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#26 23-09-2018 08:46:32

tchorski
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Mercredi 12 septembre
En promenade vers le Kayl Lich

Au matin, nous souhaitons prendre le petit déjeuner dans les prés, afin de ne pas abuser de l’hospitalité de nos hôtes. Les deux petits vieux sont très fatigués, je suis mal à l’aise, mais jusqu’ici comme je l’ai dit à Nico : nous n’avons rien pu choisir. Argam doit partir à Gyumri afin d’aller au travail. Sans que je ne comprenne pourquoi, il traverse avec nous l’entièreté de Tsoghamarg (Ցողամարգ). Il visualise que je suis intrigué et prend encore le temps de nous montrer la ruine de l’église. Elle n’a pas été défoncée par 1988 mais simplement, elle n’a jamais été achevée.

Auprès de l’école, reconstruite par des fonds italiens (et donc les mômes y apprennent l’italien), Argam indique qu’il faut prendre une photo d’un khatchkar. Pour ce faire, il fait déplacer deux de ses potes, qui glandouillent au soleil. Plus qu’une pierre sculptée, c’est surtout un monument au 7 décembre 1988. Le lieu est chargé d’importance et de pesanteur.

L’heure passe, j’ai peur d’abuser d’Argam, il sera en retard à son travail je le vois bien. Il est si gentil…, il est démentiellement prévenant. Il nous amène à un monument aux morts en bord de la M1, grosse route passante. Il nous explique le sens du monument ; un berger à côté regarde la scène, curieux. Argam demande au berger : dis-moi, quel est mon numéro de téléphone ? Le berger se moque, chipote, puis nous recopions sur le papier le numéro précieux. Argam nous trace un croquis pour rejoindre Torosgyugh, que sans détour, tout le monde appelle « Toross ».

Un berger très alcoolisé nous rejoint, qu’on ne tardera pas à appeler Grigor 3. Il est hilare de notre parcours, il dit qu’on est des moutons, qu’on marche dans les montagnes, mais je crois en fait qu’il est hilare pour un peu tout ! Nous quittons Argam, on se serre dans les bras.

Rapidement, presque immédiatement en fait, nous arrivons sur les hauteurs de Torosgyugh (Թորոսգյուղ) qui hormis l’abréviation utilisée par les locaux, semble se dire Torosguiourrh. Toutes les nombreuses variantes en giugh sont donc à lire ainsi. Nous prenons un petit déjeuner au très-calme ici, avec vue sur le village. C’est agréable. Il fait remarquablement ensoleillé.

Nous descendons au hameau. J’y reconnais le moindre détail, tant je l’ai arpenté sur internet. C’est assez émouvant. Le site, je le connais par les actions de WFD, Women For Development, Ֆեյսբուք, qui mène de précieuses actions humanitaires au sein de la communauté rurale, afin que les gens puissent être autonomes.

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Au vu de leurs actions, Toros est un village avenant. Les habitants sortent à notre passage, les invitations au sourj ne manquent pas à la liste. Puis nous prenons un objectif quasiment invariable, le plein est qui nous dirige vers les Trchkan waterfall (souvenir de mon pipi dans le buisson, hum hum…) A savoir que c’est loin. Si on y arrive c’est bien, si on n’y arrive pas, c’est bien.

Vers Kakavasar, c’est une grosse piste bien marquée. Il fait chaud et ce chemin est en faux plat. Comme on est un peu en galère (on est des petits vieux !), on fait une pause repas-sieste d’une heure et demie sous un noyer, au bord d’un ruisseau on ne peut plus agréable. Il sert d’ailleurs à la lessive et au lavage.

Nous reprenons, passons Lernagyugh (Լեռնագյուղ) qui regroupe quelques maisons, puis dirigeons nos pas vers Salut (Սալուտ), dont le nom fait quand même sourire ; à savoir qu’ils ont aussi Panik et Artik, les deux sont plutôt comiques. Nous continuons sur cette piste montante, et n’allons pas tarder à passer en hors piste en plein sud vers Krashen.

Un véhicule passe. Les deux personnes, un monsieur et sa dame, ne comprennent pas qu'on puisse marcher autant ! Sans que nous n'ayons le choix, ils nous fourrent dans les bras pastèque, prunes et pommes, d'ailleurs délicieuses. Du coup, nous faisons une troisième pause en deux heures, et dévorons une pastèque dans un pré au gré d’un bonheur je dois l’avouer intense. C’est ça l’Arménie !

Juste avant Basgyugh (Բաշգյուղ), nous montons un raidillon, puis plutôt qu’un hors-piste, trouvons un chemin peu marqué mais agréable. Super ! De ce fait nous progressons avec une certaine célérité dans un paysage qui devient un enchantement. C’est exactement ça que j’attendais, la vie rurale du marz de Shirak, puis ce beau vallonnement de pâtures à l’infini. Plus aucun orage ne menace, on est dans un bien-être général, malgré la fatigue.

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Au fil du chemin, une Lada Niva cahotante passe. Les deux fermiers s’arrêtent. Je ne précise même plus qu’ils s’interrogent vivement sur ce qu’on peut foutre là et qu’on ne se comprend pas, qu’ils ont des dents en or et des mains ayant traversé les pires hivers de l’histoire, qu’ils n’ont pas vu de douche depuis 2 semaines et qu’ils sont gentils à l’extrême. Ils nous indiquent la voie à suivre avec détail (azimut, buisson de repère), car nous devons suivre un hors piste ; ça ne les choque nullement et tout le monde est content de la rencontre, qui se termine comme ça tout simplement.

Le hors piste en plein sud est de toute beauté, les vallons s’étalent sur un infini ondulant d’herbe qui forme une mer calme de pâturages. Au loin les nuages forment un désastre absolu sur l’Arpi Lich, on pense à nos pauvres touristes en taxi.

Le cheminement est difficile car les pentes n’ont pas été pâturées, les herbes sont hautes. C’est après un peu de bagarre, mais honnêtement rien d’insurmontable, qu’on arrive au Kayl Lich. Alors ce n’est pas son nom, car malgré des recherches multiples, ce laquet n’a pas de nom. On l’a appelé Caille Lich, parce que ça fut la nuit la plus froide du séjour (-1°c à 2250 m ! Alors que nous avons dormi à 3050 m sans gel). Le site fut extrêmement humide, une rosée phénoménale. Ca a gelé sur le bivy bag, que je bénis de son efficacité redoutable.

Du coup le voilà béni le lieu, Caille Lich, parce qu’il faisait froid, ce qui donne Kayl Lich en arménien, le Lac du Loup. Il n’y en avait pas, mais ça fait joli comme toponymie.

Lors de notre arrivée sur le site, une vache se barre seule au loin en lançant un gros meuh au ciel immaculé. Nous nous posons dans une pâture tondue, auprès d’un ruisselet qui nous permet d’avoir de l’eau et de faire la vaisselle. Les sacs de couchage sont posés en belle étoile, sur des énormes monticules de foin que nous formons. Ca ressemble à des tombes ! La tente est posée par sécurité, mais l’ambiance est sereine.

Nous monterons là notre troisième et dernier kern arménien « nous n’avons jamais été aussi loin », car là du côté de l’isolation, ça fait fort c’est le moins qu’on puisse dire ! Je suis à 3192,09 km de mes proches en ligne droite et je regarde les étoiles en pensant à eux.

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#27 23-09-2018 19:11:13

tchorski
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Jeudi 13 septembre
Alizée, et en plus même pas en arménien

Nous prenons notre petit-déjeuner dans une solitude complète, puis montons le vallon afin de quitter les lieux. Au petit matin, la vue est enchanteresse. Les températures montent vite. Les vêtements filent vite en sacs, qui graduellement deviennent vides de nourriture pesante et mazette c’est sympa !

De là-haut on fait une pause, non pas qu’on en ait déjà besoin, mais parce que les paysages sont saisissants. On voit tout notre parcours, qui commence à creuser un sacré sillon en forme de S dans la ruralité de Shirak. Une quarantaine de kilomètres plus loin, un méchant amoncèlement de nuages cumulatifs gris arrosent l’Arpi. Pour nous c’est un ciel splendide.

Une longue descente en pente douce s’annonce. Elle est abordable sans la moindre difficulté. Du coup on s’y lance de bon cœur, ce qui nous permet d’arriver modérément et sûrement sur le hameau d’Arpeni (Արփենի), lequel possède deux poquets de villages : celui d’avant 1988, dont l’église est une ruine, puis un nouveau village globalement bien tenu et agréable. Admirant le labeur des agriculteurs avec une charrue datant des années quarante, nous restons là quelques instants.

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Sur les hauteurs d’Arpeni

A la suite de quoi nous devons monter un gros vallon fort exposé au soleil. C’est un peu dur au vu qu’on approche midi. Là-haut nous y faisons une pause de repas. Au très loin, un berger dirige ses pas vers nous, laissant ses moutons. La curiosité le guide. On discute quelques instants, il est timide mais tout gentil. Le gars respire la pauvreté à cent lieues, on lui donne des bombons. Il les mets dans sa poche comme un petit trésor, puis il repart à son travail.

Sans difficulté du coup, nous arrivons à Pokrashen (Փոքրաշեն) dont je n’arrive pas à faire de photos car les habitants sont présents et curieux (mon dieu qu’ils ont besoin d’un dentiste). Le patelin est dans un état lamentable. Les murets sont faits de briques de bouses de vache. Plus bas que le village, nous tombons sur un lieu isolé avec un ruisseau proche d’un ruisselet. Nous faisons une pause sous le seul et unique genévrier des 40.000 hectares alentours.

Le but est de procéder à un lavage général dans le ruisseau, avant de retourner en ville. J’ai une micro-fiole de shampoing écologique. C’est parti, allez hop, pas un chat aux alentours, à poil !

La suite de la toujours-descente nous amène désormais en plaine. Il fait lourd. Nous descendons sur une gigantesque friche industrielle dont la cheminée est imposante. Nous sommes près de Keti (Քեթի). La friche est raclée, comme généralement tout ce qu’on aura vu. Certains murs semblent même récupérés pour faire du gravas routier. Seule l’énorme cheminée reste et marque le paysage.

En cet endroit, nous rencontrons Hayk et son enfant. Il est berger et a 40 vaches. Un chien fort pucé réclame des câlins, c’est rare ! Il nous demande d’essayer de lui obtenir deux phares pour sa Nissan Terrano, parce que ça ne se trouve qu’en France et il n’en a plus. Malheureusement j’ai regardé et j’en aurais pour 450 euros à lui offrir. Suite à cette gentille rencontre, nous faisons du stop sur la grosse M1, tandis que l’enfant part vers Keti en ski patins à roulettes, en contresens sur l’énorme route, ce qui a l’air de ne déranger… personne !!

Deux gars s’arrêtent, Armen 5 et Sergei 2. Ils sont d’une gentillesse arménienne que… oui, seul le vivre permet de le décrire. Ils font une pause dans un coin très reculé de Gyumri, probablement pour une pièce auto, remplissent une bouteille de gaz, puis font un long détour pour nous déposer au mètre près là où on a besoin. Encore des gens en Lada au grand cœur.

De retour à Gyumri, le but est d’évaluer la possibilité d’un campement pour la nuit. Nico reste en ville quelques instants en terrasse au Ponchik Monchik, tandis que je vais au Central Park. J’y trouve un endroit suffisamment reculé.

De retour en ville, la nuit arrive. Nous montons désormais à nos petites habitudes au Gyumri Hatsatun. On a nos quartiers partout en ville maintenant. Nous sommes remarquablement bien et d’ailleurs, nous sommes abreuvés de clips dérisoires d’un vieux arménien triste, Harout Pamboukjian, ayant perdu le plus grand amour de sa vie : clip 1, clip 2, clip 3. Ah c’est le même artiste, pas les mêmes femmes, et il a beaucoup perdu !

Un bonhomme tapote l’épaule de Nico et lui dit en arménien « ah pardon, je vous avais pris pour un joueur du Lokomotiv ». Bon j’ai cherché et je dois dire que je ne comprends pas !!! Le gars est énorme et partiellement chauve. Un copain passe et lui fout une claque sur le crâne avec la main ouverte et molle. Ca fait POK ! On se marre intensément. Comme il voit qu’on est français ou du genre, il saisit la playlist de la télé et nous met Alizée, dans un des trucs les plus pourris qu’elle ait pu faire. Puis le salaud…, il se barre et nous laisse avec ça ;-)

Nous sommes contents de la randonnée. Nous rejoignons le parc cet passons une nuit de clochards fort amusante, dans un parc au sein d’une ville de 150.000 habitants. Au loin résonnent les innombrables POUP, ces klaxons si caractéristiques de gens qui se disent bonjour-bonsoir, avec cette sonorité arménienne. Ca va me manquer. La nuit est très bonne.

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#28 23-09-2018 19:12:49

tchorski
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Vendredi 14 septembre
L’Arménie comme chez nous

Au petit matin, une immense colonie de corneilles vient coloniser la grande roue du parc. Ca fait un boucan terrible, plutôt attachant dans son genre (on sent qu’elles discutent entre-elles) puis elles partent au travail en groupes distincts, probablement chacune à sa terre agricole. Nous prenons un petit déjeuner sans trop tarder – toutes les affaires sont rangées – afin de ne pas choquer d’éventuels promeneurs très matinaux.

Via la Tigran, nous atteignons la gare. Nous souhaitons rejoindre Erevan en train. Nous savons parfaitement que le service est déplorable, 3 trains par jour, mais d’un pays il faut voir son train.

Sans surprise, la gare est vide. Le guichet est ouvert mais vide de même. On attend devant, un employé vient nous voir et dit en arménien que ça ira ! Un quart d’heure plus tard, un guichetier arrive, il semble sortir de son lit en milieu de nuit. Assez curieusement il fait preuve d’amabilité. Les deux billets coutent 1000 ֏ pour deux, soit 89 centimes par personne. Le trajet fait 144 km. Il prend 3 heures 20.

Sur le quai, Nico va a un magasin, MuraDyan, afin d’acheter un petit déjeuner. Il reçoit un accueil glacial digne du KGB. N’oublions pas que nous sommes à la gare ! Le train arrive. Va-t-il perdre une roue ? Ca n’a pas l’air gagné d’avance ! L’intérieur est un tape-cul formidable. Les bancs en bois sont bien durs ! Mais c’est propre. Le trajet est très long mais permet de voir du pays qu’on ne connait pas. C’est intéressant. On longe cette saloperie de frontière turque, les miradors sont nombreux. Puis plus tard, on voit Metsamor.

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A Erevan, nous faisons comme chez nous. En deux temps trois mouvements, nous donnons les bouteilles de gaz au Vento, il reste pas mal de gaz encore, ça leur sera utile. D’ailleurs sans grande explication arménienne, le gars comprend bien, et ça l’intéresse. Puis, nous prenons le métro, 100 ֏ par personne. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous sommes à Sakharov square. Nous rejoignons le One Way hostel. La dame nous fait un sourire radieux et nous tend la clé, comme si nous étions chez nous. L’Arménie c’est chez nous, parce qu’elle est accrochée dans notre cœur.

Après une douche, nous partons pour une mission importante. Mon téléphone est mort, donc nous n’avons ni heure ni réveil. Demain matin, nous devons démarrer la journée à 4h30, à cause de l’avion. Alors soit c’est une nuit blanche et son risque de somnolence, soit trouver un réveil. Ca va être le moment de prouver que l’Arménie c’est chez nous.

La dame du One Way nous conseille le croisement Tumanyan Nabaldyan. Nous faisons quelques courses au marché, y prenons un shoarma. Les gens nous disent en anglais de fortement apprécier qu’on leur parle en arménien, quand bien même celui-ci est écorché. Puis nous cherchons le réveil. Après avoir interrogé un personnel d’accueil d’hôtel vers Tumanyan, il hésite, dit arlama, arlama ? Oow… Ayo ! Va-là mon gars, c’est un bordel là-dedans !

Et l’établissement 1001 мелочь possède effectivement ce qu’il faut, de la camelote TOTALE, mais bel et bien un réveil à 2200 ֏. De retour à l’hôtel, j’essaie de le mettre en route, mais échec. Nico le prend, mais immédiatement une pièce se brise. Je me fêle de l’intérieur en même temps. Nous bricolons, OK avec de l’astuce, ça va aller. Nous remontons au magasin. En fait les piles arméniennes sont très légèrement différentes, elles ont un + un peu plus long. Mes piles n’allaient pas. Derniers réglages. Ca marche... Ca marche ! Putain ! Euh oui quand même… Je suis malpoli. Mais ça marche !

Libérés, on part en promenade. On fait alors un gigantesque tour assez déroutant dans le quartier Kond, on traverse l’énorme ravin de la Hrzadan river. Nous montons à la distillerie Ararat puis après un de ces chemins de dingue, arrivons au mémorial du génocide, le Tsitsernakaberd.

Il est très grand, dépouillé, assez émouvant. A côté un jardin possède des centaines de sapins, plantés chacun par des dignitaires, en reconnaissance de ce douloureux évènement d’Arménie.

Dans un parc, nous prenons une barbapapa, à une petite échoppe et une jeune dame à l’air triste. Ca fait 20 ans que je n’avais pas consommé ça ! Ailleurs à Erevan nous avons vu une scène cocasse : le tenancier était occupé, la cliente la faisait seule. Les arméniens ont l’air d’adorer ce plaisir simple.

Nous redescendons puis orientons nos pas sur la Tigran et Zatar Pizza, lieu duquel nous faisons un repas de salades et toshkas toujours aussi correct. Nous montons à Cascade, regardons cette ville briller la nuit. C’est concerts partout, au fil d’un déluge de gens heureux, d’amoureux sur les murets, d’enfants qui courent.  Un dernier regard sur France square, sur Abovyan street très animée, nous faisons nos adieux.

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#29 23-09-2018 19:15:51

tchorski
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Samedi 15 septembre
Ca n’aurait pas dû se passer ainsi

A 4h30, je me réveille finalement sans besoin de la camelote, je suis stressé. Nous avons rendez-vous avec Garik à 5 heures. Il fait nuit noire et… … il ne se présente pas. Je suis stressé, je descends sur Sakharov et chope le premier taxi qui passe. Le mec, dans sa vieille golf branlante, nous demande 3500 ֏. Pour l’aéroport, c’est turbo-rien. En plus, il nous passe une vieille musique française désuète. Il est super gentil, mais seul souci après Kilikia, il ralentit, ère, puis tourne à droite à une station essence. Il ne sait pas où c’est et demande son chemin !! Oh mon pauvre ne t’inquiète pas, on va t’aider, on connait !

A l’aéroport nous engageons la première formalité sans souci, puis dans le hall nous sommes rattrapés par Garik… qui nous engueule. Il prétend qu’il était là. Je ne sais pas s’il est menteur, s’il était là, si nous avons failli. Somme toute, le seul mot est que c’est regrettable.

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Zvartnots, au départ, au revoir l’Arménie

Nous passons en zone interne, puis attendons. Le vol vers Moscou se passe sans problème. Arrivé à Sheremetyevo, quatre heures d’attente. Ca se transforme en calvaire comme les russes savent le faire. L’avion, de la porte 31 est déplacé à la 6. Pas de souci, si ce n’est que l’acheminement est réalisé par bus plutôt que par ventouse. Le bus est stationnaire à 2 mètres du check-in.

Ils nous font attendre là-dedans, bondé, debout, durant 45 minutes. Une jeune maman craque, son enfant hurle. Elle se met devant la porte du bus pour essayer de calmer l’enfant. Une hôtesse russe sort et l’engueule, à la limite de gifler et de donner des coups de pieds. L’aeroflot m’apprend à ne pas aimer le comportement russe, tout du moins celui aéroportuaire.

Le trajet est long mais sans soucis. De manière extraordinaire, à Paris, nous retrouvons nos sacs et sommes euphoriques. Tout va super bien et tout irait bien si… si………

Grâce au repas de la compagnie Аэрофлот, nous avons connu mon frère et moi-même une intoxication alimentaire sévère au staphylocoque doré. Quatre heures après le repas, nous avons vomi tout ce que nous avons pu, connu une diarrhée extrême. Nuit blanche de crampes, sur le wc. Une semaine après je suis encore touché. Puisse ce compte-rendu faire comprendre que l’Aeroflot est à bannir.

Enfin voilà, c’est fini…


Samedi 22 septembre
Fermer les yeux, penser à eux

Devant moi se trouvent des papiers froissés, ils ont beaucoup vécu. Dessus sont griffonnés maladroitement des noms, des adresses. C’est rédigé en arménien, c’est dur à lire. Ce sont tous les noms de ces gens qui nous ont soutenus, qui ont porté notre voyage, qui ont réalisé sans trop le savoir une perfusion de bonheur.

Je ne saurais revenir sur combien ils sont pauvres, le compte-rendu l’a répété comme une litanie invariable. Pourtant ils ont pris du temps, partagé leurs repas, leur maison. Comment réagir par rapport à ça ? En tant que bête petit randonneur – riche en plus, en tout cas par rapport à eux – c’est très touchant. On ne quitte pas le pays indemne.

C’est poignant ? En fait on ne part pas d’Arménie. Oui on prend une saloperie d’avion de l’Aeroflot, mais derrière on laisse une partie de son cœur. Comme le disait Chloé : comment peut-on s’attacher autant à des gens qu’on ne connait qu’à peine ?

C’est parce qu’ils ont ce qu’on n’a pas. Tu sors en rue, tous t’aideront, tous fraterniseront, tous seront gentils tu-n’y-crois-même-pas. Et ça, nous, nous en fait, dans nos rues ça manque terriblement. Comme je disais, ils rêvent de nos technologies poussées. Bien voilà moi simplement je rêve de leur gentillesse et de leur solidarité. Ca m’a marqué.

Quelque part, je suis revenu avec une douleur de regarder autour de moi ce monde de fous, à Roissy les gens s’engueulaient. Puissions-nous porter le parfum de leur simplicité, ces arméniens, des Armen aux Sergei, passer au-delà de ces gens français ou belges devenus un peu particuliers, puis en fin compte diffuser la solidarité comme eux le font : lentement et affectueusement. Ce sera un enseignement.

Je regarde ces listes de noms que j’ai du mal à lire. Vous me manquez.

Վենսան et Նիկողայոս

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#30 25-09-2018 22:56:49

laxmimittal
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Inscription : 23-10-2016

Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

comme c'est beau ce que tu écris.

tu as fait bien plus que randonner.
tu as laissé aux gens là-bas une partie de toi.


un grand merci pour ce très très beau récit.

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#31 28-09-2018 07:46:50

tchorski
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Lieu : Belgique
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Laxmimittal > Merci !
Les photos sont en cours de préparation. Ça avance doucement. Je pourrai bientôt mettre des liens les indexant.
J'ai été en Arménie grâce au forum, puisque c'est un ancien membre qui m'en a convaincu. J'espère que le compte-rendu rédigé ici donnera à d'autres personnes l'envie d'y aller. Certes, pas avec l'Aeroflot ni avec Ukrainian Airlines, mais la LOT propose un trajet et c'est une entreprise sérieuse.
Je te souhaite de belles randonnées !

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#32 28-09-2018 08:16:31

Magne2
Membre
Lieu : Vitry sur Seine
Inscription : 23-09-2013
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Peut être essayer un Marseille Erevan à certaines dates ?


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#33 28-09-2018 08:29:50

XavN
PRO
Lieu : Tarn
Inscription : 14-09-2011
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Merci pour ce beau récit smile

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#34 28-09-2018 19:09:03

zur
Membre
Lieu : La Belle de Mai
Inscription : 14-09-2016

Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Bravo mon frère .  smile

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#35 30-09-2018 13:53:48

tchorski
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Lieu : Belgique
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Magne 2 > En fait, à peu près toutes les destinations vaguement peu communes sont concernées, en tout cas pour ce qui concerne l'ancienne URSS. L'Aeroflot n'a pas le monopole, mais en tout cas une situation de domination assez certaine. C'est ainsi. Une petite complainte monotone sur le forum MUL n'y changera pas grand chose !
XavN > Merci !
Zur > Merci mon frère ;-)

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#36 30-09-2018 14:01:24

tchorski
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Lieu : Belgique
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Les photos sont enfin prêtes. C'est un peu du genre l'inondation, il y en a 1118 au total. C'est à s'y promener comme-ci comme-ça, au vu du nombre. L'intégrale frôle l'indigestion. Si jamais ce contenu peut aider l'une ou l'autre personne préparant son voyage en Arménie (ou donner envie d'aller dans un secteur particulier), c'est avant tout le but. Bonne promenade !

Jour 1 - Arrivée mouvementée, Erevan - (48 photos).
Jour 2 - Erevan - (111 photos).
Jour 3 - Noratus, le village, le cimetière de khatchkars, le Lac Sevan - (135 photos).
Jour 4 - Hayravank, Erablur, les fermiers hospitaliers - (72 photos).
Jour 5 - Geghama mountains, les yézidis, le Lac Akna - (139 photos).
Jour 6 - Gekmaghan, Azhdahak - (124 photos).
Jour 7 - Geghard, Garni, Erevan - (31 photos).
Jour 8 - Erevan, Gyumri - (49 photos).
Jour 9 - Gyumri - (73 photos).
Jour 10 - Le lac Arpi - (63 photos).
Jour 11 - Le lac Arpi, Amasia, Bandivan, Hovtun, Tsoghamarg - (86 photos).
Jour 12 - Torosgyugh, Lernagyugh, le Kayl Lich - (95 photos).
Jour 13 - Arpeni, Pokrashen, Keti, Gyumri - (76 photos).
Jour 14 - En train, Erevan, au revoir - (16 photos).

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#37 30-09-2018 18:40:34

Adrienne
Apprentie MULe
Lieu : Région parisienne
Inscription : 28-10-2017
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Je me permets une petite intervention pour remonter la réputation d'Aeroflot wink

Je suis désolée pour toi que tu aies eu de mauvaises expériences Tchorski, mais je ne sais pas si c'est généralisable totalement... J'ai du prendre une 15aine de fois des vols Aeroflot depuis 15 ans, sur l'Europe de l'Est / Caucase / Russie et jusqu'à Hong Kong, et franchement peu de soucis (à part un surbooking il y a des années). C'est un peu rustique mais pas plus d'ennuis qu'ailleurs, et plutôt moins que sur des compagnies européennes low-cost...

Bref, je ne dirais pas qu'Aeroflot est à éviter absolument, d'autant qu'elle est omniprésente dans tout l'espace post-soviétique. En tous cas je ne pense pas que ça vaille le coup de se contorsionner pour l'éviter en prenant des itinéraires plus compliqués.

En revanche pour aller en Arménie j'avais pris Ukrainian Airlines, avec escale à Kiev, et si ça n'était pas le grand luxe, c'était tout à fait correct, pas cher et aucun souci de bagages.

Voilà, c'était la minute "défendons les compagnies aériennes" big_smile (si on m'avait dit ça un jour...)


Si tu n'arrives pas à penser : marche. Si tu penses trop : marche. Si tu penses mal, marche encore.
(Jean Giono)

Trombi

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#38 01-10-2018 10:07:27

tchorski
Membre
Lieu : Belgique
Inscription : 08-12-2017
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Adrienne > Merci pour ces informations. Quelque part c’est assez rassurant tout de même. En effet la Géorgie parait intéressante, et probablement il faut bien y prendre du temps aussi. Espérons que cela soit rendu possible. Les contenus de Trip Advisor sur l’Aeroflot sont affligeants. Éventuellement ça concentre une forte dose de mécontents. Il est difficile de faire la part des choses et de prendre la distance nécessaire.
Merci en tout cas, et je te souhaite de beaux voyages.

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#39 01-10-2018 10:25:19

Archimboldi
Membre
Lieu : Ch'nord
Inscription : 12-03-2012

Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

Tout comme Adrienne, j'ai pris plusieurs fois des vols avec Aeroflot. Le personnel est un peu plus froid que sur d'autres compagnies, mais pas de soucis particuliers me concernant.

Pour les bagages perdus à Moscou, ce n'est pas la faute de la compagnie, mais celle des autorités russes : Tout bagage venant de l'extérieur de la Russie subit un nouveau contrôle en entrant sur le territoire. Tout ce qui vient de l'étranger est suspect, je suppose, un des nombreux restes de l'URSS en Russie.  roll


Encore merci pour ton récit, qui m'a mis les larmes aux yeux par moments tant il était beau.  smile


"Life is full of wonders for someone who is prepared to accept them." Moominpappa

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#40 01-10-2018 10:49:56

Shanx
Sanglier MUL
Lieu : Probablement au boulot :(
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Re : [Récit + liste] Voyage et randonnées en Arménie

tchorski a écrit :

Les photos sont enfin prêtes. C'est un peu du genre l'inondation, il y en a 1118 au total.

J'ai 750 photos pour mes 5 mois sur le CDT. big_smile
Si je peux me permettre, ce serait pas mal que tu sélectionne un plus petit nombre de photo que tu juges les plus belles ou les plus représentative, pour ceux qui comme moi aimerait en voir quelques une tout en évitant de se coltiner 1118 photos. wink


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