantité).
La montée à Airoto sera peut-être la plus longue d'une traite (1100m) mais curieusement pas la plus éprouvante. L'orage éclate peut après notre départ d'Isil et se déchaîne pendant toute la montée. j'ai même la foudre qui éclate à moins de 300m de moi, à ma droite. Cela ne me fait pas sursauter, j'aime l'orage, même en montagne, et cela m'aide à m'évader. Alexis et Alice sont à l'image d'Eloi et de ses 2 autres amis: de très bons sportifs (Alexis est traileur et a fait la diagonale des fous à la Réunion) qui avancent vite. Je me dis " mais c'est pas possible, il les recrutent sur des trails en montagne ses potes, le Eloi, ou quoi?". Ca me fait sourire et en même temps, ma confiance en moi, totalement inexistante, en a pris un sérieux coup. Ce 2ème ravito fait de moi un boulet doublement; je me dis, très bêtement je l'admets, que c'est moi qui suis vraiment nulle et pas à ma place, que je n'ai rien à foutre là, et qu'ils sont bien gentils de me supporter, tous. Alexis et Alice sont très sympas, et ne me font pas sentir que je suis vraiment lente, mais je me sens comme un cheveu sur la soupe. Je suis la majeure partie du temps seule sur cette montée, ça fait tellement de bien à Eloi de galoper avec ses potes que je les encourage dans ce sens: je n'ai pas besoin de carte, l'orientation est ici très simple. J'avoue que je craque, loin des regards, comme ça m'est arrivé une ou 2 fois au cours des 3 semaines. La pluie battante et l'orage sont très clichés mais un cadre assez idéal pour me lâcher et relâcher un tant soit peu la pression. Je ne veux pas le leur montrer, par pudeur et surtout pour éviter qu'Eloi ne se sente mal et responsable de mes difficultés physiques. C'est avant tout de ma faute: je manque totalement de préparation (changement de job qui m'a empêché de randonner pendant les 7 mois qui ont précédé la HRP) et niveau trop différent entre Eloi et moi-même, ce que je savais déjà, on avait randonné plusieurs fois ensemble. Sur le long terme, c'est différent à gérer, plus délicat certainement.
Je suis tellement la tête dans le guidon en montant que quand je vois mes 3 compères à l'abri de l'orage qui m'appellent à les rejoindre, à 300m de D+ d'Airoto, je refuse pour continuer sans relâche, sans pause surtout: je suis en mérinos ML, donc trempée comme une soupe mais ça ne me dérange aucunement tant que je marche, je surchauffe constamment à l'effort. Si je m'arrête, je vais attraper la mort, il ne fait pas très chaud et la nuit commence à tomber, toujours sous des trombes d'eau. Je suis née en Normandie, ça doit y faire, lol! La pluie est mon amie wink Quant à l'orage, je m'en fiche éperdument, je m'arrêterai pas pour lui. Ils me redoublent, je ne les vois plus, puis sur la fin, je ne suis pas paumée mais me demande un peu où le refuge se trouve jusqu'à ce que j'aperçoive de loin un truc orange pétant qui me fait quasi courir dans les derniers mètres. Airoto est un super refuge très bien équipé, avec un méchant poêle bien efficace. Résultat: tout le monde à poil, lol! façon de parler: les filles d'abord, pendant que les gars nous tournent pudiquement le dos en allumant le feu (ben ouais, galanterie oblige hein?!), ça fait du bien de se sécher et d'enfiler des vêtements secs au chaud. On se cale avec Alice sur les matelas au sol, sous les couvertures en laine, heureuses comme des coqs en pâte, pour laisser à leur tour les garçons se changer tranquillement. On passe une bonne soirée à se restaurer, papoter et puis se coucher sans réveil programmé. Ca rassérène son homme smile

4408_cimg3490_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3494_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3502_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3506_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3522_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3526_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3525_50_26-12-13.jpg

Dernière modification par Eloi (28-12-2013 00:30:49)

En ligne

#3 26-12-2013 22:46:39

ovisgmelini
Nature...
Lieu : nowhereland
Inscription : 14-09-2007

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Un p'tit point naturaliste :
"ça, je crois que ce sont des oeufs de grenouilles" : gagné !
"ceci n'est pas une salamandre" : est un Euprocte des Pyrénées
"sans doute une couleuvre" : a priori une Coronelle lisse

Beau récit ! Il me reste assez de lecture pour la soirée big_smile

SP

Hors ligne

#4 27-12-2013 00:20:31

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

J 16 : Dimanche 14 Juillet 2013

Pas très matinaux aujourd’hui. Réveil à 7h passé. C’est pas grave. Jusqu’à maintenant notre timing était conditionné par les dates des ravitaillements, qui ne peuvent se faire que là où passe une route. Maintenant on peut se la jouer plus cool. J’ai bien dormi, jusqu’à ce que j’entende un rongeur grignoter un ziplock. Je me suis levé 2 fois pour le faire fuir, sans le voir. Ça m’a tenu éveillé jusqu’au matin et ça m’a fait passer aux yeux de mes amis pour un somnambule, ou un fou.
Il fait grand beau. Nous quittons le refuge après un petit déjeuner en terrasse au réchaud à bois. Nous passons un col et descendons sur le superbe Estany Superior del Rosari. Ce coin est paradisiaque. Bizarrement ça me fait penser au parc de la Courneuve en banlieue parisienne. Un souvenir d’enfance. On reste un moment à discuter, puis Alice et Alexis partent de leur côté, et nous du notre. Aucun cairn, aucune balise. Nous passons là où le chemin devrait être d’après la carte. Nous naviguons à la boussole et à l’altimètre. Arrivés à l’Estany de Carrabea, il est midi, cette portion hors-sentier a épuisé Sonic, nous faisons une pause, au bord du lac, au soleil, l’occasion de laver les vêtements, les cheveux… Après le repas nous montons au col pour redescendre sur l’Estany Pudo. La carte indique un chemin (inexistant) qui contourne le lac en restant en hauteur. Nous suivons le seul sentier visible, qui nous mène au bord du lac. Une particularité de ce lac, c’est qu’il y a quelques ruisseaux qui s’y déversent, mais aucun ne s’en écoule. Ça doit s’infiltrer dans les nappes phréatiques. En longeant le lac, nous entendons un bourdonnement très puissant. C’est une très grande quantité de moustiques qui nous dissuadent de nous éterniser dans le secteur. Nous montons au col de l’estany Pudo. L’orage menace sérieusement. Nous descendons sur le port de la Bonaigua et prenons une conso à la terrasse d’un restaurant d’altitude. Le patron nous renseigne sur une cabane à proximité : La cabana deth Pletiu d’Arnaldo. Nous nous y rendons sous les éclairs de plus en plus proches. Comme d’habitude, la pluie et la grêle se mettent à tomber dès que nous sommes à l’abri. Nous réalisons que nous sommes courts en eau. Nous aurions du en prendre au restaurant. Nous y retournons pour prendre de l’eau, mais aussi pour y manger. Nous salivons à l’idée d’une entrecôte avec des frites. Mais le restaurant est fermé ce soir. Le barman fait le ménage à l’intérieur. Il nous dépanne de quelques litres qui nous permettront de tenir jusqu’au lendemain. Retour à la cabane. Elle n’est pas immense, mais très bien. Cubique, avec un toit en double pente, des tables, des chaises en bas, et trois matelas en mezzanine.


Ce matin, c'est cool smile on se lève tranquille et on déjeune dehors, sur la table en bois qui jouxte le refuge. Le cadre est idéal, magnifique. Il fait beau, on est entouré de sapins et de sommets, on devise joyeusement, c'est royal. Avec Eloi, on pense naïvement que ça va continuer tout aussi facilement pour la suite: 200m de D- seulement (de mémoire) nous séparent du port de la Bonaigua. Moi je dis: LOL! Ce serait pas drôle si c'était si simple smile ça sera une de nos plus grosses galères au vu de la distance à parcourir... Finalement, passablement agacés de voir que le sentier n'est absolument pas indiqué et qu'on perd un temps fou, on se pose près du lac de Carrabea pendant un bon moment (2h ou 2h30 je crois, au lieu de la demi-heure habituelle). Ca fait du bien, on se lave enfin les cheveux depuis le temps qu'on en a envie. Il fait beau et chaud et il y a une grande pierre plate parfaite pour l'opération susdite. On prend le temps de faire une sieste, ça nous fait oublier les galères précédentes.
La suite est plus simple et plus rapide et on atteint le port de la Bonaigua assez tôt dans la journée. Ca nous laisse le temps de siroter une boisson fraîche, de causer avec le patron le temps qu'il nous indique une cabane non loin de là et d'y aller avant que l'orage n'éclate, à moins de 5 min près, comme d'hab. Quand je vous dis qu'on a de la veine smile Je vois même la foudre tomber sur un pilône à moins de 100m de nous, c'est impressionnant. On s'installe tranquillement, on flâne le temps de boire un thé bien chaud avec du cake et des gâteaux tout en salivant d'avance sur un potentiel steak frites au bar duquel on vient, à quelques centaines de mètres de là. Finalement, après avoir pris un peu d'eau auprès du serveur qui fermait boutique, on retourne manger à la cabane et on se couche assez tôt.

4408_cimg3527_50_26-12-13.jpg
Petit déjeuner en terrasse
4408_cimg3529_50_26-12-13.jpg
Refuge d'Airoto
4408_cimg3534_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3536_50_26-12-13.jpg
Estany Superior del Rosari
4408_cimg3544_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3554_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3557_50_26-12-13.jpg
La route du port de la Bonaigua fait des noeuds
4408_cimg3560_50_26-12-13.jpg
Notre cabane pour la nuit


J 17 : Lundi 15 Juillet 2013

Ce n’est pas la haute route pluvieuse, comme l’ont renommée Fred et Seb l’an dernier. C’est la HRPloutch. De la chantilly plein les chaussettes.
Nous ne nous perdons pas trop, malgré que la station de Vaquera ne s’étendait pas jusqu’au Port de la Bonaigua en 1997 (date des données de nos cartes). Nous descendons au fond du val d’Aran, puis nous remontons sur un sentier bien balisé, presque jusqu’au refuge de Saboredo. Nous bifurquons un peu avant, au niveau d’une maison en travaux qui ne figure pas sur la carte. Nous passons sans encombre le col de Tuc Gran de Sendrosa (2451) et nous suivons les balises de l’autre côté pour rejoindre le refuge Colomers. Il est tout neuf, construit à 300m de l’ancien refuge. Nous y piqueniquons avec une conso. L’ambiance n’est pas géniale. Une radio diffuse de la variété. C’est pas vraiment l’ambiance qu’on recherche an allant marcher un mois en montagne. Nous repartons en direction du col de Caldes en suivant le GR11. Nous croisons un peintre en balises, un peu fuyant. La peinture rouge sur ses doigts et son air patibulaire lui donnent l’apparence d’un serial killer. Après le col, on entre dans la limite intérieure du parc d’Aiguestortes. Il y a de la neige, mais assez peu de pente. Ça ressemble à de la chantilly, ou de la meringue sur une tarte au citron. Le tracé sur la carte nous fait contourner une crête entre pierriers, névés, pentes raides, sans chemin. Nous verrons plus tard sur une vraie carte que le chemin ne contourne pas cette crête mais la franchis tout droit, nous avons d’ailleurs vu des traces dans un névé qui correspondent à ce tracé. Nous perdons beaucoup de temps, et l’orage approche. Il nous faut franchir le col suivant avant qu’il soit sur nous. Nous passons finalement le col Coret d’Oelhacrestada et sortons ainsi des limites intérieures de la réserve, puis descendons vers le refuge de la Restanque. Ces 300m de D- sont interminables. C’est du pierrier mouillé car il pleut maintenant. On entre dans le refuge par une pièce où on est prié de laisser les sacs, les chaussures et les bâtons et matériel d’alpinisme. Il y a des casiers pour accueillir tout ce bordel. Ils sont pleins raz la gueule car le refuge l’est aussi. Il y a un sac dans un de ces casiers qui attire mon attention. Je cherche à le reconnaitre. C’est un sac en nylon dyneema noir. Non, ce n’est pas un Jam. Ce n’est pas non plus un MLD… A mais je suis con, c’est un KS40 avec exactement les mêmes options que celui que je porte sur mon dos. S’il y a un KS40 ici, il y a forcément un MUL dans le refuge. Nous le rencontrons, c’est Arnaud. Nous parlons de randonnée légère, ce qui intrigue un autre pensionnaire du refuge, un mulet photographe. Nous buvons un chocolat en discutant avec ce mulet et son groupe de randonneurs. Arnaud nous prête une carte au 1 :25000 de la région. C’est là que nous comprenons pourquoi nous avons perdu tant de temps dans la réserve. Nous cherchions un chemin qui n’existe que dans l’imagination des auteurs de notre carte. Nous quittons ensuite le refuge, la pluie s’est calmée. Nous descendons 400m assez raides vers la cabane Pontet de Rius. Comme presque toujours, nous squattons seuls la cabane. Elle est grande, lumineuse, avec de vraies fenêtres. Nous faisons marcher le réchaud à bois dans l’âtre de la cheminée, ça tire bien, pas de fumée à l’intérieur. Ce fut une grosse journée. Nous sommes épuisés. Je commence à avoir faim depuis hier. Faim, coup de pompe. Je pense avoir épuisé toutes mes ressources graisseuses. Hier j’ai roulé sur une grosse pierre et je me suis très bien réceptionné, même si je ne sais pas exactement ce qui s’est passé. Seulement j’ai heurté légèrement la roche avec le mollet. Je n’ai même pas eu de bleu, mais j’ai maintenant une sorte de légère crampe par moments, à cet endroit précis.

Comme le dit Eloi, on passe notre temps dans la neige comme quand je randonne en hiver. Personnellement, ça ne me dérange pas plus que ça sinon que ça peut être pénible quand c'est de la soupe et que c'est dangereux en été avec les ponts de neige et les crevasses. Pour l'anecdote, je ne sais plus quel jour était-ce, mais je me suis fais une grosse frayeur: nous passions en amont d'un pont de neige qui surplombait un gros ruisseau assez large et à gros débit, le genre duquel on ne tient pas debout dedans. Il était à moins de 10m de nous. Le sentier n'avait rien de difficile, légèrement en descente et donc pas de crampons ni de piolet à la main. J'ai glissé bêtement, directement en direction du trou à côté du pont de neige, sur les fesses bien sûr, et ne me suis arrêté qu'avec mes mains en mode "rateau" et les talons en avant. J'ai réagi tout de suite et donc n'ai glissé que sur très peu de distance mais ça aurait pu tourner au drame très idiotement (Darwin quand tu nous tiens...).

Je crois me souvenir que c'était lors de la descente sur les Bésines au début de la deuxième partie de ce récit.

Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'Eloi a des baisses de régime, j'arrive presque à le suivre sans trop de difficultés. Je cours presque même en arrivant à Colomers, alors qu'il a l'air fatigué et sans jus, presque déprimé. Cela ne laisse pas de m'étonner mais j'essaye de l'encourager, je mets ça sur le compte de sa perte de poids et du fait qu'il ne peux pas vraiment manger plus sans taper dans les réserves des jours suivants. La suite se passe bien jusqu'à la descente sur la Restanca: les rochers plats et glissants en descente, avec mes pompes, c'est juste l'apocalypse. 300m de D-, c'est rien, mais là, c'est trèèèès long et vraiment pénible de manquer de se balancer dans le vide tous les 3m. Le refuge est surpeuplé et bruyant mais on y passe un bon moment, en cherchant le "MUL au sac KS40" et en discutant avec un groupe de randonneurs d'un âge certain qui sont cloués et gentiment incrédules face à notre équipement (l'un d'eux a 17kg sur le dos en dormant et mangeant en refuge...). On rigole bien ensemble, surtout moi, ils me prennent même en photo pendant que je leur fait un peu de "RL pub", lol! Vu l'affluence, nous n'avons vraiment pas envie de dormir là et sur les conseils du gardien, on descend 400m plus bas, toujours en surf pour moi (grrrr, put*** de godasses!) dans une cabane toute tranquille et déserte où on se pose avec bonheur.

4408_cimg3565_50_26-12-13.jpg
Alors, on est partie de la cabane qui se trouve un peu à gauche du "2" sur la carte, puis on a pris le sentier "1" jusqu'un peu avant le refuge "R", puis le sentier 4 jusqu'au refuge "R" Colomer, puis on a quitté cette carte à droite (ouest) avant de galérer sur un non-sentier puis de redescendre sur le refuge de la Restanque
4408_cimg3568_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3578_50_26-12-13.jpg
C'est plein de marmottes
4408_cimg3583_50_26-12-13.jpg
Refuge colomer
4408_cimg3596_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3601_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3607_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3613_50_26-12-13.jpg
Oui, ce sont bien des canards, et ils ont l'air plutôt à l'aise dans cette eau à 0°C. D'ailleurs ne dit-on pas "un froid de canard"?
4408_cimg3620_50_26-12-13.jpg
La vallée toute droite au fond, c'est celle qu'on remontera demain matin.
4408_cimg3633_50_26-12-13.jpg
Cabane Pontet de Rius
4408_cimg3639_50_26-12-13.jpg

J 18 : Mardi 16 Juillet 2013

Il est 5h, le réveil sonne. Je me lève rapidement, répand une giclée d’alcool dans le réchaud que j’ai rempli de bois hier soir, et allume le feu d’un coup de briquet. La popote est déjà pleine d’eau. Je la pose sur le réchaud, puis je range mon couchage.
J’ai très bien dormi. J’ai encore rêvé du boulot, d’un voyage professionnel à Paris avec un collègue. Le trajet devait se faire en Blackbird, le fameux avion supersonique américain de la guerre froide. Je me suis réveillé avant le décollage. Nous quittons le refuge à 6h et il fait encore presque nuit. Sonic a encore très mal dormi, à cause de ses genoux malmenés durant les descentes d’hier. Nous remontons une longue vallée. Je croise des marmottes, Sonic un sanglier. Nous nous sommes séparés peu après le départ, au moment où, alors que je profitais des lumières de l’aube, du chant des oiseaux sur fond de tumulte feutré de la rivière, Sonic a un pied qui a glissé et a lancé rageusement un « Putain de chaussures qui glissent ! ». ça m’a sorti de mon ambiance. Je ne voulais pas de cette tension, je n’étais pas du tout dans le même état d’esprit. J’ai alors lâché le frein et suis parti devant. Un peu plus haut, il y avait des cairns un peu partout et la carte n’était pas assez précise (et pas assez juste) pour que je sache lesquels suivre. Qu’importe, de toute façon nous savions que nous devons suivre ce fond de vallée jusqu’au lac de Rius. Nous nous sommes retrouvés avant le lac. En l’atteignant, nous croisons un français qui a passé la nuit en bivouac au bord du lac. Nous nous renseignons mutuellement sur l’état de la neige. Un peu plus tard, alors que nous faisons une pause barres de céréales au bord du lac, un hélicoptère monte la vallée en rase-mottes et fait quelques manœuvres près du sol et de l’eau. C’est impressionnant.
Nous passons le col situé à peine quelques mètres au dessus du lac, puis nous descendons sur l’Espitau de Vielha. La descente est fatigante. Nous essuyons des averses. Le refuge est fermé. Nous nous abritons devant un panneau d’information et piqueniquons, bien qu’il ne soit pas encore midi. Puis nous partons en direction du refuge Molières. Nous commençons à marcher sur une piste sur la rive gauche de la rivière. Nous fiant à la carte (on sait qu’elle est fausse mais on n’a rien de mieux) nous traversons la rivière et cherchons un sentier de l’autre côté. En sous bois, nous zigzaguons, il y a quelques cairns, nous les suivons. Nous sommes ensuite amenés à traverser une grande étendue partiellement marécageuse et buissonneuse. Les cairns sont peu visibles, nous les améliorons, puis nous retombons sur le vrai chemin. Nous regrettons d’avoir donné de la visibilité aux cairns d’un chemin qui n’est plus. Nous croisons deux femmes. L’une d’elle est Nathalie, avec qui j’ai randonné avec Kinou du côté de l’Hospitalet l’an dernier. Elles font la traversée dans l’autre sens, avec de beaux sommets en prime, dont l’Aneto. Nous continuons à grimper et atteignons le refuge. Grand luxe, fraichement rénové en 2011. Pour une boite en alu perchée sur un rocher, ça a de la gueule. L’orage nous tombe dessus avec un peu de grêle. Sonic s’est couché, elle a besoin de récupérer. Nous avons bu un Cacaolat, et ce soir nous mangerons des sardines sauce tomate. Cette boîte laissée ici nous changera du quotidien.

Aujourd'hui, la journée va mal commencer: je suis relativement HS dès le lever et incapable d'avaler la moindre bouchée, le cœur au bord des lèvres. Je ne souffre pas de dérangements intestinaux mais c'est assez limite. Je commence à marcher avec un peu de peine dès les premiers mètres, alors que la montée est longue ce matin. Je n'ai pas fait 100m que mon pied droit glisse et plonge dans l'eau glacée d'un ruisselet que j'enjambe alors. Je sors un "merde" chargé de fatigue, de ras-le-bol, de douleur accumulée, bref de plus de 2 semaines où si j'ai adoré le parcours de mes chères montagnes, j'en ai bavé, grave, comme cela ne m'était jamais arrivé. Je vois alors Eloi littéralement bondir hors de ma vue presque en courant et je comprends instantanément qu'il n'a pas envie et ne peux partager mon fardeau du moment. Je le comprends (moi-même je me déteste certains moments, tellement je me foutrais des coups de pied au cul pour avancer) et en même temps, je lui en veux terriblement à ce moment-là. S'il savait à quel point je donnerais N'IMPORTE QUOI pour être à l'aise ne serait-ce qu'une heure durant, pour prendre un pied magistral à grimper sans être à bout de force... J'ai de la peine dans tous les sens du terme et il me laisse seule là où j'ai le plus besoin de soutien, même si ce n'est pas à lui d'endosser ce rôle. Je craque pour la 2ème fois, mais je continue d'avancer, sans pause, jusqu'à tomber sur une succession de grosses buttes rocheuses sur lesquelles je m'épuise complètement, paumée, en colère, et cherchant vainement où je dois aller. J'ai raté bêtement le sentier qui longeait ces buttes par la gauche... Je surprends un sanglier, ce qui me fait sourire, me divertit quelques instants. C'est la beauté de la nature en solo: dure, sauvage mais toujours surprenante. Je galère terriblement pour traverser le gros ruisseau assez large qui me sépare du sentier que j'aperçois enfin à ma gauche. J'y parviens au bout d'un temps certain, reprends le sentier et recommence à monter avec un peu plus d'assurance. J'aperçois Eloi peu après mais je passe sans tourner la tête et ne m'arrête pas, non pas que j'ai peur d'être désagréable ou lui faire une remarque mais je ne sais trop comment réagir. Je pense alors que cela lui a fait du bien de prendre l'air loin de mes embêtements et il m'a attendu sur un chemin très évident, où il n'avait pas besoin de le faire, et ça pardonne un peu à mes yeux sa fuite du matin même. Il marche un bon moment derrière moi, on ne dit rien, puis la beauté du décor qui nous entoure reprend ses droits et nous fait oublier nos griefs personnels, on se remet à échanger paisiblement sur... quoi? je ne sais plus, un arc en ciel, un couple de gypaètes, une marmotte? peu importe, la tension est retombée et on prend plaisir à randonner à nouveau ensemble. La rencontre avec un jeune français assez original et sympathique nous montre que nous ne sommes pas les seuls à affronter une neige pas toujours sûre. Mais le garçon est confiant, presque naïf et je lui souhaite bonne chance avec un peu d'appréhension quand même wink Quelques minutes plus tard, un hélico (espagnol?) fait une démonstration de posé de patins sur de la neige en dévers, à quelques mètres à peine de nous, presque à nous ébouriffer les cheveux avec le souffle des pales tellement il est proche. Je n'en avais jamais vu de si près en vol.
La descente à Espitau est un peu longue mais je ne traîne pas, je pense même aller vite à un moment où je continue devant Eloi qui fait une pause technique: je n'ose pas aller trop vite parce que je ne l'entends pas derrière moi mais en même temps, j'ai envie d’accélérer. Arrivée en bas, j'suis deg: il est passé devant moi le salopiaud! :DDD mais comment a-t-il fait? ça me fait rire et on arrive tout content sous un petit abri qui nous protège de la pluie, qui arrive encore une fois quelques minutes après notre arrivée. La montée au Molières est un peu hasardeuse mais on y arrive sans trop de mal. On fait une grosse sieste d'entrée de jeu, ça nous fait du bien. Les vivres laissées sur place nous change du quotidien et on apprécie vraiment ce beau refuge tout neuf très agréable. La nuit est presque bonne pour moi, le moral remonte.

4408_cimg3643_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3647_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3667_50_26-12-13.jpg
Le problème quand on fait la HRP "à l'envers", c'est qu'on doit marcher à reculon pour admirer les levers de soleil.
4408_cimg3677_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3679_50_26-12-13.jpg
Lac de Rius
4408_cimg3684_50_26-12-13.jpg
Descente sur l'Espitau de Vielha.
4408_cimg3689_50_26-12-13.jpg
L'Espitau de Vielha
4408_cimg3694_50_26-12-13.jpg
HRPloutch HRPlouth HRPloutch...
4408_cimg3701_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3705_50_26-12-13.jpg
Le refuge de Molieres
4408_cimg3706_50_26-12-13.jpg
Et à côté un lac. Je vais encore pas me laver !

J 19 : Mercredi 17 Juillet 2013

Suite d’hier soir :  Grosse sieste d’1h30, de 18h à 19h30. Nous nous réveillons pâteux et cuisinons, puis nous recouchons.
Ce matin, petit déjeuner de luxe sous le plafonnier à LED du refuge. Un sacré col nous attend. Nous quittons le refuge comme d’habitude vers 6h. Il fait tout juste jour, mais avec la clarté de la neige la visibilité est suffisante pour marcher. Au début la neige est pile comme il faut pour nos 6 pointes. Il y a des pentes raides. La neige est parfois soupe parfois gel. Nous galérons pas mal. Nous suivons les traces des filles croisées hier. Le col proprement dit est une crête rocheuse raide qui s’escalade. De l’autre côté la pente est bien plus douce. Nous courrons jusqu’à un premier lac. Puis la vallée vire à droite. Nous atteignons une zone rocheuse et déchaussons les crampons. Pas bien longtemps puisqu’on doit les remettre pour un passage neigeux soupeux, pentu raide, et plongeant sur le torrent tumultueux à un endroit où il sort d’un pont de neige pour plonger sous un autre. Autant dire qu’il vaut mieux être vigilants. Ce passage est particulièrement éprouvant pour le genou de la jambe amont (celle qui est tout le temps pliée). Ensuite ça alterne entre roche et neige et ça passe sans crampons.
Plus bas dans la vallée nous suivons les indications d’un panneau et montons au refuge de la Rencluse, plus de 100m plus haut. Nous y mangeons un repas copieux, voir trop. Puis nous redescendons par le même chemin, car en fait nous n’étions pas censés passer au refuge. Arrivés au parking, nous prenons un bus avec le reste de nos économies, pour atteindre l’Hospital de Benasque. Les intempéries de Juin ont détérioré la route. Le bus tressaute, nous puons des pieds, j’ai trop mangé, le repas me reste sur l’estomac. Quel soulagement quand nous atteignons notre destination. J’étais sur le point de rendre mon repas dans le ziplock servant initialement à protéger la carte de la pluie.
Au parking nous faisons du stop et sommes immédiatement pris par la première voiture qui passe : une superbe Volvo avec un couple d’espagnols et leur fille. Ils nous conduisent à Banos de Benasque. Nous avons honte de l’odeur de nos pieds.
Nous marchons ensuite 1h30 pour atteindre la petite cabane pastorale du Litérole qui semble habitée par le berger. Ça sent les croquettes pour chien, on n’a pas envie d’y dormir.
Nous bivouaquons au dessus, non loin d’un ruisseau où nous nous lavons. Le soir nous voyons le berger surveiller son troupeau composé d’un grand nombre de brebis et de chèvres. Vu le festin de midi (pris vers 15h en fait) nous n’avons pas faim. Nous nous contentons d’une tisane accompagnée de crêpes au miel d’Eyne et de quelques gâteaux.

J'ai presque la forme ce matin, la montée au col est certes très raide, surtout sur la fin (ô comme je n'aurais pas aimé le faire dans l'autre sens ce col!) mais ça passe bien, la neige et bonne et je progresse bien, je suis presque contente de moi. Eloi s'occupe de faire une reconnaissance sur la partie rocheuse quasi à la verticale mais très facile à grimper niveau escalade, juste vertigineux. Je passe facile, ça me fait plaisir, surtout que j'ai un vertige très prononcé. La descente derrière est douce, ça se présente vraiment bien. Il y a des tas de ponts de neige et de chaussages et déchaussages de crampons mais c'est une portion agréable. La perspective de manger à la Rancluse nous fait galoper pendant pas mal de temps, mais il est plus loin que prévu et on se retrouve à devoir remonter plus de 100m alors qu'on est un peu rincé. Même Eloi rechigne un peu à la montée, on a hâte de poser nos fesses. On se gave comme des oies au refuge, c'est vraiment pas raisonnable, mais on est content smile Gros malins que nous sommes, on ne s'est même pas rendu compte qu'on vient de faire un détour inutile: la rencluse est sans issue, sauf pour grimper sur l'Aneto. Il faut donc redescendre par le même chemin pour reprendre la route... Bah, je le prends en riant, mais le pauvre Eloi en a gros sur l'estomac et le trajet en bus sera limite pour lui. A l'Hospital de Benasque, je propose de faire du stop avec une confiance sans faille: je suis sûre qu'on va trouver une voiture pour nous descendre, je sens Eloi un peu désabusé et j'ai envie de me rendre utile. La première voiture hélée est la bonne smile Par contre, les 400 derniers mètres jusqu'à la cabane du Literole ont été dur pour nous 2: marcher en D+ avec l'estomac rata plein, c'est pas top. Le bivouac est une place à moustiques, et il traîne dans l'appareil photo d'Eloi une photo culte de ma façon originale de me protéger de ces charmantes petites bêtes big_smile La perspective d'avoir moins de 2 jours de marche d'ici le CDB est assez excitante, mais on se concentre surtout sur le lendemain: le col du Literole est le plus haut que nous passerons, et celui que l'on redoute le plus.

4408_cimg3710_50_26-12-13.jpg
Refuge de Molieres, un 5 étoiles grand standing à 2390m d'altitude
4408_cimg3717_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3721_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3727_50_26-12-13.jpg
Encore une fois faut se retourner vers l'Est pour voir ce spectacle
4408_cimg3757_50_26-12-13.jpg
C'est raide et parfois glissant
4408_cimg3768_50_26-12-13.jpg
Par contre côté Ouest du col, c'est quasiment plat, le terrain idéal pour piquer un sprint. Premier arrivé au lac...
4408_cimg3782_50_26-12-13.jpg
Bon en fait c'est pas si simple
4408_cimg3793_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3802_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3810_50_26-12-13.jpg
Efficace contre les moustiques, mais pas très pratique pour boire le thé. C'est surprenant, ces moustiques se sont posé longuement sur ma peau sans me piquer. Soit je puait trop (pas possible, je vensais de me laver), soit ayant épuisé toutes mes réserve, ils ne restait plus rien pour eux.

J 20 : Jeudi 18 Juillet 2013

Ça fait des jours que nous appréhendons le franchissement du col inférieur du Litérole qui culmine à 2983m. C’est le dernier col de notre périple, et aussi le plus haut. En fait c’est même le point le plus haut de cette rando vu qu’on n’a pas trouvé le temps de s’offrir des pics à 3000m en chemin.
Matinée flemme. Je laisse sonner le réveil 2 fois. On se lève à 5h, mais on ne commence à marcher qu’à 6h45. Le chemin passe bien jusqu’à l’Ibonet de Remuñe. Là ça se corse. On grimpe à gauche jusqu’à la crête et un col à 2738m. On suit cette crête en direction du Perdiguère, mais on bifurque avant vers la droite pour rejoindre le lac (Ibon blanc) à son aval. Il est couvert de neige et de glace. Les couleurs sont magnifiques. Nous le contournons par sa rive droite en marchant sur la neige. De l’amont du lac, nous suivons un pierrier afin d’éviter la neige et le cramponnage, puis, arrivés 250m sous le col, nous chaussons les crampons et suivons les traces que nous supposons être celles de Nathalie et sa pote. C’est impressionnant de loin, mais ça passe plutôt bien, même si la neige est soupeuse. Au col nous n’avons que quelques mètres à franchir sur la roche, et nous arrivons sur une pente neigeuse que je dévale en courant tout droit. C’est super kiffant. Sonic est un peu moins à l’aise sur ce terrain là. Elle profite de l’occasion pour faire une chute et un arrêt piolet. Je suis sûr que c’est seulement pour justifier d’avoir porté son piolet durant 3 semaines. Plus bas, nous retrouvons la pierre ferme, déchaussons les crampons et descendons au refuge du Portillon. Nous y arrivons juste à temps pour éviter la pluie. Il y a 3 personnes à l’intérieur, qui semblent y avoir leurs habitudes : Le gardien, qui joue aux échecs avec une femme, et un homme qui dessine un vautour percnoptère avec beaucoup de talent. De l’extérieur le refuge n’a rien d’accueillant. Il est gris sombre, austère, posé dans la caillasse au bout d’un barrage en béton au bord d’un lac encaissé. Mais dedans c’est clair, agréable, boisé. Nous y mangeons une fameuse omelette. Après ce repas et le café, nous poursuivons notre route. Direction le lac d’Espingo. En chemin nous croisons un père et sa fille Aurore et leur chien, portant des sacs Osprey Atmos pleins à craquer. Même le chien a des sacoches. Ils sont partis d’Hendaye le lendemain de notre départ de Banyuls. Nous aimons cette coïncidence. Nous faisons une photo de groupe, parlons de matos léger, de cols enneigés, et ils nous donnent une carte que nous scannerons puis mailerons à l’adresse indiquée dessus. C’est une sorte de suivi de leur périple pour leurs proches, qui consultent cette adresse mail.
Au bord du lac d’Espingo il y a des campeurs. Une mère et son fils. Ils vont faire le Perdiguère demain. La pelouse est plate, confortable. Les sardines s’y insèrent facilement.

La journée n'est pas aussi difficile que je le pensais: c'est un peu technique mais pas très difficile et le paysage est superbe. Les souvenirs du Perdiguère, dont le sommet me guette à ma gauche à peine à 300m de D+, me reviennent en foule: c'était ma première rando MUL, en juillet 2009, et ma première rando alpi aussi (merci Yann et Highpictv wink ). On a hésité à passé par là, on aurait peut-être pu. La montée au Literole se fait sans trop d'encombre, je suis devant et Eloi s'accommode très bien de mon rythme. Je suis contente et c'est peut-être le premier col que je vais passer en tête. Finalement, je repasse en 2ème position mais ce n'est pas grave, la motivation est là et la bonne ambiance aussi, on est content de toucher au but. La descente au Portillon me pose plus de difficultés (mes crampons m'en font voir un peu, je surfe!) et je fais même un arrêt piolet pendant qu'Eloi est mort de rire en courant comme un ptit fou. La partie rocheuse pour arriver au refuge est périlleuse pour moi, quelques passages sont au-dessus du vide et je ne suis pas rassurée avec mes savonnettes aux pieds mais ça passe, je suis contente de galoper un peu. On se pose au refuge avec joie pour y engloutir une excellente omelette servi par un gardien très sympathique.
En repartant, on croise un père et sa fille avec qui on discute, très sympas, et après avoir vanté les bienfaits de porter léger et du côté safe de la chose, on prend congé et je ne fais pas 2 mètres avant de faire une chute magistrale, mdr!!! c'était épique! (c'est vraiment de la mouise mes grolles, lol!). On continue à descendre avec entrain jusqu'au lac d'Espingo où on se pose pour bivouaquer sous un grand soleil. On a du temps pour flâner, se baigner, être tranquille, et demain, on a toute la journée pour descendre aux granges d'Astau, autant dire une ballade de santé. Le dièdre du Spijeoles nargue le grimpeur qu'est Eloi, les sommets qui entourent la combe du lac où nous sommes donnent un côté majestueux à la beauté du lieu; c'est-ce que j'aime tant dans mes chères montagnes où j'ai passé les premières années de ma vie.  La fin de journée est douce et agréable, la traversée touche à sa fin pour nous mais si j'ai envie de repos et de soulagement de mes vieilles douleurs, cela ne me donne qu'une envie: repartir pour finir.

4408_cimg3817_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3820_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3826_50_26-12-13.jpg
Ibonet de Remuñe, si je ne m'abuse
4408_cimg3835_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3840_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3842_50_26-12-13.jpg

4408_cimg3850_50_26-12-13.jpg
Ibon Blanc qui porterait bien son nom s'il n'était pas si bleu. Au fond c'est le col inférieur du litérole
4408_cimg3860_50_26-12-13.jpg
Pas évident de savoir ce qu'il y a sous la neige : berge ou lac? (comme dirait Edmond Rostand)
4408_cimg3863_50_26-12-13.jpg
Dernier col, dernière montée...
4408_cimg3864_50_26-12-13.jpg
ça se gâte
4408_cimg3868_50_26-12-13.jpg
Passé le col, vue plongeante sur le Lac du Portillon. Je dévale la pente et...
4408_cimg3872_50_26-12-13.jpg
Ah bah elle est passé où? (cherchez bien on la voit)
4408_cimg3878_50_27-12-13.jpg
Le barrage et le refuge du Portillon
4408_cimg3882_50_27-12-13.jpg
Mais non, c'est pas vertigineux! (petit zoom ci-dessous)
4408_cimg3881_50_27-12-13.jpg

4408_cimg3886_50_27-12-13.jpg
Le retour de la guerre des Mondes
4408_cimg3899_50_27-12-13.jpg
Lac d'Espingo

J 21 : Vendredi 19 Juillet 2013

Départ à 10h30. Il y a du relâchement. C’est grasse matinée aujourd’hui. Nous avons attendu le soleil avant de plier les toiles. Nous descendons de l’Espingo aux granges d’Astau via le lac d’Oo. Nous croisons un paquet de marcheurs et touristes. Aux granges, nous prenons un repas princier. Saumon, entrecôte… La tarte aux myrtilles maison est à recommander. Les produits sont locaux. Nous quittons les granges et tendons le pouce. Un Renault trafic nous prend. Nous nous installons dans le coffre. 5 retraités qui vont à Arrau, c’est juste nickel. En plus ils sont super sympa. A Arrau, nous tirons du fric et nous faisons quelques courses dans la superette. Puis encore en stop, nous parcourons les 3 derniers km jusqu’à Cadéac. Le camping est au bord de la rivière et Jean Paul, qui en est le gérant, est très cool. Douche !! Lessive !! Je me retrouve presque à poil, et j’en profite pour me réfugier sous la toile et écrire un peu. Techlab est mon sauveur. Il me prête des vêtements de rechange, ce qui est bienvenue, puisque la lessive commencée cet après-midi ne sera finie qu’en fin de matinée demain car la machine a un souci : la courroie a sauté, donc le tambour ne tourne pas.
C’est parti pour le camp de base.

Aujourd'hui, c'est le dernier jour, on faignasse tant et plus. La descente au lac d'Ôo me rappelle pas mal de souvenirs, j'y suis passée 3 fois auparavant. Je ne souvenais pas par contre y avoir croisé tant de touristes: je choisis ce mot sciemment vu l'équipement de certains, beaucoup plus familial pour la ballade du dimanche (glacière, siège pliant, etc) que randonneurs, et je dis cela sans critique aucune, c'est un lac à peu de distance des granges et donc accessible aux non-randonneurs. On se fait un festin dantesque auxdites granges d'Astau, c'est un pur moment de bonheur smile J'ai toujours autant confiance pour le stop et marche allègrement en attendant qu'une voiture nous amène à 2 vallées de là, à Cadéac. On n'a même pas le temps de faire 1km big_smile
Re-stop d'Arrau à Cadéac, on est déposé devant l'entrée du camping, c'est royal. Retrouvailles avec Techlab que je connais déjà et sa petite famille, une bonne douche chaude et une fin d'après-midi tranquille en attendant le gros des troupes pour le lendemain. Franchement, je suis fière d'une chose, pour moi-même: j'y suis arrivée!  c'est bête mais je suis contente d'avoir tenu bon et serré les dents malgré les difficultés et la douleur, d'avoir pu du mieux que je pouvais profiter de cette traversée et du côté unique de ce bout de HRP. C'est une victoire sur moi-même et une randonnée extraordinaire par la variété de ses paysages et ses étapes; je ne rêve que de la finir, même si physiquement, j'en suis incapable pour l'instant et le serai pendant tout l'été, à me remettre doucement. Moi qui pensais naïvement être à l'aise au CDB après 3 semaines de rando, et pouvoir suivre tranquille, haha! quelle blague big_smile
M'en fous, je l'ai fait, me suis éclatée dans tous les sens du terme et j'y repense avec bonheur.
A quand la prochaine HRP? ^^

4408_cimg3901_50_27-12-13.jpg
Vous avez vu? On n'est pas encore parti et on est déjà au soleil ! ça change des départs à 6h
4408_cimg3908_50_27-12-13.jpg

4408_cimg3909_50_27-12-13.jpg
Un peu de botanique : c'est de la Joubarbe
4408_cimg3910_50_27-12-13.jpg
Refuge d'Espingo
4408_cimg3914_50_27-12-13.jpg
Lac d'Oo
4408_cimg3915_50_27-12-13.jpg
Granges d'Astau

En ligne

#5 27-12-2013 02:03:44

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Salut Sonic et Eloi !  smile

Je viens de tout lire d'un coup, trop bien, quelle aventure ! Bravo et merci pour le partage.
Je vais tout relire plus tard pour bien digérer cette H-R-Ploutch ! smile

PS : Vous la finissez quand alors cette traversée ? wink


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

Hors ligne

#6 27-12-2013 08:44:53

Nayana
Helix pomatia
Lieu : Cote d'Or
Inscription : 05-10-2010

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Eh bien,  on l'aura attendu ce récit tongue
Je vais prendre le temps de le lire ce soir tranquille.
Un petit coucou de Nouvelle Zélande où l'été est pour l'instant plutôt pluvieux.
Bises et à bientôt.


Lentement mais surement...

Hors ligne

#7 27-12-2013 11:44:40

ucorsu
Membre
Inscription : 23-03-2007

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Bonjour et merci !
Quel talent smile

Dernière modification par ucorsu (27-12-2013 11:45:10)

Hors ligne

#8 27-12-2013 13:52:02

Draven
Aller a l'essentiel..
Lieu : Jura
Inscription : 14-06-2009
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Tout lu d'une traite ce matin avec un immense mug de café, ça fais voyager !
J'ai beaucoup aimer le récit a deux mains, on a les impressions des deux protagonistes sur le vif, avec les avis bien différents suivant l'humeur ! Je me reconnais dans le feeling de sonic, ayant l'habitude de marcher avec des gens bien plus rapides et/ou endurant que moi, c'est frustrant pour tout le monde... C'est la qu'on se rend compte que la solution de flf et eraz en corse ( se séparer au bout de quelques jours ) était logique.
Pas possible pour vous, dommage...


L'enneigement au mois de juillet est impressionnant... Les massifs ont eu leur dose de neige l'hiver dernier !


Réduire le sac, à défaut de pouvoir réduire son porteur...
FlickR

Hors ligne

#9 27-12-2013 14:26:40

sonicflood777
l'Eternel est mon rocher, ma forteresse
Lieu : pessac et budapest
Inscription : 16-01-2009

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Tu veux que je vienne faire un concours de lenteur avec toi dans ton coin de Jura, Draven? wink

Je viens de finir aussi de tout relire (je n'avais pas vu les photos d'Eloi) et ça ne me donne qu'une envie: repartir. S'arrêter à 15 jours de l'arrivée, c'est masochiste!
Je commence à concocter doucement une 2ème HRP pour cet été, complète cette fois, mais chut! c'est un secret wink

Tes photos sont très belles Eloi, c'est vraiment super que tu ais eu de la batterie pendant 3 semaines smile


Un chemin de 1000 lieues commence toujours par un pas. Confucius

Hors ligne

#10 27-12-2013 15:30:08

eraz
multimedia
Lieu : Sancy
Inscription : 26-08-2007

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Kikoo à tous les 2 wink

Merci pour le retour... les photos, les anecdotes, les bains gelés, les réveils aux aurores, les insomnies de sonic (pfff elle dort jamais en rando, un petit vent la tient éveillée toute la nuit... wink) et pour toute cette belle neige wink.

eraz

Hors ligne

#11 27-12-2013 17:54:53

Ontheroad33
Pandabruti
Lieu : Bordeaux
Inscription : 15-08-2011

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Salut smile

Décidément c'est plein de super récits en ce moment... Félicitations et merci pour ce partage ! big_smile


"Je ne sais pas où je vais. Ouh ça je ne l'ai jamais bien su. Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n'irais plus." La Rue Kétanou, Où Je vais, Album En Attendant Les Caravanes, 2000.

Hors ligne

#12 27-12-2013 18:30:20

Draven
Aller a l'essentiel..
Lieu : Jura
Inscription : 14-06-2009
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

sonicflood777 a écrit :

Tu veux que je vienne faire un concours de lenteur avec toi dans ton coin de Jura, Draven? wink

Hey, tu sais que tu vient quand tu veux hein ! Depuis le temps que j't'invite ! lol
En février je vais essayer de faire un truc, pas forcement MUL par contre. wink


Réduire le sac, à défaut de pouvoir réduire son porteur...
FlickR

Hors ligne

#13 27-12-2013 19:20:43

sonicflood777
l'Eternel est mon rocher, ma forteresse
Lieu : pessac et budapest
Inscription : 16-01-2009

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

pas forcement MUL par contre

Pas grave, je suis aussi inscrite en face lol j'ai même acheté un Commander de Perotti tongue
j'en dis pas plus, sinon j'vais m'faire virer ^^


Un chemin de 1000 lieues commence toujours par un pas. Confucius

Hors ligne

#14 27-12-2013 19:53:22

Draven
Aller a l'essentiel..
Lieu : Jura
Inscription : 14-06-2009
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Bah c'est normalement avec un pote militaire alors... tongue


Réduire le sac, à défaut de pouvoir réduire son porteur...
FlickR

Hors ligne

#15 27-12-2013 20:07:33

florencia
Membre
Lieu : 71
Inscription : 11-11-2011

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Merci à tous les deux pour ce récit ! cool

On l’aura attendu longtemps, mais cela valait le coup big_smile

L’écriture à deux mains permet effectivement de bien percevoir le ressenti de chacun. Pas toujours simple d’accorder ses violons, pour que chacun puisse en profiter pleinement…

Pfff que de neige ! A ce propos, pas trop de problème de gestion de l’humidité et pieds mouillés ?

Sinon, très belle conclusion Sonic, tu peux être fière de toi smile

Je vous souhaite à tous les 2, une nouvelle traversée, en entier cette fois-ci, et chacun à votre rythme.

Flo


Réalisations DIY
_ _ _ _ _ _ _ _ _

"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.

Hors ligne

#16 27-12-2013 21:00:29

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

florencia a écrit :

Pfff que de neige ! A ce propos, pas trop de problème de gestion de l’humidité et pieds mouillés ?

Ce ne sont pas les passages enneigés qui nous mouillaient le plus les pieds. Les Pyrénées étaient exceptionnellement gorgées d'eau : Les prairies étaient des marécages, les ruisseaux étaient des torrents... De plus avec les cartes fausses qu'on utilisaient et qui indiquaient quasi systématiquement le sentier sur la mauvaise rive des cours d'eau, on était très souvent amenés à traverser les rivières à des endroits pas vraiment aménagés. A ça on ajoute la pluie.
Pour moi ça n'a pas été problématique. Pas de "pied de tranchée" ou autre désagrément. Lors de la dernière semaine, on a eu les pieds mouillées plusieurs jours d'affilée sans possibilité de sécher les chaussures, et là c'est l'odeur des chaussures qui était incommodante. En temps normal j'ai la prétention de ne pas sentir des pieds, mais là c'était si puissant qu'en marchant je sentais mes "propres" pieds.
Même si je savais que le matin j'allais mettre des chaussettes mouillées, je préférais le mouillé propre au mouillé sale. Je faisais un roulement entre deux paires de chaussettes.

En ligne

#17 27-12-2013 23:13:32

sonicflood777
l'Eternel est mon rocher, ma forteresse
Lieu : pessac et budapest
Inscription : 16-01-2009

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Merci Flo smile

Pour l'humidité, je n'en ai pas vraiment souffert, à part un début de pied bien blanc et fripé les tout derniers jours. Si j'avais dû continuer les 15 jours restants, j'aurais acheté une paire de chaussettes supplémentaire au CDB: je n'avais que 2 paires et 3 ne sont pas du luxe dans de telles conditions.
Le plus contraignant pour moi était surtout de devoir déchausser et rechausser très souvent pour les passages de gué, et jouer continuellement à saute-mouton avec les flaques, les chemins qui se transforment en ruisseau, et les mares traîtresses bien cachées sous les herbes touffus. D'où le surnom HRPloutch lol
Et c'est plus pour le côté glissant que ça me gênait un peu, à cause de mes chaussures. Sur rocher glissant, c'était de vraies savonnettes. J'ai l'habitude d'avoir les pieds mouillés une bonne partie de l'année (moto par tous les temps) et cela ne me dérange pas plus que ça.

Pour le rythme, je pense que cela n'est pas gênant d'avoir une grosse différence mais sur une courte durée. Eloi et moi savions que j'étais très lente, mais il nous a fallu une période longue pour que cela soit un "handicap", ou une source de frustration. C'est une bonne expérience, je ne le regrette pas, ça apprend des tas de choses sur soi et sur les autres smile
Il y a aussi le tempérament qui joue beaucoup: si j'avais randonné avec un nerveux/colérique/impulsif, ça aurait peut-être tourné court. Et de ce côté-là, je n'ai vraiment pas à me plaindre d'Eloi, il a été patient et a fait contre mauvaise fortune bon cœur.

PS: j'ai quelques tortues dans mon escarcelle que j'essaye de recruter pour cet été ^^ big_smile


Un chemin de 1000 lieues commence toujours par un pas. Confucius

Hors ligne

#18 27-12-2013 23:26:51

Ralf7500113
SpectActeur
Lieu : Où les vents me porteront
Inscription : 03-02-2010

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Depuis le temps que j'attendais ce récit! Merci de vous être donné la peine de le rédiger. Bravo à vous 2, surtout à toi Sonic, tu as été bien courageuse malgré les ennuis.  smile


"Une heure d'ascension dans les montagnes fait d'un gredin et d'un saint deux créatures à peu près semblables. La fatigue est le plus court chemin vers l'égalité, vers la fraternité. Et durant le sommeil s'ajoute la liberté."
Friedrich Nietzsche

Hors ligne

#19 28-12-2013 00:52:13

martie
Membre
Inscription : 04-03-2011

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Super à tous niveaux!

super rando
superbes photos
super récit à deux mains qui double les points de vue, les émotions, fait apparaître les divergences mais permet aussi de faire ressortir les points de convergence
et puis c'est vivant, on y est, on vibre avec vous!

de plus par ce temps d'hiver pluvieux avec de plus beaucoup de boulot, une fois de plus il ne reste que RL pour rêver et m'évader...

C'est drôle à une journée près je vous aurais croisés dans le coin des Bouillouses (j'ai fait un p'tit tour d'une semaine dans ce coin) - oh très tranquillou par rapport à vous!

mais je n'avais jamais vu non pas tant de neige et d'eau - mais simplement de neige et d'eau- dans ce coin où j'étais déjà allée 2 fois l'été!

Randonner seule (c'est mon choix) ça évite les rythmes différents, les divergences... (j'embête personne car je suis lente... mais aussi personne ne m'embête)
Mais je suppose aussi que ça enlève les moments de partage... (j'suis un peu sauvage mais je peux reconnaître que ça peut être sympa!)
Et puis quand il y a des moments un peu plus "galère", à 2 ou +, ça peut devenir une aventure plus sympa...

côté matos, Sonic, la gatewood sous la pluie en marchant, vraiment?
j'ai essayé cet été dans mon coin (le pays de Caux) et ça m'énerve trop: c'est trop grand, ça se prend partout...
pour le bivouac, oui...
et pour le bivouac, avec un sursac (si je me souviens bien de ta liste) c'est un essai transformé? Le sursac te semble nécessaire?
merci à l'avance pour tes réponses

et merci à vous deux pour ce retour

bonne fin d'année

martie

Dernière modification par martie (28-12-2013 00:53:37)

Hors ligne

#20 28-12-2013 11:44:29

sonicflood777
l'Eternel est mon rocher, ma forteresse
Lieu : pessac et budapest
Inscription : 16-01-2009

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Salut martie,

Pour la Gatewood, je te rassure: ça a été le seul et unique essai. Je l'ai prise sciemment (avec ma Mica quand même au cas où) pour tester en montagne sur sentier facile: c'est un peu galère. Il faut une bonne ceinture élastique pour tenir le tout autour de la taille et plutôt utiliser ça en plaine. En montagne, je préfère définitivement la veste imper/respi.

Pour le sursac, c'était un test matos itou: Ralf m'a très gentiment prêté le sien, en cuben, qui pèse à peine plus de 100gr. C'était l'occaz, sur long terme, d'essayer ça. Faut que je fasse un retour matos dans le fil dédié mais je t'en dis quand même un ptit mot.
Bilan: avec une couette, le sursac est bien, ça limite grandement les courants d'air et c'est un vrai plus thermiquement. Ceci étant, le sursac de Ralf est un modèle taillé par et pour les mecs, j'en suis quasi sûre. Il est très étroit, or j'ai les hanches larges et un derrière bien présent tongue Du coup, difficile de bouger dedans et des points froids parfois à ce niveau.

J'ai tout essayé comme config: Neoair et couette dedans (arrghh, j'étouffe!), Neoair dedans et couette dehors autour du sursac, Neoair dehors et couette dedans, Neoair dehors et couette dehors. La meilleure solution était la 3ème, mais pas parfaite.
Conclusion: il me faut un sursac taillé pour les filles wink

Côté humidité/pluie/orage, j'aurais pu me passer du sursac mais sur longue période comme celle-ci et sans back-up, je préfère la sécurité qu'apporte les 100gr du sursac pour éviter que ma seule solution de couchage ne prenne l'eau.
Ceci étant, pour avoir testé la Gatewood en plein hiver suisse et sur la HRP pendant 3 semaines, j'en suis contente, c'est très protecteur pour un poncho-tarp.

walla walla smile

sonic.


Un chemin de 1000 lieues commence toujours par un pas. Confucius

Hors ligne

#21 28-12-2013 13:10:29

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Voici ma liste effective, qui diffère un peu de ce que j'avais prévu

4408_liste_hrp_effective_2_28-12-13.jpg

En ligne

#22 28-12-2013 16:24:24

lataboge
Breiz pyrénéist
Lieu : Gers
Inscription : 12-02-2010
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

Merci beaucoup à vous deux pour ce récit et pour le partages des émotions! smile
J'ai tout lu attentivement!

nb : le bivouac est interdit à Espingo  tongue

Hors ligne

#23 28-12-2013 16:46:24

Hareotoko
But alors....
Lieu : Hte Normandie
Inscription : 07-01-2013

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

800g la paire de trail en 50..... Pfffff.... wink  tongue

Le bol Snowpeak plus une popote, celà a bien collé  à tes besoins sur le terrain ?

Pour la guerre des mondes...ça me fait plutôt penser à des sondes impériales à la recherche de rebelles, sur une planète glacée... smile

Dernière modification par Hareotoko (28-12-2013 17:28:08)


Quand Bruce Banner est énervé, il devient Hulk. Quand Hulk est énervé, il devient......Chuck Norris.

Bénir....ramollit ; Maudire.....tonifie.

Hors ligne

#24 28-12-2013 18:05:32

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

lataboge a écrit :

Merci beaucoup à vous deux pour ce récit et pour le partages des émotions! smile
J'ai tout lu attentivement!

nb : le bivouac est interdit à Espingo  tongue

Il y a bien un panneau qui interdit le bivouac mais sans préciser les limites spatiales de cette interdiction.

Hareotoko a écrit :

800g la paire de trail en 50..... Pfffff.... wink  tongue
Le bol Snowpeak plus une popote, celà a bien collé  à tes besoins sur le terrain ?
Pour la guerre des mondes...ça me fait plutôt penser à des sondes impériales à la recherche de rebelles, sur une planète glacée... smile

Les chaussures de trail, moi je les trouve plutôt légères, pour des chaussures en 49. tongue
Elles ont plutôt bien encaissé la traversée. Les semelles adhèrent correctement et ne sont pas plus usées que ça, après 3 semaines de HRP et une semaine de camp de base.
Le mesh par contre a bien morflé, surtout sur les côtés au niveau de la base du petit et du gros orteil. J'ai fait des réparations en route avec de la glue souple ("résiste à tout" de pattex). Ce sont les pierriers qui ont abimé le mesh.
Le plus gros problème que j'ai rencontré, c'est à partir du milieu du périple, la semelle intérieure de la chaussure droite a commencé à glisser vers l'arrière. C'est arrivé dans une côte en dévers (pied droit en amont) alors que les chaussures étaient mouillées. A partir de ce moment là, la semelle se barait vers l'arrière en permanence. Je la remettais en place lors des pauses et rebelotte.

ça fait un moment que j'utilse ce bol et cette popote. J'envisageais de remplacer le bol par un deux fois plus léger en plastique, mais je n'ai pas trouvé cherché. Pour la purée 4/4 je trouve ça pratique d'avoir deux récipients, un pour faire chauffer l'eau et l'autre pour faire le mélange. Pareil pour le muesli que je ramolis dans le thé du matin. En plus de ça la popote a souvent servi pour nous deux, donc c'était commode d'avoir le bol en plus. Au passage, le bol s'insère parfaitement dans la popote, on dirait que c'est fait exprès, et il reste de la place pour le P3RS et le pare-vent.

En ligne

#25 28-12-2013 19:39:23

bruno7864
partir, partir et découvrir
Lieu : toujours dans la Lune
Inscription : 11-10-2012

Re : [Récit + liste] HRP incomplète Juillet 2013 : H-R-Ploutch.

intéressé pour une future rando, merci pour ce CR plein d’émotion.

Sonic, au vu de la difficulté et la longueur des étapes et ton manque d'entrainement préparatif à la marche comme tu le dis, cela ne me parait pas étonnant que tu ais eu du mal à suivre et enchainer les étapes. La clef est sans doute là, quelques séances préparatoires t'auraient été bénéfiques. Passer le cap des 3 heures de marche sans arrêt et sans fatigue me parait indispensable. Ah oui et pour les articulations "la boisson", on ne boit jamais assé et les douleurs articulaires viennent souvent de là. Mais chapeau quand même tu as été jusqu'au bout.

Dernière modification par bruno7864 (28-12-2013 19:40:33)

Hors ligne

Pied de page des forums