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#1 27-10-2007 22:48:56

mauger
Membre
Lieu : Montréal, Canada
Inscription : 23-12-2006

West Coast Trail

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas ce sentier, il est situé sur la côte ouest de l'île de Vancouver.
Et Radio-Canada a récemment mis dans son site web 5 intéressants reportages vidéos qui retracent l'histoire, la tempête de décembre 2006, la reconstruction, etc...

Bon visionnement :

http://www.radio-canada.ca/regions/colo … gionaux=83

Michel

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#2 28-10-2007 00:05:28

eraz
multimedia
Lieu : Sancy
Inscription : 26-08-2007

Re : West Coast Trail

Chouettes reportages, avec une belle brochette de mulets, mais la rando a l'air excellente.

Vais me mettre un petit marque page pour ma future retraite^^

eraz

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#3 07-06-2010 19:12:09

lalary
Membre
Inscription : 03-04-2010

Re : West Coast Trail

Petit déterrage de topic. Vu que je viens de faire ce sentier et que je n'ai pas vu de compte rendu sur le forum. Je préviens tout de suite, c'est plutôt un récit prolixe qu'un compte rendu MUL. Mais çà pourrait en intéresser certains.

Le west Coast Trail, pour les nords américains, c'est un sentier mythique considéré comme très difficile. Cependant çà reste accessible à tous (nombreux bivouacs, pas de dénivelé). Il faut avouer qu'ici, même si il y a de « vrais » sportifs, beaucoup se croient sportifs parce qu'ils vont au boulot à vélo par exemple … C'est un peu comme l'écologie : tout le monde est pour, mais quand il s'agit de changer d'habitudes c'est une autre histoire.
Pour situer le cadre, ce sentier parcourt la côte ouest de l'ile de Vancouver. C'est une côte réellement sauvage puisqu'il n'y a pas de village sur les 75 kilomètres du sentier. Juste quelques habitation des « natives ». Même dans les zones habitées, les villes sont couramment éloignées de 50 ou 100 km sans aucun habitat entre. Mieux vaut ne pas tomber en panne d'essence après une certaine heure … Les hydravions sont très utilisés ainsi que les bateaux pour accéder aux endroits reculés. Pour un français qui regarde la carte, l'ile de Vancouver est petite. En réalité, le relief montagneux et l'éloignement des villes font que les routes sont longues et fastidieuses (sans compter que beaucoup ne sont pas ou mal goudronnées).
Le climat y est très pluvieux, mais jamais très froid. D'après les locaux même si il arrive qu'il neige elle ne tient jamais bien longtemps à cause de la pluie. Cette année, il semblerait que le mois de mai ait été particulièrement pluvieux. Certains l'attribuent à l'éruption en Islande, d'autres à El Nino.
Ce sentier étant très renommé localement (et auprès des allemands), il faut payer un droit pour l'emprunter (environ 160$, avec la carte et les tickets les bacs qui permettent de traverser certaines rivières) et il y a un quota de 8 000 personnes par an et de 30/jour de chaque côté. Le sentier est dans une réserve nationale, et avant le départ on est briefé par un petit diaporama. C'est très tatillon, à l'américaine. Enfin c'est le départ.

Le sentier ne présente pas réellement de dénivelé mais est très escarpé, technique. Les bâtons sont très appréciables. Le sentier chemine soit au bord de la côte soit sur la côte (plages et platier). Ca oblige à tenir compte des marées et çà rend le sentier difficilement praticable en cas de tempête. Il n'y a bien entendu pas de ravitaillement en cours de route, pas de refuge, pas d'échappatoire …

Je démarre par la partie nord, sous un beau soleil inattendu vu le temps du matin. Il y a beaucoup de chablis dû à la tempête de 2007 dans cette partie du sentier. C'est navrant de voir tous ces arbres qui étaient majestueux brisés au sol. Je suis parti à 15h30 de Pachena Bay, soit largement après l'heure maximale autorisée (13h) pour faire les 12km qui mènent au premier  bivouac. Et là la galère commence. Je fais le plein d'eau au premier ruisseau. Elle n'est pas appétissante, couleur whisky. Cependant elle n'a pas mauvais goût. Le sol est couvert d'une épaisseur d'humus impressionnante qui donne cette couleur à l'eau. Assez vite, je m'aperçois que je peine à avancer à 3km/h … Ca promet ! Je me dépêche pour avoir un peu de temps au bivouac et ne pas avoir à manger la nuit tombée. Une impression de jungle et de solitude étouffante se dégage. On nous a bien mis en garde à propos des ours et des cougars avant le départ ! Tout d'un coup, une vision comme un mirage : un coquet portail avec un gazon impeccable derrière ! On se croirait arriver à la maison en pain d'épice d'Hansel et Gretel. En fait non, ce n'est que la maison du gardien de phare, avec un stock de fioul impressionnant. Il n'est ravitaillé qu'une fois par an.
Je repars rapidement, toujours pressé. Un petit crochet sur la côte où des éléphants de mer se prélassent sur un rocher. Leurs barrissements sont assez impressionnants. Ca fait un peu cour de récré.
Enfin, à 19h30, j'arrive au bivouac. Je m'installe un peu à l'écart là où je trouve de la place, prépare un feu et installe ma bâche. Le temps est incertain, la brume s'est levée. Je serais réveillé pendant la nuit par une souris téméraire qui me court sur le visage. Plutôt désagréable sur le coup mais rétrospectivement marrant.

Le lendemain, départ sur la plage. C'est beaucoup plus facile. Je n'ai pas pris garde à l'horaire des marées mais j'ai de la chance çà passe bien. Le sentier remonte ensuite sur la côte. Paysage superbe, lichens et fougères sont omniprésents. Premier pont suspendu au dessus d'une cascade qui dévale sur la plage. Le tout sous la pluie coutumière … Un côté tahiti douche … Je croise une fille qui fait le sentier seul. Courageuse. J'apprendrais plus tard qu'elle est gardienne de refuge. Elle me conseille de bivouaquer à une autre cascade qui est assez renommée. En marchant je glisse une fois de plus sur les planches en bois du chemin (le chemin est souvent surélevé du sol). Je casse un de mes bâtons et je plie l'autre. Je n'avais pas trop le choix c'était çà ou tomber dans le ravin. Une des difficultés du chemin est son caractère casse gueule, l'autre étant son caractère très escarpé. En marchant de manière « engagée » je tomberais à peu près 2-3 fois par jour. Mais du coup j'arrive au bivouac à 13h avant le troupeau et je m'installe confortablement dans un creux providentiel de la falaise. Je profite de mon temps libre pour <strike>faire le bûcheron</strike> amener un tronc d'arbre en travers de la rivière pour pouvoir la traverser sans se mouiller les pieds. Une bonne heure de boulot en slip dans la rivière sous la pluie rafraîchissante smile Après çà je lance vite fait le feu pour ne pas me refroidir. Pas moyen de trouver du bois sec. Heureusement il y a beaucoup de vent pour attiser le feu qui part très vite mais peine à se développer. Les côtes sont couvertes de bois flotté. C'est pour partie lié à l'exploitation forestière (les grumes sont parfois flottées) et pour partie ce qui est charrié par les crues jusqu'à la mer. Malheureusement le bois flotté brûle mal : humide et gorgées de sel, les bûches ne veulent pas prendre. Le sel donne une couleur orangée inhabituelle à la flamme. Mauvaise nuit : de grosses vagues déferlent en même temps que la marée monte, et mon abri est un cul de sac dans la falaise.

Je me lève assez tard le lendemain. Départ sous la pluie. Je décide de marcher autant que possible, pour avoir de la marge sur la suite des évènements (bien m'en prendra). Je croise la gardienne de refuge au bac. Elle attend depuis une demi-heure sous la pluie sans qu'il ne se passe rien. Elle me dit en se marrant que je ronflais fort et que j'avais l'air de bien dormir quand elle est passée devant mon campement. L'instant est paisible avec la bruine qui tombe sur la rivière. Les bruits sont amortis. Le passeur fini par arriver. Il nous propose de nous sécher et de nous réchauffer chez lui. Je préfère continuer. Certains arbres sont réellement impressionnants. Je n'aurais jamais cru qu'un thuya puisse faire 3m50 de diamètre et au moins 50m de haut. La journée est longue. Le temps tourne au beau mais mes pieds sont trempés. Je suis presque pris par la marée à deux reprises. Je marche largement en dehors des horaires et ne croise personne. Je m'arrête un instant à un premier bivouac possible puis décide de pousser plus loin. Je passe devant une « maison » (genre bidonville) dans une réserve. On me demande si je viens par la mer et quand je réponds par l'affirmative on est étonné que j'aie réussi à passer. J'apprendrais plus tard que c'est ici le « restaurant » du West Coast Trail. L'indienne qui habite là prépare des burgers pour les randonneurs … Je finis par arriver à un bivouac. Le temps est beau, superbe coucher de soleil, je suis seul. C'est le pied.  Je décide de ne pas monter ma bâche. Erreur. Je suis réveillé par la pluie le lendemain, au lever du soleil. C'est bizarre parce que le ciel est bleu mais il pleut (avec un arc en ciel) ! La pluie descend de la montagne en fait. J'essaie malgré tout de dormir en comptant sur ce ciel bleu mais la pluie redouble d'intensité et je dois battre en retraite sous la bâche pour prendre le petit déjeuner. A partir de ce moment là il ne cessera de pleuvoir jusqu'à la fin du sentier.

La journée est néanmoins très agréable. La pluie apporte douceur sérénité. Il ne fait pas froid et le poncho est très confortable. En ayant beaucoup marché la veille je me retrouve seul sur le chemin (on arrive au départ du chemin par un ferry qui fait la navette 3 fois par semaine). C'est superbe. On se croirait dans la jungle. J'arrive tôt au dernier bivouac du chemin, vers 16h. Il n'y a personne. Je monte ma bâche du mieux que je peux (toujours sous la pluie). C'est un peu le drame pour moi cette pluie qui ne s'arrête pas. Mon appareil photo souffre. Il se remplit de condensation et du coup je le porte toujours le plus près possible du corps pour faire évaporer l'eau de l'optique. J'ai de la chance je croise un gardien du parc à proximité du campement et je lui demande si il peut garder mon APN dans sa cahute pour la nuit. Il accepte et m'emmène jusqu'à la baraque en me disant que je pourrais le reprendre le lendemain matin. Il me dit qu'ils ne seront pas là ce soir et que je devrais venir le reprendre demain matin. Ils font brûler du thuya dans le poëlle et l'odeur est merveilleuse. Je retourne contempler ma bâche et 5min après, le gardien revient et me propose de venir me réchauffer au coin du poëlle pendant leur absence. Cool ! Je me sèche donc et me réchauffe. Je découvre l'état catastrophique de mes pieds en les prenant en photo. Le pied gauche commence à se crevasser, c'est douloureux. Heureusement çà s'améliore avec le poëlle. J'entends d'autres randonneurs arriver. Je leur propose de venir se réchauffer avec moi. Ce sont des Québecois et ils sont dans un état encore pire que moi. Mal équipé, avec des sacs très très lourds. Ils sont sur le chemin depuis 8 jours et ils pensent encore marcher deux jours avant de finir. On passe la soirée ensemble au chaud. Vu l'étroitesse du lieu, l'humidité, l'odeur du thuya et la chaleur on se serait cru dans un sauna.
Je retourne dormir sous ma bâche pour voir si c'est possible de dormir sous une bâche par un tel temps. Conclusion : ben c'est loin d'être évident. Il fait froid, l'eau ruisselle au sol, le « splash effect » détrempe le duvet. J'avais monté ma bâche trop haute pour pouvoir être à l'aise, faire la cuisine et égoutter mes affaires. Dès que le jour se lève je décolle. Les chevilles douloureuses. Je torche la fin assez rapidement (autant que faire se peut dans un tel bourbier). J'ai souvent de la boue jusqu'à mi-mollet et de l'eau au dessus du genou. C'est toujours aussi glissant. Après une grosse gamelle qui m'a à moitié assommé je me montre plus prudent (mais pas moins rapide). Dans les parties les plus escarpées je n'aurais pas dépassés les 1,5 km/h de moyenne. Je comprends mieux que dans la jungle, sans trace, 1km/jour est parfois une moyenne « normale ».

Conclusion. Un beau sentier, très technique. La pluie le rend vraiment très dur. Mieux vaut partir par beau temps et avec de la bouffe pour 10 jours. Je pense que le plaisir est de prendre son temps au maximum sur ce sentier. Savourer ces paysages sauvages et l'isolement (quand on marche décalé du troupeau). En allant vite par temps humide j'ai un du taper dans la machine (mais je n'avais pas le choix en terme de réserve de bouffe et j'en avais marre).
Mon sac pesait 17kg au départ (avec environ 5kg de bouffe et un sac pesant 2kg900). Donc pas tout à fait MUL comme démarche mais je restais dans les plus légers du sentier. Dans les choses à améliorer : soit marcher avec des chaussures de trail très aéré (séchage) soit marcher avec des sandales et un chausson néoprène de type sport aquatique à l'intérieur. Dans tout les cas gare aux chevilles ! Et aussi prendre de l'allume feu pour moins galérer à démarrer les feux.

Photos très prochainement !

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#4 07-06-2010 19:32:07

nikolaï
Membre
Lieu : brest
Inscription : 17-02-2010

Re : West Coast Trail

chouet récit, ça donne envie…
… même avesc le côté je me suis baladé pendant 3 jours sous la flotte.

merci

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#5 08-06-2010 02:19:10

lalary
Membre
Inscription : 03-04-2010

Re : West Coast Trail

Quelques photos :

Les échelles, grosse particularité du sentier :
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Un "cable car" :
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Ca ressemble un peu à un jeu vidéo avec des bouts de bois qui s'enfoncent quand on marche dessus, des passages secrets, des chausse-trappes.
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Un des derniers ponts (les plus gros sont numérotés) :
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La galerie complète sur mon blog.

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#6 09-06-2010 14:29:09

Swipe
Membre
Lieu : Dans les bois
Inscription : 18-02-2008

Re : West Coast Trail

Superbe, merci pour ton récit et tes photos,
a+

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#7 17-06-2010 12:34:37

roroguev
Membre
Inscription : 13-06-2010

Re : West Coast Trail

Chouette !
J'avais vu un reportage je sais plus où (peut être sur la 5 à moins que ce soit dans T'as la cha) et c'est vrai que c'est tentant ! Pour ceux qui aiment marcher sous la pluie

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#8 21-07-2012 23:10:29

enduser
Membre
Inscription : 20-09-2008

Re : West Coast Trail

West Coast Trail 2012

Une revue détaillée de ce magnifique Trail effectué du 11 au 16 juillet 2012 en MUL

Le sens de cette randonnée
Comme on le verra, ce n'est certainement pas le trek le plus simple et le moins cher à réaliser depuis la France. Mais il a plusieurs facteurs uniques qui m'ont décidé à le faire.
Tout d'abord il s'agit d'un trek sans accès à la civilisation pendant 75 km (entre 5 et 7 jours).

Le trek est à l'intérieur d'un parc naturel (RIM), il longe la mer adossé à des collines et une nature impénétrable qui fait qu'on se retrouve vraiment dans le wild pour une semaine.
En Europe, à part l'Islande sans doute, il n'y a pas de trek où on ne puisse rejoindre la civilisation en moins d'une journée en tout cas pas en France. Sur le WCT les évacuations sanitaires peuvent prendre  entre 3 et 24h, ça donne une idée…

Ensuite on est au cœur d'une nature exceptionnelle et préservée : Il s'agit de l'écosystème très particulier de "Rain Forest" de la côte Pacifique Nord-Américaine.  Même pour les canadiens, cet écosystème est particulièrement unique et on le verra extrêmement varié. 
De plus, le parc est ouvert très peu de temps dans l'année avec une fréquentation très limitée et un niveau d'exigence physique qui filtre les dilettants. Ce qui se traduit par une vie sauvage très développée, Baleines, phoques, ours, cougars… c’est un vrai festival ! Mais attention on est chez eux et pas l’inverse.

Et aussi le respect par les randonneurs d’une étiquette « leave no trace » très respectée.  Pour faire simple dans la plupart  des endroits, à part les traces de pas, vous avez l’impression d’être le premier à passer.
Enfin, il y avait le challenge physique, 6 jours d’autonomie sur un trek exigeant avec possibilités de grosses intempéries que lalary a bien décrit dans son post.

C’est tout ce que je venais chercher sur ce WCT et sur aucun de ces points je n’ai été déçu, bien au contraire.

Un peu (beaucoup) de logistique pour commencer

Les liens utiles

http://www.pc.gc.ca/fra/pn-np/bc/pacifi … tiv6a.aspx
http://www.trailbus.com/index.html
http://www.pacificcoach.com/
http://www.mec.ca/AST/ShopMEC/HikingCam … sories.jsp

Il y a deux cas de figures soit vous avez plein de temps car, comme lalary, vous passer plusieurs mois au Canada soit comme moi vous avez besoin de planifier au mieux vos vacances. C’est ce scénario que je vais détailler.

En fait ça faisait deux ans que le WCT me trottait dans la tête mais en 2011 je m’y étais pris trop tard (en juillet) et il n’y avait plus aucune place disponible.
Cette année je m’y suis ré-intéressé fin mai et il ne restait qu’une seule place en juillet et une seule place en août… Coup de bol celle de juillet m’allais bien.

Donc, la planification commence par l’obtention d’une date de départ et seulement à partir de là on organise le reste du voyage.
http://www.pc.gc.ca/fra/pn-np/bc/pacifi … a/iii.aspx

Si vous partez à plusieurs pour juillet ou aout, il faut vraiment réserver à partir d’Avril minimum. Il est possible d’annuler les réservations donc pas de drame.
Dans les faits, il y a plutôt moins de gens qui partent que de réservations. Je pense que pas mal d’agences réservent des places par principe et que certains randonneur ne donnent pas suite. J’ai pu partir sans problème un jour en avance mais on ne sait jamais.

Ensuite il faut considérer que le WCT est sur l’île de Vancouver et à 6h de route de Victoria (ville principale de l’île, elle-même à  4 h de bus et ferry de Vancouver…

Il y a plusieurs possibilités pour rejoindre le trail, mais je pense qu’il vaut mieux partir de Victoria, au moins vous ne vous ennuierez pas en attendant.
A partir de Victoria le plus accessible est de prendre le West Coast Trail Express http://www.trailbus.com/ , bus qui dessert le trail mais il n’y a qu’un départ à 6h15 et le retour se fera vers 19h-19h30.

Donc vous êtes obligés d’être à Victoria un jour avant le départ et un jour après car le retour sera trop tard pour prendre le ferry de 19h45.

Suivant votre avion il sera par contre assez facile de faire la liaison Victoria-Vancouver Airport et vice versa dans la journée.

Le plus simple étant de prendre le Pacific Coach http://www.pacificcoach.com/.
C’est le seul qu’on ne peut pas payer à l’avance sur internet mais c’est fiable et les stations sont très bien placées en centre-ville :
A Vancouver à très proche du métro « Main Street –Science World »,
A victoria en centre-ville, c’est aussi le point de départ du WCT express,
Sans compter directement à l’aéroport de Vancouver.

Quand on achète le billet on prend le ferry avec compter 60 CAD environ pour un Aller.

Donc en résumé, le trajet le plus rapide possible ressemblerait à cela :
j-1 : Vol Paris- Vancouver
j-1 : Vancouver Airport YVR – Victoria
http://www.pacificcoach.com/Bus-Coach-T … o-Victoria

J0 : Victoria – WCT  en West Coast Trail Express

Le retour dépendra de la date de sortie du WCT sachant que vous ne pourrez pas sortir après 16h30 à Port Renfew et  le bus de départ de Pachena Bay part vers 12h30.
J sortie : WCT - Victoria

J sortie+1 : Victoria – Vancouver Airport YVR
J sortie+1 : Vol Vancouver Paris

Durée du Trail : Il y a pas mal d’impondérables liés à la marée ou à l’horaire des ferrys sur le trail, donc comptez entre 5 et 7 jours. Si vous finissez plus tôt vous devriez pouvoir, comme moi, prendre le WCT express  s’il reste des places sans trop de problème.

Logistique Compagnies Aériennes

Il n’y a qu’une seule compagnie qui offrent des vols directs Paris Vancouver il s’agit d’Airtransat et comme c’est un charter c’est aussi la moins chère. Par contre ce n’est pas tous les jours donc elle n’apparaît pas toujours dans les résultats de moteur recherche de voyage.
Moi, je voulais vraiment une compagnie directe, pour être sûr d’arriver avec mon matériel. Les autres vols avaient des escales multiples ou très courtes dans lesquelles les chances de perdre ou de se désynchroniser avec les bagages augmentent considérablement.

Logistique les bagages

Vous allez sûrement avoir des bagages en plus de votre sac pour le trail. Il y a deux options soit votre hôtel à Victoria accepte de vous les garder (c’était le cas du Helm’s Inn pour moi, super pratique), à valider à la réservation ou sinon vous les laissez au bus en réservant à l’avance http://www.trailbus.com/Storage.html.

Logistique le fuel

Si comme moi vous ne prenez pas l’avion avec le fuel des réchauds vous allez devoir les acheter sur place.
Vous trouverez votre bonheur chez Mountain Coop il y en a à Vancouver ou au centre de Victoria  / http://www.mec.ca/AST/ShopMEC/HikingCam … sories.jsp

Au passage vous pourrez compléter ce que vous auriez oublié chez vous (y compris Lyophilisés).

Pour l’alcool vous pouvez en trouvez dans les pharmacies, mais ils mettent un additif qui fait une suie pas croyable, donc mieux vaut le prendre chez Mountain Coop en alcool à brûler à 99%. Je me suis tapé cette suie de m. tout le parcours ça m’a pourri la popote et le réchaud.

Logistique bouffe et eau

Je suis parti avec les Lyophilisés de Paris, je pensais prendre le reste au Canada.

Il y a une grosse différence avec l’Europe, c’est la taille… En Europe les snacks et barres céréales/chocolat… sont aux alentours de 20-25 g, au canada et aux US il n’y a rien de dessous de 40-45 g.
Pour les Lyos même chose alors qu’on trouve des lyos de 80 g ou de 120g en France, les Lyos sont en général conditionnés pour deux aux alentours de 145 g. C’est pas mal si on est deux, c’est un peu plus compliqué tout seul potentiellement.

En tout cas si vous avez imaginé un menu sur la base des rations Europe il vous faudra revoir cela sur la base des volumes et conditionnements américains.

Encore une fois Mountain Coop est la bonne source d’approvisionnement, cette chaine a visiblement une telle part de marché, que les autres magasins ne proposent même pas de Lyos.

Pour l’eau, contrairement à ce que disent certains guides il n’y en a pas aux points d’entrée du parc. faites le plein à l’hôtel  le jour du départ sinon vous devrez attendre les premiers ruisseaux pour en récupérer, avec le temps de traitement ça vous fait plusieurs heures sans eau pour commencer c’est pas terrible.

Sinon aucun problème, vous croiserez au minimum un ruisseau ou un torrent toutes les heures pour vous réapprovisionnez et tous les camps ont un point d’eau. Par contre il vous faudra la traiter systématiquement donc n’oubliez pas vos pastilles. C’est d’ailleurs une des rares choses qu’il faut amener en double à mon avis. On a vite fait d’oublier sa plaquette à un point d’eau, dans ces cas-là un double sauve la mise.

Choix du sens et durée du trail

Il y a deux options pour faire le trail :

  • Soit du nord au sud en partant de Pachena Bay

  • Soit du Sud au Nord en partant de Gordon River

Comme Lalary, je conseille du nord au sud car c’est ce qui vous permet de finir par la partie la plus escarpée avec le minimum de poids et de passer Owen point seul sans trop de difficulté.

Pour la durée, si vous voulez absolument tenir un horaire précis vous aurez presque toujours l’option de prendre les chemins de forêt au lieu du bord mer mais il y a quelques points où vous devrez peut-être attendre le bon niveau de marée sans alternative : km 20-22, km 42, km 50.

Enfin il y a un ferry à mi-chemin sur la Nitinat qui ne fonctionne qu’entre 10h et 16h et le ferry de la Gordon River qui fonctionne entre 8h30 et 16h30.

Au moment du départ si vous avez besoin de planifier finement, je vous conseille d’ajuster vos étapes à partir des horaires et des marées de ces points clés. L’impact est pas négligeable, j’ai dû attendre 6h pour passer Owen Point ce qui rendait impossible d’attraper le ferry de Gordon River dans la même journée.

Le Trek

Voilà, j’espère vous avoir donné le maximum d’informations logistiques que j’aurais trouvées utiles en préparant ce trek, il est temps de passer à la randonnée elle-même.

11 juillet, départ de Victoria à 6h15 avec le bus de WCT express, 6 heures de trajet jusqu’à Pachena Bay. Le trajet est assez long mais il permet de bien comprendre l’environnement. Les trois dernières heures ont lieu sur des chemins forestiers de terre. Dans l’arrière-pays le long du WCT il y a des collines assez hautes et pentues 300-500 m avec de la forêt hyper dense. Ce qui permet de comprendre que les naufragés coincés sur les plages n’avait aucune chance de rejoindre la civilisation autrement qu’en longeant la côte. C’est l’origine historique du trail.

12h30 arrivée à Pachena, petite cahute du parc pour le trailhead. La gardienne fait remplir les permis de randonnée et payer pour les ferrys (très pratiques puisque sauf si vous voulez bouffer des crabes à la Nitinat ou des hamburgers à Carmanah vous n’avez pas besoin d’emmener de cash).

A 13h séances d’orientation, conseils généraux et sur les points du parcours par la gardienne, bien fait et utile à priori qu’en Anglais.
Les séances ont lieux à heures fixes (9 h 30, à 13 h et à 15 h 30) et vous ne pouvez pas partir sans les avoir faites.
J’ai fait ma réservation pour le 12 mais je demande à partir dans la foulée ;  comme le temps est au beau autant en profiter. Visiblement les quotas ne sont pas dépassés donc la gardienne me le permet mais une fois que tous les autres se seront enregistrés.

A 14h je suis libre de partir et comme je n’ai pas encore déjeuné je prends mon premier repas avant de commencer ; heureusement  j’avais pris une petite bouteille d’eau à l’hôtel car il n’y a rien au départ.

Et c’est parti, rapidement les premiers ponts en bois, les première échelles et les premiers trous de boue… genre ce n’est pas une légende, j’arrive très rapidement au premier ruisseau Clonard Creek où prend un litre d’eau.

L’après-midi se passe dans la forêt, il fait beau puis brumeux, la nature est magnifique, pas trop de difficultés. Au km 9 environ il y a un point de vue sur une première colonie de « sea lions » des otaries. Bon moment de kiff du genre vous êtes à 50 m d’une colonie d’animaux que jusqu’ici vous n’aviez vu que dans des zoos. Ils sont hyper bruyants et visiblement toujours en train de se bagarrer, bonne petite pause bien sympa.

Globalement l’air est hyper humide qu’il fasse beau ou pas donc dès qu’on avance on est en sueur et on se déshydrate pas mal, le côté jungle tempérée en quelque sorte. Mieux vaut penser à boire et à traiter de l’eau assez souvent.

Je marche à un bon rythme 4 km/h sans trop d’effort et je re-dépasse tout ceux qui étaient partis avant moi, notamment un couple déjà en train de s’engueuler car Monsieur trouve qu’ils ne vont pas assez vite, vu la taille de leur sac tu m’étonnes… En même temps au lieu de gueuler sur sa copine il ferait mieux de lui prendre un peu de poids...

Fin d’apm, j’arrive sur la côte, premier pas dans le sable. Comme j’ai le temps je vais jusqu’au second camp celui de la Darling River (km 14).
Installation de la tente sur le sable, pas mal d’autres randonneurs présents. Pour le dîner je ne suis pas hyper bien, vu le mal de tête je pense que c’est une petite déshydratation, en tout cas pas moyen d’avaler le Lyo. Je vais mettre la bouffe et la trousse de toilette dans la boîte à ours, un doliprane et au lit.

Le lendemain matin tout va bien, j’ouvre la porte de la tente qui donne sur la mer et là surprise…
A 150 m du rivage il y a des baleines qui soufflent. Ca le fait grave comme réveil ! Là on sait pourquoi on est là.

Départ tranquille sur la plage avec toujours les baleines qui font un bout de compagnie puis passage dans les bois, pas mal de trous de boue. C’est là qu’on se rend compte que c’est assez exigeant, je ne mets pas mes guêtres et je préfère essayez d’éviter la boue en chiadant les appuis. En fait c’est pas mal, cela oblige à rester concentrer et à avoir des appuis efficaces, vu le bordel de racines, de troncs glissants et de boue, on n’est jamais très loin de la bonne gamelle. Et en faisant comme ça on fait plus attention.

Passage sur le sable, on pédale. Même si c’est moins casse-gueule on se demande si le sable n’est pas pire que la boue en termes d’appui-;-)

Déjeuner sur le bord de mer assis sur les montagnes de bois flotté puis c’est le moment de la première « cable car ». Comme il y a d’autres randonneurs chacun s’entraide pour le passage.
Bien que ce soit jouable à deux il vaut mieux passer un par un. Les randonneurs qui me suivaient sont passés à deux, c’était beaucoup plus lourd à tirer et ils sont restés coincés à l’arrivée.
On a du soulever le wagonnet pour lui permettre d’atterrir sur la plateforme. S’ils avaient été tout seuls ils auraient dû quitter le wagonnet dans des conditions dangereuses à 10 m du sol…

J’arrive aux chutes de la Tsusiat (km 28) assez tôt vers 14h mais trop tard pour entamer l’étape suivante sachant que le ferry de la Nitinat termine à 16h30.
Le camp est à nouveau sur la plage au pied des chutes, c’est assez spectaculaire. Je passe donc un long apm au camp où la brume nous enveloppe rapidement. C’est un des très beaux sites du parcours et il est calé entre deux étapes donc il y a beaucoup de monde.

C’est plutôt marrant car c’est le festival de l’équipement, personne n’ayant la même tente… Globalement je n’ai vu pratiquement aucun MUL sur le parcours, je n’ai vu qu’une seule fois une tente UL et pas une seule fois des tarps ou des bivys.
C’est plutôt l’inverse en fait les randonneurs sont lourdement chargés, 20kg et plus c’est la loi du genre, pas étonnant qu’ils trouvent le trek dur.
Ce soir-là il y en avait qui avaient des tabourets pliants (sic) déjà ça paraît inconcevable en MUL mais il y a tellement de bois flotté que ça ne sert vraiment à rien.
Je sympathise avec mes voisins avec qui on s’était entraidé à traverser en « cable car » et on partage un premier feu de camp. Bon exemple de mauvaise gestion des priorités de poids, le type avait une hachette mais pas d’anti-douleur de base j’ai dû lui passer un doliprane. Ensuite on discute un peu du poids et là il m’explique qu’ils voyagent avec 4 litres en permanence chacun… Je lui dis que ça ne sert à rien vue le milieu et qu’il suffit de recharger souvent. Combien il vous restait à l’étape ? 2 litres chacun, donc vous pouvez vous contenter de deux litres, non ? Le lendemain je les ai recroisés, ils avaient suivi mon conseil et ils allaient beaucoup plus vite ;-)

Lendemain c’est reparti, j’ai décidé de faire une grosse étape pour sécuriser un peu le planning mais pas la peine de partir trop tôt car le ferry n’ouvre qu’à 10h.

Je pars donc vers 9h un beau passage sur la plage. Toute la journée va être marquée par un jeu de cache-cache avec la marée et ça commence en étant tout juste pour passer la jolie arche de Tsusiat point. Il y a des aigles pêcheurs sur les rochers le long de la plage c’est magnifique.
Retour dans la forêt, il y a de bons passages avec des planches mais aussi des passages boueux et des jeux de mikado incroyables d’arbres brisés par les tempêtes.

Et Bam ! Je manque littéralement de m’arracher un œil.
Un grand classique, en faisant le tour d’un trou de boue, comme je ne regarde que mes pieds, je me prends en plein gueule une branche qui m’attendait dans l’ombre. C’était une branche coupée avec une jolie forme de cuillère à la bonne hauteur. J’ai vraiment eu de la chance car sur le moment j’ai cru que je m’étais éborgné… Finalement une fois la douleur passée, ce n’était que des larmes et pas du sang mais ce n’était pas loin.
Leçon pour la suite quand on contourne un trou de boue on regarde aussi en l’air pour gérer les branchages… J’ai plus fait l’erreur ensuite.

J’arrive au bac de la Nitinat (km 32), c’est hyper joli. La marée est en train de descendre, il y a des moules partout et une loutre est en train de remonter la rivière. Après 20 minutes le gars finit par me remarquer et me fait traverser, on croise un canoë traditionnel indien avec une équipe de rameurs.
Il y a une petite baraque et il est possible de manger des crabes mais je continue.

Encore un moment dans la forêt et j’arrive au grand pont de  la Cheewhat river (km 36) à partir de là toute la journée aura lieu sur la plage. Pour commencer une longue plage magnifique avec un grand soleil et une brume de chaleur qui se forme sur les cèdres et les pins, c’est splendide. La plage en question est signalée comme zone d’activité important d’un cougar et d’un « large » ours brun, des traces mais pas de mauvaises rencontres.

Je continue vers les falaises et là ça devient rock’n roll avec la marée montante. En fait je rate une entrée vers la forêt et j’arrive à un point « anchor on rocks » (km 38) a priori difficilement franchissable. Effectivement, il y a un mur qui ne devient escaladable qu’au bord de l’eau. Au dernier moment je dois attendre le reflux des vagues pour sauter sur un rocher qui me permet d’atteindre le mur et de le franchir. Je pense qu’à une minutes près ce n’était plus possible et je que j’aurais dû attendre 4 à 6 heures sur bout de caillou à attendre que ça baisse sans pouvoir revenir en arrière. 

Toujours est-il que ça passe et que je continue, le rivage marin est d’une variété incroyable, sables, graviers, galets, bancs, falaises et rochers on a droit à tout ce qui est imaginable.
Je prends de l’eau à Cribs creek et je continue pour aller déjeuner un peu avant Carmanah point (km 44) juste devant une autre colonie d’otaries bruyante et odorante.

Je repars et je décide de pousser jusqu’à Waibran creek pour le soir. Je laisse derrière moi le phare et son camp.
C’est dans ce camp sur la réserve indienne qu’il y a une sorte de restaurant qui sert des hamburgers et des bières. C’est une étape très prisée ce qui fait que les camps aux alentours sont en général vides.
J’arrive à Carmanah Creek où je passe ma première « cable car » tout seul, là je suis content d’avoir pris des gants pour ce types de franchissement. Le passage est assez long et franchement je me serais abîmé les mains.

Sur cette section je ne rencontrerais plus personne pendant 3h30, la côte magnifique, l’impression d’être seul au monde, what else… ?

Dernière course avec la marée, je décide de passer par la plage pour rejoindre Walbran Creek (km53), là ça va être un peu trop short.
J’arrive à passer en dernière extrémité s, les pieds léchés par les vagues, sur la rive nord et là je suis coincé, plus moyen de passer à pieds secs la marée ayant trop monté. 

Et c’est là que les sandales de franchissement m’ont été utiles ! Je me mets en short et tente de traverser mais le fond est hyper glissant, pas moyen de rester debout pied nus, je remonte mettre les sandales et là pas de problème, ça passe. Bonne pioche sinon j’étais bon pour un passage à l’eau même avec tout le matos en étanche cela aurait été pénible.

Le site est magnifique et je suis le dernier arrivé, bonne petite nuit avec pas mal de vent.

Le lendemain je fais le point, je suis au km 53 et j’ai avalé en une journée 25km, si je continue à ce rythme j’aurais fini le soir même, je décide donc de calmer le jeu et de faire tranquillement deux autres étapes histoire de profiter au maximum du trek.

Je pars donc vers Camper Bay (km 62) tranquillement, tout le parcours est dans la forêt avec pas mal de dénivelé et de boue. C’est le festival des échelles avec deux séries de 70 m (descendre et monter) pour franchir Logan Creek et Cullie creek, sur Logan Creek (km56), très joli pont suspendu.
En revanche la boue est bien là, entre les km 56 et 62 c’est un festival. A chaque trou de boue c’est comme un puzzle ; par où vais-je passer pour éviter 20 cm de boue ? Les planches sont traîtres, elles glissent ou flottent, les racines sont flexibles et glissantes… A un moment j’ai même du ramper sous un tronc d’arbre et des planches pour pouvoir passer.

J’avais décidé de prendre mon temps, ça tombe bien car la moyenne horaire tombe à 2 km/h voir 1km/h sur certaines sections. Comme disait Lalary on comprend mieux les histoires de progression dans la jungle…
J’arrive à Camper Bay (km 62) assez tôt quand même. Le site est magnifique et quasiment désert. Je discute avec un père et sa fille qui font le trail dans l’autre sens et me décrivent le début du parcours comme l’enfer. Vu le niveau de boue que je viens de faire ça fait réfléchir…  La suite prouvera que leur principal problème venait plus sûrement du poids et du dénivelé que du terrain qui ne sera pas plus catastrophique que les précédents.

Je m’installe tranquillement, c’est le quatorze juillet donc je décide de faire un feu ;-) J’y arrive pas trop mal mais après avoir essayé du wetfire (allume feu) et une pierre à briquet qui ne marche pas du tout, je finis par allumer la mousse et les brindilles au briquet et ça prend bien. Je me rends compte que j’aurais quand même eu beaucoup plus de mal à allumer un feu s’il avait plu.

Il pleut pendant la nuit et au matin, la tente à super bien réagi aucun problème par contre tout est beaucoup plus glissant le matin…

C’est là qu’on comprend vraiment ce que ça peut donner sous une pluie battante… Tout devient beaucoup plus glissant et casse-gueule, il faut redoubler d’attention pour ne pas se vautrer et certains scénarios (genre la poutre en équilibriste à trois mètres du sol) plus du tout envisageables. Bonne matinée de franchissement jusqu’au km 65 où je rejoins la plage et où la pluie s’arrête.

J’ai décidé de faire l’itinéraire par la côte pour éviter la boue mais surtout pour passer les grottes d’Owen Point qui sont très spectaculaires.

Petit problème  avec la marée, une large portion du parcours n’est accessible qu’à partir de 2.7m et Owen Point qu’à partir d’1,8m hors la marée la plus basse est à 1.7m ce jour-là.
Je longe la côté, grandes plaques rocheuses assez glissantes, c’est magnifique, la mer est assez formée et de grands rouleaux déferlent sur les rochers. Le parcours est  entrecoupé de crevasses un peu  rock’n’roll à franchir mais c’est beau et amusant.

Je finis par arriver à Owen Point et là pas moyen de passer. La mer est trop haute et même en mode short et sandales avec les vagues ce serait carrément dangereux.
Je n’ai plus qu’attendre cette fameuse marée basse, 4 heures d’attente sur la falaise, mais comme il y a une colonie de phoques à 100 m on ne s’ennuie pas ;-)
Avec les heures qui passent les autres randonneurs s’accumulent, il y aura notamment Dona et Franck (que je salue) avec qui je sympathise. D’autre randonneurs arrivent dans l’autre sens mais vu les vagues ils rebroussent chemin et doivent attendre aussi.

17h et la marée basse arrive enfin et il est temps d’essayer de passer, on aide les randonneurs qui viennent dans l’autre sens à monter sur le banc (quelqu’un tout seul n’y serait pas arrivé) puis on se lance.

Je me mets en mode short et sandales. Il faut se laisser glisser du rocher sur une sorte de marche très glissante, puis longer le bord jusqu’à l’intérieur de la grotte qu’on traverse entièrement. C’est très beau et ça valait bien l’attente.

Ensuite on continue sur le rivage qui se transforme pour devenir un amassement incroyable de très gros rochers, avec la marée qui monte à nouveau, on doit souvent les franchir par le haut. Là je dois dire que j’étais hyper à l’aise vu que ça ressemble beaucoup plus à de la montagne et que j’ai gardé de mon enfance dans les torrents corses l’habitude de courir de roches en rochers sans problème.

Moins d’une heure après me voici donc arrivé au dernier camp Trasher Cove (km70). Vu que c’est un peu une étape obligée, il y a beaucoup de monde. La soirée est magnifique, coucher de soleil rose qui transforme la mer en de l’email liquide rose… Mais où est donc ma Pina Colada ;-)

Je partage un feu de camp avec Dona et Frank, l’occasion d’échanger sur le trek bien sympathiquement. C’est aussi efficace contre les moustiques qui pointent leur nez pour la première fois du trek.

La soirée s’avance et la mer continue de monter… vu que la plage est assez petite beaucoup de gens, dont moi, se retrouvent très près du rivage. Comme ça devient un peu chaud on décide de bouger les tentes  pour les remonter au plus loin de l’eau dans des trous au milieu du bois flotté. Pour certains c’était nécessaire, pour ma part, si j’avais laissé ma tente où elle était la mer se serait rapprochée à 1m50, plutôt content de ne pas avoir pris le risque ;-)

Le lendemain, le jour se lève sur la dernière étape 5 km à avaler avant 16h30, malgré l’enfer qu’on m’a décrit ça va être faisable. J’avoue que je retarde un peu le départ pour profiter de ces derniers instants de trek. 
Et c’est partie pour 80 m d’échelle qui ouvrent une ascension de 230 m. Au sortir des échelles, je me retrouve face à une première pente ultra boueuse faite d’un enchevêtrement de racines hyper glissantes… Là je me dis, je vais en chier grave pour les derniers km. En fait pas du tout, ce n’est pratiquement le dernier passage vraiment boueux du trek. Ensuite il y a encore quelques montées/ descentes et pas mal d’humidité mais le sol est rocheux donc beaucoup moins glissant. Globalement si on oublie la dénivelé, la partie la plus facile du trek.

Donc une heure trente après je me retrouve à la Gordon River.

En arrivant je croise un groupe de randonneurs qui est en train de passer le premier trou de boue, ce n’est visiblement pas facile.
L’un d’entre eux à des chaussures basses et pas de pantalon, je lui demande s’il a des guêtres, il me répond que non.
Je lui propose de lui donner les miennes que je n’ai pas utilisées. Il s’agit en effet de guêtres basses pas vraiment utiles pour les chaussures montantes que je porte.  Le gars, Peter en l’occurrence, accepte avec reconnaissance.
Je pense que je lui ai sauvé son trek car dès le lendemain il aurait eu de la boue dans les chaussures en permanence.

Une fois cette bonne action accomplie, je me retrouve sur le rivage de la Gordon River, je hisse la boule pour prévenir le bateau qui passe me récupérer quinze minutes après.

Dernière formalité au bureau du parc et voilà c’est fini à 12h le 16 juillet.

Ensuite direction Port Renfew avec une sorte de taxi local qui fait navette et première bière et un repas au café coastal kitchen (très bien).
Il ne reste plus qu’à attendre que le West Coast Trail Express vienne me récupérer à 17h pour un retour à Victoria vers 19h30.

En résumé :
Une randonnée magnifique qui tient tous ses promesses, en particulier en matière de beauté et de vie sauvage.

J’ai eu beaucoup de chance avec le temps mais j’étais tout aussi prêt à le faire sous la pluie, si vous n’êtes pas prêts à supporter ça ne le faite pas.

En MUL ce n’est pas si difficile que ça mais c’est un trek exigeant en termes de concentration, les erreurs peuvent vous faire très mal et si les conditions se dégradent l’effort à fournir va considérablement augmenter (cf la pluie). A part sur la concentration, je n’ai eu, à aucun moment, à  taper dans les réserves.

Si on a envie, en planifiant bien, on peut le faire en trois jours mais je pense qu’il vaut mieux en profiter et prendre son temps.

Le jeu avec les éléments (marée, terrain…) donne un côté aventure particulièrement savoureux et très amusant au global.

Avec du recul le fait de l’avoir joué contournement dans la boue était une bonne tactique car elle permettait de rester concentré et d’être très efficace sur les appuis (je n’ai même pas eu les pieds mouillés). Mais un scénario guêtres et « droit devant » peut aussi être envisagé.

Enfin suivant votre timing une bonne préparation logistique ne doit pas être négligée. 


La liste de matériel

J’ai apporté pas mal d’adaptation à ma liste classique pour prendre en compte les spécificités du WCT.

Tout d’abord pour prendre en compte les précipitations, au lieu de mon bivy j’ai pris une tente double paroie.
Si vraiment le temps se gâte, les tarps et les bivys vont devenir pénibles voir dangereux en terme d’hypothermie.

J’avais aussi prévu des guêtres et des jambières MLD pouvant faire office de guêtres.

J’avais pris ma parka Theta AR d’Arctéryx plutôt qu’un modèle plus léger et je pensais vraiment l’avoir en permanence sur le dos ainsi que les guêtres ou les jambières, je ne les ai pratiquement pas portée, mais ceci dit c’était le bon choix.

Les animaux sauvages : j’ai pris un sac étanche MLD en cuben qui est facile à suspendre pour mettre hors de portée des ours. Avoir un sac à suspendre n’est pas une option.

Ensuite les sandales de franchissement : Je pensais surtout aux passages des rivières mais la plupart des rivières ne posent aucun problème à pied sec par contre ça m’a réellement servi deux fois de manière critique pour les marées.

Un sac un peu plus portant : avec six jours d’autonomie et une tente, il y a un peu plus de poids que la rando normal aussi je me suis pris un ULA Ohm 2.0 qui est quoi qu’un peu plus lourd plus confortable le ULA Ohm standard.
Dernier changement : un vrai couteau, pour pouvoir tailler un abri ou quelque chose comme ça.

Détails liste

Portage        802
Sac à dos    ULA ohm 2.0                724
Housse pluie    ULA small            67
Trousse petit matériel    Spectralite.60 Stuff        11

Couchage        1771
Tente    Tente Phonton solar 1 + peg + line        820
Pack liner    Sac Plastique                37
Sac Etanche    MLD Cuben Fiber Dry Bag L        29
Sac couchage    Yeti Passion II            472
Matelat     Thermarest Neoair Medium                      355
Couverture de survie    Couverture de survie Alu    58

Hydratation        220
Poche à eau    Platibus bigzip (2 L)        160
Bouteille traitement    Bouteille pliante source 1l    30
Filtre papier    6 Filtres mélita retaillés        6
Pastille purification    plaquette Micropure Forte                  2
Filtration secours    Frontier                           18
Préservatif    1 Manix King Size            4

Cuisine        151
Réchaud alcool    Tri-Ti Pepsi Stove            15
Prot. flamme et rangement    Tri-Ti Caldera        91
Popotte    Tri-Ti Pot avec lid 550 ml                      36
Cuillere    Spork titane                9

Feux / Lumière        87
Briquet    Briquet Mini-Bic                9
Briquet secours    Sparkie Fire Starter            26
Carburant secours    2 doses wetfire            2
Lampe bivouac/strobe  E+LITE (Petlz) + 2 piles CR2032      28
Baton lumineux        Cyalume secours        22

Orientation        166
Boussole         Silva 99 pro sans accessoire                   69
Miroir signalisation    Silva 99 pro
Règle        Silva 99 pro
Loupe        Silva 99 pro
Monoculaire Télémètre Golf Range Finder + 2 CR2032    95
Boussole secours    Bouton boussole                      2
Montre        Protrek PRW-1300                      60
Altimètre        Protrek PRW-1300
Baromètre     Protrek PRW-1300
Thermomètre    Protrek PRW-1300
Bousole Numérique    Protrek PRW-1300
Siflet    Sifflet E+LITE (Petlz)

Franchissement Protection        291
Gants    Gant Elite Retaillés                54
Chausson Rivière  Patagonia Advocate sans semelle    236
Harnais        Paracorde 10 m
fiches franchissement                                    1

Bricolage / Outil        475
Couteau    Swith & Wesson Skeleton retaillé                  56
Multi outil    Leatherman Style PS        45
Cordelette    Paracorde 10 m sur enrouleur carton    56
Adhésif réparation    Duc Tape 25 mm                      21
Réparation Matelat  McNett Tenacious Sealing + tube    18
Aiguille et fil    2 aiguilles + fil            1
Collets    3x collets laiton                 5
Scie ficelle    Scie BCB à émerillon+serre-flex+sachet    10
Ligne peche montée Fil+2 hameçons+plomb+sachet    6
Bouchon    Demi-Bouchon liège            2
Porte mine    Porte-Mine Bic            5
Gros elastiques    4 Elastiques            10
Epingle à nourice                    1
Petite épingle                    1
Pile de secours    2 piles CR2032 dans le télémètre   
Chargeur solaire+Cable USB    Pico + cable        68
Téléphone    iphone 4 + Life proof étanche    170
Préservatif Passeport , CB  préservatif king Size Manix    2

Trousse secours        30
Sachet étanche    Sachet                2
Pansement ampoul  Compeed 2 larges et 2 petits    5
Pansement decoupable    Elastoplasme Argent 10x6    2
Pansement Papillon    2 pansements            2
Compresse desinfectant     1 serviette Sensass                  4
Colyre désinfectant    2 doses Désomédine        3
Doliprane    4 Doliprane 1000                          6
Anti-diarrhé    6 cachets Lopéramide        2
Creme brûlure    1 dose Sensass            4
pince à épiler     Leatherman Style PS      

Hygiène        133
PQ    Feuilles + sachet                20
Pelle    Montbell                    40
Bouchons d'oreille    Bouchons EAR            1
Savon biodégradable    Savon d'Alep + sachet    25
Serviette    Serviette et pochette MSR                      18
Déodorant    Déodorant             20
Dentifrice    microtube                8
brosse à dents                    1

Vêtement        1233
Parka goretex    Theta AR Acteryx            508
Polaire    Covert Cardigan                329
Guêtres    Guêtre                     61
Jambière pluie    jambière MLD            72
1 paire chaussette rechange                52
1 slip rechange                    45
Sous vetements technique haut            104
Tour de cou / bonnet                62

Total à vide 5,419 kg

Vêtement et porté sur soi :
Pantalon North Face Outbound Convertible
chemise North Face Long Sleeve Sequoia Shirt
Slip                             
Chaussette                     
Ceinture Velcro USMC Pro
Chaussure Salomon 4D GTX
Lampe et sifflet Petzl
Carte parcours

Consommable
Eau entre 1L et 2L

6 jours de nourriture et consomable = 2,892kg

Dose 1 jour                                    482g   / 1890 kcal
1 dose café             2g           
1 VC + 1 multivitamine          3g
1 sachet avoine                                 35g               140 cal
2 Cracker Voyager          2x41 g         349 kcal
2 barre céréales Nature                   2x40 g         400 kcal
2 repas Lyos MX3 ou Voyageur    2x 130 g     1000 kcall
Alcool                                              45 g
5 kleenex (PQ)                      10 g

Poids porté vide + consommables =  8,311 + 1,5 / 2 kg = 9,811 / 10,311

En termes d’alimentation à 1900 kcal, je pense que je me suis un peu sous-alimenté mais je n’ai eu faim à aucun moment, en fait je n’ai pas réussi à tout manger tous les jours.
J’ai perdu environ 1.5 kg sur la semaine.

Les choses à garder

J’ai plutôt fait les bons choix donc la plupart des éléments étaient très bien. En particulier je n’avais pris qu’un gilet en polaire et qu’un haut de sous-vêtement technique au cas où, il n’a pas fait moins de 10° C donc bonne pioche.
Très bonne pioche aussi les sandales de franchissement, il y a peut-être plus légères que celles que j’ai emmenées mais à ne pas oublier.

Les choses à modifier

Je n’ai pas réussi vraiment à gérer un oreiller correctement. Avec le bivy, je m’adossais au sac, avec la tente ce n’est pas pareil, le dernier soir j’ai laissé le sac dans l’abside et je me suis fait un oreiller avec ma platy et les affaire roulées c’était beaucoup mieux.

Pour le feu, je laisse tomber le wetfire et les briquets à étincelles. L’idée c’était d’avoir un système de secours qui permette d’allumer du feu dans les pires conditions. Là ça n’a pas marché. Donc je vais prendre un second briquet de secours et entre les kleenex et l’alcool des réchauds je n’ai pas besoin d’allume feu.

Pour les guêtres, soit il faut prendre un vraie paire bien solide aux genoux, soit rien. Si c’était à refaire j’oublierai les guêtres et me contenterait de mes jambières MLD de pluie pour faire office de guêtres.

Enfin un double des plaquettes de traitement d’eau ce n’est pas bête car c’est l’élément critique du parcours.
Par contre j'abadonne les filtres très lents et inefficaces, je me contenterai de la serviette en cas de besoin.

Photo et revue Lyos à venir.


West Coast Trail - GR20 - Islande Nord-Sud - Kerry Way - Cap Wrath Trail

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#9 21-07-2012 23:52:53

spinacle
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Inscription : 18-08-2011

Re : West Coast Trail

Merci pour ce superbe récit.
Les prochains intéressés pourront trouver toutes les informations capitales pour bien se préparer.

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#10 23-07-2012 09:29:02

Doumy
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Inscription : 22-04-2010
Site Web

Re : West Coast Trail

Ça avait l'air bien cool comme parcours. Et c'est agréable ce retour sur ton matos.

En tout cas merci beaucoup pour la partie logistique, c'est aussi détaillé que dans une agence touristique wink


"La culture c'est comme la confiture, moins on en a plus on l'étale", Pierre Desproges

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#11 08-08-2012 18:28:09

WickedTT
Membre
Inscription : 08-08-2012

Re : West Coast Trail

J’ai eu la chance de faire le West Coast Trail cet été, du 10 au 12 Juillet 2012, soit juste avant l’auteur du compte-rendu précédent (nous aurions presque pu nous croiser).

La période Juillet-Aout semble la meilleure au moins au niveau météo. De toutes façons la fréquentation est limitée par Parks Canada, donc pas de risque de se trouver sur un chemin surpeuplé en été.

Nous avons choisi de marcher de Bamfield (nord) à Port Renfrew (sud), pour pouvoir finir la partie la plus difficile avec nos sacs plus légers, et c’est clairement le sens que je conseillerais.

La carte pour mieux comprendre les noms qui vont être utilisés par la suite se trouve ici :

http://www.pc.gc.ca/eng/pn-np/bc/pacifi … sed_e.ashx

Inutile de l'imprimer à l'avance, elle vous sera donnée pendant la séance d'orientation à Parks Canada dans une version légèrement waterproof.

La lecture de cette page peut aussi être utile :

http://www.pc.gc.ca/eng/pn-np/bc/pacifi … hures.aspx

En particulier la lecture du guide suivant :

http://www.pc.gc.ca/eng/pn-np/bc/pacifi … wct_e.ashx

Si vous ne parlez pas anglais, il est aussi disponible en français sur le site, cliquez juste "français" en haut à gauche de la page des brochures, vous aurez tous les documents traduits. Enfin mieux vaut parler anglais sur place. Dans le guide à proprement parler, tout n'est pas à prendre au pied de la lettre, le guide est volontairement pessimiste, quelques arrangements sont possibles, en particulier sur le matériel recommandé (chaussures, tente, durée...).

Au niveau logistique, nous étions 4, avec des permis réservés depuis avril-mai. Tous les liens utiles sont dans le CR précédent, donc je n’insisterai pas là dessus. Nous étions initialement au Canada pour faire une course de VTT (la BC Bike Race, de Vancouver à Whistler), et l’idée d’enchainer sur le West Coast Trail nous est venue assez naturellement. Vu les tarifs des bus depuis Vancouver (facilement 200$ par personne), le plus simple et le moins cher pour nous a été de louer une voiture pour 4, d’aller au départ avec, et de retourner la chercher ensuite grâce au bus de liaison. Les locations de voitures ne sont pas si chères au Canada, et pour 4 personnes, c’était à la fois plus simple, plus confortable et moins cher. Je détaille par la suite comment nous avons procédé.

En rentrant, j’ai fait une petite vidéo de nos aventures, si vous voulez regarder en images à quoi ça ressemble, c’est ici :
https://www.youtube.com/watch?v=-YGaRiX … r_embedded

La première partie de la vidéo concerne notre course de VTT. J’ai aussi pas mal de photos que je suis en train de trier, j’en posterai sans doute quelques unes bientôt.

Pour information, François et moi avons mis 3 jours complets pour faire les 75 km du Nord au Sud, et nos 2 amis en ont mis 4. Nous ne sommes pas des randonneurs de compétition ni des trailers de la mort, juste des sportifs relativement entrainés. Pour situer, avec François, nous avons mis 8 jours et demie l’été dernier pour boucler l’intégralité du GR20 du sud au nord.
Pour le West Coast Trail, nous étions tous relativement légers avec des sacs très raisonnables (le mien faisait entre 11 et 12 kg, matériel, eau, et nourriture inclus, je détaillerai ensuite). Je n’ai pas le poids exact (le peson était resté en France), mais par rapport à la Corse où j’étais parti avec tout juste 10 kg, j’avais en plus la toile intérieure de la tente (500g), un peu plus à manger et quelques bricoles en plus, donc au maximum 11,5 kg je dirais.
La plupart des randonneurs que nous avons croisé sur le West Coast Trail avaient des sacs monstrueux (80 litres et plus, sans doute plus de 20kg…) et partaient pour 7 à 8 jours. Mon sac est un 35 litres, celui de François un 38, c’est un peu juste les premiers jours, surtout à cause du volume de nourriture, mais suffisant si on voyage léger.

Le chemin alterne passages sur la plage et passages à l’intérieur des terres. Quand le choix est possible, je conseille de prendre par la plage, c’est souvent plus rapide. Les passages en foret étaient extrêmement boueux (des locaux nous ont dit qu’il avait plu plus de 20 jours sur 30 en Juin 2012, soit juste avant notre passage). Niveau météo, nous avons été très chanceux avec une fenêtre de plusieurs jours sans pluie, ce qui est apparemment exceptionnel.

Il y a de l’eau à peu près partout sans soucis, pensez aux tablettes, tout a déjà été dit par les autres.

Contrairement à ce qu’on m’avait annoncé, à aucun moment je n’ai eu de réception téléphone, donc attention à ce point.

Les bâtons de marche me semblent indispensables, les passerelles en bois sont glissantes, et les passages dans la boue vraiment très casse gueules. Les bâtons m’ont empêché de tomber des dizaines et des dizaines de fois, c’est sans doute l’accessoire le plus utile sur le West Coast Trail. Pour les chaussures, j’ai tout fait en baskets (XT Wings NON Goretex) avec des guêtres légères Raidlight. Bien sûr, rien de cela n’est étanche, donc il faut faire attention dans la boue, mais ça passe assez bien en réfléchissant où on pose ses pieds. Quelques glissades dans la boue liquide m’ont valu d’avoir les pieds mouillés, mais ça finit toujours par sécher. A cause du sable et de la boue, les guêtres me paraissent elles aussi indispensables. J’avais aussi pris 3 paires de chaussettes (2 en temps normal) parce que j’avais un peu peur de toute cette boue et du sable sur la plage, et que je ne savais pas si j’arriverai à les laver/sécher en cours de route…

Comme déjà évoqué par d’autres, il faut faire attention aux horaires des marées, Parks Canada vous donne une table simplifiée, mais je conseille l’excellent JTides (http://vps.arachnoid.com/JTides/) pour tracer et imprimer à l’avance les courbes des marées.

Pour l’équipement, c’est assez personnel, la tente avec moustiquaire me paraît utile pour dormir à certains endroits. Les moustiques pullulent dans la forêt, mais pas trop sur les plages, donc à voir selon chacun. Nous avions pris ma Hubba-Hubba complète (toile intérieure et extérieure, alors que nous n’avions pris que l’extérieur sur le GR20) et nous ne l’avons pas regretté. L’option tarp doit être jouable mais me paraît une solution un peu extrême, à voir selon ses priorités et sa tolérance aux moustiques .

Pour les températures, tout est en bord de mer, il fait rarement moins de 10 degres, mais attention, l’hypothermie reste une des causes majeures de secours, du fait de la difficulté à se sécher si il pleut, ce qui est très fréquent. J’avis pris un duvet un peu trop chaud (Valandré Swing 500), je ne l’ai jamais fermé durant la nuit. Un duvet en synthétique peut être une meilleure option vu l’humidité fréquente. La housse étanche pour le duvet est une bonne option, ainsi que la housse de pluie pour le sac (même si la mienne n’a pas servi une seule fois).

Niveau vêtements, chacun ses gouts, j’avais une veste Goretex paclite, et pas de pantalon, juste des jambières thermiques de VTT et un short. Un sweat en polaire stretch et un sous-vêtement thermique peuvent suffire, à compléter si vous êtres frileux ou pour plus de sécurité. Nous avions 2 matelas Neo Air, pas de crevaison à déplorer, nous avons parfois glissé une couverture de survie épaisse sous la tente pour limiter les risques. Par contre sur la fin du séjour, de nombreux caissons de mon matelas ont explosé, celui-ci m’a depuis été échangé sans discussions par Therm-a-Rest.

Pour le gaz du réchaud et les lyoph, vous trouverez tout chez Mec (www.mec.ca) à Vancouver. N’oubliez pas les sacs poubelles, tous les déchets doivent être sortis avec vous, ni l’argent liquide pour payer les ferrys chez Parks Canada et un extra ou deux en chemin (repas chez Monique…), ainsi que dans notre cas le bus de retour à Bamfield, assez cher.

Il est possible de se laver dans les rivières le soir (pas trop froides), et j’avais également pris des lingettes qui m’on servi le deuxième soir. Sinon vous pouvez rester sales.
Voilà en détail comment nous avons géré pendant ces quelques jours.

Dimanche 8 Juillet :
Retour de Whistler à Vancouver avec nos 4 VTT et tout notre matériel, arrêt dans un « storage » pour déposer nos vélos et tout notre matériel superflu. Location d’une petite voiture (aux standards locaux) et départ pour Vancouver Island, ferry à Horseshoe Bay pour Nanaimo, nuit dans un camping pas cher sur la côte un peu au nord de la ville (il y en a plein).

Lundi 9 Juillet :
Route pour Port Alberni, arrêt à MacMillan Provincial Park (qui vaut la peine), et gravel road (route en gravier) jusqu’à Bamfield. Compter au moins 2 heures entre Port Alberni et Bamfield. L’idée était d’arriver à Bamfield avant 15H00 pour pouvoir bénéficier de la dernière session d’orientation (obligatoire) à 15H30 et pouvoir démarrer tôt le lendemain matin. Après ça, repas dans LE resto de Bamfield, nuit au camping (à 200m du départ et de la cabane de Parks Canada), dernière douche, remplissage des Camelbaks (OUI, contrairement au CR précédent, il y a de l’eau au départ, il suffit de la prendre au camping, personne ne vous le reprochera. Il y a également de l’eau au camping de Renfrew à l’arrivée…).

Mardi 10 juillet :
Réveil, rangement des tentes, abandon dans la voiture des derniers trucs qui ne nous serviront pas, et nous filons nous garer au parking de Parks Canada, où la voiture nous attendra, et départ pour le West Coast Trail autour de 9H00.
Nous étions assez légers (mon sac devait faire 11 à 12 kg maxi, avec 2 litres d’eau, de la nourriture pour 4 jours, et tout le nécessaire), donc nous avons été plutôt rapides. Premier arrêt repas de midi au km14, et première nuit à Tsusiat Falls (magnifique) au km25. Nous sommes passés par la plage partout où c’était possible. Météo excellente.

Mercredi 11 Juillet ;
Réveil dans le brouillard, tente trempée par l’humidité de l’air, ambiance très grise. Nous marchons sur la plage jusqu’à la réserve indienne 2 (IR2). Ferry à Nitinat Narrows dans la matinée, passage dans les terres, repas de midi et marche sur la plage jusqu’au phare (Carmanah Lighthouse). A 16H00, il fait toujours très gris, nous nous arrêtons prendre le gouter (une assiette de saumon, plus de burgers…) chez Monique (km45). Au km51, nous décidons de continuer sur la plage tout en sachant que nous risquons d’être un peu juste avec la marée pour atteindre le campement de Walbran Creek (km53). Et c’est exactement ce qui se passe, nous arrivons à 200m du campement, bloqués par une rivière infranchissable à marée haute. Deux canadiens sont dans la même situation que nous, nous rions ensemble de notre petite mésaventure. Il est bien 19H00, il n’y a pas grand chose de plus à faire, pas possible de faire demi-tour, la marée a déjà bloqué nos pas, donc nous décidons de camper là autour d’un bon feu, après être allés suspendre notre nourriture dans un arbre à 200m de là. Il n’y a pas de toilettes ni de boites à ours (enfin, si, de l’AUTRE coté de la rivière…), nous campons sur des galets au lieu du sable, mais le campement nous donne vraiment l’impression d’être seuls au bout du monde.

Jeudi 12 Juillet :
Réveil à 6H00 pour bénéficier de la marée basse et passer cette fichue rivière. Les tentes sont à nouveau trempées, l’air est très humide et il fait toujours gris. Heureusement il fera très beau ce jour là à partir de midi. Surprise, la rivière est loin d’être facile à passer, nous passons en mode tongues et traversons la rivière avec de l’eau en haut du genou et en nous aidant de nos bâtons. Nous nous séparons en 2 groupes. François et moi voulons finir dans la journée pour aller chercher la voiture à Bamfield et retrouver nos amis à Renfrew le lendemain. Longue matinée dans les terres, puis vers midi, nous débouchons sur la plage au km65. Et le soleil est de sortie, il fait super beau ! Coup de chance, la marée nous est favorable, nous allons pouvoir passer Owen Point par la plage sans attendre, et clairement, je recommande ce passage, c’est magnifique. Ensuite, le passage dans les blocs de rochers jusqu’à Trasher Cove, nous manquons l’embranchement, continuons trop loin et devons faire demi tour. Au km70, nous rejoignons le chemin dans les terres, et nous arrivons à Gordon River (km75) à 16H05. La dernière traversée est à 16H30, ouf, nous sommes larges smile !
On nous fait traverser la rivière en bateau, nous passons au bureau de Parks Canada et allons prendre une douche au camping à l’arrivée, puis monter la tente pour la nuit.

Vendredi 13 Juillet :
Le seul bus de la journée qui retourne à Bamfield est à 8H30, j’accompagne François à la cabane de Parks Canada pour le départ. Vu le prix (80$ par personne), il ira tout seul récupérer la voiture. Il y en a pour plus de 3 heures de bus, et quasi autant de voiture, donc je dois m’occuper jusque vers 15H00. Je fais donc du stop pour aller m’acheter à manger à Port Renfrew et me poser dans un café. Nos 2 amis ont dormi à Trasher Cove la veille et arrivent vers midi à Gordon River. Nous nous retrouvons tous les 4 vers 15H30 à Parks Canada, avec la surprise du jour : François a déchiré le pneu de la voiture de location sur la route en gravier, la bande de roulement est totalement arrachée, bref il ne reste pas grand chose !  Ce passage est particulièrement bien détaillé sur notre vidéo… Bref, on charge la voiture, et direction Nanaimo, ferry, nuit au motel d’Horseshoe Bay (un peu de luxe ne fait pas de mal).

Samedi 14 Juillet :
Vu que le contrat de location de la voiture ne prévoyait pas vraiment l’utilisation sur des routes non goudronnées, et que la voiture est totalement couverte et remplie de poussière, nous faisons le ménage complet, intérieur et extérieur, nous nettoyons aussi ce qu’il reste de la roue massacrée, et nous allons la rendre chez Avis… La discussion dure une minute, nous les prévenons que nous avons crevé, c’est OK pour eux, c’est prévu dans l’assurance de base (que nous avions prise sur un coup de tête, quelle chance), bref ça ne nous coute rien. Nous prenons nos sacs, allons louer une plus grosse voiture, et retournons chercher nos vélos pour la suite des vacances !


Bref, vous l’aurez compris, je garde un excellent souvenir du West Coast Trail. J’ai pris le temps d’écrire ce compte rendu pour simplifier la tache à tous ceux qui auraient l’envie de s’y essayer. C’est vraiment magnifique, très sauvage, bref ça en vaut la peine. Seule la logistique est un peu contraignante, surtout quand on vient de l’étranger, mais on peut s’en sortir.

Pour le matériel, je colle vite fait ce que j’avais pris, à chacun de l’adapter à ses besoins et selon son expérience. Ca reste indicatif, et désolé, NON, je n’ai pas tout pesé au gramme près, je dirais juste que 10 à 12 kg tout compris pour 3-4 jours est tout à fait possible à atteindre.
Sac à dos : Arcteryx Cierzo 35 (600g)
Duvet : Valandré Swing 500
matelas + repair kit : Neo air Regular
tente complete : Hubba Hubba MSR (pour 2)
couverture survie épaisse
popotte (pour 2)
liquide vaisselle
dtfr + brosse dent
shampoing
réchaud (pour 2)
briquet mini
savon
pharmacie, médocs usuels, pastilles pour eau (pour 2)
elasto
micro leatherman
bouchons oreille + boite
duck tape, fil aiguilles
couteau, spork
compeed + Nok
poche flotte
sac étanche duvet
sacs poubelles
tongues
short bleu
ts sans manches
ts ML thermique
sweat noir powerstretch
R2 sans manches
Goretex paclite Arcteryx Alpha SL
3 paires chaussettes
2 boxers
gants légers powerstretch
jambieres VTT
XT wings
buff
ion BD pile neuve
lunettes + housse
Suunto sans cardio
APN + batterie + housse
argent liquide ziploc + carte identité + CB
iphone + housse
lingettes au cas où
serviette MSR
Papier toilette
1 paquet mouchoirs
drap sac
bâtons marche
sac étanche duvet 13 litres
housse pluie Osprey
pile Ion
allumette/briquet waterproof
cordelette 15m en 2mm pour suspendre la nourriture
manger 4 soirs, 4 midis, 4 matins + barres
gaz 1 cartouche moyenne (pour 2)

Dernière modification par WickedTT (08-08-2012 20:23:22)

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#12 12-08-2012 01:29:36

WickedTT
Membre
Inscription : 08-08-2012

Re : West Coast Trail

Je poste également quelques une des photos prises pendant ces 3 jours. J'espère que ceci pourra inciter quelques personnes à aller y mettre les pieds un jour smile !

http://images15.fotki.com/v587/photos/3/980643/10962148/IMG_1512-vi.jpg?1344731906

http://images17.fotki.com/v10/photos/3/980643/10962148/IMG_1513-vi.jpg?1344731983

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Dernière modification par WickedTT (12-08-2012 01:47:44)

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#13 09-07-2013 18:40:49

Le Den
Membre de la Confrérie MUL
Inscription : 27-09-2005

Re : West Coast Trail

Rahhh, je bave... Merci à tous de ces formidables retours, j'ai vu un reportage télé sur cette rando et depuis j'en rève! J'avais pas vu ce post malgrès plusieurs recherches sur le net, la somme des renseignements est astronomique, il faut vraiment que je programme cette rando d'ici deux ou trois ans. encore merci à tous. smile


Salutations allégées Le Den

Le jour ou on aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière rivière nous nous rendrons compte que l'argent n'est pas comestible ( Proverbe Indien )

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#14 09-07-2013 19:04:31

WickedTT
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Inscription : 08-08-2012

Re : West Coast Trail

Fonce !!!
Nous étions au départ au camping de Bamfield il y a un an jour pour jour, et j'en garde un souvenir vraiment impérissable !
C'était vraiment génial à tous points de vue.

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#15 11-07-2013 20:49:32

Le Den
Membre de la Confrérie MUL
Inscription : 27-09-2005

Re : West Coast Trail

Merci de l'encouragement WickedTT, je vais envoyer à mes amis susceptible de m'accompagner le lien vers ce post, et programmation obligatoire.... wink


Salutations allégées Le Den

Le jour ou on aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière rivière nous nous rendrons compte que l'argent n'est pas comestible ( Proverbe Indien )

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#16 16-05-2014 19:17:28

blogeais
Membre
Lieu : Narbonne
Inscription : 13-01-2011

Re : West Coast Trail

Je viens de faire ce sentier, je me suis vraiment bien regale ! Baleines, lions de mer, phoques, ours...
Je met ici une copie de mon recit, pour les photos c'est juste ici sur mon blog : http://www.baptistelogeais.com/west-coast-trail/

11/05/14 – Jour 1 :

Arrivé ce matin à Port-Renfrew, départ de la randonnée, en pensant y rester un ou deux jours avant d’attaquer le trail. Il pleut ici en moyenne 3500mm par an, je me prépare donc à avoir une météo humide, mais je suis prêt à rester quelques jours à Port-Renfrew si cela me permet de viser une fenêtre météo plus favorable. Par chance j’arrive sous un ciel bleu, pas un nuage en vue, et les prévisions des 4 prochains jours sont bonnes ! J’apprends que début mai il n’y a pas besoin de réserver, ça tombe bien ! (le reste de l’année il faut réserver sa place longtemps en avance puisque seulement soixante personnes par jour sont autorisées à rentrer dans la réserve). J’annule mon couchsurfing, et m’inscris à la session de « formation » obligatoire dès le matin.

Après les quelques formalités me voilà, ainsi qu’une douzaine d’autres personnes, déposé en bateau sur la berge de la rivière Gordon au départ du trail. Il est 11 h, c’est parti ! 75 km à parcourir le long de la côte sans échappatoire possible. Le sentier oscille entre le littoral et la forêt tempérée humide, sorte de jungle tempérée. Ce premier jour, entre Gordon river et camper bay, est essentiellement dans la forêt. Malgré un sentier très très boueu je me régale : des arbres ENORMES, des plantes magnifiques, pleins de passage sur des troncs, des colibris (je n’imaginais pas en voir au canada). La forêt est exubérante. Elle est aussi habitée par les loups, ours noirs et couguars. Heureusement ou malheureusement il est très rare de les voir, surtout les loups et couguars. Un cours instant il est possible de quitter la forêt et de marcher sur le littoral laissé accessible grâce à la marée basse. Très rapidement je vois des aigles (pygargue à tête blanche) et des phoques ! Puis retour dans la forêt. Une rivière à traverser et j’arrive dans le camp ou j’ai décidé de passer la nuit (le camp suivant est trop loin pour y arriver avant la nuit). 13 km en 6h, annoncés 10h, autant dire que le terrain est difficile ! J’étudie un peu la carte pour le lendemain car certains passages ne sont faisables qu’à marée basse, il faut donc un minimum s’organiser. J’allume un feu et prépare un thé avant que d’autres randonneurs arrivant par l’autre côté ce joignent à moi. Tous les campements se font sur la plage dans des lieux prévu à cet effet, avec toilettes sèches et casier en métal pour stocker la nourriture à l’écart. L’objectif de ces derniers est de ne pas attirer les ours près des tentes avec les odeurs de nourriture.


12/05/14 – Jour 2 :

C’est repartie pour la forêt : toujours aussi belle, des arbres toujours plus gros ! Aujourd’hui beaucoup d’échelles en bois. À 2 reprises il faut descendre sur ces échelles près de 90m de dénivelé, traverser une rivière puis remonter 90m par d’autres échelles. Heureusement des ponts suspendus et des « nacelles » sur câble, comme des tyroliennes, aident à traverser les rivières les plus grosses. Il est 13 h, je quitte la forêt pour la plage, j’ai parcouru 9 km en 5h sans pause. La forêt avec toutes ces racines et cette boue rend l’avancée vraiment très lente. Je prends pour jeu d’agilité de sauter de racine en racine, de marcher sur les troncs, de trouver le meilleur endroit où poser son pied, sans quoi cela devient vite pénible. J’ai croisé un groupe de 2 randonneurs seulement vers 12h.

La suite de la journée je l’ai passée uniquement sur le littoral, tantôt sur le sable, tantôt les galets ou les rochers. Il y a des empreintes sur le sable, je ne suis pas certain mais il se peut que ce soit des loutres de mers. Près de la rivière Carmanah je suis des empreintes de couguar ! Je passe le phare de Carmanah, juste après lequel sont basées, sur des rochers isolés, quelques colonies de lions de mer. Je les observe mais ils sont un peu loin pour bien en profiter, cependant on les entend très bien.

Juste après la troisième colonie se trouve le campement de Cribs où je passerai la nuit. J’y retrouve 4 autres randonneurs arrivant dans l’autre sens. Nous plantons les tentes sur la plage, au plus haut, car aujourd’hui c’est la pleine lune et la marée est de forts coefficients. Je mange au son des vagues, des lions de mer et des grenouilles derrière moi dans la forêt. Les 9h30 de marche et 20km m’ont bien fatigué. Il est 21h15 la nuit tombe, la lune est levée, je vais me coucher.


13/05/14 – Jour 3 :

Le temps est splendide. Aujourd’hui il a fait vraiment chaud. Ce matin j’ai observé beaucoup de traces de couguars, sur une plage mais aussi sur le sentier dans la forêt. La journée a été riche en faune : des courlis, des barges, des huitriers-pie mais noir avec le bec rouge, un nid de pygargue, une colonie de phoques, une martre, du saumon (tout frais pêché du matin, grillé et servi avec des pommes de terre et le tout arrosé d’un filet de citron, non ce n’est pas une blague) et, je garde le meilleur pour la fin, quoique je n’aie jamais goûté, des baleines ! Oui là, juste devant mon camp pour ce soir… Je les vois de temps en temps venir respirer à la surface. Outre les baleines, cet endroit est magnifique. Il tient son nom, Tsutsia, d’un lac à 1km dans les terres et qui vient se déverser ici sur la plage par une jolie cascade d’une vingtaine de mètres. Il est encore tôt, il fait toujours chaud, j’en profite pour prendre un bain au pied de la cascade et faire une lessive générale.

Ah, j’ai oublié de vous raconter comment du saumon grillé dans une assiette s’est présenté devant moi ! Aujourd’hui la portion de sentier que j’ai parcouru traverse 2 réserves indiennes encore habitées. Quelques Autochtones vivent ici. Dans la seconde réserve il y a une passe à traverser en bateau. Le passeur est aussi pêcheur et propose une assiette avec du poisson frais aux randonneurs lorsqu’il les fait traverser. Quand je suis arrivé là, une Australienne arrivant de l’autre côté était en train de manger, mais elle était rassasiée et m’a proposé son assiette. Il n’a pas fallu me le dire 2 fois ! La chair du saumon était d’une couleur comme je n’en avais jamais vu. Je me suis régalé. Après quoi le passeur m’a fait traverser. La forêt est moins humide qu’au départ et la progression est plus aisée. D’ailleurs la végétation évolue elle aussi, les arbres énormes comme au début sont devenues plus rares.

14/05/14 – Jour 4 :

En ce moment même je suis installé dans un hamac au dernier campement avant la fin de la randonnée. Le camp est vraiment très agréable et ombragé ce qui est bien vu la chaleur. Des limicoles se baignent sur l’estrant découvert par la marée, des baleines apparaissent ici ou là à la surface de l’océan pour prendre une bouffée d’air. La journée a été courte, je n’ai marché que 5h30 mais je ne voulais pas arriver au village de Bamfield, terminus, en fin de journée. Et puis cet endroit est juste magique, j’ai tout l’après-midi pour en profiter !

Il me reste 12km à parcourir, annoncés pour 4h, j’arriverai donc vers 12h. Le temps d’acheter un peu de nourriture et de réfléchir à la suite : prendre le bateau pour Port-Alberny ou bivouaquer près de Bamfield pour profiter encore un peu de cet endroit magique. Les prévisions météo m’aideront à faire mon choix demain. Un randonneur croisé hier au dernier campement m’a proposé de m’héberger à Courtenay, ça tombe bien c’est sur ma route pour Port-Hardy, ou je dois être le 24 mai pour prendre un ferry que j’ai réservé. Il m’emmènera à Bella-Coola, plus au nord, dans les « montagnes de la côte ». J’y suis attendu par James et Jennifer qui m’accueilleront dans le cadre de Workaway (identique au HelpX, Woofing) pour 3 semaines. Il parait que la vallée de Bella-Coola est vraiment magnifique, en tout cas c’est que m’ont dit quelques personnes que j’ai croisé.

15/05/14 – Jour 5 :

Les baleines sont toujours là pendant mon petit déjeuner, j’ai même la chance de voir une queue sortir entièrement de l’eau. Aujourd’hui j’ai parcouru les 12 derniers kilomètres du sentier. La fin est bien plus facile que le début. Un petit détour avec un superbe point de vue sur une colonie de lions de mer. C’est de là qu’on peut les voir au plus près sur le West Coast Trail, à environ 100m. Puis c’est la fin.

Je me rends à Bamfield à pied le long de la route quand tout à coup un ours noir la traverse juste 30m devant moi ! Wouah ! Il a été surpris par ma présence silencieuse en comparaison aux voitures habituelles, il court et plonge dans la forêt. Arrivé à Bamfield j’apprends qu’il y a un ferry aujourd’hui, dans 10min il part, le prochain est dans 2 jours. Je peux aussi quitter Bamfield par la route mais il n’y a pas grand monde. Je fais donc 3 courses et monte dans le ferry.

4h plus tard j’arrive à Port-Alberni. Il n’y a pas grand-chose d’intéressant ici mais le capitaine du bateau m’a indiqué une auberge pour voyageur, il a même appelé pour savoir si c’était ouvert. Je m’y rends et prends un lit. L’endroit est sympa et bon marché. Au programme douche, pastèque et haricot vert (pour changer de la semoule), internet et repos !

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#17 18-05-2014 19:28:12

guichen
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Re : West Coast Trail

Hello blogeais... smile

Apparemment cela change donc du Finistère...

Tous les posts laissent penser que ça à l'air bien génial (le tien notamment): végétation, faune animale, paysages et rencontres...

Toi qui connaît bien le poisson, qu'a-t'elle de spéciale cette fameuse chair de saumon?

Pour ce trek, qu'as-tu emmené spécifiquement (par rapport à ton matos que j'ai pu voir)?

Les kouign-amann ne te manquent pas trop? smile

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#18 21-05-2014 07:57:54

blogeais
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Inscription : 13-01-2011

Re : West Coast Trail

Pourle saumon, aucune idee !  roll
Le Kouign-amann me manque bien evidement.  tongue
J'ai un duvet plus chaud (couette CSC L500) mais un plus leger suffirait amplement. J'ai pris large pour les Rocheuses et pour le mois d'octobre au Canada.
Sinon en gros j'ai le meme sac, avec en plus tout ce qu'il faut pour un voyage beaucoup plus long : chargeurs, 3 hauts, une canne a peche, de la ficelle et un sac etanche pour suspendre ma nourriture en hauteur pour eviter que les ours viennent dans la tente, un spray de poivre anti-ours.

Dernière modification par blogeais (10-01-2018 19:04:33)

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#19 18-08-2016 07:25:36

DRING
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Re : West Coast Trail

Un grand merci à toute la comunauté de "randonner léger".

Lors de notre tour du monde à vélo, nous nous sommes arrêtés sur l'île de Vancouver Island pour faire cette randonnée mythique aux allures de challenge.
Nous l'avons fait en 7 jours, en sandale KEEN achetés la veille. Nous avons souhaité prendre notre temps pour savourer ces paysages époustouflants.

Voici la vidéo de notre expérience: https://youtu.be/twYbg9Xvt1I

Nous revenons rapidement pour tenter de vous fournir un compte rendu.

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#20 05-07-2017 14:40:34

teuienne
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Re : West Coast Trail

Vos récits nous ont donné très envie de parcourir le west coast trail !!!

Bon compte tenu de tout ce que l'on voudrait faire pendant nos trois semaine à Vancouver et le coût du billet d'entrée on a préféré se contenter du Juan de Fuca Trail la portion dans la continuité du West Coast Trail au sud entre Port Renfrew et China Beach. 47km de cote sauvage, sans limitation d'accès, juste à payer un droit pour camper (10$/nuit) et plusieurs échappatoires possibles pour rejoindre la route en cas de galère de temps ou autre.

Pour notre équipement j'ai une question, depuis plusieurs années on a pris l'habitude de partir avec un réchaud à bois qui nous donne complète satisfaction, l'odeur de fumée en plus.... Par contre dans le cadre de cette rando au milieu d'une forêt humide j'ai des doutes sur la pertinence du réchaud à bois.
Pensez vous que ce soit utilisable ou serait-il préférable de partir avec un réchaud à gaz ?

Merci pour vos avis.

PS pour la DRING team, on attend votre retour écrit  big_smile  parceque la vidéo donne vraiment envie !

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#21 05-07-2017 18:30:15

DRING
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Re : West Coast Trail

Coucou Teuienne wink

On avais pris un réchaud à alcool (P3rs) et un briquet stocker dans un flacon d'analyse d'urine (gratuit en pharmacie).
L'humidité est tellement présente que l'on ne regrette pas ce choix. On se servait de l'alcool pour allumer le feu, vraiment pas facile dans cette contrée.
Avec trois galets présents partout tu pourra te faire ton réchaud à bois sans t'embêter à porter sa structure.
Fabrique quelques allume-feu à l'aide de tampon et parafine. .
Notre site à crashé en plein voyage. Quand nous seront à l'arrêt nous recommencerons. Éclatez vous !!! Cette partie du monde est vraiment sympa.

Partez pas en sandales !!! wink

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#22 05-07-2017 20:34:57

blogeais
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Re : West Coast Trail

Pour ma par il a fait très chaud et les plages sont farcis de bois flottés, bien secs s'il ne pleut pas. Tous les bivouacs sont sur les plages ou juste à la lisière donc l'accès au bois flotté est aisé. J'ai pu faire du feu tous les soirs facilement. J'avais un P3RS de toute façon dans mon sac pour mon voyage, mais j'ai pu économiser l'alcool pour plus tard !

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#23 06-07-2017 21:20:14

yplusx
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Re : West Coast Trail

enduser a écrit :

West Coast Trail 2012

Préservatif    1 Manix King Size            4

Au cas ou ? lol

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#24 12-07-2017 18:38:24

enduser
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Re : West Coast Trail

@yplusx : C'est assez utile pour faire une poche étanche de fortune. On peut s'en servir pour de l'eau avec une chaussette (jamais essayé) mais je m'en suis déjà servi pour mettre à l'abri mon passeport lors d'une traversée de rivière et une autre fois des téléphones mobiles lors d'une traversée d'un bras de mer.
Bonne rando !


West Coast Trail - GR20 - Islande Nord-Sud - Kerry Way - Cap Wrath Trail

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#25 13-07-2017 11:44:52

yplusx
Banni(e)
Lieu : Hautes Alpes
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Re : West Coast Trail

Ah j'aurai jamais pensé à ça, c'est peut être assez utile vu que c'est très résistant à l'étirement  smile

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