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#1 12-12-2014 18:36:02

andre1980
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[Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

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Pèlerinage des 88 temples de Shikoku, Japon

25 mars 2014 - 12 avril 2014

Présentation

    Ce pèlerinage est un peu le jumeau de celui de Saint-Jacques de Compostelle. Long de plus de 1200km, il suit plus ou moins les côtes de l'île sur son intégralité (le temple de départ est aussi celui de fin). Mais contrairement à son homologue français, la marche n'est pas une obligation. Tout les moyens de locomotion sont autorisés. De la marche à l’hélicoptère, rien n'est interdit. Seule obligation : passer par l'intégralité des 88 temples (l'île en compte beaucoup plus je vous rassure).

   La plupart des pèlerins (henro) sont en bus. Les marcheurs représentent une faible proportion et dans cette dernière, les marcheurs qui font l'intégrale et pas juste une journée sont encore très peu. Au final, il y a environ 0,1% des pèlerins qui font les 1200km à pied. Même si ce n'est pas obligatoire, il est de bon ton d'avoir au moins une veste de pèlerin (à acheter dans une boutique près du temple 1).

   Techniquement, le sentier n'a aucune difficulté. Le plus gros problème reste le bitume, qui au doigt mouillé représente 80% du trajet. De quoi bien chauffer les pieds (vive les ampoules). Un des avantages de ce chemin, c'est qu'il n'est pas obligatoire d'avoir son abri dans le sac. De multiple abris (publics ou privés) longent le chemin à l'attention des pèlerins marcheurs. De même, il y a suffisamment de points de restauration pour ne pas avoir besoin de gamelle même si parfois, il peut arriver de ne rien manger dans la journée si vous ne faites pas attention (dans la campagne, c'est la misère niveau alimentation). Bien regarder donc les cartes du "guide-map" que vous aurez pris la peine d'acheter au temple 1 (guide en anglais pour 1600 yen soit environ 12€).

   De nombreux chemins alternatifs parsèment le pèlerinage. Ils sont souvent constitués de chemins de "montagne" (comprendre : marcher sur un chemin de terre dans une forêt en grimpant une colline). Cela augmente le kilométrage total mais c'est nettement plus sympa que du bitume.

En chiffres

  • 667 km en 19 jours en continu

  • 14 000 mètres de dénivelé positif (et autant en négatif)

  • 2 nuits payantes (mangakissa et camping)

  • 3 serpents vivants

  • 3 onsen/sento (bain public)

       

Planification

Pas de VISA spécial pour le Japon. Un VISA touriste de 3 mois vous sera donné à l'arrivée. Sur place, je conseille vivement d'acheter le guide-map "Shikoku Japan 88 Route Guide" en anglais à la boutique contre le temple 1. Il note les supérettes, les refuges, les "chambres d'hôte" (avec le n° de tel) et surtout l'intégralité des chemins (voir photo ici).

Il y a deux périodes idéales au niveai climat : de fin mars à mi-juin et de mi-octobre à mi-décembre.
Pour avoir le plus d'heure de marche au jour, j'ai préférais partir fin mars.

Budget
1500€ au total tout compris (avion, etc...) en partant de Biarritz pour Osaka.

Dernière modification par andre1980 (15-12-2014 18:41:53)

Hors ligne

#2 12-12-2014 18:37:07

andre1980
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

L'Eveil

Jour 1 :
Kilomètre journée : 37,29
Kilomètre total : 37,29

   5h30. Les portes s'ouvrent sur un petit hall sans charme et austère. De l'extérieur, la gare est grande, mais l'intérieur ressemble plus à une petite gare de quartier modeste de Tokyo malgré que ça soit la gare principale de la ville. Assis, profitant de la chaleur du lieu, j'attends mon train de 5h51 en regardant la populace. A ma gauche, un employé qui ramasse des papiers. A ma droite, un homme qui semble aussi bien perdu socialement qu'économiquement. Sûrement là comme moi à la recherche d'un peu de chaleur après les quelques heures fraiches qu'il a dû passé dehors.

   J'avais lu que Shikoku était l'île la plus rurale des quatre grandes îles et le trajet jusqu'à la gare de Bando (260yen - 18 min) me le confirme. Cela fait à peine une minute que les roues métalliques roulent que déjà je vois des rizières au travers des vitres. Malgré que 80% du pèlerinage se fasse sur du bitume, la nature est presque constamment autour de soi. Et ça, c'est vraiment appréciable.

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Temple 1 : Ryozen-ji

    Arriver au Ryozen-ji (temple 1) après vingt minutes de vagabondage (750m) en empruntant de charmantes petites ruelles ayant de chaque côté des maisons en bois qui vous font comprendre qu'ici, on est loin de la modernité des mégalopoles à néon. Je visite le temple désert en me disant que c'est maintenant que ma première aventure solo débute. Moi, qui marche peu dans l'année mais qui à vu l'intégralité des épisodes de "Seul face à la nature" ("Born Survivor : Bear Grylls" au UK et "Man vs. Wild, Ultimate Survival" au USA) au cas où ^^.

   Une fois les accessoires à pèlerin acheté : veste, chapeau et guide-map en anglais à la boutique près du temple (ouverture à partir de 7h), je décolle à 7h15 (pour vous aider à avoir une idée du prix des accessoires, allez sur ce site web). Il me faudra que onze minutes pour faire les 900m et ainsi atteindre le temple 2. Sur la route, j'apprends à me diriger en suivant les nombreux autocollants collés sur les poteaux électriques.

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   Je vous le dis tout de suite : ne comptez pas voir en photo chaque temple car la plupart sont bof et ils se ressemblent un peu trop ce qui fait que j'ai peu de photo. L'intérêt est plus dans le chemin parcouru que les visites des temples.

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Temple 2 : Gokuraku-ji

    Il est déjà plus de 8h quand j'arrive au temple 3 (2,7km du temple 2). Malgré un petit vent froid, j'enlève le polaire tellement j'ai chaud. Pour l'instant, je suis content de la préparation de mon sac à dos. Je le sens pas du tout et j'ai l'impression que cela va continuer encore longtemps.

   A mi-chemin vers le temple 4, un ancien m'offre mon 1er osettai du voyage avec une tasse de thé et une brochette sucrée. Les osettai sont des offrantes/services offerts aux pèlerins. C'est un moyen indirect pour les personnes de faire le pèlerinage en aidant le pèlerin. A Shikoku, cette pratique est très encrée dans le folklore local. C'est d’ailleurs ici qu'elle est la plus pratiquée dans le Japon. Et attention, hors de question de refuser l'osettai, cela est impoli. En plus des présent, l'ancien me dit qu'il y a un sento/onsen ayant un refuge pour pèlerin vers le temple 11. Je ne pensai pas aller jusque-là mais un onsen sur le chemin, cela se refuse pas.

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Chemin entre le temple 3 et 4

     Après le temple 4 et 5, je finis par faire une pause repas vers 10h30 en achetant un bento.  Puis j’enchaine le temple 6, 7 et 8 avec une moyenne de 4km/h, je suis pas trop mal et surtout, j'ai pas mal aux pieds. Mais comme toutes les bonnes choses, cela a une fin. Avant d'arriver au temple 9, une douleur se fait sentir au niveau du talon et des doigts de chaque pied et qui plus est, j'ai l'impression d'avoir les pieds en feu. J'arrive finalement au temple 10 à 15h soit au bout de presque 8h et 28km de marche.

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Cerisier en fleur au temple 10 (Kirihata-ji)

    C'est pas tout ça mais maintenant, il faut que j'aille à mon refuge/onsen qui se trouve à 10km au Sud. J'ai mal, j'en ai marre (d'avoir mal) et les kilomètres semblent vouloir me fuir tellement j'ai l'impression de ne pas avancer sur la carte. J'arrive finalement au sento/refuge Kamonoyu à 18h (3,3km/h quand même, c'est pas si nul en ayant mal aux pieds). Au total, j'aurai fait plus de 37km dans la journée (plan du trajet ici).

   Après inscription au registre à pèlerin (a remplir à l'accueil du sento), je prend un bon bain au milieu d'une super ambiance à la Ranma 1/2 (prix sans produit d'hygiène : 500yen mais que 360yen pour les pèlerins). Contrairement au sento/onsen que je ferais plus tard, celui-ci est surtout fréquenté par les habitants du quartier. Habitants qui se connaissent tous et qui passent leur temps à rigoler comme lors d'une soirée au PMU.

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Refuge Kmonoyu (appartenant au sento juste à côté)

   Comme vous pouvez le voir sur la photo, c'est pas mal pour un refuge (donc gratuit). En bonus, un homme vient me voir vers 19h et me donne une orange. Il semble faire le tour des refuges pour offrir un osettai (l'orange). C'est ainsi que se fini ma première jounée de Henro (pèlerin).

Jour 2 :
Kilomètre journée : 23,48
Kilomètre total :  60,77

   5h30, il est temps de se lever. Toute la nuit, il a plu en continu mais Kūkai doit être avec moi car la pluie diminue à mesure que je me prépare. Ayant l'habitude d'avoir des restaurants dans tout les coins de rue lors de mes précédent voyage, j'ai pas trouver utilise d'acheter de la nourriture la veille. Sauf que Shikoku, c'est pas Honshū. Il y a peu de restaurent ce qui m'oblige à aller dans le sens opposer au premier temple de la journée (temple 11 : Fujidera) pour trouver ma pitance pour la journée.

   Je quitte donc le refuge une heure après pour atteindre un restaurent de la chaine Sukiya à 1km. Après un bon repas (750 yen), je fais les courses pour la journée dans un SunKus (supérette alias konbini en japonais). En sortant, la pluie est de retour en augmentant d'intensité au fur et à mesure que je m'approche du temple.
   Le Fujidera est pas mal mais c'est pas ce lieu qui est l'attrait principal de la journée mais ceux qui suit. Après avoir vider mes détritus organiques aux toilettes du temple, j’entame l’ascension pour aller au Shosan-ji (temple 12). Cette partie est considéré comme un "Henro-korogashi", une partie physiquement difficile que beaucoup de personne redoute, et c'est ça la vrai attraction de la journée. Treize kilomètre de marche dans la montagne au milieu de la forêt avec environ 1300m de déniveler positif.

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   Au début, c'est assez facile malgré les escaliers en rondin qui "casse" la marche. La brume et les petites statues le long du chemin donnent une atmosphère digne de la sage cinématographique "Histoire de fantôme chinois".  Mais très vite, le chemin devient plus raide sans jamais avoir des parties plates pour reprendre des forces. Les micro-pauses deviennent plus fréquente au point que parfois je dois faire une pause de 5 secondes toutes les minutes et cela malgré l'utilisation des bâtons de marche. A 11h, je mange (deux onigiri) dans le refuge au niveau du temple Ryūsui-an  où je profite qu'il y ai un filet d'eau qui sort de la roche pour remplir ma gourde. 3h pour faire seulement 5,5km, c'est pas bien glorieux.

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   Après la journée d'hier avec presque que du bitume, cette journée dans la nature c'est du bien. Pour l'instant, je n'ai croisé (et doublé) qu'un vieux japonais avec un gros sac usé ce qui m'étonne un peu vu que c'est tous de même une étape importante dans le pèlerinage. Je m'attendais même à voir plein de jeune faire cette journée pour le fun et l'amour de l’effort. La suite du voyage me feront comprendre une chose sur la philosophie du japonais en pèlerinage : c'est un fainéant.
   Pourquoi je dis ça ? Car dès que la route se divise en deux avec un chemin sur la route (facile) et un autre en montagne (plus difficile), presque tous les nippon vont prendre la route bitumé et cela même si c'est pas un chemin de pèlerinage (du moment que cela lui permet de rejoindre la bonne route plus tard). Un japonais préfère marcher 10km sur une national que 3km en forêt pour éviter de se taper des dénivelé (positif comme négatif). Je peux comprendre les pèlerinage en bus, taxi, etc... mais si tu le fais à pied, c'est bien pour être au plus près de ce qu'à fait Kūkai. Pourquoi "tricher" en zappant des kilomètre ? Une seul réponse me vient : le japonais aime pas l’effort s'il peut s'en passé. Je trouve cela bien dommage.
   Cette réflexion que j'aurai plus tard m'incitera à faire plus attention en montagne car je risque d'attendre des jours avant de croiser un pèlerin si je suis immobilisé à cause d'un accident.

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   Peu de temps après, j'arrive au temple Joren-an qui offre un beau point de vue. D'ailleurs, si vous avez une tente, il y a suffisamment de place pour la planter (même si c'est interdit) à la tombé de la nuit. Je dis ça car n'espérer pas la mettre sur le chemin car il y a jamais assez de place et c'est bien trop raide.

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   Je suis assez fatiguer, mes jambes n'ont pas l'habitude d'être aussi sollicité et mes ampoules me disent "bonjours" à chaque pas depuis le début de la journée J'ai encore 300m de dénivelé positif à faire et j'ai plus rien à boire. Mais malgré cela, je suis bien. Je prend du plaisir à être seul contrairement à la première journée qui ressemble plus à Disney land avec ces troupeaux de pèlerin en bus. Le cerveau se déconnecte de la logistique (pas besoin de "chercher" les autocollants pour connaitre sa route) et est libre de vagabonder où il le souhaite.

   J'arrive finalement à 14h40 au temple 12 en étant assez rincer. Je me jette sur le distributeur de cannette et savoure le précis liquide en regardent la rivière de chapeau chinois qui sort des monstres d'acier motorisé. Je plains ces personnes de ne pas avoir vu et vécu les mêmes choses que moi durant la journée mais en même temps, j’éprouve un certain mépris en les voyant profiter du temple sans avoir fait aucun effort sauf celui de sortir de l'argent.

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   Pour la nuit, j'ai décider de dormir au camping "Cotton Field" de la ville de Kamiyama. Pour cela je descend la montagne par le chemin des pèlerin marcheur. Entre forêt de bambou  et champs d'orange, la descente fait du bien. Je passe devant une école primaire abandonnée avant d'arriver dans le centre-ville. Je profite qu'il y ai un SunKus pour acheter deux bento (pique-nique).
   Sur le chemin pour le camping, je vois un petit temple avec suffisamment de place pour mettre la tente tranquillou mais au même moment, un japonais âgée me croise et pense que je suis perdu (il doit pas y avoir beaucoup d'étranger qui passe dans le coin). J'arrive pas à lui faire comprendre que je suis pas perdu et il fini par faire venir son fils. Ce dernier parlant anglais et un peu français (il est déjà venu à Bordeaux) fini par me débarrassé de son père mais le fils insiste pour m'emmener en voiture au camping. Je n'ose pas refuser. Adieu mon bivouac gratuit improvisé, snif.

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Cotton Field :  tel 088-676-0803 => emplacement : 1000yen et 200yen la bouche chaude de 5min    

   Dans mon malheur, il y a du positif. Le fils permet de faire l’interprète avec le gérant du camping. Le gérant me signal un onsen à 600m mais j'ai bien trop mal à pied pour avoir envie de faire 1,2km de plus aujourd'hui Il est 19h30, la pluie commence à tomber, je suis le seul client du camping, la tente est montée, j'ai le ventre plein et j'ai pu prendre une bouche.Il est temps de faire dodo.

Jour 3 :
Kilomètres journée : 38,93
Kilomètres total :  99,7

   6h40, je quitte le camping en suivant la route 438 en direction de Tokushima. Comme hier et tous les jours jusqu'à la fin du voyage, je commence la journée en ayant mal aux pieds à cause des ampoules et chaque jour, ma marche se débloque au bout d'une heure le temps que les crevasses au niveau de la jonction entre le gros orteil et le secundus (merci Google pour le nom) se ré-ouvre (ami de la poésie, bonsoir ^^).

   Pour rejoindre le temple 13 (Dainichi-ji), j'ai le choix entre trois routes. Celle qui suit la rivière Akui, celle qui traverse le "Kamiyama Forest Park" ou celle qui suit la route 207. J'opte pour la traversée de la forêt. Manque de pot, je me trompe de route et finis par prendre celle qui suit la 207. C'est pas mal. Il y a très peu de voitures, je croise pas mal de champs agricoles et surtout, je marche surtout sur du plat. Le truc chiant c'est que la carte dans le guide n'est pas très détaillée pour cette zone et qu'il n'y a pas d'autocollant durant presque 8km. Il faut avoir un bon sens de l'orientation au risque de marcher trop vers l'Est et se retrouver trop au sud de Tokushima.

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Route vers Tokushima

    Je finis finalement les 16km entre le camping et le temple 13 (disposant d'un lieu pour dormir gratuitement) à 11h. Yessss. J'arrive toujours à maintenir une vitesse de 4km/h. L'après-midi est une succession de temples avec peu de marche et cela jusqu'au temple 17 (temple 13 => 17 : 8,3km). Comme le premier jour, je retrouve une ribambelle de Henro "marcheurs" (bien blancs et bien propres) qui apparaît comme par magie. Mon esprit malsain me dit que le fait qu'il y ai une brochette de temples dans une si petite zone n'y est pas pour rien.

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Statues au temple 13

   Avant le voyage, j'avais fait un repérage des restaurants de sushis compatibles avec mon itinéraire. Comme prévu, je suis arrivé à 14h au temple 17 le 3ème jour. Cela me laisse le temps d'aller manger dans un akindo-sushiro, chaine de restaurants à sushis bon marché à 6km de là. C'est pas le top mais c'est pas cher, il y a une interface en anglais et ma foi, cela reste un bon rapport qualité/prix.

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Temple 15 : Kokubunji

   Après le miam-miam, je vais au Awa Odori Kaikan, théâtre en rapport avec la danse locale pratiquée lors du festival de Awa Odori, car il y a un refuge à côté. Et bien moi, je l'ai pas trouvé ce putain de refuge alors que le soleil commence à se faire la malle et que la prochaine cabane à Henro est à 8km. Quitte a faire 8km, autant voir s'il n'y a pas un petit parc ou un porche pour dormir en route.
   En chemin, un jeune (avec une tête de méchant) m'accoste et me tend un petit sachet en papier blanc... On essaie de me vendre de la drogue maintenant ? Finalement, il voulait juste me donner un osettai (il y a un porte-bonheur dans le sachet) mais j'arrivais pas à comprendre le mot "osettai" avec son accent.
   Nuit noire, frontale en marche, j'arrive au niveau du refuge à 21h. Mais là encore, je ne vois rien. Cette journée commence à m'énerver. N'étant plus dans Tokushima mais à Komatsushma City, je pense avoir plus de chance de trouver un endroit pour la tente. A peine 300m de faits que je vois un champs en friche pour cause de transformation en route. Ni une, ni deux, je quitte la route et plante ma maison près d'un transformateur d'électricité (c'est pas malin mais dans le noir, je ne savais pas ce que c'était quoi).

Jour 4 :
Kilomètres journée : 23,32
Kilomètres total : 123,02

   Bien calé dans un canapé vert, je savoure la douceur du soir. C'est le premier soir où j'ai vraiment l'impression de vivre une aventure du fait de dormir le long d'une rivière qui coule entre deux montagnes.
   La journée a bien commencé. Au réveil, je constate que j'ai une ampoule qui s'est crée contre la 1ère ampoule du pied droit. L'ensemble forme une telle masse que le Compeed s'est soulevé et que je ne peux pas mettre la chaussure. Tel un Rambo des bacs à sable, je perce la double boule avec les ongles (j'ai rien de coupant/pointu avec moi). J'attaque ensuite celle du pied gauche mais la peau est bien trop épaisse pour y arriver.

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Pied droite avec double ampoule                                                            Pied gauche

    Une fois le package fait, je reprends le pèlerinage à 7h30 en suivant la nationale 55 déjà prise dans les embouteillages et sous une température qui commence sérieusement à me brûler la peau. Très vite, j'arrive à un 7-Eleven pour faire le ravitaillement. J'en profite pour boire un Fanta melon en pensant à ma copine qui adore boire les canettes exotiques que l'on trouve au Japon.

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Nationale 55 à 7h30

   Moins de 2km plus tard, j'arrive au Onzan-ji (temple 18) qui dispose de toilettes turques à 9h. J'avais vu les bus de pèlerins au temple 12, les pèlerins en voitures privées et les "marcheurs du dimanche" à Tokushima. Maintenant, je vois les taxi-pèlerins. Des personnes (seules ou à deux) qui louent un taxi à la demi-journée (voir plus) pour faire les temples 18 à 23 depuis Tokushima. J'imagine mal la même chose en France vu le coût prohibitif des taxis dans l'hexagone.

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Temple 18

   A la sortie du temple, le chemin traverse une petite forêt de bambou bien sympathique où un gentil Japonais a mis à disposition des clémentines en osettai (à ne pas confondre avec les poches de fruit en vente le long des routes). Autant l'orange du osettai du premier jour n'était pas très bonne, autant la clémentine est un régal.

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Vieux cimetière au Onsanji

   A 10h10, je vois un refuge pour pèlerins tout neuf juste avant le temple 19 qui n'est pas dans le guide-map. J'en profite pour faire sécher la tente et m'aérer les pieds. Durant la pause, deux femmes dans la cinquantaine s'arrêtent au refuge en sortant de la nourriture de leur voiture. Elles semblent attendre une connaissance qui doit faire un bout du pèlerinage. L'une d'elle me donne un osettai (un porte-mouchoir en forme de mini kimono). Arigato gosaimasu obasan (merci beaucoup grand-mère). C'est pas tout ça, mais j'ai encore pas mal de route pour aujourd'hui.  A 11h20, je quitte le temple 19 (Tatsueji) en ayant faim. La providence ou Kūkai, allez savoir, m'envoie sur son vélo une vielle dame tenant un osettai : une poche de banane. Le bonheur tient dans peu de chose parfois.

   J'ai plus de 13km pour atteindre le temple 20 et une bonne partie sous un soleil de plomb. Le fait de marcher avec des bâtons de marche expose à longueur de journée mes bras à la puissance d'Amaterasu. Je dois vite trouver de la crème solaire, mes tentacules commencent déjà à me brûler. Le dieu Lawson de la ville de Katsuura me permet d'en acheter une ainsi qu'une brosse à cheveux pliable (j'en avais bien besoin) pour remplacer mon peigne inutilisable et mon repas du midi et du soir.

=> futurs pèlerins qui me lisez, ne faites pas comme moi, ayez de la crème dès le début de votre voyage.

   Bien bu et bien mangé, c'est le moment de grimper. Revoilà un Henro-korogashi avec pour débuter une montée de 450 mètres de dénivelé positif mais vraiment positif. C'est raide, très raide. A un moment, c'est tellement raide qu'il y a un escalier en béton c'est dire. Durant l'ascension, il y a un refuge avec une cabine-toilettes, parfait pour dormir, par contre, faut sacrément avoir envie de faire caca pour rentrer dans les toilettes, âme sensible s'abstenir. C'est le souffle court que je passe la porte du temple 20 (Kakurinji) à 15h50.

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Rivière Naka

   Il faut que je me rende à l'évidence, jamais je n'arriverai à un refuge après le temple 21 avant la nuit avec mes ampoules aux pieds sachant les descentes qu'il me reste à faire. Sur le guide-map, il y a deux refuges dans la vallée à 2,5km (et 450m de dénivelé négatif) qui me sauveront surement la nuit. Le 1er est près d'un petit temple mais rien ne semble s'ouvrir, par contre, il y a un robinet d'eau. Sur le chemin, je dois passer par une école primaire fermée (définitivement) avec les toilettes à disposition des pèlerins. C'est l'occasion ou jamais de prendre des photos des bâtiments tant vus dans les animes/mangas ^^.

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École abandonnée

    Avant l'école, un panneau avec un plan donne la situation des toilettes mais aussi un refuge privé. Serait-ce ça le refuge de mon guide-map ? Arrivé devant la maison, aucun doute. Par la porte-fenêtre, je peux voir une grande pièce recouverte de tatamis avec les murs tapissés par des centaines d'osame-fuda (papiers que les pèlerins donnent aux personnes croisées après avoir écrit leur nom et adresse au dos). Une feuille avec un plan indique la maison où demander la clef (c'est la maison juste en face) est collée à la porte.
   Heureux de pouvoir dormir dans un beau refuge, je sonne chez le propriétaire. Une voix d'homme se fait entendre et me demande qui est là. Je réponds "HENRO". La voix du vieil homme devient joyeuse (il ne doit pas avoir beaucoup de visite dans ce bled perdu), je me vois déjà invité à manger, c'est dire. Que nenni. Une fois la porte ouverte et dès qu'il voit que je suis un gaijin (étranger), son visage change rapidement. Je lui dis que je viens pour le refuge avec des signes sans équivoque. La réponse fût claire et rapide : NON (avec les bras en croix). Je redemande au cas où il n'aurait pas compris en changeant de geste. C'est toujours NON.
   Ok, j'ai compris. Jusqu'ici, j'ai toujours eu de bon contacts avec les locaux, cela m'a fait oublier que comme en France, une certaine frange de la population est xénophobe surtout chez les anciens ayant gardé une rancœur contre les Américains. Pas grave, je vais bien me démerder même si je ne sais pas comment.
   La solution sera vite trouvée car le refuge sur ma carte n'est pas celui du vieux mais celui sur la "place" du village. Un confortable canapé vert me fera un bon lit. Petit perçage de l'ampoule du pied gauche et dodo.

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Refuge près de la rivière. Le refuge privé, c'est la maison en bois à droite du poteau en brique.

Jour 5 :
Kilomètres journée : 36,24
Kilomètres total : 159,26

   Que la nuit fût bonne. Le canapé est vraiment confortable. Je déborde d'énergie. Pour l'instant, je suis à peu près bon au niveau distance par rapport à mon planning. Je dois atteindre le temple 23 à la fin de la journée. La plupart des touristes étranger qui font le pèlerinage fond uniquement la partie "l'Éveil" (temple 1 à 23) en 7 jours.

   C'est donc fier de moi et avec aucune ampoule douloureuse que je débute la journée (6h00). Seul point noir non négligeable : J'ai rien à manger et cela risque d'être le cas pour toute la journée. Je me remplie le ventre de chocolat au lait et commence l'ascension (une Henro-korogashi) pour le temple 21 (Tairyuji) avec 470m de dénivelé positif sur 3,5km dont 200m positif en moins d'un kilomètre. C'est dur mais beaucoup moins que la montée d'hier. Les jambes commencent à être habitué et jusqu'à la fin du voyage, elle feront pas trop la différence entre du plat et une montée.

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Début de la montée pour le temple 21 assez tranquille.

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Le dernier kilomètre bien plus raide avec ces "escalier" casse-genou.

   A peine 1h10 pour atteindre le temple 21 (Tairyuji) soit du 3km/h et toujours la forme. Le temple est assez jolie. Mais la chose à faire dans le coin c'est de monter le "belvédère" qui se trouve au bout du chemin à droite de la porte du temple. Il faut grimper sur une échelle métallique (sans sac à dos de préférence) pour avoir une vue sur toute la vallée. A 7h30, le Tairyuji est désert et pour cause. Le premier téléphérique part à 7h20 de l'air de repos Washi no sato (construit en 1992, je me demande comment faisait les "vieux" pour venir jusqu'ici. Il devait pas y avoir foule ^^). J'ai donc un peu de temps pour profiter des lieux. L'ambiance en cette heure très matinal est bucolique avec sa légère brume et surement bien meilleur qu'en pleine journée.

   Le prochaine temple est à plus de 11km, et le temple 23 à plus de 31km. J'ai pas de temps à perdre si je veux y être avant la tombée de la nuit. Mais là, grosse boulette. A la sortie du temple, je prendre le chemin en face de moi lors du tournant à droite de la route bitumer comme le guide-map semble l'indiquer ainsi qu'une pancarte en japonais. Sauf que le chemin à prendre est un peu plus loin sur la route. Résultat, je me retrouve à marcher sur un chemin qui n’emmène très loin de là ou je dois aller. Résultat, je me retrouve a avoir fait 7,8km en plus pour reprendre le bon chemin dont 4,8km de descente en forêt. Par contre, le chemin est très beau et il me donnera la chance de voir deux bouc (enfin, des animaux du même genre).

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Chemin qui n’emmène au mauvais endroit

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En vert : le bon chemin. En orange (depuis le drapeau) : le mauvais chemin.
   C'est toujours le ventre vide que je reprend la bonne route. Au niveau de l'arrêt de bus Asebi, je croise mon premier serpent. Ok, il est mort mais c'est toujours mieux que rien. Après un peu de marche dans la forêt, j'arrive finalement au temple 22 (Byodoji) à 11h50 soit 1h30 de perdu à cause de mon erreur à la sortie du temple 21. Et parce qu’un problème n'arrive jamais seul, une nouvelle belle ampoule est apparu à talon du pied droite. J'y mis mon dernier grand Compeed en me disant que ça va être chaud si j'ai autant d'ampoule durant le reste du voyage (13 jours) alors qu'il me reste plus que deux petit Compeed.
   Je marche sur une route très peu emprunté vu le faible nombre de voiture que je croise. J'ai pas trop à me plaindre jusqu’ici des paysages que m'offre le pèlerinage. Si vous lisez sur un mur en mousse "ANDRE FRANCE", c'est moi ^^. Ben oui, parfois, on fait des choses inutiles quand la journée se passe pas comme prévu (ventre vide + erreur de route + ampoule), ça permet de se vider la tête.

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   Et parce que je suis du gens à aimer me faire chier, je décide de ne pas prendre la national 55 pour aller Minami Town (ville où se trouve le temple 23) mais je prendre la départemental 25 qui passe par Tainohama Beach se qui rallonge de 4,5km. Le Compeed fait effet et me permet de marcher assez vite. J'arrive au niveau de la plage à 15h30. Il y a pas mal d'endroit qui permet de passer la nuit et c'est bien tentant de finir la journée ici mais il est encore tôt. Ayant encore 2h30 de jour, je décide d’essayer d'arriver jusqu'au temple 23.
   Voyant le ciel devenir très gris, je fini ma marche pour la journée à 16h40 à 5km du temple 23. Un petit abri de bus me servira d'hôtel pour la nuit et comme chaque soir, je profile de ce moment pour soigner mes pieds (lavage au savon et perçage si possible). Moins d'une demi-heure plus tard, la pluie commence à tomber. J'ai vraiment bien fait de m'arrêter ici. Vivement demain que je puisse manger quelque chose de solide dans la supérette à 2km de mon abri.

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Abri de bus pour la nuit (à gauche, le chemin en forêt pour demain)

Dernière modification par andre1980 (12-12-2014 20:50:30)

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#3 12-12-2014 18:39:08

andre1980
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

L'ascèse (partie 1) : Temple 23 à Kochi

Jour 6
Kilomètres journée : 34,55
Kilomètres total : 193,81

   Je n'ai pas bien dormi. Toute la nuit, il a plu avec en bonus de temps en temps de grosses bourrasques de vent. Je n'ai pas arrêté de me réveiller de peur que le vent souffle la pluie dans l'abri. Le froid et l'humidité me glacent le sang. En moins de quinze minutes, le sac est fait et je reprends la route à 6h.

   Il pleut un peu mais je suis protégé étant donné que je débute la journée par un kilomètre de descente dans une forêt. Manque de chance, à peine je retrouve le bitume, le mauvais temps s'intensifie pour devenir une petite tempête. En moins de 5 min, mon caleçon est trempé et mes pieds font "floc-floc" à chaque pas tellement j'ai de l'eau dans les chaussures. J'arrive au temple 23, Yakuoji, à 7h20. Sous un beau soleil, ce temple doit être magnifique mais là, ça ne donne pas envie de rester.

Vidéo ici

   Le temple 23 est le dernier de la partie dite "Éveil" et le prochain temple est à presque 80km. Pour ces deux raisons, beaucoup de pèlerins étrangers s'arrêtent là après 7 jours et 156km de marche. La deuxième partie est "l'Ascèse", partie qui doit servir à réfléchir sur soi-même de par la "monotonie" du chemin.

   Malgré la pluie, je décide quand même de quitter "l'autoroute du pèlerin" pour prendre la Minami-awa Sun Line après avoir fait les courses. Ce "chemin" alternatif de 18km suit les côtes et permet d'avoir de superbes paysages. Enfin, ça c'est ce que j'ai lu sur le net et dans le guide-map car pour l'instant, c'est assez moyen à cause du temps.

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Minami-awa Sun Line

   10h, fin de la pluie. Le ciel se dégage très vite pour devenir bleu et enfin me permettre de voir pourquoi cette route est si connue dans le coin. Petite pause pour vider l'eau des chaussures et essorer les chaussettes avant de les accrocher au sac à dos.

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Minami-awa Sun Line

   La marche est plaisante et délaissée par les voitures. La route étant linéaire, je n'ai pas besoin de trop regarder les poteaux, etc... au cas où il y aurait un changement de direction. Je rentre vraiment dans la philosophie du pèlerinage en pensant à mon "moi intérieur"... J’éprouve même plus d’incompréhension pour ceux qui font le pèlerinage de Shikoku en bus. Je me sens bien, libre, avec l'envie de marcher comme ça toute ma vie. Et parce que quand ça va, tout va, je vois même deux tanuki.

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Minami-awa Sun Line

   La Minami-awa Sun Line se finit au niveau de la ville de Mugi. Je profite d'être près d'une plage surement très peu fréquentée pour manger mon bento (pique-nique). Mon pantalon est sec et mes chaussures n'ont plus qu'une légère humidité. Je décide de remettre des chaussettes pour reprendre la route et attaquer les 60km de la nationale 55 jusqu'au cap Muroto-misaki où se trouve le temple 24 (Hotsumisaki-ji). Le but de cet après-midi c'est de faire le maximum de distance pour que demain j'arrive au cap et que je fasse ainsi les 80km entre le temple 23 et 24 en deux jours.

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   Avant de partir, je voyais les 80km entre ces deux temples comme deux jours chiants mais finalement, marcher le long de la mer n'est pas si monotone que ça. Je dirais même que cela fait du bien pour les genoux de ne pas avoir de dénivelé à faire. Perdu dans ces pensées et en chantant, les kilomètres défilent sans trop faire attention.
   J'arrête finalement la journée à 17h10 au niveau d'un refuge de peur de ne pas en trouver un autre où je puisse m'allonger comme tous les autres refuges croisés durant l'après-midi. De plus, sur cette route, impossible de planter une tente. C'est donc avec regret que je finis plus tôt que prévu. Demain, je n'ai pas intérêt à trainer car je suis à 50km du temple 24. Comme d'habitude, petite manucure des pieds pour finir la journée.

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Pied gauche après 193km. Et oui, ça fait mal.

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Refuge pour la nuit

Jour 7
Kilomètres journée : 44,62km
Kilomètres total : 238,43km

   6h, départ du refuge. Je la sens bien cette journée, le temps semble être avec moi. Depuis quelques jours, je peine à marcher au début de la journée. Ma marche devient presque normale seulement une fois que les crevasses au niveau du gros doigt de pied se sont ré-ouvertes. Jusqu'à ce moment, je ne dois pas dépasser les 2km/h en serrant les dents. Résultat, je perds beaucoup de temps durant la première heure.

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Le type de paysages que je vois durant toute la journée.

   Aujourd'hui, je croise deux pèlerins marcheurs. Les premiers vrais marcheurs que je rencontre depuis le début du voyage. Je commençais à me demander si je n'étais pas le seul assez "stupide" pour faire cette partie du pèlerinage vu qu'hier, je n'ai croisé personne (même pas de pèlerins en bus). En tant que bon Français franchouillard, je me dois d'être plus rapide qu'eux pour faire honneur à la France. Je ne vais pas me faire battre par des personnes de la taille d'Ewoks, non mais oh. Petit boost et hop, médaille d'Or pour la France.

   A 9h, je passe un endroit assez symbolique. Je quitte la préfecture de Tokushima pour celle de Kochi. Peu de temps plus tard, je croise un pèlerin complétement à la ramasse. Il en chie mais à tel point qu'il a du mal à marcher droit. Quelques kilomètres plus loin après le premier refuge de Muroto City, ce sont deux singes que je vois traverser la route à moins de vingt mètres de moi. Ils s'en passe des choses aujourd'hui mine de rien.

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Les panneaux qui motivent/démotivent les marcheurs. Ici, plus que 44km jusqu'au cap Muroto.

   L'après-midi sera plus calme mais toujours très chaud. Je croise un marcheur que j'appelle "le pèlerin fou". Il ressemble plus à un SDF qu'autre chose. Il a un gros sac avec une tente, un parapluie, et marche en sandales. Au final, il va me prendre en photo et m'offrir un paquet (de cigarettes) de caramel. J'arrive finalement à la ville de Muroto-Mizaki juste après l'intersection de la route 202 à la tombée de la nuit (18h). Ne trouvant pas le refuge du guide-map, je décide de dormir dans un arrêt de bus.
   Je suis fier de moi, j'ai bien avancé et demain, je n'aurais plus que 5km pour atteindre le temple 24. Ce soir, c'est aussi l'occasion de fêter la fin du premier tier du trajet de mon voyage et ceci en étant dans les temps prévus. C'est donc heureux et serein que je mange mon repas qui est composé uniquement des caramels du pèlerin fou. Merci à toi, pèlerin fou.

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Jour 8
Kilomètres journée : 33km
Kilomètres total : 271,43km

   5H, bien reposé mais le ventre vide, je reprends le pèlerinage alors qu'il fait encore nuit. La température est bonne, mon nez se rempli d'Iode et je sais que la journée va être facile. Bref, je suis content. Dès la sortie de l'abri de bus, j'entends une musique retentir dans toute la ville comme une énorme sonnerie de réveil à l'attention de tous les habitants. J'espère pour eux que ce n'est pas comme ça chaque jour.

   Après une petite heure de marche, je vois un distributeur de canettes avec du chocolat au lait, miam. Enfin un truc à se mettre dans le bide. Je me demande pourquoi nous n'avons pas ça en France. C'est tellement bien d'avoir des boissons chaudes à côté des boissons froides. En plus au Japon, il y a tellement plus de choix que cela incite à la consommation pour goûter à tous les produits.

   Après une petite montée (assez raide tout de même), j'arrive finalement à 6h45 au temple 24 (Hotsumisaki)

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temple 24 - Hotsumisaki

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Descente du temple 24 vers la ville côté Ouest du cap.

   Après avoir mangé et marché durant 9km dont environ 4km avec un couple âgé en manque de discussion, je me rends compte que j'ai raté le temple 25. J'ai dû passer devant sans même le voir. A 9h40, j'arrive au temple 26 (Kongöchöji) en ayant tout de même reçu un osetai (un bonbon au café) de la part d'une femme en voiture sur le chemin.

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Temple 26 - Kongöchöji

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   C'est officiel, c'est cette journée là plus chiante. Les paysages sont bof, je n’avance pas très vite et l'heure avec le couple de vieux qui me tenait la jambe m'a bien fait chier (associable un jour, associable toujours). Seul réconfort : un petit détour en haut d'une bute (110m d'altitude) au travers d'une forêt et la rencontre avec un chapeau de pèlerin en mauvais état.

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   Je finis la journée à 14h45 sans y avoir pris de plaisir. Cela fait une petite journée (8h45 de marche) de 33km tout de même mais le temple 27 est en haut d'une montagne et le refuge le plus proche est trop loin. De plus, c'est une étape Henro-korogashi (difficile). D'où la décision de stopper le pèlerinage assez tôt.
   Pour cette nuit, je dors dans un refuge privé assez sommaire contre la nationale juste avant la ville de Nahari Town. Rien à voir avec l'abri de bus d'hier.

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Refuge près de la ville de Nahari Town

Jour 9
Kilomètres journée : 35,2km
Kilomètres total : 306,63km

   5h40. Aujourd'hui, c'est la dernier jours considéré comme "difficile" 'd'après les japonais) de mon voyage avec 8,4km de montée à 45° sans eau pour atteindre le temple 27, 神峰寺 (Konomine-ji). Le beau temps est toujours avec moi et la motivation est à son maximum après la journée de "repos" d'hier (ben oui, finir avant 15h, c'est une journée de repos pour moi).

   A 8h, j'arrive à pied de la colline.Je préfère prendre le chemin alternative (en vert sur le guide) qui est un peu plus long mais surtout moins emprunté par les voitures. Comme cela, je pourrais redescendre par le route classique du pèlerin. A peine vingt minutes plus tard, je suis déjà à 162m d'altitude. Le chemin est finalement pas si dur, j'avance assez rapidement.

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Chemin alternative vers le temple Kōnomine-ji

    A un moment, je croise une route en bitume, je fais pas attention est continu toujours tout droit.

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montée après la route en bitume

   Très mauvais choix. J'aurais dû tourner à gauche et redescendre par cette route pour atteindre le temple 27. En continuant tous droit, je me retrouve à pied de l'observatoire du parc (une grande tour que je prenais au loin pour le temple 27) à 9h40. Je monte pas en haut mais c'est une bonne idée pour ceux qui veulent avoir un panorama du coin. De plus, il y a un refuge comme ceux des pèlerins (et qui n'est pas sur le guide-map). Je redescend par une route goudronné bien large en pensant me diriger vers le temple 27. Que ni-ni, cette route est emprunter par presque personne (je croiserai aucun voiture) et descend directement à la ville de Shimoyama. Super, j'ai encore raté un temple et mes pieds souffrent à cause des ampoules et des crevasse.

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Orange => trajet fait / Vert => trajet normal raté / rouge => temple 27 / Noir => observatoire   
   
   A 13h, je profite d'une laverie automatique avant d'entrée dans le centre de la ville de Aki pour faire la lessive et faire le point pour la journée car il y a beaucoup de refuge indiqué sur le guide mais l'expérience accumuler m'a appris que c'est souvent mauvais signe car cela veut souvent dire que c'est surtout des "refuges" pour faire des poses assis mais pas pour s'allonger.

   Après 10km, je fini la journée à 15h45 au niveau de la plage de Akano où il y a un refuge à touriste ayant des toilettes et une vue sur le banc de sable.

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Plage d'Akano juste avant Geisei Village

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Le refuge

   17h40, je me pèle les couilles car il fait super froid, il y a des courent d'air et plein de personne avec leur gosse qui viennent pour admirer la vue. Résultat, je peux pas sortir mon sac de couchage et faire mon SDF.

Jour 10
Kilomètres journée : 44,67km
Kilomètres total : 351,30km

   Après un brin de toilette et un rasage de la barbe en bonne et due forme, je jette la crème à raser et le rasoir après pour être encore plus léger ne comptant plus m'en servir jusqu'au retour en France. Ce matin, je profite d'être à mi-chemin pour changer les embouts des bâtons de marche complètement usés (ne comptez pas plus de 200km avec une paire d'embouts). C'est finalement à 5h45 que je quitte le refuge.
   

   L'objectif aujourd'hui c'est d'aller jusqu'à Kōchi (高知市) où il y a un restaurant de la chaine akindo-sushiro et juste à côté, un grand Sento. Et ce soir, je suis censé dormir dans un mangakissa. Et vu que hier, j'ai fini pas trop tard, je dois rattraper le retard. C'est donc près de 44km que j'ai à faire aujourd'hui mais sur du plat mais la motivation est toujours là surtout avec les sushis qui  me motive encore plus et l'envie de se détendre dans un bon bain chaud après la nuit glaciale que j'ai eu (j'ai pas bien dormi à cause du vent).


       Petite surprise dès le début de la marche, je dois suivre une longue allée de cerisiers en fleur. Cela faisait un petit moment que je n'en avais pas vu autour. Shikoku ne semble pas être le meilleur endroit pour voir la floraison, en même temps, je ne suis pas venu pour ça à la base.

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Cerisiers en fleur à Aki City (安芸市)

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   Durant plus de 3h, je vais marcher sur une piste cyclable qui longe la mer. C'est sympa d'être au calme et de ne pas commencer la journée directement avec le bruit des voitures. En chemin, je vais croiser la pauvreté au Japon avec un "camp" de retraités sans le sou si je puis dire. Sous une route aérienne, des cabanes construites avec des matériaux récupérés ici et là, s'alignent pour former un petit quartier de miséreux. Seul lot de consolation pour ces habitants, ce "quartier" est juste devant l'entrée d'une jolie plage.

    Puis tard, je vais croiser un pèlerin chargé comme une mule avec un gros sac à dos, plus un deuxième sac et une tente accrochée au premier sac. Cela en plus du bâton de marche et du chapeau. Malgré ça, il avance à la même vitesse que moi mais contrairement à moi, il doit faire régulièrement des pauses vu l'effort fourni qui est bien plus important que moi. Encore un moment qui me conforte dans le choix de partir en mode "M.U.L".

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Pèlerin en mode M.U.L.E.T (Marcheur Ultra Lourd Et Têtu)

   L'arrivée à Kōchi signe la fin de la piste cyclable et le retour de l'autoroute 55 avec son lot de voitures qui est beaucoup plus dense que sur les derniers jours. En plus, il fait très chaud et il n'y a rien de beau sur cette partie de la route. J'arrive finalement au temple 28 ( Dainichiji 大日寺) à 10h05 soit une moyenne de marche de presque 5km/h. Ouah, pas mal pour une personne ayant des problèmes d'ampoules et de crevasses. Je sens que mes jambes sont rodées maintenant. Que marcher ne les fatigue plus. Que seule la logistique du logement définira la distance que je vais parcourir chaque jour. N'ayant jamais marché autant, je pensais (et vous aussi je pense) que la fatigue serait présente durant l'intégralité du pèlerinage mais en fait non. Le plus dur est sûrement le premier quart, après ça roule tout seul.

   Kōchi étant une grande ville (LA grande ville du sud de l'île), elle dispose de 6 temples sur les 88. Conséquence, je revois plein de pèlerins marcheurs comme à Tokushima en plus des bus de retraités. Ici, je sens que je suis un peu à part sûrement car les étrangers (pèlerin ou pas) sont plus rares que dans le nord de l'île. Alors être un étranger pèlerin, c'est encore plus surprenant. Le contact semble bien plus facile.

   Sur la route pour le temple 29, après un osettai (bonbon), un pèlerin marcheur (parti depuis Tokushima) vient à ma rencontre pour faire un bout de chemin. Il s'appelle Kiyoshi, à 68 ans et habite Osaka. C'est la première fois qu'il fait le pèlerinage. Pas de but précis, c'est juste pour le plaisir de l'effort et de visiter son pays (comme moi quoi). D'ailleurs, il ne s'embête pas avec la tenue. Il a juste la veste (dans son sac) et le livre à calligraphie. Point de bâton, de chapeau et autres objets inutiles. Son objectif : finir la deuxième partie du pèlerinage soit jusqu'à Sukumo. Vu mon faible niveau d'anglais et de japonais et lui, sont faible niveau de français (il est déjà venu à Bordeaux), les discutions sont un peu limitées mais avec les trois langues plus celle des signes, nous arrivons quand même à échanger des choses (grâce à lui, j'apprendrais à bien dire l'heure => avec une bonne prononciation).

   La marche avec Kiyoshi n'a pas que du bon. Malgré son âge, il marche vite, très vite. Je dois forcer ma marche pour le suivre ce qui aggrave les blessures de mes pieds. Une fois arrivé au temple 29 (土佐国分寺 ) à 12h45, je profite que ce soit l'heure du repas pour faire une pause et laisser Kiyoshi continuer seul. Pour cela, je traverse un champs de rizières pour rejoindre un endroit tranquille mais en chemin, je me retrouve avec le pied droit dans l'eau en voulant éviter un tracteur. Et zut. Heureusement, il fait tellement chaud que la chaussure a le temps de sécher pendant le pique-nique.

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Chemin entre le temple 29 et le 30.

   Petit manque de motivation après le repas. La route pour le temple 30 est très très moche. Rajoutez à cela que j'ai très mal aux pieds et que le ciel devient menaçant, vous avez le combo pour une après-midi de merde. A 15 h, après le temple 30 ( 竹林寺 ) , qui en passant est sans intérêt, je sens les premières gouttes de pluie. Et encore zut. Moi qui espérais y échapper, me voila à boiter sous la pluie en direction du Sento. Le détour de 800m de Google map me semble faire des kilomètres, il faut vraiment être motivé par un bain chaud et des sushis pour le faire dans mon état. Mais que de bonheur une fois arrivé. Vu que j'ai le temps, j’essaie de rester le plus longtemps dans le bain. C'est le moment du pèlerinage où mes pieds ne me font pas mal (car même durant la nuit, ils me lancent des piques de douleurs). A 17h20, je quitte l'endroit pour manger des sushis dans le restaurant à moins de 100 mètres. Même si les sushis ne sont pas aussi bons que dans les restaurants indépendants, c'est toujours agréable d'être assis à manger au calme, autre chose que des bento.

   A 18h00, je quitte le kaitenzushi pour aller au mangakissa qui se trouve à 3,5km. La pluie et le vent crient leur colère tandis que la nuit ainsi que la température tombent rapidement. Ne voulant pas attendre une hypothétique accalmie, il n'a pas fallu longtemps pour que j'ai le bas du corps trempé. Après 1h15 de marche entrecoupée de deux pauses, j'arrive au niveau de mon "hôtel". Je profite que le rez-de-chaussé soit un parking pour me changer et "étendre" les affaires mouillées. Sur internet, j'avais lu que ce mangakissa proposait un "forfait nuit" : 22h00 à 6h00 pour 1500yen. C'est d'ailleurs une des deux raisons qui ont fait que j'ai choisi celui ci (la deuxième raison étant que c'est près du temple 31 pour m'avancer demain). Étant en avance, je poirote en lisant le guide-map encore une fois. Je dis ça car à la force, je commence à assez bien le connaitre vu que c'est ma seule lecture du voyage. D'ailleurs, je vous conseille de prendre un livre si vous ne voulez pas vous ennuyer en fin d'après-midi.
   Un jeune client du mangakissa décide de partir et au moment d'enfourcher sa Mama Chari (vélo de ville à une seule vitesse qui couine le plus souvent) me voit et m'offre une petite serviette (encore dans son emballage) sans que cela soit un osettai, juste pour le plaisir de rendre service.

   Ayant un peu marre d'attendre (déjà 2h quand même) et ayant les chaussures presque sèches, je rentre quitte à payer une heure de plus plein tarif. Et là, je me confronte à la mentalité japonaise dans toute sa splendeur : cette incapacité à réfléchir par eux-mêmes quand la demande sort de leur process standard. J'ai demandé (en dessinant sur un papier) 45min plein tarif plus le pack nuit, soit au total 1815 yen. Il ont du se mettre à trois jeunes, plus internet, plus un logiciel de traduction vocal pour comprendre. Et cela à duré 25 min. Au final, le lendemain, je payerai 1650yen (on paie à la sortie).

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Dernière modification par andre1980 (12-12-2014 20:49:13)

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#4 12-12-2014 20:49:55

andre1980
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

L'ascèse (partie 2)

Jour 11
Kilomètres journée : 36,68km
Kilomètres total : 387,98km

   6h. Encore une fois les cieux sont avec moi car la pluie s'est arrêtée durant la nuit et hier soir, j'ai vu sur internet que je ne devrais pas avoir de pluie dans les sept prochains jours. Comme chaque jour, je suis presque seul dans les rues, l'air est frais mais la marche me réchauffe vite. Je n'ai que 2,5km jusqu'au temple 31 qui se trouve en haut qu'une petite colline qui surplombe la ville.
Rizière entre le mangakissa et le temple 31.

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   En 1h, j'arrive au Chikurinji ( 竹林寺 ) et mange des onigiri de la veille qui trainaient dans mon sac en regardant la ville. Pour les amoureux de la flore, le temple se trouve être au milieu du jardin botanique de Makino mais en avril, il y a pas beaucoup de plantes qui attirent l’œil.

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Vue depuis la colline du temple 31.

   La 1ère moitié du trajet pour le temple 32 suit la rivière Shimoda et est plutôt moche mais la seconde partie est sympa. Le quartier où se trouve le temple est au calme avec un lac au milieu et l'océan à 500m. Si je devais habiter du côté de Kōchi, c'est ici que j'essaierais de m'installer.

   8h45. Le temple 32 ( 禅師峰寺 ) n'est pas grand mais est plutôt joli, surtout les statues au niveau du parking. Dans le guide-map, ils indiquent que le temple n'héberge pas de pèlerins mais au niveau du parking, j'ai vu comme une sorte de garage avec une grande table, deux canapés, un sac de couchage et plein de bâtons de pèlerins. Je me demande si ce n'est pas un endroit pour dormir... Toujours est-il que j'ai fais une pause à cet endroit pour boire un chocolat chaud.

   Pour rejoindre le temple 33, il y a deux solutions : soit prendre un petit ferry gratuit qui passe une fois par heure, soit prendre un pont et marcher un peu plus. N'étant pas fan des bateaux et ne voulant pas risquer d'attendre 55 min le bateau, j'opte pour le pont à 5km du temple 32 et en chemin, j'en profite pour faire les courses. Finalement, ce n'est pas une bonne idée. Le pont est dangereux pour les piétons. Le trottoir n'est pas large, le vent souffle de plus en plus fort lorsqu'on monte et l'appel d'air des camions me déporte vers la route. Je déconseille à toutes les personnes ayant pas une bonne confiance en leur équilibre ou qui sont "minces" de prendre le pont. En plus, le détour du pont jusqu'au temple 33 est très mal indiqué. Il faut un bon sens de l’orientation pour retrouver le chemin "classique".

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  11h50. Le temple 33, Sekkei-ji (雪蹊寺) marque la fin de Kōchi et le début de la campagne profonde avec ses champs et ses rizières qui entourent quelques maisons sans charme. Le soleil est écrasant, le vent souffle tellement fort que je dois retenir mon chapeau et je m’ennuie. Seul lot de consolation, je vois mon premier serpent vivant (voir vidéo). Et ce n'est pas mon arrivée à 13h30 au temple 34, Tanema-ji (種間寺) qui remonte le niveau tellement il est fade. Jusqu'ici, on ne peut pas dire que la journée ait été bonne. Jusqu'ici, je dirais que c'est la pire au niveau du contenu.

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   Et quitte à avoir une mauvaise journée autant la finir avec 9,5km de route sans intérêt jusqu'à Tosa City où se trouve le temple 35, Kiyotaki-ji (清滝寺). Ma seule petite éclaircie de verdure sera la petite montée pour atteindre le temple où je retrouve Kiyoshi. Lors de la descente, on fait un point sur nos trajets et on se rend compte que nous avons le même objectif pour demain : faire le pèlerinage par la Yokonami Sanri, route de 12km qui passe par le sud de la baie d'Uranouchi et qui longue le Pacifique. Les chances de se croiser sont donc grandes.

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   Kiyoshi va à son hôtel pendant que moi je m'installe dans un refuge en bambou qui commence à dater un peu à 16h50 (je suis arrivé au temple 35 à 16h). Un enfant vient me taper la causette et je ne sais pas comment m'en débarrasser sans passer pour un c.o.n. Même sa mère s'y met. Aaaaaaahhhh, mais lâchez-moi la grappe bordel de merde. Je veux juste manger et me mettre au chaud dans mon duvet.
   Après 15min, la famille décide de partir. J'en profite pour acheter le miam-miam dans la supérette à 100 mètres. Dans le refuge, durant le repas, je remarque qu'un fuda (bout de papier si sert de "carte de visite") est accroché par une épingle de signalisation. C'est LA chose qu'il me manquait depuis le début du voyage pour percer les ampoules.

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Refuge pour la nuit à Tosa City

Jour 12
Kilomètres journée : 46,86km
Kilomètres total : 434,84km

   6h. Cette nuit a été très froide malgré mon sac de couchage de -7°C réel et ce matin, il fait encore froid au point que je "fume" de la bouche. En plus, j'ai perdu un de mes gants, résultats, j'ai les doigts de la main droite qui me font mal et le polaire est limite sachant que c'est ma seule couche thermique pour le voyage.

   Le début de la marche est vraiment dur. Les crevasses des pieds sont figées à cause du froid et ne veulent pas se ré-ouvrir. Je vais boiter durant une heure trente au lieu d'une heure comme d'habitude. Mon salut viendra de la première "difficulté" de la journée avec une montée de 200m au niveau du Mt Yokose ( 横瀬山 ) qui va me réchauffer et me débloquer les pieds. Je signale qu'au pied du chemin de la montée, il y a un grand refuge avec couverture et distributeur de canettes (froides et chaudes, dont du chocolat). Je l'aurai su, j'aurai passé la nuit là au lieu de mon refuge miteux.

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Chemin au niveau du Mt Yokose 横瀬山 (297m) - la montée

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Chemin au niveau du Mt Yokose 横瀬山 (297m) - la descente
   La montée est dure mais être dans la nature et faire un effort fait du bien après la journée moisie d'hier. L'effort est tellement intense que la différence de chaleur entre mon corps et la température extérieure me fait saigner du nez. Cette partie ne dure que 3km mais elle est vraiment à faire. C'est une des plus belle depuis le début du voyage.

   Arrivé au village où se trouve le temple 36, je peux faire les courses sachant qu'il n'y a pas de magasin durant les 25 prochains kilomètres. Mais pour cela, il faut que je rebrousse chemin sur 300m. Fait chier, pas envie. Je préfère aller directement au temple 36, Shōryū-ji (青竜寺). Je marche donc 1h pour l'atteindre en suivant une route longeant le Pacifique. Je ne sais pas à quelle heure je suis arrivé mais cela devait être autour de 9h30~10h. Je rencontre Kiyoshi à l'entrée (à croire qu'il m'attendait). Après la visite du temple (avec un joli escalier), nous partons ensemble pour la Yokonami Sanri (ou Yokonami skyline pour les anglais).
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Temple 36, Shōryū-ji (青竜寺) avec sa pagode à 5 étages.

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Beaucoup de bâtons de marche abandonnés ici, signe que beaucoup de pèlerins arrêtent leur voyage ici.

   Comme le jour de notre rencontre, Kiyoshi marche vite même au niveau d'une montée dans la forêt (limite de l'escalade) en s'aidant d'une canne rétractable. Cela réveille mes ampoules et mes crevasses ce qui oblige Kiyoshi à devoir m'attendre de temps en temps surtout que la route ne fait que monter et descendre sur les 12km. Or les descentes augmentent mes blessures.
   Les paysages côtiers sont vraiment pas mal. Je m'attend à voir débarquer des navires pirates dans une des nombreuse criques. De vrais paysage pour film d'aventure comme "la Plage" ou "Pirates des Caraïbes". Ne sachant pas que la route serait en "montagne russe", on marche moins vite que prévu, Kiyoshi m'offre de quoi manger à 13h vu que je n'ai rien pris (pensant arriver à Susaki vers 14h). Durant la pause, je mets mes dernières Compeed puis nous reprenons la marche sur du plat après une derrière descente de 100m d'altitude.

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Yokonami Sanri

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Yokonami Sanri

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Yokonami Sanri

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En route pour Susaki City à 7km
   N'ayant plus mal grâce au Compeed, je peux marcher normalement et on arrive rapidement à Susaki au même moment que la pluie (note : il y a un refuge de luxe avant l'entrée de la ville). Je quitte Kiyoshi (qui dort ici) et après avoir fait les courses, je continue mon pèlerinage pour trouver un endroit où dormir sachant qu'il est déjà 16h et que sur le guide-map, il y a pas de refuge avant 10km..

   Je marche, encore et encore sans trouver d'endroit pour la tente. Je passe par le "Yakezaka-toge Pass" qui est un passage montagneux difficile au lieu de prendre un tunnel pour traverser la montagne. La pluie est intermittente mais les périodes d’accalmie sont de plus en plus courtes. De plus, il fait de plus en plus sombre. Finalement, après 13km, j'arrive à Tosa-saga Town à 20h, sous la pluie et dans la nuit pour dormir sous le porche d'un hangar. Au moins, je suis à l'abri pour la nuit. C'est après coup que je me suis rendu compte que j'ai fait une belle journée de marche avec presque 47km et plus de 1300m de dénivelé positif. 14h de marche ça aide. ^^

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Mon "refuge" pour la nuit à Tosa-saga town

Jour 13
Kilomètres journée : 41,98km
Kilomètres total : 476,82km

   5h. Il fait nuit, froid et il pleut un peu. Je n'ai pas mal aux pieds (ayant encore le Compeed) et le bon score kilométrique d'hier m'a remonté à bloc. Objectif aujourd'hui : faire au moins 40km avec le sourire.

   Je dois aller à Shimanto Town (il y a le temple 37) et pour cela, il y a trois chemins possibles avec chacun sa propre caractéristique :
     

  • L’autoroute 56 qui n'est pas un chemin de pèlerinage mais que beaucoup de japonais empruntent (rappelez-vous ma remarque sur la fainéantise du pèlerin japonais de la journée 3).

  • Le Osaka Pilgrim Trail (3,8km) qui suit un ruisseau dans la vallée à gauche de l'autoroute avec à la fin une montée raide de 280m. Ce chemin ne doit pas être pris s'il pleut beaucoup à cause du passage d'une cascade qui peut être impraticable, donc vous pouvez être obligé de revenir à votre point de départ.

  • Le Soemimizu Pilgrim Trail (4km) qui passe par la montagne en suivant la crête à droite de l'autoroute qui est le plus physique avec près de 400m de dénivelé positif et 110m de dénivelé négatif.

   Vu qu'il pleut et que je préfère les efforts pour ce voyage, j'opte pour le 3ème chemin après deux chocolats chauds. A l'entrée du chemin, il y a un refuge assez petit mais suffisant pour qu'une personne puisse dormir. Il y a même une couverture (voir photo ici qui n'est pas de moi). Dommage que je ne le savais pas hier soir (vous êtes prévenus amis lecteurs). Très vite, je passe au-dessus de la voie express de Kochi (une vraie autoroute) qui dispose aussi d'un grand refuge avec une belle vue sur la ville de Naka-Tosa, très appréciable après l'effort intense dès le début de la journée. Puis le reste de la montée devient du faux plat sur un sol de terre recouvert de feuilles mortes (attention aux glissades). Pour information, ce sentier est emprunté depuis le moyen-âge et continue à être utilisé par les randonneurs locaux et pas juste par les Henro.

   La descente est assez "simple" malgré la largeur du chemin assez faible. J'ai donc couru pour moins solliciter les genoux ayant confiance dans mon agilité ce qui m'a permis d'arriver au Nanako-toge Pass à 7h30 (c'est l'endroit où se rejoignent les trois chemins). Ici, il y a des toilettes ainsi que des distributeurs de canettes, un grand thermomètre numérique (comme ceux des pharmacies) qui indique 5°C (pas étonnant que j'avais froid au réveil) et un restaurant (fermé lors de mon passage). Je rencontre une japonaise pèlerine qui vient de l'autoroute (même pas surpris) avec qui je vais faire "la course" jusqu'à Shimanto Town (elle marche vite la jeunette).

   11h10. J'arrive au temple 37, Iwamoto-ji (岩本寺) après m'être perdu dans la ville. L'après-midi ne sera que de la marche en longeant la route 56 qui sera entrecoupée uniquement par le Ichinose Pilgrim Trail (descente bien raide, très physique et technique qui a première vue est très très peu emprunté par les pèlerins) où je trouverai une languette de signalisation de pèlerin sur le sol (hop dans la fouille, petit souvenir qui va aussi me servir de marque page). Les seuls points noirs de la journée seront d'avoir froid et d'avoir en permanence un fort vent de face qui me ralentit.

   Voyant le soleil décliner, je finis la journée à 16h30 dans un refuge contre l'autoroute 56 et à l'entrée d'un tunnel de la ville de Tosa-saga ( 佐賀 ). J'ai tellement froid que je mange en étant dans mon sac de couchage mais je suis content car j'ai atteins mon objectif sans avoir mal.

   Je n'ai pas pris de photo correcte de cette journée. Je n'ai donc que mon repas du soir et mon refuge comme illustration. Désolé.

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Mon repas du soir.

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Mon refuge pour la nuit avec au fond le port de la ville.

Jour 14
Kilomètres journée : 36,33km
Kilomètres total : 513,15km

   6h15. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Le refuge est dans un couloir venteux très froid qui transperce le duvet (évitez de dormir ici). Les crevasses de mes pieds ont bien augmenté et sont maintenant assez profondes (j'arrive au niveau de la chair rouge) pour ne plus pouvoir creuser plus. Le pied droit refuse de se réveiller et m'handicape pas mal (je n'arrive pas à plier les doigts de pied). Si le problème persiste, je ne vais pas dépasser les 10km malgré une journée à 100% sur du plat, voir même être obligé de stopper le pèlerinage pour une ou deux journées minimum. C'est la première fois que je pense qu'il y a une situation suffisamment grave pour réfléchir à arrêter l'aventure.

   J'ai même droit à un petit bras d'honneur du destin. Après avoir passé le tunnel (contre mon refuge), je me retrouve dans une autre zone climatique. Avant le tunnel, j'avais très froid avec mon T-shirt, mon polaire et mon coupe-vent et après le tunnel, je suis bien avec juste le T-shirt et la veste sans manche de pèlerin. Il n'y a plus de vent et il y a même un refuge dans un parc (saga-kôen) à moins de deux kilomètres très bien exposé et mieux protégé ou l'on peux mettre sa tente. Les boules...

   Miracle, au bout de 3h, le pied droit décide de fonctionner (que de temps perdu). Hallelujah... Je peux vraiment commencer la journée. De la route, encore de la route. J'arrive à la plage d'Irino Pine Coast ( 砂浜美術館 ) qui ressemble aux plages landaises avec son sable blanc et ses pins (possibilité de mettre sa tente). Cette plage est connue pour son concept visible début mai :

    Il y a, accrochés sur des cordes à linge, des T-shirts fabriqués dans le monde entier qui disent "une belle plage de sable blanc est une œuvre d'art en elle-même".

    Après un rapide passage à Shimanto City, je longue la rivière Shimanto jusqu'à son embouchure pour finir par stopper la journée au refuge (sur une petite bute) près du restaurant "Drive in Suisya" à 15h15. C'est tôt mais le prochain refuge est au moins à 3h30 de marche sans certitude qu'il soit compatible pour y passer la nuit. En plus, là, j'ai pleins de distributeurs de cannettes et des toilettes avec une extension en dur pour me réfugier si le temps se gâte durant la nuit vu que le refuge est intégralement exposé au vent. Je joue donc la sécurité et cela ne peux être que bénéfique pour mes pieds d'avoir une courte journée de marche (9h).
Refuge contre le restaurant "Drive in Suisya"

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   A 17h, un bus de pèlerin s'arrête pour la pause pipi de ses passages. Le chauffeur vient à ma rencontre et me donne un billet de 1000 yen comme osettai. Mon premier (et unique) cadeau en argent liquide. Ayant le temps, je décide de faire du grand charcutage au niveau des crevasses pour diminuer le risque d'avoir le même problème que ce matin. Je coupe le maximum de peau que je peux et je lave trois fois mes pieds pour éliminer le plus de saletés possible. Ci-dessous les photos des crevasses avant le charcutage (j'ai pas pris de photo après). Bon appétit ^^.

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Jour 15
Kilomètres journée : 30,99km
Kilomètres total : 544,14km

   5h40. La nuit a été fraiche. Je me suis réveillé 2~3 fois. Ce matin, j'ai de la condensation sur le sac de couchage mais bon, il ne pleut pas et il n'y a pas de vent. Ce n'est pas si mal. Aujourd'hui, c'est un grand jour. Je vais arriver au cap Ashizumi-misaki ( 足摺岬 ), la pointe la plus au sud de l'île de Shikoku, un des endroits fétiches pour les pèlerins japonais.

   Pour y arriver, j'emprunte la route 321 en passant par la plage d'Ôki no hama (pas terrible), puis la route 27 qui longe la côte Est de la péninsule. C'est long, c'est chiant, j'ai l'impression de ne pas en voir le bout. Le soleil ardent me tape sur le système. En tout cas, j'ai bien fait de m'arrêter tôt hier car je ne vois pas de refuge jusqu'au temple 38, Kongōfuku-ji (金剛福寺) à 5h de marche (arrivé à 10h45).

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Temple 38, Kongōfuku-ji (金剛福寺)

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Temple 38, Kongōfuku-ji (金剛福寺)

   C'est le plus beau temple du pèlerinage que j'ai vu. Je croise pas mal d'étrangers dont un couple de Québécois (vu l'accent) et beaucoup de pèlerins japonais "à la journée" malgré que ce soit le seul temple dans le coin, c'est dire l'importance de ce temple.
   Beaucoup de monde me salue avec une certaine admiration. Je pense que le fait que j'ai un "gros" sac à dos, la veste et le chapeau de pèlerin ainsi qu'une marche non optimale (je boite un peu et je marche avec le pieds droit tourné vers l'intérieur) et les bras cramés leur donne des indices comme quoi je suis venu à pied depuis Tokushima.

   13h. Je continue la journée en allant voir le phare près du temple. Je profite d'un coin de pelouse avec des bancs et un refuge de pèlerins pour manger les boulettes sucrées achetées devant le temple et de faire sécher mon sac de couchage. Ce n'est pas si mal pour y passer la nuit. Mais vu qu'il y a un refuge plus loin, je préfère m'avancer un peu car demain, j'ai une grosse journée à faire et deux petites journées ne peuvent pas faire de mal aux pieds.

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Le phare depuis ma zone de pique-nique

   Le refuge pour la nuit est grand. Il y a une plateforme qui permet de s'allonger à trois sans problème, une grande pelouse, une mare et un distributeur de cannettes. Comme hier, je profite qu'il soit tôt pour recouper de la viande au point que j'ai le pied gauche qui saigne et gros lavage. Malgré ça, je remarque que je n'ai plus besoin de l'aide de mes bras pour croiser mes jambes quand je suis allongé (jusqu'ici, je devais faire comme les tétraplégiques pour les croiser). Les articulations des doigts de pied ne me font plus souffrir et je n'ai plus de grosses ampoules qui apparaissent. Mes plantes de pied semblent maintenant rôdées. Dommage que cela arrive à quelques jours de la fin du voyage.

   A 18h, un pèlerin en scooter débarque et monte sa tente malgré que je lui ai proposé de partager le refuge. De mon côté, je m'ennuie. Cela doit faire maintenant plus de 3h que je suis là, allongé les pieds en éventail en re-relisant le guide-map. Rien que pour ça, je déteste finir la marche tôt. Et en plus, les moustiques commencent à m'attaquer (idiot que je suis, je n'ai pas pensé qu'avec une mare, il y aura forcément des saletés de suceurs de sang dès que le soleil déclinera).

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Refuge pour la nuit

Jour 16
Kilomètres journée : 43,73km
Kilomètres total : 587,87km

   5h30. Il fait froid mais pas de nuage à l'horizon, la journée semble bien se présenter. Pas de temple aujourd'hui. Je dois simplement faire le maximum de distance pour être au plus près du temple 39 demain. Pour ce faire, plusieurs solutions s'offrent à moi :
   

  • Route A - 51,4km : La route la plus rapide qui consiste à revenir sur ses pas jusqu'à l'endroit où j'ai passé la nuit le jours 14 (avec osettai de 1000yen) puis de bifurquer en direction du temple 39. C'est la route la plus empruntée par les pèlerins marcheurs.

  • Route B - 52,5km : Presque le même topo que la route A.

  • Route C - 55,8km : L'unique route physique. Elle passe par un col à 672m et est dépourvue d'eau et de nourriture sur 20km

  • Route D - 63,4km : La route qui contourne la montagne où passe la route C.

  • Route E - 72,9km : La route la plus longue qui passe par la ville d'Ōtsuki ( 大月町 ).

   La route A et B sont inconcevables pour moi. Je me vois mal marcher des heures pour voir des paysages que j'ai déjà vu la veille. La route E semble la meilleure mais est un peu longue vu mon temps limité (la prochaine fois que je fais le pèlerinage, je prendrais cette route). Me reste les routes C et D. Vu le peu de différence de kilomètre, autant prendre la plus physique pour ne pas avoir de regret. Donc direction le Mt Imano-yama (yama voulant dire "montagne" en japonais) pour aujourd'hui.
   30 minutes. Voila le temps qu'il m'a fallu pour réveiller les pieds. C'est rapide aujourd'hui et tant mieux car j'ai déjà de la grimpette à faire en forêt. Un petit chocolat chaud pour réchauffer la machine et zou, c'est parti ! Après une demi-heure de nature, je reprends le bitume pour finalement croiser à 7h Kiyoshi, au niveau de la ville de Nakanohama, qui se dirige vers le temple 38. Je ne pensais pas le revoir après l'avance que j'avais pris après Susaki (avec la nuit sous le porche d'un hangar). Il m'offre une canette de citron local puis nous nous séparons avec la certitude que c'est la dernière fois que l'on se verra durant le pèlerinage.

   A 9h, j'arrive à Tosa-shimizu, la dernière ville ayant une supérette. J'achète un bento pour midi, une viennoiserie plus un onigiri pour le soir et un autre bento pour le manger dès maintenant (j'ai envie d'un plat chaud). Le soleil tape déjà très fort comme pour me rappeler de ne pas oublier de prendre de l'eau. Et tant mieux car je bois, encore et encore. Dès que je vois un distributeur, je bois une cannette pour toujours avoir au moins deux cannettes dans le sac.

   Après un dernier ravitaillement juste à l'entrée de la route à 10h, j’entame la montée du col (12km) et par la même occasion le "désert de bitume" sur les coups de midi. La route offre peu de distraction hormis regarder la rivière Masuno. Au bout d'une heure, je fais la pause casse-croute avant d'attaquer la vrai montée.

   La route tourne, encore et encore, toujours avec le même degré d’inclinaison. J'espère à chaque tournant être en haut. J'en ai marre d'avoir l'impression de prendre toujours le même virage. L'utilisation des bâtons de marche expose la peau de mes bras au soleil qui ne perd pas une seconde pour me les rôtir. J'ai beau être un chameau au niveau de la consommation d'eau, cette après-midi me fait transpirer plus que d'habitude, surement dû au bitume qui renvoie une partie de la puissance d'Amaterasu.

   Oh bonheur, je suis en haut. Enfin !
Des hommes sont en pleins travaux ce qui bloque la route (raison pour laquelle je n'ai vu aucune voiture). Au point où j'en suis, ce n'est pas un talus de pierre qui va m'arrêter. Reste maintenant à faire la descente de près de 500m de dénivelé sur 6km, exercice qui je sais va obligatoirement me créer des ampoules aux talons. Quitte à avoir mal, autant le faire en courant même si je suis nul en course.

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   16h45. Je suis dans le refuge privé "Shimizugawa". Un refuge assez vieux vu la dégaine du truc. En plus, il doit y avoir de l'eau pas loin car je suis attaqué par des moustiques. Comme prévu, j'ai dû percer des débuts d'ampoule à chaque pied. Je suis tout de même content de moi. Je n'ai pas chômé avec presque 44km, 1400m de D+ et 1500m de D- en n'ayant pas des pieds tous neufs.

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Refuge privé "Shimizugawa"

Jour 17
Kilomètres journée : 37,79km
Kilomètres total : 625,66km

   5h30. J'ai bien dormi cette nuit. Je devais être fatigué de la veille. Je n'avais pas vraiment envie de sortir du sac de couchage surtout qu'il fait frisquet. Je ne suis pas encore à la fin du voyage que je regrette déjà d'être si près de Uwajima (宇和島市). J'aimerai pouvoir marcher des mois au Japon. De la nostalgie m’envahis en marchant. Je jalouse les retraités qui ont la possibilité de faire ce que j'ai envie. Je me dis que je dois faire attention à ne pas trop abuser des sucreries pour être à la retraite en forme et pas avec une bedaine handicapante. Je m'imagine bien passer 6 mois au Japon ( maximum autorisé avec un visa touristique pour un Français) à vivre comme je le fais actuellement mais en marchant moins (je serais vieux quand même) et en profitant plus des onsens, etc...

   C'est perdu dans mes pensées que j'arrive dans la petite ville de Hirata. Et alors là, je ne sais pas si c'est mon imagination mais je ne le pense pas, mais j'ai vu une fille (environ 16 ans) en tenue pour l'école se cacher dans un coin au niveau de la gare et enlever sa culotte avant de repartir sur le quai. Ohlala, c'est pas possible. Voyons voir. Que peut faire une fille en passant ces pouces sous sa jupe puis se baisser un peu en levant l'un après l'autre ces pieds tout en gardant ces chaussures et finissant par mettre un truc dans son sac ? Perso, je ne vois pas d'autre hypothèse que celle du sous-vêtement.
   Lors de mon premier voyage au japon, j'ai eu droit à une Japonaise assez coquine qui assise sur un banc dans un parc, a ouvertement écarté ses cuisses pour me montrer sa culotte à l’effigie du drapeau USA en me souriant. Et là, pour mon quatrième voyage, je vois ça. Au moins, j'aurai une anecdote coquine à raconter en plus.^^

   Petite pause pour manger chaud au niveau de la supérette puis direction Sukumo (宿毛市) en marchant sur la route 56 (et oui, encore celle là). A 8h, j'arrive au temple 39, Enkō-ji (延光寺) en ayant une grosse envie fécale mais les toilettes sont en panne à cause de la construction d'un énorme pont et les toilettes de chantier ne sont pas des plus accueillants. Pas grave, je vais serrer les fesses en marchant.

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Temple 39, Enkō-ji (延光寺)

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Temple 39, Enkō-ji (延光寺)

   A 9h, je profite qu'il y ait une laverie automatique pour faire une lessive complète en gardant uniquement sur moi un caleçon et le coupe-vent pour éviter être embarqué pour exhibitionniste. Et j'ai bien fait car durant l'heure de la pause lessive, une petite mamie est venue mettre des couettes. Imaginer mamie raconter à son encourage qu'elle a vu un étranger "blanc" avec des cheveux longs à moitié à poil me fait sourire. ^^

   A l'entrée de Sukumo (宿毛市), je profite de toilettes publiques pour faire la vidange du corps (note : il y a aussi un refuge pour dormir) puis je fais une pause midi pour manger encore chaud (super la journée). D'ici peu, j'aurai fini la deuxième phase du pèlerinage pour entrer dans la troisième phase. Je  sais que Kiyoshi s’arrêtera là et donc par conséquence c'est officiel, je le recroiserais plus.
   Sukumo est pour moi un point stratégique car il n'y a pas de train entre cette ville et Uwajima (宇和島市). Si j'étais en retard sur mon planning, cela aurait été à partir de cette ville que je serais reparti pour Osaka n'ayant pas le temps de rejoindre Uwajima à pied. Sukumo était donc mon objectif minimal à atteindre. Mission réussie !

   Pour aller dans la préfecture Ehime, il y a un passage incontournable pour les pèlerins marcheurs, le Matsuo-toge Pass à 300m d'altitude. C'est le seul moment de nature que j'ai aujourd'hui. Et bien, j'en ai chié. En moins de 2km, grimper 300m de dénivelé sur un terrain racineux c'est fatiguant. J'arrive en haut à 13h et remarque un refuge qui n'est pas indiquer dans le guide-map. Après l'éveil puis l'ascèse, je rendre maintenant dans la troisième phase, l'illumination.

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Début du chemin tranquille mais ça ne va pas durer.

   Pour la descente, je fais comme hier et je cours en m'aidant des bâtons de marche pour ne pas me ratatiner. Ce n'est pas le moment de se tordre une cheville vu le peu de gens qui empruntent ce sentier. D'ailleurs, comme hier, le soleil pète la forme et je n'ai pas pris d'eau pensant que grimper une petite colline de 300m de dénivelé positif serait un jeu d'enfant par rapport aux montées que j'ai faite depuis le début du voyage. Bizarrement, c'est cette montée que j'ai trouvé la plus dure, allez comprendre. Je suis bien content d'être sorti de la colline pour me retrouver devant un collège avec de quoi boire.

   Reste que le moment le plus pénible de la journée est devant moi. Durant 2h, je marche sous la cagnasse sur la route 56. Le vent s'est levé et m'empêche d'être droit sous peine de voir mon chapeau s'envoler. Je pourrais l'accrocher à l’arrière de mon sac mais j'en ai vraiment besoin si je ne veux pas avoir une insolation. Péniblement, j'arrive à 16h35 au temple 40, Kanjizai-ji (観自在寺) situé dans la ville de Ainan (松野町).

Sur le guide-map, je vois qu'il y a un parc (Misho koen). Vu qu'il n'y a pas de refuge dans le coin, voyons voir s'il y a moyen de planter la tente, en plus il y a une supérette en face. C'est donc le coeur léger que je marche le long de la rivière en regardant s'il n'y a pas un coin pour dormir (note : on peut dormir à beaucoup d'endroit avec une tente) au cas où le parc me ferait défaut.
   Finalement le parc est parfait. Il y a des toilettes, de la pelouse pour la tente et surtout, une structure en bois permettant de s'abriter avec des bancs autour. Pour ce soir, même pas la peine de sortir la "maison", je vais dormir sous la structure. Avant ça, je vais faire les courses et là, surprise ! Non, le choc même. Des grosses au Japon, il y en a (si si) mais des comme ça, j'en avais jamais vu. Les deux caissières tapent facilement dans les 140kg pour moins d'1m70. J'ai l'impression de voir des Américaines que l'on voit à la télévision qui se déplacent avec des petites voitures.

   Je mange chaud et je retourne au parc. Il est 17h15 et je n'ai rien d'autre à faire que de regarder des jeunes faire leur entrainement de baseball. C'est comme dans les animés type "Prince of tennis". Les sempaï donnent les ordres et à la fin, les titulaires font un match pendant que les "bleus" regardent. Il y a même deux filles en tenue d'écolière pour faire les groupies (véridique).
   A la fin vers 18h30, tous le monde fait le ménage pour partir à 19h me permettant de sortir le "lit". Pas trop tôt car il commence à faire froid avec la nuit. Petite parenthèse : je viens de dépasser les 600km.

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Ma maison pour la nuit. A droite on voit le grillage du terrain de baseball.

Dernière modification par andre1980 (12-12-2014 23:48:44)

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#5 12-12-2014 20:51:56

andre1980
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

l'illumination

Jour 18
Kilomètres journée : 28,38km
Kilomètres total : 654,04km

   6h. Une petite journée m'attend. Pas que je sois fatigué mais uniquement car je suis dans les temps par rapport à mon planning et vu que j'avais prévu une journée de sécurité, je n'ai pas besoin d'être à Uwajima ce soir surtout que d'après le guide-map, il y a un onsen à 27km.

   Je commence par du bitume peu passionnant près de la mer Uchiumi. La route est moche avec un arrière goût de zone industrielle à faible chiffre d'affaire. Je croise des collégiens en vélo aller à l'école, surpris de croiser un étranger en "tenue" de pèlerin. Vu le coin perdu que c'est, je pense même qu'ils ne doivent pas en croiser beaucoup des étrangers tout court. Cela leur donne l'occasion de dire les 2~3 mots d'anglais qu'ils connaissent. J'ai hâte de quitter cette route, j'accélère le pas au point d'arriver à Uchiumi village situé à 9km de mon départ.

   8h15. Après avoir fait le plein d'eau, je quitte Uchiumi Village pour le Kashiwazaka Trail, un sentier de montagne de plus de 9km montant jusqu'à plus de 460m d'altitude. Moins de cinq minutes après le début de la montée, je croise un serpent marron. Enfin, le mot "croiser" est un peu faible. Je l'ai vu au dernier moment, quand j'allais lui marcher dessus (il était camouflé sous les feuilles mortes donc marron aussi). Ne sachant pas s'il est vivant et étant obligé de passer par là (je suis sur un sentier crevé avec l'impossibilité de contourner le serpent), je lui lance une pierre.
   Putain de bordel de merde, il est bien vivant. Tellement vivant qu'il a "sauté" vers moi. J'ai juste eu le temps de sauter vers l'arrière. Les boules que j'ai eu. J'ai le cœur qui bat vite et je tremble. Je ne fais pas le malin. Pendant ce temps là, monsieur le serpent reste au milieu du passage en me fixant. Mon gros, si tu veux combattre, on va combattre (avant ça, une petite photo).
   Je prends trois pierres de différents poids (la plus petite doit faire au moins 600g) et lance la moins lourde mais il refuse de bouger malgré l'avoir prise sur le dos. Je lance la deuxième et paf, sur le dos aussi. Gagné. Monsieur le serpent fuit dans une cavité et moi je me dépêche de passer. Maintenant j'ai un peu peur d'avoir d'autres serpents sur mon chemin et de ne pas les voir.

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Le serpent de la montagne

   Plus tard, je croise un autre être vivant près d'un refuge (pas indiquer sur le guide-map) au niveau du "temple" Yanaginomizu-daishi en la personne d'un pèlerin japonais bien barbu. Musique classique au poste radio et feu de bois pour faire chauffer l'eau de son thé, celui-là doit être un vrai de vrai qui a surement déjà fait le tour de Shikoku plusieurs fois. Je profite de la bonne ambiance qui se dégage pour faire une pause de dix minutes.

   A 9h20, j'attaque la descente de la montagne en courant malgré que le chemin soit très étroit (à peine la place de mettre ses deux pieds l'un contre l'autre) avec des pierres "tordeuses de cheville" sur près de 3km. Une fois la partie raide passée, je marche tranquille jusqu'à une ferme. Une vieille femme (surement agricultrice) m'offre une orange de sa récolte en me remerciant de faire le pèlerinage. Moi qui avait un petit creux, ça tombe bien.

   A peine je retrouve le bitume que je recroise un serpent vivant identique à celui d'avant qui traverse la route. Vite je sors l'appareil photo pour immortaliser ce moment en photo et en vidéo.

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Le deuxième serpent de la journée. Soit le troisième serpent vivant depuis le début du pèlerinage.

   De retour sur la route 56, je fais une pause repas à une supérette puis je reprends la route quelques mètres derrière une pèlerine japonaise (dans les 25 ans) jusqu'à la sortie de la ville de Tsushimacho Iwamatsu (津島町岩松) ou se trouve le onsen Yashuragi no sato. Il est 13h et je peux dire que j'ai fini la journée étant donné que "mon" refuge pour la nuit est à moins de 1,5km (il y a un autre refuge au niveau du parking de l'onsen). Après un bon récurage et un peu de détente, je vais acheter plein de nourriture pour finir la journée au refuge à 14h30 à glander alors que je suis juste à 4km de Uwajima.

   Personnellement, je considère que c'est la dernière journée de marche. Je ne vais pas à Uwajima aujourd'hui uniquement pour une raison économique. Il n'y a pas de refuge dans cette ville. Je préfère passer une nuit gratuite ici que payer au moins 2600yen (environ 20€) pour un lit en dortoir dans la seule auberge de jeunesse de la ville alors que là, j'ai le top au niveau refuge. J'ai une "chambre" rien que pour moi. Pourquoi payer pour avoir moins bien. ^^
 
Vidéo du refuge

Jour 19
Kilomètres journée : 12,83km (jusqu'à la gare d'Uwajima)
Kilomètres total : 666,87km

   Dernier jour de pèlerinage (ben oui, dans la pratique, je ne suis pas encore à Uwajima) plus que court. Hier, je n'ai pas trouvé le sommeil avant 23h et là, je quitte le refuge alors qu'il est à peine 6h. Faire la grasse matinée en vacances ne semble vraiment pas être fait pour moi. Je quitte donc la cabane pour gravir la colline (Matsuo pass) située juste derrière en sachant très bien que la plupart des pèlerins japonais doivent surement emprunter le tunnel routier.

   Dès le départ, c'est très raide. Les bâtons de marche sont d'une grande aide pour gravir surtout avec les feuilles mortes humides qui recouvrent le sol. Même pas deux minutes de marche que je dois déjà enlever le polaire malgré l'air frais et humide. Comme hier, l'état du sentier me laisse peu de doute sur la fréquentation des marcheurs et ce n'est surement pas par centaine de personne qu'il est piétiné.
   J'avance d'un bon pas, j'enjambe des troncs d'arbres, je marche à quatre pattes sur d'autres troncs. Ce n'est vraiment pas beaucoup fréquenté et entretenu ce sentier. Plus j'avance, plus j'ai du mal à avancer. Ça commence à me faire chier sévère. Et voila la cerise sur le gâteau : plus de sentier après une demi-heure de marche. Mais c'est quoi cette merde encore ? Mais ils sont vraiment cons ces Japonais pour me faire passer dans un truc sans sentier ni étiquette de signalisation. En plus, la végétation est bien trop dense pour voir loin.  Et puis merde, c'est trop dangereux, aller hop, marche arrière, je vais prendre le tunnel.

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Mauvais chemin juste après la bifurcation. Il y a de quoi penser que c'est le bon quand même.

    Oh le con !!! En repartant en arrière, je vois que j'ai raté une bifurcation. Le sentier est bien plus large et sans tronc qui barre le chemin. En haut, un refuge "classique" est à la disposition des pèlerins. Il ne faut pas être un trouillard pour dormir ici car cette zone doit être flippante le soir.

   A 7h30, j'arrive en bas de la colline, puis je continue par la route 56. Je traverse les zones commerciales d'Uwajima en cherchant un sushi-bar repéré avant le voyage au cas où. Je ne me fais pas trop d'illusion, à cette heure, il est surement fermé. Et effectivement, il est fermé. Snif.

   Voila, je suis à Uwajima. Fini le pèlerinage. Maintenant, je me met en mode "touriste lambda". Première étape, le Tenshaen (天赦園). C'est un jardin assez sympathique sans plus mais qui a le mérite d'avoir plein de carpes koï. C'est cool de jouer avec elles (elles me suivent en pensant que je vais leur donner de la nourriture). Et vu le prix de l'entrée (300 yen), je ne regrette pas d'être venu ici.

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Tenshaen (天赦園)

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Tenshaen (天赦園)
   
   10h, j'arrive au château d'Uwajima. Je monte jusqu'en haut pour pas grand chose. Le château est tout petit. Payer 500 yen pour rentrer dans ce truc, c'est de l’escroquerie. Je préfère me contenter de voir la ville d'en haut avant de redescendre et d'aller dans la rue marchande en direction de la gare. La rue est agréable, elle est couverte, large et a beaucoup de boutiques différentes. Dommage que les restaurants soient fermés car il y a beaucoup de plats qui semblent appétissants.
   A Uwajima, il y a un temple (Taga jinja - 多賀神社) que je voulais voir mais impossible de me rappeler le nom. Dommage car c'est un temple en rapport avec la fertilité. Pas que cela m'intéresse (je ne veux pas d'enfant) mais il y a quelques sculptures de phallus et ça, je trouve ça suffisamment loufoque pour avoir envie de jeter un coup d’œil. Dans cette ville, il n'y a rien d'autre qui m'intéresse.

   J'avais prévu de dormir à l'auberge de jeunesse cette nuit en pensant que j'arriverai dans l'après-midi dans cette ville et comme ça, j'ai toute la journée de demain pour les visites et le milieu de après-midi pour aller à Matsuyama où je dois prendre un bus de nuit pour Osaka (déjà réservé). Finalement, vu que j'ai été plus rapide pour faire le pèlerinage, je me retrouve à m'ennuyer. Je décide donc de partir pour Matsuyama. Arrivé à la gare, je constate que le prochain train est à midi. J'ai encore le temps pour en profiter pour manger. Donc direction un restaurant de ramen pour un double repas et zou, dans le train.

   13h20, je suis à Matsuyama. Je regrette de ne pas être arrivé à pied ici, j'ai vu de beaux paysages par la fenêtre du train. A Uwajima, il faisait très beau mais ici, le ciel est gris. J'espère qu'il ne va pas pleuvoir car le refuge le plus près est à 4km de la gare (près du temple 51). Hélas, de vilaines gouttes tombent par petites averses. Mais ça, ce n'est pas bien grave par rapport au fait que je ne vois pas le refuge. Il semble avoir été rasé (il y a un terrain qui vient juste d'être préparé pour une construction). Je suis comme un con sur le trottoir avec mon K-way rouge pétant sur le dos, une poche de nourriture à la main et sans savoir où dormir pour la nuit. Top moumoute la situation.

   Assis sur un muret, je casse la croute en regardant les pèlerins motorisés entrer et sortir du temple. Plus je les regarde, plus ils me font penser à des fourmis qui entent et sortent de la fourmilière. Moi qui n'ai jamais fait faire une calligraphie considérant que ce n'est pas ça le but du pèlerinage, je regarde cette scène avec un certain détachement. Je les imagine le soir chez eux, montrant leur cahier à leur entourage, fiers comme un ado qui vient d'avoir le dernier Iphone, alors qu'il n'y a rien de glorieux à avoir ce coup de pinceau (suffit juste de payer 300 yen) dans leur cas et qu'ils ont raté le but initial du pèlerinage. Je pense que tous les pèlerins marcheurs doivent avoir ce sentiment au bout d'un moment.

   Hier, dans le refuge, j'avais lu des brochures touristiques dont une avec une pub pour une auberge de jeunesse peu chère (2160 yen le lit en chambre double) vers le Dōgo Onsen qui par chance se trouve près du temple 51. Sur le guide-map, il y a une auberge de jeunesse indiquée vers cet endroit. Je doute qu'il y ait deux auberges aussi près, c'est surement la même.

   Bingo, il est 16h, j'ai un lit au chaud pour la nuit et j'ai accès à un ordinateur avec internet. Je descends au rez-de-chaussé pour aller sur le web. A peine entré dans le salon, le père de la gérante me chope en voyant que je boite. Il me demande de m'assoir, d'enlever mes chaussettes puis me demande où j'ai mal. Je sais pas trop où me mettre et lui indique les zones. Papi se met à dessiner des symboles avec un "stylo magique" sensé enlever les douleurs. Je le laisse faire pour ne pas le vexer mais j'en pense pas moins si vous voyez ce que je veux dire. Après la séance d'exorcisme, je fais style que j'ai beaucoup moins mal en sautillant (et en maudissant les douleurs que j'ai encore). Il semble content de lui et de sa bonne action. Maintenant, je peux enfin aller sur le web pour trouver des choses à faire dans le coin vu que j'ai toute la journée de demain à m'occuper.

   Je finis la journée en me baladant dans le Dōgo Kōen où se déroule une fête de quartier avec ses stands de nourriture et ses bâches bleues où sont assis des groupes d'amis/collègues de travail. Je monte en haut de la colline du parc pour voir la ville avant de rentrer à l'auberge. Fin de la marche du voyage.

Bonus

Petites photos envoyées par Kiyoshi hormis la première qui est de moi.

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4eme jour. Dur de se prendre en photo.

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Aïe, que ça fait mal de descendre des escaliers !

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Non, je ne prends pas de photos via l'écran. Je filme là.

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Photo au temple 35

Matériel

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Un conseil : Ne prenait pas de tente/tarp, etc... C'est du poids pour rien. Il y a suffisamment de "toit" pour dormir.
FIN

Dernière modification par andre1980 (13-12-2014 00:13:34)

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#6 12-12-2014 21:23:02

Shanx
Sanglier MUL
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

L’idée est sympa, et certains paysages doivent avoir valu la peine. Mais franchement, il n’y a pas beaucoup trop de civilisation ? J’ai l’impression que c’est encore pire que le chemin de St Jacques.

(Désolé que le premier message ne soit pas enthousiaste. hmm Le Japon m’attire aussi, principalement pour sa culture, et l’idée d’avoir des temples qui servent à faire le chemin est pas mal. Mais là, j’ai l’impression que tu es resté à proximité des villes tout le temps…)


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#7 12-12-2014 21:42:58

marcheur75
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Merci pour le récit intéressant sur ce pèlerinage. Un peu de dépaysement ne fait jamais de mal.

Est-ce que cet endroit est facilement accessible en train ?

Qu’est-ce qu’un « mangakissa » ? Il ne me semble pas avoir lu l’explication dans le récit.

Les refuges ressemblent plus à des kiosques vosgiens ou réunionnais qu’à des cabanes de montagne d’après les photos. Ils semblent être complètement ouverts sur la piste ou le village. Tu n'as pas trop souffert d'un manque d'intimité ?


Je n'ai pas lu tous les livres, hélas ! Mais la chair est réjouissante...

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#8 12-12-2014 22:08:27

guichen
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Tu peux continuer...il est top ton retour...ne te censure pas...surtout tes moments de tête de mule... lol

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#9 12-12-2014 22:54:15

andre1980
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Shanx a écrit :

Mais franchement, il n’y a pas beaucoup trop de civilisation ? J’ai l’impression que c’est encore pire que le chemin de St Jacques.

Pas vraiment. Hormis la ville de Tokushima et Kochi (pour l'instant dans le récit), c'est la campagne très profonde. Le gros de la population habite dans le Nord de l'île (que j'ai pas fais). Avec 6 villes, tu as déjà 44% de la population de l'île

Tu travers souvent des villages qui n'ont plus de 20 habitant (là où ils était plus de 800 il y a 30 ans) tellement les jeunes sont parti de ce coin pour aller à Osaka (il y a pas d'université sur l'île) d'où la fermeture de plein d'école. Même si tu marches sur du bitume, tu as quand même les rizières de chaque côté de la route durant des kilomètres avec les grenouilles qui gueule toute la journée. En France, nous avons pas de département aussi peu peupler que ce coin.  Tu croises souvent plus de distributeur de canette que d'habitant dans pas mal de coin. Et là, je parle des côtes. Au centre de l'île, il y a presque personne (c'est que des "montagnes" sans village)

Exemple durant les 80km de national 55 (la grosse route qui permet de relier Tokushima à Kochi, soit l'équivalent en importance en france de la route Bordeaux - Espagne) du jour 6 et 7, j'ai dû croiser une voiture tout les 10~15 min. lol
Le plus chiant c'est les grande ville mais elle permette de faire une "pause" (lavage, resto, etc...).

De toute façon, c'est pas une rando pour les personnes n'ayant aucune attirance pour le Japon. Pour les amateurs du japon, c'est une bonne solution pour visiter le Japon rural en étant "intégré" avec des japonais (avoir le même but rapproche les gens). Tu n'es plus un "touriste" pour les habitants mais un "henro", une personne plus méritant qu'un simple touriste et cela, les habitant te le font bien comprendre (en positif).

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#10 12-12-2014 23:12:59

andre1980
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

marcheur75 a écrit :

Est-ce que cet endroit est facilement accessible en train ?

Qu’est-ce qu’un « mangakissa » ? Il ne me semble pas avoir lu l’explication dans le récit.

Les refuges ressemblent plus à des kiosques vosgiens ou réunionnais qu’à des cabanes de montagne d’après les photos. Ils semblent être complètement ouverts sur la piste ou le village. Tu n'as pas trop souffert d'un manque d'intimité ?

Peu de ligne de train
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Un mangakissa c'est comme un cyber café à la japonaise.
Tu loues un box (à heure) où il y a un ordinateur avec internet, une console (Playstation, etc...) et des couvertures.
Il y a plein de manga (50 à 100 000), de DVD, des jeux vidéo et des boissons illimité (coca, etc...) compris dans le prix de base. Tout en libre service.
Certain sont ouvert 24h/24 et parfois, il y a même une douche. Tu peux aussi demander de la nourriture (payant)
C'est une bonne solution pour dormir à pas cher (environ 13€ le pack nuit).

Effectivement, les refuges sont toujours ouvert. Mais vu que bien souvent, ils sont contre des petites routes où il y a peu de passage (2 tracteurs et une voiture dans le journée), cela pose pas de problème. Il y a aussi des refuges (ouvert) dans les chemins de montagne (vu le peu de pèlerin marcheur, tu es tranquille si tu veux faire un calin avec ton/ta partenaire). Tu peux dormir aussi dans les refuges privé qui sont souvent fermé ou dans des temples. Tout cela toujours gratuitement. Perso, j'ai jamais dormi dans les temples de peur de pas être seul  big_smile

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#11 13-12-2014 07:54:32

marcheur75
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Merci pour ces éclaircissements andré1980. D’après ton blog, je vois que c’est ton quatrième voyage au Japon.

Le mangakissa semble effectivement une bonne solution pour dormir à bon marché et rester connecté. Il y a toujours un canapé ou l’équivalent pour s’allonger ?

J’ai prévu d’aller au Japon entre mi-février et mi-mars en mode VUL urbain, donc sans système de couchage. Mais ton récit me donne des idées. Quelques jours de pèlerinage pour découvrir un autre Japon . Est-ce qu’on trouve matelas et couvertures dans les refuges ?


Je n'ai pas lu tous les livres, hélas ! Mais la chair est réjouissante...

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#12 13-12-2014 10:04:07

Balouns
Membre
Inscription : 04-09-2014

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Super récit et chouettes photos ! Ça dépayse un peu. Et çà donne bien envie d'aller au Japon (à part les ampoules...)

Merci pour ce retour smile

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#13 13-12-2014 10:17:42

Nolok
Membre
Inscription : 31-08-2011

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Ça a dû être un sacré voyage dans le temps!

andre1980 a écrit :

25 mars 2014 - 12 août 2013

wink

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#14 13-12-2014 12:53:28

andre1980
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Lieu : peyrehorade - 40 - France
Inscription : 16-07-2013
Site Web

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

marcheur75 a écrit :

Il y a toujours un canapé ou l’équivalent pour s’allonger ?

J’ai prévu d’aller au Japon entre mi-février et mi-mars en mode VUL urbain, donc sans système de couchage. Mais ton récit me donne des idées. Quelques jours de pèlerinage pour découvrir un autre Japon . Est-ce qu’on trouve matelas et couvertures dans les refuges ?

Non, les refuges, c'est presque jamais avec de quoi dormir. Soit déjà heureux d'avoir de la place pour t'allonger et avoir 3 "côté" protéger du vent. J'ai vu que deux fois une couverture (surement mis la par un habitant du coin - osettai)
Maletas et sac de couchage obligatoire donc.

Site regroupant les mangakissa

Dernière modification par andre1980 (13-12-2014 12:55:08)

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#15 14-12-2014 11:41:27

Vacuité
Membre
Inscription : 23-10-2014

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Un seul mot : "magnifique!".

J'avais entendu parler du pèlerinage des 88 temples lors de la préparation de mon voyage au Japon, mais les rares infos (en anglais) que j'avais étaient qu'il fallait prévoir tout ses hébergements en durs. Cette absence de liberté, le coût que cela induisait et ma maitrise inexistante du japonais m'avait calmé très rapidement et j'avais abandonné l'idée.
Mais te voir le faire sans problèmes particuliers m'a redonné beaucoup d'espoir.

Aucun problème avec le camping "sauvage" ? (Entendu que c'est à la japonaise : henro propre, matériel propre, aucun déchets, etc...)
Le guide japonais est parait-il plus complet, utilité de l'acheter en complément du guide anglais ?
Tu as précisé que le guide n'était pas toujours très clair, utilité de se charger avec google maps ? (et donc smartphone, etc...). J'ai eu des problèmes comme toi avec la signalisation japonaise sur les chemins et gmaps m'a (presque) toujours sauvé.
Les autres temples dans la montagne (pas les 88 +20 +je sais plus) sont ils vraiment difficiles d'accès ?
Le chapeau protège bien de la pluie ? (avec sa couverture plastique)

Si une partie de la philosophie de Kobo Daishi est intéressante, son ésotérisme et ses pratiques m'ont causé des maux de tête et une certaine répulsion (J'ai visité Koya mais j'ai eu l'impression d'être à Lourdes...).

PS : tu aurais dû faire le mont Takao, tu aurais compris que les japonais ne font pas de randonnées (mais ils le font équipés pour un trek de 15 jours en pleine jungle !!!).


Il n'y a pas de vie, il n'y a pas de mort. Il n'y a que vacuité.

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#16 14-12-2014 15:56:56

alhambra
Membre
Inscription : 09-04-2014

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

A quoi servent les compeed ?

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#17 14-12-2014 15:58:42

fredlafouine
Fouinez!
Lieu : bretagne
Inscription : 24-05-2009

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Taper "compeed" dans google. smile


´·.¸¸.·´¯`·.¸ ><((((((º>

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#18 14-12-2014 16:01:34

alhambra
Membre
Inscription : 09-04-2014

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

C'était de l'humour.

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#19 14-12-2014 16:07:54

fredlafouine
Fouinez!
Lieu : bretagne
Inscription : 24-05-2009

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Ah! smile
Effectivement, certaines photos font peur. big_smile


´·.¸¸.·´¯`·.¸ ><((((((º>

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#20 14-12-2014 16:27:58

velox
R.I.P
Inscription : 21-08-2006

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Tu ne l'as pas connu, andre1980, mais c'est LE pèlerinage que Patlechauve rêvait de faire avant de partir.
Je lis du coup ton récit avec une certaine émotion. wink

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#21 14-12-2014 16:31:06

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
Inscription : 09-06-2014

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Vacuité a écrit :

...les japonais ne font pas de randonnées (mais ils le font équipés pour un trek de 15 jours en pleine jungle !!!).

Pas tous, si on en juge par le grand nombre de boites japonaises qui fabriquent et vendent du matériel UL (Evernew, Montbell,...) ainsi que l'existence d'une industrie "cottage" MUL connue pour la grande qualité des finitions ( KS, Locusgear...).
Il y a des marcheurs UL au Japon. Hike Light, Go Simple, le manuel de l'aspirant MUL japonais se vend 1500 Yen. Glenn Van Peski, le PDG de Gossamer Gear, a même fait le voyage depuis les States pour une séance évangélisation MUL il y a quelques années (MUL et Katakana).

Sur les 88 temples, il y a le site de cet Américain pas trop MUL, qui a fait 6 fois le pèlerinage a pieds: shikokuhenrotrail.com. Le forum shikokuhenro contient quelques mises a jour du guide en Anglais.


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#22 15-12-2014 09:43:13

CLeC
Membre
Lieu : IdF
Inscription : 06-11-2011
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Merci pour ton récit intéressant.
C'est le genre de chose dont l'exotisme me fait vraiment rêver mais ton récit montre largement aussi les bémols ; intéressant !   wink


4981875N - 0698785E - 1761m

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#23 15-12-2014 11:33:34

marcheur75
Membre
Inscription : 22-02-2009

Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

L’état des pieds d’andré1980 fait mal à voir. Je suppose que cela est dû à des chaussures inadaptées, tenant mal le pied. En général deux conditions sont nécessaires pour avoir des ampoules : humidité et pieds mal tenus par la chaussure, source de frottement du pied.

Est-ce que les new balance 1080 v3 étaient bien adaptées au climat et au terrain ? Est-ce que des chaussures plus imperméables et tenant mieux le pied n’auraient pas évité ces blessures, certes pas dramatiques, mais pénalisantes ?

Dernière modification par marcheur75 (15-12-2014 11:34:16)


Je n'ai pas lu tous les livres, hélas ! Mais la chair est réjouissante...

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#24 15-12-2014 12:43:18

Galou83
Life trotter
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Je n'ai jamais testé (la chance de ne pas être sujette aux ampoules, jusqu'à preuve du contraire...) mais un truc que l'on m'avait donné (un kiné qui était aussi entraîneur de hand) : superposer des "mis-bas" avec des chaussettes "normales".

Ceci dit, merci pour ce beau récit et ces superbes photos !


---
Je suis mon chemin, un pas devant l'autre.

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#25 15-12-2014 13:29:58

CLeC
Membre
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Re : [Récit + liste] Pèlerinage des 88 temples de Shikoku

Oui c'est connu, d'ailleurs pour ma part je mets toujours des bas en plus de mes chaussettes...   wink

Bon plus sérieusement c'est un système que l'on retrouve sur certaines paires de chaussettes qui sont doublées, mais j'ai toujours eu des ampoules dans les mêmes paires de chaussures donc à mon avis la paire de chaussures est le point primordial tout de même (et l'humidité n'a effectivement rien dû arranger).


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