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#76 27-05-2016 21:41:30
- ayoken
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Toujours un plaisir de suivre ce périple ;-)
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#77 28-05-2016 07:52:25
- DOM42
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- Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
- Inscription : 17-03-2009
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Merci pour ce beau récit qui nous permet de partager (un peu) ton aventure
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#78 28-05-2016 10:47:24
- kodiak
- Pas assez léger, mon fils!
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#79 28-05-2016 13:04:52
- Road Tripeur
- Plus MUL que babouche
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Salut,
J'ai regardé la vidéo que tu as faite lors de la tempête, et je m'interroge un peu.
Vu la taille disons minimaliste de ton tapis de sol et le splash effect qui a l'air d'arriver aux bord dudit tapis, tu fais comment pour sortir tes affaires dans ce genre de situation sans tout mouiller?
Je suis d'accord que là c'est un peu un cas extrême mais je pense que le problème doit se poser même avec une pluie un peu moins soutenue ou en présence de vent additionnel.
"Le tourisme c'est envoyer des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux."
L.F.C.
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#80 28-05-2016 14:59:03
- wax
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
'gnifique !!!
w.
"Life is known only by those who have found a way to be comfortable with change and the unknown. Given the nature of life there might be no security but only ... adventure"
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#81 28-05-2016 15:05:21
- bruno7864
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- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Salut road tripeur,
Le tapis de sol n'est pas si petit que ça Ses dimensions à plat sont long 230cm, larg 80 aux extrémités et 115 au centre. Je n'ai pas de problème sous la pluie, le tapis remontant sur les côtés et étant fixé à l'abri par des cordons élastiques qui permettent qu'il reste bien dessous.
Ainsi le tapis est toujours recouvert largement par l'abri ( dimensions Long 275 larg 110 aux extrémités et 190 au centre) et ne prend pas la pluie en direct. Avec cette configuration il n'est pas nécessaire de plaquer l'abri au sol (gain en surface de toile + haubans supplémentaires). Ceci dit je n'ai rien inventé et ne suis pas le seul à bivouaquer ainsi sans soucis. Je me suis tout simplement inspiré des abris Zpacks et de leurs tapis de sol.
Dernière modification par bruno7864 (28-05-2016 15:13:22)
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#82 28-05-2016 15:16:34
- Road Tripeur
- Plus MUL que babouche
- Inscription : 04-07-2014
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
En effet s'il s'évase au milieu cela laisse quand même un peu de place pour sortir le duvet et le reste, sur la vidéo il avait l'air plus petit.
"Le tourisme c'est envoyer des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux."
L.F.C.
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#83 28-05-2016 15:41:06
- domweb
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- Lieu : Marseille / Jausiers (04)
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Cette Styrie me fait bien de l'oeil , tout comme le Tyrol du sud (moins le Tyrol du nord, malgré les glaciers).
Jamais eu peur que le vent emporte ton abri, en, s'engouffrant par dessous ? Tu as quoi, comme sardines ?
Tu as vachement maigri, tu as repris un peu de gras depuis ?
Je me délecte de ton récit, en ce week end de repos.
Encore bravo et merci
Si j'avais une pensée profonde à exprimer ici, je serais déjà couché. Alors, je veille...
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#84 28-05-2016 17:32:34
- bruno7864
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- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Salut à tous,
er merci pour vos encouragements , car il faut vraiment que je termine ce réçit
@Domweb, le retour à une vie "saine" m'a fait reprendre 10kilos, les côtes sont désormais plus difficiles à monter et descendre, sauf les côtes du Rhône . Pour les sardines j'utilise de simples sardines en titane à 6g pièce, mais te dire que je n'ai jamais eu peur que l'abri se décroche est une autre affaire . Il a tenu c'est le principal ouf..
Dernière modification par bruno7864 (28-05-2016 17:34:49)
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#85 28-05-2016 18:13:26
- RaphazzZ
- Libraltitude
- Lieu : Pau Pyrénées
- Inscription : 21-03-2009
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Whaou, je vais suivre ce récit de près, merci!
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#86 19-06-2016 14:36:43
- bruno7864
- partir, partir et découvrir
- Lieu : toujours dans la Lune
- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
le journal FB
28ème jour de marche
29ème jour de marche
30ème jour de marche
31ème jour de marche
32ème jour de marche
33ème jour de marche
34ème jour de marche
35ème jour de marche
Les Grisons, Canton Suisse situé à l’extrémité est du pays. On y parle principalement Allemand, un peu Italien, mais aussi le Romanche 4ème langue officielle suisse, parlée aujourd’hui par quelques dizaines de milliers de personnes seulement. C’est le cas dans la vallée de l’Inn par laquelle j’entre en Suisse.
La Frontière Suisse n’est qu’à quelques kilomètres de Nauders, où j’ai fait une étape de repos et renouvellement de matériel avant d’entamer la Suisse. Malheureusement contrairement à hier le ciel est couvert et il pleut dès que je m’engage dans les rue de Nauders. Je franchi la frontière à Martina par un pont routier franchissant l’Inn. Est-ce la vision du poste frontière avec ses gardes en uniforme ou celle du bureau de change austère, ce passage de frontière me fait froid dans le dos, et me plonge dans une autre époque où les voisins européens se méfiaient tous les uns des autres et hérissaient des barrières entre chaque pays. Jusqu’à présent j’ai franchi des frontières marquées parfois seulement d’une borne. Là l’ambiance est différente, et malgré qu’en tant que piéton je ne sois pas inquiété et passe librement, je ne m’attarde pas et file.
Après Vna, Le temps ne se dégageant pas je décide de ne pas remonter sur les hautes montagnes environnantes pour ne rien y voir et continue à longer la vallée de l’Inn. « Piz Buin » ça sera pour une autre fois. Je profiterai de ce passage en vallée pour admirer les villages traversées qui sont tout de même splendides.
Le long de la vallée de l’Inn on trouve de grandes prairies fraichement tondues. Pas une vache à l’horizon ou le moindre herbivore. Non, ici on fauche et tond avec des machines rutilantes, car l’on fait des concours de prairies tondues. C’est tout de même beau, ce que les autorités locales sont capables d’inventer, lorsqu’elles ne savent pas quoi faire de leur budget. La haute vallée de l’Inn en est le parfait exemple. Loin de tout sans ressources particulière, elle semble pourtant vivre dans l’opulence d’un pays de cocagne. Cela me laisse interrogatif. Mais comment font-ils? Tout est refait à neuf et entretenu. Routes, maisons, chemins, rien n'ai laissé à l’abandon. Tout est prévu jusqu’au poteau à crotte pour chien en pleine campagne. Avec l’Autriche j’avais été habitué à la propreté, mais ici j’entre dans une autre dimension. Bienvenu à Disneyland.
Heureusement la Suisse ne sera pas toujours ainsi et je retrouverai plus loin des villages et des paysages à échelle humaine.
Les maisons traditionnelles sont toutes bien décorées
les prairies sont tondues jusque dans les pentes les plus raides, des concours de la plus belle prairie sont organisés entre village, ils sont fous ces Suisses
Dans ce décors sans tache, la fleur sauvage - centaurée - a tout de même sa place
parfois un banc pour faire une pause et admirer le paysage
une maison typique des de la vallée de l'Inn avec ses fenêtres rentrées dans d'énormes murs
Scuol petite ville au maisons tout aussi décorées mais avec encore plus de fantaisies
une autre maison de Scuol, aux influences totalement décalées au fin fond de la Suisse, j'adore
ça respire une douce folie comme la musique kelsmer
Une porte décorée avec sa sonnette
ici rien n'est laissé au hasard de la promenade. Une boite aux lettres pour envoyer du courrier à votre chien? non! non! un poteau crotte!! en pleine campagne
toujours des bâtisses magnifiquement décorées
à ce prix tu payes et tu t'en vas.. aille !!!
exercice de calcul : mais quel est le prix du cornet seul?
Garda village traditionnel avec ses rues pavées
Guarda village aux maison anciennes à découvrir
En admirant les trésors de ces beaux villages, je marche sans effort porté par mes rêves. Je m'arête un instant...Vienne est déjà bien loin, mais ce lieder de Brahms toujours présent
une pause déjeuné à Lavin, je n'ai pas envie de cuisiner et la grisaille commence à me peser. Le plat du jour saucisse au Ruschtie soulagera plus mon porte feuille qu'il ne me rassasiera
A Lavin, après une journée et demi de marche dans la grisaille, je récupère mon chemin initial qui descend du Piz Buin. Le retour en montagne du début d’après-midi coïncide avec le retour du beau temps. En fin de journée arrivée sur le vallon de Grialetsch. Je questionne un vieux monsieur en tenue traditionnelle (costume vert de gris, écusson chapeau) assit devant sa cabane d’estive sur la possibilité de bivouac en ces lieux. Je sens toutefois que je ne suis pas le bienvenu en ces lieux. Malgré mes efforts de parler Allemand mon gros accent étranger déplait fort à ce personnage. De façon pas très aimable, il m’indique que le camping est interdit ici, et que le refuge au-dessus est réservé aux alpinistes. Ça tombe bien je suis randonneur et il est un peu tard pour monter au refuge ce soir. Pour éviter tout soucis, j’irai donc installer mon bivouac au couché du soleil, plus haut dans le vallon, hors de vue de cet énergumène, loin du refuge et au petit jour tout sera rangé. Après une marche d’une heure j’arrive devant le refuge, d'où quelques randonneurs s'apprêtent à partir, pas plus alpinistes que moi. Et, même si ça avait été le cas, je ne vois pas le problème. Cela ne fait que me confirmer qu’il ne faut pas se laisser impressionner par des personnages peu accueillants tel celui de la veille. Pour mon plus grand bonheur ce sera le seul rencontré en Suisse.
J'ai bien fait de continuer ce chemin qui est splendide. Je peux à loisir admirer les glaciers du Piz Grialetsch puis du Piz Kesch, en remontant des vallées sauvages. Quelques randonneurs circulent sur le chemin mais ce n'est pas la foule, mais cela est notable par rapport aux journées passées à marcher seul. Je descend sur Bergen dans la fournaise du milieu d'après midi m'arrête admirer le passage du Bernina express qui pour gravir les montagnes effectue des boucles dans la vallée.
retour en montagne après Lavin. Le soleil en profite pour faire son apparition, enfin
le vallon de Grialetsch au soir . On y monte plus a vue que par un véritable sentier
au petit matin après mon bivouac, avec la lune en point de mire au dessus du Piz Grialetsch
jeux de reflets
le Piz Kesch 3418 et son glacier depuis la fuorcla da Funtauna, le tout sous un soleil de plomb
Un peu épuisé en arrivant à Bergün et au vue de la montée qui m’attend en face, je m'arrête pour la nuit. En ce début août la chaleur est de plus en plus présente et il fait chaud dès le matin. Malgré un départ matinal je suis heureux de démarrer à l’ombre chose que je n’aurais pas imaginé dans cette région de la Suisse que j’aurais cru fraiche même en plein été. Aujourd’hui je grimpe vers le pas des Orgues qui me sépare de la vallée de Savognin. Ce Pas des Orgues s’avèrera très caillouteux et très sec, pas loin de me rappeler l’ambiance les montagnes du Queyras ou du Gapencay. Cette curieuse ressemblance me plonge dans une étrange sensation partagée entre le plaisir d’y retrouver là-bas ma famille pour quelques jours à la fin du mois et angoissé par cette échéance qui se rapproche, car ce ne sera pas loin de marquer la fin de mon périple. Heureusement il me faut encore bien plus que l’équivalent d’une HRP pour y parvenir. Alors illusoirement à l’arrivée en haut, je scrute l’horizon a la recherche d’une montagne familière, puis suis soulagé à la vue de cette immensité totalement inconnue qui se déploie devant moi. Au pas des Orgues comme bien souvent on trouve une boite au pied du poteau marquant le col. Dans cette boite chacun peut déposer quelque chose, éventuellement un message sur un petit livret qui s’y trouve. Shanx qui est passé par là quelques semaines avant m’y a laissé un message. L’ignorant je n’ouvrirai pas la boite et ne le découvrirai pas, dommage.
l'église de Bergün dans la nuit
au matin en remontant de Bergün un lutin me salue
une pause rafraichissement à mi pente, il fait déjà chaud et pourtant je suis encore à l'ombre
encore quelques fleurs profitants de l'ombre des arbres pour s'épanouir, ici et en dessous la scabieuse rose
et une variété d'anthémis aux pétales immaculées
la montée depuis Bergün se termine dans de hautes prairies pour atteindre le premier col
une petite pause au refuge non gardé de Chamonas le temps d'observer suite plus caillouteuse
la raide montée dans le caillou vers le pas des Orgues
un peu de vie dans ce milieu minéral - bouquet d'achillée
le fameux poteau avec la boite à son pied contenant le message de Shanx
le bassin vue du plongeoir
le massif du Tizenhorn avec à sa droite le pas des Orgues ressemble beaucoup aux montagnes du Gapençais, mais ne vous y trompez pas ici cela monte à près de 3200m pour les plus hauts sommets
mais quel enchevêtrement étrange
vu de coté on comprend mieux: entraide pour écarter les mouches, chacune profitant des services et des odeurs de l'autre, mais l'une est privilégiée profite d'un double service
J’entame la descente prudemment car mes chaussures commencent à donner des signes de fatigue et malgré que l’aspect extérieur soit encore très bon, les crampons sont bien usés. Ce matin marchant d’un bon pas dans un dévers mon pied a glissé et me suis bien ramassé. il me faut donc trouver une nouvelle paire. Ce sera fait à Savognin, ou je trouve de nouvelles Speedcross Salomon d’un magnifique orange discret surtout en taille 46, le tout au prix Suisse c’est à dire à prix d’or, une fois et demi le prix de vente sur le site du fabricant en France. La vie est chère en Suisse le prix pratiqué dans ce petit magasin n'est pas plus élévé que celui pratiqué en Suisse par la firme Savoyarde, qui pourtant de l’autre côté de la frontière vend les mêmes produits une fois et demi moins chers. Alors à qui la faute? Est-ce un problème de taxes? je l’ignore. N’étant que de passage en Suisse je m’accommode bon gré malgré de ces prix prohibitifs pratiqués, mais qu’en est-il des Suisses, qui eux en subissent les conséquences toute l’année. Il serait donc malvenu de ma part d’être suspicieux à l’égard des commerçants des villages chez qui je me ravitaille. Il me faudra juste faire attention à mes dépenses et à ne pas trop user mes chaussures.
En quittant Savognin, j’évite donc tout frottement inutile de mes semelles avec le sol et avance comme si je marchais sur des œufs. Mais, bien vite le terrain me fera reprendre une démarche normale et bien plus insouciante.
à Riom, une tour ancienne d'où sort de la musique répétitive. Je n'en suis pas un grand fan mais cela fait plaisir d'entendre quelques notes alors je m'y arrête quelques instants
des demoiselles coiffées!! un parfum des Hautes Alpes
En remontant le vers le Piz Curver je passe à Riom, Un petit village muni d’une épicerie. J’y rencontre un groupe accompagné d’un monsieur qui est me semble-il pasteur, en tout cas homme d’église. Il m’indique après quelques échanges qu’il y a un lieu de pèlerinage en haut sur la montagne où je pourrai me loger pour la nuit. C’est sur mon chemin. Il m’encourage à y monter malgré ma réticence. Non seulement je ne suis ni pèlerin ni croyant mais il me faudrait encore monter 1200m plus haut car ce lieu de pèlerinage le plus haut d’Europe comme il me l’indique est situé à plus de 2400m d’altitude. Voyant ma réticence, Il me regarde et me dit: "vous en êtes capable, allez-y". N’y comprenant rien et quand même émoussé par cette journée déjà bien remplie, je renonce à y monter. Mais ses encouragements me facilitent grandement la montée jusqu'à mi-chemin où j'installe mon bivouac sur une prairie tondue avec une vue splendide sur les montagnes franchies aujourd'hui. J'aurais même parfois la sensation que quelqu'un pousse sur mon sac pour m’aider à monter.
Malheureusement cet enchantement est de courte durée. Je redescends de mon petit nuage en m’apercevant que j'ai égaré le câble pour charger mon smartphone, smartphone qui me sert principalement à m'orienter. Sans câble je ne vais pouvoir aller bien loin et rapidement tomber en panne. Je rebrousse donc chemin en toute hâte avant la nuit sur quelques centaines de mètres pour vérifier si je ne l'aurais pas fait tomber par mégarde, mais en vain. Remonté à mon campement dépité et épuisé je m'écroule sur mon matelas à la recherche d'une solution
je plante mon bivouac à mi pente du Ziteil avec une vue privilégiée sur une partie du parcours de la journée
le montage à environ une vingtaine de centimètres du sol, associé à un tapis de sol remontant et accroché aux coins, permet d'être à l'abri de la pluie
le bec est fixé au deuxième bâton planté dans le sol et solidaire du hauban avant
160g d'abri + 65g de tapis de sol + 6 piquets titanes de 15cm à 6g pour se protéger des intempéries, ça peut paraitre léger
Sans doute que le Lutin au bord du chemin hier voulait m'indiquer que je n'avais pas de tête plutôt que me saluer. En tout cas comme chaque problème possède une solution en regardant ma carte j’ai vu Thusis, une ville au nord qui pourrait peut-être me permettre de trouver un câble pour mon smartphone. On verra cela demain. Le matin je monte jusqu’au Ziteil. Après un tour des lieux qui me semblent désert, j’en profite pour prendre mon petit déjeuner et faire sécher au vent mon abri. Finalement quelques personnes sortent après un office de la chapelle et tentent de trouver une solution à mon problème, cherchant même un câble à m’offrir. Mais ces petits objets modernes ont bien entendu une connectique différente qui les rend incompatibles, alors qu’au milieu de la montagne entre humains malgré des langues parlées différentes on arrive à se comprendre et s’entraider. Face à cet élan de générosité j’en viens à regretter mon bivouac de la veille, et de n’être pas monté jusqu’au Ziteil pour y passer la nuit. J’aurais dû écouter le sage homme dans Riom, j’avais plus de choses à partager et à apprendre avec ces gens plutôt qu’à rester seul sous mon abri. Car c’est bien le but d’une traversée découvrir et rencontrer, les montagnes n’étant que le décors de cette aventure. Après ces échanges chaleureux, je quitte donc mon chemin pour essayer de rejoindre Thusis qui est indiquée à 5h ½ de marche du Ziteil. Une grande partie s’effectue sur un chemin de crête avant de plonger dans la vallée alors c’est moindre mal. Malgré un bon pas il me faut largement ce temps pour y arriver dans une chaleur étouffante.
C’est le point le plus bas de ma traversée depuis mon départ, 700m d’altitude. la remontée risque d’être éprouvante. J’y trouve mon bonheur un câble tout neuf, alléluia, et en profite pour m’engouffrer dans une boulangerie pour m’enfourner quelques viennoiseries. Repu je file vers le Glaspass sur un chemin parsemé de grandes portions bitumées. C’est effectivement éprouvant comme je l’avais imaginé. Dans chaque hameau, à chaque fontaine je m’arrête tremper mon tee-shirt et m’asperger. Mais rien n’y fait, je souffre. Je m’en brûle même les talons, un début d’ampoule qui sera le seul de toute ma traversée. Satané câble, satanée tête en l’air. La fin de journée approche je n’en peux plus. Je n’ai ni l’envie ni la force de bivouaquer encore moins l’envie de manger un bol de semoule. Les prés, les champs cultivés et les habitations qui parsèment la campagne ne sont pas non plus le cadre idéal pour un bivouac tranquille. Pour mon plus grand bonheur sur ma route je trouve une auberge à Tschappina nommée Alpina original non? . J’y suis accueilli par la souriante Sandra et Roli qui dirigent ce petit établissement plein de vie. Une ambiance chaleureuse, des petites chambres coquètes, un repas le meilleur que j’ai pu faire en Suisse, vraiment de la très bonne cuisine fine et originale, le tout pour un prix modeste pour la Suisse. Cela valait vraiment le détour. Comme habituellement mes sorties de route apportent leur lot de bonheurs. Cette journée avec ses hauts et ces bas se conclue de la plus belle manière. Merci à Sandra et Roli.
longue remontée vers le Ziteil, avec une fin raide qui est une épreuve pour le pèlerin montant depuis Savognin
il faut longer les crêtes pour rejoindre Thusis, un détour pas si mal que ça
vous allez où comme ça? je vais par là!
une descente raide sur Thusis en partie à l'ombre, qui heureusement permet d'admirer quelques fleurs - Gentiane à feuilles d'Asclépiade - et faire une pause
Dernière modification par bruno7864 (12-07-2016 12:25:57)
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#87 19-06-2016 14:44:43
- Shanx
- Sanglier MUL
- Lieu : Probablement au boulot :(
- Inscription : 22-04-2012
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Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Ah tiens, un terrain connu.
Dommage pour mon message.
← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary
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#88 19-06-2016 14:45:45
- claudius
- Membre
- Inscription : 02-02-2009
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
très intéressant...belles photos.
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#89 19-06-2016 16:05:46
- Magne2
- Membre
- Lieu : Vitry sur Seine
- Inscription : 23-09-2013
- Site Web
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
merci pour le retour , dommage que le franc suisse soit si haut ( j'ai découvert l'Engadine dans la fin des années 80 à l'automne c'est parfait )
kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur
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#90 20-06-2016 09:58:36
- René94
- Membre
- Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
- Inscription : 30-12-2009
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Merci, Bruno, pour le partage
Un tel périple, ça fait un excellent test pour ton équipement.
Intéressante, l'idée d'utiliser le 2ème bâton pour l'attache du bec ; je l'essaierai avec mon Hexamid.
"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi
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#91 22-06-2016 22:51:56
- bruno7864
- partir, partir et découvrir
- Lieu : toujours dans la Lune
- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Au petit matin, avant les grosses chaleurs je me dirige vers le Glaspass, par des sentiers remontant des prairies. Après le Glaspass le retour dans l’univers montagneux est immédiat. J’ai trouvé en fouillant sur mes cartes un sentier qui me permettra de rejoindre les Pizzas d’Anarosa, montagnes qui m’avaient marquées par leur nom et leur aspect lors de la préparation de ce parcours. Mais , Il me faut y aller tranquillement car il reste 1000 mètres à monter avant le prochain col. Heureusement le sentier qui contourne le Piz Beverin côté ouest, offre une multitude de choses à observer, qui détourne l’esprit de l’effort. Les Suisses semblent avoir une fascination pour les cairns. J’avais déjà pu observer en remontant vers le Piz Curver, un pierrier rempli de cairns, organisé tel un atelier de sculpture. La nature participe aussi à jalonner le chemin de ces œuvres, un tronc d’arbre en décomposition prenant une forme minérale organisée. Une chanson tourne en boucle dans ma tête, seul dans ce vallon je n’hésite pas à la chanter :
Pourtant que la montagne est belle,
Comment peut-on s’imaginer,
En voyant un vol d’hirondelle,
Que l’automne vient d’arriver.
Rien de bien à propos car l’automne n’est pas encore là nous ne sommes que début août, mais elle me plait bien et m’évite de sentir dans cette montée les douleurs de mes efforts des jours précédents. Aujourd’hui ce sera journée tranquille rien ne presse, alors je prends mon temps je m’arrête, observe, profite.
depuis Tschappina une montée vers le Glaspass à travers les prairies
parfois les cairns sont de véritables oeuvres d'art, une spécialité Helvétique
la nature n'est pas en reste pour créer des chefs d'oeuvres
avec une simple souche
vers 2200m le Carnusapass apparaît soudain sur la gauche du vallon
je troublerai par mon passage ses heureux copains, qui se bousculeront pour venir chercher des caresses...
venant se frotter l'un après l'autre pour que je leur chasse les mouches
un petit bouquet de fleurs grasses
au Carnusapass on peut observer la poussée des masses terrestres qui il y a des millions d'années ont formé les Alpes.
Au fond le Piz Beverin 2998m
et toujours des fleurs fraiches - campanules - profitant des anfractuosités de la roche
le passage du Carnusapass effectué on arrive dans un immense alpage très fourni
Après avoir passé le Carnusapass, je peux découvrir les pizzas d’Anaroza tant attendues. Je me délecte de la descente dans ce vallon en coupant à travers de les Alpages. Un ruisseau accueillant formant une piscine me permet de faire une toilette pause sieste bronzage, la sérénité règne. Il ne me restera plus qu’à longer les Pizzas d’Anaroza et franchir le col nommé Farcletta digl lai Grand. J’aurais la chance de trouver une terrasse au pied des rochers à l’abri des regards, préférant ne pas être en vue bien qu’il n’y ai pas grand monde, car j’ignore si le bivouac est autorisé alors autant rester discret.
Il est tôt mais je veux prendre mon temps aujourd’hui alors je profite de ce magnifique endroit, ou même l’eau est disponible et ou la chaleur est douce jusque dans la nuit. Pourtant nous sommes proche des 2500 mètres d’altitude. Autant dire que le repos s’effectue sac de couchage ouvert comme bien souvent cet été. J’aurais la chance en soirée de voir quelques chamois qui depuis les sommets viendront m’observer.
enfin les Pizzas d'Anarosa tant attendues et que j'avais cru ne pouvoir visiter suite à mon détour de la veille
quoi de mieux qu'un torrent avec des piscines et des rochers pour faire sécher les vêtements pour faire une pause toilette bronzage, séchage par papillon
il ne reste plus qu'à se diriger vers la barrière des Pizzas d'Anaroza et les longer
la vache des grisons et sa concurrente quelque peu himalayenne, prospèrent dans cet alpage riche
avec un petit lac pour le rafraichissement
au pied des Pizzas des rochers à l'allure et la texture d'huitres géantes, formé sur des rochers rugueux et très abrasifs.. attention les semelles !!
dernières pentes de la Farcletta dicl lai Grand, col qui permet de basculer sur la prochaine vallée et des vues différentes
après la bascule et quelques pierriers, l'endroit est vraiment magnifique pour ne pas chercher à y trouver un coin d'herbe pour bivouaquer
une terrasse à l'écart des regards sera le lieu idéal pour installer le bivouac
il fait chaud jusque dans la nuit, pourtant nous sommes à près de 2500m d'altitude
Le lendemain je reste sur le même train que la veille. Peu enclin à la marche sous le cagnard je m’arrête à midi à Vals. Une petite journée, mais le dernier coup de stress dû à ma perte de câble électrique, m’a remis les idées en place. Je sais désormais qu’à chaque problème je trouverai une solution et m’adapterai. J’ai en outre pris un peu d’avance sur mes prévisions. C’est tellement beau par ici, pourquoi devrais je me presser? Alors je profite de cet après midi sur Vals pour me reposer et écrire mon journal au frais. Une sortie visite ravitaillement dans la soirée lorsque le soleil est passé derrière les montagnes concluent cette journée.
la descente matinale dans la verdure, il fait si chaud qu'il n'y pas un brin de rosé
je profite de l'arrivée en fond de vallée pour me faire chauffer de l'eau et prendre un thé. Le réchaud à alcool est un P3 Pignon, le pare vent rosace fonctionne à merveille, il se centre de lui même autour du bol. Petite vue du sac de 30L pour traverser les Alpes sans manquer de rien
un col pas trop méchant à franchir et c'est la descente vers Vals, avec un passage sur le bord de ce vallon glaciaire
ça y est Vals n'est plus qu'à quelques encablures
Le village de Vals avec ses Maisons toutes recouvertes de Lauzes mérite vraiment le détour,
ça tombe bien c'est sur mon chemin
Le problème lorsque l’on fait des petites journées de marche, est qu’après on ne sent plus ses jambes et l’on est tenté d’en faire trop. Ce lendemain en est l’exemple typique et seul le mauvais temps de la fin de journée vient freiner mon enthousiasme. Malheureusement cette dépense d’énergie supplémentaire se paye souvent cache le surlendemain. Cette fois ci, en plus de faire une longue journée à grimper du dénivelé, je passerai une sale nuit.
Tout commence donc bien j’avale les 1500mètres de montée du col au pied du Piz Aul sans sourciller, effectue une rapide pause casse coute dans la descente enchaine avec le même type de montée de l’autre côté avec une hésitation à mi pente, mais il est tôt et je suis chaud alors je monte je monte et je redescends vers la plaine de la Greina. C’était tentant, c’est magnifique je ne regrette pas. Toutefois de gros nuages gris annonciateur d’un orage à venir m’obligent à envisager le bivouac rapidement. Cette plaine d’altitude est plus que tentante vue d’en haut, mais le bivouac ne doit pas vraiment y être autorisé alors j’essaie tant bien que mal à me mettre hors de vue. L’espace est grand et mon abri vert de gris cela devrait faire l’affaire. Après avoir choisi un endroit ou l’eau ne devrait pas trop couler et bien ancré mon abri au sol, je m’installe habillé de tous mes vêtements sous celui-ci en attendant l’orage qui ne tarde plus à arriver à peine mon diner englouti.
Il sera bien plus méchant que ce que j’aurais pu imaginer. Le vent commence par souffler en rafale avec quelques gouttes, puis j’ai l’impression que quelqu’un jette des seaux d’eau sur l’abri. L’eau fini par couler à flot sous le tapis de sol. Bien vite malgré la cuvette les quelques micros trous du tapis laissent remonter l’eau et les semelles de mes chaussures que j’ai gardé au pieds baignent dans l’eau. Impossible de rester assis par terre, je reste donc accroupi accroché à mon mat en attendant que l’orage passe, car je le sais cela ne dure jamais. Mais c’est long très long dans ces conditions et impressionnant. Après une heure assis sur les talons je n’en peux plus. Je gonfle mon matelas m’allonge dessus pour me détendre en attendant la fin de l’orage qui semble faiblir. Vers onze heures je peux enfin écoper mon tapis de sol, retirer mes chaussures, mes vêtements et me glisser dans mon sac de couchage me préparant à une nuit au calme. Ce sera sans compter sur un troupeau de vaches présentent dans cette haute vallée qui curieuses passeront leur nuit à aller et venir autour de mon abri agitant leurs énormes cloches dans un vacarme pire que l’orage. J’aurais beau essayer de les effrayer rien y fera. Les bouchons d’oreille ne seront qu’une maigre protection fasse à ces cloches qui sonnent à quelques mètres de mes oreilles. Au petit matin les vaches sont encore là toujours aussi curieuses, avant de détaler pour une raison inconnue lorsque je commence à ranger mon bivouac. Satanées vaches.
comment ne pas avoir envie de s'arrêter et profiter de la vue
Après Vals dans la montée de la Fuorcla da Patnaul les sommets environnants et leurs glaciers se dévoilent
ces montagnes ont une richesse végétale et florale jusque très haut, tant et si bien que sur le versant de Vals l'alpage grimpe jusqu'à plus de 2600m, inouï
l'arrivée sur la Fuorcla da Patnaul 2773m il y a encore un peu de verdure
la bascule sur l'autre vallée, une descente qui s'effectue dans une pente impressionnante
on est entouré par des montagnes abruptes recouvertes de verdure
à mis descente une pause relaxation casse croute
l'aconit paniculé
en bas, on retrouve d'autres fleurs - la gentiane - qui profitent de l'étroitesse de la vallée et de son ombre pour s'épanouir
sous le Pass Diesrut, je profite d'un torrent pour faire une toilette complète, il n'y a personne alors allons y
En fond la Fuorcla da Patnaul franchie ce matin à droite du Piz Aul
Le Pass Diesrut offre une vue splendide sur le Piz Greina 3124m
Puis la plaine de Greina se dévoile, sauvage, inoubliable sous cette lumière
Cette plaine de Greina est le trait d’union entre la région des Grisons principalement germanophone et le Tessin Italophone. C’est d’ailleurs une voie qu’empruntaient déjà les Romains pour remonter les Alpes. Cette dernière journée dans les Grisons s’est terminée en quelque sorte en feu d’artifice. En tout cas, je suis convaincu que beaucoup des habitants des Grisons le verraient ainsi car en traversant les villages, aux abords des chemins et sentiers de montagnes, on sent toujours ce petit grain de folie, cette joie de vivre qui ne demande qu’à être partagée.
le montage de l'abri pour attendre l'orage qui menace
les vaches curieuses qui m'ont empêcher de dormir par leur vacarme. Au petit matin elles sont toujours là toujours aussi curieuses, malgré que je les ai poursuivies pendant la nuit pour les éloigner. Une nuit inoubliable. Satanées vaches, merci pour ce moment
Dernière modification par bruno7864 (12-07-2016 10:31:43)
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#92 23-06-2016 10:17:45
- Denis_0009
- Denis
- Lieu : Port-Camargue
- Inscription : 09-12-2011
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Super la suite! Et les photos...
Tu as bien fait de t'y remettre
Encore!
L'homme le plus riche est celui qui possède le temps de marcher. Proverbe arabe
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#93 23-06-2016 12:50:39
- kodiak
- Pas assez léger, mon fils!
- Inscription : 09-06-2014
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Enfin les Pizzas! Merci encore de nous faire partager ce voyage.
Le problème lorsque l’on fait des petites journées de marche, est qu’après on ne sent plus ses jambes et l’on est tenté d’en faire trop. (...) cette dépense d’énergie supplémentaire se paye souvent cash le surlendemain.
C'est pas faux.
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#94 24-09-2016 11:11:12
- bruno7864
- partir, partir et découvrir
- Lieu : toujours dans la Lune
- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
retour à ce récit après quelques mois d'arrêt
36ème jour de marche - Capana Bovarina, Tessin, Suisse
37ème jour de marche - Airolo, Tessin, Suisse
38ème jour de marche - Riale, Piémont Italie
39ème jour de marche - Alpe Devero, Piémont Italie
40ème jour de marche - Alpje, Valais, Suisse
Le Tessin est un canton Suisse situé au sud Est de la Suisse et frontalier avec L’Italie. L’Italien est la langue officielle de ce Canton. Je le traverserai dans sa partie Nord pour faire une incursion en Italie dans la nord du Piémont au niveau du parc de l’Alpe Devero. J’ai donc naturellement regroupé dans mon récit ces deux régions qui culturellement sont proches.
L’arrivée dans le Tessin se fait par le Pass della Greina au bout de la plaine du même nom. C’est à cet endroit que je rejoins le chemin des cols Alpins qui me servira de fil conducteur jusqu’au pied du Massif du Mont Blanc avec un bon crochet par le parc de l'Alpe Devero coté Italien.
Quelques difficultés pour émerger ce matin. L’orage violant subit dans la soirée n’est qu’une anecdote face au vacarme que m’ont fait subir les vaches qui paissent dans cette immense plaine de Greina. J’ignore pourquoi elles se sont concentrées autour de mon abri, l’herbe devait y être plus belle. En tout cas le bruit des énormes cloches à bout portant et leur piétinement m’a vraiment empêché de fermer l’œil. Si j’avais encore la moindre crainte des vaches cet épisode m’a définitivement habitué à leur présence. Imaginez la situation. En pleine nuit sans visibilité couché au milieu d’un troupeau d’énormes bestiaux qui pourraient vous piétiner. Tout d’abord un peu de crainte, puis après de l’agacement à ne pouvoir s’endormir. On finit par sortir et essayer de les effrayer pour qu’elles s’éloignent mais on s’aperçoit rapidement que c’est peine perdue. Alors las on retourne dans son abri, on s’écroule sur son matelas en appuyant fort avec les doigts sur les bouchons d’oreille pour essayer d’entendre un peu moins ses satanées vaches, et tant pis si elles vous piétinent vous voulez dormir !!! en fait ça n’est que leur curiosité maladive qui les amène toute la nuit à venir sentir et même lécher l’abri. Si elles savaient qu’elles terminent dans nos assiettes elles seraient peut-être un peu moins chaleureuses. Alors par rapport à tous ces troupeaux que j’ai pu dévorer dans ma carrière de gros mangeur de viande bovine, cette nuit à me faire sonner les cloches n’est qu’un juste retour des choses.
Je démarre donc un peu léthargique, presque saoul de ce vacarme bovin. Lorsque j’arrive à la croisée du chemin des cols Alpins, j’en oublie de regarder ma carte et file sans me préoccuper de rien dans une mauvaise direction. Il me faut un long moment pour prendre conscience de mon erreur, ce qui me coûte une heure aller-retour pour revenir au même point, à ce rythme je ne vais aller bien loin.
De nouveau sur le bon chemin je franchis le pass de Greina sans réelle montée. Cette plaine de Greina et les montagnes qui l’entourent est vraiment magnifique
Le chemin plonge alors vers le val Camadra. J’avais prévu un passage en crêtes par le Pass d’Uffiern, mais les nuages bien présents et mon état physique, me décident à prendre une voie plus à ma portée ce jour. Je descends donc vers campo Blenio. Une fois sur place c'est un véritable changement de culture, ici tout le monde parle Italien. Je ne m’attendais pas à une transition aussi brutale. Dans les jours à suivre je viendrais souvent à être surpris par les changements linguistiques d'une vallée à l'autre. Après une pause déjeuné je remonte péniblement vers le val di Campo.
Le temps menaçant se transforme vite en pluie. Heureusement vers 1900m le refuge Capana Bovarina, me permet de m’abriter un instant. Après avoir sympathisé avec le gardien je décide d’y passer la nuit. L’endroit est confortable et à taille humaine. J’y passe une excellente soirée en dinant à table avec le gardien et sa petite équipe. Un bien bel endroit.
Au matin je quitte la Capana Bovarina dans un épais brouillard un peu à tâtons
Petit à petit les nuages laissent entrevoir le temps d’un instant un décors féérique digne d’un conte Celte. Je m’attends presque de rencontrer d’un moment à un autre un druide au détour d’un nuage
A l'approche du col le brouillard se dissipe et le paysage apparait dans toute sa splendeur.
Je marche ou plutôt flotte au-dessus des nuages. Je hume, observe pour ne rien perdre de cet endroit inoubliable puis je plonge vers la vallée à la découverte d’autres trésors.
quelques vaches se mêlant au décor
A campo Solario c'est la remontée vers le passo delle Colombe
Une pause déjeuné baignade au lac du paso delle Columbe
Puis une longue descente dans l’alpage en direction du lac de Ritom. La couleur du lac invite à la baignade mais je souhaite arriver à Airolo ce soir avant la fermeture des magasins pour faire mon ravitaillement alors je ne m’attarde pas. Cette journée m’a déjà apporté plein de bonheur et de découverte alors j’avale les dernières heures de marche dans l’allégresse.
Airolo n’est pas très charmante, mais pratique pour faire un ravitaillement. Elle est coincée en fond de vallée au pied du Saint Gothard. Il faut réussir à y contourner l’enchevêtrement autoroutier pour ensuite monter dans le vacarme urbain sur un sentier arraché au terrain et pas entretenu. Enfin le calme revenu après une heure d’ascension on débouche sur l’arrivée du téléphérique d’où sortent une ribambelle de randonneurs frais, chaussés de grosses de montagne et qui exhalent un fort parfum de déodorant. Moi qui souffle et ruisselle déjà la sueur eux qui n’ont pas encore fait le moindre effort dans des tenues parfaites le contraste est important. Pour ne pas les agresser le sentier se transforme en une piste large et stabilisé. J’en viens à penser qu'on limite trop souvent la randonnée à une petite balade en aller-retour au sortir de sa voiture, ou d’un téléphérique, alors qu’elle permet de traverser des régions entières par ses propres moyens physiques. N’est-ce pas merveilleux d’avoir des jambes? Alors pourquoi ne pas s'en servir lorsqu'on en a la capacité?
Heureusement la piste se transforme vite en chemin puis en sentier, mais malheureusement pour eux à partir de là les randonneurs ont déjà fait demi-tour depuis longtemps.
sur le chemin, un champ recouvert par la fleur reine des Alpes
depuis ce passage en balcon je peux admirer le massif du saint Gothard situé juste en face
Je bascule ensuite du côté Italien par le Passo san Giacomo et descends en hors sentier sur le versant Est du lac Toggia, puis le lac Castel. L’endroit très vert et avec les lacs c'est splendide. J’hésite à m’y arrêter pour bivouaquer mais il est encore tôt.
En bas j'arrive sur le petit village de Riale charmant mais très touristique. Après en avoir fait le tour je m'en éloigne un peu à la recherche d’un lieu pour passer la soirée.
Cette partie d’Italie frontalière de la Suisse est couverte par les cartes topographiques Suisses numériques. Je les ai chargé sur mon smartphone via l'appli SuisseMobile. Les cartes Suisse ont l'avantage d'être d’une grande précision, et cela tombe parfaitement car c'est très difficile de trouver des cartes topographiques numériques de l'Italie, en tout cas de cet endroit
Dans beaucoup d'endroits, comme ici les départs de chemins sont mal indiqués ou masqués par de la végétation pour peu qu'ils ne soient pas beaucoup empruntés. Dans des cas comme cela, le GPS du smartphone me positionnant sur les cartes, est une aide précieuse. Un système d'orientation souvent contesté ici et là, peut-être par méconnaissance, mais si pratique. C’est d’autant plus dommage qu’il est simple à utiliser. Il m'a permis d'arriver jusque-là En évitant des galères à n'en plus finir, mais aussi d'envisager de sérieux détours qui n'auraient pu être couverts par une simple carte topo papier. Combien de cartes papier m'aurait-il fallu pour couvrir le chemin déjà parcouru, je n'ose l'imaginer.
une idée de ce que l'on visualise sur le smartphone, avec en plus la possibilité de se situer sur la carte par simple pression sur la flèche en haut à gauche
Ce matin ne dément pas à la règle, il me faudra jouer de l'orientation via les cartes sur smartphone pour trouver mon départ. Après un ou deux allers retours je fini par tomber dessus et c'est parti. Tout d'abord une belle montée qui se fini dans le cailloux avant de replonger dans un étroit goulet vers le lac Vannino.
Cette partie Italienne est sauvage et splendide. Malgré des montagnes abruptes cela reste accessible grâce à quelques sentiers. Etonnamment cette région très au Nord fait partie du Piémont. Je longe le lac Vannino, puis remontée vers la squatta Minoia dans un univers très minéral
Après ce col une bonne pause et descente vers le lac de Devero en traversant d'abord un grand plateau d’altitude parsemé de laquets.
Alpe Devero que je pensais être un petit hameau tranquille de montagne, est noir de monde.
Un évènement qui me fais prendre conscience que nous approchons le week-end du 15 août son affluence et son changement de temps à venir.
Moi qui songeais m’arrêter là, je fuis vers la tranquillité de la montagne et pose mon bivouac au-dessus de l’Alpe Buscagna
Au départ d’Alpe Buscagna au petit matin remontée vers les scatta d’Orogna et Passo di Valtendra.
Une chèvre, puis c’est tout troupeau très pot de colle, qui ne rêvent que de lécher mes vêtements m’obligeant à m‘enfuir à toutes jambes.
Heureusement le Rubicon saura stopper l’ardeur des chèvres
En descendant sur Alpe Veglia j’apercois les deux passages pour rejoindre la Suisse. C’est calme, il est tôt mais une auberge est ouverte. La patronne me déconseille le passage par la Forca d’Aurona car il comporte un névé pentu côté Suisse. L’autre passe sur une langue de glacier et il faut mettre les mains. Il ne faudra pas trainer car les prévisions météo ne sont pas bonnes. Dans l’attente de me décider j’englouti un délicieux plat de spaghetti. Finalement voyant le temps devenir menaçant, je prendrai une option plus basse mais qui m’impose un gros contournement
Comme bien souvent un changement d’itinéraire réserve de bonnes surprises. Après 30 minutes sur une piste je m’engage sur un sentier pas dénué d’intérêt et pour le moins pas facile
Un échauffement soudain à l’entre jambe, me contraint de marcher les fesses à l’air un moment. Arrivé à un hameau d’altitude (Le Balmelle) je demande dans un mauvais Italien avec des gestes explicatifs de l’aide. Une dame me prêtera un tube de crème et j’irai derrière le coin de sa maison pour m’enduire les parties douloureuses. Son mari observant la scène ne manquera pas à mon départ de me lâcher avec un sourire en coin deux trois mots d’encouragements. Dans certaines situations il n’y a pas de barrière de la langue, surtout lorsque c’est cocasse. J’en ris encore eux aussi c’est certain.
les maisons qui constituent ces hameaux d'estive (+2000m) sont toutes recouvertes de Lauzes
En approchant le col le spectacle est de plus en plus formidable. Cela me donnerai envie de rester quelques jours à explorer les lieux
A partir du col c’est un sentier en balcon qui permet d’observer les sommets environnants avec une vue plongeante sur la vallée Italienne.
Un abri de berger Borri ou Orri suivant les régions
Après le petit hameau de Alpe Vallescia la borne frontalière plus administrative qu’effective à cette altitude
Rencontre avec la vache du Valais. Pas très hautes mais impressionnantes et belliqueuses, certaines sont élevées pour le combat. Je ne m’attarde donc pas trop près d’elle
Une porte vers d’autres péripéties, à la fois j’ai hâte de la franchir pour découvrir ce qu’il y a derrière. Mais après cet après-midi riche en évènements, j’aimerai que le temps s’arrête un instant. Une véritable pépite que ce chemin bis
A Alpje vers 1600m je cherche désespérément un lieu de bivouac. Mais chaque endroit plat est en vue. Je finirai par trouver un emplacement à l’abri des regards avec une vue pas si mal que cela (au fond le Weissmis 4017m
Dernière modification par bruno7864 (27-09-2016 17:08:07)
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#95 25-09-2016 08:57:19
- kodiak
- Pas assez léger, mon fils!
- Inscription : 09-06-2014
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Toujours aussi beau.
Il m'est moi aussi arrivé de me retrouver en pleine nuit avec mon bivouac visité par des vaches à cloche très intriguées par ma présence, et ce sans aucun souci.
Merci pour ton récit, source d'inspiration.
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#96 26-09-2016 08:27:04
- Rouquemoute
- Membre
- Inscription : 05-09-2015
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Merci pour ce chouette récit et les photos. C'est magnifique ! Et on découvre plein de trucs.
Il faudra que je prenne le temps de lire le tout, car je n'ai lu que certains chapitres pour l'instant, mais quelle aventure !!
Curieux ton histoire de fesses à l'air... Tu as peut être été victime d'une plante urticante ou d'un insecte ? Moi je prend toujours un peu de crème au cas où, c'est lourd, mais des fois ça sert bien
Dernière modification par Rouquemoute (26-09-2016 08:27:33)
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#97 26-09-2016 10:16:20
- enrico
- Membre
- Lieu : Rhône-Alpes
- Inscription : 13-08-2013
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
"Un échauffement soudain à l’entre jambe, me contraint de marcher les fesses à l’air un moment. "
Tu n'avais plus de crème Nok ?
"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"
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#98 26-09-2016 11:38:24
- DOM42
- Membre
- Lieu : Saint-Victor-sur-Loire
- Inscription : 17-03-2009
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
Que de péripéties !!!
J'utilise aussi Iphigénie sur mon smartphone, et j'en suis vraiment satisfait.
Merci aussi pour ces belles images.
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#99 29-09-2016 08:19:10
- bruno7864
- partir, partir et découvrir
- Lieu : toujours dans la Lune
- Inscription : 11-10-2012
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
@ Kodiak
@ Rouquemoute, une bel échauffement à la liaison des parties spécifiquement masculines et des jambes, dû sans doute à un nettoyage un peu sommaire la veille et au sel de la sueur accumulé à cet endroit
@ enrico, la NOK me brulait encore plus c'est pour ça que je me suis mis les fesses à l'air
@ DOM42 l'orientation smarto carto
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#100 29-09-2016 09:20:22
- René94
- Membre
- Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
- Inscription : 30-12-2009
Re : [Récit + liste] Traversée de l'arc Alpin
@ Rouquemoute, une bel échauffement à la liaison des parties spécifiquement masculines et des jambes, dû sans doute à un nettoyage un peu sommaire la veille et au sel de la sueur accumulé à cet endroit
@ enrico, la NOK me brulait encore plus c'est pour ça que je me suis mis les fesses à l'air
Utilise préventivement de la vaseline ; un peu chaque matin pour l'entrejambe et les pieds. C'est ce que je fais depuis plusieurs années et je n'ai plus de problème.
"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi
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