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#1 15-10-2016 20:19:40

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

[Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Après avoir parcouru une partie des Pyrénées sur la HRP avec Sonic en 2013, cette année je me suis lancé sur une traversée complète. Départ de Banyuls le 14 juillet, arrivée prévue à Hendaye vers le 15 Aout, mais j'ai dû m'arrêter une semaine avant au Col du Somport à cause d'une douleur au tendon d'Achille.
Au départ nous étions deux, Anthony50 et moi, mais il a du déclarer forfait au bout de quelques jours pour cause de genou douloureux.

J1 : Banyuls - Refuge de Tanyareda
Départ de Banyuls vers 11H30. On a eu beau se lever tôt, entre l’arrêt à la boulangerie et les ralentissements sur l’autoroute, difficile de faire mieux.
Ma copine nous accompagne sur cette première étape.
Il y a pas mal de vent. Au début c’est agréable, rafraichissant, mais dès qu’on arrive en crête, ça nous handicape. La météo annonçait des rafales à 90km/h, mais par moment ça doit atteindre les 120km/h.
Dès que nous le pouvons, nous quittons la crête pour rejoindre la piste forestière que nous suivons jusqu’au refuge de Tanyarèda (une cabane en fait). Il y a déjà 3 personnes. Un alsacien en fin de HRP, un israélien et un breton. Ces deux derniers ne marchent pas ensemble, mais débutent tous deux une traversée. L’Israélien est sur la HRP et les breton (Johan) n’a pas trouvé le topo qui n’est plus édité, alors il est sur le « Trek des Pyrénées ». L’israélien se couche très tôt, lorsque nous arrivons. A un moment nous parlons de différents types de réchauds, et l'alsacien dit qu’il a entendu parler de réchauds à bois. A ce moment je réalise que le mien est resté à Toulouse et que je n’aurai sans doute pas assez d’alcool pour les 10 jours à venir. Cette connerie me mine et m’empêche un peu de dormir. Pourquoi n’ai-je pas relu ma liste avant de partir ?

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Vue sur mer depuis le Coll des Gascons
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J2 : Tanyareda - Las Illas
Départ du refuge sans doute un peu avant 8h. Je fais mes adieux à ma copine, on ne se reverra que dans un mois. Le vent semble encore plus violent qu’hier, surtout en redescendant du Pic Néulos. Ensuite nous marchons souvent en forêt et nous finissons par apprécier les rafales rafraichissantes.
Le Perthus est horrible ! Nous y faisons le plein d’eau puis nous fuyons.
Du Perthus au Mas Nou, j’avais gardé un souvenir désagréable. Une longue piste monotone en faux plat montant. Maintenant le GR passe sur la crête frontière et évite une partie de cette piste. Vers le Mas Nou, nous sommes rattrapés par Johan (le breton de Tanyareda, pour ceux qui ont aussi peu de mémoire que moi) et marchons ensemble jusqu’à Las Illas. Arrivés vers 17h30, nous y trouvons une belle pelouse avec des tables de piquenique, des toilettes propres, une douche froide mais bien agréable. Tout cela est gratuitement mis à notre disposition. J’avais prévu de bivouaquer au Col de Lli un peu plus loin, mais cet endroit est tellement idéal qu’on ne peut pas résister.
L’israélien est aussi là. Il y a des bottes en cuir sans lacet près de sa tente, et il porte une paire de Birkenstock. Apparemment c’est avec ces espèces de tongues qu’il marche. Il me semblait bien avoir vu passer un randonneur en tongues lors de notre pause repas.

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Pic Néulos
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Tour située près du Cimetière sur la frontière au Sud du fort de Bellegarde.
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Camping gratis et grand luxe à Las Illas

[EDIT] ajout de légende aux photos

Dernière modification par Eloi (16-10-2016 19:00:50)

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#2 15-10-2016 20:39:05

Eloi
Bigfoot
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

J3 Las Illas – Coll de la Reducta
On avait prévu un réveil à 5h pour un départ à 6h. A 5h30 je réveille Anthony, puis je prends mon petit déjeuner. Johan est déjà levé. Nous partons finalement peu avant 7h. Je suis un poil agacé. Je me suis levé 1h trop tôt et j’ai rangé trop tôt ma douodune, alors j’ai grelotté le temps que les autres soient prêts. On marche avec Johan. C’est sa première randonnée de plus d’une journée. Il porte 3L d’eau dans un camelback et 1L dans une platypus à tétine qui pend au bout d’une ficelle attachée à la bretelle gauche de son sac. Nous montons dans les châtaigniers jusqu’au col de Lli que nous franchissons pour passer en Espagne. Nous marchons sur une piste souvent ombragée jusqu’au refuge de la Saline. Je parle de la pizzeria où nous avions mangé Sonic et moi et ça motive tout le monde. Objectif : arriver à Amélie les bains avant 14h. Nous marchons au pas de course, repassons en France, passons au Roc de France, tout ça en sous-bois ombragé et agréable. Nous passons à côté de magnifiques spots de picnic dans les gorges après Montalba, mais même s’il commence à être l’heure de manger, nous voulons notre pizza. Nous arrivons enfin à la Pizzeria. En terrasse nous trouvons 4 randonneurs Castrais que Johan a rencontré quelques jours avant. Nous mangeons à l’intérieur. Les pizzas sont dégueulasses. Dans la mienne, il y a des rondelles de citron avec la peau. Il y a un vieux con qui est entré pour boire son café en jouant au PMU ou autre jeu. Il passe son temps à débiter des propos racistes et extrêmement grossiers. On a envie de partir au plus vite. Quand on quitte enfin le restaurant, il y a une ambulance devant. L’une des marcheuses Castraise a fait une sorte d’indigestion éclair et direction la clinique.
On s’attarde un peu à Amélie, mais ça n’a rien d’agréable. Johan part chercher un terrain de camping vers Arles sur Tech, et nous on part vers Montbolo. J’ai le ventre lourd et Anthony la jambe molle. On se traine comme des loques jusqu’à Montbolo, puis on continue jusqu’au point de bivouac avec source que j’avais en tête.
Le point de bivouac est une friche dense et la source une mare crado. Je ne devrais jamais me fier à ma mémoire. On suit une piste pour atteindre une autre source, après avoir vainement et longuement cherché des résurgences de la première.
La deuxième source est 15m en contrebas de la piste et je m’y rends en mode sanglier. C’est une mare boueuse mais l’eau y est claire et on peut la capter un peu plus bas. Je remonte chercher Anthony et les bouteilles. On remplit tout et on pastille direct. On suit ensuite cette piste qui nous ramène vers l’itinéraire prévu au col de la Réducta. Là, on trouve un captage qui crache un beau débit d’eau claire. On est à la fois déprimés d’avoir perdu des heures pour rien, et en même temps très heureux de cette issue favorable. On se lave, puis on monte juste sous le calvaire, le seul endroit sans ronce où on peut trouver un peu de plat pour une seule tente. De là on a vue sur mer, finalement c’est magnifique.

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Refugi de les Salines
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Canigou
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Coll de la Reducta

J4 : Col de la Réducta – Refuge des Cortalets.
Le sentier indiqué sur la carte est un nid de ronces. On l’évite en prenant la piste jusqu’au refuge de Batère. Nous y mangeons un pain perdu avec du coca. Puis nous poursuivons jusqu’au col de la Cirère. Nous redescendons sur le refuge de  l’Estanyol où nous déjeunons. Nous poursuivons notre chemin puis au Ras del Prat Cabrera nous avons le choix entre continuer par la piste ou prendre le chemin de l’avion. Nous choisissons l’avion dont il ne reste qu’un bout de tôle, ce qui rallonge pas mal la sauce. Nous atteignons le refuge des Cortalets juste au moment ou un hélico s’apprête à décoller. C’est un spectacle saisissant que je filme. Nous prenons un coca avant de rejoindre le fabuleux spot de bivouac en bord de ruisseau, où je suis allé lors de deux Trobadas du Canigou. Pas de chance, le ruisseau est sec (sans doute de la fonte de névé). Nous nous installons près du chemin. Il y a des gens un peu partout. Nous nous lavons à tour de rôle : Deux platy de 2L permettent le lavage et rinçage d’un bonhomme + ses vêtements si on dispose d’une bassine .
De l’autre côté du ruisseau sec s’installent l’intoxiquée alimentaire castraise et ses 3 potes. Ils iront jusqu’au refuge de Mariaille où les attend une voiture. Ce soir, je cuisine au feu de bois, sur 3 cailloux dans le lit sec de la rivière. Ça marche plutôt pas mal, il faut dire que les conditions sont idéales. Johan nous trouve. Il s’est installé dans la dépendance du refuge et s’est dit qu’il pourrait nous trouver par là. On est surpris qu’il soit monté si haut, vu que ce matin il était entre Amélie et Arles.

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Refuge de Batère
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Clin d'oeil à Zaack depuis le chemin de l'avion
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Refuge des Cortalets.

Dernière modification par Eloi (16-10-2016 19:16:05)

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#3 15-10-2016 21:29:08

Eloi
Bigfoot
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

J5 : Cortalets – Pla Guillem
Lever à 5h30. A 6h je pars faire le plein d’eau au refuge. Il caille (4°C) autour du bivouac, mais dès qu’on s’en éloigne, le thermomètre grimpe. Derrière le refuge, spectacle grandiose et rougeoyant d’une mer de nuage éclairée par un soleil levant. Malheureusement mon Appareil photo est resté au bivouac.
Départ 6h30. Montée au Canigou. Le ciel est dégagé, Le soleil est un peu plus haut, mais la mer de nuage est encore très belle. Arrivée au sommet. Pendant qu’Anthony bricole un stuffsac dont le cordon a disparu dans l’ourlet, Johan arrive. Nous voyons aussi arriver un groupe de deux, un vieux et un jeune, des compagnons de chambrée de Johan. Ils visent également le refuge de Pla Guilhem. Nous continuons ensemble, Johan, Anthony et moi. D’abord la cheminée, puis le pierrier, car pour la énième fois à cet endroit, je me suis planté. Pause repas au refuge Arago. Il y coule une source bien rafraichissante et quelques arbres offrent une ombre agréable. Le refuge a été refait intelligemment, avec une mezzanine en partie escamotable.
Arrivés au refuge de Mariailles, nous prenons des glaces maison et du AlterCola. Quand nous demandons de l’eau, la gardienne nous envoie à une source en bordure du GR10, direction Canigou, c’est-à-dire là d’où nous venons. Nous devons insister pour avoir le droit de remplir nos gourdes au refuge. Ils ont enlevé le robinet extérieur car trop de monde y venait à toute heure. Il faut dire qu’on peut monter au refuge en voiture par la piste, du coup en pleine saison le coin est un grand terrain de camping sauvage. La gardienne est très réservée sur l’éventuelle présence d’eau à Pla Guillem. Son cuisinier partage cette réserve et nous indique une source sous le pla côté sud.
Nous modifions notre itinéraire pour arriver d’abord à cette source, puis à Pla Guillem. La source (Font de la Perdrix) est incaptable. Nous contournons le Roc del Mall pour essayer une autre source qui coule, elle. Anthony et moi faisons le plein d’eau et nous lavons tandis que Johan pars à la cabane de Pla Guillem où nous supposons que les deux randonneurs vus sur le Canigou doivent crever de soif.
Lorsque nous arrivons propres à Pla Guillem nous apprenons que la source coule.
On mange avec nos amis, puis on plante le bivouac un peu à l’écart.
Le genou d’Anthony ne vas pas très bien. Nous décidons de continuer le lendemain. Si le genou ne va pas mieux, il redescendra en vallée pour me rejoindre plus loin. Nous avons déjà écourté l’étape du jour, c’est un retard qu’il faudra rattraper pour ne pas décaler les ravitos.

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En montant sur le pic du Canigou
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En descendant du Pic du Canigou par la cheminée
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Refuge Arago refait à neuf avec sa source au premier plan
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Refuge de Pla Guillem

J6 : Pla Guillem – Vallée d’Eyne
On a mis le réveil à 6h. On part vers 7h30 avec Johan. On marche au rythme d’Anthony dont le genou ne va pas beaucoup mieux. Je trépigne. On a deux jours de crête devant nous et un orage qui nous attend en fin de journée demain. Si je veux arriver au bout des crêtes avant l’orage, il faut que je marche à mon rythme, donc seul. Je décide donc de faire bande à part. Une pause pour en discuter, convenir de la suite : Anthony et Johan continuerons à marcher ensemble, Anthony s’arrêtera vers Font Romeu, se reposera, puis me rejoindra soit au Pas de la case en Andorre, soit au lieu du premier ravitaillement à l’étang de Soulcem en Ariège.

Je fonce. A peine parti, quand je me retourne, je ne vois plus personne. J’atteins la Porteille de Rotja. J’y rencontre 3 HRPistes mulets qui vont vers l’Est et 3 vieux catalans du nord qui font une pause. Ils nous offrent un chant catalan sur le Roussillon. Je file contourner le Roc Colom, trouve une source sur son flanc et y puise 3 litres d’eau. L’eau est rare sur cette crête. Je file au pic de la Dona et y déjeune. Il y a là un couple de français. Ils se prennent en selfie et elle est fière est heureuse d’être montée pour la première fois à 3000 mètres. Je ne dis rien. Ils se plantent de 300 mètres mais ça ne me regarde pas. Puis j’attaque le Bâtiment (Pic du Géant). En montant, je croise un catalan. Nous parlons catalan, castillan, anglais et français. Lorsqu’il me serre chaleureusement la main pour me féliciter de me lancer sur cette traversée, il me fait penser à mon beau-père catalan lui aussi. Sur le pic, je rencontre un français vivant en Europe du nord (suède ? Norvège ?) Il est originaire du coin et fait une ballade de quelques jours en choisissant l’itinéraire au fur et à mesure. Nous discutons pas mal de temps, il voudrait lui aussi faire la HRP un jour. Je suis moralement hyper-boosté par le fait de marcher enfin à mon rythme et dans cet état, je l’encourage à le faire. Je poursuis avec les pics d’enfer, de la vaca, du néufont et d’Eyna. Pour rattrapper le retard d’hier, il faudrait que je bivouaque un peu après le Puigmal d’Err, mais je commence à sentir la fatigue et je n’ai que 150m à descendre pour atteindre du plat et une source en haut de la Vallée d’Eyne.
La source est protégée par un isard de couleur claire. J’approche, il me fait face, ne bouge pas, crache, tape du pied. La proximité est toute relative, il est encore loin, mais à cette distance d’autres isards auraient décampé depuis longtemps. Je cherche dans ma mémoire des récits d’attaques de randonneurs par des isards, et n’en trouvant pas, je continue à m’approcher de la source. L’isard finit par prendre ses distances. Il prend de la hauteur, trouvant un peu d’herbe à brouter entre les cailloux de l’éboulis. L’axe du soleil et de la vallée coïncident pour m’offrir un maximum d’ensoleillement. Je profite de ça et de la source pour me laver ainsi que toute ma maigre garde-robe. J’apprécie beaucoup la bassine, que je remplis à la source à l’aide du bol. Un peu plus bas je trouve un spot de bivouac à côté du ruisseau, j’y dors comme un loir.

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Station de ski de Vallter 2000
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Isard protégeant la source "Font de la Coma d'Eina" sous le Pic d'Eyne
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Bivouac à la Coma d'Eina

Dernière modification par Eloi (16-10-2016 19:24:48)

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#4 16-10-2016 09:03:05

Rouquemoute
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Marrant le coup de la pizzéria, après avoir marché avec tant de force pour y arriver... C'est pas de chance tout de même, surtout pour celle qui s'est intoxiquée...

La photo avec la mer de nuage, et la douce lumière méditerranéenne est vraiment très belle.

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#5 16-10-2016 12:07:55

Eloi
Bigfoot
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

J7 : Vallée d’Eyne – Camping Pyrénéus (Puigcerda)
Autant hier je tenais une forme olympique, autant ce matin je marche plutôt pépère. Peut-être que le réveil à 5h est un peu trop matinal. Mais je dois rejoindre le Puigmal d’Err pour finir mon étape d’hier, puis marcher quelque chose comme 25km sur une crête dodue pour atteindre Puigcerda avant l’orage.
Je remonte sur la crête et reprends l'enchaînement des pics. Partout je débusque des isards, des marmottes, et même deux mouflons. Le Puigmal d’Err marque la fin de cette suite de pics et le début de l’étape officielle du jour. Maintenant il me reste 25km à marcher. Je suis une piste sur un plateau herbeux désertique. C’est chiant, il fait lourd, je ne croise personne, et depuis le Puigmal d’Err, je rêve d’une entrecôte à Puigcerda. Alors je marche à un bon rythme. J’arrive enfin sur le plateau, vers 15h. Mais l’endroit est déprimant. Des villages de chalets sans aucun charme, tous les chalets sont les mêmes et il y en a quelques uns en construction. Visiblement cet endroit ne vit qu’en hivers. Je piquenique à Age, tant pis pour l’entrecôte, d’ailleurs même pas sûr de trouver un resto ouvert. Je me traîne jusqu’à Carrefour Market de Puigcerda. Je me sens à la fois déprimé et épuisé. Je ne trouve pas les produits auxquels je suis habitué, et je tarde à leur trouver des remplaçants. J’ai peur de tomber dans les pommes, d’épuisement physique et/ou moral, avant d’avoir trouvé. Les néons, les gens, principalement des français qui trouvent les prix moins chers ici, la musique diffusée, tout rend ce lieu terriblement hostile. Je finis par quitter ces rayons inhospitaliers. De l’extérieur, Puigcerda n’invite pas à visiter l’intérieur. Du coup je trace au plus court pour atteindre le camping. Je longe une zone industrielle sinistre, puis une route sans bas-côté. Heureusement le camping est bien. Je plante la tente sous les premières gouttes du pseudo-orage. Ça ne dure pas. Je vais me doucher, ce qui me fait du bien. Je veux manger au resto du camping. Je me suis habitué à me coucher tôt, mais ici on est en Espagne et les horaires ne le permettent pas. Début du service à 21h. Par téléphone Anthony me dit qu’il est dans un gite à Font Romeu, avec Johan et l’Israélien. Son genou va un peu mieux. Il me rejoindra vendredi au Col de Valmanya au dessus du Pas de la Case.

Je regrette d'être passé par Puigcerda plutôt que par la vallée d'Eyne et les Bouillouses. J'ai fait ce choix pour faire quelques courses à Puigcerda et changer un peu d'itinéraire par rapport à 2013.

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Izard curieux au coll de Finestrelles
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Vue depuis le Puigmal d'Err
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En descendant vers Puigcerda
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J8 : Camping Pyrénéus – Porteille de Joan Antoni
J’ai passé une très bonne nuit au camping. Je me réveille à 6h, je boucle le sac et décolle à 7h sans déjeuner. Avant de quitter le camping je voudrais faire le plein d’eau. Je fais le tour des sanitaires et laveries : rien à faire, l’eau froide coule tiède. Je fais donc le plein d’eau tiède. Arrivé au premier village, je trouve une fontaine d’eau fraiche non chlorée (c’est précisé sue un panneau) et j’y renouvelle mon eau. Une allemande fait le plein également. Elle était au même camping et parcourt le GR11. Nous tentons d’échanger quelques mots. Elle ne parle pas français, mes cours d’allemand sont loin derrière, et elle semble encore plus mauvaise que moi en anglais.
J’aurais dû partir plus tôt. Le soleil n’est pas levé depuis longtemps et il fait déjà une chaleur à crever. J’atteins rapidement le dernier village de la plaine. Le GR11 suit une douce crête herbeuse pleine de vaches et chevaux. Je m’arrête à l’ombre d’un arbre pour prendre mon petit déjeuner et passer un coup de fil à ma copine. Crêpes bretonnes + chocolat + nectarine. Je continue, c’est pas moche. De la belle herbe et des sapins. Une petite pause barre de céréales près du refuge de Malniu, ensuite le chemin est en balcon au-dessus d’une vallée dans laquelle il finit par plonger. Il faut alors monter au fond jusqu’à la Portella d’Engorgs puis redescendre 1000m. J’arrive à proximité de la cabane dels Esparvers. C’est là en théorie que se termine mon étape. Mais la mention de la cabane sur la carte s’étend sur plus d’1km, pas envie de chercher, et l’endroit est trop bouseux pour y passer la nuit. J’ai déjà monté 1832m aujourd’hui et je décide d’en ajouter 300 pour dormir près d’un lac sous la portella de Joan Antoni. Après tout, il n’est même pas 16h. Les abords du lac ne sont pas très salubres. Il y a même une carcasse de brebis avec sa cloche. Alors que je m’apprête à me laver, l’orage gronde au loin. Sans doute au milieu de l’Andorre. Je m’empresse de monter l’abri et d’y ranger les affaires, puis je lave les sous-vêtements du jour. L’orage gronde toujours mais ne se décide pas à encore à venir par ici.
Aujourd’hui à la pause déjeuner je me suis coupé le pouce en débitant une tranche de saucisson. C’est vraiment très con car je ne coupe jamais le saucisson comme ça et quand je vois quelqu’un le faire, je le mets en garde contre les coupures. La coupure est un peu profonde, mais a bien cicatrisé sous un pansement.
Ce soir c’est nouilles chinoises au poulet. Je n’avais jamais emporté ce genre de nourriture en rando, mais c’est tout ce que j’ai trouvé à Puigcerda. Et bien ce n’est pas si mal. J’aurais aimé manger ça avec des baguettes.

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En quittant Puigcerda
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Estany dels Minyans
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Portella d'Engorgs
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Etang sans nom sous la Portella de Joan Antoni

Idées en vrac :
Mercredi 20 juillet : ça fait presque 3 jours que je marche seul. Le 1er jour mon allure était guidée par la liberté de marcher enfin à mon rythme. Ça envoyait du lourd. Le deuxième jour mon allure était guidée par l’impératif d’être en bas avant que l’orage n’arrive. Le 3ème jour après les deux précédents à fond la caisse, l’allure est plus tranquille mais néanmoins correcte. Tout ça pour dire qu’en marchant avec moi, Sonic était à bout de forces. Anthony avait du mal à suivre, et maintenant je me rends compte que moi non plus je ne peux pas tenir mon rythme.
-    Ce soir ça ne capte pas, l’orage menace. Je me demande si Anthony a trouvé où bivouaquer vers le pas de la case. Il n’est pas loin mais je ne peux pas le contacter. D’ailleurs je ne peux contacter personne. Ça me donne un sentiment d’isolement et de solitude que je n’avais pas encore éprouvé.
-    Depuis que je marche seul j’ai tendance à enchainer les conneries. Dès les premiers mètres, mon pied gauche s’est posé sur un caillou qui a eu la mauvaise idée de rouler vers la droite. Je me suis éraflé un doigt en évitant la chute. Hier, je n’ai pas fait assez de courses, je vais donc devoir me rationner. Et aujourd’hui je me suis coupé en coupant le saucisson.
-    La 10ème étape est vraiment trop hard. De Fontargente à Creussans, il n’y a visiblement pas vraiment de chemins, et j’ai quand même prévu une étape de malade : 22,5km, 2181m de D+ et 1885m de D-. Je peux la réduire en prenant l’itinéraire d’il y a 3 ans.

Dernière modification par Eloi (16-10-2016 19:34:47)

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#6 16-10-2016 12:26:59

Eloi
Bigfoot
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Voici maintenant les deux étapes les plus pourries de cette rando.

J9 : Portella de Joan Antoni – Portella de Envalira
Ce matin il y a un peu de condensation dans la trailstar. J’ai dormi bien et longtemps. Le ciel est partiellement couvert. Il est 5h30. Je prends le petit dej en me payant le luxe d’un thé (je suis un peu juste en alcool). Je monte à la porteille. Il me prend de chantonner. D’abord Beirut d’Ibrahim Maalouf, un morceau très beau et mélancolique, ce qui a pour effet de me hérisser le poil et de faire venir des larmes tellement c’est beau (les effets de la solitude). Puis je me lance dans une impro de musique trad celtique, mais me sens obligé de me taire quand je croise deux andorrans venus avec jumelles et longue vue, sans doute pour observer la faune sauvage. De l’autre côté de la porteille, c’est légèrement brumeux. Ça capte pas mal, normal, on est en Andorre. Je reçois quelques textos, ce qui m’apprend qu’Anthony ne me rejoindra pas, son genou ne va pas assez mieux. Je descends en suivant les cairns mais ça ne me mène pas sur le tracé que j’avais prévu. Je me retrouve dans la pluie, le brouillard et le vent à flanc de pierrier glissant et roulant. J’entends le lointain grondement de l’orage, ce qui n’arrange pas mon cas. Je cherche à atteindre la piste en crête. Je la rejoins enfin grâce à une piste de ski. Là-haut c’est balayé par le vent et la pluie. La météo prévoit de la grêle et ça ne me rassure pas. Je suis cette piste jusqu’à la portella de Envalira. Il y a deux stations essence et un brouillard épais. J’hésite un peu, et puis je traverse la route et m’engage sur la piste qui suit encore la crête. L’orage gronde un peu plus proche, ce qui me raisonne. Demi-tour, je m’abrite sous le toit d’une station-service. Un ariégeois venu y faire le plein me descend à l’Hospitalet. Je m’échoue au bar de l’hôtel. Il y a déjà un groupe de 5 randonneurs. Puis il en arrive un couple, puis deux autres, un homme et une femme. Lui, j’ai mis le temps, et lui aussi, mais on se connait car on s’est vu sur le Canigou et à Pla Guillem. Elle, je ne la connais pas, mais je l’interroge sur son sac à dos, un Toutenmesh à la mode de Denq. C’est une simple lectrice du forum. Nous mangeons tous les trois à l’hôtel, puis nous prenons le train, moi jusqu’à Tarascon, et eux jusqu’à chez eux. Je prends une chambre à l’hôtel de poste et j’y fais ma lessive intégrale, ce qui m’oblige à rester devant la TV le temps que ça sèche. Je passe le temps en grignottant, du coup je n’ai plus faim à l’heure de dîner. C’est un peu la loose.

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Séchage du matos en attendant le train à la gare de l'Hospitalet

J10 : Tarascon sur Ariège – Tarascon sur Ariège (ça n’avance pas beaucoup)
Je suis vaseux, nauséeux. Peut-être l’inactivité, ou le fait d’avoir mangé surtout du sucré hier soir, ou alors la mousse au chocolat de l’hotel de l’Hospitalet qui n’était clairement pas du jour voir de la semaine. Je fais un tour dans Tarascon entre deux averses. J’achète une pâtisserie dans une boulangerie et une nectarine au marché. Elle n’est pas bien terrible. Je zone vers la tour, puis rentre à l’hôtel au moment où il se remet à pleuvoir. Je glande jusqu’au moment du repas que je prends au resto de l’hôtel, puis sieste, puis TV, puis pâtes chinoises cuisinées dans la chambre.

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#7 16-10-2016 12:41:10

taowen
voyages/randos/treks à pieds, vélo, ski...
Lieu : aube
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

J’aime bien ta prose, dynamique, ça se lit bien, avec ces petits détails marrants. Probablement comme d’autres, je me dis que je ne suis pas le seul à faire de petites conneries, dues à des moments de distraction.
Pas top de se retrouver devant la tv sur une traversée des Pyrénées, mais j’imagine que ça va s’arranger par la suite.
Tes photos donnent une bonne idée des paysages que tu traverses.

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#8 16-10-2016 13:27:13

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

J11 : Etang de Soulcem – Etang d’Estats
Les ravitailleurs passent me prendre à Tarascon, puis on roule jusqu’à l’étang de Soulcem. Je fais mon sac de bouffe au cul de la voiture et on décolle vers le Montcalm via le sentier du Riufret. C’est raide, quelques pas d’escalade facile mais sur rocher mouillé. Piquenique au-dessus de l’étang du Riufret puis on continue. Ça se termine par un long névé en fond de vallon que je contourne plus ou moins facilement. Mes compagnons préfèrent en rester là et je les comprends car il leur reste près de 1500m de désescalade. De mon côté, j’arrive au col un peu dans la brume. Du coup je ne vois pas l’intérêt de monter dormir sur le Pic du Moncalm. Je descends direction l’étang du Pinet, mais connaissant l’endroit, je ne souhaite pas bivouaquer trop près du refuge (guitare électrique, groupe électrogène…) Je m’arrête donc à l’étang d’Estats et il est encore très tôt. Je grignotte du kouign-amann. La moitié du gâteau y passe et je réalise qu’il est déjà 19h et je n’ai pas assez faim pour un repas chaud. Je n’ai pas grand-chose à faire alors je vais me coucher. Le lac est survolé par la brume, il fait frisquet, tout est trempé, la tente et le dessus de la couette. Satané nuage. !

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Etang de Soulcem
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Début du vallon du Riufret
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Fin du vallon du Riufret
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Bivouac à l'Etang d'Estats

J12 : Etang d’Estats – Lo Fangassal (sous le Mont Roig)
Le réveil sonne à 5h30. Il fait froid et humide. Il y a un peu de vent mais pas de lumière. Je décale le réveil à 6h30. Je me lève et remballe tout. Je pars avec la doudoune et la veste. Je descends vers le refuge du Pinet, guettant le chemin qui mène au col d’Artigue. Je suis presque au lac du Pinet quand je bifurque à gauche, plonge vers le torrent par un chemin escarpé avec un passage vertical sécurisé par une corde. Je traverse le torrent sur un névé recouvert d’éboulis. J’atteins le premier mini-col et j’y prends mon petit déjeuner au soleil en regardant la mer de nuage lécher le refuge du Pinet. Ensuite je galère pour suivre le chemin qui passe dans un pré pentu plein d’herbe mouillée et glissante. Je pense que les cairns ont été emportés par la neige, j’ai du mal à progresser. Je fais des montagnes russes sur ce sentier en pointillés, dévale par un pierrier vers l’étang de Montestaure où je me baigne. L’eau est claire, la vase compacte remonte un peu sous mes pas, un régal. Puis je fais ma lessive de sous-vêtements et reprends la route qui me fait rejoindre le GR pour franchir le col de l’Artigue. Côté français, un beau pierrier de gros blocs de granit blanc bien stable. J’y fais de grandes enjambées, mais c’est bien plus agréable que le chemin qui m’a mené jusqu’ici. Côté espagnol, le chemin descend entre les herbes vers des lacs. Il fait beau, ça devient joli et ça commence à me plaire. De plus je me sens moins vaseux-nauséeux que ce matin et hier. Je descends un vallon de lac en lac : Aiguamoll de Guilo et Romedo de Baix au bord duquel je mange. Je monte vers l’Estany de Romedo de Dalt puis je passe le col et me retrouve juste en face du refuge de Certascan. Il faut juste contourner un mini-cirque pour l’atteindre. Au refuge je prends de l’eau et je m’apprête à repartir quand je vois deux sacs à dos devant le refuge. Un KS comme le mien et un Zpack à dos filet comme celui d’Anthony. Je me dis qu’il y a du MUL là-dedans. J’entre, commande un coca et tente d’engager une conversation avec les propriétaires des sacs. Ils n’ont pas vraiment envie de parler, et en anglais ça semble si peu évident que je me dis que ce n’est peut-être pas leur langue. Je n’insiste pas, je finis mon coca et eux leur repas. Dehors, ils constatent que j’ai le même sac qu’un des leurs, du coup ils sont un peu plus enclins à discuter. Je ne sais pas du tout d’où ils viennent, mais ils traversent les Pyrénées sur la HRP dans le sens Ouest-Est. Je me re-chausse devant le refuge quand retentit un bruit de puissante corne de brume. Je mets un moment à réaliser que c’est l’âne du refuge qui pousse son cri. Je file, longe le lac de Certascan, puis réalise que je marche sans bâtons. Un aller-retour en courant pour les récupérer au refuge, puis je monte au col. Comparé à 2013, c’est bien plus aisé sans neige, et j’ai l’impression de découvrir un paysage que je ne connaissais pas. Descente vers Noarre où je fais le plein d’eau car le point de bivouac n’est plus très loin.
A ce sujet, quand je marche côté espagnol, la carte dont je dispose n’indique pas les sources et d’autre part je trouve qu’il y a beaucoup plus de bétail (vaches surtout) que côté français. Du coup j’ai tendance à marcher en portant beaucoup d’eau (3L et quelques)
Il est tard, presque 19h. A cette heure-ci je préférerais être déjà au bivouac en train d’écrire le récit de ma journée. Je m’empresse de rejoindre Lo Fangassal. J’irais bien dormir un peu plus haut, au refuge du Mont Roig, mais je n’en ai pas la force. Je trouve un spot de bivouac acceptable, avec un peu de plat et pas trop de bouses. J’y dresse l’abri. Le Mt Roig est caché  par des nuages un peu inquiétants. J’espère qu’il n’y aura pas d’orage.
Ce soir c’est purée 4/4. J’aurais bien cuisiné au bois, mais je n’ai pas trouvé les 3 pierres nécessaires pour y poser la popote.
Je mets le réveil à 5h30. J’espère que je ne serai pas embêté par les vaches dont j’entends tinter les cloches au loin. C’est plein de moustiques, mais ils se calment quand le soleil décline.

-    Rêve de cette nuit là : Je suis dans un supermarché et je cherche des Pringles Originals. Malheureusement il n’y en a plus. Pas grave, on me les fait venir par avion. C’est à la limite de la légalité, en plus si l’avion peut atterrir sur le parking, il ne peut pas en décoller.

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en descendant de l'Etang d'Estats vers l'étang du Pinet
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Refuge du Pinet
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Etang de Certascan
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Bivouac avec vue sur les nuages qui masquent le Mont Roig

En chemin j'ai trouvé ça :
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et ça :
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Et tout un tas d'atres tags du même genre, des autocollants avec le même message. Est-ce que quelqu'un sait de quoi il s'agit? Pour ma part je n'ai pas trop aimé.

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#9 16-10-2016 13:38:15

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Rouquemoute a écrit :

Marrant le coup de la pizzéria, après avoir marché avec tant de force pour y arriver... C'est pas de chance tout de même, surtout pour celle qui s'est intoxiquée...
La photo avec la mer de nuage, et la douce lumière méditerranéenne est vraiment très belle.

Merci pour le compliment. J'aime beaucoup les lumières matinales, même si je n'ai certainement pas le meilleur APN pour les figer.
Pour la pizzéria, à voir les avis sur internet, nous n'avons pas été les seuls à être déçus.
Ce restaurant s'appelle "La ferme" et est situé 3 Avenue du Général de Gaulle.

taowen a écrit :

J’aime bien ta prose, dynamique, ça se lit bien, avec ces petits détails marrants. Probablement comme d’autres, je me dis que je ne suis pas le seul à faire de petites conneries, dues à des moments de distraction.
Pas top de se retrouver devant la tv sur une traversée des Pyrénées, mais j’imagine que ça va s’arranger par la suite.
Tes photos donnent une bonne idée des paysages que tu traverses.

Chaque soir j'écrivais le récit de la journée sur un cahier. Le récit que je poste ici est une retranscription de ce cahier, avec quelques corrections
et un peu de censure pour les réflexions trop personnelles...

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#10 16-10-2016 13:53:51

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Eloi a écrit :

Et tout un tas d'atres tags du même genre, des autocollants avec le même message. Est-ce que quelqu'un sait de quoi il s'agit? Pour ma part je n'ai pas trop aimé.

Salut smile

Vu aussi ça l'année précédente, à l'été 2015. Surtout des autocollants. Pas aimé ça non plus. J'en ai enlevé quelques-uns avant de m'apercevoir qu'il y en aurait beaucoup trop à enlever. Il semble qu'il y ait une mouvance de radicalistes religieux le long des Pyrénées. Je n'ai pas constaté la même chose dans les Alpes à l'été 2016, si ce n'est quand même en Suisse avec leurs évangélistes, mais sous une autre forme, plus installée, plus institutionnelle.

Dernière modification par enrico (16-10-2016 17:32:11)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

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#11 16-10-2016 18:07:51

Magne2
Membre
Lieu : Vitry sur Seine
Inscription : 23-09-2013
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Récit sympa et faisant bien vive le chemin ( les photos mériterait une légende )


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#12 16-10-2016 18:38:42

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Magne2 a écrit :

( les photos mériterait une légende )

En effet, je m'en suis rendu compte et ai commencé à en légender quelques unes. Je vais éditer les messages dans ce sens.

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#13 16-10-2016 20:57:32

JLG
Mi MUL
Lieu : Gers Madiran
Inscription : 09-10-2012

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

J'ai vu deux fois ce même tag cet été. Le 1er au sud du Vignemale sur la porte d'une cabane (Gr11) et le second sur un rocher vers l'étang d'Estaens (vallée d'Aspe). Moi aussi je n'aime pas trop (impression bizarre).
Dommage tu ne mets pas de date à ton "journal".
Jluc tongue


"Personne n'est clandestin. Dans nos montagnes, il n'y a que des hôtes de passage." Erri de Luca

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#14 16-10-2016 21:44:02

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

JLG a écrit :

Dommage tu ne mets pas de date à ton "journal".

Je n'ai daté que le premier jour, les autres sont les suivants.

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#15 16-10-2016 21:55:48

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
Inscription : 09-06-2014

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Eloi a écrit :

...J’aurais bien cuisiné au bois, mais je n’ai pas trouvé les 3 pierres nécessaires pour y poser la popote.

Des cailloux au Mont Roig? Non ma brave dame, même pas de quoi faire tenir la popote qu'on vous dit! wink

Eloi a écrit :

En chemin j'ai trouvé ça (...) Et tout un tas d'autres tags du même genre, des autocollants avec le même message. Est-ce que quelqu'un sait de quoi il s'agit? Pour ma part je n'ai pas trop aimé.

Aussi c... que l'abruti qui grave des vulves sur des rochers et des arbres. Raison de plus pour éviter les sentiers balisés. smile


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#16 16-10-2016 23:20:42

martie
Membre
Inscription : 04-03-2011

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Merci Eloi pour ce retour - récit sympa, "vivant" et belles photos - on s'y croirait...
J'aime bien les récits de traversées des Pyrénées....
Il faudrait que j'y songe - pour l'instant je n'ai pas dépassé le Carlit...

martie

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#17 17-10-2016 06:41:03

einganien
Membre
Lieu : Marseille
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Super récit Eloi !!
Comme je connais bien le coin, j'ai reconnu certains lieux dans tes commentaires.
Vraiment dommage d'avoir contourné la vallée d'Eyne...

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#18 17-10-2016 10:23:12

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

einganien a écrit :

Super récit Eloi !!
Comme je connais bien le coin, j'ai reconnu certains lieux dans tes commentaires.
Vraiment dommage d'avoir contourné la vallée d'Eyne...

Oui, c'est dommage. J'ai fait ce choix pour me ravitailler à Puigcerda. Est-ce qu'il y a de quoi faire ses courses entre Eyne et Bolquère? Je demande ça pour une éventuelle prochaine fois tongue

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#19 17-10-2016 10:27:57

enrico
Membre
Lieu : Rhône-Alpes
Inscription : 13-08-2013

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Eloi a écrit :
einganien a écrit :

Super récit Eloi !!
Comme je connais bien le coin, j'ai reconnu certains lieux dans tes commentaires.
Vraiment dommage d'avoir contourné la vallée d'Eyne...

Oui, c'est dommage. J'ai fait ce choix pour me ravitailler à Puigcerda. Est-ce qu'il y a de quoi faire ses courses entre Eyne et Bolquère? Je demande ça pour une éventuelle prochaine fois tongue

Hello smile
Entre Eyne et Bolquère, non. Mais à Bolquère même, il y a un Super-marché Casino.

Dernière modification par enrico (17-10-2016 10:29:23)


"De côtes en vallons, de plaines en plateaux, marcher en silence, le regard en paix"

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#20 17-10-2016 10:42:44

lataboge
Breiz pyrénéist
Lieu : Gers
Inscription : 12-02-2010
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Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Salut Eloi. Merci pour le retour passionnant.
Ne pas oublier LA référence florencia

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#21 17-10-2016 18:51:42

ester
Membre
Lieu : Bzh
Inscription : 23-08-2011

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Bonjour Eloi,  smile

A Eyne, la Maison de la Réserve a une mini-épicerie (enfin, de quoi dépanner en attendant d'arriver à Bolquère) : œufs, grignotis, quelques féculents, pour le reste, j'ai un peu oublié.  smile

Merci pour le retour, un vrai plaisir de s'y plonger !


Grâce à vous, j'avance ! merci !  smile

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#22 17-10-2016 23:37:01

martie
Membre
Inscription : 04-03-2011

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

A Eyne il y a une fromagerie...
Le super-marché casino n'est pas à Bolquère mais Super-Bolquère ce qui fait une différence (et bof de Bolquère à Super bolquère - rien d'enthousiasmant) - bon il y a bien les bus...
Plus sympathique t bucolique à mon avis un détour par La Cabanasse où il y a quelques petits commerces (certes pas un super casino)

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#23 18-10-2016 08:44:00

René94
Membre
Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
Inscription : 30-12-2009

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

ester a écrit :

Bonjour Eloi,  smile

A Eyne, la Maison de la Réserve a une mini-épicerie (enfin, de quoi dépanner en attendant d'arriver à Bolquère) : œufs, grignotis, quelques féculents, pour le reste, j'ai un peu oublié.  smile

Se renseigner sur son jour de fermeture (en 2011, c'était le mercredi).

Sinon, à Bolquère, il y a une épicerie bien fournie.


"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi

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#24 18-10-2016 08:47:34

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Je suis content que ma prose vous plaise. En la retranscrivant depuis mon journal de bord, je craignais qu'elle soit un peu brute et inintéressante, surtout pour ces premiers jours. Pendant cette première semaine, le soir je me forçais à tenir ce journal pour prendre le rythme d'écrire une page par jour. Par la suite j'avais de plus en plus de choses à y écrire et je débordais souvent sur la page suivante.

Pour revenir sur mon choix d'itinéraire, il se justifie comme je l'ai dit par le supermarché de Puigcerda qui ne m'a pas fait faire de gros détour, mais aussi par le fait que je voulais changer de 2013, et qu'il me semblait que la plaine était moins longue à traverser au niveau de puigcerda qu'au niveau d'Eyne.

Après coup et pour avoir fait les deux, entre le Coll de Nuria et l'Andorre, passer par la vallée d'Eyne et les Bouillouses présente 100 fois plus d'intérêt que par le Puigmal d'Err et Puigcerda.

Dernière modification par Eloi (18-10-2016 10:04:28)

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#25 18-10-2016 17:59:55

Eloi
Bigfoot
Lieu : Toulouse
Inscription : 27-04-2010

Re : [Récit + liste] HRP 2016 d'Est en Ouest - J'y étais presque!

Allez, la suite.

J13 : Lo Fangassal – Estanyola del Clot de Moredo - mardi 26/07
5h30, le réveil sonne. Je repousse un peu mais pas trop. Tout est sec ce matin, je commence à marcher vers 6h15. Je me traine comme chaque matin finalement. Au bout de la vallée, juste avant que ça grimpe vers le refuge Eric Pujol, je prends le petit déjeuner. Je pensais repousser un peu ce moment, mais j’ai grave la dalle. Le reste du Kouign Amann y passe. Je monte au refuge, traverse le cours d’eau et monte péniblement de lac en lac. Le dernier effort jusqu’au col est considérable. J’y suis récompensé par du réseau. Ça faisait longtemps. Je passe bassa de gurbos, je fais la lessive complète et la toilette à l’étang de la Tartera, puis vient la première connerie de la journée. De l’étang je vois un beau sentier qui monte à un col au sud du Coll de la Corenella que je devrais prendre. Je m’y engage et en cours de route je me rends compte de mon erreur mais je continue. Derrière les deux cols la pente est similaire d’après la carte. Je galère grave derrière ce mauvais col. Pas de sentier, des cairns, mais pas tout le temps. Je fais du gros hors-piste, ça me gave. Pause déjeuné à bassa de Sobriu, puis descente vers Alos d’Isils. A un moment ça bifurque à droite. J’ai le choix : Suivre mon tracé gps conforme au véron, donc prendre à droite, ou prendre à gauche, plus près du ruisseau, avec des cairns. Je fais le mauvais choix : je fais confiance à Véron plutôt qu’aux indications du terrain et c’est ma deuxième connerie de la journée. Je fais quelques km sur un chemin mal entretenue en montagne russe, qui finit par ne plus suivre mon tracé gps. Donc demi-tour, je prends le bon chemin.
Plus bas le sentier s’arrête là où commence une piste en lacets. Je la descends, et dans un virage la piste est barrée par une barrière. Je vois que plus bas derrière cette barrière, il y a une maison avec une voiture garée. Je me dis donc que c’est une propriété privée. Je longe la clôture pour contourner cette propriété par la droite. C’est un peu tracé donc je me dis que d’autres ont contourné cette propriété et je me crois un peu moins con que quelques secondes avant. Mais je me retrouve à jouer les sangliers pour finalement franchir la clôture et retomber sur la piste un virage plus bas. Ensuite j’atteins la route sans refranchir de clôture. Je suppose que la barrière est là pour empêcher le bétail de descendre vers la route. Je viens de faire ma 3ème connerie de la journée.
Il fait très chaud à Alos d’Isils, mais j’y suis bien. Sur la place il y a de gros arbres qui font une très bonne ombre et des bancs confortables en dessous. Il y a déjà deux couples de randonneurs qui profitent de cet endroit. Il y a aussi une fontaine avec deux verres à bière vides retournés sur un support en bois prévu à cet effet. C’est très accueillant. J’y fais une petite sieste, c’est tranquille, je n’ai plus qu’à monter un peu plus haut pour atteindre l’estanyola del Clot de Moredo. Mais je réalise qu’en fait cette petite montée fait quand même 1000m de D+. Je décolle et suis des balises jaunes. Elles me mènent sur un sentier pas du tout entretenu, passant d’une ancienne terrasse agricole à une autre. Plusieurs fois le balisage me laisse galérer. En fait il n’y a presque jamais de balise aux croisements. Mon parcours ne ressemble pas tout à fait au tracé GPX, mais je sais maintenant que ce dernier n’est pas fiable.
Je galère un moment puis je rejoins la piste que j’aurais mieux fait de suivre dès le début, quitte à faire un peu plus de distance. J’y rejoins un couple de mulets français que j’ai vu quitter Alos d’Isils après avoir fait le plein d’eau. Leurs sacs sont énormes, mais pas assez pour loger toute l’eau qu’ils veulent emporter. Ils sont donc partis avec chacun une bouteille d’1,5L à la main. La piste fait de grands lacets et mon tracé GPS prends des raccourcis dont je ne trouve pas de trace sur le terrain. J’y vais donc à l’arrache pour couper le premier virage, mais pour la suite, je préfère la piste qui me permet de conserver une bonne moyenne. Dans un virage, je tombe sur un local genre algéco. A l’intérieur il y a un peu de mobilier en palette, un matelas mousse éventré et un fauteuil.
Le couple de français s’est arrêté un peu plus bas près de la rivière. Je les vois monter leur tente. Ils auront donc grimpé 600m avec une bouteille à la main.
Je quitte la piste pour un sentier, il me reste 250m de D+ avant l’estanyola. A un moment, je tombe sur un renard. Il est plutôt gros, il me montre son flanc gauche et l’arrière de sa tête. Il ne me voit donc pas, et le vent de face doit l’empêcher de m’entendre et me sentir. Il détale quand je dis à voix haute « Oh, un renard. ». J’aurais pu me taire et sortir l’appareil photo, mais il m’a un peu surpris.
J’atteins un col puis je descends légèrement vers l’estanyola del Clot de moredo. Il est alimenté par un ruisseau qui serpente dans l’herbe, et se vide dans une grotte. D’ailleurs plus bas je voyais l’eau ressurgir de la falaise.
J’ai besoin de me laver, et envie de me baigner. Il n’y a strictement personne, et je ne m’attends pas à voir arriver du monde. Je me déshabille et entre dans l’eau. J’ai de la vase jusqu’aux chevilles et de l’eau jusqu’aux genoux. Je marche dans l’eau en quête d’un endroit où c’est plus profond, mais il n’y en a pas. J’en ressors déçu et nu, je me sens ridicule. Je monte l’abri sur une petite surélévation au-dessus du lac. A 15m derrière la tente, il y a une entrée de terrier qui me semble trop grosse pour une marmotte. Je m’imagine que c’est le terrier du renard, du coup je deviens parano. Cette nuit je ferme l’abri avec la jupe de pluie, et je suspends tout ce que je peux au mât central (Fizan Compact) qui ploie un peu sous ce poids et la tension de la tente.

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Le Mont Roig

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Estany de Llavera

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Une grenouille

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Estany Major de la Gallina

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Estany de Galberante et Estany de la Gola

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Bassa de Sobria

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Bivouac à l'Estanyola del Clot de Moredo

J14 : Estanyola del Clot de Moredo – Port de la Bonaigua
Vu que la journée est bien plus soft que les autres, j’ai mis le réveail à 6h. Je le repousse à 6h30. Il fait froid et la toile est humide. Elle est d’ailleurs givrée par endroits. Le renard ne m’a pas rendu visite. Je me paye le luxe d’un thé avec du muesli. Le soleil arrive, mais pas assez vite. Je lève le camp à 7h30. Montée à la Collada del Clot de Moredo au soleil, puis descente à l’ombre jusqu’au refuge d’Airoto qui est au soleil, lui. Il doit y avoir un groupe là-dedans. Des ustensiles de cuisine et de barbecue sèchent sur la table extérieure. Je fais le plein d’eau. Ça va être lourd, mais c’est le poids de la tranquillité. Je passe un autre col plein d’isards et de marmottes, puis je descends vers le joli Estany Superior del Rosari . A partir de là, c’est freestyle. Je tente de suivre la trace GPX issue du topo de Véron, mais c’est entre l’Izaring (course à flanc de pierrier) et le Halloufing ( mode sanglier). Ces termes m’ont été enseignés par mon oncle adepte de ces pratiques. Il fait d’ailleurs aussi du Crêting (= parcourir les crêtes). J’arrive tant bien que mal à l’Estany de Garrabea . Il est 11h. J’étale tout ce que je peux : couette, abri, polycree, vêtements lavé la veille et qui ont presque séché. Puis je me mets à l’eau. Elle est limpide et à cet endroit le fond est en pente douce de sable blanc (issu du granit blanc) partiellement recouvert d’une très fine couche de vase. L’eau est froide mais j’y reste un moment. Quand je ressors, je grelotte. Je lave mes sous-vêtements, m’habille, puis je déjeune en claquant des dents. Je suis pourtant au soleil en doudoune + buff sur la tête. Je repars vers 13h. Je monte à un laquet juste au dessus (Estanyolettes de Garrabea). De là il y a des cairns qui mènent à un col (cote 2391m), mais mon tracé me fait passer par un autre col plus à gauche (cote 2347m). Là, pas trop de cairns, mais un vague sentier. Je commets encore l’erreur de me fier plus à Véron plutôt qu’aux indications sur place, je passe donc par le col de gauche. De l’autre côté du col, il y a l’Estany Pudo, et au-delà, un autre col que je dois franchir. Le tracé de ce cher Véron me fait contourner le lac par la droite, plus ou moins en ligne de niveau. Comme je l’avais déjà constaté il y a trois ans, c’est impossible car il faudrait marcher sur le flanc d’une falaise. Je descends donc de mon col par un éboulis. Il y a quelques cairns. Je longe le lac puis passe la Colhada de Montanhon. Je descends vers le Port de la Bonaigua. Du chemin je localise la cabane del Pletiu d’Arnaldo cernée par les vaches, et une source qui d’ici a l’air de couler. Je commence par me rendre à la source. La première résurgence est un bourbier à vaches. La suivante est exploitable, avec un bol et de la patience. J’y remplis tout ce que je peux, puis je me rends à la cabane. Je trace tout droit, ce qui n’est pas la meilleure idée. Ça me fait monter sur une sorte de crête, puis redescendre dans un cours d’eau, puis remonter. En approchant de la cabane je localise les taureaux du troupeau. Ces imbéciles se sont postés le long de la piste qui constitue le trajet le plus direct pour moi. Je contourne la cabane par la droite de façon à y arriver par le haut, c’est-à-dire derrière la cabane. La cabane est confortable, il est tôt, j’ai plein d’eau, je peux cuisiner au bois dans la cheminée, en faisant un mini feu entre deux briques, j’ai du réseau et largement assez de mAh dans mes accus. Donc un petit thé, coup de fil à ma copine, à mes parents et aux prochains ravitailleurs. Puis consultation de la météo, c’est plutôt bon pour les jours à venir. Le soir, le troupeau de vaches s’éloigne. Quelques nuages très bas descendent du col, ils ne font que passer. Je profite de la table à l’extérieur de la cabane. Ce soir je me couche tôt.

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Estanyola del Clot de Moredo

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Premier plan : un oiseau (vous l'auriez deviné) et au fond : Estany d'Airauto

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Estany d'Airauto

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Refuge d'Airauto

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Estany Superior del Rosari

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Couette CSC L430

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Estany de Garrabea et sa plage de sable blanc

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Sac à bouffe

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Vue Sud-Ouest depuis le Col de l'Estany Pudo

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Des voisins pas commodes, autour de la cabane del Pletiu d'Arnaldo

[EDIT tardif] : orthographe

Dernière modification par Eloi (29-01-2019 10:03:34)

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