Aller au contenu

#1 28-09-2015 21:55:33

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

[Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Je cherchais une nouvelle idée, un nouveau massif à traverser. La lecture de récits sur RL a achevé de m'en convaincre, ce seront les Pyrénées. Mais ces montagnes étaient presqu'une « terra incognita » pour moi qui ai toujours habité à deux pas des Alpes, mon terrain de jeu habituel. Mon seul souvenir date de plus de 40 ans, lorsque j'étais venu faire une saison de ski à Peyragudes, la station de ski du col de Peyresourde. cool En passant un examen de ski à Isola 2000 l'hiver d'avant, j'avais sympathisé avec des pyrénéens au cours de nuits passées à essayer de dompter les avalanches qui barraient la route d'accès à la station. Ils m'avaient invité à venir travailler avec eux. Une saison d'anthologie avait suivi.  lol

En réalité, cette nouvelle traversée a commencé un an plus tôt par un échec roll. Parti d'Hendaye le 25 juin 2014, j'ai dû m'arrêter au col d'Anaye, stoppé net par une violente crise de colique néphrétique. Évacuation en hélicoptère vers l'hôpital d'Oloron Ste Marie et opération dans une clinique de Pau dès le lendemain matin. Retour penaud à la maison avec un petit caillou dans une boîte en plastique faisant comme un grelot dans le SAD. roll

Étant du genre têtu, j'ai fixé le nouveau départ à Hendaye le 25 juin 2015 smile   

Pas d'étapes pré-déterminées, pas de programmes pré-définis, je vais chaque jour où me mènent mes pas, le long de l'itinéraire classique de la HRP, avec un sac de variantes dans lesquelles je peux piocher, selon l'envie et la forme cool

Liste

8136_liste_ht_hrp2015_28-09-15.jpg
8136_liste_bas_hrp2015_28-09-15.jpg

Sur l'équipement

Une grande nouveauté pour moi sur cette traversée a été l'abandon des cartes papier, remplacées par l'application Iphigénie donnant accès aux cartes IGN de France et d'Espagne. Chez moi avant de partir, j'ai créé directement dans l'application Iphigénie de mon smartphone la trace de la HRP, ainsi que celles de toutes les variantes que j'aurai pu être amené à faire, en chargeant toutes les tuiles afférentes à ces parcours, me donnant ainsi accès à des cartes iGN jusqu'au 1:12500 ème. Pas d'appareil photo. Tout était concentré sur un seul appareil, le smartphone, sur lequel j'avais aussi téléchargé le guide Véron découpé en 8 sections Pdf. J'avais également téléchargé différents fichiers sur les lieux d'approvisionnement et sur des topos décrivant des ascensions ou des variantes. J'avais aussi le dernier topopyrénéos avec l'application Oruxmap. Pour alimenter mon smartphone, un panneau solaire qui alimentait un chargeur solaire dans lequel j'avais placé une batterie Li-ion de 3400 mAh, plus une en secours.
Commentaires sur ce dispositif :
1.- Les cartes IGN espagnoles ne sont pas tout à fait suffisantes, elles ne montrent pas tous les sentiers. J'ai appris (on m'a dit) qu'il y a une appli pour les cartes espagnoles Alpina au 1:25000, mais ça coûte assez cher (49€)
2- Je n'ai réussi à utiliser qu'une seule fois le GPS de mon smartphone pour me situer sur  le Topopyrénéos consultable avec l'appli Oruxmap, en parallèle de l'application Iphigénie qui, elle, marchait bien. C'était à Hendaye, la veille de mon départ.
3- Si mon smartphone, le Sony Z3 Compact, est réputé pour son excellente autonomie, ce que j'avais constaté à la maison, j'ai dû vite déchanter sur ce point lorsque j'ai commencé à l'utiliser en enregistrant ma trace et en prenant des photos. J'ai vite abandonné l'enregistrement de ma trace et même sans cela, je me suis retrouvé, en mode avion, à seulement 20 % de charge au bout d'une seule journée, en utilisant le GPS et en prenant des photos. Apparemment, prendre des photos fait consommer beaucoup d'énergie. Ma batterie tampon n'étant capable de recharger que 60 % de la batterie de mon smartphone au maximum, j'ai donc dû très rapidement prendre des mesures d'économie de batterie, en marchant le plus possible smartphone arrêté. La conséquence a été que je ne consultais pas les cartes aussi librement que lorsque l'on transporte des cartes papier, ce qui est assez pénible, et aussi qu'à chaque fois que je voulais prendre une photo, je devais remettre mon smartphone en route, ce qui est assez long.
4.- Question panneau solaire et batterie tampon, comme il a fait très beau, j'ai presque tous les jours réussi à recharger ma batterie tampon à 100 %, mais je ne partais généralement pas de 20 % de charge de mon smartphone, mais plutôt d'une charge comprise  entre 40 et 70 %. J'ai dû utiliser une seule fois ma 2è batterie tampon, en fait le seul jour où le temps a été couvert au cours de la matinée.
5.- Pour moi (je dis bien pour moi), j'ai finalement trouvé que cette dépendance à la bonne recharge de ma batterie tampon pour pouvoir m'orienter était assez stressante.
–> En conclusion : Si c'était à refaire, je séparerais au moins la partie photo du smartphone avec un vrai appareil de photo, car en plus, il faut bien reconnaître que prendre des photos avec un smartphone est assez limitant.

L'abri : Autre grande nouveauté, l'abandon de la tente DT au profit d'un abri, un Deschutes CF de chez SMD, avec un tapis de sol cuvette Solo+ de chez Zpack. Ça m'a permis de gagner 500 gr, sans rien modifier au reste de mon équipement sur le plan thermique. Ce n'est pas négligeable et je ne reviendrai sans doute pas en arrière. Je n'ai pas eu à me plaindre de cette nouvelle utilisation d'un abri. Néanmoins, sans doute par manque d'habitude, j'ai trouvé que question montage, une tente DT est plus facile et plus rapide à installer. La dernière que j'ai eue n'avait que 4 sardines pour tenir debout, en plus de l'arceau bien évidemment. Avec l'abri, j'ai eu du mal à faire bien du premier coup : placer les premières sardines de chaque côté, puis le bâton, qui reste en place... ou qui retombe. Puis il faut compléter les sardines, ça tient plus ou moins. En final, j'ai dû systématiquement tourner plusieurs fois autour de mon abri pour obtenir un montage satisfaisant. D'autre part, mais ça ne m'a pas gêné parce qu'il faisait chaud lors de ma traversée, il n'y a pas dans un abri l'isolation d'une tente DT, ce qui entraîne d'ailleurs finalement souvent chez certains randonneurs – on le voit sur leurs listes - un transfert de poids dans l'équipement (SDC plus lourd, sursac, doudoune++, etc).

Piolet / crampons : Je les ai pris et je ne le regrette pas, même si je n'en ai eu réellement besoin que très brièvement. Je n'aurai pas pu faire 'sans', me semble-t-il, une ou deux fois sans prendre de gros risques, alors que les possibilités de contournement étaient trop aléatoires. La seule chose que j'aurai dû faire avant de partir et que je n'ai pas faite aurait été d'optimiser un peu mes crampons (les charcuter un peu, quoi...) ainsi que leur sac de rangement,  ceci pour gagner du poids.

Bâtons : Les bâtons sont une aide précieuse dans de nombreuses situations, notamment pour la marche sur névés où, avec mes rondelles larges de 85 mm, c'était vraiment tip-top. Très bien également pour mieux répartir l'effort entre jambes et bras dans les marches rapides sur piste ou sentier large. Ils sont par contre une gêne dans pleins d'autres situations : dans les blocs où ils se coincent, dans les chemins étroits bordés de végétation ou de cailloux. J'ai remarqué qu'au total, j'ai souvent dépensé beaucoup d'énergie pour ces bâtons, à les décoincer, à les porter, à me rétablir alors que leur pointe avait ripé lors d'un appui, etc. sans qu'ils ne m'en fasse gagner (de l'énergie). 

Équipement pas utilisé : Comme il faisait chaud, je n'ai jamais utilisé 468 gr de mon équipement : doudoune (188 gr), chaussettes de nuit (45 gr), collant (87 gr), gants (43 gr), et même pantalon de pluie (105 gr). En ce qui concerne ce dernier item, une jupe de pluie, de part sa facilité de mise en œuvre, serait plus adaptée aux temps orageux que l'on peut rencontrer dans les Pyrénées.

Enregistrement des données :
Chaque matin, je mettais en route le logbook de ma montre altimètre Vector (Suunto), pour enregistrer les D+ et D- de la journée, plus les temps totaux. Ces informations se stockent avec un numéro et on peut les consulter une fois le voyage achevé, en faisant défiler ces numéros. Petit problème lorsque j'ai voulu faire ça à mon retour, les numéros se sont bloqués après être remonté de 4 jours depuis la fin des enregistrements. Par sécurité j'aurai dû enregistrer les données à chaque fin de journée dans mon smartphone... Pour pouvoir donner une information dans ce compte-rendu, j'ai donc repris toutes mes étapes avec openrunner. En faisant des comparaisons sur les 4 derniers jours, ça donne :
J30 :
Estimation par openrunner : 36 km, D+ 1420, D- 2040
Enregistrement Suunto Logbook : D+ 1390 ; D- 1975
J31 :
Estimation Openrunner : km = 44, D+ 1445, D- 2930
Enregistrement Suunto Logbook : D+ 1445 ; D- 2945
J32 :
Estimation / Openrunner : km = 44, D+ 2210, D- 1460
Enregistrement Suunto Logbook : D+ 2215 ; D- 1495
J33 :
Estimation / openrunner : Km 22, D+ 725, D- 1680
Enregistrement Suunto Logbook : D+ 830 ; D- 1735
En conclusion et en fonction de ces relevés, on peut dire que les estimations openrunner ne sont pas complètement à côté de la plaque et je m'en suis donc servi dans toutes les étapes présentées dans ce compte-rendu pour donner une idée de ma progression, en cliquant sur le lien "Le parcours". A partir de la carte affichée, cliquer sur le choix des cartes à droite pour obtenir la carte au format IGN France ou Espagne selon la localisation du parcours, et zoomer selon les besoins.

Dernière modification par enrico (01-10-2015 07:01:54)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#2 28-09-2015 22:12:16

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Le récit

J0 : Mercredi 24/6/15
Après 8 heures de train, je traverse Hendaye pour aller passer la nuit près de l'océan. Hendaye au mois de juin, ça me fait penser un peu à la Suisse. Je veux parler de cette Suisse caricaturale vue par nous autres, les savoyards. (Toutefois, je ne veux pas relancer la Guerre des Echelles, qui donne lieu à une fête, l'Escalade, célébrée chaque année le 12 décembre à Genève lol ). Tout est donc très propre à Hendaye, les massifs sont taillés, rien ne dépasse. il y a un côté aseptisé avec tous ces murs blancs et cette végétation verte. Heureusement qu'il y a l'océan, ça sauve le reste. Je vais passer la nuit au camping Alturan. Il y a là une épicerie où je m'achète tomates, fruits et yaourts, des produits qui vont me manquer. Je me couche tôt et, dans le silence de la nuit, suis étonné et émerveillé d'entendre le ressac de l'océan.

J1 : Jeudi 25/6/15
De Hendaye (plage), au bivouac au ruisseau Sansinea Erreka (sous le col Nabalatz)
Estimation par openrunner : 32 km, D+ 1420, D- 1040

Le parcours

Je me réveille naturellement vers les 5h et pars à 5h10 6h10 big_smile , après le lever complet du jour.
8136_dsc_0007p_28-09-15.jpg

Une fois sorti d'Hendaye et après que le grondement de l'autoroute se soit estompé, l'itinéraire de la HRP devient agréable parmi les collines verdoyantes garnies de fougères.
8136_dsc_0020_28-09-15.jpg
8136_dsc_0024_28-09-15.jpg

Quelques randonneurs à la journée sont venus profiter de cette belle journée ensoleillée. Je m'arrête vers midi dans les supermercados du col d'Ibardin pour m'acheter un pique-nique « produits frais » que je mange à l'ombre sur la terrasse d'une ventas fermée. Il fait très chaud dès 10h du matin. Je demande de l'eau dans un restaurant. Il n'y a pas d'eau potable au col, on me répond, seulement de l'eau stockée dans un container pour faire la vaisselle. Le seul moyen d'avoir de l'eau potable, c'est de l'acheter en bouteille dans un supermercado, où elle est bon marché. J'en achète une de 50 cl pour quelques pièces et je mets en échange ma bouteille vide à la poubelle. Je file vers la Rhune mais je n'y monte pas.
8136_dsc_0027_28-09-15.jpg
Ce sommet coiffé de bâtiments ne m'attire pas du tout, et de toute façon, la brume bleutée de beau temps gâcherait la vue. Je coupe par dessous jusqu'au col de Lizuniaga. Pas d'eau à ce col non plus, pourtant je comptais dessus, mais il n'y a plus d'eau à la fontaine au bord de la route, en partant à 30 mètres à droite au carrefour. On examine cette fontaine avec un cycliste de passage qui s'est arrêté pour remplir sa gourde. En fait, il y un robinet (un carré) qui a été posé à l'arrière de la fontaine, mais il n'y a pas la clé pour l'ouvrir. Tout est mouillé parterre, signe que le robinet n'est pas fermé depuis longtemps. Le cycliste, un gars du coin, me dit qu'il ne peut rien pour moi. Je lui réponds que moi-aussi, je ne peux rien pour lui. Il me dit que ce n'est pas nécessaire, vu qu'il va trouver de l'eau très facilement à une autre fontaine en descendant cette route. Ambiance ! Il part et je vais direct au gîte-restaurant du col pour quémander de l'eau. Il se trouve que c'est à la porte de la cuisine que je frappe. Une gentille vieille dame espagnole me fait illico le plein de mes bouteilles et je repars pour le col de Lizarietta. Je pose mon abri plus loin, dans des sous-bois au bord du ruisseau de Sansinea Erreka, en descendant du col Nabalatz. Un peu de fraîcheur bienvenue pour me laver et faire ma première lessive. Zut ! avec la chaleur qu'il a fait, j'ai les pieds explosés et je me suis rendu compte de rien en marchant. Je me fais un bon bain de pieds à l'eau froide. Que ça fait du bien ! Le meilleur moment de la journée. Compeel sur les ampoules naissantes aux talons. Par contre, je ne peux pas grand chose pour le dessus de mes doigts de pieds, une vraie guirlande de Noël parsemée de petites ampoules. Un peu de crème Nok quand même. L'air est sec et je n'aurai aucune condensation dans mon abri.

8136_dsc_0034_28-09-15.jpg
Des sous-bois rafraîchissants

8136_dsc_0035_28-09-15.jpg
Le premier bivouac

Dernière modification par enrico (29-09-2015 10:50:25)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#3 28-09-2015 22:55:24

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J2 : Vendredi 26/6/15
Du bivouac au ruisseau Sansinea Erreka (sous le col Nabalatz), par Elizondo, jusqu'au gîte des Aldudes
Estimation par openrunner : 37 km, D+ 1540, D- 1580

Le parcours

Je file vers Elizondo que j’atteins avant midi, sous un soleil implacable. Mais maintenant, j'ai mal sur le devant des pieds roll. Ça me gêne pour marcher. En rejoignant la grande rue, je vois une fontaine d'eau dans le parc à gauche, mais elle n'est plus en service. Une fois de plus, je vais m'acheter de quoi pique-niquer avec des produits frais dans le supermercado que l'on trouve à gauche de la rue principale, sur une grande place rénovée, après la bifurcation de la HRP/GR11 à droite vers l'église. De là, je rejoins le bord de la rivière où Il y a des bancs à l'ombre et surtout, une fontaine où l'on peut faire le plein d'eau smile . Le coin est assez agréable et propret et j'essaie de ne pas en laisser partout (miettes,...).
Alors que je cherchais mon petit couteau que je venais d'égarer dans mes affaires (Opinel n°5 à 10gr), pour couper je ne sais quoi, ma tomate ou ma tranche de jambon, je me suis mis à chercher une chanson dans ma tête, oui, un petit air pour m'aider à le retrouver ou à patienter en attendant de le retrouver tongue . Un peu con, mais bon... Bref, une chanson s'impose : « Dis, quand reviendras-tu » de Barbara. C'était rigolo, une chanson d'amour pour retrouver mon couteau. Ça me plaisait bien, mais ce qui m'a moins plu par la suite, c'est que cet air m'a poursuivi très longtemps, en fait tant que j'ai marché seul, soit pendant les trois premières semaines. Impossible de m'en débarrasser dans mes longues journées, je m'endormais avec et me réveillais avec. Une vraie torture ! roll
Je pars aux Aldudes, les paysages champêtres offre une belle palette de verts, mais il fait toujours très chaud. Je galère une petite heure à monter et descendre avant de trouver le bon chemin pour aller de la frontière vers ce bourg. Erreur de direction dans une « véronade » (hors sentier du guide Véron). Le Gps et la boussole m'aident à reprendre le bon chemin. Un peu plus bas, je prends ce petit sentier très pratique qui descend rapidement aux Aldudes depuis la petite route non goudronnée qui part vers le relais TV. Vers 18h30 aux Aldudes, ne voyant pas bien où poser mon abri, je réserve une chambre au gîte du coin. 30 euros avec le petit-déjeuner. La dame qui tient ça a l'air près de ses sous, mais je pense que l'on peut négocier à 25 euros sans petit-déj, avec la petite précision bien utile qu'une petite cuisine équipée de tout ce qu'il faut pour faire cuire – il y a même un four à micro-onde – est à la disposition des randonneurs dans le gîte wink . La dame ne le dit pas au début... L'épicerie de la station service peut permettre de se faire un bon repas avec des produits frais, mais je n'en userai pas en me disant qu'il est grand temps de commencer à manger ce que je porte. J'essaie de soigner mes pieds autant que possible. Une plaie s'est formée sur le dessus de l'avant-dernier petit-doigt de mon pieds gauche, ça m'embête. Et puis différentes petites ampoules sur le dessus des autres doigts de pieds. J'essaye d'avoir le plus possible les pieds à l'air libre pendant les bivouacs pour que ça sèche et je surveille le laçage de mes chaussures dans la journée (Je relace souvent au départ des descentes). Du côté des talons, tout va bien, je n'en entendrai plus parler pendant tout le reste de la traversée.

8136_dsc_0038_28-09-15.jpg
En route pour Elizondo, juste avant que le soleil ne commence à chauffer mad

8136_dsc_0042_28-09-15.jpg
Compagnons de bord de route

8136_dsc_0044_28-09-15.jpg
Un joli morceau, sur son lit de fougères

8136_dsc_0047_28-09-15.jpg
De l'ombre bienvenue

8136_dsc_0048_28-09-15.jpg
Elizondo (et ses cables électriques lol )

8136_dsc_0051_28-09-15.jpg
Une belle palette de verts en partant aux Aldudes

Dernière modification par enrico (29-09-2015 10:52:43)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#4 28-09-2015 23:04:54

Gigi
Dahumûle vive les mélanges !
Lieu : belleville
Inscription : 04-02-2006

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Bon début ! tu es fin prêt !

Hors ligne

#5 28-09-2015 23:26:58

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J3 : Samedi 27/6/15
Du gîte des Aldudes, par Roncevalles, jusqu'au bivouac à la grotte Harpéa (proche sommet d'Erozate)
Estimation par openrunner : 36,5 km, D+ 1600, D- 1110

Le parcours

Départ toujours vers les 6h10, pour monter dans ces belles montagnes verdoyantes au-dessus des Aldudes smile . Le temps s'est couvert, le brouillard a fait son apparition mais il ne pleut pas.
8136_dsc_0052_29-09-15.jpg
Les fougères sont contentes, ça se couvre dès le matin, avant l'arrivée du brouillard

Je passe le mont Errola dont je contourne le sommet par la gauche. Après, je décide de prendre la route plutôt que le sentier parallèle jusqu'au col d'Hauzay, puis à nouveau la route jusqu'au col d'Ibaneta, au-dessus de Roncevalles. Une heure et demi de marche rapide sans grand intérêt. Avec le brouillard, on ne voit pas grand chose à part ces grosses limaces noires étalées de tout leur long sur le macadam dans l'attente de je ne sais quoi, peut-être bien d'une voiture pour les écraser, les délivrant ainsi de cette vie morne et fade lol. Un chemin indique 15 mn pour aller à Roncevalles. Je vais y faire un tour, curieux de voir ce lieu de pèlerinage historique.
8136_dsc_0055_29-09-15.jpg
Les vieux bâtiments sont magnifiques, mais pour le reste, alors que je croyais trouver un lieu d'accueil des pèlerins simple et accessible au plus grand nombre, je trouve un hôtel de luxe, des grosse cylindrées garées n'importe comment. Une cérémonie spéciale, un mariage ? Pendant que retentit l'orgue lorsque je passe devant l'église collégiale royale, je croise quelques femmes qui papotent par petits groupes de trois ou quatre et, en voyant certaines d'entre elles, je me dis en plaisantant qu'elles auraient du mal à lever leurs bras tellement elles portent de bijoux sur leurs mains et aux poignets hmm . Mais pour quelles raisons auraient-elles besoin de lever les bras au ciel, me direz-vous ? lol. On dirait que tout s'est mélangé ici, le royaume du ciel, le royaume du fric sad . Il n'est pas encore midi. Je vais manger un truc à base d'oeufs et de frites dans le seul bistrot acceptable du coin. L'endroit est calme, mais pas pour très longtemps. Il y a de plus en plus de monde qui entre et de décibels qui sortent lol. Bientôt, on ne s'entend plus, sauf pour ceux qui parlent fort. Je paye la serveuse en échangeant avec elle par signes avant de m'extirper de ce lieu dans un éclat de rire libérateur lol. Grand soleil à partir de 14h. Montée au col de Lepoeder par un sentier qui coupe les virages de la route. Au col, un jeune propose aux pèlerins de St-Jacques un petit atelier de réparation de chaussures et de sacs, du thé et du café cool. Il n'est pas débordé.
8136_dsc_0056_29-09-15.jpg
Puis c'est la longue descente sur piste par le GR65 jusqu'au col de Bentarte, à contre-sens du camino. En couple, en solo, entre amis, je croise de tout, ça parle dans toutes les langues, en français, en espagnol, mais finalement surtout en anglais. On sent chez la plupart des pèlerins beaucoup de plaisir à marcher, même si c'est plus difficile pour certains que pour d'autres. Sur ce chemin rassembleur, ils sympathisent entre eux à force de se retrouver tous les soirs dans les même gîtes de fin d'étape smile. Je quitte le Camino au col de Bentarte pour poursuivre sur le GR11 jusqu'aux alpages d'Azpegi que je traverse. J'ai un bref échange avec une petite famille d'éleveurs du coin – père, mère et une petite fille. Ils sont venus chercher une vache avec un petit camion. Ce sont des gentils, ils sont tout sourire smile. Le père a eu du mal à faire monter sa vache mais c'est un gars très costaud et il a eu le dernier mot. Je leur demande s'ils connaissent un coin où je pourrais bivouaquer cette nuit. Il faut dire que c'est vraiment très beau ici en cette après-midi ensoleillée. Ils m'envoient un peu plus loin au bord de la route, mais ça ne me va pas. Il n'y a pas d'eau courante, juste de l'eau stagnante dans un grand bassin. De nouveau, une route à prendre à droite au col d'Orgambidé. Un panneau de vente de fromage à la dernière ferme. Je m'arrête, achète un bout de fromage de brebis au berger, un jeune salarié stagiaire d'une formation dédiée. Il y avait une baguette sur la table et quand je lui ai demandé s'il pouvait me vendre du pain, il m'a montré la baguette et m'a dit : Prenez ce que vous voulez, j'attends du pain tout à l'heure. J'en ai pris la moitié et il n'a pas voulu que je le paye. Ça m'a étonné parce que d'habitude, c'est difficile d'acheter du pain à des bergers. Mais il faut dire qu'il est en bord de route, ceci expliquant peut-être cela. On a passé un bon moment à discuter de son métier smile. En partant, quand je lui ai dit que j'allais camper pas loin, il m'a conseillé d'aller à la grotte Harpea pour bivouaquer.
8136_dsc_0059_29-09-15.jpg
J'y vais et effectivement, je trouve un beau coin, plat, avec un ruisseau calme à côté. Encore quelques visites de la grotte par des touristes espagnols, mais tout se passe bien, on contourne mon abri cool. Le coin concentre l'humidité et j'aurai de la condensation le lendemain matin.
8136_dsc_0062_29-09-15.jpg

Dernière modification par enrico (29-09-2015 10:55:12)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#6 28-09-2015 23:44:00

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J4 : Dimanche 28/6/15
Du bivouac à la grotte Harpéa (proche sommet d'Erozate), à l'abri sous la crête de Zaspigan (près de la bosse côtée 1453 m), juste avant le Pic d'Orhy.
Estimation par openrunner : 23 km, D+ 1640, D- 1050

Le parcours

Montée à la fraîche dans la raide pente sous l'Errozate jusqu'au col éponyme, puis descente le long du ruisseau qui marque la frontière jusqu'au carrefour des routes et des torrents à 850 m d'altitude. Il est 9h30, une jeune femme, pantalon sombre, tee-shirt blanc immaculé – elle a manifestement bivouaqué là - est encore en train de secouer différentes affaires pour tenter de les faire sécher. Elle doit porter vraiment lourd, je me dis, en voyant tout son barda étalé sur l'herbe. Elle me voit m'arrêter de l'autre coté du torrent sous l'ombre d'un arbre – il fait déjà diablement chaud - pour consulter mon smartphone. Un peu après, alors que je passe sur la route devant elle, elle m'interpelle avec un fort accent allemand: Vous faites la HRP ? Oui, m'dame, que j'lui dis smile. C'est par là, pour aller à Iraty, qu'elle me fait en me montrant le chemin qui grimpe derrière moi. Oui, je sais, mais je ne passe pas par Iraty wink Bonne journée ! big_smile. Je continue sur la route vers le sud pour prendre plus loin le chemin marqué rouge et blanc qui remonte, avant les cabanes d'Egurguy, et passe par le nord de la crête d'Urkulu, les cols Curutche, puis d'Oraaté. En cheminant dans une pente herbeuse sous la crête d'Urkulu, je fais partir deux vautours posés dans l'herbe au-dessous de moi. Deux coups d'ailes au décollage, un virage en formation serrée pour regarder l'intrus et hop ! les voilà partis pour planer un bon moment cool. Après les deux cols précédemment nommés, et après m'être reposé un moment à l'ombre dans la forêt car il fait vraiment très chaud, je chemine dans les bois sous la crête d'Ahuntzbide (marquage rouge/blanc), avant de redescendre 300 mètre dans un raide mais efficace chemin (toujours rouge/blanc) jusqu'à un pont sur le rio Urbeltza. Un peu de bûcheronnage d'ailleurs pour récupérer ce raide chemin après m'être fait embarqué sur la gauche dans une piste à l'horizontale. Du rio, remontée vers le cayolar d'Uthurcharra dans d'horribles anciennes pistes de débardage à moitié défoncées par le ravinage, sous un soleil toujours brûlant mad. Je poursuis vers l'Est jusqu'au Cayolar d'Organbidia où je sais qu'il y a de l'eau. Plus que cela, il y a plein de monde. Je ne sais pas si j'ai bien compris mais en gros, le plus ancien m'explique que c'est un cayolar communautaire, où le travail se fait par roulement au sein d'un groupe constitué. Il me montre le robinet où je peux me servir sur le côté du bâtiment. Un petit moment de flottement parce qu'à ce robinet, il n'y a au ras du sol que moi et un chien, le clebs buvant dans une vague écuelle pourrie, alors que bien évidemment, il y a tout le confort à l'intérieur de la maison (cuisine avec évier, etc). Bref, c'est le robinet du chien et de moi smile. L'ancien est sur le départ et tant qu'il n'est pas parti, personne ne bouge trop parmi les trentenaires, garçons et filles, qui se prélassent en discutant calmement, les filles allongées sur des serviettes au soleil, les gars assis pas loin. C'est dimanche et on farniente. Après le départ du vieux, l'ambiance change, c'est plus détendu. Un gars vient parler avec moi, puis un autre. Ça devient même franchement sympa, on discute un bon moment, je leur raconte ce que je fais big_smile. Une jeune femme m'offre une part de gâteau basque, un gars me donne des petites pêches délicieuses qui feront mon dessert du soir smile. Comme ça souffle pas mal, ils me proposent d'aller bivouaquer sur un replat abrité du vent sur le côté d'un refuge qui leur appartient. Il est situé un peu au-desssus, juste avant de monter sur la crête de Zaspigain. En fait, alors que le temps deviendra menaçant avec des gros nuages, je dormirai dans cet abri, sans rien pouvoir poser parterre tellement le sol est terreux et poussiéreux, mais comme il y a des bancs et des chaises, je dormirai allongé sur deux bancs mis côte à côté, avec deux chaises pour poser mes bras de chaque côté, et d'autres chaises pour poser mes affaires cool. Mais finalement, il ne pleuvra pas cette nuit-là.

8136_dsc_0064_29-09-15.jpg
Au col d'Errozate. C'est le portrait tout craché de sa mère.

8136_dsc_0065_29-09-15.jpg
En descendant du col d'Errozate le long du ruisseau qui fait la frontière

8136_dsc_0067_29-09-15.jpg
Elle est ronde, la terre. La preuve !  lol

Dernière modification par enrico (01-10-2015 08:36:01)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#7 28-09-2015 23:50:16

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Gigi a écrit :

Bon début ! tu es fin prêt !

Merci, Gigi. smile
J'ai encore du pain sur la planche lol


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#8 28-09-2015 23:54:13

bruno7864
partir, partir et découvrir
Lieu : toujours dans la Lune
Inscription : 11-10-2012

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Salut Enrico,

meci pour ce retour, et en attendant la suite

enrico a écrit :

–> En conclusion : Si c'était à refaire, je séparerais au moins la partie photo du smartphone avec un vrai appareil de photo, car en plus, il faut bien reconnaître que prendre des photos avec un smartphone est assez limitant.

dommage neutral ,

- peut être t'aurait-il fallu une batterie tampon plus puissante ou un smartphone moins energivore

-90% des photos prises dans les CR sont des plans larges, pour lesquels un petit APN n'apporte rien de plus, voire moins qu'un smartphone lorsqu'il s'agit de retoucher recadrer etc.

- impossible d'envoyer une photo avec un APN en cours de voyage

enrico a écrit :

L'abri : Avec l'abri, j'ai eu du mal à faire bien du premier coup : placer les premières sardines de chaque côté, puis le bâton, qui reste en place... ou qui retombe. Puis il faut compléter les sardines, ça tient plus ou moins. En final, j'ai dû systématiquement tourner plusieurs fois autour de mon abri pour obtenir un montage satisfaisant

une possibilité toute bête et rapide pour monter ce type d'abri

1- planter les deux sardines latérales arrières en laissant 10-20cm de mou
2- Placer le baton sous l'abri et le redresser
3- planter la sardine avant

ainsi tu n'as aucun problème de tenue car tu as triangulé les accroches autour du mat central, et tu peux tranquillement finir le reste et réajuster à souhait sans que tout tombe

wink

Dernière modification par bruno7864 (29-09-2015 00:13:42)

Hors ligne

#9 29-09-2015 00:22:46

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Salut Bruno,

Pour la batterie, je ne suis pas sur que l'on en trouve des plus puissantes que les 3400 mAh 18650B de Pana. Mais effectivement, le Z3 compact consomme quand même pas mal. Je ne me suis pas assez méfié avant le départ. Je pense aussi que de tout concentrer sur ces engins atteint ses limites. Peut-être bien que 90% des photos sont des plans larges, mais je peux t'assurer aussi que plus de la moitié des photos prises avec un smartphone ne sont pas exploitables. La moindre différence de lumière, un rayon de soleil sur une crête, etc, entraîne que la photo est râtée.

Je vais revoir ça pour le montage de l'abri. Effectivement, le fabricant, lui, conseille de monter les deux sardines latérales "avant" en premier, ce que j'ai fait. Mais monter les deux latérales arrières, puis le bâton et la sardine avant comme tu le proposes doit sans doute procurer une meilleure stabilité.

Merci  smile ... et bon courage à toi pour la suite de ton retour.  smile


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#10 29-09-2015 12:52:58

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J5 : Lundi 29/6/15
De l'abri sous la crête de Zaspigan (près de la bosse côtée 1453 m), juste avant le Pic d'Orhy, au bivouac à 1 km à l'est du refuge Belagua.
Estimation par openrunner : 24 km, D+ 1315, D- 1320

Le parcours de J5

Ce matin-là, mais faut-il le répéter chaque jour, il fait un grand beau temps cool. Je commence à monter sur la crête de Zaspigain.

8136_dsc_0068_2906_29-09-15.jpg
Le pic d'Orhy

Je m'approche un peu pour regarder dans la barre de rocher côté Ouest. Un vautour est posé sur un rocher, une vingtaine de mètres en contrebas smile. Il observe tranquillement son garde-manger, la vallée en dessous de lui, sans se rendre compte qu'il est lui-même observé. Tel est pris qui croyait prendre : clic-clac kodak et je me retire pour continuer mon chemin. Des spectacles comme cela et vous vous dites que la journée est déjà gagnée cool !

8136_dsc_0072_29-09-15.jpg
Pas habitué à regarder au-dessus de lui, le vautour ne m'a pas vu

8136_dsc_0074_29-09-15.jpg
En me retournant, sur la crête de Zaspigain

8136_dsc_0076_29-09-15.jpg
Oups ! J'ai failli marcher dessus. Il faut dire qu'il y a des fleurs à profusion, c'est le meilleur moment pour ça.

Grand beau temps pour franchir le Pic d'Orhy tout au long sur la crête jusqu'aux sentes menant au Port de Larrau. Belle vue à 360° que je partage avec un jeune espagnol qui est monté avec son chien et un gros reflex. On échange quelques mots. Je lui montre la brume bleutée de beau temps et lui dis que c'est pas terrible pour faire de bonnes photos. Il acquiesce.

8136_dsc_0078_29-09-15.jpg
En attendant le jeune espagnol qui arrive sur la crête, un KS40 sur le Pic d'Orhy, ça meuble !

Je continue par la crête frontière, passe le Port de Larrau où ce même espagnol, qui m'a précédé, aura la gentillesse de me donner de l'eau smile. En fait, j'étais un peu trop juste en eau, alors quand j'ai vu ce gars qui donnait à boire à son chien avec un gros bidon qu'il a pris dans son coffre, je n'ai pas hésité à lui en demander wink.  Je poursuis sur le GR12 sans descendre aux abris d'Ardane. La vue porte loin en marchant dans ces grandes pentes herbeuses cool.

8136_dsc_0081_29-09-15.jpg
La mer de nuage s'est installée côté France

Ce GR mène au col d'Anaye, mais je m'arrêterai un peu après le refuge Belagua, toujours fermé, où je bivouaquerai à la belle étoile vu la chaleur ambiante. Avant d'arriver au refuge, le bassin au-dessus des anciens bâtiments militaires ne donne qu'un maigre filet d'eau de sa source, juste suffisant pour remplir les gourdes. Il y a de l'eau dans le ruisseau du refuge et dans celui qui passe sous la route menant à la Pierre St-Martin, mais au premier abord, je trouve ces eaux un peu suspectes.

Dernière modification par enrico (29-09-2015 12:54:50)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#11 29-09-2015 13:38:49

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Salut !  smile

Et merci pour ce début de récit, je me demandais si je ne t'avais pas croisé sans te parler le dernier jour de ta traversée (et le premier de la mienne) mais, calcul fait, je ne crois pas (le 19 juillet).

Ce même jour près du Neulos, j'ai croisé un gars qui finissait sa HRP en 22 ou 23 jours, il m'a dit qu'il avait eu en tout et pour tout 1h de pluie sur tout le trajet !!! yikes
Juin et un grosse partie de juillet auront été super au niveau météo même si comme tu le précise, ce n'est pas idéal pour la photo, août aura été plus chaotique.

smile


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

En ligne

#12 29-09-2015 13:49:18

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J6 : Mardi 30/6/15
Du bivouac à 1 km à l'est du refuge Belagua, par la Table et le Pic des Trois Rois, jusqu'aux cabanes d'Ansabère.
Estimation par openrunner : 16 km, D+ 1170, D- 1040

Le parcours de J6

Avant de continuer sur le GR12 vers le col d'Anaye, évitant ainsi de passer par la Pierre Saint-Martin, je reviens sur mes pas pour refaire le plein d'eau. Finalement, je découvre une source en remontant le ruisseau qui passe sous la route. Juste un peu en contrebas de la-dite route, cette petite source se déverse dans le lit du ruisseau depuis sa rive droite. Une bonne eau bien fraîche tongue. Le GR12 menant au col d'Anaye est bien tracé et évident, même si le terrain qu'il franchit l'est moins. Je vais mettre 4 heures pour arriver à ce col. D'abord une forêt avec des blocs où le sentier zigzague, monte et descend, ensuite des grandes zones ouvertes très belles, puis le début de la zone karstique où l'on monte par différents paliers, entre des rochers calcaires gris façonnés de manière incroyable. Tout ce cheminement est très beau, très sauvage. Champs de fleurs exceptionnellement variés – c'est la meilleure période pour cela.
8136_dsc_0089_29-09-15.jpg

Aucune exploitation humaine n'est possible dans ces dédales. Place à la nature sauvage. A un endroit, je passe à côté d'un grand trou d'eau marron qui sert manifestement de bain thermal souille pour les sangliers. Je n'ai pas été tenté d'essayer lol.

8136_dsc_0090_29-09-15.jpg
Certains rochers, on dirait qu'ils ont des jambes

8136_dsc_0091_29-09-15.jpg
Oui, m'dame, c'est rien que du calcaire, garantit 100%

8136_dsc_0095_29-09-15.jpg
le Pic et la table des trois rois

8136_dsc_0096_29-09-15.jpg
Falaises côté Pic d'Anie

Apparaissent au loin au-dessus des lapiaz la Table et le Pic des Trois Rois. Au col d'Ainaye vers 10h30, je regarde comment aller faire cette ascension. Il n'y a aucun cheminement évident, pas de marquage, mais il fait beau (et chaud !) et j'ai le temps cool. Je décide de suivre plus ou moins la crête frontière pour rejoindre le col des Ourtets dans un premier temps. Je démarre hors chemin, de visu, en direction d'un collu à l'Ouest d'un point haut 2187m. Bientôt, je trouve quelques cairns. Ils ne sont pas très marqués, mais manifestement, un cheminement semble exister dans ces lapiaz. Plus loin, je trouve même des points bleus marqués sur des rochers, plusieurs d'un coup puis plus rien hmm. Des cairns à nouveau, puis plus loin encore ces points bleus. C'est un peu comme un jeu de piste, il faut prendre son temps, bien regarder avant d'avancer. Le rocher est très adhérent, la progression est facile dans cet environnement tout gris, avec ces ciselures, ces cannelures, ces fentes et parfois ces crevasses profondes qu'il faut enjamber. J'arrive au col des Ourtets où je croise un bon chemin venant du versant Lescun. De là, les cairns deviennent plus évidents cool. A un moment, deux d'entre eux très rapprochés montrent dans leur alignement une longue faille dans une dalle, faille où l'on est manifestement invité à grimper, mais rien de très difficile. En y montant, je croise deux randonneuses qui descendent tongue lol. Petits sacs à la journée, chaussures basses de trail, tenues framboise cerise pour l'une, pistache olive pour l'autre. On discute deux minutes alors que je me suis arrêté à l'ombre rare d'un rocher. Arrivé sur la Table des trois Rois, je pose mon sac à côté d'un gros névé pour aller faire un aller retour au Pic.

8136_dsc_0102_29-09-15.jpg
Au pied du Pic des Trois Rois, c'est au pied du mur qu'on voit...

Une première bosse sur laquelle il faut grimper, puis on trouve ce qui apparaît comme une sorte de chemin de ronde qui chemine à l'horizontale sous le Pic sur chacun de ses côtés. Sur le côté gauche, il va très loin. Je pars explorer un côté, trouve des accès pour monter, revient, regarde un peu de l'autre côté, et finalement choisit la cheminée semblant la plus facile. Juste faire attention de poser ses pieds sur du solide et en quelques minutes, je suis au sommet. Vue superbe sur le pic d'Anie et les aiguilles d'Ansabère, sous bonne garde du personnage de légende et du château en métal qui ornent ce sommet.

8136_dsc_0107_29-09-15.jpg
Et voilà le travail cool

8136_dsc_0108p_29-09-15.jpg
Oup's, mille excuses. j'vous avais pas vu. C'est à vous le château ?

8136_dsc_0109_29-09-15.jpg
Les aiguilles d'Ansabère, depuis la descente sur le col d'Esquete

La descente jusqu'au col d'Esquete est longue, il n'y a pas de sentier mais des cairns aident à cheminer dans cette zone rocheuse assez tourmentée. Du col, la descente sur les cabanes de Pédain se fait dans un grand pierrier pas très commode.

8136_dsc_0111_29-09-15.jpg
Pierrier pour descendre sur les cabanes de Pédain

Je trouve la bergère en train de se faire bronzer en maillot de bain sur le toit plat de sa cabane cool, en compagnie d'un jeune ado qui porte le béret basque. De là, elle peut surveiller ses brebis qui s'ébattent dans le pré en pente devant elle. Un décor à la Heidi smile. Elle ne m'a pas vu arriver, bien que je sois passé par ce pré. J'aurai dû bêler ! lol. Décidément, les loups ont encore de beaux jours devant eux ! tongue. Elle me dissuade de rester là pour passer la nuit dans la cabane réservée aux randonneurs et me dit qu'il FAUT que j'aille aux cabanes d'Ansabère, que tous les randonneurs vont là-bas, que je pourrais y acheter du fromage alors qu'elle n'en vend pas, que c'est à côté, avec un chemin à l'horizontal pour y aller. Je n'insiste pas à la voir serrer les poings en me parlant sur un ton insistant et me mets en route, pour constater rapidement que ces indications de temps et autres sont largement sous-estimées roll.

J'arrive au-dessous des Cabanes d'Ansabère. Deux patous descendent m'accueillir, deux patous gentils - ils ne sont pas en service- qui font des allers-retours entre la cabane et moi big_smile. Les bergers ne sont pas encore rentrés. Je m'installe dans la cabane réservée aux randonneurs. Personne d'autre ne viendra là ce soir. Les bergers arrivent dans une sorte de petit quad carrossé, un engin assez rigolo à mi-chemin entre la voiturette sans permis et le quad tout terrain big_smile. Ils sont trois, un couple d'âge mur et un jeune d'environ 25 ans. J'attends un peu et vais les saluer et leur acheter du fromage. Que se passe-t-il ? Ils font une drôle de tête hmm. Plus tard, j'apprendrai par la femme du berger qu'ils ont eu une rude journée inhabituelle. Ils reviennent du Gers où ils ont dû monter un troupeau toute la journée sur une petite route sous un soleil de plomb. Ils sont tout simplement harassés mad. Et là, ce soir, ils ont encore toutes leurs brebis à traire. Des centaines roll. Le berger et sa femme termineront de nuit vers 23h. Le jeune a commencé à traire avant eux dans un autre parc et a fini son lot de bêtes à traire lorsque le couple de bergers s'y est mis. Ils ont trait côte à côte dans un parc contigu à la baraque où je dormais, en fait à seulement deux ou trois mètres de distance du bas-flanc sur lequel j'étais couché. Je les entendais, surtout lui, le berger, quand il appelait son chien avec des mots incompréhensibles pour moi (basque?) et un petit sifflement, toujours les mêmes pour que le canin rabatte les brebis vers les deux sas en bois où lui et sa femme les attendaient pour les traire. Une minute par bête, pas beaucoup plus, mais vu le nombre, ça a duré des heures. J'étais crevé et la routine de ces bruits paisibles m'a endormi cool. Avant la traite, le berger avait ramassé des têtes d'orties. Je croyais que c'était pour faire leur soupe, mais non, c'était pour faire un lit d'orties pour filtrer le lait et éliminer les impuretés. C'est encore elle qui m'a raconté ça. J'ai vu aussi leur saloir pour les fromages, il est creusé dans un rocher et fermé avec une porte en fer, au-dessus des cabanes. C'est seulement de cet endroit que les téléphones portables passent, plus ou moins. En plus, ce berger, sûrement un super gars, avait un caractère de cochon et pendant un moment, ils se sont copieusement engueulé avec le jeune venu les aider mad. Une histoire de chien perdu par le jeune, mais ce chien, c'était son chien à lui, le berger. Enfin, l'un de ses chiens. Il ne revenait pas. Le jeune partait l'appeler sur injonction du berger, puis il revenait dire qu'il n'y avait que lui, le berger, qui pouvait le rappeler, que le chien ne répondrait qu'à la voix de son maître. Le berger accusait le jeune d'avoir trop engueulé le chien dans la journée, et que c'était pour cela qu'il était parti.

Dernière modification par enrico (22-06-2018 13:33:21)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#13 29-09-2015 13:58:54

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Héhé tu as donc rencontré le grand Marcel et son fameux fromage, oui ça devait être du basque, c'est son origine.
Et en effet les brebis et le berger donc hivernent dans le Gers, la bergère est en effet beaucoup plus volubile que lui mais comme tu l'as deviné sous des aspects rudes, c'est un homme au grand coeur. smile

Dernière modification par zorey (29-09-2015 13:59:24)


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

En ligne

#14 29-09-2015 14:26:17

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J7 : Mercredi 01/07/15
Des cabanes d'Ansabère, par le refuge d'Arlet, jusqu'au bivouac devant la cabane Grosse (fermée).
Estimation par openrunner : 29 km, D+ 1760, D- 1690

Le parcours de J7

Au petit matin, en saluant le berger qui était déjà en train de traire dans l'autre parc, je lui dis, comme si ça semblait une évidence de le lui demander : Et votre chien, vous l'avez retrouvé ? Il me répond : Depuis quand j'ai perdu mon chien ? Ben je croyais que vous l'aviez perdu, je lui dis, à vous entendre hier soir vous engueuler avec le jeune hmm. Ah bon, qu'il me dit, parce que je me suis engueulé avec le jeune hier soir ? Heu... ben, j'sais pas... roll Allez, au revoir, bonne journée big_smile ... Le chemin, il part bien par là ? Oui, qu'il me répond, en tendant le bras à la volée, c'est par là. Bonne journée smile  !

8136_dsc_0113_29-09-15.jpg
En quittant le cirque et les aiguilles d'Ansabère : Salut les filles !

8136_dsc_0118_29-09-15.jpg
Lac d'Ansabère

Je trouve un joli troupeau de chevaux en montant au lac d'Ansabère, puis je grimpe au-dessus sur la crête et, après m'être un peu fourvoyé, descend sur cette belle croupe jusqu'au lac d'Acherito. Je tombe sur un HRPiste qui est sur le départ après avoir bivouaquer là. Il s'est baigné dans le lac hier soir cool. Je l'envie, le coin est vraiment beau tongue. C'est un gars de Corps (05), en face du Devoluy. Il est parti depuis douze jours et va lentement, au rythme que lui impose son gros sac. Là, il me dit qu'il va descendre pour remonter par le lit d'un torrent.

8136_dsc_0120_29-09-15.jpg
En descendant vers le lac d'Acherito

Je pars du lac sans trop regarder où je vais et me trompe de chemin wink. Je continue et finis par devoir remonter le long du ruisseau de Las Foyas, pour prendre ensuite un chemin de la liberté qui joue de temps en temps à cache cache, que je perds et que je retrouve, qui file en balcon jusqu'à rejoindre l'itinéraire de la HRP au col de Pau big_smile. Je file vers le refuge d'Arlet, très impressionné au passage par les poudingues du Pic Rouge smile.

8136_dsc_0122_29-09-15.jpg
Vue côté Espagne, sur le chemin de la liberté

8136_dsc_0126_29-09-15.jpg
Les poudingues du Pic Rouge, vus de très près

8136_dsc_0128_29-09-15.jpg
Arlet, le paradis de la garbure

Ah, le refuge d'Arlet ! Voulant manger un bout, on me propose une garbure. Je dis oui et on me pose une pleine soupière devant moi, avec une assiette creuse et une cuillère tongue. Un délice, je me serais baigné dedans tellement c'était bon big_smile. Mais bon, c'était trop copieux et je n'ai pas pu finir. Je leur ai acheté une recharge de gaz à vis avant de partir (Ils ont tous les modèles).

Je continue jusqu'à la cabane Grosse, c'est une cabane du parc national de construction assez récente, mais elle est fermée, y compris la vieille cabane d'Atsout à proximité. Mais sur le côté de la cabane Grosse, je trouve un bon bassin d'eau bien alimenté qui m'incite à faire mon bivouac ici wink. Il y a beaucoup de vent, ça vient de tous les côtés, c'est impossible de s'en protéger. Comme il fait chaud, je décide de dormir à la belle étoile, sur la terrasse en béton qui borde un côté de cette cabane. Bien positionné contre le mur, c'est un peu plus à l'abri. Je me lave, et autant dire que le linge que je lave sèche très rapidement. Nuit difficile sur mon petit matelas, avec ce vent qui souffle en bourrasques roll.


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#15 29-09-2015 14:37:11

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

zorey a écrit :

Salut !  smile

Et merci pour ce début de récit, je me demandais si je ne t'avais pas croisé sans te parler le dernier jour de ta traversée (et le premier de la mienne) mais, calcul fait, je ne crois pas (le 19 juillet).

Ce même jour près du Neulos, j'ai croisé un gars qui finissait sa HRP en 22 ou 23 jours, il m'a dit qu'il avait eu en tout et pour tout 1h de pluie sur tout le trajet !!! yikes
Juin et un grosse partie de juillet auront été super au niveau météo même si comme tu le précise, ce n'est pas idéal pour la photo, août aura été plus chaotique.

smile

Salut Zorey, la légende vivante de la HRP lol

Ben non, je suis arrivé le 27 juillet à Banuyls. Si tu es parti le 19, on a dû peut-être se croiser quelque part, mais où ?

Oui, beaucoup de soleil, mais c'était au moment où il y avait des alertes canicules et il a fait terriblement chaud parfois. Parti le 25 juin, j'ai eu 22 jours sans une goutte d'eau, mais avec beaucoup de vent. Après, il y a eu 3 soirées de suite avec des orages, suivies de soirées pluvieuses. Mais toujours beau en journée, tout le temps cool . En tout, deux seules matinées nuageuses, dont l'arrivée à Banyuls.


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#16 29-09-2015 14:40:43

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

zorey a écrit :

Héhé tu as donc rencontré le grand Marcel et son fameux fromage, oui ça devait être du basque, c'est son origine.
Et en effet les brebis et le berger donc hivernent dans le Gers, la bergère est en effet beaucoup plus volubile que lui mais comme tu l'as deviné sous des aspects rudes, c'est un homme au grand coeur. smile

Oui, oui, c'était une super rencontre big_smile . Quand il m'a demandé si son fromage était bon, je l'ai regardé et à voir son regard, j'ai pas osé lui dire que je le trouvais trop salé lol.


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#17 29-09-2015 15:23:36

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J8 : Jeudi 02/07/15
Du bivouac devant la cabane Grosse (fermée), par le col du Somport, jusqu'au bivouac au lac de Peyreget (2074m).
Estimation par openrunner (hors automobile) : 22 km, D+ 1540, D- 1330

Le parcours de J8 jusqu'à Candanchu
La suite du parcours de J8 à partir d'Astun

Je démarre pour rejoindre le col du Somport où je dois faire un ravitaillement. Çà me paraît interminable pour aller là-bas. Pourtant, il n'y a pas d'erreur, le chemin en forêt indique bien Peyrenère et des espagnols que je croise me disent qu'ils viennent du col du Somport. A un moment, un patou en tête de son troupeau de brebis barre complètement la piste forestière bordée de flancs abrupts. Il est agressif roll. On s'observe un bon moment. Je réfléchis à la meilleure manière de m'en sortir. Pas le choix, je suis obligé de monter dans le bois au-dessus, le patou aboyant à mes trousses jusqu'à ce qu'il finisse par se rendre compte qu'il s'éloigne du troupeau qu'il est en train de garder, et qu'il redescende et me laisse contourner tout ce petit monde par dessus, dans des pentes à 40° mad. Quand ces bêtes ont décidé d'être têtues – je parle du patou - c'est quelque chose big_smile !

8136_dsc_0132_29-09-15.jpg
A la cascade d'Espélunguère, il faut se tromper de chemin pour y aller

Au col du Somport, c'est morne et désertique. Un seul commerce, un bar restaurant, est ouvert du côté espagnol. Il y a à l'intérieur un coin épicerie anémique. Je descend à Candanchu. L'alimentation est fermée, le commerce est à vendre. Plus bas dans le virage, je vais jusqu'à l'entrée d'un commerce qui vend un peu de tout, mais son rayon alimentation me paraît lui-aussi très léger. (Il paraît que c'est une erreur de ma part, et qu'il y avait là de quoi faire un bon ravitaillement, apprendrai-je plus tard sur RL par Abimael).

Je descend en stop à Canfranc où je trouve une supérette bien achalandée cool. En fait, je prends un gros ravitaillement pour à peu près 10 jours, car je ne compte pas me ravitailler avant Benasque. La remontée en stop sous un soleil de plomb est difficile. Il n'y a aucune voiture qui monte plus haut que le village. Tant pis, je ne suis pas venu dans les Pyrénées pour passer des heures à faire du stop. Je me décide à prendre un taxi. Coût : 14€ pour aller jusqu'à la station d'Astun. C'est ma première petite entorse à ma traversée à pieds des Pyrénées, pour la partie entre le col du Somport et la station de ski d'Astun. Pas grave, docteur lol !

Je demande au chauffeur de prendre un jeune couple babacool qui fait aussi du stop avec deux jeunes chiens et leurs sacs à dos. En discutant avec eux quand ils sont passés devant moi avant que je commande ce taxi, ils m'ont demandé si je savais ce que veut dire le drapeau arc-en-ciel qu'ils arboraient sur un de leurs sacs. « Ben oui » je leur ai dit, je sais ce que ça signifie, je respecte, mais ne partage pas ces valeurs. En fait, ils revenaient de la Gay Pride de Toulouse. Le chauffeur de taxi refuse de les prendre, soi-disant qu'il n'a pas le droit de prendre des chiens et qu'il y a beaucoup de contrôles sur cette route. Je fais des signes d'impuissance quand le taxi passe devant les jeunes, mais qu'ont-ils compris roll ?

A Astun, je monte hors sentier rive gauche du ruisseau d'Escalar, à la recherche d'un sentier présent sur la carte espagnole, mais qui n'existe plus. Je retrouve un peu plus haut le bon sentier sur l'autre rive, où je croise des randonneurs descendant du lac d'Escalar.

8136_dsc_0133_29-09-15.jpg
Au lac d'Escalar, c'est un peu trop plat, je trouve lol

Ça souffle au col des Moines barré par un petit névé. J'admire la vue sur le Pic du Midi d'Ossau et le pic Castérau cool.

8136_dsc_0135_29-09-15.jpg
Au col des Moines, le maître des lieux apparaît

8136_dsc_0136_29-09-15.jpg
le Pic Castereau aussi ne manque pas d'allure

8136_dsc_0138_29-09-15.jpg
Les belles couleurs du Jean-Pierre

8136_dsc_0139_29-09-15.jpg
un petit laquet comme je les aime

La descente dans ce décor est vraiment belle, avec les passages aux lacs Paradis et Castéreau cool. Comme il y a beaucoup de vent, je me dis que ça serait bien de trouver une cabane pour la nuit. Mais rien ne va, soit je tombe sur une cabane déjà occupée par des gars travaillant sur un chantier pour le compte du Parc, soit par des bergers. Finalement, je bivouaque au lac de Peyreget, mon abri planté au ras du sol dos au vent, parce que du vent, ce n'est pas ce qui manque big_smile ! Il y a déjà une tente, un jeune couple belge en vacances avec lequel je discute à mon arrivée. Cette nuit, il pleuvra un peu, une bordée de grosses gouttes frappées par le vent. Mais le lendemain matin, tout est sec.

Dernière modification par enrico (29-09-2015 16:57:17)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#18 29-09-2015 15:42:24

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J9 : Vendredi 03/07/15
Du bivouac au lac de Peyreget (2074m), par le refuge de Pombie et le Pic du Midi d'Ossau, jusqu'à la cabane d'Arrégatiou (avant et au-dessus du Caillou de Soques).
Estimation par openrunner : 16 km, D+ 1110, D- 1580

Le parcours de J9, sans la montée au Pic du Midi d'Ossau (Les données de cette ascension sont comprises dans l'estimation totale ci-dessus de la journée)

Beau temps avec beaucoup de vent toute la journée. Je passe le col de Peyreget et redescend sur le refuge de Pombie où je m'arrête. Très bon accueil dans ce refuge tenu pas un couple sympathique smile, apparemment très impliqué dans les activités d'escalade, proximité des parois de l'Ossau et du Castérau oblige. Je me tape une bonne omelette au chorizo cool et demande quelques infos sur le temps qu'il faut pour monter au Pic du Midi d'Ossau. Sans se presser, je rajoute. 6 heures, me dit le gardien.

Il y a là aussi un gars, un ami des gardiens avec lequel je discute un peu sur ma traversée. Il me demande où je suis passé, etc. Lorsque je lui raconte l'anecdote de la cabane d'Ansabère, il me dit que le jeune qui était venu aider le couple de bergers est en fait son cousin. Je le regarde et je vois effectivement aux traits de son visage qu'il ressemble fortement à ce jeune dont j'ai encore le souvenir. Comme je lui raconte qu'il y avait de l'eau dans le gaz et qu'ils se sont engueulés à la cabane d'Ansabère, il me dit en riant que c'est normal, que ça se passe toujours comme ça avec le berger, mais que ça ne va pas plus loin lol.

Je mettrai en fait 6h30 refuge – refuge pour le Jean-Pierre. Après avoir traversé les pierriers du chemin menant au col Suzon, je dois affronter un vent terrible pour aller jusqu'à l'attaque de la voie normale, où l'on est alors en grande partie abrité du vent. Un père et sa fille ado achèvent de descendre de la 1ère cheminée. Ils ne sont allés que jusqu'à la deuxième, me dit-il. Je démarre dans cette première cheminée et butte sur cette dalle équipée d'un pieu métallique. N'ayant pas trop envie de tirer sur mes bras à froid – j'ai une épaule droite pas mal déglinguée - je redescends et attaque en montant plus facilement sur l'éperon juste à droite. Après, c'est un sentier jusqu'à la base de la deuxième cheminée que j'escalade facilement. Il y a des prises partout, c'est du niveau 2 à 3.

La difficulté de ce genre de parcours en terrain d'aventure réside plus dans le fait de bien s'orienter pour rester dans la voie que sur les difficultés techniques. D'ailleurs, j'en ferai l'expérience un peu plus tard et un peu plus haut, en m'apercevant que je continue à grimper après la 3ème cheminée. J'étais en train de faire des petits rétablissements sympas en me disant que ça allait être un peu coton à redescendre tongue, quand je me suis aperçu que j'étais beaucoup trop à droite, ceci en voyant trois jeunes qui, en descendant, passaient à la croix métallique du Signal du Portillon, à plus de 100 mètres à main gauche. C'est là où j'aurais dû me trouver pour remonter ensuite le fameux « rein de Pombie », le pierrier final avant le sommet. Mais bon, de toute façon, ça passait partout et j'ai eu vite fait de faire une traversée à gauche pour me remettre dans le bon chemin cool.

Seul au sommet, je passe un moment tranquille à regarder au loin tous ces sommets que je ne connais pas cool

8136_dsc_0140_29-09-15.jpg
Seul au sommet du Pic du Midi d'Ossau

8136_dsc_0141_29-09-15.jpg
Le lac de Bious-Artigues

La descente est beaucoup plus ludique, d'abord parce que, vu de dessus, on voit bien mieux où il faut passer et les parties en désescalade sont faciles cool. Il me suffisait de m'engager et je trouvais toujours les bonnes prises de pieds et de main. Je cheminais exactement où il fallait, notamment à la croix du Signal du Portillon, puis au sommet de chacune des trois cheminées où je voyais le relais en place pour un éventuel rappel.

Je suis retourné au refuge de Pombie pour récupérer le gros de mes affaires que j'avais laissé dans des casiers et pour rendre le casque prêté par les gardiens. En partant, la gardienne m'indique un abri pour passer la nuit en descendant au Caillou de Soques. C'est la cabane d'Arrégatiou, que l'on rejoint à partir d'un sentier en courbe de niveau que l'on prend au-dessus du gros pont de bois sur le ruisseau de Pombie, en limite de la forêt. La cabane n'est pas vraiment au top de la propreté, la table est pourrie, mais la partie couchage à l'étage est parfaite, avec un plancher lisse et même un matelas acceptable. Il y a une source qui donne très peu à proximité. Comme il y avait des tuyaux, j'ai refait la prise d'eau qui me servira pour la soirée. Je dors la fenêtre sous le vent grande ouverte.

Alors que je commence à m'endormir, des randonneurs passent et repartent en s'excusant en voyant qu'il y a quelqu'un. Je les rappelle pour leur dire qu'ils peuvent dormir là, mais non, ils préfèrent aller camper plus loin. En fait, je ne les ai même pas vus. J'ai juste discuté avec un type à la porte de l'abri, depuis mon matelas à l'étage. Peut-être un couple en mal de solitude wink. Des mulots commençant à se montrer, je redescends pendre à des portemanteaux mes sacs de nourriture hmm.

Dernière modification par enrico (29-09-2015 16:54:13)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#19 29-09-2015 15:43:07

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

enrico a écrit :

Salut Zorey, la légende vivante de la HRP lol

tongue Monsieur est trop bon, je m'y promène juste souvent, j'ai rencontré un vieux qui faisait sa douzième traversée, c'est lui the legend ! cool

enrico a écrit :

Ben non, je suis arrivé le 27 juillet à Banuyls. Si tu es parti le 19, on a dû peut-être se croiser quelque part, mais où ?

Ben quelque part peut-être ! lol

enrico a écrit :

Oui, beaucoup de soleil, mais c'était au moment où il y avait des alertes canicules et il a fait terriblement chaud parfois. Parti le 25 juin, j'ai eu 22 jours sans une goutte d'eau, mais avec beaucoup de vent. Après, il y a eu 3 soirées de suite avec des orages, suivies de soirées pluvieuses. Mais toujours beau en journée, tout le temps cool . En tout, deux seules matinées nuageuses, dont l'arrivée à Banyuls.

Veinard ! smile 

enrico a écrit :

Quand il m'a demandé si son fromage était bon, je l'ai regardé et à voir son regard, j'ai pas osé lui dire que je le trouvais trop salé lol .

Au bûcher ! lol C'est vrai qu'il est salé son frometon, c'est comme ça que je les aime mais par dessus tout c'est son greuil que j'adore, avec du miel ou de la confiote c'est un délice, pis il est pas cher du tout au marché dans le Gers en hiver. wink

Et sinon je crois que tu fais une erreur de prénom sur l'Ossau ! wink (oui je fais mon important tongue )


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

En ligne

#20 29-09-2015 16:22:17

kimpile
Membre
Lieu : Nord
Inscription : 25-07-2014
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

Super récit ça donne envie smile

Pour ma part j'emporte un chargeur solaire 8w/1A (384g). Un smartphone premier 1er prix (178gr) et une batterie externe de 8000mhA (183gr).

Certes ma solution est moins MUL (mais plus puissante) mais sachant que j'étais dépendant de l’énergie pour mes cartes, l'apn le gps et ebook je ne voulais justement pas stresser à ce sujet. Ce qui apparemment t'es arrivé.

Concrètement ma batterie externe me permettait 4 recharges complètes du tel. Et mon tel comme tous les tel ne passait pas la journée... Ce que je faisais c'était tout simplement de laisser mon tel connecté à mon chargeur tel ma prise de courant perso. (0-100% en 5-6h de soleil pour charger une batterie de 1000mhA environ) et de garder ma batterie qu'en cas de nécessité (surconso, mauvais temps etc...) Le tel n'était jamais à court mais la batterie externe étant beaucoup plus long à recharger il faut savoir gérer pour au moins recharger une barre en  journée pour éviter tout soucis le lendemain jusqu'a la remplir

J'ai marché ainsi 3000km avec cette solution de Wissembourg à Compostelle ce printemps et je n'ai pratiquement jamais eu de soucis d’énergie smile

Hors ligne

#21 29-09-2015 16:43:34

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J10 : Samedi 04/07/15
De la cabane d'Arrégatiou (avant et au-dessus du Caillou de Soques), par les refuges d'Arrémoulit et de Respomusso, jusqu'au bivouac le long du torrent de Campo Plano (2250 m).
Estimation par openrunner : 19,5 km, D+ 1530, D- 960

Le parcours de J10

Fin de descente au Caillou de Soques, il restait 250 m à faire environ depuis la cabane d'Arrégatiou. Vidage de poubelles dans le container prévu à cet effet au bord de la route, et je commence à remonter en direction du refuge d'Arrémoulit. Au col d'Arrious, alors que je discutais avec un randonneur espagnol, on se trompe tous les deux en prenant la direction de la descente sur le lac d'Arouste. On remonte les 50 mètres perdus pour aller vers le passage d'Orteig, ce bel itinéraire 'gazeux' permettant d'aller plus rapidement au refuge.

8136_dsc_0148_29-09-15.jpg
Le lac d'Artouste. Erreur et damnation, on n'est pas sur le bon chemin pour le passage d'Orteig ! On remonte !

8136_dsc_0150_29-09-15.jpg
Le joli lac d'Arrious

8136_dsc_0151_29-09-15.jpg
Ça commence à pencher sérieux, là !

8136_dsc_0152_29-09-15.jpg
Passage d'Orteig. "Enfin Roger, je vous l'ai dit cent fois, accrochez-vous et ne regardez pas en bas" lol

8136_dsc_0154_29-09-15.jpg
Arrivée au refuge d'Arrémoulit. Il y aurait assez de vent pour faire du kitesurf.

Beaucoup de vent à Arrémoulit, mais c'est vraiment un bel endroit smile. Je mange une omelette et demande des informations pour aller au Balaïtous par la Grande Diagonale. La jeune gardienne me met sous le nez un vieux topo-guide Ollivier, mais ce n'est pas vraiment ce que je cherche. Le topo de la Grande Diagonale, je le connais et je l'ai même dans mon smartphone. Ce qui m'intéresse, ce sont les conditions du moment, pour la descente par la brêche Latour sur Respomusso, par exemple. Mais on me dit ne pas trop savoir si ça passe facilement ou pas.

Je monte donc au col d'Arrémoulit. Il y a beaucoup de vent, avec des rafales très fortes. Une violente bourrasque me surprend en léger déséquilibre sur un bloc et me couche dans les cailloux mad. Même pas mal, mais ces bourrasques sont d'une telle force et d'une telle précision que l'idée m’effleure un instant qu'elles ont quelque chose d'humain hmm.

On a déjà passé le milieu de journée, il est 14h, j'ai déjà 250 m de D- et 1000 m de D+ dans les jambes, ce n'est pas grand chose, mais il reste 900 m de D+ à faire pour aller au Balaïtous à partir du lac d'Ariel où je dois d'abord descendre (D- 210 m). Il y a beaucoup de vent, mon sac est lourd suite à mon dernier ravitaillement et si je pars maintenant sur cet itinéraire, il faudra peut-être que je bivouaque au sommet, probablement sans eau roll. En plus, j'ai toujours (très) mal aux pieds roll. J'envisage la possibilité de redescendre bivouaquer près du refuge pour faire cette ascension tranquillement le lendemain, mais près du refuge, il y a aussi beaucoup de vent et la nuit risque d'être bien perturbée. Autre possibilité, je ne fais pas cette ascension et je continue en direction du refuge de Respomusso. C'est cette dernière alternative que je choisis, considérant que je n'aime pas trop m'arrêter ou revenir sur mes pas. Mais bon, autant le dire toute de suite, ne pas avoir fait cette traversée du Balaïtous sera mon grand regret sad.

Tout n'est pas perdu cependant, je profite du temps splendide et de la vue exceptionnelle sur le Balaïtous et les Picos de la Frondella depuis le col d'Arremoulit et dans tout le cheminement qui suit au bord des lacs d'Ariel cool.

8136_dsc_0156_29-09-15.jpg
Le Balaïtous les pieds dans l'Arriel. Mais que c'est beau !

8136_dsc_0157_29-09-15.jpg
Même topo pour les Frondellas

8136_dsc_0158_29-09-15.jpg
En me retournant sur le col d'Arremoulit

8136_dsc_0159_29-09-15.jpg
Ne serait-ce pas le Som de Batcrabère en premier plan, avec peut-être le Pic d'Artouste en arrière plan, et le port de Lavedan entre eux ?

8136_dsc_0163_29-09-15.jpg
Le lac d'Arriel inférieur, avec le Palas en maîtres des lieux

8136_dsc_0162_29-09-15.jpg
Les couleurs chaudes des rochers sur le chemin de Respomusso

8136_dsc_0166_29-09-15.jpg
Avec le vent, il y a des vaguelettes sur le lac de Respomusso, avec le col et la Grande Fache au centre de l'arrière-plan

Au refuge de Respomusso, il fait beau et très chaud, il y a du monde, beaucoup de monde qui discute le verre de bière à la main. Des odeurs d'herbe aussi. Il y a également le chien du refuge, un beau berger allemand au poil presque fauve. Alors que je lui dis gentiment bonjour en tendant une main vers lui pour le caresser, m'attendant à un chien bonne pâte comme on en trouve habituellement dans ce genre d'endroit, il m'agresse vivement, aboie et cherche à se rapprocher de moi pour me mordre mad. Réaction incompréhensible, les espagnols qui se prélassent en discutant à proximité ne comprennent apparemment pas non plus ce qu'il se passe. On ne peut pas plaire à tout le monde, je me dis hmm. Cependant, je regarde un instant ce chien évoluer autour du refuge et j'en conclus qu'il a un léger problème. Cet endroit ne me plaît pas. Je réajuste mon sac à dos et me mets en chemin. Mon passage au refuge Respomusso n'aura pas duré longtemps.

8136_dsc_0171_29-09-15.jpg
Le torrent de Campo Plano, où je vais bientôt m'arrêter pour bivouaquer

Je passe le lac de Campo Plano, un bel endroit pour bivouaquer, mais il y a déjà des campeurs côté aval et un troupeau de vaches côté amont. Je traverse un bras de torrent pieds nus mes chaussures à la main, monte le long du torrent de Campo Plano et trouve un coin au calme vers 2250 m d'altitude, avec eau courante et fraîche pour me laver et faire ma lessive, et me faire un bon bain de pieds à l'eau froide cool.

Dernière modification par enrico (23-12-2015 20:14:53)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#22 29-09-2015 16:58:46

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

zorey a écrit :

Et sinon je crois que tu fais une erreur de prénom sur l'Ossau ! wink (oui je fais mon important tongue )

Ah oui, merki ! smile J'ai rectifié wink


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#23 29-09-2015 17:10:20

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

kimpile a écrit :

Super récit ça donne envie smile

Pour ma part j'emporte un chargeur solaire 8w/1A (384g). Un smartphone premier 1er prix (178gr) et une batterie externe de 8000mhA (183gr).

Certes ma solution est moins MUL (mais plus puissante) mais sachant que j'étais dépendant de l’énergie pour mes cartes, l'apn le gps et ebook je ne voulais justement pas stresser à ce sujet. Ce qui apparemment t'es arrivé.

Concrètement ma batterie externe me permettait 4 recharges complètes du tel. Et mon tel comme tous les tel ne passait pas la journée... Ce que je faisais c'était tout simplement de laisser mon tel connecté à mon chargeur tel ma prise de courant perso. (0-100% en 5-6h de soleil pour charger une batterie de 1000mhA environ) et de garder ma batterie qu'en cas de nécessité (surconso, mauvais temps etc...) Le tel n'était jamais à court mais la batterie externe étant beaucoup plus long à recharger il faut savoir gérer pour au moins recharger une barre en  journée pour éviter tout soucis le lendemain jusqu'a la remplir

J'ai marché ainsi 3000km avec cette solution de Wissembourg à Compostelle ce printemps et je n'ai pratiquement jamais eu de soucis d’énergie smile

Salut Kimpile smile

Merci pour l'appréciation de mon récit smile

C'est sur qu'avec ta solution pour l'énergie, tu assures mieux, mais ça commence à faire vraiment lourd. Je ne sais pas si à ce moment-là, il ne vaut pas mieux apporter un certain nombre de batteries chargées. Comme en fait, et indépendamment de cette question d'énergie, j'ai trouvé que le smartphone était assez insuffisant pour les photos, je vais de toute façon revoir la question...

T'as dû te régaler sur ce périple de 3000 km tongue. Mais j'y pense tout d'un coup, est-ce que sur ce chemin de St-Jacques, tu n'avais pas la possibilité de recharger régulièrement sur des prises secteur, au lieu d'amener tout ça ?


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

#24 29-09-2015 20:34:37

kimpile
Membre
Lieu : Nord
Inscription : 25-07-2014
Site Web

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

enrico a écrit :

T'as dû te régaler sur ce périple de 3000 km tongue. Mais j'y pense tout d'un coup, est-ce que sur ce chemin de St-Jacques, tu n'avais pas la possibilité de recharger régulièrement sur des prises secteur, au lieu d'amener tout ça ?

Effectivement sur le Camino il est facile de trouver une prise ou recharger au besoin, mais mon projet à la base était de partir marcher tout le printemps en faisant grossièrement un tour de France. Je suis parti de Wissembourg jusqu'à Montpellier, c'est une fois la bas que je me suis lancé sur le Compostelle un peu par hasard sur la voie d'Arles jusqu'a Toulouse avant de remonter vers Rocamadour et finalement rattraper la voie du Puy vers Cahors jusqu'à St Jean Pied de port... Entre temps j'ai rencontré des gens géniaux en route, ca a crée des liens et finalement au lieu de remonter par la cote chez moi j'ai décidé d'aller au bout de ce fameux chemin au Cap Finistère en Espagne smile

M'enfin bref je n'avais pas prévu d'itinéraire précis et il me fallait rester autonome en énergie si je me perdais ou passait par des coins perdus. Mais c'était aussi une première pour moi de partir en version "Randonneur 2.0" et il fallait que je teste la faisabilité de la chose sur du long terme wink Au final comme j'étais auto suffisant je n'ai jamais eu utiliser de prise électrique et de toute facon j'avais pas de chargeur juste mon cable usb smile

Voilà fin du HS ^^

Hors ligne

#25 29-09-2015 20:45:30

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2015 d'ouest en est - Soleil, soleil !

J11 : Dimanche 05/17/15
Du bivouac le long du torrent de Campo Plano (2250 m), par la Grande Fache, jusqu'au bivouac aux Oulettes du Vignemale (2150m), près du refuge des Oulettes de Gaube.
Estimation par openrunner : 17,5 km, D+ 1680, D- 1800

Le parcours de J11, non compris l'AR à la Grande Fache dont les données sont incluses dans le total de la journée ci-dessus

8136_dsc_0174_29-09-15.jpg
Montée au petit matin au col de la Fache

Belle montée au col de la Fache smile. Je suis seul au petit matin et le dernier névé me paraît bien raide, quoique disposant d'une ancienne trace faite les jours précédents. Je mets mes crampons et prends mon piolet à la main cool. Depuis le col, je vois déjà des gens, venus de l'autre versant, en train de monter à la Grande Fache. Je pose mon sac dans un coin, prends une barre de céréales et ma bouteille de 50 cl d'eau que je glisse dans une des poches de mon pantalon, et commence l'ascension cool. Ça n'est pas très long, je monte sans me presser, en zigzagant un peu au gré des cairns que j'essaie de suivre. Vue magnifique du sommet smile.

8136_dsc_0176_29-09-15.jpg
Sommet de la Grande Fache

Là, au sommet, je fais la connaissance d'un couple de néo-zélandais en vacances smile. Je les prends en photo avec leur appareil et ils font de même en me prenant avec mon smartphone. On redescend plus ou moins ensemble jusqu'au col smile.

8136_dsc_0179_29-09-15.jpg
Les néo-zélandais devant moi dans la descente du sommet de la Grande Fache

Après, c'est la longue descente jusqu'au refuge Wallon où je m'arrête pour manger leur plat du jour, un chili con carne très copieux, mais qui ne ressemble plus à rien, où il n'y a plus de viande, où tout s'est mélangé dans une sorte de bouillie indescriptible roll. Je me promet de ne plus commander de 'plat du jour' dans les refuges, me disant que c'est le meilleur moyen de tomber sur des trucs réchauffés qui durent toute la saison. A noter pourtant que je n'aurai aucun problème de digestion suite à cet agape smile.

8136_dsc_0181_29-09-15.jpg
Belle couleur de rocher en descendant vers le refuge Wallon

Je repars en direction du col d'Arratille. C'est un joli parcours, avec le passage aux lac éponymes, vraiment très beaux cool. Au col, je suis rattrapé par un HRPiste express. En short et chaussures de trail, sac à dos traditionnel, c'est un breton d'une cinquantaine d'années, hyper sportif. Dans la vie courante - si l'on peut dire ainsi - il fait surtout du vélo. Parti plusieurs jours après moi, il aurait la capacité de « tomber » la traversée en 15 jours, selon les calculs que je fais big_smile. Il est venu à Hendaye en vélo depuis la Bretagne wink. Il fait la HRP et rien que la HRP, sans aucune variante. Il doit se ravitailler à Gavarnie où il va retrouver des amis qui lui transporte son vélo à Banyuls pour le retour. Il me met sans doute pas loin d'une heure dans la vue du col d'Arratille au refuge des Oulettes de Gaube, passage au col des Mulets compris tongue.

8136_dsc_0188_29-09-15.jpg
Hrpiste express au lac du col d'Arratille

8136_dsc_0191_29-09-15.jpg
Le Grand Vignemale entre en scène

8136_dsc_0193_29-09-15.jpg
Là, c'est pas mal pour se poser !

J'installe mon bivouac avant le refuge, où je n'irai pas. Le breton, lui, est allé y dîner, avant de revenir bivouaquer pas loin de moi. Il est sympathique, on discute un bon moment smile. La vue est splendide sur le Grand Vignemale, le couloir de Gaube et le glacier des Oulettes cool.

Dernière modification par enrico (14-10-2015 12:44:08)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

Hors ligne

Pied de page des forums