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#1 06-08-2015 14:53:02

Abimael
Membre
Inscription : 28-02-2005

Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Salut,
la lecture des récits HRP du forum, à commencer par la page d'Olivier il y a déjà une dizaine d'années, dessine toute une manière de randonner en itinérance et en haute montagne. Toute cette lecture donne envie et on garde dans un coin de sa tête un projet de HRP. Jusqu'à présent, nous avions pu dégager à deux jusqu'à un mois, sur de l'itinérance moyenne montagne à pied ou en VTT, et des séjours plus courts (10-15 jours) sur la haute montagne. Mais cette année, nous prenons 6 semaines (de mi juin à fin juillet) et le projet devient réalité. Comme la liste est assez peu détaillée je poste dans le trombi, ce qui me permet de l'ouvrir d'ailleurs !
Abimael.

  • Itinéraire :

Tout d'abord, hormis quelques jours passés autour de Gavarnie, nous n'avions presque aucune connaissance du Massif. L'édition actuelle du Véron est surtout définie par les contraintes des hébergements, or on bivouaque principalement pour être libres de ses étapes. Et puis personnaliser un parcours permet son appropriation. Du coup, on passera les jours pluvieux de l'hiver à plancher sur un assemblage hétéroclite de cartes (les 50 000 de Rando éditions, les 25 000 de l'IGN et quelques cartes espagnoles), ce seront les récits du forum et particulièrement ceux de Scal, de René94 et de Zorey qui alimenteront nos choix. Nous arrivons à un découpage de 37 étapes, nous laissant la marge pour faire des variantes, des sommets ou gérer des imprévus en fonction du temps et des envies. Ainsi, grâce à la météo, au poids des sacs et à notre autonomie nous avons pu naviguer en Ariège, bifurquer sur l'Estats, tenter les crêtes avant Barroude ou improviser le Mont Perdu. A l'usage les 50000 se sont montrées suffisantes (malgré le fait de comporter des erreurs ou de posséder des versions anciennes ne montrant pas tous les sentiers actuels notamment en Espagne). Les refuges ou la rencontre avec d'autres randonneurs ont permi d'affiner certains points ou de découvrir d'autres passages. La boussole et l'altimètre ont été indispensables sur certaines portions "sauvages" et dans le brouillard.
L'essentiel des personnes rencontrées sur "La HRP"  la font de manière orthodoxe suivant la version du Véron, de Transpyr, ou encore celle des ouvrages espagnol et hollandais, pas de variantes, pas de sommets.

  • Matériel :

Notre liste de base est assez classique par rapport à celles que l'on trouve sur le forum pour ce genre de rando et la plupart du matériel étant déjà ancien je n'insiste pas trop sur les modèles.

Les sacs à dos sont faits maison sur le modèle de JCL mais avec des matériaux plus épais, ils ont 5 / 6 ans et pèsent 400 / 500g.

L'abri est une Twin Peaks de MSR, 750g, il a 10 ans mais son enduction se délamine et ses bandes d'étanchéité se sont barrées : il a tenu le coup malgré cela, mais c'est la fin pour lui et on le regrette déjà ! Au sol on utilise deux baches bleues ; hors bivouac, elles servent aussi à protéger le sac à dos de la pluie.

Les tapis de sol sont des mousses Artiach, modèle Lightplus d'il y a 10 ans, 150g en 180cm :  ils résistent très bien dans le temps, présentent une très bonne isolation pour du 3 saisons, et pliés en deux donnent un confort correct sur sols durs. Ils sont transportés roulés dans les sacs pour en assurer la rigidité. Le modèle actuel (Trango) semble plus lourd.

Duvets : des Ansabère 400 de Triple Zéro (10 ans eux aussi et nickels), complétés par des sacs à viande en soie.

Habits dans le sac : une petite doudoune synthétique, une veste imper légère, un t-shirt ML "chaud" (à refaire un plus léger pour pouvoir marcher avec et alterner avec l'autre), bonnet, gants, buff, un change de chaussettes et slips.

En plus tongs, réchaud à gaz, popote, boussole, nécessaire de toilette, petit matériel de secours et bricoles diverses, nous arrivons à un sac de base de 4kg.

Partant mi-juin et voulant se donner la liberté de passer où bon nous semble nous faisons le choix de prendre piolets et crampons, soit un Camp Corsa (200g) et un Grivel Haute route (400g) ainsi que deux paires de crampons Grivel G1 (750g), des 10 pointes acier, plus 50g de poche à crampons maison (pratique à l'usage). Nous démarrons avec et les renverrons par la poste à Gavarnie. Cette année, ils n'auront été que peu nécessaires mais ont toujours permis d'être plus sereins... 1 bon kilo de plus par personne.

En plus, nous avons sur nous : pantalon convertible, ML léger, chapeau, lunettes de soleil, une montre altimètre. Je dois dire qu'on a pas regretté le choix d'un Tshirt ML léger pour la journée même par les grosses chaleurs : c'est respirant, ça protège du soleil (on limite les tartinages de crème solaire) et c'est très agréable sous la veste imper qui semble mieux fonctionner. Pour les chaussures : une paire de Garmont DragonTail, des basses "marche d'approche" que j'ai bien aimées (stabilité, accroche tout terrain malgré un crantage un peu étrange, pare pierre intégral protecteur, bonne respiration), et une paire de Mid Asolo dont il faudra découper l'arrière dès le deuxième jour pour cause de début de tendinite. On a aussi chacun une paire de batons téléscopiques.

Pas de téléphone, GPS ou appareil photo mais un carnet à dessin...

Au final les sacs oscilleront entre 4/5 kgs et 9/10 kgs au maxi avec 8 jours de ravito. L'ensemble des randonneurs itinérants ont des sacs énormes, sauf deux croisés au Pays Basque, mais le temps de réaliser qu'ils sont eux aussi itinérants MULs, ils sont 100m plus bas et nous 50m plus haut ! La seule rencontre, avortée, avec des MULs ! C'était entre les cols Azpegi et Arnosteguy...

  • Logistique :

Deux envois en poste restante : l'un à L'Hospitalet pour 8 jours de bouffe optimisés et un autre à Gavarnie pour les cartes et quelques bricoles. A l'Hospitalet, la Poste n'est ouverte que le matin. A Gavarnie, la Poste est dans l'Office de Tourisme ouvert tous les jours, mais on ne peut retirer le colis qu'aux heures d'ouverture du bureau postal. Le colis est là, on le voit mais on ne peut pas le prendre. En fait ça dépend de l'employé(e) sur qui l'on tombe...

  • Ravitos :

Le Perthus : nous n'avons pas franchi la frontière, il y a une petite épicerie sur le GR, suffisante pour un petit ravito sans avoir à rentrer dans la "zone".
Arles-sur-Tech : épiceries, charcuteries, une bonne étape ravito tranquille.
Eyne : il y aurait une épicerie communale, pas vue.
Bolquère : une épicerie - charcuterie, fermée à notre passage mais semble bien.
Pyrénees 2000 : un supermarché que nous n'avons pas trouvé !
Hospitalet : l'épicerie est nulle, on ne peut pas y faire de ravitaillement sérieux. Les jours d'ouvertures sont très fluctuants.
Isil : le bar - restaurant est très sympa et nous a permis un repas impromptu. Il y a un petit coin épicerie qui permet un ravito pour deux-trois jours, bon choix de saucissons et de fromages. Au cas si on le contacte par mail avant il peut faire des courses plus conséquentes à récupérer lorsque l'on passe. Une étape coup de coeur pour nous.
Vielha : il y a tout, y compris une dizaine de magasins de sports (cartouches de gaz).
Gèdre : épicerie.
Gavarnie : épicerie Vival et épicerie intéressante dans la boulangerie (alternative aux marques Casino). On trouve du gaz à vis en face du Vival (Altigliss).
Col du Pourtalet : une découverte sociologique pour nous, nous ignorions ce qu'était une "Venta". Il y a tout sinon...
Candanchu : une bonne épicerie avec du gaz à vis et des cartes topos espagnoles.
Chalets d'Iraty : une épicerie, on se sent quand même un peu dindon, c'est très cher, de mauvaise qualité et pas sympa...
Burgete : une grande épicerie.
Elizondo : épiceries, boulangeries, charcuteries...

Nous avons pris quelques en cas dans des refuges (casse croute et bières) en journée.
D'une manière générale, les "pauses" espagnoles étaient les plus agréables : accueil, qualité des produits, portions plus copieuses, prix... Après c'est un jugement personnel peut-être teinté d'exotisme !

  • Au final :

Physiquement, un problème de tendinite dès le 2ème jour mais qui a été finalement vite résolu. N'habitant pas une région très montagneuse, les premiers dénivelés ont été un peu durs, les vingt jours centraux ont été ceux où nous étions le plus en forme. Les dix derniers jours nous avons  alterné quelques coups de fatigue, par contre certains jours on se sentait capables de ne plus s'arrêter... A l'arrivée, il manque quelques kilos à notre poids de base.
Au niveau matos nous aurions pu prendre moins de gaz (consommation d'une 230g tous les 8 jours avec une chauffe trois fois par jour) car il y en avait à Vielha, Gavarnie et Candanchu ; peut être ne prendre que les crampons ou que les piolets mais ce n'était pas facile à anticiper ; nous aurions dû changer l'abri avant de partir, il est vraiment devenu limite sur la fin ; pareil pour un pantalon qui était assez ancien et qui a totalement laché heureusement juste avant Vielha. Les chaussures ont également bien morflés (deuxième année pour les Garmont, les Asolo étaient quasi neuves).
Niveau bouffe, à l'Hospitalet la mauvaise qualité du fromage et de la charcuterie a fait que nous n'en avons pas pris alors que nous emportions 8 jours de ravito, c'était une erreur. Rapidement le "gras" est devenu une obsession nous obligeant à prendre des en-cas en refuge et nous poursuivant jusqu'à Vielha. La dernière semaine se sont les fruits et légumes qui étaient devenus l'obsession.
Randonner avec une échéance et une sorte d'agenda quotidien est un peu frustrant, on souhaiterait parfois prendre une direction qui n'est pas compatible avec l'itinéraire, flaner un peu plus... En fait quand il fait beau on continu en se disant qu'il faut en profiter et quand il pleut on avance encore plus vite pour se caler et chercher un abri.
Il y a quelques étapes qui méritaient d'être approfondies pour trouver des alternatives : notamment le deuxième jour pour éviter le Perthus, les pistes et les routes ; également au Pays Basque, suivre le GR12 et ne pas passer par Iraty. Certains sommets méritaient d'être un peu approfondis. Nous avons aussi raté notre arrivée.
Les versants espagnols nous ont surpris par leur sauvagerie, il y a vraiment des endroits très peu fréquentés et pas du tout équipés. C'est beau car sauvage et vice-versa ! Je ne sais pas si cela va durer, certaines régions semblent déjà baliser "à la française". On prend vite goût à cette ambiance un peu "paumée" et nous avons croisé plusieurs fois des randonneurs espagnols qui semblent errer sans itinéraire précis, allant de-ci de-là, suivant une envie de sommet sans nom ou une piste de bêtes ("Car les bêtes savent où elles vont" nous dira l'un d'eux). On se prend alors à rêver de suivre un sentier de bêtes qui irait de Port Bou à Irun !
Jusqu'à Gavarnie nous n'avons croisé que peu de randonneurs et certains jours aucun.
Globalement on peut dire qu'on a eu un très beau temps pendant un mois, ce qui nous a permis de faire des parcours plus sauvages, et des sommets. A partir du 15 juillet en revanche, les orages ont été parfois très violents : c'était vraiment la course avec l'averse dans une chaleur très lourde. Le fait que l'abri soit en fin de vie n'aidait pas...


  • Le récit :

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Jour 1, 15 juin, Banyuls - Tagnarède.
Banyuls est assez déserte, toute luisante des forts orages de la veille. Une montée bien agréable, la fontaine des Chasseurs est un petit havre de fraicheur. L'orage se faisant menaçant nous descendons nous abriter à Colomates, ratant un abri sous roche au Pic Sailfort. En fin de journée, nous rejoignons l'abri de Tagnarède sous un vent violent.  Un autre couple arrivera en début de nuit, sur la HRP aussi et lourdement chargé (plus de 20 kg !).

Jour 2, 16 juin, Tagnarède - Las Illas.
Une navigation laborieuse sous le Neulos, le sentier espagnol est très encombré et les fougères sont farcies de tiques. Nous échouons au col de l'Ouillat alors que nous voulions l'éviter ! Passage rapide au Perthus et pause plus longue aux ruines romaines avant d'attaquer une interminable piste en partie cimentée. Il semble que le long de la frontière, côté espagnol, on puisse suivre sur quelques kms un itinéraire plus sympa et moins traumatisant. Au niveau du Mas Nou, le balisage GR ne correspond pas avec celui de notre carte. Dans les deux cas, il faut se farcir la route jusqu'à Las Illas. Comme il pleut, nous stoppons là et bivouaquons dans un superbe abri bus avec douche et WC attenants.

Jour 3, 17 juin, Las Illas - Arles sur Tech.
Montée au col de Lly, puis aux Salines (abri et belles fontaines), crêtes de Roc Frausa et descente jusqu'au col Cerda où nous improvisons un sentier passant par le Roc St Sauveur et finissant en amont du Moulin de la Palette. Nous rejoignons le GR10 jusqu'à Arles sur Tech.

Jour 4, 18 juin, Arles sur Tech - Abri de Pinatell.
La montée sur Batère est tranquille entre pistes et chemins, un ruisseau permet une baignade avant les Vigourats (abri possible), après ça chauffe sévère jusqu'à Batère. On se pose à la cabane de Pinatell, toute en bois avec fontaine... Jolie mais infestée de punaises de lit qui nous vaudront une belle séance d'épouillage généralisé, nous en trouverons une dizaine... Nous apprendrons que ces "chinchas" sont la hantise des hébergements du secteur, et pour cause ! Ceci dit le fait d'avoir peu d'affaires a permis de les éradiquer efficacement de suite.
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Jour 5, 19 juin, Pinatell - Pla Guilhem.
A partir du GR et au niveau de prat Cabrera, nous coupons dans la pente et rejoignons la crête de Barbet, puis le portail de Valmanya. Allez-retour au Canigou qui finit par émerger de la brume mais dans un vent violent. Descente aux Gourgs de Cady et montée sur la crête venant du roc Nègre que l'on suit jusqu'à Pla Guilhem (il y a une source au SE de l'abri, en se dirigeant vers une ancienne bergerie). Comme le vent est très violent nous dormons dans l'abri, sans charme mais propre. Deux Hollandais taciturnes campent à côté, ils se révéleront être le lendemain de joviaux Allemands !

Jour 6, 20 juin, Pla Guilhem - Ull de Ter.
Belle journée de crêtes où l'on se prend à rêver que la HRP ce n'est qu'une grande crête plein Ouest... Bivouac au niveau des ruines de l'ancien refuge.
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Jour 7, 21 juin, Ull de Ter - Eyne.
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Bis repetita de la veille jusqu'au début de la jolie vallée d'Eyne. A Eyne, nous tombons par hasard sur le gîte d'étape du Presbytère et décidons d'y passer la nuit. C'est un super bon plan, le diner est très bon et le buffet du petit déjeuner tout simplement fantastique !

Jour 8, 22 juin, Eyne - Etang de Lanoux.
Nous passons la matinée à errer à la recherche d'un ravito et las, nous finissons par fuir Pyrénées 2000 pour prendre un casse croûte au refuge des Bouillouses. Passés la zone des lacs, nous nous retrouvons seuls et sous un ciel bien noir pour grimper au Carlit. Juste le temps de grignoter un bout au sommet et le tonnerre gronde. Bivouac pluvieux juste avant l'étang Lanoux.

Jour 9, 23 juin, Etang Lanoux - L'Hospitalet.
Au niveau de la Portella de Lanos, une jolie sente part vers la droite et nous la suivons jusqu'à l'Estany de la Coma d'Or, c'est très beau et l'on rejoint un itinéraire qui descend du Puig vers la Coma d'en Garcia. Puis Gr jusqu'à l'Hospitalet. Récupération de notre colis juste avant midi avec 8 jours de nourriture.

Jour 10, 24 juin, Hospitalet - Cabane Garzan.
La montée est dure jusqu'au rocheux col de Alba, et au col Juclar nous basculons en Ariège en direction du refuge de Ruhle avant de se poser dans la brume et la bruine à la rustique cabane de Garzan au milieu de troupeaux de Mérens.

Jour 11, 25 juin, Garzan - Abri de Rialb.
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Là nous sommes sur les traces de Scal et c'est très amusant de suivre le petit fil qu'il a laissé. Nous remontons le ruisseau de la Coume de Varihas en direction de l'étang de Mirabail et de la cabane d'estive. La descente sur l'étang de Coume d'Ose est franchement raide et, en face, nous sortons les crampons pour le névé final du col de l'Homme mort. Puis c'est l'azimut en direction du Port de Soulanet. Tout ceci est beau et sauvage, mais aussi long et physique ! Traversée de multiples ruisseaux de fonte, prairies humides, paysage fleuri et vide, cette partie de l'Ariège sort de l'hiver. Une journée de solitaires ! Après le port nous descendons en Andorre dans une vallée arborée jusqu'au très bel abri de Rialb.

Jour 12, 26 juin, Abri de Rialb - Orris de Caraussans.
La journée d'hier a été éprouvante et nous passons finalement par les bas et l'abri de Besali plutôt que par le port de Rialb, pour rejoindre les hauts de la station d'Arcalis. Là nous optons pour le port de Caraussans. Passé le port la descente est superbe et très sauvage, elle fait oublier la vilaine sation. Trés beau bivouac sur un promontoire vers les orris de Caraussans.
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Jour 13, 27 juin, Orris de Caraussans - lac au pied de l'Estats.
Traversée à gué du torrent de Soulcem, il y a dans ce secteur des orris parfaitement utilisables comme abris, et montée au port de Roumazet. En manque de gras, nous descendons jusqu'au refuge de Val Ferrera où la bouteille d'huile d'olive accompagnant les "entrepans" prend un méchant coup. Nous bivouaquerons vers 2400m près de l'avant dernier lac avant le Pic d'Estats.
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Jour 14, 28 juin, lac au pied de l'Estats - pied du port de l'Artigue.
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Départ à 5h30 pour l'ascension de l'Estats, pour la première fois nous utilisons conjointement piolets et crampons jusqu'au col, le reste est hors neige. Seuls au sommet. Descente sur des névés jusqu'au Pinet où l'on se renseigne comment rejoindre le port de l'Artigue sans trop descendre. En fait il existe un GR espagnol transfrontalier (Porta del Cel) qui relie de manière sauvage le Pinet et le bas de l'Artigue. Le départ se fait en amont du refuge par un câble puis un bout de névé, ensuite on vise un passage vers la pointe de Recous au-dessus du lac de Montestaure, mais en réalité le balisage est anecdotique... Après plus de trois heures d'efforts, nous échouons dans la vallée de l'Artigue au pied du port où l'on pose bivouac dés 16h. Pendant deux heures nous suivons du regard deux couples d'Espagnols faisant à grande peine le trajet en sens inverse. Nous donnons à cette Porta del Cel le surnom de "GR de la Mort".

Jour 15, 29 juin, pied du port de l'Artigue - Abri Pujol.
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Le port est franchi dans une chaleur déjà étouffante. Enchaînement de lacs jusqu'au refuge de Certascan qui semble émerger de son hivernage. L'arrivée des livraisons par hélico nous chasse en direction du grand lac de Certascan où flottent icebergs et banquises. Le cadre est impressionnant. Cramponnage du col éponyme et descente aux étangs de Guerosso. A 17h30 on décide d'éviter Noarre en coupant longuement à niveau de 2100m suivant un tracé en pointillé noté cet hiver (René94). Il s'en suit une superbe chevauchée dans un paysage à couper le souffle. Parfois un caïrn nous conforte alors que l'on doute. La sortie n'est pas facile à trouver mais à chaque fois notre intuition est la bonne. A 20h passées on rejoint l'abri Pujol déjà occupé et bivouaquons au-dessus.

Jour 16, 30 juin, Abri Pujol - Isil.
Nous quittons l'isolement hautain de l'abri Pujol en descendant. Enchainements de lacs et de cols par des cheminements parfois subtils. Par mauvais temps l'endroit doit être coton à traverser ! Vers 1900m notre carte montre un sentier en pointillé rejoignant directement Isil sans passer par Alos. En fait de sentier, c'est une sente rapidement coupée par les restes d'avalanches et finalement avalée par la nature sauvage. Après trois heures pas faciles, nous émergeons à l'azimut à ... Alos d'Isil. On tend le pouce et la première (et seule) voiture nous descend en 5mn à Isil. Le bar-resto-petite épicerie est vraiment chouette. C'est un gars du coin qui l'a reprise depuis deux ans. Il nous dit que le sentier est bien marqué du côté d'Isil mais qu'il se perd de toute façon au bout d'une heure. Les locaux eux-mêmes ne s'y retrouvent plus. Bivouac à la sortie du village.

Jour 17, 1er juillet, Isil - Port de la Bonaigua.
La montée sur Airoto est franchement sauvage, on semble être les premiers à passer tant la végétation est dense. Près de l'abri, nous croisons deux pêcheurs déambulant de lacs en lacs, l'une des rares rencontres de ces jours-ci. La suite jusqu'aux abords du port de la Bonaigua se fait sans marques ni cairns, l'on va de lacs en cols à l'azimut en franchissant des pierriers géants. Bivouac sans beaucoup d'eau avant le port.

Jour 18, 2 juillet, Bonaigua - ouest de la Restanca.
Mauvaise nuit, le vent s'est levé d'un coup, très fort. Dans la remontée de la vallée du Saboredo, on s'offre la fantaisie de suivre une sente cairnée qui nous mène jusqu'aux lacs de Sandrosa ; nous rejoignons l'ouest du col de Sandrosa en descendant à l'arrache et en contournant le Pisnader. Après une bière à Colomers, nous trouvons longue la liaison jusqu'à la Restanca mais peut être est-ce un brin de fatigue ? A la Restanca, on nous indique une cabane au NO sur une liaison du GR11 ne figurant pas sur nos cartes et évitant Pontet de Rius. La cabane est spartiate, nichée au milieu des épinards sauvages, mais protectrice face à un vent qui devient violent.

Jour 19, 3 juillet, ouest de la Restanca - Hospitau de Vielha.
Passé le lac et le port de Rius, longue descente jusqu'à Hospitau. L'endroit est désert, l'embouchure du tunnel n'est pas propice au stop (il faut sûrement descendre vers Conangles). Coup de chance le bus Barcelone - Val d'Aran (5 ou 6 liaisons quotidiennes) s'arrête juste à l'entrée du tunnel ; nous le rattrapons à la course. Nous nous posons deux nuits à l'hotel à Vielha (le 3 étoiles est au prix d'un gîte d'étape, buffet du petit dej et sourires compris), la ville se révèle être une étape agréable et les restos forts copieux.

Jour 20, 4 juillet, Vielha.

Jour 21, 5 juillet, Hospitau de Vielha - Abri de Mulleres.
Le départ en milieu de journée et les sacs lestés de 8 jours de ravito nous obligent à une sieste ombragée avant de rejoindre l'abri de Mulleres. La rencontre avec une personne fortement blessée (artère à l'arrière du genou tranchée par un coup de crampons, garrot) nous fait appeler les secours via la radio de l'abri. Un hélico viendra peu après la récupérer. Certains abris espagnols isolés comme Pujol, Airoto, ou ici Mulleres, disposent de ces équipements de secours. Nous bivouaquons en contrebas sur le torrent.

Jour 22, 6 juillet, Abri de Mulleres - lac de Remune.
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Bel itinéraire jusqu'au col de Mulleres dont les névés passent sans problème. On cramponne la descente sur 300m puis poursuivons vers les Aigalluts puis jusqu'au Pllan d'Estan où se trouve une gargote et une liaison bus pour Benasque. Nous prenons une piste poussiéreuse escortés de plusieurs centaines de vaches jusqu'à Hospital de Benasque. Remontée de la jolie vallée de Remune jusqu'à un petit lac, un abri sous roche nous offre l'hospitalité pour la nuit.

Jour 23, 7 juillet, lac de Remune - lac des Isclots.
Nous cherchons notre itinéraire pour remonter plus avant la vallée de Remune avant d'en trouver un très différent de celui de notre carte... Le col de Literole est encore bien en neige. Longue descente jusqu'au Portillon. On tatonne à nouveau pour trouver la direction des Gourgs Blancs et nous passons carrément par le sommet du Tuc de Montarqué. Cramponnage au col et descente jusqu'au lac des Isclots où l'on bivouaque.

Jour 24, 8 juillet, lac des Isclots - Port de Ayguas Tortas.
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A partir du lac Caillauas, on pénètre dans une brume épaisse et humide. Prenant le sentier à flanc qui va au lac Pouchèrgues nous nous heurtons au local technique barrant le sentier ; on apprendra plus tard qu'il suffisait de pousser la porte pour traverser. On passe donc par la Soula puis remontons le vallon d'Aygues Tortes dans le brouillard. La montée au port est assez difficile et pas évidente en navigation, mais la sortie se fait sous le soleil, côté espagnol c'est grand beau ! Bivouac dans la pente au milieu des isards et des lucioles.

Jour 25, 9 juillet, Port de Aygues Tortes - hauts d'Urdizeto.
Nous visions à l'origine le Collado de Senal qui se trouve au-dessus de la cabane (en ruines) d'Aniescruzes pour couper au dessus de Biados et ressortir vers Ourdissetou, mais l'on choisit finalement de se reposer en suivant le GR 11. En passant au refuge, une carte espagnole montre que le collado peut se prendre en restant à niveau depuis Aigues Tortes (il y a effectivement quelques cairns qui partent vers la droite en descendant du port de l'autre côté du torrent...), se sera pour une autre fois ! Journée tranquille jusqu'au Paso de los Caballos où l'on quitte le GR11 pour couper en direction du col entre les Pics de Mener et de la Espada au dessus d'Urdizeto. Bivouac près de ce qui ressemble à d'ancienne tranchées.
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Jour 26, 10 juillet, hauts d'Urdizeto - tunnel nord de Bielsa.
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Cette journée nous trouve à nouveau sur les traces de René94. On suit facilement la sente qui descend vers Trigoniero et en profitons pour re-cairner sa sortie qui sinon est introuvable dans l'autre sens. L'abri est complétement délabré. Montée au port de Trigoniero. Sur notre topo nous avions juste marqué : "Crêtes jusqu'à Barroude, environ 5h". Dans la réalité, c'est un peu différent... Passées les crêtes du Moudang nous nous heurtons à des barres rocheuses et nous renonçons à trouver un passage supérieur sur les pentes du Salcorz. Après plusieurs essais infructueux, nous nous rabattons sur une sente qui serpente vers les 2200m jusqu'en aval du port de Salcorz où l'on remonte pour tirer à flanc jusqu'au port de Bataillence. Nous tentons de passer le port de Bielsa pour rejoindre Puerto Viejo en suivant le côté espagnol mais un troupeau de moutons l'occupe pour la nuit, sans berger mais gardé par des patous plus que dissuasifs. Après toilette et popotage, il est 20h passées, ils sont toujours sur le col. Demi-tour, essais de contournement en direction du Pas de l'Aiguillette, sans succès. Finalement descente au tunnel nord de Bielsa et bivouac au-dessus dans le brouillard.

Jour 27, 11 juillet, tunnel nord de Bielsa - Granges de Campbeil.
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Remontée matinale et brumeuse jusqu'au Pas de l'Aiguillette où une sente aérienne nous permet de rejoindre Puerto Viejo, puis le pic du même nom sous l'oeil des vautours, et enfin Port de Barroude. Le refuge est entièrement calciné. A partir du port, nous ne regardons plus notre carte, persuadés de suivre l'itinéraire... A la Hourquette de Chermentas, un joli col nous tend les bras au loin, couronné d'un petit névé. Nous faisons même une course finale pour y arriver. On bascule de l'autre côté s'en prêter attention aux panneaux jaunes... Au bout d'un moment le brouillard nous avale... On sort la boussole et le verdict est rapide : mauvaise vallée vu l'orientation, et qui plus est hors carte ! On suit quelques sentes avant de finir... aux granges de Campbeil où l'on improvise un bivouac toujours dans le brouillard. Nous avons cru passer Héas, c'était le port de Campbeil.

Jour 28, 12 juillet, Granges de Campbeil - Cirque d'Estaubé.
Il n'y a plus qu'à descendre à Gèdre en suivant les pancartes jaunes pour y prendre le petit déjeuner. C'est là qu'on improvise de faire le Mont Perdu. L'office de tourisme nous renseigne sur l'itinéraire et on consulte un topo, un guide présent valide nos notes sur la 25000. Nous voici partant sur les traces de Ramon. Départ tranquille en début d'aprem et bivouac au Cirque d'Estaubé.

Jour 29, 13 juillet, Cirque d'Estaubé - lac Glacé.
Petite journée via la brêche de Tuquerouye et bivouac au lac Glacé (plein d'emplacements) où l'on peut à loisir étudier l'itinéraire du lendemain et choisir la bonne cheminée.

Jour 30, 14 juillet, lac Glacé - Gavarnie.
Départ à la frontale, on remonte la moraine, passage de la cheminée de gauche (facile) et cramponnage jusqu'aux éboulis sous le col du Cylindre. Là nous partons trop à droite, c'est vraiment raide et difficile, nous nous croyons saufs en abordant les rochers bordants le col à droite mais ils sont pourris. La plus grande frayeur de la traversée. On finit par rejoindre le col et une autre équipe qui est passée avec une corde par la cheminée centrale. C'est ensemble que nous empruntons la vire qui mène à l'étang Glacé puis la raide montée au Mont Perdu (sèche en entier). La vue est superbe, la plus grande émotion de la traversée ! Déjà des colonnes de fourmis montent depuis Goriz. Nous rejoignons l'étang Glacé, contournons le Cylindre, rejoignons le col de la Cascade, passons à La Tour et descendons via des vires plus ou moins évidentes, puis c'est le pas des Isards et la Brêche. Certains passages sont un peu scabreux du fait de bouts de névés résiduels. A la Brêche il y a foule et nous descendons par l'Echelle des Sarradets qui offre une jolie vue sur le Cirque et la Cascade. On croise des randonneurs déjà vu la veille et qui se demandent dans quel sens nous faisons la HRP ! A l'office de Gavarnie, on ne peut pas récupérer le colis, dommage ! Nous bivouaquerons à la belle dans le petit parc jouxtant l'église.

Jour 31, 15 juillet, Gavarnie - Grottes Bellevue.
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Récupération du colis et renvoi des piolets et crampons à la maison, dernières courses puis départ tardif en direction d'Ossoue. Dans l'après-midi des nuages se forment et le tonnerre gronde vers le Mont Perdu. Les cabanes croisées sont de vrais dépotoirs, les pires qu'on ait vues. Sous un ciel noir nous gagnons les Grottes Bellevue, il y en a trois, d'un confort allant de sommaire à confortable, et surtout propres ! Il y a une grosse source à 20 m et deux beaux emplacements de bivouac dans la pente. Deux Espagnols nous rejoignent, ils vont faire le Grand Vignemale le lendemain ; si nous avions gardé le matériel de neige la tentation de les suivre aurait été grande... Une autre fois. Finalement l'orage n'éclatera pas, la vue depuis les grottes est superbe : les Astazou, le Marboré, La Tour, Le Casque, La Brêche, la Taillon.

Jour 32, 16 juillet, Grottes Bellevue - Vallée du Marcadau.
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Nous montons rapidement au Petit Vignemale, la vue sur le Glacier nous fait encore regretter les crampons... Descente aux Oulettes, il fait très chaud et de lourds nuages très menaçants se forment. Après hésitation, nous préférons descendre en direction de Pont d'Espagne plutot que passer les cols vers le Wallon. Nous couperons sous le télésiège en direction du bas de la vallée du Marcadau. Vers 1600m une cabane, rustique, nous incite à nous poser. Une heure plus tard c'est le déluge, trois heures de pluie et de grêle, même la cabane prend l'eau.

Jour 33, 17 juillet, Vallée du Marcadau - parking de la Sara.
Montée à la vitesse de l'escargot au col de La Fâche, fatigués nous ne ferons pas le sommet et c'est à nouveau sous un ciel bien menaçant que l'on descend jusqu'au refuge de Respumoso. On hésite à s'y poser mais c'est complet et l'on se contente d'y prendre le déjeuner. On course l'orage qui éclate alors que nous atteignons le parking de la Sara ; il y a là un grand auvent à côté d'un petit bar. On passe au bar demander si l'on peut passer la nuit sous l'auvent : bien sûr, il est là pour ça ! Le type du bar est un montagnard et il tient à nous montrer un raccourci pour le lendemain rejoindre la Vallée du Ministrio. Gros orages toute la soirée et pluie toute la nuit, une poignée de Belges et des alpinistes espagnols allant au Balaïtous nous rejoignent, certains en pleine nuit.
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Jour 34, 18 juillet, parking de la Sara - Candanchu.
Le raccourci du bar est franchement sauvage, il nous avait prévenu ! Au bout d'une heure nous débouchons dans le milieu de la vallée du Ministrio sur les traces de René94. L'herbe est trempée mais ponctuée de chardons bleus : c'est très beau. Nous nous trompons de col à la sortie mais finissons par rattraper une piste qui file vers le Portalet. En face, un énorme orage vient à notre rencontre... Nous arriverons trempés à la "venta", c'est très laid mais sociologiquement intéressant. On se pose à un bar devant un crème et après quelques interrogations sur la suite de notre journée, comme l'averse cesse, nous préférons poursuivre vers Candanchu. Le ciel, tout en restant menaçant, laisse passer des éclaircies.
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On file à vue via le col de Pouer puis sur la crête qui continue sur le Pic de la Raca en évitant Astun. La descente sur Candanchu se fait en ligne droite en évitant soigneusement un joli sentier en zigzags qui aurait été plus confortable... La station est quasi déserte mais fournit une bonne étape.

Jour 35, 19 juillet, Candanchu - rio Aragon.
Nous démarrons tard, d'abord à travers les pistes de ski puis dans d'agréables sous-bois. Nous remontons jusqu'au lac d'Estaens puis passons le col pour descendre dans une large et belle vallée de pâtures, c'est aussi une zone de mégalithes. Nous poserons le bivouac près de l'ancien refuge de la Mina.

Jour 36, 20 juillet, rio Aragon - Fontaine Mascaru.
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Départ sous une chaleur accablante, une tortue nous double dans la montée vers le lac Acherito, nous ne passons la crête frontière qu'en milieu d'aprem. Belle descente sur les cabanes d'Ansabère. Nous poussons jusqu'à Pédain, mais pour bivouaquer nous revenons en arrière, vers la source.

Jour 37, 21 juillet, Fontaine Mascaru - Belagua.
Départ matinal, on repasse voir la bergère de Pédain qui est à la traite. La montée à la Table des Trois Rois se fait directement, en frontal, c'est très dur, il aurait mieux valu passer par le col Escouete à gauche puis suivre la crête. Le dernier "grand" sommet de notre traversée est tout plat. La descente se fait par une ligne ténue de cairns, dans un dédale de lapiazs, jusqu'au col d'Anaye ; mieux vaut ne pas se faire piéger ici par le brouillard !
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Justement au col le ciel se charge fortement puis finit par craquer, l'averses ne dure guère mais la lourdeur humide nous accompagne jusqu'à Belagua. Le sentier est superbe, on se croirait à plusieurs reprises sur le Vercors. Des bergers rencontrés nous invitent à passer la nuit dans une de leur cabane, ils prédisent une tempête. Ils nous informent qu'un abri est laissé ouvert au niveau de l'ancien refuge (pas vérifié). Il y a une source à 500m de l'ancien refuge sur la route qui mène à Arette la Pierre Martin et une fontaine sur le GR au-dessus de l'ancienne caserne abandonnée (totalement délabrée à l'intérieur). Effectivement c'est une petite tempête qui rugit toute la nuit, l'eau entre même par la porte de la cabane...

Jour 38, 22 juillet, Belagua - Chalets d'Iraty.
Nous partons sous un ciel gris et dans des nappes de brouillard. La journée se passe entre menaces d'averses et rares éclaircies, le Pays Basque semble ne pas vouloir se montrer ! Deux espagnols croisés dans la brume nous disent que l'on peut contourner le Pic d'Ori via le GR12 qui passe sur son flanc sud, c'est ce que nous ferons avant de le quitter et de rejoindre à la boussole la crête de Millagate jusqu'aux Chalets d'Iraty où l'on arrive dans une ambiance humide. L'arrière de l'office de tourisme nous fournira un bon abri.

Jour 39, 23 juillet, Chalets d'Iraty - Egurguy.
Matin toujours bien humide, on rejoint le col Sourzay puis le voile de brume se déchire sur les pentes de l'Okabe. On passe voir les cromlechs puis à partir du sommet, nous coupons pour rejoindre la crête d'Urkulu où passe le GR12 et bivouaquer le long du ruisseau d'Egurguy.

Jour 40, 24 juillet, Egurguy - Burgete.
Ce matin le brouillard est comme une lame entre 1000 et 1200m, puis le soleil gagne le côté espagnol. Crêtes herbeuses jusqu'au Chemin de Compostelle puis c'est l'autoroute avec ses poids lourds, un poteau avec le numéro des urgences tous les 50m, un poteau tous les mètres aux carrefours, relais radios aux cols, abri d'urgence, sacs pour les poubelles, plaques commémoratives pour ceux qui sont morts en chemin... Quelle ambiance !
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Nous arrivons à Ronceveaux avant tout le monde, c'est étrangement calme, comme il n'y a pas de ravito on poursuit jusqu'à Burgete où l'on s'offre un resto : il est 15h30, rien d'anormal en Espagne.De toute façon l'épicerie ne réouvre pas avant 16h00. Les crêtes se chargent de nuages menaçants et prudemment nous les longeons par les bas via l'ancien tracé du GR11. Nous posons bivouac à une heure de Burgete, rapidement il pleut et il pleuvra toute la nuit.

Jour 41, 25 juillet, Burgete - Elizondo.
Nous rejoignons le GR11 vers Mendiaundi et poursuivons sur Sorogain (Casa Pablo) dans le brouillard et la pluie. La montée le long de l'Odia Erreka est très belle comme l'ensemble du cheminement jusqu'à Elizondo. Ici c'est la fête et nous en profiterons jusqu'à minuit avant de succomber de fatigue.

Jour 42, 26 juillet, Elizondo - contreforts de la Rhune.
Après un petit déjeuner en compagnie des derniers fêtards, nous repartons via le GR11 et vers midi nous apercevons l'Océan, il semble si proche que l'on pense y être pour le début de nuit. A un carrefour nous croisons un couple parti le même jour que nous sur la HRP version Transpyr et après quelques péripéties ils terminent ; 40 jours à cheminer de concert sans se croiser ! Nous passons Lizarietta, puis Lizuniaga avant de nous perdre sur les pentes sud de la Rhune. Vers 20h nous tombons par hasard sur une superbe cabane de chasse ouverte à tous et avec eau courante. Nous n'irons pas plus loin car il se met à pleuvoir.

Jour 43, 27 juillet, contreforts de la Rhune - Hendaye.
Le dernier jour est bien gris, la "venta" d'Ibardin se réveille sous la pluie, rapidement nous croisons les randonneurs partis la veille d'Hendaye et ayant bivouaqués sous la pluie. A l'arrivée à Hendaye nous faisons l'erreur de rejoindre la ville plutôt que la plage et voulant terminer au Cap Higuer nous serons aspirés par Irun puis Hondarribia et finirons par abdiquer en prenant la fuite... par le premier train.
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#2 06-08-2015 19:39:57

florencia
Membre
Lieu : 71
Inscription : 11-11-2011

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Salut abimael,

Tout lu d’une traite big_smile

Bel itinéraire en tout cas, rien de tel que de le dessiner soi-même wink

C’est clair que vous avez dû en prendre plein les mirettes, pour une première découverte du massif Pyrénéen en plus, et avec un mois de quasi beau temps ! Même si la fin a été plus électrique, comme tu dis.

J’adore les illustrations par dessins et aquarelles,  cela donne du charme et un style très personnel à ce retour. J'aurais aimé qu'il y en ait encore plus cool.

Flo


Réalisations DIY
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"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.

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#3 06-08-2015 19:48:50

bielsa
Membre
Inscription : 18-05-2011

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

comment ça vous ne venez pas d'une région montagneuse et les monedieres alors! big_smile
ooucou a tous les deux
super d'avoir de vos nouvelles et merci pour ce retour qui fait rêver,j'adore les dessins.


primum non nocere

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#4 06-08-2015 20:14:34

GLaG
Membre
Lieu : grenoble
Inscription : 28-06-2005
Site Web

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Très intéressant à lire avec les croquis bien originaux et qui changent des photos !

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#5 06-08-2015 20:27:26

scal
pense profond, pense spéléo !
Inscription : 12-09-2005
Site Web

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Oui un retour très sympa ! Comme les vignettes ne rendent pas assez
à ce beau travail, je me permets de mettre ces deux là un peu plus en évidence, merci smile smile
33_cretes1_06-08-15.jpg
33_nuages_06-08-15.jpg


" L'homme on a dit qu'il était fait de cellules et de sang. Mais en réalité, il est
comme un feuillage. Il faut que le vent passe pour que ça chante " Giono

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#6 06-08-2015 21:00:58

Myrtille88
Membre
Lieu : Provence
Inscription : 30-09-2009

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

J'ai beaucoup aimé aussi votre retour.
Vous avez pu mener votre matériel à son terme, une bonne chose, au moins on ne le change pas pour rien wink

Je pensais que l'échelle des Sarradets était à faire dans le sens de la montée?

Vous aviez un matériel d'aquarelle et faisiez les dessins au fur et à mesure? En tout cas je suis fan.

Merci pour le travail et le partage
Myrtille

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#7 06-08-2015 21:34:48

martie
Membre
Inscription : 04-03-2011

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Sympa ce retour avec les dessins
merci

martie

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#8 06-08-2015 22:08:59

Abimael
Membre
Inscription : 28-02-2005

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Salut Bielsa, oui il fallait que nous fassions la tour du mont Bessou plusieurs fois en preparation ! smile

Les Sarradets peuvent se faire dans les deux sens sans probleme mais il vaut mieux que se soit sec !

Nous avions un petit materiel d'aquarelle : un pinceau, huit couleurs dans une boite de rustines et un feutre fin resistant a l'eau. Les dessins / aquarelles etaient faits au fur et a mesure.

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#9 07-08-2015 06:26:51

patou
Membre
Inscription : 11-05-2014

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Wouaw !  cool


Mul part ailleurs

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#10 08-08-2015 10:51:23

Myrtille88
Membre
Lieu : Provence
Inscription : 30-09-2009

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Je me permets, comme Scal, d'apporter une petite contribution pour la mise en valeur de ces belles illustrations

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3889_33_biv_06-08-15_08-08-15.jpg

smile

Myrtille

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#11 11-08-2015 14:47:55

René94
Membre
Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
Inscription : 30-12-2009

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Merci pour le partage du récit et de vos belles aquarelles smile

Abimael a écrit :

Après plus de trois heures d'efforts, nous échouons dans la vallée de l'Artigue au pied du port où l'on pose bivouac dés 16h. Pendant deux heures nous suivons du regard deux couples d'Espagnols faisant à grande peine le trajet en sens inverse. Nous donnons à cette Porta del Cel le surnom de "GR de la Mort".

Ce surnom lui va bien car cette partie de la Porta del Cel (du Port de l'Artigue au Pinet ) est un itinéraire sauvage qui est dangereux par mauvais temps.


Abimael a écrit :

...
A la Hourquette de Chermentas, un joli col nous tend les bras au loin, couronné d'un petit névé. Nous faisons même une course finale pour y arriver. On bascule de l'autre côté s'en prêter attention aux panneaux jaunes... Au bout d'un moment le brouillard nous avale... On sort la boussole et le verdict est rapide : mauvaise vallée vu l'orientation, et qui plus est hors carte ! On suit quelques sentes avant de finir... aux granges de Campbeil où l'on improvise un bivouac toujours dans le brouillard. Nous avons cru passer Héas, c'était le port de Campbeil.

Un vieux souvenir pour moi : au début des années 80, j'avais fait la même erreur. Arrivés à Gèdre, il avait été très difficile de convaincre madame de remonter dans la montagne...


"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi

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#12 11-08-2015 15:23:49

Caroline73
Membre
Lieu : Savoie
Inscription : 06-12-2012

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Whaaa... j'adore ce compte rendu avec ces dessins! C'est trop beau!

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#13 27-09-2015 16:10:12

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Coucou Abimael !  smile

Et merci pour ce récit, j'aime bien tes dessins, c'est original et très beau. cool

Ce n'était pas vraiment prévu mais j'ai remis le couvert et c'était plutôt marrant de suivre les traces d'un mec qui suivait les miennes ! big_smile

@+ smile


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

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#14 10-10-2015 18:45:14

yplusx
Banni(e)
Lieu : Hautes Alpes
Inscription : 20-07-2014

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Bravo à vous et paix sur terre  wink

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#15 11-10-2015 00:24:27

claudius
Membre
Inscription : 02-02-2009

Re : Retour sur une HRP Est-Ouest Juin Juillet 2015

Bravo pour les dessins;très original.

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