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#1 30-06-2018 21:38:34

MFrançois
Membre
Lieu : Essonne
Inscription : 04-11-2015

[Récit + liste] Cache-cache avec l'Obiou

Retour sur deux jours de balade autour de la grande tête de l’Obiou le week-end du 16 juin dernier.

Nous avions imaginé nous livrer à une petite « sombarderie » : monter à l’Obiou par l’escalier de la Fuvelle depuis la combe du Loup, redescendre par la voie normale, bivouaquer quelque part près du col des Faïsses et se promener ensuite le lendemain autour de l’Obiou. L’escalier de la Fuvelle, c’est une formation rocheuse en forme… d’escalier, très vertigineuse, qui monte au Petit Obiou par la face SSO, au-dessus de la combe de la Fuvelle.

Ça, c’était le plan.

Nous nous garons vendredi matin vers 10h au début de la combe du Loup, au bord de la piste forestière. En plus du matériel habituel, deux cordes de 20m, casques, baudriers et quelques mousquetons lestent nos sacs : raison de plus pour faire les MUL. Depuis bientôt une heure, les nuages bas s’accumulent au fur et à mesure que nous approchons du point de départ, malgré des prévisions météo excellentes pour tout le week-end. Nous attaquons gaillardement le chemin qui monte dans la combe, niant l’évidence qui s’impose peu à peu à nous. Après quelques centaines de mètres, il faut bien s’y résoudre : l’Obiou est entièrement caché par une purée de pois qui commence dès 1500m et nous ne pourrons pas y monter aujourd’hui. Terrible déception.

Nous décidons de nous répartir les rôles ainsi : l’un de nous deux fera la gueule, pendant que l’autre cherchera un itinéraire de remplacement. Nous décidons donc d’inverser le programme des deux jours et de commencer par un petit tour dans le coin. Nous faisons demi-tour et descendons vers les berges de la Souloise par un petit sentier forestier en lacets.

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Au fur et à mesure que nous avançons, le temps s’améliore un peu et le soleil finit par se montrer dans un ciel toujours voilé. Les sourires reviennent ; les nuages se trouent par endroits et laissent entrevoir d’énormes morceaux de montagne.

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Après 600m de descente, nous atteignons finalement la source de la Grande Gillarde. Il s’agit d’une résurgence d’eaux de pluie qui s’infiltrent dans les sous-sols de ce pays de calcaire. La promenade le long de la rivière, torrent de montagne impétueux, est balisée de panneaux très pédagogiques dont la lecture complète vaut un diplôme de géologie.

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La rivière passe à cet endroit dans les gorges de l’Infernet, qui la rendent furieuse. L’ambiance est très romantique, surtout avec les lambeaux de nuages qui traînassent sur les sommets.

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Nous pique-niquons et faisons une tentative de bain de pieds. L'eau est glaciale.

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De retour sur le chemin, nous croisons une forêt de cairns.

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Après avoir longé un peu plus les berges de la Souloise, nous remontons vers le col de la Samblue. Le ciel est maintenant beaucoup plus dégagé et nous offre un beau panorama sur le versant opposé de la vallée aux reliefs abrupts, au milieu desquels se dresse le pic Grillon.

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Nous traversons un petit bout de plateau agricole, par lequel nous sommes arrivés en voiture ce matin, et continuons à monter par des pistes forestières parfois abominablement raides jusqu’à atteindre le col de la Samblue. A part quelques promeneurs près des sources des Gillardes, nous n’avons croisé personne.
Au col de la Samblue, il y a une cabane de l’ONF et tout un espace aménagé avec tables de pique-nique et barbecue, désert. Nous avions prévu de poursuivre jusqu’à la source des Baumes pour y prendre de l’eau et peut-être y bivouaquer, mais il y a un point d’eau à côté de la cabane ONF : une fois que nous avons fait le plein, nous préférons rejoindre le col des Faïsses par la crête de la Samblue, itinéraire qui nous semble plus intéressant.
Après un bout de montée très raide, nous débouchons sur une crête à moitié boisée qui nous offre de belles échappées sur la vallée de la Souloise à gauche, et sur l’Obiou à droite qui semble enfin s’être débarrassé des nuages qui l'ont entouré toute la journée.

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La masse imposante de l’Obiou qui émerge des nuages entre les arbres provoque une impression puissante, à la limite du sublime : le sommet semble totalement inaccessible, comme s’il était étranger à notre monde. Son aspect entièrement minéral contraste avec le monde végétal dans lequel nous avons évolué toute la journée.
Nous avions l’intention de bivouaquer au col des Faïsses, mais la place est déjà prise :

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Nous nous décidons alors à planter la tente juste avant le col (et juste avant l’enclos de nos amis à quatre pattes, qui nous auraient bien suivis s’ils n’avaient pas été arrêtés par la clôture), à un endroit de la crête pas trop exposé au vent.

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Nous sommes juste au bord du chemin, mais vu que nous n’avons croisé personne aujourd’hui nous supposons à raison que nous ne serons pas dérangés.

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Nous installons le bivouac et profitons longuement du soleil de fin de journée. Au menu ce soir : purée-parmesan et sardines. Miam.

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Ce sont les journées les plus longues de l’année, il fait jour jusqu’à 22h : nous nous couchons avant le soleil.

Nous ouvrons l’œil le lendemain vers 6h30. Dehors, tout est noyé dans un brouillard qui va et vient, se déchirant par moments pour laisser apparaître des fragments de paysage, dont l’Obiou qui continue de nous dominer de sa masse imposante.

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Nous petit-déjeunons et levons le camp, remballant un bivouac complètement trempé par la condensation de la nuit. Le brouillard s’est beaucoup éclairci et nous sommes convaincus que l’ascension sera possible ce matin.

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L’enthousiasme nous transporte et nous franchissons bien vite le col des Faïsses avant de descendre dans la combe du Loup.

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Arrivés au bout d’une piste, nous commençons l’approche vers la combe de la Fuvelle en montant à vue vers les barres rocheuses. Ça monte très fort, mais nous ne nous laissons pas décourager par la pente ni par les nappes de brouillard qui nous cachent quand même une partie de notre objectif et tendent malheureusement à s’épaissir.

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Peu à peu, l’herbe fait place à de la caillasse. Malgré l’altitude somme toute modeste, le paysage fait très haute montagne. Au-dessus de nous, vers 1900m, il n’y a plus que du brouillard. Nous nous arrêtons vers 1700m près d’un gros névé pour attendre, espérant voir les signes d’une éclaircie. Comme nous n’avons pas croisé de source depuis hier soir, nous en profitons pour faire fondre de la neige que nous parfumons accidentellement avec des morceaux de charbon.
Il est de plus en plus évident que le brouillard ne se lèvera pas. Malgré tout, il joue avec nos nerfs en laissant parfois entrevoir comme dans un rêve de magnifiques parties de l’itinéraire prévu. Un peu obstinés, nous décidons de continuer à monter.

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A 1850m, arrivés presque au pied des barres rocheuses, où devrait commencer – si on la voyait – la partie délicate de notre ascension, il faut cette fois admettre notre échec : impossible d’espérer lire notre itinéraire et évoluer sur des vires étroites dans une telle purée de pois.

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C’est très décevant, d’autant plus que la combe du Loup juste en-dessous de nous est au soleil : les nuages sont scotchés autour des sommets et manifestement n’en bougeront pas. Nous devons faire demi-tour une fois de plus.

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Nous finissons nos provisions et nous consolons à l’idée de revenir dès que possible (et aussi à l’idée d’une bière fraîche au retour).

Les 500m de descente sont avalés à toute vitesse grâce à quelques névés bien pentus. Nous retrouvons la piste et notre véhicule, et finissons là notre balade en nous jurant bien de revenir.

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#2 01-07-2018 13:10:46

tolliv
Sérénitude
Lieu : Toulouse
Inscription : 06-09-2016
Site Web

Re : [Récit + liste] Cache-cache avec l'Obiou

Joli retour avec de belles photos comme j'aime. Dommage pour cette sortie modifiée sur place, mais au moins vous avez été raisonnables et ça c'est super.


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#3 12-07-2018 11:45:29

Hv0xx01
Membre
Inscription : 10-07-2018

Re : [Récit + liste] Cache-cache avec l'Obiou

Bonjour MFrançois. C’est un très beau récit, je pense, l’un des plus beaux que j’ai lu jusqu’ici ! Les photos parlent d’elles-mêmes, cette région est vraiment magnifique. Dommage que vous n’ayez pu atteindre le sommet, mais il est vrai que c’était ce qu’il y avait de plus prudent à faire. Vous n’aurez toutefois pas perdu votre temps, puisque vous avez découvert des lieux cachés !

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#4 12-07-2018 11:48:10

Naxh
Marmotte Pyrénéenne
Lieu : Bordeaux
Inscription : 28-07-2015
Site Web

Re : [Récit + liste] Cache-cache avec l'Obiou

De belles photos, ça donne envie ! Merci pour ce récit


« L'homme qui va à pied, préparé à camper à toute place et par tout temps est le plus indépendant sur terre. »
Mon trombi de Marmotte ici.

Liste de base, 3 saisons : https://lighterpack.com/r/7km93j

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