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#1 03-03-2016 16:41:36

jeanjacques
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[Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

4572_islande_preisentation_2_03-03-16.jpg

Récit actualisé avec photos

Dernière modification par jeanjacques (03-03-2016 23:11:55)

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#2 03-03-2016 16:44:47

jeanjacques
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Le projet:

Après avoir traversé cette île du nord au sud à ski, après avoir éprouvé la solitude de ses déserts blancs et ressenti le manque de couleur que peut offrir ce pays, je voulais le découvrir à pied, sur une des plus grandes longueurs possibles. N'ayant pas le choix de mes disponibilités, ce sera un départ en automne (octobre). Je ne trouve pas de retour sur des marches en cette saison, certains parlent de tempêtes qui se lèvent dans l'atlantique, d'autres disent que le niveau des rivières pourraient être plus bas du fait du froid et de la fonte de neige limitée, bon point pour les traversées à gué. L'inconnue, la possibilité du défi et d'un angle de vue nouveau.

Le trajet:

L'axe ouest-est s'impose mais hormis cela c'est le grand flou. La traversée d'Olivier m'est connue et apparait comme une classique attrayante. Mais je n'ai pas oublié la leçon du PCT: trop peu de plaisir à suivre un chemin tracé. Il me fallait donc créer le mien, avec un maximum de hors sentier. Et accepter que, cette fois, je ne pourrais aller tout droit, qu'il faudrait travailler la cartographie, repérer les rivières à problème, les passages périlleux, les échappatoires possibles, etc.

Je n'aime pas quand les départs s'éternisent et essaye toujours de partir au plus proche de l'aéroport. Celui de Reykjavik est à l'extrémité sud-ouest, bon début. Ensuite, ligne droite dans l'axe de l'île, puis un petit aménagement pour éviter les glaciers et passer sous le Hofsjokull, le dessus semblant rempli de rivière:

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Vendu, reste donc à trouver par où passer. Fred, avec qui j'ai parcouru les Pyrénées, a déjà traversé deux fois l'ile (ici, et ici), il sera d'une aide précieuse, Olivier également ainsi que Bigfoot et son blog. Fred à l'idée ingénieuse de partir un peu plus au nord, au fond du fjord de Hvalfjordur, afin d'être directement en hors sentier sans même avoir une piste à suivre. La création de la suite sera dictée par les rivières, obstacles majeurs pouvant être infranchissables sur plusieurs dizaines de kilomètres.

L'itinéraire grossier du dessus me confronte à trois bras d'eau parmi les plus importants d'Islande, la Hvita, la Thjorsa et la Jokulsa a Fjollum:

-La Hvita est une frontière partageant le bas de l'ile dans un axe nord-sud et le premier pont se situe après Gulfoss, bien trop bas pour conserver mon itinéraire. Des recherche m'apprennent qu'il existe une petite passerelle pile sur ma trajectoire sur un de ses affluents, la Sanda, ensuite un pont est clairement visible (piste F35) sur son plus gros affluent venant du lac Hvitarvatn. Il ne resterait plus que son second affluent principal à traverser, la Jokulkvisl. Mais aucun pont à l'horizon. La règle de Google satellite donne une largeur de 35 à 50m avec certains goulets à 25m. J'ai le sentiment que ça doit pouvoir passer, je verrai bien sur place.

-La Thjorsa est le monstre le plus long de l'ile, une nouvelle fois, le premier pont est bien trop loin. C'est elle qui a forcé Skurka à ce hideux détour. L'idée est de la passer le plus en amont possible, pour fractionner la difficulté entre les affluents, quitte à monter sur la langue glacière Mulajokull émanant du glacier Hofsjokull. Je sais que deux personnes ont réussi à passer, le premier est l'allemand Dieter Graser et Bigfoot qui a suivi ses pas. Les deux ont eu des difficultés dans les environs et la phrase de Bigfoot me trottera dans la tête tout le long de la préparation et tous les jours précédents cette rivière: "Je suis exactement sur les pas de Dieter, point où, si ma traduction de l'allemand est correcte, il a failli aller sucer les yeux des petits poissons un peu plus loin." Le demi-tour à cet endroit de l'équipe de Carnet d'Aventures ne me rassure pas non plus.

-Pour la Jokulsa a Fjollum, un pont de la route 1 la traverse et coïncide avec mon itinéraire, pas de difficulté.

A ces points de passage obligés je rajoute la traversée du Vonarskard. Sa beauté tant vantée, son altitude, sa position au centre de l'ile, ses sables mouvants et ses sources chaudes ont trop travaillé mon imaginaire pour que je n'y passe pas.

Le trajet final parcouru, proche de celui prévu avec un petit allongement sur la fin:

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Dernière modification par jeanjacques (03-03-2016 22:12:37)

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#3 03-03-2016 16:55:28

jeanjacques
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Récit:


-- L'insertion de photo sur le forum étant chronophage au possible, seules deux photos par jour seront ajoutées ici --


J0: Départ de Paris vers 13h, arrivée à 15h heure locale. Mon sac a été rempli à la va vite, je déballe tout dans l’aéroport, vérifier qu’il ne manque rien, faire un chargement confortablement pour supporter les 10kg de nourriture. Un type m’accoste et me tend une cartouche de gaz neuve grand modèle: il repart et n’en a plus besoin, improbable. En trouver une était sur la liste des galères à venir. Un tour au kiosque, ils disposent de toutes les cartes dont j’ai besoin, inespéré.

Les bus ne vont qu’au centre-ville, de là, trouver le bon terminal de bus, c’est finalement celui proche de la jetée, je dois encore en enchainer deux avant de rejoindre Melahverfi, rien de plus proche de mon départ à pied, je devrai marcher ou faire du stop. Le second bus n’est pas là à l’horaire indiqué, il est tard, bureau fermé, je suis en banlieue, aucune idée de où, la nuit tombe, il pleut et le vent me rappelle à chaque instant que je suis bien en Islande. Je m’apprête à dormir en vrac là. Je hais les mauvais départs.
Un bus se pointe, direction Akranes, pas pire, toujours privilégier le mouvement. Ville inconnue, pas de carte, direction la station service puis le camping indiqué plus loin.


J1: Réveil en bord de mer, étonnant, la plage à 10m, ces montagnes caractéristiques en toile de fond. Bien, plus qu’à rejoindre le fond du fjord Hvalfjordur, marcher sur ses bords et espérer apercevoir le souffle d’une baleine, fréquente ici. Pouce levé, le problème n’est pas l’hospitalité de l’islandais mais la fréquence de ses passages… J’ai délaissé la carto de ce début, toujours l’espoir de la ligne droite, tracé sauvage. C’est finalement un chemin marqué qui se cache au fond du fjord, il mène aux chutes de Glymur. Une rivière ? Surtout des failles béantes qui tailladent la montagne Hvalfell, d’ici à l’horizon, impressionnant, contempler le désastre tectonique et, carte en main, trouver une solution.

Le sud me confronte à une autre rivière, au nord, un plateau semble se dessiner, mais chose absolument aberrante en Islande, je suis dans une forêt.. Quitte à les raser toutes, ils auraient pu faire ça bien. Ces bouleaux rabougris sont inextricables. Je finis par trouver une sente qui se faufile sous les arbres, elle grimpe, je rampe. Heureusement la ligne des arbres est proportionnelle à ces derniers. Je domine les chutes et commence à longer la rivière à l’ouest. S’ouvre devant moi les plaines touffues parsemées de mamelons, sourire aux lèvres, ça y est tu y es, bienvenu en Islande.

Je découvre les subtilités de ce terrain, le sol à étages que l’on traverse à chaque pas, herbes, plantes, mousses puis la flotte au fond… Le terme spongieux prend un nouveau sens, très concret. La végétation fluorescente, les cailloux flottants, les cours d’eau par centaines obligeant à une lecture du terrain constante. Quelques mètres d’altitude de plus et le désert de cailloux commence. Au loin, l’objectif, mon point de mire, le Skjaldbreidur, 1060m de pyramide flasque s’étalant en courbe de niveau parfaite. La joie du hors sentier, une direction, un bonhomme et la course du soleil comme seule limite. Découverte des champs de lave et des étendues de sable cendré. Terrain aussi exigeant, fatiguant qu’époustouflant. Une rivière à passer pieds nus limite la montée de l’euphorie. J’atteins l’objectif à la tombée de la nuit, impossible de s’arrêter avant la fin du coucher de soleil.

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J2: Fait vraiment gris, le jour s’est il levé ? La montre confirme. Départ. Les rivières se sont arrêtées brutalement, pas pris suffisamment d’eau. Puis le sac est trop lourd, pas envie de porter plus, marre de transbahuter toujours autant de nourriture. Je rejoins la piste F338 pour 10 kilomètres puis hors sentier vers le lac Hagavatn. Il pleut, beaucoup, trop. Mon pantalon imperméable perce en 3 minutes, insensé, l’eau imprègne mon collant et je la sens remonter sur ma taille, gagnant le tee-shirt à mesure que les heures passent. Une cabane spartiate non indiquée (j’ai pris soin de les rentrer toutes dans mon GPS) m’offre un quart d’heure de répit, je ne peux me permettre plus, l’activité étant à ce moment mon seul remède contre le froid.

La végétation donne dans le fluo, l’appareil photo est à la peine pour le restituer. Il écrase aussi la plaine qui s’étend en face de mon promontoire, le brillant des lacs et rivières n’apparait plus, instant de beauté égoïste. Le glacier Vestari-Hagafellsjokull, sillonné de crevasses, borde l’horizon à ma gauche. La prochaine traversée islandaise sera sur ces trois géants, projet utile pour s’occuper l’esprit.

J’ai les coordonnées de la passerelle sur la Sanda, tracer tout droit au GPS. Rivière mouvementée, elle aurait été peu commode à passer à gué. Faire le plein d’eau, 30km avec 0,5L, assoiffé mais trempé, étrange. Normalement se cache pas loin un refuge, une montagne à contourner, les cabanes sont toujours trop loin quand on les désire autant. Ce petit moment d’incertitude, la main posée sur la clenche. Ouvert. J’ai froid, je dégouline, une cheminée mais pas de bois. Enlever tout, essorer, étendre, fouiller la cabane: une boite de conserve polonaise, 2014, drôle d’aspect mais il y a un radis sur l’étiquette, rassuré, c’est bien de la nourriture humaine, pas mauvaise.

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J3: Temps maussade: nuage bas, bruine. Départ avec le tapis de sol enroulé autour des jambes, limiter la casse. 2km de piste puis cap à la boussole à travers la plaine. Dans un coin du tunnel de la capuche défile les crêtes sombres. Plusieurs fois je tourne la tête et les observe, les garder à l’oeil, elles sont oppressantes. Serait-ce le ciel trop proche de la terre ? Impression d’hostile peu familière.

Les lichens, les herbes et les plantes dérobent mes pensées, d’entre les cailloux grisâtres émergent des formes et des couleurs invraisemblables. L’automne ? Sans doute. Chaque touffe retient mon attention, fascinant. La plaine ondule, les faces ternes alternent avec des pans entiers de végétation rase.

Je mets du temps à identifier le Blafell, son sommet, englouti par les nuages, n’apparaitra jamais. Je rejoins son pied et y trouve la piste F35, un de ses ponts m’est précieux, il se fait attendre. Après lui, ce sera l’inconnu, la traversée de la Jokulkvisl, j’y ai pensé toute la journée, sa couleur, sa largeur, son courant, ses berges. Point de non retour. L’excitation s’est mêlée a l’appréhension, un des meilleurs sentiments.

Le pont enfin passé, je dois remonter un peu vers le nord, l’idée est d’attendre avant de traverser la Jokulkvisl, de s’éloigner de sa jonction avec Hvita, histoire qu’en cas de loupé, je ne finisse pas dans la Hvita à profiter de son débit et de ses chutes..

Mais je ne tiens pas longtemps et la rejoint rapidement, elle apparait, large comme attendu. Eau sombre, du jus. Je pars en quête d’un endroit propice vers l’amont. Des bancs de gravier la coupent bientôt en 4 bras presque égaux. Le suspens devient lourd et doit cesser. De la pointe d’un bâton, j’arrive à toucher le fond: génial, sur les 50m de traversée, j’ai au moins 1m où j’ai pied. Complètement rassuré, nu comme un ver, toutes les affaires rangées dans le sac étanche et les chaussettes Néoprène aux pieds, j’entame. Face au courant, buste en avant sur les deux bâtons, déplacement en crabe, jambes légèrement fléchies, toujours trois points au sol, l’eau dépasse mi cuisse, la vaguelette refroidie l’entre jambe, c’est le signal, faut pas que ça monte plus. Premier bras terminé, reste 3. Le froid est saisissant mais l’adrénaline compense. Le deuxième bras est du même acabit, rester humble. Les deux suivants passent mieux. Fini. Jambes et pieds gelés en perte sévère de sensation. Je me rhabille en vitesse et pars aussi sec (façon de parler).

La pluie commence à tomber. Sensation extraordinaire: aucune idée de la suite. Seul, vraiment seul, à pas mal de kilomètres à la ronde et pendant un bon bout de temps. Devant moi s’étale le Thjorsarver, « une des plus grandes zones marécageuse d’Islande » « héberge le plus grand rassemblement d’oies à bec court de la planète », ça aurait été bien de le savoir avant d’être dedans jusqu’aux genoux… Un bon gros marais plein de ruisseaux, de mares et de mottes d’herbe. Les grosses supportent mon poids, les moyennes s’effondrent plus ou moins doucement, les petites sont flottantes et me permette de juger de la profondeur d’eau.

Le soleil décline, envie de dormir, la berge et la terre ferme encore bien loin. Au hasard de mes détours entre les flaques, je tombe sur un ilot de cailloux, bivouac ! Juste, en face, le massif du Kerlingarfjoll, objectif du lendemain.

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J4: Départ plein NE à la boussole, au soleil, tout va bien, je vois exactement où je dois aller, le marais est gelé, c’est du gâteau, passer une petite colline parsemée de canyons à enjamber successivement, pas de soucis, conserver une ligne à peu près droite, un sommet enneigé pointu en point de mire. Et vlan, sorti de nulle part, juste en haut d’une petite côte, une gigantesque faille, la rivière au fond ne se voit même pas. Flancs abrupts, inimaginables à franchir. Perpendiculaire à ma route, elle se poursuit des deux cotés sans amélioration visible. Son origine doit être proche du massif et les rencontres précédentes m’ont montré qu’elles s’amenuisent en amont. Je la remonte donc et bute rapidement sur une autre faille perpendiculaire à la première, de moindre importance, le détour vers son amont est limité, quand ses bords présentes une pente plus raisonnable, je passe, belle montée et descente.

Retour à la grosse, progressivement, le fond et la rivière deviennent visibles. Le GPS m’apprend qu’un chemin existe un peu plus au nord, point de passage de la faille ?. Après environ 3km à la longer, c’est un entrelacs de brèches béantes qui m’arrête. Un vrai dédale, la plupart ont un névé dans le fond, d’autres une rivière. Les parois verticales sont érodées sur le haut, il est possible de s’approcher pour chercher un passage mais la tenue de l’ensemble n’inspire pas confiance. J’enchaine les ramasses et les remontés sur cette terre mêlée de roche friable jusqu’à trouver le chemin: invisible au sol, il est pourtant balisé par de petits piquets de bois espacés d’une centaine de mètre. Le passage de la faille se fait maintenant sans difficulté, seule la rivière de taille moyenne me contraint à passer pieds nus.

Le balisage succinct semble se poursuivre dans la direction souhaitée: vers le refuge de Setur. Son cheminement gagne en altitude et m’amène au milieu des montagnes de la périphérie du Kerlingarfjoll: reliquat de neiges éparses, blanc parfait, ciel bleu, soleil à l’horizon, lichen verdâtre, terre brune, ocre et rocher gris. Le temps d’une pause, adossé à un rocher solitaire, je suis euphorique.

Au loin, la langue glacière Mulajokull apparait. La cabane de Nautalda est juste avant, j’aurais aimé l’atteindre ce soir mais la distance me parait faramineuse. Je ferai le point à Setur. Le chemin ne semble pas y aller et tourne trop à mon gout, je le quitte et prends un cap au plus direct. Quelques rivières à passer, la flemme me fait, au début, progresser en saut en longueur puis cela devient vite du grand n’importe quoi: la pierre seule au milieu du lit pour faire un relais entre deux bonds rapides, le saut avec arrivée dans la rivière mais en ayant calculé que la rapidité d’entrée et de sortie empêcherait l’eau de rentrer, le saut à la perche (avec élan) avec les deux bâtons, etc. Bref, l’envie d’arriver au plus vite qui fait faire des conneries.

Je note 5 km à vol d’oiseau entre Setur et Nautalda et me fixe 17h30 comme heure maximum d’arrivée à Setur, si ça dépasse, j’abandonne l’idée de rejoindre Nautalda. Pied sur la terrasse du refuge à 17h29, quelle idée à la con ces horaires, c’est vraiment limite pour repartir, la nuit va tomber et je sais grâce aux récits que la zone qui arrive est délicate, beaucoup de rivières. Pause, manger, carto, GPS, il n’y a pas 5 km mais 10 km à vol d’oiseau à faire… Mais je dois absolument être demain matin de bonne heure devant la Thjorsa afin qu’elle soit au minimum de son flux. Manger encore, il n’y aura plus de pause après, résigné, départ à 18h.

Fatigué, endolori, passage en mode automatique, un seul objectif, plus rien à réfléchir, juste aller tout droit, le cocktail chimique de fin de journée est en cours de diffusion, enivrant, le soleil décline, les ombres s’allongent encore, chaque pierre se retrouve affligée d’une queue de plusieurs mètres. Apparait à ma gauche le Blautukvislarjokull, je suis dans sa plaine glacière striée de rivières massives. Je poursuis au clair de lune, magique. Les sommets au loin teintés de blanc ressortent de la ligne d’horizon et me servent à maintenir un cap rectiligne.

Enième rivière, non marquée sur la carte ni sur le GPS, c’est pourtant celle qui a le plus de jus, ça devait être fini ! Elle réussi à entamer sévèrement mon moral, tout s’effondre, j’en ai marre. Enlever les pompes, les chaussettes, traverser de nuit, à la frontale, se sécher, renfiler le tout, repartir, monotone. Je vois qu’elle se dirige également vers la cabane, j’ai peur de l’avoir traversé pour rien et de devoir la repasser dans 100 mètres, merde. Rien sur le GPS. Les rochers disparaissent et laisse place à du sable noir, au loin, la lune fait briller une myriade de point d’eau, un marécage immense. Une nouvelle fois, rien de tel sur la carte du GPS ou sur la carte papier. Là c’est le bordel. Le sable noir est spongieux, il scintille quand je mets mon poids dessus. Des ruisseaux serpentent, alimentant des étendues d’eau dont je ne parviens pas à estimer la profondeur. Je crains les sables mouvants. De la végétation et des roches plus épaisses donnent des secondes de répit entre ces flaques de sable. Je passe en force, il faut que ça se termine, je finis par atteindre une proéminence, la cabane doit être juste de l’autre coté. En haut, je me retourne, vue plongeante , que c’est beau. Je descends en alternant balayement à la frontale et recherche frénétique de la bonne direction au GPS. Elle est là, bien plus pourrie que prévu mais cela n’a plus d’importance, j’y suis, 21h passé, maintenant: manger, dormir.

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Dernière modification par jeanjacques (03-03-2016 23:33:23)

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#4 03-03-2016 18:03:20

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

La suite, la suite !


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#5 03-03-2016 20:34:26

Rouquemoute
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

vivement le récit
et les photos smile

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#6 03-03-2016 20:49:02

oli_v_ier
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Enfin big_smile !

jeanjacques a écrit :

La traversée d'Olivier m'est connue et apparait comme une classique attrayante. Mais je n'ai pas oublié la leçon du PCT : trop peu de plaisir à suivre un chemin tracé.

Arg lol .
"Classique" !?? A ma connaissance après moi une seule personne a parcouru cet itinéraire.
"Chemin tracé" !?? Ce n'est pas un chemin (quasi que du hors sentier) et ça n'a absolument rien à voir avec le PCT.

Menfin je suppose que tu voulais juste tout simplement dire que tu recherchais un itinéraire 100% original wink .


La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.

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#7 03-03-2016 21:50:32

grigribonz
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Grigribonz , le retour tongue
Bonjour à ceux que je connais et une très belle année. espérant partir cet été, j'attends la suite avec impatience. Merci pour ce partage. As-tu publié quelque part la liste des tes compagnons de route, affaires perso?

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#8 03-03-2016 22:03:33

jeanjacques
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Lieu : Agen
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

oli_v_ier a écrit :

Arg lol .
"Classique" !?? A ma connaissance après moi une seule personne a parcouru cet itinéraire.
"Chemin tracé" !?? Ce n'est pas un chemin (quasi que du hors sentier) et ça n'a absolument rien à voir avec le PCT.
Menfin je suppose que tu voulais juste tout simplement dire que tu recherchais un itinéraire 100% original wink .

Pas plus de gens ?! Mince, je croyais que tu avais fait plus d'émule ! Il n'y a pas quelqu'un qui est passé très proche et qui a publié une trace GPS ? Puis quelqu'un d'autre qui l'a suivi ? J'avais ce souvenir.
Et oui oui, absolument incomparable avec le PCT, mais je connais ton cheminement, même si tu as posté peu de photo, j'en ai la majorité en tête, bref, je voulais faire mon propre truc wink

grigribonz a écrit :

As-tu publié quelque part la liste des tes compagnons de route, affaires perso?

J'étais seul smile La liste arrive un peu plus tard, là je finis les premiers jours et je vais ensuite poster par groupe de 4 ou 5 journées.

Edit: J0 à J4 ajouté.

Dernière modification par jeanjacques (03-03-2016 23:33:47)

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#9 04-03-2016 09:32:21

eraz
multimedia
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Kikoo jeanjacques wink

Merci pour ce début de retour wink.

Tu indiques automne pour la saison, mais à quelles dates? (je suppose en début d'automne vu les journées encore longues).

eraz

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#10 04-03-2016 10:06:36

jeanjacques
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Lieu : Agen
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Fin septembre (28 de mémoire) à mi-octobre. La longueur des journées était limite pour marcher beaucoup, j'ai très souvent fini à la frontale, pas super agréable pour trouver le lieu de bivouac dans ces terrains accidentés.

Dernière modification par jeanjacques (04-03-2016 10:08:11)

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#11 07-03-2016 22:21:31

ice
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

La Suite !! La Suite !!

tongue

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#12 08-03-2016 19:03:06

yéyé
Membre
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Fantastique, super engagement, j'ai hâte de lire la suite!
Merci d'avoir pris le temps de faire un retour JJ  smile

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#13 08-03-2016 21:42:31

JJondalar
Membre
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

jeanjacques a écrit :

Pas plus de gens ?! Mince, je croyais que tu avais fait plus d'émule ! Il n'y a pas quelqu'un qui est passé très proche et qui a publié une trace GPS ? Puis quelqu'un d'autre qui l'a suivi ? J'avais ce souvenir.

Ça fait trois personnes pour plusieurs milliers de km²  wink
Je me suis régalé sur ton site. Premières impressions : beaucoup de ciel bleu, des nuances de verts et d'ocres splendides. C'est bizarre j'imaginais fin septembre avec beaucoup plus de neige.
J'attends la suite avec impatience.


La mésange à tête noire et la sittelle sont d'une compagnie bien plus vivifiante que celle des hommes d'État ou des philosophes; au retour on va considérer ces derniers comme de bien piètres compagnons."
H.D.Thoreau, Une promenade en hiver.

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#14 09-03-2016 02:08:40

oli_v_ier
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

J'aime bien le style "brut de pomme" et dans l'action smile . Vivement la suite.

jeanjacques a écrit :

Pas plus de gens ?! Mince, je croyais que tu avais fait plus d'émule ! Il n'y a pas quelqu'un qui est passé très proche et qui a publié une trace GPS ? Puis quelqu'un d'autre qui l'a suivi ? J'avais ce souvenir.

Tout ce dont je me souviens c'est deux mecs qui avaient posté ici un récit où ils expliquaient avoir abandonné assez rapidement + un mail que j'ai reçu en sept 2012 : un certain Luc R. qui me remerciait en m'envoyant une photo d'un mot que j'avais laissé sur le carnet d'une cabane bien paumée au nord du Langjökull et une copie de son récit.
Rien d'autre.


La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
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#15 09-03-2016 17:52:19

Nebue
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

jeanjacques a écrit :

[...] faire un chargement confortablement pour supporter les 10kg de nourriture.

Salut jeanjacques ! N'as-tu pas souhaité emporter de plats lyophilisés ? Pourquoi ?

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#16 09-03-2016 18:08:32

Magic Manu
Magicien itinérant
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Nebue a écrit :
jeanjacques a écrit :

[...] faire un chargement confortablement pour supporter les 10kg de nourriture.

Salut jeanjacques ! N'as-tu pas souhaité emporter de plats lyophilisés ? Pourquoi ?

Question abordée à de maintes fois. JJ, comme beaucoup de gens ici, ne trouve pas beaucoup d'intérêt aux lyo: chers, pas super bons, longs à réhydrater, et ont donc développé d'autres modes d'alimentation (voir le Wiki), tout aussi légers!


"Il en faut peu pour être heureux" (Baloo, le Livre de la Jungle)
Le kilt? La meilleure façon d’être en « burnes out »!
Trombi

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#17 09-03-2016 21:41:25

oli_v_ier
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Magic Manu a écrit :

Question abordée à de maintes fois. JJ, comme beaucoup de gens ici, ne trouve pas beaucoup d'intérêt aux lyo: chers, pas super bons, longs à réhydrater, et ont donc développé d'autres modes d'alimentation (voir le Wiki), tout aussi légers!

Long à réhydrater : je ne trouve pas. Mais ok avec le reste, on peut ajouter aussi "avec un rapport kcal/masse défavorable, voire très défavorable si en tenant compte du poids de l'emballage".


La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.

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#18 09-03-2016 22:35:14

Magic Manu
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Dernière traversée du Vercors (la semaine dernière). Deux lyo Fuzion pris pour goûter. Plus de 10 minutes de réhydratation, et ce n'était pas encore parfait roll !! La semoule et la purée, c'est quasi-instantané!


"Il en faut peu pour être heureux" (Baloo, le Livre de la Jungle)
Le kilt? La meilleure façon d’être en « burnes out »!
Trombi

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#19 10-03-2016 09:41:59

jeanjacques
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

JJondalar a écrit :

C'est bizarre j'imaginais fin septembre avec beaucoup plus de neige.

Effectivement, cela dépend des années, je suis passé à des endroits ou des locaux m'ont dit que l'année dernière au même endroit il y avait 1m de neige..

4572_r0001385_10-03-16.jpg

Nebue a écrit :

N'as-tu pas souhaité emporter de plats lyophilisés ? Pourquoi ?

Manu et Olivier ont déjà bien débroussaillé le problème smile Après, je suis également content d'en manger un de temps en temps, sur cette rando, j'ai croisé des coureurs sur la route (voiture suiveuse) qui étaient sponsorisés par une marque de lyo, ils en avaient bien trop et cela m'a permis d'agrémenter ma purée (un sachet ne suffit jamais à ma faim) avec un nouveau goût sympa.
En lyo, c'est le riz qui me parait pertinent, c'est cher mais j'apprécierais d'en avoir en rando.

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#20 10-03-2016 10:36:55

eraz
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Kikoo jeanjacques wink

jeanjacques a écrit :

En lyo, c'est le riz qui me parait pertinent, c'est cher mais j'apprécierais d'en avoir en rando.

J'espère que je ne suis pas trop HS (si c'est le cas je déplacerais mon message dans une section bouffe) : le riz basmati est particulièrement facile/bon/mul à préparer : 1 volume de riz pour 2 volumes d'eau + un peu de sel (économe en eau : genre 100g de riz sec + 200 ml d'eau).

Porter à ébullition puis laisser sur feu très doux pendant 11 min => si tu n'as pas de possibilité (ou d'envie) de laisser sur feu très doux par rapport à ta conso de carburant ou ton mode de cuisson, tu peux mettre ta popote une fois arrivée à forte ébullition dans sac isolant (j'utilise le sac d'emballage de mon casque d'alpi = une sorte de tyvek/tissu feutre qui est très efficace).

Au bout de 15/20 min ton riz est cuit et reste chaud. Je fais régulièrement du riz + rondelles de chorizo => très bon et super simple à mettre en oeuvre (et pendant que le riz cuit, tu peux faire autre chose, faire de l'eau, préparer un plat complémentaire, etc). Le seul inconvénient est le risque de cuisson trop forte, avec un réchaud à essence par exemple... ou un réchaud à gaz avec pas de possibilité d'avoir un débit très faible => dans ce cas il y a risque de faire attacher le riz ce qui est moins gouteux et qui est ennuyant à nettoyer ensuite...

eraz

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#21 10-03-2016 16:52:47

Nebue
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Ok, merci. J'avais eu l'impression que florencia avait bien fait envie ses lecteurs avec ses plats lyophilisés (bons et pas chers), lors de son récit... J'avais l'impression que cela permettait un bon gain en poids sur de grosses quantités.
Bref, j'attends ta liste avec impatience, elle m'intéresse !

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#22 10-03-2016 17:01:25

velox
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Les plats de Florencia sont déshydratés (maison), pas lyophilisés.

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#23 31-03-2016 21:38:03

Nebue
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

velox a écrit :

Les plats de Florencia sont déshydratés (maison), pas lyophilisés.

Le lyophilisé, c'est déshydraté, hein. Et pas forcément industriel, donc on peut adapter la recette en fonction des goûts et volonté en calories.

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#24 31-03-2016 21:53:53

jeanjacques
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Si tu as de quoi faire de la sublimation chez toi, oui tu peux faire du lyo maison, mais ça ne doit pas concerner beaucoup de monde wink
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lyophilisation

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#25 01-04-2016 21:51:57

Nebue
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Re : [Récit + liste] Traversée automnale de l'Islande 2015

Merci. Effectivement, j'ai fait ça en fablab. C'est peut-être difficilement accessible pour la vie quotidienne.
J'essaierai de penser, pour ma prochaine rando de plus de 5 jours, à aller faire des plats lyophilisés et à les tester sur le terrain.

Je reformule donc, la déshydratation ne t'a pas non plus tenté ?

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