[Récit + liste] Summertime on the Hrp - 2015 - J 19 - Avec zorey

Jobig · 04-09-2015 08:28:15

ester a écrit :

En fait, j'aurais bien mis des symboles de BD, à la place, ç'aurait été plus proche de la réalité.

Non, non. Tu nous aurais privé d'une contrepèterie. C'est tellement bon l'humour en faux col !!!

Bonne journée,

Jobig

Myrtille88 · 04-09-2015 16:10:59

Salut ester
j'arrive juste à temps, avant la fin.
Voilà 2 jours que je parcours ton périple
Tu vas me faire croire que c'est très fréquenté la Hrp? Et en plus tu croises des Muls (je n'en croise jamais )

Bon, alors, déjà les photos: de très jolies lumières sur Vignemal et le bivouac
des photos dans la pénombre aussi particulièrement belles et le lac Ballibierna

Beaucoup d'épisodes croustillants avec ton style qui sautille, raconte et bavarde...
les oisillons trop mignons

Questions matériel:
Je vois que les intempéries ne déboussolent pas que moi, d'où l'avantage du livre tout de même
le crayon mine ne risque pas de tomber en panne
je pratique à peu près la même technique d'allumage pour l'Evernew, sauf que j'utilise de l'esbit au départ, par contre ce mode de chauffe demande une attention constante sinon ça s'éteint
Bonne idée du mouchoir en tissu

Tu as dû mettre ta liste dans l'autre fil: c'est à cause des consommables que tu as un sac de 8kg?

Merci de nous régaler avec ton récit, version longue j'aime bien

Myrtille

ester · 04-09-2015 19:48:11

Bonjour Jobig,

Jobig a écrit :

l'humour en faux-col

Ouf, j'ai eu peur !

Bonjour Myrtille,

Te voilà revenue ? Y aurait-il un retour en cogitation ?

Myrtille a écrit :

Tu vas me faire croire que c'est très fréquenté la Hrp? Et en plus tu croises des Muls (je n'en croise jamais )

Pour tout dire, oui, j'ai vu du monde tous les jours, je crois.
J'ai parcouru la moitié de la Hrp qui me restait, et il se trouve que c'était la partie centrale. C'est la partie "noble" aux yeux de certains, la partie haute montagne.
La partie où j'ai vraiment été très seule, c'est le premier quart (Hendaye - Ossau) ; d'autant que la météo était très moche : pluie, brouillard... des jours à naviguer à l'azimut dans le brouillard !

Et le vrai plaisir, cette fois, de rencontrer quelques Muls (le vrai plaisir de rencontres non-muls aussi !).
Il faut dire que, comme je ne marche pas (plus) très vite, j'augmente les chances de voir du monde !

Myrtille a écrit :

Beaucoup d'épisodes croustillants

Et encore, on ne le dirait pas, mais je m'auto-censure !

Pour le crayon-mine, oui, c'est clair que je vais y revenir...

Le réchaud à bois, bien d'accord, tu ne peux pas t'éloigner du tout ! Attention permanente !

Myrtille a écrit :

Tu as dû mettre ta liste dans l'autre fil: c'est à cause des consommables que tu as un sac de 8kg?

Je n'ai pas encore mis ma liste (c'est un peu la même que l'an passé).
En fait, tu l'as compris, je compte tout (y compris les consommables et 1 litre d'eau), pour 6 ou 7 jours (je vais vérifier avant de poster la liste) = 8,200 kg, par là.
J'étais un peu déçue de ne pas réussir à améliorer plus...

Merci Myrtille, pour tes commentaires toujours aussi attentifs et généreux.
Jobig aussi, bien sûr !

ester · 04-09-2015 20:06:58

J 21 – 8 août
Airoto – Day off !

Dist : 0 km
D + : 0
D - : 0

Comment coder un jour où je n’ai pas du tout marché ?
J 20 bis ?
Allez, je me contrefiche des scores, priorité à la chronologie : je passe à J 21 !

En bref : Dehors, c’est le déluge !
Orage, grêle, il pleut des cordes,
c’est comme je vous le dis,
un temps d’Archimboldi !

Des semaines de pluie réunies en un jour !

Je reste au sec dans la cabane !

Une journée bof… parce qu’on y est nombreux à un moment (9 ou 10)… et que 4 gars sont irrespectueux envers les autres.
En clair, ils font tout pour faire fuir les autres, et réussissent auprès de quelques-uns.

Je suis la seule « étrangère », jusqu’à ce que Jerry, trempé, ouvre la porte, s’apprête à fuir… Mais se résout finalement à rester.
Sur un moment de repli du groupe envahissant (qui va s’affaler sur les lits pour digérer), je pousse sans égards tout ce que je peux pour libérer la table.
Jerry, « Birdy » (un Américain « replié » sur lui-même) et moi nous y installons.
Une façon d'équilibrer l'espace...

Jerry sort un alcohol stove. “Birdy” aussi. Je sors mon Top Notch. 
Je sens comme un air de BPL…

The count of Monte Cristo s’est fait un ami de son voisin de cellule.
Et moi, j’ai un traducteur en mon voisin de dortoir.
« Please, Jerry, what means ‘swift’ ? ».

Bref, forcés par la météo, nous restons tous pour la nuit.
A Airoto, un samedi, il ne fallait pas espérer dormir seule !...
And finally, the end of the day passed swiftly.

Avant de sombrer dans le doux rêve d'un ciel d'azur, je me demande si “la luciole” a gardé son blanc immaculé, ce soir, sous cette pluie battante…

Magne2 · 04-09-2015 22:58:01

merci pour ce récit dont j'adore le ton général

ester · 05-09-2015 08:59:21

Bonjour Magne2,
Et merci, c'est encourageant !

ester · 05-09-2015 09:17:51

J 22 – 9 août
Airoto – Isil – Comamala (pla)

Airoto – Isil + Alos - Comamala
Dist : 11 km
D + : 780
D - : 1 187

Au matin, le ciel est dégagé. Le dehors me happe vite : de l’espace, de l’air pour le petit déjeuner.
Impossible de remettre la cabane au propre, vu tout ce qui traîne partout. M’étonnerait que « les 4 » s’en occupent à leur réveil.

Je laisse la sardine sur la fenêtre, finalement…

Dans la descente, j’entame une nouvelle cure de framboises (au moins 400 g).
C’est l’avantage de passer la première, cette fois !
Je suis la seule à redescendre vers Isil.

Un groupe de Français entame sa montée quand je suis près d’arriver à Isil.
Marrant, ils me parlent directement en Français… Je dois avoir la « french touch »…
« On va à Airoto, par là ? »
Nous échangeons un peu. Ils sont conviviaux et bon enfants, ambiance club, mais entre amis !
Ils randonnent à la journée pour ne pas porter un sac lourd…
Et louchent sur le mien, de sac, à peine plus lourd que les leurs… Je souris.
Chaussettes et mouchoir, accrochés au sac, en plein séchage, leurs plaisent beaucoup.
Bref, à moi toute seule, j’incarne leur dépaysement !

Je surprends d’ailleurs l’un deux en train de me photographier de dos…
En plus du séchage, je sais que mon pantalon est crass sale et déchiré…
J’imagine les commentaires de l’album-photos :
« Vous ne devinerez jamais comment s’habillent les filles en montagne, de nos jours ! »

C’est un petit bonheur d’arriver dans Isil…
C’est bon de retrouver la trace de la main de l'homme sur son environnement.
Ça faisait longtemps !

Au centre du village, un arbre brûlé tend ses bras vers le ciel comme une sculpture.

Marrantes les aiguilles du cadran de l’église.

J’arrive au bar-resto-épicerie vers 10 h. Je trouve l’ambiance assez froide. Sans doute qu’il est trop tôt pour que tout le monde soit réveillé.
J’aimerais bien prendre un repas, mais devoir attendre 13.30 (l’heure espagnole du déjeuner, surtout un dimanche !) ne m’enchante pas plus que ça…

Je m’y installe cependant pour recharger la batterie.
Et prendre une conso de courtoisie. Vous devinez ce que je commande ?

- Un verre de lait !

Yaourt, verre de lait, courses de luxe (fromage, saucisse, spaghettis – Oscar et Albert m’ont mis l’eau à la bouche avec leurs dîners-spaghettis !).
En guise de pain, un paquet de biscottes ou rien !
Si vous souhaitez du vrai pain, il faut le commander.
C'est une épicerie de luxe (pour touristes) minimaliste.

Il y a du réseau, j’en profite pour envoyer quelques messages !
Mais pour l'envoi, il faut sortir sur la petite place...

Une fois la batterie de l’appareil photo chargée, je lève le pouce pour gagner rapidement Alos.

J’hésite à m’arrêter au nouveau gîte. Je sais qu’il a une petite épicerie à destination de ses clients et je n’ai pas assez de pain. Mais il n’ouvre qu’à 16 h !
J’apprendrai plus tard qu’il suffit de téléphoner pour qu’on vous donne un code d’accès pour passer la nuit.
A l’intérieur, une armoire-épicerie dans laquelle vous pouvez vous servir et mettre vous-même le total dans une petite caisse.

Du coup, je continue. Et trouve un replat et un gros rocher pour m’abriter du vent de nuit avant le contrefort d’où se jette la cascade.

Jerry devait planter au-dessus de la cascade. See you tomorrow !
Comme dans les randos bien organisées, la pluie arrive à la fin de mon repas.
Je me replie sous la tente où je retrouve le Comte de Monte Cristo qui commence à fomenter des plans d’évasion…

Edit : précisions sur les épiceries

Dernière modification par ester (05-09-2015 12:00:05)

Jobig · 05-09-2015 11:19:31

Bonjour ester,

Un groupe de Français entame sa montée quand je suis près d’arriver à Isil.
Marrant, ils me parlent directement en Français… Je dois avoir la « french touch »…

Oui, j'ai remarqué également qu'il était facile de repérer les Français sur les sentiers espagnols, j'en parle dans mon futur CR.

Merci pour l'info en ce qui concerne les conditions de "course" si particulières à Alos d'Isil. Un élément de plus à ce dossier une première fois mis à jour par Zorey.

Si je fais bien mes comptes, il te reste encore à traiter 3 étapes jusqu'à Mounicou... Je reprendrai donc le fil fin de semaine prochaine avec délectation.
Après une flânerie lacustre entre Bachimaña et l'Embarrat...

Bon WE,

Jobig

Dernière modification par Jobig (05-09-2015 11:20:13)

ester · 05-09-2015 12:19:01

Bonjour Jobig,

Très juste, ta remarque sur les tenues. J'ai hâte de lire ça dans ton retour, avec le savoureux style "Jobig" !
C'est sûr qu'on reconnait aussi très vite la "spanish touch" !
Et j'ajouterais, de trrrrrès loin !!!

J'ai mis une précision sur les épiceries.
A Isil : épicerie ouverte à tous, sommaire et de luxe. Le fromage n'est pas à la coupe. Le chocolat est fourré à l'alcool et aux myrtilles. Le pain est en biscottes (je vous laisse imaginer dans un sàd !).
Ceci dit, les produits sont excellents.

A Alos, l'armoire-épicerie est du coup accessible à ceux qui passent la nuit.

Jobig a écrit :

Si je fais bien mes comptes, il te reste encore à traiter 3 étapes jusqu'à Mounicou

Oui, 3,5 !
Le mauvais temps est arrivé, j'ai opté pour l'itinéraire court !

Très belle rando à toi, Jobig !
Je vois que tu as pris un abonnement pour la ligne de Quimper à Pau !
N'oublie pas ton appareil photo !
Et profite bien de la montagne !

ester · 05-09-2015 16:54:26

J 23 – 10 août
(Pla) Comamala – Henri Pujol (bivouac)

Dist : 6 km
D + : 700 m
D - : - 335 m

Hier, j’ai parcouru une partie de la montée vers le Col de la Cornella. Je dois avoir environ 2 h d’avance sur ceux qui ont dormi à Alos de Isil.

Mais le jour se lève plus tard qu’avant, le mois d’août est déjà bien avancé.
Et mon rythme n’est pas des plus matinaux…
Le temps de plier, les premiers randonneurs arrivent…
Il est 9 heures !

Passent 3 jeunes, qui, après ces heures de montée, portent toujours la doudoune, la capuche !
Puis 2 Français.

Je vais prendre ma place dans ce qui me donne l’impression d’un défilé ascendant.
Le temps que je me décide à choisir l’endroit pour traverser le torrent, arrive Jerry, qui finalement, a dormi à Alos de Isil.
Il a cassé l’un de ses bâtons (un Fizan Leki). Il marche aujourd’hui avec un FizanLeki rescapé et un bâton en bois !

Dans la montée, nous faisons une petite razzia de myrtilles.
Elles sont juteuses et goûteuses à souhait.
J’apprends, à l’occasion que si aux US, on trouve des bluberries, au Royaume-Uni on cueille des bilberries.

Finalement, nous serons à peu près les seuls à monter par là ce matin.

Puis, je rattrape les 2 Français.
L’un, Louis, tente de se faire un chrono. Il a repris la rando il y a seulement 2 jours, je crois. Et pour une reprise, c’est une reprise !
L’autre, Jeff, est parti depuis Hendaye et alterne une dizaine de jours de marche avec une semaine en famille.

Mon rythme est à peu près celui de Jeff.
Entre la négociation des pierriers, le repérage des cairns, l’échange, nous cheminerons finalement la journée ensemble, à 2 et à 3.

L’arrivée au col de la Cornella nous vaut de savoir pourquoi la Hrp est si peu fréquentée (malgré tout). C’est une pente raide dans le pierrier, très minérale.
Je sais que, de l’autre côté, ça ne va pas être si facile…

En attendant, au col de la Cornella, nous profitons du point de vue, et d’une micro-pause !
J'oublie de sortir mon appareil photo…

Pâte d’amande pour moi, j’ai besoin de sucre.
Mon dernier vrai repas complet, c’était à Conangles, il y a 6 jours.

Arrive, à toute vitesse, un jeune homme qui n’a pas vu que ça montait !
Au premier coup d’œil, je repère son sàd sobre, compact et riquiqui. Sa compagne le suit ; elle porte un D4 light (le vert). campack X3 600.
A coup sûr des lecteurs de RL, potentiellement quelqu’un dont j’ai lu les commentaires ici. Mais qui ?

Et bien, mais les Luciens, bien entendu !
Mon sac était posé au sol, derrière moi, je n’étais pas, quant à moi, identifiable !
Sympa, la rencontre !

Les Luciens descendent vers l’ouest.

Et « nous », vers l’est.
La descente du Col de la Cornellá ?
Heu... raide !
Avec de la rocaille.
Qui ne tient pas sous les pieds.
C'est mieux de partir bien sur la droite (en descendant), il y a au moins quelques prises pour les mains.

Vu d’en bas, une fois descendu, le versant est de la Cornellá, ça donne ça :

Tout ça pour venir profiter d'une belle vallée "lacustre", comme dit Jobig !

Vers le col de Curios, pause pique-nique pour tous !
Carole, une jeune femme croisée hier à Alos, nous a rejoints.
Elle fait un bout de Hrp à sa façon, en allant de refuge en refuge pour contraindre le poids de son sàd.
Du coup, son itinéraire est forcément différent.
D’autant que, ne portant ni couchage, ni autonomie alimentaire, elle a fait ses réservations et doit s’y tenir, quelle que soit la météo.

Grâce à elle, une belle info pour ceux qui cherchent la carte n° 22, Pique d’Estats-Aneto…
On pourrait l’acheter en Espagne, en librairie ! Du moins, la sienne, toute récente, vient d’une librairie de Barcelone.
A mon retour, j’ai essayé de la commander en Espagne, mais je n’ai pas réussi…

Carole prend une voie vers le Sud-Est, pour gagner un refuge gardé.
Nous partons vers Enric Pujol, non gardé.

L’itinéraire est sauvage… plus ou moins cairné…
C’est un parcours qui slalome entre des lacs de toute beauté,tous différents, tant par l’environnement que par la couleur.

A l'est, se profile, je crois, l'alignement des Pics de Sotllo, d'Estats, Montcalm... Mon objectif dans quelques jours...

J’ai les genoux de plus en plus récalcitrants..
Ce qui ne m’empêche pas de profiter des lieux.
Ni de la conversation.

Au loin, le refuge Enric Pujol brille sur son promontoire (minuscule sur cette photo).

Le grand beau temps et les lieux enchanteurs ne donnent pas très envie de s'y entasser.

(photo de Jerry)

Louis et Jeff vont planter sur un replat.
Mais d’abord, ils se trouvent une belle baignoire naturelle !

Je les laisse entre gars.
J’ai repéré quelques replats avec vue sur le lac et assez abrités.
J’aurai le lac entier pour baignoire… c’est pas mal non plus !
Des milliers de têtards s’agglutinent sur les rives pour manger les quelques herbes qui poussent entre les pierres.
L’eau est tiède !
Il est tôt.
C’est génial !

Le spot légèrement au-dessus du mien sera occupé par Tim et Pam, un couple anglais.

Puis Jerry passe.
Il a visité l’abri. Et trouve également que a room of one's own » is better.
Of course.

Près de ma tente, il reste un petit replat suffisant qui semble bien le tenter.
Mais, en parfait gentleman, il n’est pas du genre à s’imposer.

Les négociations de politesse durent un certain temps, (« you’re sure you don’t mind ? » « I could find another place »), jusqu’à ce que je finisse par trouver l’argument choc « Sure, that’s the best place and you’re welcome ! »

J’ai planté en fonction du vent de nuit.
Jerry plante face au lac.

Il étale un abri… en cuben ! Une Zpacks Hexamid Duo à 530 g !
Je m’en doutais bien, qu’il était BPL !

Et cherche comment le monter avec 2 bâtons, dont un cassé.
Dans un premier temps, je lui prête mon bâton.
Dans un deuxième temps, comme Aladin et sa lampe magique, je sors un ruban de duct tape pour réunir les 2 morceaux de son bâton cassé. Si au moins il peut servir à tenir sa tente pour le reste de sa hrp, ce sera déjà ça.

Tout le monde se fait des visites de voisinage.
Jeff a planté une Big Agnès.

Jerry se fait des amis avec Tim et Pam, le couple anglais qui est juste au-dessus.
Ils lui proposent 2 bâtons dont ils n’ont finalement pas l’usage.
Jerry revient de sa visite de politesse avec un large sourire qui étire sa moustache ! 2 new friends and 2 new poles.

Il est bien notre petit bivouac, non ?

Je récupère le duct tape (je ne sais pas encore qu’il me servira à recoller le fond de mon pantalon !).

J’entame une belle Bushcooker party avec un vent favorable à mes relations de voisinage.
Le vent tourne avant la fin… J’entends tousser sous la Zpack.
Et suis bien ennuyée…

“No, no, no problem, I like smell of woodfire !”

Par cette odeur attiré, arrive Jeff, que la scène de cuisson au réchaud à bois intéresse.
Mais qui ne changera pour rien au monde son réchaud à gaz rapide et fiable.
Et c'est bien son droit.

Puis chacun regagne son abri.
Un à un, les zips se baissent.

Une longue journée nous attend demain.

Edit : gramm. + ajout lien

Dernière modification par ester (06-09-2015 09:05:20)

ester · 05-09-2015 19:41:16

J 24 – 11 août
Enric Pujol – Certascan
first class climb

Dist : 13.6 km
D + : 1 060 m
D - : - 1 083 m

Il fait un temps magnifique, et le cadre est somptueux.
Un matin de ceux où l’on a envie d’arrêter le temps.

Je pars la dernière.

Photo de Jerry

Ce qui ne m’empêche pas de faire un petit rinçage de chaussettes dans le torrent.
Depuis que je suis partie, j’ai plusieurs fois remarqué des zones polluées par les lessives.

La descente est longue, mais agréable et belle.
Je rattrape Jerry avant Noare.
Nous profitons de la fontaine pour nous réapprovisionner.

Puis nous trouvons un joli coin pique nique à l’ombre des arbres.

Jerry repart le premier. Mais s’arrête longuement à une centaine de mètres.
Je suppose qu’il a trouvé du réseau. Mais non, le problème est ailleurs. Une sangle de bretelle de son sàd s’est décousue !
Il a donc sorti son aiguille et son fil et s’est mis à l’ouvrage !
Pourvu que ça tienne !

Nous montons en solo, au gré de nos rythmes différents.
La traversée de la rivière, au bas de la cascade, nous réunit.
L’air ambiant est un vrai four, et nous trouvons là de quoi retrouver des forces !

J’en profite pour me tremper la tête dans l’eau, qui n’est même pas glacée. Mes cheveux me tiendront au frais un bon moment.

Photo de Jerry

Arrivée à la cuvette marécageuse à 2050 m, carte bien rangée, je m’apprête à prendre le gr 11 qui grimpe NNE. Jerry est arrêté au pied d’un poteau indicateur, les yeux sur son e-pod ( ?).

Il a repéré un tracé qui part à l’Est et se doute que c’est le french path.
Sans lui, par inattention, je partais sur le gr11 (qui mène également à Certascan) !

Le topo anglais de Jerry dit de prendre le gr 11.
Le mien de grimper sur une sente raide, vers l’est, avec un cairn de départ.

Après l’avoir cherché sans le trouver, nous nous apprêtons à abandonner…
Lorsque me vient à l’idée qu’il y a un endroit où nous n’avons pas fureté.
Bien m’en a pris, c’est là que se cachait un premier petit cairn encourageant.

La sente n’est pas cairnée. Il n’y que des sentes sporadiques laissées par les vaches.
Ce n’est qu’arrivés assez haut, que de temps à autre, un cairn nous fait un clin d’œil. « Look, a cairn ! ». Parfois, je prends le temps de remonter un cairn, voire d’en construire un nouveau. Jerry n’est pas dupe sur le côté « wild » de ce passage, même si j’ajoute quelque cairns… "Your cairn is nice !", compatit-il... 

Quand on se retourne,

on est bien du même avis : continuer à monter !

La vallée sur laquelle nous débouchons est belle et sauvage. Nous voyons un troupeau entier d’izards.
C’est nous qui sommes les intrus.
Nous sommes observés !

Merci à Jerry, grâce à qui je n’ai pas manqué ce passage.
Tout au cours de la montée, je me conforte de la navigation au gps.
Là où j’aurais tiré un azimut et fait un choix plus rapide (« On file plein nord, rive gauche ! »), Jerry, lui, suit très précisément son gps, à 10 mètres près. On passe une fois à droite, une fois à gauche, du little stream.

J’apprécie ce partage dans ces conditions hors normes.

Tout en grimpant, nous nous demandons où se situe précisément le col.

A la lecture de ma carte, je penche plutôt pour un « petit col » près du Pic qui est à gauche.
« You know, Ester, there’s always a Pic on the left ! » (Bristish humour seems to the BelgiumTeam®, doesn’t it ?!)

Jerry a l’oeil moqueur.

Là-haut, nous profitons un peu du point de vue… et du Pic de Guerosso, on the left !

Puis nous traçons un passage vers la Collada de Certascan.
Nous avons les genoux à peu près dans un état similaire… et descendons tranquillement.

Je réalise que cette soirée est peut-être ma dernière en altitude.

Demain, deux hypothèses s’offrent à moi :

- ma préférée : Baborte/Port de Sotllo/Pique d’Estats/Pinet/Mounicou
- la plus rapide : Port de l’Artigue/Mounicou.

Les prévisions météo seront décisives.

C’est étrange de finir une Hrp en pleine montagne.
Ceux qui finissent à Banyuls se retrouvent tous ensemble, partagent ce moment fort.

Là, je suis seule à sentir monter cette sensation très forte d’achèvement.

De l’autre côté du col de Certascan…

6077_from_the_col_de_certascan_to_the_refuge_05-09-15.jpg
Photo de Jerry

Dès que la pente devient plus douce, je sors mon turbo et file le plus vite possible jusqu’au refuge pour réserver une demi-pension pour Jerry et un repas pour moi.

Je trouve le contournement du lac magnifique mais interminable !

Je fais des photos à toute vitesse, sans vraiment profiter des lieux.
J’arrive pile à 19 h.

Par chance, le repas est à 19.30 !

Le gardien me montre aimablement un spot tout près, au-dessus du refuge.
Jerry arrive à temps aussi.

Je partage ce repas avec Tim, Pam (le couple anglais) et Jerry.
Louis et Jeff sont descendus faire des courses dans la vallée avant de prendre la direction de Baborte.
C'est sûr que ce n'est pas vraiment leur voie que de remonter jusqu'ici.
Bonne route à tous les 2.

La météo va se dégrader demain soir, pour donner le meilleur d’elle-même (pluie, orage) après-demain.
Alea jacta est.
C’est donc mon dernier soir en montagne.
Je suis heureuse de le partager en bonne compagnie !

Le repas est copieux et fort bon (grosse salade, cannellonis, crème catalane).
Je remercie le gardien pour son accueil chaleureux (et pour ce repas !) qui clôt l’intégrale de ma Hrp…
Cette fin toute proche décuple mes émotions.

Edit : ajout

Dernière modification par ester (05-09-2015 20:21:20)

Luciens · 05-09-2015 21:44:50

ester a écrit :

Arrive, à toute vitesse, un jeune homme qui n’a pas vu que ça montait !
Au premier coup d’œil, je repère son sàd sobre, compact et riquiqui. Sa compagne le suit ; elle porte un D4 light (le vert).
A coup sûr des lecteurs de RL, potentiellement quelqu’un dont j’ai lu les commentaires ici. Mais qui ?
Et bien, mais les Luciens, bien entendu !
Mon sac était posé au sol, derrière moi, je n’étais pas, quant à moi, identifiable !
Sympa, la rencontre !
Les Luciens descendent vers l’ouest.

Pas de D4 mais un campack X3 600 !
On voyait bien ton sac et sa tête de MUL Je crois que tes compagnons de route étaient choqués par ta liste minimaliste
Très sympa ton récit.

Je confirme que le gîte d'Alos d'Isil ne vend de l'épicerie qu'à ceux qui y dorment. Le gîte est très bien d'ailleurs.

JJondalar · 05-09-2015 22:07:10

Salut Ester,
Malgré les apparences, tu as beaucoup de lecteurs. Moi je passe peu de temps sur le Forum mais j'apprécie les récits comme le tien, avec tous ces beaux moments que tu as vécus.
Pour les genoux qui ont mal dans les descentes ...euh... ben... j'ai un truc à te dire : ça ne va pas s'arranger. Parmi les palliatifs, à défaut de guérison : continuer à marcher. J'ai fais une cure de ceci, c'est pas mal. Certains diraient que c'est comme pisser dans un biniou koz pour danser l'an-dro, mais non, j'ai senti que ça me faisait du bien.
Jjond

ester · 06-09-2015 09:46:26

Bonjour Luciens,

Luciens a écrit :

campack X3 600

C'est corrigé, toutes mes excuses !

Luciens a écrit :

On voyait bien ton sac et sa tête de MUL Je crois que tes compagnons de route étaient choqués par ta liste minimaliste

Je crois qu'on peut dire la même chose de la vôtre.
Vous nous avez fait un bel effet en arrivant quasiment au pas de course !

Mes compagnons de route du jour connaissent tous les 2 RL et ils avaient du très bon matériel.
Sans doute avec plus de changes.
Je crois qu'ils se seraient inquiétés, en terme de sécurité et de norme sociale, avec une liste comme la mienne.

A vrai dire, je ne fais pas de prosélytisme forcé.
Si on s'intéresse à ma liste, je réponds avec enthousiasme, bien sûr !
Mais le plaisir de la rencontre, de découvrir une personnalité intéressante, passe avant.
Et à ce titre, je suis ravie d'avoir fait un bout de chemin avec eux , même si je ne connais d'ailleurs pas le poids de leur sàd (plus lourds que le mien, certes !).
J'en profite pour saluer Jeff et Louis s'ils passent par ici.

Dernière modification par ester (06-09-2015 10:10:56)

ester · 06-09-2015 10:06:34

Bonjour Jjondalar,

Jjondalar a écrit :

j'apprécie les récits comme le tien, avec tous ces beaux moments que tu as vécus.

Merci.
Oui, des beaux moments, voilà mon mobile !
C'est sûr que si on cherche des détails organisationnels ou une trace gps, il vaut mieux acheter un topo ou une trace que perdre son temps à lire Summertime.
Même si, tout cela, je le prépare en amont, bien sûr.

Jjondalar a écrit :

Pour les genoux qui ont mal dans les descentes ...euh... ben... j'ai un truc à te dire : ça ne va pas s'arranger.

Voilà qui est rassurant !
Il va falloir que je me mette au parapente UL !
J'ai bien noté ton lien ! merci !

Jjondalar a écrit :

c'est comme pisser dans un biniou koz pour danser l'an-dro

Excellent !

SAB5-83 · 06-09-2015 10:25:05

J'aime beaucoup aussi la lecture du Summertime ! Ca donne envie !

En revanche je n'ai pas vu de liste... Ou bien j'ai mal lu ? Mais elle m'intéresse !

kodiak · 06-09-2015 10:43:37

Probablement pas très différente de celle postée sur le fil de sa rando du Verdon:

ester a écrit :

Ma liste 3 saisons à 8,300 kg est sensiblement la même à chaque fois...

ester · 06-09-2015 10:46:29

Bonjour SAB5-83,

Merci à toi.
Si ce récit donne envie de partir (avec un sac léger), alors j'aurais atteint mon but !

La liste viendra à la fin...
Parce que c'est long, de faire tout ça, quand même...
En attendant, tu peux aller regarder celle du Verdon, elle est proche.

Belles randos UL à toi !

Edit : Merci Kodiak !

Dernière modification par ester (06-09-2015 10:47:06)

ester · 06-09-2015 11:28:30

J 25 – 12 août
Certascan - L’Artigue – cabane de Mespelat

Dist : 9 km
D + : 672 m
D - : - 1 154 m

Dans la série des achèvements, voici le dernier lever de soleil de soleil en altitude…

J’ai oublié l’heure du petit-déjeuner au refuge, mais je me souviens qu’il est extrêmement matinal. Il me reste seulement une part de céréales et je préfère la garder en réserve pour le cas où…

Au refuge, beaucoup de randonneurs marchent seulement quelques jours, de refuge en refuge.
Au sujet de nombreuses conversations, les courbatures !

Jerry part vers Baborte. Bonne route, Jerry !

Je m’éloigne de Certascan…
Aujourd’hui, je me retournerai souvent sur mon chemin parcouru, depuis l’océan !

L’Estany de la Romedo, avec son petit îlot…

A l’arrivée au dessus de l’Estany de la Romedo de Baix, j’aperçois un groupe qui lève son bivouac. Ils ont planté leurs tarps sur une berge assez pentue.

S’ensuit un petit promontoire câblé, à grimper, puis à redescendre.
Dans les derniers mètres de descente, me parvient le bruit de vagues qui se fracassent sur une falaise.
Je crois à une hallucination, j’ai soudain l’impression d’être sur la côte bretonne.

Au bas du promotoire, j’observe un peu l’estany, médusée par cette eau calme…
Un panneau met en garde contre le risque de projection d’eau (on est franchement plusieurs mètres au-dessus du niveau de l’étang).
Et là, le phénomène se reproduit sous mes yeux.
Une immense vague jaillit DU promontoire que je viens de franchir !

J’avais lu, peut-être sur l’un de vos récits, qu’un lac, quelque part, se vide tout seul dans une cavité souterraine. Ça, je peux le concevoir.

Mais que ce phénomène soit naturel me laisse pantoise !

Version calme :

Version déferlante :

Je reste un moment à observer le phénomène.
Sans doute une façon de produire de l’électricité…

Le groupe du bivouac commence à ranger.

Et moi, je repars.
En passant le barrage, je m’aperçois que les « bivouaqueurs » prennent « ma » direction.
Ils sont au moins 7 ou 8.
Je tiens à préserver ma solitude, je file !

Ce faisant, je regarde moins la carte… et part trop à l’ouest !
Facile de s’en apercevoir, j’arrive face à un cirque !

Demi-tour, donc !
Pour ne pas redescendre jusqu’au Pla où j’aurais dû prendre vers l’est, je traverse le torrent (il y a des gros blocs, c’est facile de passer de l’un à l’autre).
Le groupe est maintenant devant.

A ma grande surprise, ces gars, amateurs de tarps portent des sàd ultra-lourds !
Tellement, même, qu’ils s’arrêtent pour attendre le plus chargé… que j’ai depuis longtemps dépassé. Il a au moins 25 kg sur le dos… ou en tout cas, c’est l’idée que je me fais d’un sàd de 25 kg…

Au moment où je les salue, je sens des petits sourires narquois…
C’est purement subjectif, mais voilà comment je les interprète :
« Une fille seule, ça se perd, forcément ! Heureusement qu’on était là !»

Je continue tranquillement la montée vers le Port de l’Artigue.
Trrrrès tranquillement, mais sans la moindre pause.

A 10 minutes du col, environ, je m’aperçois que les plus rapides se rapprochent sérieusement.
C’est mon dernier col de la Hrp, j’ai envie de vivre cet instant-là seule.
Aucune silhouette ne se profile là-haut.
J’accélère.

Et tiens bon.

Une sensation d’accomplissement est en train de m’envahir.
Face à moi, la vallée de l’Artigue, tout en bas, Mounicou !

Mes émotions, prêtes à déborder, sont contenues par l’arrivée du groupe allemand.

Leur air narquois s’est transformé en respect.
Ou bien l’effort de montée les rendus plus humbles.

Je sors avec délectation, de mon tout petit sac, le DT pour le mettre à sécher.
Et m’installe longuement à regarder vers l’ouest, le paysage témoin du chemin parcouru :

Accomplissement, achèvement, finitude, bien-être, bonheur… sont les mots qui correspondent le plus à ce moment.
Seule, c’est très fort.
A 2 ou à plusieurs, ayant un vécu semblable, ç’aurait été très bien aussi.

Je suis à cheval sur la frontière franco-espagnole.

Il ne me reste que l’ultime descente du pierrier de l’Artigue, qui n’est pas des moindres.
Pas difficile en soi, bien cairné, de toute façon, il n’y a « qu’à » descendre.

Là, je comprends que j’aurais peut-être eu du mal à boucler mon choix favori par le port de Sotllo et la Pique d’Estats.
Je fais une bonne partie de la descente non-pas en sautant d’un bloc à l’autre, mais en m’asseyant sur le bord, et en posant les pieds sur le bloc dessous. C’est vous dire la taille des blocs… Mais la raison ne vient pas des blocs.
Ce sont les genoux qui n’obéissent plus.

Je m’imprègne fortement de mon environnement, cette descente est l’ultime de l’été !

Je double le temps de descente.
A tel point que je finis par revoir mes ambitions…
Sur la carte, une cabane est indiquée, la cabane de Mespelat.
Je n’ai aucune information sur celle-ci.
Mais les solutions sont basiques : soit je peux y dormir, soit je plante ma tente aux environs.

De la verte vallée, un regard vers l’Artigue…
A la fois, j’ai envie que cette cabane « arrive » et à la fois arriver signifie quitter la haute montagne.

Quand je l’aperçois, de loin, j’ai l’impression de voir une ruine.
Mais non, les murs semblent debout. Il y a un toit.

Le cadre est grandiose, le Pic de Bassiès et de Coulaine pour gardiens.

Il n’y a personne !

J’ai trouvé mon abri du dernier soir, puisque la pluie et l’orage sont programmés.
Il me reste un petit déjeuner et 3 repas du soir.
Il y a un torrent aux environs.
Une fontaine aussi, d’après la carte, mais je ne veux plus rien redescendre !
C’est parfait.

Et voilà comment j’ai gagné le bonheur d’une dernière soirée, seule dans la montagne, avec quelques torrents comme fond sonore.
Et la perspective de 2 dernières heures de descente demain, ainsi qu’un bon repas à Vicdessos !

DOM42 · 06-09-2015 11:47:43

Merci encore pour ce récit qui fait rêver

Shanx · 06-09-2015 11:53:56

C'est un des feuilleton de l'été qui s'achève. Dommage.

kodiak · 06-09-2015 12:43:39

Dommage en effet... Mais il reste encore 6 épisodes du Vaduz-Menton!

Oisans38 · 06-09-2015 16:35:23

Ola Ester !

Encore un récit plaisant à lire...question pratique, ton duvet à 640 g (que j'ai vu sur la liste Verdon) c'est quelle température confort ?

ester · 06-09-2015 16:56:59

Bonjour Dom42,
Et encore merci !

Salut Shanx,
Comme tu dis, dommage !

A mon tour de me dépayser en lisant ton retour !
@ Kokiak : TAFDAK !

le samarien · 06-09-2015 17:04:31

merci pour ce récit et ces paysages magnifiques.

je fais mon apprentissage mul sur le gr 10 mais hrp,gr 11 et autres variantes me font réver

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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