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#1 28-01-2017 19:51:09

Archimboldi
Membre
Lieu : Ch'nord
Inscription : 12-03-2012

Nuit polaire sur le lac d'Inari

Salut Paris, salut pollution. Salut les fumeurs agglutinés devant les portes, les abrutis du smartphone, les automobilistes qui ne connaissent pas le clignotant, prennent les ronds-points à l'envers devant les cyclistes. Salut les chiens pas tenus en laisse, le chauffage pas réglable et beaucoup trop fort dans mon 9m², les odeurs de shit en ouvrant la fenêtre, les voisins qui parlent fort, les étrangers, les français, les gens qui boivent de la Heineken, l'administration en général, celle de mes facs en particulier. Salut les examens, les présentations, les RER blindés, les nuits blanches, les cheveux dans la douche ; je vais EN LAPONIE.

Mon déshydrateur tournera non stop les 3 jours précédant mon départ. Je n'avais pas fait attention que c'était si proche.
Courses de dernière minute, mon sac de bouffe avec ziplocs et tout le tralala pèse 4.6 kilos. Trop lourd, je retire un paquet de biscuits. 4.4 kilos. Mieux !
Combien de temps je pars, déjà ? Du 19 au 30 décembre ? Ça devrait aller, et si pas, je me débrouillerai.
Bagage en soute terminé 20 minutes avant de partir pour l'aéroport. J'ai oublié de faire une liste, mais je dois avoir tout ce qu'il faut...
1 tonne de sacs poubelles et de scotchs, bagage pesé à 10.8 kilos, soit un poids réel de -989 kilos. Pas mal, pas mal !

Consultation des mails dans l'aéroport de Bruxelles, mon ultime dossier du premier semestre a bien été reçu.
Décompression.
Des masques à oxygène tomberont automatiquement. L'issue de secours peut être derrière vous.
Le jus de myrtille laisse des traces de rouges à lèvres sur le gobelet en carton, j'en voudrais un deuxième !

L'aéroport d'Helsinki, c'est un peu ma maison. J'étais venu avant qu'on ne construise ce présentoir, j'y suis repassé pendant les travaux. Aujourd'hui ils sont finis, mais d'autres sont en cours. A l'endroit où j'ai l'habitude de dormir.
Le magasin Moomin, le bureau de change, les rondins de bois, les commerciaux qui attendent, toujours au même endroit, en demandant si tu es finlandais. Non, mais j'aimerais bien...

Décollage pour Ivalo, arrivée à 23h. Tervetuloa Lappiin, il fait 2°, bienvenue dans le grand Nord !
Il me faudra un temps infini pour déballer mes affaires, l'aéroport sera fermé bien avant que je ne termine. Pas grave, j'ai tout mon temps.
Je cache mon sac cabine, contenant un t shirt propre, et de quoi emballer mes affaire au retour, l'aventure peut commencer !

Pas beaucoup de neige dis donc, et elle est bien humide. Programme de la soirée ? Attraper la rivière et me rapprocher d'Ivalo, pour demain aller y chercher du gaz.

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Pffff, fatigué, les skis sont lourds, la neige est de plus en plus mouillée à mesure que j'approche de l'Ivalojoki. Un groupement d'habitations juste à côté de la rivière. 15 cm de neige, un endroit à peu près plat, l'aventure attendra demain !


Jour 1, l'aventure qui mouille !


Un temps vivifiant m'accueille au réveil, il pleut. Coup d'oeil au thermomètre, 4°. J'ai vraiment bien fait d'emmener un abri imperméable, moi...

J'attends tranquillement que ça se calme, et emballe très vite mon sac.
Mon petit doigt me susurre qu'il n'est pas très prudent d'aller sur la rivière, mais j'ai dit à Florencia que je lui ramènerais des informations. Accroché à un arbre, je sonde avec mon bâton, ça semble tenir. J'appuie un peu plus fort, je traverse et mets un pied dans l'eau.
Ces chaussures ne se sont pas imperméabilisées par miracle durant l'été, je suis bon pour rejoindre Ivalo à pieds en longeant la route, environ 7 km de là où je suis.

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Le ciel est couvert, le temps plutôt maussade, mais je suis moi particulièrement heureux d'être ici. Ce n'est pas la première fois que je longe cette route. Ces arbres, ces panneaux, ces gens en luge, cette neige,  je me sens chez moi ! smile

Je note en chemin que la rivière est libre en plusieurs endroits, j'ai bien fait de ne pas faire ma tête de cochon.
Arrivée en ville, direction l'office du tourisme, pour trouver du gaz, une carte, du thé, et m'assurer que mon projet est réalisable : suivre la rivière jusqu'au lac d'Inari, puis me promener sur le lac. Le seul endroit où je veux absolument passer, c'est Pielpajärvi, quelques km au nord est d'Inari : il y a là une église en bois que j'ai très envie de voir.
En dehors de cela, aucun planning, aucune idée, de toute façon dans ces contrées, la vitesse de progression est très dépendante des conditions climatiques, avoir un itinéraire précis ne me semble pas une bonne idée.

Comme à chaque fois que je me rends à un office du tourisme, on me dit que ce que je veux faire n'est pas prudent, que je devrais prendre un bus et une chambre d'hôtel. Mouais.
Je ressors en oubliant d'acheter une carte, vais au magasin Sportia juste à côté, qui me renvoie vers un autre magasin. Le gérant du second magasin appelle la nana du premier, étonné qu'elle ne vende pas de cartouche de gaz. Il lui explique en finnois ce que je veux, finalement elle en a !
Une telle gentillesse fait vraiment chaud au coeur; alors que je le remercie pour son aide, lui est désolé pour ma perte de temps, et s'excuse de l'incompréhension de sa compatriote.
Pas étonnant que les finlandais ne puissent pas sentir les russes. Dire que ces deux pays n'en ont été qu'un seul, c'est comme si la Finlande n'avait gardé que les bons côtés ! oO

Je quitte enfin la ville, la cartouche dans mon sac. La rivière n'est que partiellement gelée, j'ai dans l'idée de faire du stop pour rejoindre directement Inari. Ne pas oublier d'y acheter du thé. Et une carte, éventuellement...
Je me pose dans un abri bus pour vérifier que la cartouche fonctionne, mais juste comme je commence à déballer, un bus s'arrête et me demande où je vais.
8.20€, il est environ 13h et la luminosité ne va pas tarder à diminuer, l'aventure attendra encore un peu, je monte !
Quelques rennes se promènent au bord de la route, ça m'avait manqué. smile
En Laponie, ce sont les chauffeurs de bus qui distribuent le courrier. Sans même descendre du bus, dans des boites aux lettres éloignées de toute habitation.

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Arrivée à Inari, je vais prudemment marcher sur le lac... Ça tient ! Je peux enfin enfiler mes skis, c'est parti pour l'aventure !
Mmmmh, je sais bien que ce n'est que la seconde fois que je fais du ski, mais j'ai l'impression que ça glisse beaucoup sous mes spatules. Skier sur la glace sans peau n'est sans doute pas une bonne idée, j'aurais peut-être du en acheter, finalement. Je rejoins le bord opposé du lac, où l'on trouve de la neige. C'est de la neige croutée, les skis passent à travers. Ce n'est pas profond, mais impossible de skier, la croute bloque mes chevilles, je suis obligé de la casser avec mes bâtons.
Je navigue comme je peux, mes skis sont de plus en plus souvent sur l'épaule, je finis par les attacher sur le sac, tant pis.

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Avec les redoux de ces dernières semaines, tout le lac est en réalité une immense plaque de verglas. Je n'ai pas de crampons, ça aurait pu être utile. A chaque sortie "là-haut", je dis en rigolant, et pour taquiner le MUL que je suis, que les petits crampons pour verglas pourraient être bien utiles pour marcher sur les trottoirs en ville sans risquer de se casser une patte. Pour une fois, ça aurait pu être vraiment utile...

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La nuit tombe rapidement, ce soir je vise le lap pole de Pielpavuono, pour demain me rendre à la petite église, plus au nord.

Je vais mettre plusieurs heures à atteindre cet objectif. Le thermomètre, qui indiquait -2 il n'y a pas si longtemps monte dangereusement vers les 5°. A la lumière de ma frontale, je note que la glace "a la consistance d'une plaque de chocolat fondue au bain-marie". Ça semble solide, jusqu'à ce qu'on marche dessus et que l'on se rende compte que c'est liquide. Pas très profond, mais tout de même au niveau de la languette de mes chaussures. L'endroit où elles ne sont pas imperméables.
Sous l'eau, de la glace. Et zouip le cucul mouillé.

La fatigue n'entame pas ma bonne humeur, je suis en Finlande, en Laponie, pendant la nuit polaire ! Le ciel est dégagé, peut-être des aurores boréales pointeront-elles leurs bras de sorcières (si je ne me trompe pas, c'est une légende inuit selon laquelle les aurores boréales seraient les bras des sorcières qui viendraient chercher les enfants. A vérifier wink ) ?

Arrivée à destination. Le lap pole est immense, 20 personnes peuvent s'y asseoir à l'aise. J'y suis seul.
J'ai oublié d'acheter du thé, j'espère que quelqu'un en aura laissé... Rien. J'aurai peut-être plus de chances demain.

Les premières aurores boréales commencent alors que je coupe du bois.
Pas très impressionnantes, vert pales et peu animées, mais ça fait tout de même plaisir d'en avoir si tôt dans le voyage !

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Une seconde salve se déclare alors que je bois mon eau chaude en imaginant que c'est du thé. Une grande colonne à l'horizon.

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Ça durera jusque très tard dans la nuit, je me réveille vers 3h du matin et vois une aurore rose par la fenêtre. Magnifique, mais hors de question que je me lève et m'habille pour la prendre en photo, j'en profite tout mon saoul, bien au chaud sous ma couette. smile


Jour 2, le gel, c'est pas automatique

11h, je suis paisiblement réveillé par la lumière à travers les fenêtres. Pendant la nuit polaire, mieux vaut mettre son réveil si on ne veut pas râter les quelques heures de luminosité. J'ai perdu à peu près 2h ce matin.

Les températures dehors sont tout juste positives, je prends une photo de la pataugeoire d'hier soir, qui ne semble guère impressionnante de jour.

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Direction la petite église située au nord. Le chemin est sensé être balisé (poteaux bleus) même en hiver, un panneau m'indique 7 km et des flocons.

Dans les premiers hectomètres, je suis une autoroute à motoneige. Les traces sont profondes et verglacées, plus facile de skier à côté lorsque cela est possible. A peine 10 minutes d'effort, même pas le temps de me réchauffer, que paf, un troupeau de rennes.

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Je comptais justement quitter l'autoroute à cet endroit, pour longer les collines jusqu'à trouver un endroit pas trop pentu et m'éviter un détour. Je les pousse en avant, ils s'écartent gentiment. smile

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Je ne trouverai finalement aucun passage, trop pentu, trop de cailloux. Je passe ainsi de petits lacs en petits lacs, effrayant d'autres rennes, qui courent alors se cacher derrière un arbre, ne se rendant pas compte qu'environ 90% de leurs corps dépassent ! lol

Je retrouve la civilisation sur le lac Äimäjärvi sous la forme de tranchées pour motoneige. Les températures sont toujours positives, mon pied traverse plusieurs fois la glace, je skie littéralement sur l'eau. Je n'en mène pas large et reste le plus près possible des bords. Dragonnes non passées aux poignets, prêt à balancer les bâtons au loin et décrocher le sac en cas de besoin. L'équilibre n'est pas facile à garder, mais mieux vaut ne pas chuter...

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Je vise le bord le plus proche, tant pis s'il m'éloigne de l'objectif, j'ai maintenant du hors sentier "sanglier" à faire puisque je ne veux plus aller sur ce lac.
Les collines sont abruptes, la neige jusqu'aux mollets est lourde et humide (et mon pantalon pas imperméable), je transpire plus que je ne devrais me le permettre, je tire la langue, mais je me rapproche alors que la luminosité baisse de plus en plus.
Moins d'un kilomètre à vol d'oiseau, j'arrive à un nouveau plan d'eau. Je dégringole de ma colline skis sur l'épaule, pas vraiment le choix, celui-là je vais à priori devoir le traverser. Je continue d'avancer skis sur l'épaule, jusqu'à un endroit plat au bord de l'eau où je pourrai les réenfiler facilement.
Plouf, les deux pieds s'enfoncent en même temps, j'ai de l'eau jusqu'aux cuisses.
Merde ! Je me retourne, balance toutes mes affaires derrière moi, et m'extrait de là. Bien sûr, imbécile, des hautes herbes autour d'un plan d'eau, c'est une zone marécageuse. Pffff, y'a des baffes qui se perdent !

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J'ai pas bien chaud, je réenfile les skis, longe la zone marécageuse jusqu'à trouver un endroit où elle est moins étendue. Ça tient !

Les dernières centaines de mètres vont me réchauffer, j'ai le droit à une neige crouteuse immonde dans laquelle je m'enfonce jusqu'aux genoux. Je rattrape une trace de motoneige dans la forêt, qui m'amène à destination.

Quelqu'un était ici il n'y a encore pas bien longtemps, sur l'aire de pique nique dehors, il y a des braises. A l'intérieur de la cabane se trouve une vraie cheminée, le luxe !
Je ramène les braises à l'intérieur, lance le feu, vais couper du bois, fondre de l'eau, et me sécher.

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Vous connaissez la légende de "l'homme qui fumait des pieds" ? big_smile

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J'explore aussi les environs : l'Eglise est en haut d'une colline, je me la réserve pour demain matin. Tout comme le sauna.

Tiens, encore des aurores boréales ? Un peu faiblardes, et en partie cachées par les nuages en plus. Faut dire qu'après le spectacle de cette nuit, je peux me permettre de faire la fine bouche. tongue

Vers 21h, une petite neige commence à tomber. J'en suis particulièrement heureux, lorsqu'ils sont gelés, les lacs sont aussi lisses que des miroirs, je n'arrive pas à skier dessus. la soirée se finit confortablement en mangeant des pâtes bolo, buvant de l'eau chaude en rêvant que c'est du thé (je ne suis pas très loin d'Inari, est-ce que je vais en acheter demain ?), écoutant de la musique, et griffonnant quelques impressions sur un bout de papier.


Jour 3, l'aventure qui fait plouf


Cette fois, j'ai mis mon réveil, comme je le ferai désormais chaque jour. Bien pratique mon Etrex 20, il est possible de programmer le réveil, puis d'éteindre l'appareil.

8h30, il fait encore très sombre à l'intérieur, je sors couper du bois pour le sauna. Je m'habille, décidant qu'aujourd'hui, vues les températures légèrement négatives, j'allais porter ma woolpower 600 sous ma veste en pile and pertex. Parce que les gourdes d'eau froides directement contre le ventre et les aérations directement sur la peau nue, on a beau être viril, ce n'est pas le top du confort !
Je remplis également mes gourdes (je dors avec une outre dromlite dans le sdc, puis remplis au matin ma Nalgene 0.5L et ma platypus d'1 L), fais mon sac, et réfléchis en regardant la carte, punaisée à l'extérieur. Je ne suis pas très loin d'Inari,, il faudrait que je complète un peu mes provisions, et achète du thé. Je n'ai qu'à traverser le lac Iso Pielpajärvi, je retrouverai sûrement des traces de motoneige par la suite, pour aller plus vite qu'en hors sentier.
Les lumières commencent à se faire plus intenses, et comme je l'esperais, quelques cm de poudreuse sont tombés durant la nuit, qui devraient rendre les traversées des lacs plus faciles.
J'ai hâte de partir, mais d'abord, visite de l'eglise, puis du sauna.

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Le lieu est magique, je ne suis pas croyant pour deux sous, mais être là, seul, dans cette atmosphère, ça donne des frissons.
J'avais lu sur internet avant de partir que cette église avait contenue une gatling durant la guerre. L'idée est totalement badass, mais les différents panneaux d'information n'en font pas mention. Toujours est-il qu'au sommet de la tour où l'on sonne les cloches, il y a effectivement deux ouvertures, qui semblent bien être de construction plus récente.

Je redescends avec l'intention de profiter de mon sauna.

C'est à ce moment que j'aperçois, venus d'Inari, un groupe de motoneiges sur le lac. Des touristes en combinaison de touristes. Rhaaaa, ma solitude !
Tant pis pour Inari, le lac, le thé, la bouffe, le sauna. Je prends mes affaires et me sauve dare dare de l'autre côté, là d'où je suis venu hier.

je fais quelques centaines de mètres sur la piste de motoneige, et suis happé par cette vue :

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Au diable la piste, je veux suivre cette lumière !
Bien évidemment, je n'avance pas bien vite, mais quel bonheur d'être ici ! Je passe de points d'eau en points d'eau, tout est à peu près gelé et recouvert d'une neige sucre glace. Je ne peux pas vraiment pousser sur mes bâtons, mais au moins je peux rester sur mes skis !

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Les heures passent, la luminosité baisse peu à peu, déjà 14h 30. Je rattrape l'autoroute à motoneige au nord du lap pole de Pielpavuono. Traces verglacées, je me casse plusieurs fois la figure.

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Arrivée sur le lac d'Inari.
Première constatation, il y a du vent. Beaucoup
Deuxième constatatation, s'il a neigé ici aussi, ce vent a fait le ménage par endroits, et la neige n'est pas uniforme : je découvre rapidement que la neige plus sombre est une neige verglacée, inskiable. Je vais donc devoir slalomer en évitant ces langues.
Troisième constatation : les températures sont redevenues positives, je défonce la surface à chaque impulsion. En allant suffisamment vite, on ne touche cependant pas l'eau.

Constatant ce dernier point, je mets mon apn dans un ziploc étanche. Mon intention pour ce soir ? Aller le plus possible vers l'est, je poserai le bivouac sur une île. J'aimerais avancer assez vite, les langues de neige sombres sont plus faciles à repérer avec le soleil qu'à la frontale.

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Il me faudra très longtemps pour seulement arriver au bout de la petite crique. Je suis cette fois vraiment sur le lac, plus d'abri, c'est pire que je ne l'aurais imaginé : le vent a soufflé presque toute la poudreuse, ne reste comme au premier jour qu'une grande plaque de verglas à moitié solide, avec quelques langues de neiges plus ou moins skiables.
N'étant pas une demie tête de con, je longe le bord, puis poussé par le vent (il est dans le dos) arrive péniblement sur l'île d'Alpasaari. Je la contourne, tiens, on est bien protégé du vent derrière !
Je choisis de m'arrêter et poser la tente là. Ça fait déjà un moment (combien ? )que je bataille sur une glace qui ne me porte qu'à moitié, je n'ai pas envie de me retrouver à la flotte en pleine nuit.
Je fais mon petit terrassement, commence à monter la tente quand j'aperçois un lapin. Zut, j'ai déjà pas beaucoup de nourriture...
Je remballe, j'irai me poser derrière une autre île, plus au nord.
Je mets le cap vers Vanha Hautuumaasaari, la longe, et me dirige vers Pankinsaari.

La glace porte un peu mieux ici, la neige est skiable, mon attention se relâche sans doute légèrement, j'accélère pour me mettre plus rapidement à l'abri du vent.
Soudain, une de mes spatules s'enfonce et bloque sur quelque chose. Je fais un soleil, lâche les bâtons, réception sur les coudes. Plouf. Les bras et les jambes ont traversés la glace, je me suis également bien éclaboussé le visage, il n'y a heureusement pas beaucoup de fond là où je suis.
Je me redresse comme je peux, m'emmêle dans mes skis, reperds l'équilibre et tombe sur le côté, cette fois c'est le bonhomme qui passe entièrement à l'eau, tête comprise.
Sûrement moins d'un mètre de fond, j'ai souvenir de l'impression d'une grosse claque sur le visage. Je crois m'être roulé dans la neige pour sortir, j'ai peut-être aussi retiré mes skis alors que j'étais dans l'eau, je ne sais plus.

La première couche, ma veste en laine est trempée. je ne portais pas me frontale au front, elle ne me semblait pas indispensable pour progresser, mais j'avais préventivement accroché sur le zip de ma veste une petite e lite pico. Vite, me changer, la veste en laine est plus trempée qu'une serpillère. Je me souviens très clairement m'être félicité de savoir à l'avance où étais chaque élément dans mon sac. J'ai en revanche noté que beaucoup de mes sous-vêtements étaient noirs, et que dans la précipitation, si j'avais été moins organisé, ça aurait pu m'empêcher de facilement attraper le vêtement voulu.

Me vlà torse poil en plein vent, et trempé. J'ai rudement bien fait de ne pas retirer l'énorme zip en métal de ma veste. Et un zip long, ça permet aussi de retirer un vêtement bien plus facilement !
J'enfile mon gilet forclaz 50 (j'ai là aussi bien fait d'ouvrir le zip à l'avance), remets par dessus la veste en p&p, enfile un bonnet sec, ferme toutes les écoutilles. Tant pis pour le bas. Mes chaussures sont trempées, le caleçon aussi, mais j'ai pas le courage pour le moment.
Check list en ultra accéléré, je me rends compte que j'ai perdu ma Nalgene. Celle que je portais contre mon ventre. Quand je suis tombé à l'eau, elle a profité que les aérations de ma veste soient totalement ouvertes pour glisser. Je la repêche, récupère mes bâtons, demi-tour fissa, direction le lappole pour faire sécher tout ça !

Comme une galère n'arrive jamais seul, c'est ce moment que vont choisir mes skis pour méchamment botter, me voilà marcheur avec des pieds de plusieurs kilos et d'1m80 de long !
Je fais péter les watts, punaise, je ne me rappelais pas que c'était si loin ! J'aurai parfois un pied qui retraversera la glace de temps en temps, mais je ne retomberai pas à l'eau. Arrivée au lappole, je ne peux pas dire que j'ai froid, j'ai même sûrement un peu trop chaud. Mais je ne pouvais pas continuer : la veste en laine est un gros glaçon, et elle est primordiale dans mon système de vêtements.

J'ai bien fait d'emmener une cordelette de 10 mètres, celle-ci va me permettre d'accrocher les vêtements au plus près du poele. Quant aux skis recouverts de glace, je les arrose d'eau tiède pour accélérer la fonte.
Une très très longue soirée de séchage, et dehors, le vent ne s'arrête pas.

Pour comble de soirée pourrie, je choisis de me faire du couscous. Je n'ai pas eu le temps de déshydrater des légumes frais avant de partir, alors j'ai utilisé un sachet de légumes surgelés que je ne connaissais pas. C'est INFECT. Je mange du chocolat pour faire passer, plus que je ne le devrais, mes réserves diminuent vite.

Quelques aurores boréales se déclarent.
Bon, finalement, je ne suis pas si mal ici, et puis ça se finit bien, demain j'en rigolerai ! smile

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Jour 4, l'aventure au parfum d'Ylalang


Screugnegneu, je hais le bruit de ce réveil !
8h30, fait froid, j'ai pas assez dormi, veillé une bonne partie de la nuit pour faire sécher mes vêtements, dont ces fichues chaussures. Peine perdue, elles sont encore humides ce matin. En plus, les légumes m'ont donné mal au bide pendant la nuit.
Et bon sang, ce parfum de marécage et d'odeur de pieds qui envahit le refuge... Pourtant, c'est très spacieux ici, et je n'ai que 2 pieds !

Puisqu'il faut bien se lever, je me lève, mais en rouspétant. En plus, on arrive au moment où soit je me rationne sur la bouffe, soit je retourne à Inari. Et je ne veux pas entendre parler de la seconde possibilité.
Je bois une Nalgene d'eau chaude en rêvant que c'est du thé, quelques cuillers de chips et de biscuits, une pastille vichy pour l'haleine, et c'est parti !

La mauvaise humeur, c'est naturel le matin chez moi. Ça ne dure jamais bien longtemps, et ça disparaît d'autant plus vite que je suis en Laponie, et que les lumières sont à tomber :

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Il n'y a d'ailleurs pas que les lumières qui sont à tomber. Le vent à continué à souffler une bonne partie de la nuit, de la neige, ne subsiste que quelques langues ici et là, au milieu d'un miroir de glace.
Trop casse-gueule à ski, les seuls moments où je peux vraiment avancer avec sont lorsque je suis proche d'une île. Je finis par les mettre sur le sac, et vais serpenter toute la journée sur la glace lisse, de langue en langue.
Les distances sont ahurissantes, et j'avance à une allure d'escargot ! Une île qui paraît proche est en fait à des kilomètres. Et avec mes détours pour éviter les trop grandes portions de glace lisse, je mets des plommmmbes à faire ces kilomètres. Le vent souffle dans mon dos, le sac est lourd à causes des skis.
J'arrive en vue du célèbre rocher Ukonkivi. 4 kilomètres seulement, pourquoi ça me prend tant de temps ?

Lorsque j'y arrive enfin, je grimpe au sommet. J'en ai un peu plein les bottes, si j'y avais trouvé un spot à bivouac, je m'y serais sans doute arrêté, espérant que demain serait une meilleure journée.
Je n'ai pas fini d'en baver, vue d'un côté :

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Puis de l'autre, la nuit va déjà tomber :

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Je me dis que ça serait sympa d'arriver à la cabane de Suovasaari. Y'a encore du chemin cependant...

La nuit tombe, je continue mon bonhomme de chemin. Le vent s'est arrêté, mon esprit s'est calmé par la même occasion. Finalement, ce sac n'est pas si lourd que ça ! Et puis oui, c'est pénible de ne pas pouvoir marcher sur la glace, mais bonhomme, t'avais qu'à prendre des crampons ! Et puis, t'es en Laponie, quand même, donc interdiction de se plaindre !

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Presque plus de lumière, je suis éclairé par les étoiles. Elles se reflètent dans la glace et la neige, suffisamment bien pour que je n'aie pas envie de sortir la frontale.

Soudain, j'entends derrière moi un énorme grondement.

Je me retourne, constate que le ciel derrière moi est recouvert de nuages. Bof, j'ai du rêver.

Deuxième grondement, plus fort. Troisième grondement, encore plus.

Là, je me rends compte que je suis en plein milieu d'un espace totalement dégagé, loin de toute île, avec sur le dos deux skis qui feraient un superbe paratonnerre.

Je ne passe pas en mode "panique", mais en mode "concentration extrême" : vite, se mettre à l'abri.
j'accélère le pas, j'entends de plus en plus de grondements tout autour de moi. Je ne sais pas si c'est le fait d'être loin des îles, mais je marche parfois sur des plaques qui font crrrrrr, vous savez le bruit que l'on trouve dans les films, lorsqu'une fissure sur un lac s'étend. Cassera, cassera pas, j'ai mes bâtons à la main, prêt à réagir. Casse pas, OUF !
J'ai pleinement conscience de vivre quelque chose de fou. L'ambiance est incroyable, et mon cerveau tourne à 300%. Je me rends compte que sous mes pieds, je marche sur une glace qui semble noire, ouvrant sur d'insondables abysses. Cette glace noire présente de nombreuses petites bulles. Et mêmes des "rubans", d'anciennes fissures. Je reste bloqué sur cette vision de mes pieds, sors mon appareil, puis le range. Non, ça ne rendra pas en photo, impossible. Grave cet instant dans ta tête, tu sais que tu t'en souviendras encore dans 50 ans !  smile

Les grondements se calment, ce n'était sans doute pas un orage, juste les grondements normaux d'un lac gelé, je sais que cela arrive sur le lac Baikal. On n'en parle pourtant jamais, dans les comptes rendus !  wink

Je vais encore marcher ainsi pendant beaucoup de temps. Toujours sans frontale, éclairé par les étoiles. J'essaie de prendre une vidéo, essayer de ramener un petit morceau de ces instants. L'appareil refuse de prendre une vidéo. On est sous les -10. tant pis.

J'ai oublié que j'avais mal aux pieds. Faim, soif, envie de thé. J'ai oublié ma mise à l'eau d'hier, oublié ma vie parisienne, les examens, la famille, les amis, je suis simplement heureux, si heureux d'être là, dans une nature, un environnement que j'aime tant, à une période de l'année si inhabituelle. Je me fiche de porter mes skis, d'avancer si lentement, je ne me suis jamais senti si vivant !

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J'arrive enfin à destination. Aucune idée de l'heure qu'il peut bien être, quelle importance de toute façon ?  smile

Je pose mon sac, pars couper du bois, lance le poele, la fonte de neige, bref la routine.

Tiens, encore des aurores boréales. J'en suis limite blasé désormais, je m'amuse à essayer de les photographier depuis l'intérieur de la cabane, pour illustrer cet état d'esprit :

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Détente.

Je mange ma purée en rêvassant et écrivant sur un bout de papier, lorsque je remarque une lumière par la fenêtre, comme si c'était le soleil.
Non, c'est une aurore comme je n'en ai encore jamais vue, immense, rose, très animée.

Je m'habille, retourne sur le lac :

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Ça ne rend pas du tout, tant pis, je m'assois par terre et rêvasse. Quelle journée, mais quelle journée !  smile  smile

Sous moi, j'entends encore le lac faire des bruits étranges. Je ne sais si c'est la solitude qui me donne des idées bizarres, mais je me fais la réflexion que cela ressemble "au pet d'un énorme requin dans une gigantesque baignoire"
Jusqu'à un très gros "bloup" juste sous mes fesses, m'occasionnant une petite suée. On va peut-être rentrer, hein. ^^

Tiens, c'est quoi, cette petite cabanette que je n'avais pas repéré auparavant ? Mais c'est un sauna dis donc !
Je connais quelqu'un qui se fera plaisir demain matin.

Je me remémore un morceau d'un poème qui correspondrait bien à la situation, en me promettant de le retrouver en entier une fois rentré. Le voici :

Anna de NOAILLES a écrit :

Déjà la vie ardente incline vers le soir,
Respire ta jeunesse,
Le temps est court qui va de la vigne au pressoir,
De l'aube au jour qui baisse.

Garde ton âme ouverte aux parfums d'alentour,
Aux mouvements de l'onde,
Aime l'effort, l'espoir, l'orgueil, aime l'amour,
C'est la chose profonde ;

Combien s'en sont allés de tous les coeurs vivants
Au séjour solitaire,
Sans avoir bu le miel ni respiré le vent
Des matins de la terre,

Combien s'en sont allés qui ce soir sont pareils
Aux racines des ronces,
Et qui n'ont pas goûté la vie où le soleil
Se déploie et s'enfonce !

Ils n'ont pas répandu les essences et l'or
Dont leurs mains étaient pleines,
Les voici maintenant dans cette ombre où l'on dort
Sans rêve et sans haleine.

- Toi, vis, sois innombrable à force de désirs,
De frissons et d'extase,
Penche sur les chemins, où l'homme doit servir,
Ton âme comme un vase ;

Mêlée aux jeux des jours, presse contre ton sein
La vie âpre et farouche ;
Que la joie et l'amour chantent comme un essaim
D'abeilles sur ta bouche.

Et puis regarde fuir, sans regret ni tourment,
Les rives infidèles,
Ayant donné ton coeur et ton consentement
A la nuit éternelle...

Poème chopé ici

Une fois le poêle éteint, le silence est presque palpable. J'entends du coup les bruits de la rivière, ça bloupe, ça flappe, ça crrrrrrr, je me réveille paniqué, j'ai rêvé de ce foutu requin à cause des bruits. Boules quies, je me rendors, je suis le plus heureux des hommes.


Jour 5, l'aventure qui donne mal aux pattes


8h30, le réveil sonne.
Non, aujourd'hui je reste couché !
Depuis le premier jour, je sens un début de tendinite sur les côté de mes chevilles. J'ai toujours ce problème quand je mets des grosses, sûrement une histoire de frottements, de couches de vêtements superposés (chaussettes+caleçon long+pantalon+chaussures), de serrage des lacets.
J'avais jusque là réussi à maintenir la gêne dans des proportions raisonnables, mais la journée d'hier a accentué la douleur. Aujourd'hui ce sera glandouille.

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Je commence par aller voir à quoi ressemble ce sauna à la lumière du jour. Pleins de seaux gelés sont devant la porte.
J'élabore mon programme : remplir ces seaux, écrire, couper du bois, et rêvasser. Ce soir, ce sera sauna !

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Je vais donc faire ça toute la journée. La réserve de bois était presque vide à mon arrivée, je la remplis entièrement. le sauna aussi a besoin de bois, je coupe des buchettes un peu plus fines.
J'ai bien bossé, celui qui arrivera après moi n'aura rien à couper. Il pourrait faire -40 dehors, il n'aurait pas à sortir pendant plusieurs jours.

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Pour le moment, il ne fait que -10, et ça floconne gentiment, disons que ça floconnote !

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Déjà la nuit, je bois une Nalgene d'eau chaude en imaginant que c'est un thé vert au citron. Ecrire me permet de ne pas penser à trop grignoter. Eh oui, je mange beaucoup plus quand je ne fais rien, et il me reste encore quelques jours à tenir avec mon fond de sac de bouffe, je n'ai pas envie de passer deux jours à ne manger que de la semoule nature, beuuurk !

Je vais allumer le sauna vers 18h30, rentre manger ma purée-hachis parmentier. Mmmmmh, délicieux !

19h15, je vais voir où en est le sauna.

*tousse*

Il finque beaucoup, ce poele. Examen rapide, je m'aperçois qu'il n'y a pas de tuyau d'evacuation des fumées. Ou plutôt qu'il n'y en a plus, il a sans doute brulé.
Je sens malgré tout que les pierres chauffent, alors je remets du bois, entrouvre un peu la porte pour que les fumées puissent s'échapper, et retourne à la cabane.

Lorsque je reviendrai quelques dizaines de minutes plus tard, rien à faire, la température n'arrive pas à grimper dans la pièce, même porte fermée (oui, je me suis enfumé pour vérifier ! ). Je suis très déçu, je me frictionne avec de la neige pour essayer de faire partir l'odeur de fumée de mes cheveux et de ma barbe. Ça ne part pas, les seaux préparés pour le sauna serviront à me laver.

Dommage, mais c'était quand même une bonne journée !


Jour 6, l'aventure dans le brouillard

J'ai réalisé ce matin que je venais de dépasser la moitié du voyage. On est le 25, une partie de la planète est sans doute en train de se remettre de la cuite (ou de la crise de foie) de la veille. Dehors, il fait blanc, neige faiblement, la visiblité n'est pas terrible, il fait -10 et un peu de vent.
Petit coup de blues en enfilant les skis, c'est aussi ça la Laponie.

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La glace du lac est visible par endroits. Je repense à un rêve qui me trotte depuis des années : la plongée sous la glace. Ça doit vraiment être quelque chose d'extraordinaire, et l'endroit s'y prête bien, avec ses cabanes pour se réchauffer rapidement.
Je passe en revue ce que je connais sur le sujet. Il faudrait une combinaison étanche pour ces températures. En 7mm. Si j'ai froid sous l'eau, remuer pour se réchauffer est contreproductif.
Est-ce que cette combinaison pourrait aussi être utilisée pour le ski ? Une pulka serait sûrement pas mal pour porter l'oxygène.
Et à la sortie ? Je vais être ruisselant, est-ce que ça va instantanément geler ?

Je me suis fixé un petit challenge aujourd'hui : malgré la visibilité pas terrible, j'aimerais atteindre la prochaine cabane, Petäjäsaari, sans utiliser le gps, juste à la boussole et avec mon impression googlemap. Pas bien compliqué à priori, partir plein ouest, longer la grosse île vers le sud, une fois contournée je n'ai plus qu'à repartir nord ouest pour environ 2 km.

Facile sur le papier, mais avec la mauvaise visibilité, je colle d'assez près les berges, sans me rendre compte que je suis en train de perdre du temps et m'enfoncer dans une crique. L'itinéraire n'est donc pas des plus optimisés.
Je croise une famille de rennes. Ils semblent vouloir me laisser les approcher, mais détalent brusquement et disparaissent dans le brouillard.

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L'île enfin contournée, je suis un peu plus à l'abri du vent, le temps semble aussi se dégager, j'atteins mon objectif à la tombée de la nuit.

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Petit tour du proprio, il y a deux cabanes à cet endroit. Une récemment rénovée, avec un poele avec vitre, semblable à la cabane que je viens de quitter. L'autre est plus ancienne, avec un tout petit poele en fonte comme je les aime, avec en face une table entourée de 4 couchettes.
Je prends la vieille. Vraiment plus beaucoup de bouffe plaisir. Il me reste un peu de chocolat, je mangerai la dernière portion de mon horrible couscous ce soir, et utiliserai le chocolat pour faire passer ça. Beurk !

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Le poele est hyper efficace, je me retrouve rapidement torse poil, il fait 28°.
Petit pipi dehors, le vent a forci, j'aurais du mettre mon pantalon. Le thermomètre indique un "sympathique -12" (sic).
Je rentre, je fonds littéralement. Les affaires sont sèches, cette cabane dispose d'un vieux matelas en mousse. Trop de confort, marre de dormir en intérieur alors que je porte mon matos de bivouac. Je repars.
Vent de face, je fais un petit kilomètre vers le nord avant de m'installer dans un coin un peu abrité du vent. C'est quand même plus cool de dormir dehors quand on est en Laponie !


Jour 7, l'aventure pas si solitaire

Au petit matin, le "sympathique -12" est devenu un bien moins confortable -17. Je m'autorise un demi-balisto comme petit dej', et enfile mes Columbia Glaglaboot : elles sont gelées. Plier rapidement la tente, avoir froid aux doigts et aux orteils, partir.
Toutes les écoutilles fermées, il ne me faut que quelques minutes pour avoir chaud.

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Visibilité franchement mauvaise, vent dans le dos, sapins sucre glacés à ma droite, je vais contourner l'île Hoikka Petäjäsaari par le nord, avant de partir sud sud ouest vers Jääsaari.
Quelques rennes sur le chemin et poils du nez qui gèlent, j'adore ce pays !

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Je n'avance pas bien vite, j'ai un semblant de white out qui s'installe, visibilité de pire en pire. Les skis ne glissent plus vraiment, ils font un bruit de papier de verre sur la neige, je dois m'employer pour garder une vitesse à peu près égale à celle que j'aurais à pieds.

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La nuit tombe déjà lorsque j'arrive à destination. J'ouvre la porte, pour tomber nez à nez avec une montagne de bazar (et une odeur de clope). Merde, cabane occupée, sans doute par un groupe, vu tout ce qu'il y a d'étalé.
Plusieurs matelas, sacs de couchage, une superbe hache, même un porte feuille, la confiance règne, c'est beau la Finlande.

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Je suis un peu tiraillé, d'un côté j'ai envie de me sécher, c'est ma dernière occasion avant de redescendre sur Ivalo et l'aéroport. De l'autre, pffff, j'ai pas envie de parler, ni même de voir un autre humain.
Tiens, des sachets de thé ? Au diable ma misanthropie, 6 jours sans parler à personne, c'est déjà pas si mal, j'attends le retour du bonhomme !

C'est un grand barbu qui était parti poser des filets à 1 km environ, j'avais repéré sa frontale.
On se cause cinq minute en anglais avant de réaliser qu'on est tous les deux français.
Il s'appelle Tobias, et il a déjà fait quelques randonnées avec des membres du forum dans les Pyrénées. Dont Samol. wink
Il a quitté son logement et son boulot il y a déjà 2 ans, et ne regrette absolument rien, en ce moment il compte passer l'hiver dans le coin, exactement ce que je souhaiterais faire dans le futur.

Il m'offre un thé, dans une moitié de noix de coco. Le meilleur thé que l'on puisse boire, sans doute !

On passe des heures à papoter, j'échange ma portion de hachis parmentier contre une assiette de taboulé (avec de l'ail frais ! ). Demain, il veut construire un filet, et remontera ceux qu'il a posé aujourd'hui.
Mon timing n'est pas très serré, peut-être que je resterai demain matin pour lui filer un coup de main, et apprendre quelques trucs.
J'ai mis quelques heures ma misanthropie de côté, mais je choisis quand même de bivouaquer. Avec tout l'espace disponible, ce serait dommage de dormir serrés dans une seule cabane !


Jour 8,  Aventure et pêche

Réveil aux aurores, 8h30. Nuit tranquille, un -10 pépère avec une légère brise.
Je vais voir si Tobias est reveillé, j'ai très envie de voir comment on fabrique un filet, et aussi comment l'on pêche sous la glace. Je prévois de le quitter vers midi, j'aurai ainsi environ 3 h de luminosité pour rejoindre la route Veskoniemi. De là, je la longerai jusqu'à un emplacement "feu de camp" près du lac Alempi Akujärvi, quelques kilomètres à peine au nord ouest d'Ivalo, où je pourrai aller au supermarché demain, et glandouiller jusqu'au vol retour, après-demain soir.

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Toby est levé, chouette. J'espérais pouvoir l'aider dans ses réflexions, mais il a bien plus d'expérience que moi, et quand il me parle de confectionner une "navette", je ne comprends pas à quoi cela peut bien servir.

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Non mais regardez-moi cette hache !

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Vraiment, c'est de toute beauuutéééé !

Il a en fait acheté un filet, sur lequel il veut fixer deux lignes, une avec des flotteurs et une autre avec des poids (il y a surement des noms plus précis, si vous les connaissez je vous écoute. wink )
Il en sculpte une, on étend le filet, et c'est parti. Il fait les premiers noeuds, j'enchaine sur quelques autres. J'en ai déjà marre. Ça prend un temps fou, c'est pas tendu comme il faut et il faut tout défaire, rhaaaaaaa !

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Et il y en a plusieurs centaines à faire (je crois que le filet faisait 20 m, avec un noeud tous les 5 cm environ), sur plusieurs filets qui plus est.
Le bushcraft pur et dur, c'est pas encore pour moi ! Et encore, il a acheté les filets tout faits. wink

Le temps passe, on va relever le filet qu'il a posé hier, je le quitterai juste après.

Ça n'a l'air de rien, mais c'est plein de subtilité, la pose d'un filet sous la glace, surtout tout seul.
Les poissons ne nagent pas tous à la même hauteur selon leur taille. Il faut donc adapter la hauteur du filet dans l'eau à ce que l'on veut attraper.
Le filet ne doit pas être trop lourd pour l'espèce pêchée, sinon il ne se laissera pas prendre.
Pour étendre un filet d'une grande longueur, il faut faire des petits trous régulièrement dans la glace, puis passer le filet d'un trou à l'autre. Ces trous ne doivent pas être alignés, sinon lorsque l'on relevera le filet, les trous en regelant formeront des asperités qui pourraient l'accrocher et l'endommager.
Quand on sort le filet, il faut soigneusement le plier. Et avant cela, retirer le maximum de petits glaçons flottants, qui risqueraient de se prendre dans les mailles et ensuite geler au contact de l'air.

Et sûrement beaucoup d'autres astuces que j'oublie. Hyper intéressant ! smile

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La relève du filet ne donnera rien, il note soigneusement sur un carnet la profondeur à laquelle il était, tente de le mettre un peu plus bas, on le remet en place.

On se fait nos adieux, je déplie mes bâtons... Zut, ils ont gelés, pas pensés à les faire sécher hier, et je les avais repliés pour la nuit.
Retour de conserve à la cabane, le temps de régler ça en douceur. Un café à la turc, la luminosité commence déjà à baisser, je pars. Bon courage mec ! smile

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Je savoure tant que je peux ces derniers moments sur le lac. La direction est limpide, le ciel dégagé, le thermomètre s'approche des -15.
De moins en moins de lumière, je ne fais pas attention à un sastrugi, et me gamelle un peu brutalement. Main mouillée ?
J'avais retiré ma moufle pour pisser il y a plus d'une heure. J'ai oublié de la remettre et ne m'en étais pas rendu compte. C'est pas possible d'être aussi distrait !
Demi-tour en mode pas content contre moi.
Coup de bol, je réussis à le retrouver (merci le gps, je l'avais justement sorti à cette pause, donc je savais où il devait être, et il n'y avait pas de vent).

Re demi-tour, j'avance le plus loin possible sur le lac, puis pose le pied sur la Veskoniemi, il fait nuit noire. J'avale le peu de bouffe plaisir qu'il me reste, ce soir ce sera pâte bolo, il ne me reste plus que ça et un peu de semoule dans mon sac. Un peu plus de 15 km à vol d'oiseau, tranquille !
Elle grimpe, cette route ! Et y'a de la circulation, peut-être 4 ou 5 voitures par heure, généralement dans l'autre sens.
Je m'obstine à ne pas lever le pouce. Poils du nez gelé, le ciel est dégagé, -20°. Héhé, toujours aussi précis, ce thermomètre nasal !
Les skis sont lourds et font du bruit, j'en ai peu à peu de plus en plus marre. A 4 km de l'objectif, je lève le pouce, me disant que ce voyage m'avait déjà apporté plus que je ne l'espérais : des bivouacs frais, des aurores boréales, des rennes, un passage à la flotte. Les finlandais sont adorables, pourquoi ne pas faire de stop ?
La deuxième voiture s'arrête, un couple de locaux. Ils me sanglent le sac sur leur remorque, je leur demande simplement de me déposer un peu plus loin.
Le trajet ne durera que quelques minutes, mais ils étaient si gentils et leur conversation si plaisante que j'ai failli ne pas leur demander de me déposer là où je voulais, juste pour partager encore un peu plus avec eux. On parle de la difficulté de leur langue, de leur histoire, de leur relation amour/haine avec la Russie. smile

Retour à la civilisation, une grande route, des maisons, le lac que je visais. J'ai mal aux pieds. Le campfire site n'est en fait qu'un laavu, pas hyper bien situé en plus, le vent (assez fort désormais) s'engouffre dedans.
Pas vraiment d'emplacement satisfaisant pour monter la tente, tant pis le laavu fera l'affaire !
Je fais chauffer mon repas, me masse les pieds, positionne mon sac pour me protéger un peu du vent. -17, le ciel s'est recouvert. J'avais prévu de me relever pour faire fondre l'eau pour demain après avoir mangé. J'ai la flemme, je repousse ça au lendemain.


Jour 9, Aventure au supermarché

Hormis le chien d'une maison voisine, qui a du renifler l'odeur de mes pieds et a gueulé toute la nuit , j'ai bien dormi. Les boules quies, c'est la vie.
Encore -17 ce matin, la luminosité se fait peu à peu de plus en plus folle, j'en crois pas mes yeux.
Je saute dans mes chaussures pour prendre des photos. Zut, comme je devais me relever hier soir, je n'avais pas déserrés mes lacets, et j'ai bien sûr oublié de le faire avant de me coucher. Ils sont gelés, les chaussures sont horriblement rigides. Erreur de débutant...
Je me rends compte que j'en ai fait une seconde : j'ai laissé mon sachet de thé utilisé hier soir (donné par Tobias hier) sur le couvercle de ma bouilloire. Ce matin, il est bien sûr gelé, et le papier se déchire lorsque je l'attrape. Quel boulet je fais ! Finalement, c'est pas plus mal que les températures n'aient pas plongées, rester autour de -15, c'est très bien : ça éloigne les moustiques, la majorité des touristes, on peut jouer à l'explorateur polaire sans prendre grand risque, et sans avoir besoin de beaucoup de matériel, ni de beaucoup de connaissances. Et les erreurs peuvent se rattraper.
Au prix de beaucoup d'efforts, je réussis à forcer mes pieds dans les chaussures.

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Moominpappa a écrit :

Far out on the sea a normal Moomin feels the horizon to be just a little too wide. We prefer what is varying and capricious in a friendly way, what is unexpected and peculiar : the beach, which is partly ground and partly water ; the sunset, which is partly dusk and partly light ; and spring, which is partly cold and partly warm.

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Prendre des photos est horrible, la batterie ne supporte pas la température, je ne peux prendre qu'une photo avant de devoir la retirer pour la réchauffer.
Je préparer un (autre) thé, glisse la gourde dans mes chaussures pour les réchauffer. Une maman promène son bébé sur le lac dans une luge recouverte d'un plastique transparent. Je trouve ça trop mignon !
Je glandouille moi aussi sur le lac avant de rejoindre la route. Skis sur le dos, cette fois, c'est bien terminé !
Passage au supermarché. Les casiers à l'entrée étaient trop petits, et Tobias me disait qu'il n'y aurait personne pour garder mon sac. Je suis donc rentré avec les skis sur le dos.
Certains produits sont au même prix qu'en France, d'autres en revanche sont carrément prohibitifs (3€ la bouteille de Sprite). Au rayon vaisselle, je trouve une ribambelle de mugs Moomin, pour beaucoup moins chers que ce que l'on peut trouver à l'aéroport d'Helsinki, ou sur internet. 13€ le mug. Il y a justement celui sur lequel je louchais, Moominpappa sur son voilier !
Hop, deux mugs achetés.
Alors que j'emballe mes emplettes, un local, avisant mes skis, me demande où je vais. Je lui réponds que je vais vers l'aéroport, et que j'ai passé une bonne semaine sur le lac. Oui, tout seul. Il semble impressionné, mais également content pour moi. smile

N'ayant rien d'autre à faire, je pars vers l'aéroport, chercher le sac que j'avais planqué, m'assurer que c'est bien demain soir que je décolle (je suis un peu déphasé), et rassurer les proches.

Sur le chemin, un finlandais faisant son footing (en short par -10. Dire qu'on me traite de fou quand je vais courir en short alors qu'il gèle à peine) me demande si je vais à l'aéroport. Devant ma réponse affirmative, il me tape sur l'épaule, en me disant que j'ai une belle mentalité. Puis il repart.
Pour un finlandais, taper l'épaule d'un inconnu équivaut sans doute à prendre quelqu'un dans ses bras pour un français. J'adore ce pays !

Mon sac avec mes affaires est toujours là. Décollage demain, mais je reviens normalement dans 5 semaines. Je planque donc ma cartouche de gaz en prévision, et vais squatter l'aéroport durant quelques heures.
Météo exécrable ce soir, fort vent, chute de neige. J'attends le plus possible à l'intérieur, puis sort poser la tente. La neige me fouette les yeux, le vent m'arrive pleine face, je fais un kilomètre avant de m'éloigner de la route principale. Tout petit espace plat et dégagé entre les arbres, seulement quelques centimètres de neige au sol. Je me débrouille avec ficelles, racines, skis coincés entre les arbres. Je dîne de munkki et de jus de cerise, dodo le ventre plein à craquer !

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Jour 10, l'aventure prend fin

Pas grand-chose à raconter ce jour-là : je me lève tard, et me promène un peu dans le coin et sur la rivière.

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Retour à l'aéroport en milieu d'après-midi, j'étale mon matériel et entreprends de tout emballer dans des sacs poubelles.
L'employée de l'aéroport à qui j'avais parlé le premier jour me demande comment ça s'est passé. Un simple "très bien" et un sourire jusqu'aux oreilles lui suffisent à comprendre. smile

Je n'ai même pas encore quitté l'aéroport que je regarde déjà les prix pour revenir ici en février, et même à demander à Blork (pote qui m'a déjà accompagné deux fois dans la région) s'il serait intéressé.
Nuit à Helsinki, arrivée à Bruxelles le lendemain matin. 3 trains plus tard, me voilà revenu en France. On vient me chercher en voiture à la frontière, je sens très nettement le soleil taper sur ma peau, cette chaleur est ... bizarre ! C'est vrai que si j'ai eu de la lumière, c'est la première fois que je vois le soleil depuis 10 jours.
Courses express, coupe de bois, demain, c'est réveillon au coin du feu avec les potes. Et j'ai des trucs à raconter !


FIN

Dernière modification par Archimboldi (10-05-2017 00:40:31)


"Life is full of wonders for someone who is prepared to accept them." Moominpappa

Hors ligne

#2 28-01-2017 20:35:08

Leni
Membre
Lieu : 83/06/05
Inscription : 22-03-2016

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Tu es vif comme la nuit polaire, brillant comme les aurores B. Un elfe perdu à Paris en somme,  de l'A I R !  du F R O I D !  et de la régalade de casse-cou !  Merci pour ton topo-tonic !

Dernière modification par Leni (28-01-2017 20:37:00)

Hors ligne

#3 28-01-2017 21:12:34

cédric
Allez hop ... chargeons la MUL !
Inscription : 01-02-2005

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Magnifique récit ! En le lisant, je n'ai qu'une seule envie ... prendre 1 billet d'avion et partir vers le nord . Je rêve d'assister aux aurores boréales.
J'attends avec impatience la suite de ton aventure.

Hors ligne

#4 28-01-2017 21:27:39

Rouquemoute
Membre
Inscription : 05-09-2015

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Ah chouette ! Un récit d'Archimboldi  smile

Je vais le suivre avec grand plaisir même si c'est le Nôôôrd  smile

Hors ligne

#5 28-01-2017 21:34:47

Jobig
Membre
Lieu : Breizh
Inscription : 01-07-2014

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Salut Archi,  smile

Bien heureux de te retrouver dans une de tes aventures glaciales, toujours en équilibre entre spleen et autodérision.

(...) c'est comme si la Finlande n'avait gardé que les bons côtés !

Sois pas trop dur avec les Russes, les Finlandais ont été capable du pire, eux aussi ! roll

Jobig


From each according to their ability, to each according to their needs.

Hors ligne

#6 28-01-2017 21:48:29

Myrtille88
Membre
Lieu : Provence
Inscription : 30-09-2009

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

ah chouette Archi est de retour parti en Laponie wink

Myrtille

Hors ligne

#7 29-01-2017 17:19:38

Archimboldi
Membre
Lieu : Ch'nord
Inscription : 12-03-2012

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Merci pour ces encouragements, pour plusieurs raisons, je n'étais pas bien certain de toujours vouloir poster des récits :

-L'audience de ce forum est très importante, et si je ne suis pas encore "célèbre" au point d'être reconnu dans la rue, de plus en plus souvent quand je croise un camarade randonneur, il regarde mon sac, demande si je suis MUL, et dès que j'ai dévoilé mon pseudo, il me connaît, m'a déjà lu. Moi qui aime la discrétion. hmm
-Poster un récit, c'est quelque part "ouvrir une voie". Et si ça se passe souvent bien, le message de René94 l'an dernier m'a un peu échaudé : J'ai tendance à mettre beaucoup de détails dans mes récits, au point qu'il puisse paraître que ce que je fais est très accessible. Je pense sincèrement que c'est le cas avec un minimum de préparation, mais si un débutant fait un copier coller d'une de mes listes, d'un de mes parcours, et laisse des morceaux dans le froid ? Ce sera bien sûr de sa faute s'il n'était pas assez préparé, mais également un peu de la mienne pour avoir fait paraître accessibles des destinations potentiellement risquées.
Il y a matière à débat, le partage des informations me semble également très important. Je ne sais pas si je trancherai en faisant comme Eraz et ne publiant plus de liste, garderai les informations pour moi, mes proches et ceux que je côtoierai lors de rencontres du forum, ou en continuant comme si de rien n'était.
-Il y a maintenant ici tellement de récits de qualité que de plus en plus souvent après une sortie, je renonce à faire un retour qui n'apporterait rien à ce forum, hormis quelques photos.
-Précisément en parlant de photos, j'ai parfois l'impression de n'en prendre que pour illustrer un éventuel futur récit. Et ça m'embête, comme si ça cassait ma connexion. L'apn est d'ailleurs sorti de mes listes 3 saisons pour cette raison.


B-R-E-F, j'essaierai de poster la suite en fin de semaine prochaine.  smile


PS : on ne peut pas publier de photo en mode portrait ?

Dernière modification par Archimboldi (29-01-2017 17:22:59)


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#8 29-01-2017 21:32:52

You
Ptit lapin givré
Lieu : RP
Inscription : 27-08-2005

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Si je n'avais pas, il y a 10 ans, lu des récits de gens partis là-haut, et si je n'avais pas discuté un peu avec eux, y serais-je monté aussi ? Pas sûr.
Merci pour ces retours.
Ça permet de patienter en attendant de pouvoir y retourner smile


There is a curse. They say : "May You Live in Interesting Times" (Terry Pratchett)
"Le froid est pour moi le prix de la liberté" (Elsa, Reine des Neiges) / "La météo, c'est dans la tête" / φ / (⧖)
Si Edition sans raison indiquée : GolgOrth, Sainte Axe, petites précisions diverses...

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#9 30-01-2017 12:56:54

René94
Membre
Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
Inscription : 30-12-2009

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Archimboldi a écrit :

...
Et si ça se passe souvent bien, le message de René94 l'an dernier m'a un peu échaudé

ça me semble normal de mettre des infos pour faciliter la préparation d'autres randonneurs ; il faut être bien conscient qu'une cabane ouverte à un moment donné peut être fermée quand on y passe ; et inversement...

Et encore merci pour ce récit qui a rendu très facile la préparation de ma rando autour de Tromso smile


"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi

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#10 30-01-2017 20:55:03

Bilbox
Membre
Inscription : 17-04-2013

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Archimboldi a écrit :

mais si un débutant fait un copier coller d'une de mes listes, d'un de mes parcours, et laisse des morceaux dans le froid ? Ce sera bien sûr de sa faute s'il n'était pas assez préparé, mais également un peu de la mienne pour avoir fait paraître accessibles des destinations potentiellement risquées.


Non, 100% de sa responsabilité ! Au pire tu peux mettre un Avertissement en début de retour wink

exemple trouvé sur le net lol 
Disclaimer

Because some of the opinions and advice offered on this web page relate to issues of safety and health, you are strongly advised to take expensive professional advice from several independent sources rather than believe anything I say. In fact if you are a USA citizen and/or of a litigious nature you might be better off not reading it. Don't say I didn't warn you.

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#11 30-01-2017 21:12:05

JJondalar
Membre
Lieu : Estérel
Inscription : 15-06-2011
Site Web

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Hier à 17h19 Archimboldi était en pleines réflexions existentielles  big_smile
Rassures toi, tous les retours sont d'abord un vrai plaisir. Et s'ils apportent une mine de renseignements ils ne font pas non plus force de loi pour ceux qui suivent (tes) (nos) (leurs) traces.
Je ne sais pas qui a dit "l'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte". Sans doute un chinois. Ce serait la traduction de Disclaimer en chinois, alors lol . En tout cas c'est vrai.


La mésange à tête noire et la sittelle sont d'une compagnie bien plus vivifiante que celle des hommes d'État ou des philosophes; au retour on va considérer ces derniers comme de bien piètres compagnons."
H.D.Thoreau, Une promenade en hiver.

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#12 30-01-2017 21:36:55

Bilbox
Membre
Inscription : 17-04-2013

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

JJondalar a écrit :

Je ne sais pas qui a dit "l'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte". Sans doute un chinois.


L'expérience est une lanterne que l'on porte sur le dos et qui n'éclaire jamais que le chemin parcouru.

Un chinois confus tongue

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#13 31-01-2017 06:44:54

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
Inscription : 09-06-2014

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Puisqu'on est sur le registre du Disclaimer, j'ai un faible pour celui du site de PhilRando (sous licence CC by-nc-sa).  smile


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#14 31-01-2017 11:11:42

Vegas
Breathe
Lieu : Absurde.be
Inscription : 14-04-2009
Site Web

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

kodiak a écrit :

Puisqu'on est sur le registre du Disclaimer, j'ai un faible pour celui du site de PhilRando (sous licence CC by-nc-sa).  smile

Savoureux  big_smile  Merci Kodiak pour le partage!

philrando a écrit :

[...]Vous croiserez aussi des mammifères soi-disant domestiques [...] et les chiens sont rarement des caniches à ruban en quête de caresses.  [...]


Z

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#15 31-01-2017 15:10:40

JJondalar
Membre
Lieu : Estérel
Inscription : 15-06-2011
Site Web

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Bilbox a écrit :
JJondalar a écrit :

Je ne sais pas qui a dit "l'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte". Sans doute un chinois.


L'expérience est une lanterne que l'on porte sur le dos et qui n'éclaire jamais que le chemin parcouru.

Un chinois confus tongue

Ma citation bien que moins ancienne existe aussi. Les deux sont éclairantes. L'une vers le passé, l'autre vers l'avenir.


La mésange à tête noire et la sittelle sont d'une compagnie bien plus vivifiante que celle des hommes d'État ou des philosophes; au retour on va considérer ces derniers comme de bien piètres compagnons."
H.D.Thoreau, Une promenade en hiver.

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#16 01-02-2017 21:15:34

Myrtille88
Membre
Lieu : Provence
Inscription : 30-09-2009

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Ah ça y est j'ai lu  smile
J'aime bien ton enthousiasme : "je suis en Laponie , et c'est la nuit polaire"  big_smile
Tu as tes quartiers là bas pour cacher ta valise?

Je ne demande presque jamais rien sur place , c'est souvent le bon moyen pour s'entendre des trucs négatifs  hmm

C'est joli cette histoire de bras de sorcière, fais gaffe quand même wink

Je ne savais pas que tu étais un mul connu. Je ne dois pas aller dans les endroits fréquentés par les muls...

Je pense que c'est une vraie chance en plus d'un vrai plaisir de lire les CR. Et d'ailleurs les CR ne sont pas les seules informations sur internet qui, sans expérience , peuvent mettre les lecteurs en danger. Donc à chacun de faire son ménage.

Bonnes nuits sous le ciel polaire smile
Myrtille

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#17 12-02-2017 11:33:19

florencia
Membre
Lieu : 71
Inscription : 11-11-2011

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Salut Archimboldi  smile

Chouette, je découvre le début de ton périple  cool

Pour le test de la rivière, t'étais pas obligé, désolée pour le pied mouillé big_smile

Je suis passée au lap pole de Pielpavuono, il est effectivement sympa, et j'ai trouvé les lieux par beau temps assez magique  smile

Hâte de lire la suite de ta balade  wink

Flo


Réalisations DIY
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"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.

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#18 12-02-2017 15:35:53

martie
Membre
Inscription : 04-03-2011

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Sympa en effet Archimboldi ton retour du grand Nord (où je n'irai jamais, mais ça fait rêver)...
On attend la suite...

Et puisque Flo est revenue, je présume (j'imagine, j'espère, je suppose)  qu'on en aura un autre d'ici peu...

Merci
martie

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#19 15-02-2017 13:20:40

PtiStelvio
Membre
Lieu : Grenoble
Inscription : 18-01-2012
Site Web

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Beau retour d'expérience !

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#20 26-02-2017 13:14:07

Archimboldi
Membre
Lieu : Ch'nord
Inscription : 12-03-2012

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Salut
Je viens de poster le jour suivant. smile
Désolé si je n'écris que très lentement, je suis horriblement débordé en ce moment. Désolé également pour les photos format portrait qui se retrouvent dans le mauvais sens, je n'ai pas l'impression de pouvoir y faire quelque chose. Dommage. hmm

@Myrtille : en fait de "quartiers", disons que j'ai un endroit habituel où je cache mes affaires. Ça me permet d'emmener des vêtements propres pour le retour, ainsi que scotch, sac poubelle et carton pour l'emballage des skis, sans avoir à perdre de temps en ville.   smile


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#21 26-02-2017 13:28:54

florencia
Membre
Lieu : 71
Inscription : 11-11-2011

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

6253_6593_img_0132_26-02-171_26-02-17.jpg wink

Et ça ne bottait pas après les passages dans l'eau ?

Au même endroit, sur lac Äimäjärvi, aussi en hors-piste, neige croûtée et neige humide en dessous, 30 bonnes minutes à gratter le carcan de glace formé, après le retour à l'air libre, mais les T° étaient largement sous zero.

Flo


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#22 26-02-2017 13:52:07

Archimboldi
Membre
Lieu : Ch'nord
Inscription : 12-03-2012

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Comment tu as fait ça ?  yikes

Non, pas de bottage des skis. Sur le moment, j'ai pensé que c'était la preuve qu'ils étaient bien fartés, mais je crois que c'était plutôt lié aux températures positives, en effet.
Tu annonces ailleurs des vitesses de 10km/h, pour moi c'était absolument inatteignable, si je montais à 5 ou 6, c'était déjà avec beaucoup d'effort, et à l'oreille j'entendais bien que le ski frottait plus qu'il ne glissait. J'en attribuais la faute à la neige et à ma mauvaise technique, mais je crois aussi que mes semelles étaient totalement sèches.  hmm


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#23 26-02-2017 14:40:46

florencia
Membre
Lieu : 71
Inscription : 11-11-2011

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Comment tu as fait ça ?  yikes

J'ai juste un peu rabotter en haut et en bas  wink

Flo


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#24 26-02-2017 21:53:52

You
Ptit lapin givré
Lieu : RP
Inscription : 27-08-2005

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

C'est assez sidérant les écarts de températures qu'on peut trouver dans le coin en quelques semaines, et d'une année à l'autre.
Ce sont les conditions les plus difficiles à gérer.
Dire que je flippais de friser le 0°C après des semaines à -20°C surle lac Inari, quand je vois ce que tu as vécu, je me dis que j'ai eu du bol !
Malheureusement ces épisodes de redoux risquent de s'amplifier, et leur fréquence d'augmenter...

Prochaine étape : la pulka-packraft ?


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#25 26-02-2017 22:54:58

Archimboldi
Membre
Lieu : Ch'nord
Inscription : 12-03-2012

Re : Nuit polaire sur le lac d'Inari

Pour la pulka, maintenant que Flo a défriché le terrain et validé le concept du tapis de glisse, je vais sûrement lui emboiter le pas. Ça me permettra d'emmener plus de bouffe (et du thé) sans remords.

Le packraft en revanche, je vais attendre d'avoir plus d'expérience dans le froid et un compte en banque mieux garni : je suis encore un peu tendre pour les conditions vraiment froides, et pas totalement satisfait du reste de ma liste d'équipements.  wink


Merci Flo, j'ai du coup quelques photos à raboter et ajouter au récit !  big_smile


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