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#126 09-09-2018 19:41:33

shad
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Idem ton récit est passionnant.
Vivement la suite

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#127 09-09-2018 20:56:27

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Tendez vos assiettes, voilà de quoi nourrir les affamés wink !


J18 - vendredi 4 août - Añes Cruces - Refuge du Portillon (bivouac)

Après une nuit chahutée par le vent, mais bien au chaud et au sec, je prends le temps d'un bon café chaud pour démarrer cette journée. Aujourd'hui marquera la mi-parcours avec le passage (prévu) du Col des Gourgs Blancs. Après l'échec de l'aventure Cilindro / Perdido 3 jours auparavant, j'ai une légitime appréhension pour cette étape cruciale en raison de son enneigement potentiel, surtout que je suis redevenu solitaire …

Je referme la porte de la Cabane des Hauts de Hurlevent à 7h45 et redescend vers le torrent pour rattraper le chemin. 1er objectif du jour, le Col d'Aygues-Tortes pour repasser en France, et 600 m de D+ à avaler de bon matin.


retour sur le chemin. Vue sur le vallon de Chistau, le chemin vers Aygues Tortes part sur la gauche
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direction le Col d'Aygues Tortes (VF) - Puerto de Añes Cruces (VO)
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J'y vais à petit rythme et ne force pas l'allure. Le sentier n'est pas toujours bien visible, mais même sans les cairns on saurait trouver son chemin. Un petit passage abrupt au-dessus du torrent où j'ai dû mettre les mains, mais rien de très difficile.

Je suis à l'ombre et encore au vent dans la première partie de la montée, avant de trouver le Soleil un peu avant d'atteindre le lac au Pied du Col. J'atteins le Col après tout juste 1h30 de marche, conformément au temps indiqué par le panneau … c'est dire si je prends mon temps ...


Regard en arrière sur le Pic des Posets
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le lac d'Añes Cruces et le Port d'Aygues Tortes
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ma claque du matin depuis le Port d'Aygues Tortes. Je vais éviter d'écrire des bêtises pour mettre des noms sur tout ça roll
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La descente n'est pas aussi raide qu'il y parait et j'arrive vite dans le fond du très beau vallon d'Aygues Tortes. Je fais vite connaissance avec les aménagements hydrauliques et je commence par suivre la conduite qui serpente sagement à flanc. Quel plaisir de marcher sur le plat … sauf que le chemin est en bas et suit le torrent et les petits lacs ! Pas grave, je coupe dans les rhododendrons et la caillasse pour rattraper le sentier.


zéro de conduite !
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Un peu plus loin j'atteins la Cabane d'Aygues Tortes, toute neuve. Je jette un œil à l'intérieur pour apercevoir quelques tables et beaucoup de sacs à dos. Visiblement il y a du monde et je ne veux pas déranger, je m'éclipse. Apparemment le couchage est à l'étage. Certainement un très bel et très bon abri.


Cabane d'Aygues Tortes
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De là je bifurque pour quitter le fond de vallée et rejoindre le long sentier à flanc de montagne qui va me faire faire le tour du Pic de Quartau. Objectif le Lac de Caillaouas pour la pause déjeuner.


je fais quand même un petit crochet pour aller admirer le lac de Pouchergues dans son écrin
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Le chemin à flanc, aménagé pour la desserte des retenues hydrauliques et pour l'exploitation minière, fait par endroits penser au chemin de la mâture sur le GR10 (que je ne connais encore qu'en photos …). Dans certaines portions les rails sont encore là. Même si tout cela est désaffecté, la décrépitude des installations n'est pas partout totale.


un passage taillé dans le roc
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de bien belles vues
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l'antre de Shelob ?
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arrivée au pied du lac de Caillaouas
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J'arrive comme prévu à l'heure du déjeuner au Lac de Caillaouas, juste à temps pour récupérer la place idéale au bord de l'eau libérée par un randonneur : une plage avec un beau rocher plat pour s'asseoir les pieds dans l'eau, un aplomb de falaise pour fournir de l'ombre, et surtout une eau à température idéale. Avec toute cette neige on l'aurait cru glacée, mais au pif l'eau devait être à plus de 20°C tongue . Je prendrai le temps de faire quelques longueurs dans cette piscine de rêve : me voilà (momentanément) propre !


Le lac, sa retenue et ses ruines
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Je me remets en chemin à peine passé 14h00 : ça y est, j'attaque la montée au Col des Gourgs Blancs, 700 m de D+ devant moi, d'abord pour m'élever au-dessus du Lac de Caillaouas, puis pour sauter de lac en lac jusqu'à la montée en neige du col.


au-dessus du Lac de Caillaouas
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Lac des Isclots, je me serai volontiers arrêté pour une baignade, mais plus le temps ...
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Lac du milieu
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en équilibre ...
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Le chemin s'efface peu à peu pour n'être plus qu'une ligne imaginaire entre les cairns. Les éboulis cèdent ensuite leur place aux névés : il est temps de chausser les crampons.


une tranche de caillasse
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une tranche de neige
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Mes crampons accrochent bien, la pente n'est pas très forte et la glissade éventuelle pas dangereuse. Je marche avec mes bâtons, mais avec néanmoins le piolet accroché au poignet. La dernière portion est toute en neige, le col lui-même toujours sous une épaisse couche.


du Col, un regard en arrière sur la montée ...
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et sur votre serviteur … la barbe pousse cool
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et un regard en avant pour se reprendre une petite claque visuelle. Je ne l'ai pas réalisé sur le coup, mais droit en face c'est Literole, déjà !
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Au premier regard on pourrait croire à une descente toute en neige, mais de fait il sera possible de suivre les lignes de rochers et d'éboulis autant pour descendre que pour remonter vers le Tusse de Montarqué, juste entrecoupé de courtes traversées de névés.

Depuis la montée vers le Tusse, j'apercevrai un randonneur en sens inverse, progressant très lentement en zigzags par le névé, contraint de creuser sa propre trace. Chacun sa route ...


vue en arrière sur la descente des Gourgs Blancs : la neige est largement évitable
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Lorsque je retrouverai du réseau (plusieurs jours plus tard …) je posterai sur WhatsApp cette photo de L'Estany Gelat. Je ne m'en lasse toujours pas
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L'heure avance. J'ai quitté le Col des Gourgs Blancs à 17h00, et je n'ai plus maintenant qu'un seul objectif : arriver au Refuge du Portillon à temps pour y trouver une place au dîner. Je dois faire durer mes provisions d'une part, je veux me goinfrer de calories d'autre part lol .


Ancienne station pluviométrique au Tusse de Montarqué
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Il me faut alors composer avec l'itinéraire que je suis de cairn en cairn : aucun chemin, pas la moindre sente. Le seul indice est le cairn suivant, et avec la brume qui vient me chatouiller je peux craindre de ne plus m'y retrouver. J'aperçois en contrebas le Lac du Portillon, mais que la descente est raide ! Je pense alors à ceux qui la remontent dans l'autre sens avec 20 kg sur le dos, et je me dis que je préfère ma place actuelle à la leur.


vues plongeantes
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en publiant cette photo, je réalise que la Baisse Inférieure de Literole est cachée par la brume, mais que son reflet est visible dans le lac cool
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J'arrive au refuge à 18h30, aucun problème pour prendre place à dîner. En attendant celui-ci, j'ai juste le temps de me changer et de passer mes affaires à l'eau. J'oublierai malencontreusement mes chaussettes dans le sas, je les retrouverai jetées dehors après le dîner. Certains parfums ne sont pas appréciés de tout le monde lol  !

Au dîner un mic-mac du plan de table fonctionnera à mon bénéfice intégral : alors que les convives sont agglutinés par tables de 8 à 10 dans une aile de la salle à manger, je me retrouve à une table de 6 isolée dans un recoin. Qui plus est, 2 des 6 places resteront vides, les personnes ayant bien réservé mais n'étant toujours pas arrivées. Nous serons donc 4 à nous partager des plats faits pour 8 tongue ! Mes 3 voisins s'alimenteront normalement, tout le reste sera pour moi cool !

Je ne monterai la tente qu'après le dîner sur le replat en bord de lac de l'autre côté du barrage. Je ne trouverai pas tout de suite l'échelle permettant de descendre du barrage vers la zone de bivouac, et l'on pourra me voir errer d'un bout à l'autre cherchant à comprendre comment les autres campeurs sont passés roll .

Impossible d'enfoncer le moindre piquet dans ce sol fait de remblai rocheux : il me faudra tendre la tente exclusivement en attachant mes tendeurs à des cailloux. Je ne m'en sortirai pas trop mal et le tout tiendra bien toute la nuit. A noter qu'il s'agira de mon bivouac le plus élevé de cette HRP, à 2 567 m.


vue sur icebergs … notez la fine couche de brume marquant le contraste de température entre air et eau dans cette atmosphère calme
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Total 20 km - Marche 8h14



Itinéraire :
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Crédit www.calculitineraires.fr


Progression :
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Crédit www.calculitineraires.fr


Profil :
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Crédit www.calculitineraires.fr


Ce que j'ai aimé : tout ! y compris mon idée judicieuse de la veille de prendre de l'avance dans le vallon d'Añes Cruces : avec une arrivée à 18h30, j'avais juste ce qu'il fallait de marge pour dîner au Portillon.

Ce que j'ai regretté : ne pas pouvoir reprendre un peu plus de dessert ?

Si c'était à refaire : partir plus tôt, au besoin à la frontale, pour mieux profiter de chaque instant de cette magnifique étape.

Le matériel : la nuit sera fraîche sur un sol glacial et c'est ici que les insuffisances de mon couchage déjà évoquées seront les plus marquées.

Le bonhomme : appréhendant les difficultés de la journée je n'ai jamais essayé de forcer l'allure et bien m'en a pris. Je n'ai pas ressenti de fatigue au passage du Port d'Aygues Tortes (600 m D+) ni dans la longue montée au Col des Gourgs Blancs, bien que cette dernière se révèlera bien plus longue que je ne l'avais calculé. La descente raide et tout en rocher vers le Portillon sera néanmoins pénible avec la fatigue de la journée.

EDIT : la Vidéo J18

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Dernière modification par Hervé27 (13-11-2019 09:20:51)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#128 09-09-2018 20:57:15

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J19 - samedi 5 août - Refuge du Portillon - Pla d'Aigualluts (bivouac)

Nuit la plus haute et aussi la plus froide de cette traversée, les dernières heures sous la tente ont été inconfortables. La toile extérieure est trempée de rosée d'un côté, de condensation de l'autre. Le pied de mon duvet est lui aussi bien humide. Je renfile short, T-shirt, chaussettes ... mouillés et glacés (brrrr …). Je perds également en efficacité, puisque ce n'est qu'à 8h05 que je reprends la route. Le temps est beau mais la météo du refuge annonce une bascule vers les orages. L'objectif de la journée est bien entendu de franchir la Baisse Inférieure de Literole ce matin, puis de m'approcher autant que possible du Col de Molières, objectif pour demain. Ainsi j'aurai pu consacrer une journée à chacun des 3 grands cols de la traversée  cool .

Je refais le plein d'eau au refuge (guère utile vu tout ce qui coule de la montagne, mais c'est un réflexe …) et me voici arpentant le barrage pour les "seulement" 400 m de D+ qui m'attendent de l'autre côté du lac.


Lac du Portillon au Soleil levant
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La voie vers la Baisse Inférieure de Literole n'est certes pas un large sentier muletier en lacets, et même s'il faut en permanence chercher le cairn suivant et parfois mettre la main au rocher, on s'élève rapidement et sans grande difficulté.


on s'élève vite ...
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Je suis presque étonné d'arriver aussi rapidement au pied du col, où je chausse les crampons pour une montée matinale sur une neige bien dure. Mes mini-crampons accrochent bien là aussi, et c'est à petits pas sur une pente douce que je parviens au col 1h30 seulement après mon départ.


montée en neige / glace sur les dernières dizaines de mètres
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regard en arrière sur les Gourgs Blancs et autres ...
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Bien sûr la nouvelle vue qui s'offre à moi est époustouflante, mais mon attention se porte sur la manière dont je vais pouvoir descendre et rejoindre le Portal de Remune. La vallée est encore bien enneigée, les petits lacs au pied du col presque totalement englacés (nous sommes le 5 août …). La descente "toute en neige" supposerait de m'engager directement dans la pente menant au 1er lac, que je trouve bien raide. J'entreprends alors de traverser le champ de neige pour atteindre les rochers en face de moi, presque à niveau, pour essayer de rejoindre à travers eux la pente enneigée plus douce qui est à leur pied, et où j'aperçois une ligne de traces laissée par d'autres ayant suivi cet itinéraire.


je vise les rochers tout à gauche pour tenter d'éviter la pente raide qui m'attend au milieu
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Avec crampons, bâtons et piolet, je progresse prudemment vers mon objectif en l'absence de trace, car on s'enfonce peu dans cette neige dure et les traces de la veille sont facilement décapées (les traces aperçues plus bas étant sans doute le signe d'une neige plus molle …). N'ayant croisé personne, je suis le premier et c'est à moi de m'y coller. Mes chaussures en souffrent (je vous en reparlerai), et je dois régulièrement resserrer mes mini-crampons qui ont tendance à se décrocher avec tous ces coups de pieds et frottements. C'est donc assez péniblement que je m'approche des rochers visés … pour constater qu'une large et fragile rimaye les sépare du champ de neige et que je vais avoir bien du mal à la franchir.

Mal à mon aise sur cette neige qui n'est pas mon élément, je dois faire un nouveau choix : jouer l'acrobate entre neige et rocher, ou risquer la glissade dans la partie la plus raide du névé. Tant qu'à tomber je préfère que ce soit sur de la neige que sur de la roche , et j'opte pour le changement de plan. Me voilà à lentement (très lentement …) tracer ma voie en zigzags sur le névé. J'avoue n'avoir pas envisagé la descente en ramasse, car la neige est dure (ouch !) et la pente raide : je ne voudrais pas tenter la baignade dans la piscine gelée en bas de la pente (de nombreux cailloux décrochés des rochers parsèment également la descente, re-ouch !).

Après de patients efforts qui me sembleront très longs, ainsi qu'une ou deux frayeurs lorsque je manquerai de dévisser, je finirai par atteindre le reste de trace aperçu plus tôt, d'où les choses seront un peu plus faciles.


vu d'en bas, je suis parti sur la droite vers les rochers plus sombres, puis j'ai fait quelques zigzags pour rejoindre la trace que l'on aperçoit
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Je n'en ai pas pour autant fini avec la neige, puisqu'il me faut maintenant poursuivre à niveau au-dessus des lacs pour rejoindre le Portal de Remune, dans une alternance de neige et de rochers. J'accroche et décroche plusieurs fois mes crampons (que je tiens dans une housse accrochée à la ceinture du sac à dos). Ce n'est qu'après 1h30 d'efforts et à 11h30 que j'atteins le Portal, où j'étale à sécher duvet et tente pendant que j'amorce une bonne pause déjeuner. C'est alors que je constate qu'à force d'arrêts - crampons, de dépose du sac etc . la housse que j'utilisais pour mes crampons a disparu : elle a du glisser lors d'une dépose du sac à dos, et je n'ai aucune envie de partir à sa recherche. Tant pis, je m'en passerai …


Lac Blanc de Literole
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échantillon du panorama de mon déjeuner : le Pic de Remune au 1er plan, l'Aneto derrière
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Bien que n'ayant marché que 3h aujourd'hui, je paye les efforts sur neige d'hier et d'aujourd'hui, qui sont autrement plus fatigants que sur les sentiers muletiers auxquels je suis habitué. Naïvement je me dis qu'à la descente vers le Val de Remune et Benasque je vais retrouver de bons chemins et qu'il sera alors possible de souffler. La météo me fait également me presser, car tandis que je déjeunais le vent s'est levé et la brume vient commencer à caresser la crête où je me trouve. C'est donc après une pause déjeuner de seulement 1 h que je me remets en chemin, alors que j'aurais aimé profiter plus longtemps de la vue et me reposer un peu plus. Nécessité fait loi …


petit lac gelé à l'amorce de la descente dans le val de Remune
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Si je devais trouver un qualificatif pour le chemin dans le Val de Remune, c'est "chaotique". Des éboulis, de la caillasse, des montées / descente incessantes, des traversées de torrents qui rincent les chaussures, des chemins mal ou pas formés … bref il est impossible de prendre un rythme et la descente est vraiment pénible, même à relativement basse altitude quand je commence à croiser les bataillons de randonneurs à la journée montés de Benasque. Avant que le vallon ne s'élargisse dans un replat herbeux, une longue section dans une petite gorge encore chargée de neige sera particulièrement usante.


souvenir d'une descente pénible
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les torrents lessivent le chemin
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Pour couronner ma mauvaise humeur à l'égard de ce chemin espagnol (j'ai développé une dent à leur sujet roll …), des cairns me font croire à des itinéraires qui ne sont pas le mien et m'emmènent à plusieurs reprises dans de mauvaises directions, ou me font traverser le torrent alors que ce n'est pas l'itinéraire. C'est ainsi que je manquerai les lacs de Remune par lesquels je voulais passer pour éventuellement y piquer une tête.

qui est le c... qui a fait sauter le pont ?
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C'est ainsi presque avec soulagement que j'atteindrai la vallée de Benasque et la route bordée de centaines de véhicules, mes articulations enfin en mesure de dérouler une foulée régulière ... Il est 15h30 lorsque j'atteins dans la chaleur l'Hospital de Benasque, il m'aura fallu 3h sans aucune pause pour descendre les 1 100 m de D- depuis le Portal de Remune.


L'Hospital de Benasque grillé au Soleil
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Bien fatigué il me faut à minima marquer une bonne pause, et je décide de m'engouffrer dans le restaurant bondé pour y engloutir n'importe quelles calories que j'y trouverai. J'y serai accueilli par une serveuse bien gentille, mais j'aurai du mal à lui faire comprendre que malgré l'horaire je désire "manger" (c'est un restaurant), tandis qu'elle me réponds qu'on ne sert plus de déjeuner après 16:00 (il est 15:30). Bref j'arriverai à lui extorquer de maigres desserts, qui à défaut de me fournir le quota de calories souhaité m'auront permis de liquider mes lourdes pièces de monnaie, et de profiter des commodités du lieu.

C'est donc un peu reposé et rafraichi que j'entreprends l'autoroute à randonneurs qui remonte la vallée. Je n'ai pas d'objectif précis quant à mon bivouac, sauf à dépasser la zone hyperfréquentée d'une part, m'avancer le plus possible avant l'éventuel orage d'autre part. Durant ma pause, le temps a en effet continué à se couvrir, tant derrière que devant moi.


derrière moi, les choux-fleurs montent
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abri de la Besurta
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En avançant le flux de randonneurs à la journée en sens inverse se tarit peu à peu, et à cette heure-ci je fais figure d'anomalie avec ma direction à contre-courant. Même si la bascule orageuse est très nette par rapport à la météo des jours précédents, j'ai le sentiment que l'averse est encore loin et que je dois pouvoir encore progresser vers plus d'altitude d'une part, de solitude d'autre part après les centaines de randonneurs croisés en cette fin d'après-midi. Peu à peu je me fixe l'objectif de trouver mon bivouac au Pla d'Aigualluts, cela s'avèrera judicieux.

J'atteins vers 18:00 les belles cascades en aval desquelles le torrent se perd dans un gouffre pour circuler en souterrain. Une canalisation invisible en capte également une partie pour l'acheminer dans la vallée voisine d'Artigue. Sur le Pla d'Aigualluts juste derrière, à part quelques centaines de vaches et moi, il ne doit guère plus y avoir qu'un pêcheur et 2 ou 3 randonneurs. Je me mets alors à l'affût du bivouac parfait. Pour le trouver je remonterai tout le Pla afin de pouvoir disposer d'une eau prélevée loin en amont des troupeaux d'une part, prendre l'abri d'une petite colline rocheuse d'autre part. Cerise sur le gâteau, j'aurai une pleine vue sur l'Aneto, me permettant de très belles photos que je partage ici avec vous.

Non loin du torrent, je pourrais faire une bonne toilette + lessive, tandis qu'au-dessus de moi l'orage commencera à gronder sur l'Aneto. Il tombera quelques gouttes et même quelques grêlons, mais l'orage ne lâchera pas sa colère sur moi, malgré encore quelques coups de tonnerre dans la nuit.


Cascades d'Aigualluts. Au fond à gauche vers Molières, à droite vers l'Aneto
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vue vers l'Est sur l'Aneto
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vers l'Ouest et le Pla d'Aigualluts
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après l'orage, lumières du couchant sur l'Aneto
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Itinéraire :
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Crédit www.calculitineraires.fr

Progression :
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Crédit www.calculitineraires.fr

Profil :
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Crédit www.calculitineraires.fr

TOTAL 18 km - Marche 7h45


Ce que j'ai aimé :
- l'itinéraire du Portillon à Remune en passant par Literole, malgré mes difficultés dans la neige
- mon beau bivouac au Pla d'Aigualluts

Ce que j'ai regretté : avoir manqué de bonnes pauses revigorantes (en loupant par exemple les lacs de Remune)

Si c'était à refaire : partir plus tôt pour pouvoir ménager plus de pauses et prendre de l'avance sur le risque d'orages

Le matériel :
- perdu la housse de mes crampons (en fait, la housse recyclée d'un matelas gonflable)
- depuis quelques jours mes chaussures donnaient des signes de faiblesse, avec des déchirures sur le tissu extérieur. Sur ma paire précédente du même modèle, ces faiblesses ne s'étaient manifestées qu'à partir de 6-700 km, alors que celles-ci n'en ont que 400-450 ... Les Pyrénées se révèlent bien abrasives. Après 2 cols enneigés en 2 jours, cette usure s'est accélérée, et je commence à douter que mes chaussures pourront tenir jusqu'à la Méditerranée.

Le bonhomme : bien fatigué mais content d'avoir franchi coup sur coup les 2 obstacles importants que sont les Gourgs Blancs et Literole, je commence à m'interroger sur mon itinéraire via le Col de Molières, dans mon esprit le plus difficile des 3 car le plus haut et avec une réputation dangereuse. Ai-je encore quelque chose à prouver ? De plus je dois également penser à mon ravitaillement : j'ai encore 3 jours de vivres que je vais devoir faire durer le double, ce sera peut-être un peu juste. Dans mon esprit, je commence à envisager de ne pas monter à Molières demain (d'autant que le temps tourne à l'orage) et de "contourner l'obstacle" par Vielha …

Vidéo J19

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Dernière modification par Hervé27 (13-11-2019 09:22:02)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#129 13-09-2018 08:27:37

Thrawn
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Merci Hervé27 pour ce récit, j'adore.

Dernière modification par Thrawn (13-09-2018 08:28:01)

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#130 13-09-2018 09:46:46

Magne2
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Malgré le monde ces trois dernières années on a toujours apprécié le plan des aigalluts, on y croise aussi bien des HRPistes, des Pyrénéistes, des familles et la vue sur l'aneto est belle
Je suis ce récit avec grand plaisir, lliterole je l'ai fait dans l'autre sens il y a bien longtemps smile






edit  ortho.

Dernière modification par Magne2 (14-09-2018 12:51:22)


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#131 14-09-2018 11:18:11

Shanx
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Je lis ce CR avec attention (tu te doutes pourquoi big_smile ).
Tu pourrais résumer tes ravitos et ce que tu en as pensé stp ? smile
Autre question : quelle solution tu avais pour l'orientation. Un GPS ?

Dernière modification par Shanx (14-09-2018 12:31:59)


← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
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"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary

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#132 14-09-2018 13:40:23

tolliv
Sérénitude
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Shanx a écrit :

Je lis ce CR avec attention ..
Autre question : quelle solution tu avais pour l'orientation. Un GPS ?

Pour quelqu'un qui lit le CR avec attention, tu as zappé qu'il a fait tomber dans l'eau son téléphone le premier jour !
Post#1 : "Me voici donc par la plus bête des bêtises, au soir du premier jour d’une sortie préparée depuis 8 mois, privé de contact avec l’extérieur, de mes cartes, itinéraires et topo, de mon GPS, d’appareil photo, de météo... bref, de tout ce que j’y avais concentré pour faire léger. "
smile

Edit: régle de grammaire à réviser

Dernière modification par tolliv (14-09-2018 13:41:15)


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#133 14-09-2018 14:02:55

Shanx
Sanglier MUL
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

tolliv a écrit :
Shanx a écrit :

Je lis ce CR avec attention ..
Autre question : quelle solution tu avais pour l'orientation. Un GPS ?

Pour quelqu'un qui lit le CR avec attention, tu as zappé qu'il a fait tomber dans l'eau son téléphone le premier jour !
Post#1 : "Me voici donc par la plus bête des bêtises, au soir du premier jour d’une sortie préparée depuis 8 mois, privé de contact avec l’extérieur, de mes cartes, itinéraires et topo, de mon GPS, d’appareil photo, de météo... bref, de tout ce que j’y avais concentré pour faire léger. "
smile

Non j'avais vu, mais ensuite il ne parle pas de rétablir la conf sur son nouveau téléphone. Je suis en train de me battre avec Iphigénie, et c'est assez long de (re)faire les emprises, donc je pensais qu'il l'aurait cité.


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#134 14-09-2018 17:14:40

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

En fait si, il a bien rétabli sa config:

Hervé27 a écrit :

...L’essentiel de mes données sont dans le Cloud : à l’exception des photos du jour pas déjà envoyées par WhatsApp, je n’ai perdu qu’un téléphone.
(...)
Je m’installe dans un square (...) et commence à entreprendre la restauration de mes différentes fonctions. (...) je finit par récupérer l’essentiel sur le Cloud. [le]18 juillet, lendemain de ce J1bis, il ne me manque plus que de trouver un wi-fi suffisamment performant pour restaurer les 193 Mo de Excel (...) du fichier qui me permet de gérer mon parcours, mes temps...

Enseignement : backup early, backup often  wink


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#135 20-09-2018 14:33:45

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Salut les amis,

Effectivement en ce qui concerne la téléphonie, le Cloud et autres outils de sauvegarde / échange m'ont bien aidé pour récupérer toutes mes données.

Plus particulièrement concernant la cartographie et le GPS, l'utilisation d'un compte IGN Rando synchronisé avec IphiGéNie m'ont permis de récupérer ma trace prévisionnelle. En revanche, si j'avais téléchargé par avance toutes les cartes OpenTopo du parcours sur mon téléphone d'origine, je n'ai pas pu le faire sur le téléphone de remplacement. La raison en est que l'on ne peut télécharger "que" 2 500 "tuiles" consécutivement, et qu'à la reprise pour charger les suivantes le défilement recommence du début … Chaque nouvelle "couche" de 2 500 tuiles est donc exponentiellement plus longue à obtenir que le précédente … Pour une trace aussi longue qu'une HRP, il faut donc de très, très longues heures de connexion et de batterie pour y parvenir. Dans plusieurs zones sans couverture réseau, les échelles de carte les plus fines m'ont ainsi souvent manqué, heureusement sans me créer de réelle difficulté.


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#136 20-09-2018 17:55:58

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J20 - lundi 6 août - Plan d'Aigualluts - Lac Tort d'Arrius (bivouac)

En me réveillant ce matin les termes de mes réflexions de la veille sont inchangés :
- m'attendant à un nouveau passage en neige conséquent par le Col de Molières, je ne suis pas certain d'avoir très envie d'y exploser définitivement mes chaussures, lesquelles s'usent trop vite à mon goût,
- après des chemins plutôt éprouvants depuis Gavarnie, j'ai envie d'une pause,
- je risque d'être court en ravitaillement si je m'en tiens à mon itinéraire,
- la météo est de plus en plus orageuse et je crains de me retrouver trop en altitude au mauvais moment …

Bref je suis en train de lister tous les prétextes pour renoncer à l'obstacle du Col de Molières …

Avant même le lever du Soleil, les reflets de quelques lampes frontales sur ma tente me font dire qu'il y a un peu de monde en chemin vers l'Aneto et Molières (je bivouaque à la bifurcation des deux directions). Mettant le nez dehors, j'aperçois 3 lumières qui remontent en effet vers Molières. Ne sachant pas très bien si j'avais le droit de camper là, je me fais un peu plus efficace pour remballer avant qu'il n'y ait du monde et parviens à démarrer plus tôt que d'habitude, à 7h20, avec en tête la très forte envie de bifurquer dans la Vallée de l'Artiga, direction Vielha ...


Croissant de Lune direction Molières
11652_2018-08-06-06-34_20-09-18.jpg


si je bifurque à gauche, je retrouve la civilisation, du repos, de la bouffe, une douche ...
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Je parviens néanmoins à surmonter ma crise de motivation, et à laisser passer les 2 possibilités de descendre vers Vielha que sont la Vallée de l'Artiga et le Coth des Aranesi. Alea jacta est, on va se le faire, ce Col de Molières !

Chemin faisant, je rattrape le trio de frontales que j'avais aperçu de ma tente ce matin. Loin de l'image des pyrénéistes chevronnés à laquelle je m'attendais, il s'agit d'une famille espagnole tout ce qu'il y a d'ordinaire, avec un garçon de 8 ans, sur une sortie à la journée avec un équipement minimal. Nous discutons quelques instants : monsieur semble finalement bien connaître ses montagnes et me redonne les consignes pour bien redescendre le Col de Molières (serrer à gauche !). C'est toujours bon de se le faire confirmer …


Reflets du Tuc Blanc de Pomera et de la Penanera (sauf erreur)
11652_2018-08-06-08-24_20-09-18.jpg


La montée n'a rien de brutal et est même plutôt agréable, jusqu'au moment où ma trace GPS et les cairns conspireront pour vouloir me faire emprunter une ravine encore obstruée par la neige, celle-ci largement fragilisée par la circulation du torrent. On aperçoit le débouché de cette ravine sur la photo ci-dessous.

théoriquement il me fallait longer ce pont de neige ...
11652_2018-08-06-08-58-2_20-09-18.jpg


A la recherche d'une meilleure trace je sèche un long moment : pas de cairn visible et pas d'autre chemin disponible sur ma cartographie. Les flancs rocheux à ma droite sont trop raides pour les longer, et j'ignore si ceux que je vois à ma gauche de l'autre côté de la ravine (par delà le pont de neige) peuvent me permettre de rattraper mon itinéraire.

J'avoue qu'après plusieurs minutes de vaine inspection visuelle, j'ai commencé d'envisager un demi-tour. Ce n'est qu'alors que j'ai aperçu ce qui m'a semblé être un empilement de pierres, 30 m au-dessus de moi, sur une petite crête au-dessus de ma ravine enneigée. Il m'a fallu jouer des pieds et des mains pour le rejoindre, et effectivement trouver un alignement de cairns dont je ne pouvais qu'espérer qu'il m'amène au lac de l'Escaleta, et non au Tuc de Barranc … J'arriverai finalement bien à destination.


mon chemin prévisionnel était sous la neige, 30 m plus bas
11652_2018-08-06-09-12-2_20-09-18.jpg



Estany de l'Escaleta
11652_2018-08-06-09-50-1_20-09-18.jpg


Passé l'Estany de l'Escaleta l'itinéraire devient totalement visible. Après les expériences des Gourgs Blancs et de Literole, je suis agréablement surpris par la faible quantité de neige. De fait je peux visuellement constater que je n'ai pas le moindre névé à traverser pour atteindre le Tuc de Molières et de là le Col, toute la montée semblant se faire sur du rocher solide et en pente régulière. Quant à ce qu'il y a de l'autre côté, je ne pourrai le savoir qu'une fois sur place.


Vue dégagée vers Tuc et Col de Molières
11652_2018-08-06-09-50-2_20-09-18.jpg


Les dernières dizaines de mètres de dénivelé vers le Tuc se font sur de gros blocs mais sans trop de difficulté. J'atteindrai le sommet à midi pile, pour le point le plus haut de ma HRP à 3 010 mètres cool . Naturellement la vue est magnifique, d'autant que la météo est de la partie :


le Tuc, son très beau cairn et mon sac
11652_2018-08-06-10-51-2_20-09-18.jpg


l'Aneto et votre serviteur
11652_2018-08-06-10-54-2_20-09-18.jpg


les lacs de Molières, le val de Conangle et la suite des Pyrénées
11652_2018-08-06-10-53_20-09-18.jpg


Alors que je me croyais tout seul, je vois arriver depuis le col un binôme de marcheurs littéralement "les mains dans les poches". Ils ont laissé leurs sacs sous le col pour faire juste un aller-retour et prendre la vue depuis le Tuc. Nous serons rejoints par un jeune couple venu par le même chemin avec casques d'escalade sur la tête, avec lequel je partagerai mon déjeuner.

Avec une vue plongeante sur le col, la discussion portera sur le passage un peu technique qu'ils viennent de monter, et que tous nous allons devoir redescendre. Le névé sous le col n'est pas très large avec ~30 m de neige à franchir, mais :
- il est raide
- la rimaye est fragile
- la trace est sur la rimaye …

Très gentiment ils accepteront de ne pas me laisser derrière et de m'accompagner dans le franchissement, au cours duquel je ne fanfaronne pas (merci Camille et Corentin !). Le pas de désescalade depuis le col n'est pas méchant, mais le passage du rocher au névé parait effectivement bien fragile. Après quelques pas à flanc on longe le rocher par la "crête" de la rimaye, laquelle plonge de 4 à 5 m côté rocher, et semble se fissurer côté pente … Pas d'autre trace disponible … Au bout de la rimaye, il faut descendre en escalier sur 5 à 6 mètres pour rattraper la trace, la pente me parait à 45° … Je ne me suis jamais rattrapé d'une chute sur neige avec un piolet, je n'ai vraiment pas envie de faire un premier essai ici …


Col de Molières et son névé, vu d'en haut ...
11652_2018-08-06-10-51_20-09-18.jpg


… et d'en bas
11652_2018-08-06-12-34_20-09-18.jpg


C'est fébrilement que je retirerai mes crampons après ce franchissement. Pour eux comme pour mon piolet ce sera leur dernière utilisation : reste à trouver comment m'en délester pour retrouver mon poids MUL d'origine wink .


Magnifiques lacs de Molières ...
11652_2018-08-06-13-21-1_20-09-18.jpg


… et les torrents qui en descendent
11652_2018-08-06-14-46_20-09-18.jpg



La descente vers le Pla de Molières et l'Hospital de Conangles est interminable. La redescente vers la chaleur est également éprouvante, à l'image de ce que j'ai déjà ressenti hier lors de mon passage à Benasque, en pire. Je suis également frustré par l'itinéraire et le marquage du chemin, celui-ci disparaissant parfois totalement alors que la marque est présente. Il faudra attendre d'être en fond de vallée pour enfin retrouver du chemin qui déroule.

Direction Conangles
11652_2018-08-06-15-19-2_20-09-18.jpg



A Conangles j'avais un vague espoir de trouver un commerce ou une buvette comme j'avais pu en voir ailleurs, mais le lieu est totalement mort. Tous les bâtiments sont fermés / condamnés, même le point d'eau du hameau est à sec. Pour trouver quelque chose il faudrait que je descende vers le refuge, mais le détour me rebute. Il est 15h30 et si je fais ce crochet je n'irai pas plus loin aujourd'hui. Je veux surtout échapper à la chaleur et vite remonter en altitude. Me voilà donc reparti via le GR11 pour monter aux lacs d'Arrius ...


L'Escaleta de Rius, sous la chaleur
11652_2018-08-06-16-43-2_20-09-18.jpg


Très vite je commence à me demander si mon choix a été judicieux. La chaleur me scie les jambes comme je l'avais déjà ressenti les autres fois où j'étais descendu en altitude, et les 600 + mètres de dénivelé que je m'impose ainsi sont peut-être de trop … Je peine … C'est tout juste si je prends la peine de noter la transition climatique / végétale très nette et le passage du versant atlantique au versant méditerranéen des Pyrénées. Soudain, je commence à retrouver sensations et odeurs des Alpes du Sud ...

Surtout, je commence à entendre des grondements produits par les beaux choux-fleurs qui montent dans le ciel autour de moi. L'orage semble se former plus à l'Est, pile dans la direction où je marche.

Une fois (péniblement) atteint le Port de Rius, ma préoccupation est de trouver le point de bivouac qui me permettra de me protéger de l'orage d'une part, mais également pourvu en eau courante (je n'utilise l'eau des lacs qu'en dernier ressort, car ils concentrent et accumulent tout ce que les torrents peuvent y charrier). Malheureusement les points favorables s'avèrent inexistants et je me vois contraint de prolonger ma marche. Le long des lacs je pensais trouver des chemins plats et faciles, mais ils sont en fait très irréguliers et plutôt fatigants.


droit vers l'orage
11652_2018-08-06-17-46_20-09-18.jpg


restons confiants ...
11652_2018-08-06-18-09_20-09-18.jpg


La vue en longeant les lacs d'Arrius et de Tort d'Arrius est très belle, mais pour la première fois de cette traversée je ressens des conditions d'aridité. Le niveau des lacs est bas et la fonte des neiges de ce côté-ci des lacs est terminée, faisant que je traverse une longue portion de petits lacs asséchés sans le moindre cours d'eau. Ce n'est que vers l'extrémité du lac Tort d'Arrius que je vais croiser un filet d'eau : en le remontant je finirai par trouver sa source, sur une belle pelouse dans un enclos de rochers. Après cette longue journée cela fera un très beau bivouac. L'orage s'est finalement décalé vers l'Est, et ne sera pas pour moi ce soir.


home for tonight
11652_2018-08-06-20-18_20-09-18.jpg



Itinéraire :
11652_j20_20-09-18.jpg

Progression :
11652_j20-global_20-09-18.jpg

Profil :
11652_j20-profil_20-09-18.jpg

Total 21 km - Marche 9h09


Ce que j'ai aimé : la vue exceptionnelle à 360° depuis le Tuc de Molières, mon bel enclos de bivouac au lac Tort d'Arrius …

Ce que j'ai regretté : une trop longue marche dans la chaleur de l'après-midi

Si c'était à refaire : je me poserai au refuge de Conangles

Le matériel :
- piolet et crampons sont désormais inutiles sur la suite de la traversée. Mon itinéraire ne me permet pas de m'en délester avant de passer à l'Hospitalet près l'Andorre ...
- l'usure des chaussures (déchirures du tissu) est préoccupante. Je n'ai plus aucune étanchéité et je ne sais pas à quel moment les déchirures "superficielles" du tissu extérieur vont devenir rédhibitoires. Je sens que mes pieds sont moins bien tenus et se "baladent" de plus en plus.

Le bonhomme : je suis content de ne pas avoir cédé à ma pulsion d'éviter l'obstacle du Col de Molières, mais maintenant que tout ce qui m'apparaissait comme les plus grosses difficultés est derrière moi après 3 semaines, je n'ai plus la perspective que de dérouler des kilomètres pendant peut-être encore 2 semaines. Comment rester motivé maintenant que le plus dur est fait ?

Vidéo J20

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Dernière modification par Hervé27 (13-11-2019 09:23:00)


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#137 20-09-2018 20:17:19

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Salut Hervé ! smile

Ah enfin la suite, je commençais à m'impatienter ! big_smile

J'ai remarqué en suivant le tracé que tu as donné à Shanx pour lui filer des billes qu'openstreetmap écorchait certains noms, c'est le cas pour les lacs de Rius qu'openstreetmap appelle à tort Arius me faisant penser au joli lac d'Arious que tu as croisé précédemment juste avant le passage d'Orteig.
L'IGN le fait aussi parfois et cela fait maintenant partie des "mystères" de la toponymie, demande à scal par exemple pour la plaine de Darbounouse où est passé le camp itinérant de cet été.

Une autre chose étrange de ce lac de Rius, c'est que l'on peut observer qu'il a deux déversoirs, ta recherche de l'eau m'y a fait pensé. Ce qui est amusant c'est que ces deux déversoirs vont l'un vers l'Atlantique et l'autre vers la Méditerrannée, il est pour ainsi dire placé sur la ligne de partage des eaux. C'est une curiosité géographique d'une partie du Val d'Aran, due au fait que c'est la seule partie espagnole des Pyrénées se "déversant" dans l'Atlantique.

Hervé27 a écrit :

Le bonhomme : je suis content de ne pas avoir cédé à ma pulsion d'éviter l'obstacle du Col de Molières, mais maintenant que tout ce qui m'apparaissait comme les plus grosses difficultés est derrière moi après 3 semaines, je n'ai plus la perspective que de dérouler des kilomètres pendant peut-être encore 2 semaines. Comment rester motivé maintenant que le plus dur est fait ?

Ce sentiment peut-être car tu ne savais pas encore à quoi ressemblait la suite ? wink  cool


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

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#138 21-09-2018 13:43:49

Cékoua
Membre
Lieu : Pas de Calais
Inscription : 11-09-2015

Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Salut Hervé !

Ces photos-ci sont magnifiques, surtout le "reflet du Tuc Blanc de Pomera et de la Penanera", ainsi que les ciels orageux.
Merci !

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#139 21-09-2018 14:41:27

martie
Membre
Inscription : 04-03-2011

Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Merci pour ce retour tout en détail de tes aventures pyrénéennes... Belles photos...

Et bravo pour ce périple !...

A suivre donc  puisque le feuilleton n'est pas fini!

cordialement

martie

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#140 21-09-2018 14:57:21

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Shanx a écrit :

Je lis ce CR avec attention (tu te doutes pourquoi big_smile ).
Tu pourrais résumer tes ravitos et ce que tu en as pensé stp ? smile
Autre question : quelle solution tu avais pour l'orientation. Un GPS ?

Pardon Shanx pour mon retour tardif, je reviens de Ténérife et n'avais retenu que les échanges sur mes problèmes de téléphone. Tu dois être en pleine traversée à l'heure qu'il est, je ne sais pas si tu seras en mesure de trouver ma réponse ...


En matière de ravitaillement j'ai procédé comme suit :

Mon menu "de fond de sac"  : composé de noix et fruits secs (grignotage en journée), barres de céréales, semoule complète, soupes, huile d'olive, pour 4 à 5 jours d'autonomie complète (600 g / j x 4 ou 5), prolongée par des arrêts "caloriques" : refuges, restaurants, épiceries, supérettes etc.

Ce menu de "fond de sac" n'est pas toujours évident à reconstituer dans les petits commerces et c'est ma famille qui m'a permis de le recompléter jusqu'en fin de 2ème semaine.

Voici les ravitaillements /arrêts bouffe que j'ai pratiqué :

- dans les boulangeries d'Hendaye
- déjeuner omelette / café à Lizarrieta pour € 5
- dîner à Urdazubi où se trouve un bon restaurant
- épicerie des Aldudes (petite épicerie de village, mais raisonnablement bien achalandée) + déjeuner au restaurant en haut du village
- très bonne épicerie de Lescun qui fait aussi restauration, ainsi que le gîte en face + ma famille qui m'a rejoint et ramené de quoi recompléter le fond de sac
- refuge d'Arlet, dîner typique de refuge, mais qui faisait un peu "usine" ce soir-là en raison d'un important groupe d'Espagnols
- à Candanchu 2 supermercados disponibles + restaurants (+ famille et recomplément du fond de sac). A privilégier par rapport au Somport …
- déjeuner refuge d'Arrémoulit : omelette pour € 6
- refuge des Oulettes de Gaube : bon dîner abondant et bonne ambiance, l'équipe offre l'apéro …
- Gavarnie : multiples commerces et restaurants (je te recommande "Le Mourgat" : simple, bon, pas cher et roboratif ... spécialités burgers et pizzas, et ne pas oublier la carte des desserts)
- Parzan : supermercado récent bien achalandé pour les randonneurs, en plus des commerces autour de la station service
- dîner refuge du Portillon : bon dîner (d'autant plus que nous étions 4 à une table de 6 servie pour 8 ...)
- Hospital de Benasque : vaste restaurant à touristes. Cher et franchement pas abondant pour un estomac affamé.
- Vielha : gros bourg de montagne où je me suis arrêté 24h. Tous les commerces imaginables à disposition. Pas désagréable même si très touristique.
-( Alos d'Isil : pas vu de commerce, mais le sac était plein à craquer après Vielha)
- dîner Refuge de Certascan
- Coma d'Arc (Andorre) : grosse cafétéria / restaurant immanquable avec petit ravitaillement snacks. J'y ai fait un gros petit déjeuner tardif.
- collation de 16h au refuge de Sorteny (belle quiche lorraine !) + dîner dans la foulée.
- L'Hospitalet près l'Andorre : grosse boulangerie-pâtisserie à l'entrée du village avec des tables intérieures et extérieures permettant de consommer sur place. Snacks, pizzas, boissons etc. permettant d'y prendre un vrai repas. L'épicerie n'offre pas beaucoup de choix mais a le mérite d'exister, surtout qu'avec Bolquère à 1 ou 2 j de marche on n'a pas besoin d'un gros ravitaillement.
- Bolquère : hypermarché dans la partie haute de la station (j'y ai trouvé tout ce dont j'avais besoin) + supérette dans le vieux village. Biocoop en face de l'hypermarché, mais fermée quand j'y suis passé (le 15 août …). Dommage, j'aurai aimé y renouveler mes fruits secs et semoule complète …
- Eyne : restaurant / bar agréable pour une pause déjeuner ou collation de 16h00
- déjeuner + dîner + petit-déjeuner au refuge de Batère (coincé pour cause d'orage) : très sympa, ne pas manquer le bassin d'eau chauffée à l'énergie solaire
- Amélie les Bains : tous commerces
- Le Perthus : surabondance de commerce, mais paradoxalement difficile de trouver des produits frais ou spécifiques rando, car saturation par offre alcool / tabacs. A fuir.

Si tu t'arrêtes le dernier soir au refuge Tomy, 2 caisses plastiques sont remplies de pâtes, semoule, soupes etc. laissés là par HRPistes et GRdistes en fin de traversée.

Tous les refuges proposaient des snacks (chips, barres chocolatées ...) mais pour ~2 - 2.5 € la pièce ... Je n'ai jamais été déçu des menus proposés pour les dîners, mais on reconnait les "bons" au fait qu'ils servent aussi un grand plat de crudités.

Sur l'espacement entre les points de ravitaillement sur mon itinéraire, aucune inquiétude / difficulté depuis Hendaye jusqu'à Parzan. De là, comme mon intention était de longer Andorre par le Nord, il me fallait tenir jusqu'à l'Hospitalet : ça aurait été beaucoup trop juste (même avec les refuges) si je ne m'étais finalement pas détourné par Vielha. Plus de problème après l'Hospitalet avec l'enchaînement des commerces de Bolquère / Amélie / Le Perthus.

En espérant que ça te sera utile ...


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#141 21-09-2018 17:58:36

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

martie a écrit :

Merci pour ce retour tout en détail de tes aventures pyrénéennes... Belles photos...

Et bravo pour ce périple !...

A suivre donc  puisque le feuilleton n'est pas fini!

cordialement

martie


Bonjour Martie et merci  smile

Et toi, as-tu pu faire ta balade pyrénéenne ? Je t'avoue qu'avec mon excès de préparation de cette année, je ne rêve plus aujourd'hui que de partir au petit bonheur par des chemins de traverse, pour avoir la joie d'aller vers les autres et de demander mon chemin  cool

Le feuilleton continue, encore 14 épisodes à rédiger / poster, sans compter les épilogues wink ...


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#142 21-09-2018 20:28:41

martie
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Bonsoir Hervé

Très belle balade en effet sur le GR10 - mais j'ai "sauté" l'Ariège pour cause de mal au genou...
Je suis allée jusqu'à Luchon - j'y suis restée une journée pour réfléchir et reposer le genou (enfin pour la journée de repos je suis montée au Port de Venasque - mais avec juste le pique-nique de la journée) - puis après moult hésitations et tergiversations j'ai pris le train et repris à Mérens pour la dernière partie...

L'Ariège sauvage, pentue et exigeante, ce sera pour une autre fois. Je retournerai en Ariège et me préparerai un p'tit circuit GR10 - HRP...

Question préparation je n'avais personnellement pas eu le temps de préparer grand-chose c'est pourquoi le GR10 me convenait très bien!

Mais c'était déjà très chouette!
bonne soirée
martie

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#143 22-09-2018 06:11:33

patou
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

Le feuilleton continue, encore 14 épisodes à rédiger / poster, sans compter les épilogues wink ...

Yes !  cool


Mul part ailleurs

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#144 22-09-2018 11:19:02

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J21 - mardi 7 août - Lac Tort de Rius - Vielha (Hôtel)

Après une nuit calme sur mon tapis de gazon, et comme à mon habitude dans cette HRP, je me remets en route relativement lentement pour un départ à 7h52. L'objectif du jour est d'avancer le plus possible avant que le temps ne tourne à l'orage (la dernière météo consultée était pessimiste pour aujourd'hui), avec plusieurs options de refuges devant moi : la Restanca, Colomers, Saboredo … et les calories qui vont avec. Ma nourriture de fond de sac n'a plus été recomplétée depuis Parzan il y a 4 jours, et sans les refuges je n'ai plus que 2, maxi 3 jours d'autonomie réelle avec moi. Je sais que je serai à un moment ou à un autre contraint de quitter mon itinéraire pour ravitailler, puisque je n'ai prévu de traverser aucun village pourvu de commerce avant l'Hospitalet près l'Andorre, pour lequel je calcule 6 jours de marche …

Si le temps ce matin est au beau, un voile de chaleur est déjà perceptible, ce qui n'augure rien de bon pour le risque d'orage de l'après-midi.

La première étape est de remonter à la Colhada deth Lac de Mar, pour un petit dénivelé de 200 m. Ce matin comme hier j'entends les troupeaux sans les voir, dispersés dans les rochers sur l'autre rive des lacs.

petits lacs en amont du Lac Tort de Rius
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On ne peut pas dire que l'ascension du col soit difficile, mais comme la veille le chemin suit un itinéraire tortueux. Au col la vue plongeante sur le Lac de Mar lisse comme un miroir est magnifique, mais est assortie d'une descente raide qui me casse les genoux (pas de douleurs, juste de la fatigue …).

En passant au bord du lac je croise un groupe de 6 personnes qui vient d'y bivouaquer : je les salue sans obtenir de réponse d'aucun d'entre eux. Je me demande à quoi je dois bien pouvoir ressembler pour susciter aussi peu d'empathie roll ...

double lever de soleil sur le Lac de Mar
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Moi qui pensais que longer les lacs serait une partie de plaisir, je suis refait : les chemins sont irréguliers, il faut sans cesse monter / descendre / zigzaguer dans les rochers, c'est vraiment fatigant et interminable. Je me prends à regretter de n'avoir pas la veille coupé direct vers le Refuge de la Restanca depuis le déversoir du Lac de Rius, j'y serai peut-être arrivé assez tôt pour le dîner ?


le long du Lac de Mar
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le long du Lac de Mar
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Amorce de la descente vers La Restanca
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Lac et refuge de la Restanca
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torrents et cascades parsèment la descente
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La descente vers le lac et le refuge de la Restanca est très belle, mais je continue de trouver le chemin fatigant et mal formé.

J'arrive au refuge à 10h15 et décide d'y marquer une pause. Malheureusement c'est l'heure du ménage et il n'y a pas d'accueil ou de possibilité de restauration avant 13h sad . Grosse déception : je n'ai pas l'intention d'y gaspiller tout ce temps, car je veux avancer avant l'orage.

Je me pose quand même sur un banc en terrasse pour y grignoter un peu de mes réserves. Ce faisant je discute avec une dame qui avait déjà fait la HRP dans le passé, aujourd'hui accompagnatrice en montagne, laquelle attend l'ouverture du refuge car ce sera son point de départ de sa rando du lendemain. Nous échangeons sur la MUL, la motivation d'être en montagne, sur l'équipement … Le fait d'échanger avec quelqu'un me permet de mettre mes idées au clair, toujours autour des mêmes thèmes :

- mes chaussures vont bientôt me lâcher et je dois les remplacer
- cela fait 7 jours en continu que je marche et j'ai besoin de repos (sans parler de lessive et de douche …)
- il faut que je ravitaille car je ne tiendrai pas jusqu'à l'Hospitalet
- je dois réexpédier crampons et piolet à la maison
- la météo est mauvaise

La conclusion qui s'impose est que je ne couperai pas à une descente en vallée et que le plus tôt sera le mieux. Je pourrai encore le faire depuis Colomers, Saboredo ou la Bonaigua, mais pas plus tard. Finalement je me dis qu'il est idiot d'attendre et de repousser cet arrêt indispensable. Des informations échangées il ressort que c'est à Vielha que j'ai le plus de chance de trouver tout ce dont j'ai besoin … et voilà que c'est décidé, je bifurque !

Au lieu de me remettre en chemin vers Colomers, je longe le barrage et descend le chemin dans le Val Arties. En cette fin de matinée le sentier est bien fréquenté à la montée par les randonneurs à la journée, cela se traduit par beaucoup de Holà ! et quelques bonjours !. Le sentier arrive à un premier parking où se trouvent quelques voitures qui y accèdent par une piste règlementée. Je sais qu'un taxi fait la navette vers les parkings principaux en contrebas mais cela ne m'intéresse pas. De fait j'attendrai ces parkings plus vite que la rotation du taxi que je croiserai dans ma descente.

Il va être 11h30 et je me doute que ce ne sera pas la bonne heure pour faire du stop, car ce n'est pas encore l'heure du retour pour les randonneurs à la journée. Néanmoins à l'instant même où j'arrive au parking je vois une voiture qui démarre et je tend instantanément le pouce : la vitre se baisse, la porte s'ouvre et me voilà en voiture avec un couple de français. Ils venaient eux-mêmes de se faire déposer en stop et récupèrent leur voiture après un grand circuit dans le massif. N'ayant eux-mêmes pas d'idée précise de leur programme de la journée, ils décident de me déposer directement à Vielha, ce qui leur permettra d'avoir tout le choix pour leur déjeuner. Après moult remerciements de ma part, ils me déposeront à 12h00 pile devant l'Intersport, d'où je ressortirai 20 mn plus tard avec une paire de chaussures neuves smile ! Il n'y a pas 2 heures j'étais encore au Refuge de la Restanca et je n'avais pas encore pris la décision de descendre. Plutôt efficace ...

Me voilà donc à 12h30 en centre-ville, mon gros problème de chaussures résolu et encore une longue journée devant moi m'offrant plein de possibilités. Je m'enquière d'abord de l'emplacement de la Poste pour pouvoir me délester de mes crampons et piolets. Comme elle doit fermer à 14h30 j'en fais une priorité et me présente au guichet avec mes 600 g excédentaires … mais la  guichetière (très gentille et surtout francophone, ouf !) m'explique qu'il faudrait que j'emballe le tout avec mes propres moyens, car les dimensions de cartons qu'elle peut me proposer sont soit trop petites, soit beaucoup trop grandes … Je réfléchis un peu à la question et je me dis que le mieux à faire est d'opérer mon ravitaillement dans une supérette, d'y récupérer un carton quelconque et d'en faire un emballage. Demi-tour en vitesse, il faut boucler l'opération avant 14h30 !

J'aurai aimé photographier la scène où, installé sur un banc avec tous mes achats, je découpe un carton avec mon Opinel n°3 aux dimensions de mon piolet lol . Bref je suis dans les temps pour me représenter au guichet, et me voilà enfin délesté ! Il est temps de m'installer à la terrasse d'une pizzeria, d'où je vais pouvoir réserver par internet une petite (très petite …) chambre d'hôtel pas cher en centre-ville pour ce soir. En attendant d'aller prendre ladite chambre, je peux prendre le temps de me rassasier …

Si je profite bien de mon temps durant ce repas, je peux aussi constater que le ciel se couvre, que le vent se lève et que des grondements se font entendre dans la montagne. J'aurai juste le temps de retraverser le centre-ville pour me rendre à mon hôtel, avant que les écluses du ciel ne s'ouvrent et déversent leurs flots.

Ma chambre est toute petite et sous les combles, mais m'offre tout le confort : j'ai même une baignoire dans laquelle je m'immerge aussitôt, bercé par l'orage qui tambourine sur les vélux cool . A 1 jour près, je renouvelle à pile 1 an d'écart mon arrêt à Briançon lors de ma traversée des Alpes, parfaitement calé sur la journée de plus mauvais temps de la traversée. De fait l'orage durera jusque dans la nuit … Je ressortirai en soirée et entre deux averses pour aller m'attabler, mais passerait l'essentiel de ma fin d'après-midi à faire ma lessive et à reconditionner mes achats alimentaires.

Mon plan pour demain est d'attraper à 10h30 un bus pour rejoindre le Port de la Bonaigua. J'aurai court-circuité une étape de ma HRP, mais au vu de la météo d'aujourd'hui et des jours suivants, ce n'était pas un mauvais choix.


Itinéraire (la portion de route via Arties et jusqu'à Vielha sera faite en stop):
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Progression :
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Profil :
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TOTAL :  11 km - Marche 3h30


Ce que j'ai aimé : prendre du repos ! J'en avais besoin, autant physiquement que moralement. Je suis reparti de Vielha regonflé à bloc, tout mon début de lassitude effacé.

Ce que j'ai regretté : avoir sauté une étape, mais c'était la bonne décision

Si c'était à refaire : il eut fallu repenser l'itinéraire pour prévoir un ravitaillement intermédiaire entre Parzan et l'Hospitalet

Le matériel :

- ce matin en secouant ma toile de tente pour la débarrasser de sa condensation, j'ai sans doute perdu le petit bout de cordelette et son crochet permettant de tendre la toile intérieure en la solidarisant avec un hauban. Pas bien grave en soi car n'importe quel bout de ficelle fait l'affaire (on peut même se passer de cette tension supplémentaire), mais c'est toujours agaçant de perdre une pièce d'origine …

- les chaussures :
Les photos illustrent l'état à mon arrivée à Vielha. Il n'aurait pas été possible de faire encore 300 km. J'avais peut-être déjà marché 100 km avec avant les Pyrénées, elles ont donc atteint cet état à ~600 km "seulement". Ma précédente paire du même modèle présente le même aspect mais à presque 1 000 km. C'est dire si les Pyrénées sont abrasives … Les principaux points de faiblesses auront été : début de décollement de l'avant et de quelques portions du dessous de la semelle, déchirure latérale du mesh à droite comme à gauche sur les deux chaussures. Si l'Intersport de Vielha proposait bien le même modèle, il n'y avait pas ma taille. Après plusieurs essais, j'ai trouvé un autre modèle Merrell assez confortable et d'aspect solide et ait opté pour celui-ci. Mon idée est alors de conserver l'ancien modèle quelques jours, pour pouvoir alterner avec la nouvelle paire le temps qu'elle se fasse. Ce ne sera pas nécessaire (je jetterai la vieille paire dès le lendemain en quittant Vielha), le confort sera immédiat et je ne regrette vraiment pas cet achat, dont je vais essayer de retrouver une paire d'avance.

Merrell Moab FST à 600 km
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Merrell All Out Blaze 2 neuves
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Vidéo J21

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Dernière modification par Hervé27 (16-11-2019 22:58:59)


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#145 25-09-2018 11:32:32

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J22 - mercredi 8 août - Port de la Bonaigua - Cabane d'Airoto

Pour aujourd'hui et renseignements pris, un bus part à 10h30 de Vielha et peut me déposer au Port de la Bonaigua. Si cela me fait définitivement court-circuiter l'étape Restanca - Bonaigua, cela me permet de reprendre l'itinéraire sans que l'arrêt à Vielha pèse trop lourd sur l'arrivée finale. A force de journées écourtées et de détours, mon arrivée jusqu'ici projetée entre 15 et 18 août dérive maintenant au-delà du 20 août si je n'accélère pas le rythme … Or le 20 août est la date limite d'arrivée que je me suis fixé pour des raisons professionnelles.

Après le gros et long orage de la veille (de 15h00 à minuit), la météo est également donnée à l'orage, avec un risque modéré dans l'après-midi et fort en soirée. Avec un départ tardif d'une part, cette mauvaise météo en soirée d'autre part, ce n'est pas encore aujourd'hui que je vais pouvoir accélérer la cadence.

Au matin je constate que lors de l'essorage de ma lessive j'ai "explosé" le zip de mon T-shirt, et malgré mes efforts je ne parviens pas à le remettre en place. L'idée de poursuivre la traversée avec le poitrail à l'air ne me plait pas particulièrement, et comme j'ai le temps d'aller chercher mon bus, je retourne en ville pour remplacer mon T-Shirt : j'en reprends un sans zip …

En quittant l'hôtel je remet à la gérante ma bouteille d'alcool à peine entamée, ça lui fera toujours de l'usage …

Après avoir marché avec l'après-midi et la soirée d'hier, j'estime que je vais pouvoir / devoir faire avec mes nouvelles chaussures : les anciennes sont déposées au matin dans une poubelle de rue, adios !

Le plein alimentaire est fait, avec fruits et légumes à consommer en premier avant de revenir au "fond de sac". J'ai à nouveau 5 confortables journées de visibilité alimentaire devant moi.

Le bus de 10h30 se fera largement attendre, et ce n'est qu'après en avoir vu passer 4 ou 5 autres avec différentes provenances / destinations que le mien se présentera enfin. Cela me laissera le temps de discuter avec 2 GRdistes allemands semi-MULs (poids de base 6,5 kg, soit mon poids alpin de l'an dernier). Il y a un peu d'anarchie lors de la montée dans le bus, le conducteur courant dans tous les sens pour répondre à de multiples sollicitations, mais bon me voilà assis sans que j'ai pu lui montrer mon billet acheté la veille. Pas certain qu'il s'arrête "automatiquement" au Port de la Bonaigua, j'aurai le bon sens de me manifester à temps pour me faire déposer, à 12h00 pile, avec l'aide d'autres passagers qui sauront transmettre au chauffeur ma demande dans la bonne langue.


Port de la Bonaigua
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Le temps est déjà couvert, plus brumeux qu'orageux, mais je me prépare malgré tout à des conditions humides et fraîches et j'enfile ma veste de pluie. Le téléphone réintègre sa protection étanche wink (ça explique certaines photos "floutées" pour cette épisode). Comme toute station de ski en été, le Port de la Bonaigua ne m'intéresse absolument pas et je veux fuir les lieux au plus vite.

Depuis le col on s'élève rapidement mais le chemin est bon et plus du tout "chaotique" comme j'ai pu en connaître les jours précédents. Cela rend la navigation pédestre très agréable et me permet de prendre un rythme régulier. Guère de vue sur mon environnement, car la brume devient vite omniprésente : il faut saisir les instants où les lacs et chevaux apparaissent entre deux voiles de brouillard.


"pozzine" sous le Coll de l'Estany Pudo
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Passé le Coll de l'Estany Pudo, le chemin reste à flanc au-dessus du lac pour rejoindre un collet, avant de descendre vers le lac de Garrabea. Par une autre météo, les différents lacs rencontrés m'auraient fortement incité à la baignade et à la fainéantise …


Estany Pudo depuis le col
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Estany Pudo sous un autre angle, juste avant le collet menant vers Garrabea
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Petit lac sans nom (?) au-dessus de l'Estany Pudo
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Petit lac sans nom (?) au-dessus du Lac de Garrabea
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A la descente vers le Lac de Garrabea
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Jusqu'au Lac de Garrabea le chemin est relativement bien formé et facile à suivre. Là, les choses se compliquent : il faut longer la rive du lac dans une alternance de morceaux de sentiers, de blocs et de rhododendrons, mais rien encore de bien méchant. Au niveau du déversoir, là où d'après OpenTopo je devrais avoir un sentier partant sur la gauche du torrent, je ne trouve rien et continue tout droit. Je reviens en arrière, tâtonne … Un couple de français installé au bord du lac me dit que le chemin est à 200 m, mais j'en viens … Nouveau retour en arrière et, effectivement, j'aperçois un (petit) cairn mais pas de chemin à proprement parler.

Je décide de suivre scrupuleusement ma trace GPS (ça m'avait plutôt bien réussi sur les crêtes et la brume du Pays Basque), et j'arrive sur une petite crête que je dois redescendre, mais par où entre les à-pics rocheux ? Si parfois je vois un cairn, le suivant est hors de vue / introuvable / inexistant. Je trouve un couloir me semblant être une descente plus évidente que les autres, et effectivement je trouverais un cairn … après l'avoir descendu. De là ma trace me dit de rester à flanc dans le vallon pour rejoindre / traverser le torrent et poursuivre de l'autre côté. Je m'y applique, mais sans aucun chemin ni cairn pour me guider : je m'efforce de rester sur la trace OpenTopo, à travers les rhododendrons et les myrtilles tongue d'un côté du vallon, dans les grands blocs d'éboulis de l'autre côté.

Cette section dans le vallon de l'Orri étant éminemment "paumatoire", j'admire ceux qui s'y engagent sans GPS et avec la seule confiance dans leur lecture des courbes de niveaux …


regard en arrière sur le vallon de l'Orri : tout à l'azimut !
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Passé une nouvelle petite crête et dans un vallon plus ouvert et moins rocheux, en guise de chemin / trace je suis une élusive ligne d'herbe jaunie qui semble avoir été plus piétinée que le reste. Elle me mène à l'Estany Superior dell Rosary. En même temps, la brume semble se lever et je bénéficie d'un temps plus ensoleillé. J'hésite quelques instants à aller me baigner dans le lac, mais je fais le choix d'avancer. J'aperçois vite les lacs d'Airoto et le refuge, où j'ai l'intention de marquer une bonne pause avant d'aviser sur la suite de ma journée.


Estany Superior dell Rosary dans son vallon
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Lacs d'Airoto et refuge tout orange pétant
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Lorsque je m'approche du refuge je constate qu'il y a du monde à la grande table située à l'extérieur. Lorsque je m'approche j'entends que tout ce monde parle français. A les entendre ils viennent visiblement de décider de passer la nuit ici, ce qui pour moi est bien tôt car il n'est que 16h00.

Il s'agit de 2 groupes de 3 :
- les jeunes (Nolwenn, Jean-Baptiste, Alexandre) au 1er jour d'une semaine jusqu'à Bagnères de Luchon
- les jeunes retraités (Jean-Marc, Michel, Didier) sur une HRP Banyuls-Hendaye par sections réalisée à raison de 12 j par mois de juin à septembre (mais leur session de juin a été écourtée au 3ème jour dès l'abord du Canigou, en pleine tempête de neige …). Si mon souvenir est bon, leur session actuelle devait les mener à Gavarnie.

Marchant en sens contraires, nous échangerons sur nos futurs itinéraires respectifs. Jean-Marc fera notamment une copie d'écran de ma trace GPS pour la section paumatoire du Vallon d'Orri qu'ils devront traverser demain matin.

Nous sympathisons bien et au final je me dis qu'il sera plus agréable de passer la soirée ici sous le toit de ce très bon abri, plutôt que de risquer les éléments à essayer de me rapprocher dès ce soir d'Alos d'Isil. En effet, le temps de ma pause déjeuner tardif / café et de la discussion, le temps s'est à nouveau couvert et le refuge est dans la brume.

Dans le jeu de cache-cache entre brume et soleil, quelques gouttes de pluie se mettent de la partie, compliquant un peu plus les lessives et les toilettes de chat à la fontaine du refuge. Le temps frais et humide nous contraindra à prendre nos dîners sur la grande table intérieure, ce sera bien sympa smile  ! A l'extérieur on entendra quelques grondements et parfois l'illusion diffuse d'un éclair, mais rien à voir avec les orages violents d'hier à Vielha.

A 7 dans le refuge nous étions bien installés, à 5 sur l'estrade de couchage et 2 sur les côtés de l'abri. En se serrant un peu sur l'estrade et en faisant de la place en poussant la table, on doit pouvoir coucher à 9 ou 10.


Refuge d'Airoto
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on a connu des ambiances plus rieuses
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Itinéraire :
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Progression :
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Profil :
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Total  10 km - Marche 3h41

Ce que j'ai aimé : enfin du chemin régulier (du moins jusqu'au Lac de Garrabea) et une sympathique compagnie après 8 jours solitaires

Ce que j'ai regretté : une météo peu propice à la baignade, ne pas avoir plus profité des myrtilles ...

Si c'était à refaire : baignade à l'Estany Superior dell Rosary tant qu'il y avait du soleil !

Le matériel :mis à part quelques ajustements de serrage des lacets, mes nouvelles chaussures me vont parfaitement. Au contraire des précédentes, il y a très peu besoin de les serrer, et mon laçage sera de plus en plus relâché au fil des jours.

le bonhomme : après 2 petites journées de marche et un bon temps d'arrêt à Vielha, je suis en pleine forme. Par contre je ne peux pas continuer ainsi avec des journées écourtées si je veux terminer cette traversée dans le temps que je me suis imparti ... Il va falloir que je force l'allure ou que je prenne des raccourcis. Ceci étant dit, la météo n'aide pas, et ce que j'ai capté plus tôt dans la journée sur mon téléphone n'était pas optimiste pour le lendemain ... (pas de réseau à Airoto proprement dit).



Vidéo J22

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Dernière modification par Hervé27 (16-11-2019 23:00:29)


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#146 26-09-2018 12:11:00

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J23 - jeudi 9 août - Refuge Airoto - Refuge Enric Pujol

Si l'orage s'est fait entendre dans le lointain pendant la nuit, cela n'a pas été le feu d'artifice que pouvait laisser craindre la dernière météo consultée. Réveillé assez tôt, je traîne encore un peu dans mon duvet car je ne veux pas forcer le réveil de mes 6 camarades de la nuit. Eternelle question de l'auto-désignation du vilain petit canard qui va être le premier à faire du bruit … Finalement Jean-Marc se lance et me libère de mon dilemme.

Ce matin est dans la brume (on reprend les photos d'hier soir et on recommence). Difficile de dire comment cela va pouvoir évoluer, ou d'estimer l'épaisseur nuageuse au-dessus de ma tête. Il faut pourtant bien se décider à bouger et ce n'est qu'à 8h40 que je me mettrais en chemin avec la veste de pluie, au cas où …

Je salue les 2 trinômes qui vont affronter la section paumatoire du vallon de l'Orri sous la brume (bon courage !), tandis que pour rejoindre Alos d'Isil je prends seul la direction du Col del Clot de Moredo (petit D+ de 250 m). Je patauge un poil pour prendre le bon itinéraire, vite remis en chemin par des randonneurs qui arrivent en sens contraire à Airoto.

Assez vite je perçois que l'ambiance n'est pas qu'à la brume, et des grondements d'orage se font entendre.


ça gronde ...
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Coll del Clot de Moredo
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Petit lac en contrebas du col
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Passé le Col les grondements se font plus forts, signe que l'orage se rapproche. Je suis très mal à l'aise car la zone est rocheuse, évidemment dénudée à cette altitude et je me trouve totalement à découvert. Ma seule préoccupation est de descendre le plus vite possible. Dans cette course de vitesse c'est l'orage qui prend le dessus et voici que je prends une pluie bien drue accompagnée d'une petite grêle. Sans aucun abri possible j'ai continué à marcher, de crainte que l'activité électrique (encore faible) ne se déchaîne.

La douche a été intense mais au final d'assez courte durée. Une pluie plus faible persistera, mais l'orage proprement dit est passé à côté. Ce fut en tout cas une bonne saucée ! J'ai une pensée pour mes compagnons du refuge d'Airoto qui marchent vers la Bonaigua "à l'azimut" : pour ma part j'ai au moins pour l'instant un chemin bien visible à suivre.


Regard en arrière vers ce que je viens de descendre dans l'orage ...
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La suite de la descente vers Alos d'Isil me verra de nouveau pester contre les chemins espagnols. L'itinéraire est théoriquement balisé par une marque jaune, mais visiblement il n'y a pas eu d'entretien de ce chemin depuis de très longues années. Entre les parties qui sont envahies par la végétation, les passages incertains en bord de torrent avec de fortes pentes, les zones où tout chemin a disparu ... je suis en permanence à vérifier mon GPS, à m'interroger sur la direction à prendre, à manœuvrer pour remonter / redescendre un obstacle qu'il eut fallu contourner etc. La descente vers Alos d'Isil me semble interminable !

A mon arrivée dans le village je n'ai pas fini de sécher après l'orage, mes jambes sont couvertes d'égratignures et mes chaussures (neuves) bien détrempées … Je profite d'un banc et de ce que le temps s'améliore pour me requinquer un peu, tandis qu'au-dessus de moi un groupe de randonneurs espagnols descend de ses mini-bus pour se mettre en chemin.

Le sac bien rempli de mes achats de Vielha, je ne prends pas le temps de rechercher si il y a le moindre commerce dans ce petit village. En tout cas je n'en aperçois aucun dans ma traversée du bourg. Si j'avais voulu ravitailler, il m'aurait certainement fallu passer par Isil, plus bas dans la vallée : ça aurait sans doute été par un chemin plus direct / facile (?).


Clocher d'Alos d'Isil
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Il est 11h30 quand je me remets en chemin, avec devant moi le long vallon de Comamala à remonter vers une succession de cols, le plus haut étant le Col de Calberante à 2 607 m (D+ 1 350 m depuis Alos d'Isil). Un petit bout de route goudronnée (très peu fréquentée) à prendre le long du torrent, mais agréable au soleil qui me permet de sécher un peu.


Le vallon de Comamala part sur la droite
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Je prends la piste qui traverse le torrent et remonte en lacets en direction de quelques granges à flanc de coteau. Si OpenTopo indique un chemin qui permettrait de couper la piste, je n'en trouve aucune trace. A l'approche des granges, je trouve une barrière cadenassée en travers de la piste, renforcée sur les côtés par des empilements de pierres : on ne veut visiblement pas que véhicules ou piétons passent par là … Je redescends pour retrouver l'itinéraire OpenTopo déjà recherché en vain : peine perdue, il n'y a rien, sinon d'autres clôtures à franchir. Tant pis pour le droit de propriété, je reviens sur la piste et escalade la barrière pour passer au milieu des granges et rattraper enfin le sentier. Je ne vois personne mais les bouses fraiches indiquent que les granges sont toujours bien en usage pour les vaches dispersées dans l'alpage.


il suffit de passer le pont ...
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l'alpage défendu
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Les regards en arrière (cf photo) montrent que les crêtes dont je suis descendu ce matin sont toujours bien prises dans le plafond nuageux, lequel s'est déjà resserré et redevient menaçant. L'objectif du jour devient de pousser le plus loin possible sans se laisser prendre par l'orage : raté pour ce matin, qu'en sera-t-il cet après-midi ?

A partir des granges le chemin monte assez directement en restant le plus clair du temps bien au-dessus du torrent. Il n'est pour une fois pas trop mauvais et je peux enfin attraper un bon rythme et avaler du dénivelé.


Ici et là je croise les vaches égaillées dans le vallon
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Je marque une petite pause à mi-pente, le temps de déchausser et aérer mes panards, ainsi que de reprendre de l'eau au torrent après avoir laissé les vaches en-dessous de moi. La météo est incertaine donc je ne traîne pas trop, je voudrais passer le Col de Calberante avant que l'orage ne revienne. Sans réseau, je ne peux pas reprendre une météo et ne peux me fier qu'à ce que je vois, et ce n'est pas rassurant.

temps instable devant moi (vue vers le Pic de la Tartera à gauche?)
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En chemin vers le Coll de la Cornella j'atteins un replat en contrebas avec un petit lac, où je trouve un HRPiste français Est-Ouest en pleine pause. Nous discutons sympathiquement une bonne 1/2 h sur les sujets habituels : la météo, le sac, le poids wink … Lui-même a galéré pour arriver ici depuis les Lacs de la Tartera, se trompant visiblement de col et obligé d'y aller à l'azimut, sans chemin ni cairns … Je redouble d'attention pour trouver le (bon) chemin dans l'autre sens. Le temps de notre discussion, le temps s'est à nouveau couvert, et je reprendrai la pluie avant d'atteindre le col. Ce sera heureusement moins violent que ce matin.

Juste avant cette nouvelle averse, je croiserai coup sur coup deux autres HRPistes, dont un sans tente ni duvet, à qui j'indiquerai le Refuge del Fornet comme étape raisonnable pour ce soir.


en chemin vers le Coll de la Cornella, vue en arrière vers le petit lac
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Un bouquetin sous le Coll de la Cornella
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dernier regard en arrière avant le col
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Arrivé au col je constate que la descente est bien raide (mais faisable), et je comprends que dans l'autre sens mon interlocuteur de tout à l'heure a pu se dire que ça ne pouvait pas être son itinéraire … Il n'y a pourtant que 100 m de D-, à partir desquels le dénivelé est très modeste pour atteindre le col Curios puis ensuite celui de Calberante. Les paysages jouent à cache-cache avec la brume, il faut saisir les instants en espérant que la formation de l'orage ne s'emballe pas ...


descente plongeante vers les lacs de la Tartera
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vue du col Curios vers le col de Calberante, Estany Calberante en contrebas
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Il est 16h45 quand j'atteins le Col de Calberante, tandis que la météo se maintient. Je vise désormais de dormir au Refuge Enric Pujol, même si la lumière du jour me permettrait de marcher plus longtemps et sachant que je ne suis pas parti très tôt ce matin. Reste tout de même à descendre jusqu'au dit refuge, certes sur un très beau parcours, mais dont les rochers peuvent s'avérer bien glissants avec ce temps humide et mes nouvelles chaussures, que je trouve un peu moins adhérentes que les précédentes par temps mouillé.


du Col de Calberante, l'Estany Major de la Gallina
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du même point, vue vers le Pic de Ventolau (2851 m)
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vue en arrière sur le Col de Calberante à la descente (je ne me souvenais plus du névé, c'est qu'il n'a pas du être un problème wink )
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les 3 autres lacs de la Gallina, et le refuge Enric Pujol en vue
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un temps de grenouille
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La dernière approche du refuge peut être un peu surprenante, car il faut franchir le déversoir du lac dans un goulet tandis le niveau de l'eau est élevé. Je m'attendais à trouver une passerelle ou un gué bien aménagé, mais non. Il faut faire un petit pas de désescalade, se mouiller un peu les pieds (selon le degré d'étanchéité des chaussures) … J'ai aussi du lancer mes bâtons vers le chemin de l'autre côté pour me libérer les mains. Mais bon, j'ai fini par passer après quelques craintes au premier regard.


Une fois au refuge, je suis tout surpris d'y trouver 4 personnes dans leurs duvets avec l'impression de les réveiller au milieu de la nuit … et il n'est pas 18h00. Il s'agit de 2 couples : l'un d'Espagnols sur une HRP Est-Ouest, l'autre de belges (flamands) en ouest-est. Après une première nuit passée ici et sous une météo exécrable aujourd'hui, ils n'ont pas bougé de la journée et se préparent à une deuxième nuit sur place. Nos discussions de ce soir se feront dans un joyeux mélange d'anglais, espagnol, français, les uns traduisant pour les autres … Mes deux amis belges (Koen et Kathlyn) me donneront le tournis, tant ils passent avec aisance du Flamand à l'Espagnol, au Français ou à l'Anglais. Allant dans le même sens, nous marcherons demain ensemble. Ils sont sur une HRP "tranquille", s'étant donnés 45 jours.

Avec une dernière météo prise la veille à Vielha, c'est quand même moi qui dispose des nouvelles les plus fraîches. Temps annoncé alors avec toujours une tendance à l'orage.


Refuge Enric Pujol
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la vue pour ce soir
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Itinéraire :
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Progression :
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Profil :
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Total 20 km - Marche 7h59


Ce que j'ai aimé : malgré pluie, orage, brume, fraîcheur … j'ai beaucoup aimé les vues dans cette ambiance. Une autre fois peut-être je reviendrai pour avoir une vue sur les sommets et les crêtes … et me baigner dans l'un ou l'autre de ces lacs

Ce que j'ai regretté : étant parti tard d'Airoto, je n'ai marqué que de courtes pauses, de surcroît peu motivé par un temps frais et venteux. Cela m'aura tout de même permis de marcher 8h00.

Si c'était à refaire : comme souvent dans cette traversée, partir plus tôt eut été préférable

Le matériel : ma veste de pluie a encore une fois bien rempli son office, ainsi que le KS Imo Pack bien étanche

Le bonhomme : RAS


Vidéo J23

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Dernière modification par Hervé27 (16-11-2019 23:01:41)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#147 26-09-2018 19:19:44

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J24 - vendredi 10 août - Refuge Enric Pujol - Refuge Certascan (bivouac)


L'heure de démarrage se matin se cale à 8h00. Le temps est encore couvert et brumeux, d'après la dernière météo prise il y a 2 jours, l'après-midi sera orageux.

Je descends en trio avec Koen et Kathlyn, qui certes marchent plus lentement / tranquillement que moi car plus proches du mode mulet (sans excès), mais nous ous trouvons de nombreux sujets de conversation qui rendent très agréable notre petite marche. L'un et l'autre ont la chance, encore plus que pour moi, d'être suffisamment libres de leur temps pour barouder ainsi à travers le monde, y passant plusieurs mois par an. Pour cette HRP leur mode opératoire leur permet d'être suffisamment autonomes pour le couchage avec tente et duvet, mais pour l'alimentation ils se limitent à une autonomie courte et ont pour politique de s'arrêter à chaque refuge / village.

Pour aujourd'hui nous n'avons ni les uns ni les autres d'idée précise sur la destination finale. Tout ce que je sais est que je veux me rapprocher le plus possible de l'Andorre avant que la météo ne se dégrade, pour y entrer si possible dès demain soir.


Nous entamons la descente dans la brume, mais le temps se maintient et le soleil fera même sa réapparition vers le bas du vallon de Mollas.


Les torrents sont chargés
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A mi-chemin de la descente, nous découvrons une cabane ouverte qui n'est pas sur ma carte OpenTopo, ni citée sur le site Cabanes des Pyrénées (on la voit en photo satellite proche de la zone humide signalée sur OpenTopo). Nous y croisons un couple de HRPistes anglais qui viennent d'y passer la nuit et s'y attardent, car madame a attrapé la crève (pas étonnant avec les conditions météo des derniers jours). L'intérieur est rustique, avec une estrade de planches où peuvent dormir 5/6 personnes, un sol de terre battue, une table et des bancs. Cela semble avoir été rénové récemment et en tout cas propre et fonctionnel.


une cabane à ajouter à vos listes !
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Un peu plus bas et dans l'axe de la vallée de Tavascan nous retrouvons du réseau. C'est l'occasion de reprendre une météo et, chance, celle-ci s'est améliorée et le risque d'orage s'est évaporé. Bon, on est en montagne, il vaut mieux rester méfiant et observer son environnement. En tout cas pour l'instant, le soleil est revenu et nous avons retiré les vêtements de pluie.

Nous croisons furtivement la civilisation et quelques voitures garées en bord de piste avant de remonter vers le hameau de Noarre. Là où je m'attendais à croiser quelques granges à l'abandon, le village se révèle vivant avec plusieurs familles installées ici (pour l'été ?), quelques jardins en culture et une majorité d'habitations bien rénovées. Je fais le parallèle avec le village de Molières dans ma commune de Valdeblore (Alpes-Maritimes), isolé par la neige en hiver et longtemps à l'abandon, mais pour lequel de gros efforts ont été déployés ces dernières décennies par les propriétaires pour lui redonner une vie.

Noarre
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Koen et Kathlyn
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Le chemin au-dessus de Noarre est très agréable et régulier, même si sa pente se raidit avant d'atteindre une zone humide où nous faisons une bonne pause. A la montée, nous avons été retardés par les myrtilles qui nous tendent les bras tongue , ce sera un fléau récurrent les prochains jours pour le respect du temps de marche lol . C'est à la pause que je constate que mon contenant à café soluble a disparu, alors que j'avais bien vérifié n'avoir rien laissé derrière moi ce matin au refuge. Je pense que lors du rangement après notre petit-déjeuner, il s'est retrouvé assimilé aux affaires du refuge et placé hors de ma vue par une main ignorante … Qu'à cela ne tienne, j'ai encore en réserve des dosettes (mais sucrées), que je vais cependant devoir économiser si je veux bénéficier de boissons chaudes jusqu'à mon prochain ravitaillement qui ne sera pas avant l'Hospitalet, au mieux dans 3 jours.

Au redémarrage nous sommes surpris par la raideur abrupte soudainement marquée par le chemin : il faut jouer des pieds et des mains pour monter à la verticale avant d'atteindre le petit lac de Guerrosso et son déversoir. Juste ce qu'il faut pour effacer instantanément le bénéfice d'une bonne pause délassante.


déversoir du petit lac Guerrosso
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serviteur de plus en plus barbu et de moins en moins coiffé
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petit lac (sans nom ?) en contrebas de l'Estany Blau
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Au niveau de l'Estany Blau nous obliquons en direction du Col de Certascan (2 589 m sur OpenTopo), dont la montée me semble étonnamment facile. Normal : le rythme de Koen et Kathlyn est un peu inférieur au moins, et le fait de me caler avec eux me permet de beaucoup mieux profiter.


direction le Col de Certascan
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juste après le col.
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Les traces dans le névé ne sont pas les nôtres, nous avons pris par le rocher
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Nous arrivons vite en vue du refuge et comme nous allons y passer tôt (14h30), ce sera l'occasion d'y prendre une collation avant de poursuivre notre chemin (toujours sans idée précise de là où nous nous arrêterons / bivouaquerons).


en vue du lac de Certascan
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Un beau cairn et un bon sac
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Le temps s'est dégagé et la vue est magnifique quand nous parvenons au refuge. Nous nous déchaussons / entrons / installons pour y prendre une tartine à l'huile d'olive avec du jambon cru et une sauce tomate et je ne sais plus quoi d'autre. Koen et Kathlyn se plongent dans leur guide pour estimer où ils vont pouvoir se restaurer ce soir, tandis que je reprends mon itinéraire calculé et le compare avec ma trace GPS sur mon téléphone.


arrivée au refuge de Certascan
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Finalement Koen et Kathlyn m'annoncent qu'ils vont s'arrêter ici pour la journée, car ils ne repèrent aucune option qui leur permettrait de dîner à table ce soir, les refuges du Pinet ou de Vallferrera étant trop loin pour les atteindre avant 19h. Cela aurait été possible à mon rythme et si nous ne nous étions pas arrêtés à Certascan, mais maintenant c'est trop tard.

De mon côté je constate que l'itinéraire que j'ai tracé sur mon GPS (via Port de l'Artigue, Refuge du Pinet, lacs de Sotlo …) ne correspond pas et est beaucoup plus long et chargé en difficultés que celui que j'ai calculé (via Col de Sellente, lacs et Col de Baborte …). Je serai encore loin de l'Andorre ce soir et même demain. Face à cette déconvenue et hésitant sur l'itinéraire finalement à suivre, je finis par décider de rester encore ce soir en la sympathique compagnie de Koen et Kathlyn, mais de me mettre en chemin très tôt demain matin pour une longue étape à mon rythme.

Entretemps il y a de l'agitation à l'extérieur car un hélicoptère vient se poser sur l'héliport. Il s'agit d'une évacuation sanitaire, une personne que nous avions aperçu assise à un banc en arrivant s'était en effet foulé la cheville au moment précis d'arriver au refuge sans que nous ne nous doutions de rien. L'accident bête … espérons que ce n'était pas trop grave.

Le temps de surmonter cette agitation, de finir de nous restaurer, discuter et prendre nos décisions, l'heure a avancé et nous nous enquérons de savoir où il est possible de bivouaquer. Le patron nous invite à marcher 5 mn au-delà de l'héliport pour trouver des emplacements, préconisation que nous suivons. Dans cette direction et à 5 mn on trouve effectivement quelques emplacements possibles et de toute beauté, mais très peu nombreux (j'en ai identifié 3 ou 4). Je m'installerai sur un replat herbeux très humide entre 2 levées de rochers, le polycree me permettant de rester au sec. La vue y est magnifique.

Lors du dîner nous sommes rassemblés en une table de HRPistes français ET belges flamingants mais parlant français. Nous rigolerons bien lorsque l'un des convives dira à Koen et Kathlyn qu'ils sont des belges francophones (des Wallons !), et que je reformulerai pour éviter l'ouverture d'une guerre civile lol … Je ne peux pas parler de ce dîner sans évoquer Christophe, qui estimait s'être lancé léger dans cette HRP parce qu'il n'avait pris ni tente ni duvet, se reposant uniquement sur les refuges. Il était très fier d'avoir réduit son poids de base à … 12 kg roll . Je lui ai brisé le moral (mais suscité un intérêt) avec mes 4 kg tente et duvet compris … Si il lit ces lignes il se reconnaitra, surtout si je rappelle notre fou rire sur l'histoire du gars qui fait des trous sur la HRP (trop long et impossible à reprendre ici lol ). Salut aussi à Baptiste, Stéphane et Annick.


home for tonight (vue vers le Col de Certascan)
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Avec Koen et avant de nous dire au revoir (je partirai seul demain à 7h00), j'ai une longue discussion à l'heure du coucher du soleil sur l'astronomie, la photographie … Koen me parlera avec passion de "l'heure bleue", c'est-à-dire cette heure juste avant le lever ou juste après le coucher du soleil, qui est celle pendant laquelle on peut photographier un paysage avec un fond de ciel vraiment bleu. C'est à cette heure-là que beaucoup de photos de cartes postales sont faites, ne cherchez pas à faire les mêmes en pleine journée … Il m'a redonné l'envie de m'alourdir d'un bon appareil photo plutôt que mon téléphone wink .

à l'heure bleue, vue vers le Pic d'Estats. Juste au-dessus du Pic de Baborte (?), c'est Mars qui se lève
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Itinéraire :
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Progression :
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Profil
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Total 14 km - Marche 6h16 (encore une journée bien courte à mon goût : à quelques exceptions météo prêt, ce sera la dernière)


Ce que j'ai aimé : la compagnie de Koen et Kathlyn, la météo finalement clémente

Ce que j'ai regretté : ne pas avoir marché plus en soirée, mais je n'ai pas eu le cœur de quitter une si bonne compagnie, ni de renoncer au confort calorique du dîner au refuge

Si c'était à refaire : à condition de décider de marcher seul, j'aurai pu partir plus tôt, marcher à mon rythme et atteindre le refuge du Pinet ou de Vallferrera (selon l'itinéraire) à l'heure pour le dîner.

Le matériel : perdu à Enric Pujol mon contenant à café sad , il me manquera

Le bonhomme : en pleine forme, je sens les kilos en moins depuis le départ (4 ? 5 ? 6 ?). Résolu désormais à performer et avaler de la distance pour tenir l'objectif que je me fixe maintenant d'arriver au 20 août maxi.


Vidéo J24

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Dernière modification par Hervé27 (16-11-2019 23:02:32)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#148 01-10-2018 11:59:59

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J25 - samedi 11 août - Refuge de Certascan - Lac de Soucarrane (bivouac)

Avec une météo toujours annoncée à l'orage pour les fins d'après-midi, et ma volonté de faire désormais de longues étapes pour ne pas dépasser la date du 20 août pour mon arrivée, il devient impératif de démarrer tôt le matin. Pour une fois j'ai donc mis le réveil, même si ne dormant pas beaucoup quand je suis sous la tente il me suffit de déceler les premières lueurs du jour pour savoir qu'il est temps de décoller.

C'est donc à 7h00 pile que je me mets en marche dans les magnifiques éclairages du Soleil levant. Pour résoudre mon incohérence d'itinéraire, j'ai décidé de coller à l'itinéraire "calculé", et donc de ne pas repasser en France mais tirer directement vers les lacs de Baborte via le Pla de Boavi. Pour ce faire j'avais l'option de suivre le chemin "Porta del Cel" qui y descendait directement, mais allez savoir pourquoi j'ai cru bon de suivre une autre trace visible sur OpenTopo, laquelle me fait passer par les Lacs Romedo de Dalt et Romedo de Baix.

Je me retrouve vite à suivre une petite sente de cairn en cairn plutôt qu'un bon chemin bien tracé, au point que je m'interroge sur le bien-fondé de mon choix d'itinéraire. Pendant un temps je crois m'être égaré sur le flanc d'une petite falaise mais les choses s'arrangent quand je me retrouve en vue du premier des 2 lacs. La fraîcheur du matin, les éclairages rasants et le ciel d'un bleu profond font de cette promenade de lac en lac un vrai régal du randonneur.


Soleil levant au-dessus du lac Romedo de Dalt
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Lac Romedo de Baix
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Naturellement comme beaucoup de lacs pyrénéens, il s'agit de retenues qui ont agrandi des étendues d'eau préexistantes à des fins d'irrigation et d'hydro-électricité. Juste avant d'arriver à la retenue du lac Romedo de Baix, il y a un passage amusant avec une ligne de vie où il faut jouer des pieds et des mains pour passer par-dessus un verrou rocheux. De là mon itinéraire d'origine aurait du me faire remonter au Port de l'Artigue, mais pour tirer plus direct vers Baborte et rejoindre le Pla de Boavi je vais descendre le long du torrent de Romedo. Je traverse donc le barrage et bifurque à droite pour descendre le torrent à main gauche.


Lac Romedo de Baix, après un passage "encordé"
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Lac Romedo de Baix, le barrage
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A cette heure encore matinale je dérange un randonneur encore sous son tarp, mais c'est surtout son chien-loup qui m'accueille. Heureusement ce dernier obéit instantanément à un mot de son maître, et je poursuis sans encombre.

Le torrent de Romedo s'écoule dans une succession de belles cascades et vasques, le chemin restant en surplomb à bonne hauteur. Rapidement il me faut constater que comme beaucoup de chemins espagnols, ce n'est qu'une sente souvent difficile à suivre. Il convient de rester vigilant pour choisir son itinéraire, car la pente est forte et l'on peut rapidement se retrouver à flanc de rocher avec un fort risque de glissade vers le torrent. Ayant plusieurs fois glissé sur des rochers sans aller plus loin que quelques égratignures, je déconseille fortement cet itinéraire certainement très dangereux par temps de pluie.

Cascades
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Vous l'aurez compris je suis à nouveau agacé par cet itinéraire espagnol (raide, pas entretenu, difficile à suivre …), mais je vais pouvoir apaiser mon énervement sur les énormes et innombrables myrtilles qui couvrent les pentes. Je n'allais déjà pas très vite dans cette descente un peu fatigante, ça ne va pas s'arranger avec toutes ces pauses cueillette ...


L'ennemie absolue du respect des temps de marche tongue tongue tongue
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Vers le bas du vallon le chemin traverse le torrent, mais les crues / la fonte des neiges / les orages ont raviné l'endroit et je suis obligé de mettre les chaussures dans l'eau pour passer de l'autre côté hmm ... De là j'espère que la qualité du chemin va s'améliorer, mais c'est encore pire. La sente est dans un sous-bois et sur une arête rocheuse, et il faut souvent deviner par où elle passe. A un moment je m'exclamerai à haute voix "mais c'est pas un chemin, c'est juste un truc pour les sangliers !" : à cet instant précis un trailer fera son apparition à la montée, avalant en courant ce chemin inexistant sur lequel je me traine à la descente  lol

Tout calvaire finissant par trouver sa fin, je rejoindrai enfin le Pla de Boavi et le GR11 / "Porta del Cel" que j'aurai pu emprunter directement depuis Certascan. Il m'aura fallu 3 heures pour y arriver, alors qu'avec le GR11 j'aurai sans doute mis moins de la moitié de ce temps. C'était bien la peine de partir tôt ...

Je prends le temps de me poser en bord de torrent, de déchausser, de me chauffer un café, car après cela j'ai 1 000 m de D+ à faire pour le Col de Sellente avant de redescendre vers Baborte.

retour sur le GR11, je vais enfin pouvoir avancer ...
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A partir de là le GR11 est un excellent chemin muletier en lacets dans une belle forêt, je peux enfin prendre un rythme et avancer convenablement.


on remonte !
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repères
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A la montée je croise un couple de GRDistes français. J'échange avec eux une plaisanterie sur les myrtilles qui me retardent, et l'un se retourne et dit à l'autre "Tu vois, je t'avais dit que c'était des myrtilles !" roll .

La montée est belle dans ce vallon, jamais très loin du torrent. En ne faisant pas attention je me retrouverai un instant à suivre une sente de pêcheur en bord de torrent, alors que le bon chemin muletier se trouve de l'autre côté, j'aurai manqué d'attention au moment de traverser … J'en serai quitte pour crapahuter un peu avant de reprendre le "bon" chemin.

Il a dû y avoir des avalanches cet hiver dans la partie haute du vallon, car je croise plusieurs amoncellements de terre qui ont coupé le chemin, et sous laquelle perce encore de la neige / glace. Au milieu du mois d'août, de vastes zones ne se sont que très récemment dégagées de la neige et l'herbe n'a pas encore eu le temps de les faire reverdir. Année exceptionnelle à plus d'un titre …



reste d'avalanche
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vue arrière depuis le Col de Sellente
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vue arrière depuis le Col de Sellente
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Arrivé au Col je profite de la vue (celle que je découvre et celle que je quitte …). J'ai du mal à estimer le risque d'orage mais j'ai de toute façon décidé de marquer une grosse pause au Lac de Baborte : si le temps se dégrade cela reste un bon site pour bivouaquer ou dormir au refuge. Me voilà donc vite au bord du lac à étaler mes affaires dans une petite crique et à lancer mon traditionnel café.


Lac de Baborte depuis Sellente
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Refuge de Baborte
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pieds en éventail
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jus de chaussettes
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séchage
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Pendant que je marque ma pause j'aperçois un groupe d'adolescents espagnols qui escalade la falaise au-dessus du refuge, avant que de "s'amuser" à décrocher les plus gros rochers possibles pour leur faire dévaler l'éboulis. Les rochers rebondissent sur des dizaines de mètres, projettent des éclats dans toutes les directions, et tout cela par-dessus le GR11 mad … Abasourdi de cette inconscience, je pense la question réglée lorsqu'un adulte qui semble encadrer le groupe intervient depuis en bas pour faire cesser (?) le cirque. Comme je ne comprends pas l'espagnol, je ne sais pas ce qu'ils se sont dits. Quelques minutes plus tard, voilà que ça recommence : je ne peux alors pas me retenir d'intervenir et de leur crier (en français et en anglais) d'arrêter leurs c...ries. Après un premier "ok … ok …", ils reprendront de plus belle un instant après. Il faut que je les traite d'inconscients et de criminels pour les faire cesser. L'un d'eux viendra quand même à ma rencontre pour … me demander de m'expliquer sur mon problème ! Je sens le moment "tangent", et heureusement l'adulte de tout-à-l'heure interviendra et l'ado fera demi-tour pour se lâcher sur lui au lieu de moi … L'incident aura gâché mon plaisir de cette journée sad

J'ai quand même pris le temps d'observer le ciel et la formation de l'orage semble "stagner". J'estime qu'il va m'être possible de continuer de progresser avant que cela ne devienne menaçant. Dans l'idéal j'aimerai être à la limite de l'Andorre dès ce soir, même si cela représente encore un bout de chemin.

en quittant Baborte
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C'est une longue descente de Baborte jusqu'au torrent de Vallferrera (600 m de D-), mais sans grande difficulté. Une fois franchie la passerelle, je reprends pour un temps contact avec la civilisation en traversant le parking et en longeant la piste sur 1 km. Passé le très joli Pla de Boet, et mis à part "l'évanescence" du chemin, la montée vers le Port de Bouet au milieu des vaches est  régulière et agréable, et j'y arrive à 17:15 : j'ai bien tracé depuis Baborte et me voici de nouveau brièvement en France, que j'avais quitté à la Baisse Inférieure de Literole il y a une semaine.


Pla de Boet
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Bovin prenant la pose
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Vue en arrière depuis le Port de Bouet
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Le temps a fini par se couvrir et est moyennement menaçant. Comme il n'est pas encore très tard, je pourrai peut-être atteindre l'Andorre dès ce soir, mais je sens que mes jambes sont maintenant fatiguées … En quittant le col je discute à la descente avec un randonneur français à la journée, mais qui s'avère avoir un peu baroudé dans l'Himalaya. Nous nous quitterons un peu plus bas au Lac de Soucarrane après avoir partagé une collation, lorsque je déciderai d'y planter le bivouac au vu de la météo menaçante.

Un peu plus haut j'avais fait le tour de la cabane de Soucarane (avec un seul "r" sur ma carte), espérant y dormir, mais elle était totalement fermée. Dommage car le site était sympa.

C'est finalement au bord du Lac de Soucarrane (avec 2 "r" sur ma carte, allez savoir pourquoi …) et par un temps très lourd que je plante la tente, immédiatement en bord de chemin mais à cette heure-ci je n'escompte plus être beaucoup dérangé. Le temps du montage, d'aller chercher de l'eau au torrent et d'un brin de toilette dans le lac, une averse me fera me réfugier sous la tente à peine passé 18h. Je pourrai quand même ressortir pour faire chauffer mon dîner … Vielha étant maintenant 4 jours derrière moi, j'ai épuisé mes produits frais et suis revenu à mon menu "de fond de sac" : semoule, soupe, fruits secs … Vivement des vitamines !

bivouac au bord de l'eau
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Itinéraire :
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Progression :
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Profil :
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Total 24 km - Marche 8h23


Ce que j'ai aimé : marcher de lac en lac au lever du Soleil, les montées aux Cols de Sellente puis de Port de Bouet, ma pause au Lac de Baborte, mon bivouac à Soucarrane

Ce que j'ai regretté : mon choix de descendre par le vallon de Romedo et son mauvais chemin, la bêtise d'un groupe d'ados à Baborte

Si c'était à refaire : pour rejoindre Baborte, descendre de Certascan par le GR11, c'est plus simple et plus rapide

Le matériel : RAS

Le bonhomme : rien d'exceptionnel aujourd'hui avec 8h30 de marche malgré un départ plus matinal, mais en m'arrêtant tôt (17h45) et en prenant de bonnes pauses j'ai su préserver la machine et profiter de ma journée, en avalant des dénivelés supérieurs à la moyenne.


Vidéo J25

Index



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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#149 02-10-2018 09:22:05

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J26 - dimanche 12 août - Lac Soucarrane - Refuge Sorteny (nuit au refuge d'hiver)

Après l'ondée d'hier soir le temps s'était rapidement dégagé en soirée et la nuit fut étoilée. Je ne suis sorti de la tente que quelques minutes pendant la nuit, le temps d'apercevoir une étoile filante sous une voie lactée resplendissante. Deux semaines après l'éclipse du 27 juillet, c'est la nouvelle Lune et aucune lumière parasite notable ne vient troubler le ciel.

Pas aussi efficace qu'hier mais départ à 7h20 quand même. La météo pour ce soir est à l'orage, je sais par avance que ma journée sera écourtée et il faut que je parvienne à m'avancer autant que possible : ce n'est qu'à 2 jours de marche et à l'Hospitalet que je reviendrai dans une zone bien pourvue en ravitaillement, ayant quitté Vielha il y a maintenant 4 jours. M'alimenter est devenue une obsession !

Au débouché du Lac Soucarrane le sentier descend raide avant que de pouvoir prendre la bifurcation qui serpente à flanc pour rejoindre la piste à 300 m de D- en contrebas. Même si ce sentier de liaison est évanescent il n'est pas difficile à suivre. Dans les lumières du matin la vue sur la vallée encaissée de Soulcem est très belle. En face je crois pouvoir localiser Port de Rat et mon passage vers Andorre, et vu d'ici ça me fait l'impression d'une muraille (550 m de D+ "seulement").


Lac Soucarrane vu depuis son déversoir
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Vallée de Soulcem
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Les montées sont toujours plus impressionnantes vues de loin et d'en bas. Après une petite portion de piste le sentier s'engage en pente douce dans un beau vallon, avant que de monter en lacets bien formés le "mur" de Port de Rat. Je débouche enfin sur l'Andorre et attaque la traversée de mon 3ème pays ! Dès le col j'ai le plaisir de retrouver un excellent réseau, souvent en 4G, qui me permettra de rester toujours bien au fait de la météo, d'échanger avec ma famille ainsi que de télécharger photos et même vidéos, les mettant ainsi à l'abri en cas de nouveau problème de téléphone ...


à la montée du Port de Rat, Port de Bouet en face, on aperçoit le lac Soucarrane
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Andorre !
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Découvrir un massif via une station de ski n'est sans doute pas la meilleure manière, c'est pourquoi je ne m'attarde pas trop le long des routes, parkings et canons à neige … A noter qu'en bas de la descente de Port de Rat un chemin au pied des éboulis permet d'éviter de rejoindre le parking et la route, avant que de couper les lacets vers les bâtiments.

Il n'est que 10h00 lorsque j'arrive à la Cafétéria de la station où il semble y avoir pas mal d'animation en ce dimanche matin. Ce n'est qu'en repartant que je pourrai assister à l'arrivée d'un trail, apparemment en binôme, le long duquel je marcherai à contre-sens en essayant de ne gêner personne.

Avant cela je m'installe dans le restaurant encore bien dégagé à cette heure-ci et fait plusieurs aller-retours vers le buffet pour bien recharger mon organisme wink . Je paierai par carte bancaire pour éviter de trop entamer ma réserve de liquide (indispensable dans les refuges), mais cela me coûtera quelques frais bancaires puisque je ne suis plus dans l'Union Européenne … Je peux aussi faire usage des commodités et recompléter ma réserve de papier toilette qui descendait dangereusement roll ...


Station de Coma d'Arc. On aperçoit le Restaurant / Cafétéria où je vais m'arrêter tongue
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C'est donc chargé à bloc que je me remets en chemin passé 11h00, marchant largement hors sentier au début pour éviter les trailers dans leur sprint final avant l'arrivée. Je suis pressé de m'éloigner de la sono qui anime la course et de retrouver la montagne comme je l'aime.


Vue arrière sur Coma d'Arc
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Vous m'aviez lu ratiociner contre les mauvais chemins espagnols, voici que je découvre les chemins andorrans … avec beaucoup de plaisir ! Bien marqués, bien formés, évitant autant que possible les tracés trop directs et les dénivelés trop raides. L'itinéraire que je me suis construit depuis mon fauteuil à la maison consiste à longer le plus possible la frontière Nord d'Andorre pour me mener à l'Hospitalet (largement préféré au Pas de la Case …). Cela s'avère un excellent choix, offrant de longues portions de randonnée en balcon avec de superbes vues. Sans le savoir j'ai redessiné le GRP1 et toute ma traversée de l'Andorre sera ainsi accompagnée d'une belle marque jaune et rouge.

Décidément enclin aux bonnes pauses aujourd'hui, je m'arrête à midi à l'Estany Esbalçat pour y étaler duvet et toiles de tente et chauffer un café. Un peu plus loin j'entendrai un groupe de randonneurs français tentant la baignade et s'écrier "elle est froide !". Je ne pourrai pas m'empêcher de surenchérir en les charriant : "meuh non ! c'est juste une vue de l'esprit !" … ne me laissant plus le choix que de plonger à mon tour … elle était fraîche mais c'était bien agréable !


Estany Esbalçat … une bonne baignade !
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Passé le temps de la baignade il est clair que le temps va tourner à l'orage plus tard dans la journée, bien confirmé par la météo que je peux lire sur mon téléphone et mon observation de la formation des cumulo-nimbus. A condition de ne pas traîner, je n'ai pas d'inquiétude pour atteindre le Refuge de Sorteny, mais j'ai plus de doutes quant à ma possibilité d'aller au-delà pour y trouver à temps un bon bivouac ou faire usage de l'une des cabanes disponibles en chemin.

Je mets mon souffle en mode "footing" et c'est avec un excellent rythme que j'avale la montée vers la Portella de Rialb, puis la descente dans le long vallon du même nom. Les différentes cabanes et abris que je longe me rassurent quant à la possibilité de trouver un abri en dur si je veux éviter l'orage sous la tente (que je viens à peine de faire sécher).


Cabane du Planells de Rialb
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Cabane du Pas del Monjo
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Je me laisse un peu surprendre par la bifurcation du chemin qui remonte raide en forêt pour franchir la crête qui me sépare de Sorteny, car je n'avais pas bien lu ma carte et m'attendais à ne bifurquer qu'à la jonction des deux torrents (ce qui est possible mais rajoute de la distance et du dénivelé). Cela casse un peu mon rythme mais les abondantes myrtilles qui bordent le chemin seront ainsi mieux à ma portée !

Il n'est que 16h00 quand j'arrive au refuge de Sorteny et je n'ai encore marché que 6h00 aujourd'hui en raison de mes deux longues pauses à Coma d'Arc et l'Estany Esbalçat. Le Col de Meners n'est qu'à 2 h de marche (en fait moins, c'est une ascension facile) et j'aurai aimé viser le refuge ouvert de Coms de Jan. Le temps est cependant de plus en plus chargé, bien que je sois encore dans le doute pour savoir si l'orage va effectivement claquer et à quelle heure.

Je décide donc de faire un arrêt collation à Sorteny où, bien que l'on ne serve plus de déjeuner à cette heure-ci, on me proposera une magnifique part de quiche lorraine que je dégusterai en terrasse avec un grand plaisir. Je m'accorde le temps de ma dégustation pour décider de la suite, et en ramenant mon plateau je réserverai ma place à dîner car décidément, je ne vois pas l'orage se retenir deux heures de plus.


Refuge Sorteny, le temps se bouche
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Quel meilleur endroit pour une quiche … lorraine ?
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Je m'enquière de l'emplacement de bivouac mais en raison de l'orage qui maintenant gronde, je me vois proposer l'accès au refuge d'hiver, il ne m'en coûtera pas plus cher … Je ne me le fais pas dire 2 fois et descendrai m'y installer. Avec maintenant du temps à tuer avant le dîner à 19h30, j'utilise l'évier à disposition et y fais une lessive et une toilette à l'eau chaude s'il vous plait big_smile .

En ressortant je croise un HRPiste à l'allure baroudeuse qui arrive, et s'enquière de la direction du Col de Meners. Si je le renseigne avec Iphigénie, je lui confirme également les très mauvaises prévisions météo. Il regarde le ciel et me dit qu'il va voir s'il peut encore avancer, et que si l'orage éclate il aura toujours la possibilité de redescendre me rejoindre au refuge d'hiver. A peine 1/2 h plus tard l'orage éclatera et il pleuvra à verse pendant des heures, mais je ne reverrai pas mon vieux HRPiste : j'espère pour lui qu'il a pu prendre abri !

Nous ne sommes qu'une douzaine dans le refuge, organisés en 2 groupes : les espagnols d'un côté, les français de l'autre. Je partage donc l'attente du dîner en discutant avec un couple de jeunes retraités qui font une HRP par section depuis plusieurs années, et un groupe de 4 qui finiront demain soir un circuit de quelques jours. Les deux groupes sont ensemble depuis déjà quelque temps, et j'ai du mal à m'y intégrer et à participer aux conversations. Bref je m'ennuie un peu et je passe plus de temps à pianoter sur mon téléphone que je ne l'aurai voulu … Heureusement pour moi, il n'y a pas de gros appétits, et je prends un soin particulier à finir les plats wink.

Quand je m'acquitte du prix de mon dîner, le groupe de 4 me demande si j'ai payé par carte … car en réservant le refuge par internet ils n'avaient pas relevé que seuls les paiements en espèces étaient acceptés. Les voilà à faire les comptes de tout ce qu'ils ont consommé et à racler la monnaie disponible dans leurs fonds de portefeuille … Je m'éclipse car je n'ai pas envie de me faire solliciter pour faire de l'avance …


Le son et lumière de l'orage durera encore une bonne partie de la nuit. Je suis résolu à me mettre en route très tôt demain matin et à faire une longue marche pour rattraper cette nouvelle journée tronquée. De l'orage est encore une fois annoncé, je ne peux plus me permettre de faire du sur-place ...


Refuge Sorteny, scène d'orage
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Sorteny, Refuge d'Hiver
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Itinéraire :
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Crédit : www.calculitineraires.fr


Progression :
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Crédit : www.calculitineraires.fr


Profil :
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Crédit : www.calculitineraires.fr


Total 20 km - Marche 6h24


Ce que j'ai aimé :
- les vues en balcon sur l'Andorre
- l'orage : tant qu'on est au chaud et au sec, que c'est beau un orage de montagne !

Ce que j'ai regretté :
- ne pas pouvoir marcher un peu plus longtemps, mais l'arrêt à Sorteny et la nuit au sec étaient définitivement un très bon choix
- ne pas avoir pu / su socialiser un peu plus ce jour-là. Même en groupe au refuge, je me suis senti solitaire.

Si c'était à refaire : rétrospectivement j'aurai eu juste, juste le temps de dépasser Sorteny et rejoindre la cabane de la Serrera en direction du Col de Meners

Le matériel : je trouve l'alcool à brûler espagnol (teinté en bleu) acheté à Vielha un peu plus efficace que l'alcool français. Juste une impression parce que je l'utilise à des altitudes moindres que précédemment ?

Le bonhomme : je trépigne de ne pas pouvoir faire de plus longues journées, toujours entravé par quelque chose … Sinon aucune douleur articulaire, juste peut-être une certaine raideur dans les genoux. Quant aux ampoules, même mes nouvelles chaussures n'en ont pas suscité de nouvelles : mes pieds se sont vraiment bien adaptés à ma nouvelle condition de marcheur intensif.


Vidéo J26

Index


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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#150 03-10-2018 14:38:44

Hervé27
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Re : [Récit + liste] HRP Hendaye - Cerbère - 35j - été 2018

J27 - lundi 13 août - Refuge Sorteny - L'Hospitalet près l'Andorre (Camping)

Le gros de l'orage aura duré au-delà de minuit avant de se dissiper. Me relevant en fin de nuit et mettant le nez dehors, j'apercevrai encore quelques éclairs vers l'Est. J'aurai pu partir encore plus tôt ce matin, mais me programmant pour une grosse journée j'ai pris le temps de faire chauffer mon café et d'avaler quelques calories. Ce soir ou demain au plus tard je passerai à l'Hospitalet, je peux me permettre de vider mes réserves. Ce sont en particulier les barres de céréales que j'avais pris en quantité et que finalement je consomme peu, qui me servent désormais à accompagner mes cafés dont je finirai aujourd'hui mes ultimes dosettes : le ravitaillement devient impératif !

7h15 pour le démarrage dans le silence dans le vallon bien à l'ombre et sous un ciel bien dégagé. Je vise a minima pour aujourd'hui le refuge de Juclar, la météo toujours orageuse plaçant une grosse hypothèque sur la possibilité de pousser plus loin.

Après l'orage et avec la rosée en plus, les hautes herbes sont détrempées et mes pieds et chaussures ne tardent pas à l'être à leur tour. Je m'étonne de voir le chemin disparaitre et poursuis "à l'azimut" en suivant le torrent à ma droite. Ce n'est que lorsqu'il faudra bifurquer dans le Val Serrera que je comprendrai qu'en quittant le refuge je n'ai pas suivi le GRP1 qui n'était que quelques dizaines de mètres à ma gauche … J'en ai été quitte pour me tremper les pieds d'une part, remonter un petit éboulis pour rattraper le bon chemin d'autre part. La trace OpenTopo que j'ai suivi et qui longe le torrent ne doit être empruntée que par des pêcheurs, et a été bouleversée par les avalanches ...


Refuge de Sorteny au petit matin
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Vallon du Riu Serrera menant au Col de Meners
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Passerelle sur le Riu de la Cebollera. On voit les marques des avalanches de cet hiver
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Lorsque je commence à m'élever pour passer le petite crête qui sépare le Riu de la Cebollera et le Riu Serrera, je vois derrière moi que les 2 groupes de français avec qui j'ai dîné hier soir se sont mis en chemin et, ayant pris le GRP1 sans faire la même erreur que moi, ne sont pas très loin derrière moi. Ne m'étant pas trouvé d'atomes crochus avec eux, je m'efforcerai de conserver mon avance, bien qu'à chacun de mes arrêts je les verrai me rattraper … Leur objectif de la journée est au Refuge de Juclar.

Je passe la cabane de la Serrera où visiblement il y avait du monde hier soir, puisque j'aperçois 2 tentes, dont une mise à sécher d'un seul tenant à l'appui du mur du refuge. Peut-être mon vieil HRPiste d'hier soir s'y trouve-t-il, mais je n'en saurai rien car je ne l'ai jamais revu.


Cabane de la Serrera
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La montée dans le vallon en pente douce se poursuit de manière très agréable et avec un très bon rythme, toujours à l'ombre. Je ne découvrirai le soleil qu'au Col de Meners, où je m'arrête pour une première courte pause. J'y suis vite rejoint par le "groupe des 6" qui me suit. Si nous nous remettons en route en même temps, je passe la surmultipliée à la descente car je me sens très en forme, et de fait me retrouve rapidement seul. A noter un abri en pierre utilisable juste en-dessous du col.

Derniers mètres avant le Col de Meners et premiers rayons de soleil
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Superbe vue du Col de Meners
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Estany de Meners
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des lacs pour toutes les tailles
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Le chemin est excellent et permet vraiment de dérouler de la distance. J'arrive rapidement à la cabane de Coms de Jan entourée de chevaux en patûre. Les abords comme l'intérieur sentent bien le crottin … pas étonnant quand on laisse la porte grande ouverte : c'est une cabane, pas une écurie ! Après avoir rapidement jeté un œil et respiré l'intérieur (sommaire), je ferme derrière moi et reprends ma route.


Cabane de Coms de Jan
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Ma prochaine étape est le refuge de Cabana Sorda, et pour l'atteindre il faut franchir la crête de la Tosa d'Entor. La déclivité du chemin augmente brusquement pour franchir les 300 m de D+, c'est un peu raide mais ça me fait un bon exercice. Dans ce secteur et dans les pentes encore à l'ombre, on trouve encore les grêlons de l'orage d'hier soir accumulés ici et là. Il ne faisait pas bon être dans la montagne et j'ai décidément bien fait de rester à Sorteny ...


un petit raidillon pour se mettre en jambes
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autoportrait d'un barbu
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A la descente je commence à croiser les randonneurs à la journée, qui vont vite se multiplier car la zone est populaire. Le début de la descente est raide mais rapidement on retrouve un chemin qui reste à niveau et reprend sa magnifique promenade en balcon. Le refuge de Cabana Sorda est superbe, quasi-neuf à l'intérieur. Au vu du nombre de personnes croisées, les places doivent être chères le soir à cette saison, car bien qu'il ne soit que midi on me demande s'il y a déjà du monde installé et si il y a encore de la place ...


vue vers Vall d'Incles
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Cabana Sorda, de loin
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Cabana Sorda, de près
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Je marche encore jusqu'à 12h45 et jusqu'au Riu del Manego, où je m'installe à l'ombre des pins et au-dessus du torrent pour une longue pause déjeuner et rinçage du T-Shirt. Ce n'est qu'à la fin de cette dernière que le "groupe des 6" me rattrapera. Nous échangerons 3 mots et je reprendrai les devants.

Le prochain saut est jusqu'au Refuge de Juclar, où je vais arriver à 14h45. Le temps se couvre mais suffisamment lentement pour me laisser dans le doute sur ce qui va suivre. Le trajet reste très agréable, juste ralenti par quelques myrtilles en quittant mon lieu de déjeuner. Comme hier à Sorteny et le temps de chauffer ma dernière dosette de café, je fais de l'arrêt à Juclar l'occasion de réfléchir sur la suite de la journée. Je n'y commande pas de collation, mon déjeuner n'est que 1 heure derrière moi.


A mi-chemin de Juclar
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Déversoir du lac
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c'est joliment écrit
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Refuge de Juclar
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Pendant que je bois mon café arrive un groupe de français en villégiature avec qui je discute. Petit quiproquo quand ils me disent qu'ils sont d'Hendaye et que je leur réponds que je viens d'Hendaye wink . Ils me renseignent sur la qualité du chemin vers la Collada de Juclar et le Col d'Albe, et finissent de me convaincre que j'ai le temps de basculer vers la France avant que cette journée ne se termine et tourne à l'orage.

Je me remets donc en route pour une marche finale de 4h tout schuss jusqu'à l'Hospitalet, avec malgré tout la crainte de l'orage sur mes talons. Je suis déjà reparti quand je vois arriver mon "groupe des 6" au refuge : je les salue de loin sans ralentir.

La montée aux deux cols successifs de Juclar et de l'Albe se fait facilement et en pente relativement douce pour moins de 250 m de D+. Si les nuages derrière moi se densifient, ils restent élevés et laissent encore largement passer le Soleil. A l'approche des deux cols je me rends compte que c'est plutôt de la météo du versant français que je devrais me méfier, car les nuages de ce côté là remontent de la vallée.

Je passe le Col de l'Albe et redescends en France : d'hier matin à cet après-midi, j'aurai traversé tout le Nord d'Andorre en seulement 10 heures de marche … C'est un petit pays ...


Les deux lacs de Juclar. Le chemin passe par l'isthme qui les sépare.
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dernières vues sur l'Andorre, pays où je ne suis entré qu'hier matin
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La descente se révèle rapidement moins agréable que la montée, car très rocheuse et accidentée. Les vues sont néanmoins très belles dans cet environnement de hauts sommets, de lacs et de falaises. Je garde un œil constant sur tous ces nuages qui montent de la vallée, constamment à la recherche d'un abri si le temps venait à tourner, ou à calculer le temps de marche qui me reste jusqu'aux différentes cabanes sur le chemin. A cet instant je suis persuadé que je prendrai l'orage bien avant de pouvoir arriver à l'Hospitalet.

En finissant de longer l'étang de Couart, je rencontre et sympathise avec un marcheur qui se révèle être un bushcrafteur, en vadrouille avec sa compagne au petit bonheur, sans carte et avec 27 kg ! Ils bivouaquent au débouché du lac, où plusieurs enclos de pierre sont disponibles à cet effet. Comme je mentionne à un moment donné ma préoccupation de ravitaillement qui me motive à essayer de rejoindre l'Hospitalet dès ce soir, il me propose de faire le plein de barres de céréales, mais je n'en suis pas encore là ! Comme le gars est une armoire à glace de peut-être 100 kg, j'identifierai facilement ses traces de pas profondes sur tout le chemin à la descente, surtout avec ses 27 kg sur le dos !

Le temps de notre discussion de peut-être 1/4 d'heure, la brume a fini par déboucher de la vallée et nous enveloppe : je ne la quitterai plus jusqu'à l'arrivée à l'Hospitalet.


Etang haut de l'Albe
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entre deux lacs
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Etang de Couart, au soleil
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Etang de Couart, 1/4 h plus tard
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A la bifurcation sur la droite vers l'Hospitalet après l'étang de Couart, se méfier du caractère légèrement paumatoire du chemin à travers la "Couillade (sic) de Pédourés". Le chemin remonte un peu, traverse des ruisseaux, suit de grandes surfaces rocheuses … Avec la brume épaisse qui s'est installée, j'ai du mal à suivre les cairns. Heureusement ma trace GPS est précise et je ne perdrai jamais le chemin.

Le brouillard est si épais que je n'arriverai à apercevoir aucun des abris cités sur le trajet,  ni l'abri Pédourés, ni le refuge de la Vésine.

Passé la couillade de Pédourés le chemin redevient "roulant", et dans cette ambiance cotonneuse digne du Pays Basque je ne m'attarde pas,  afin d'essayer d'arriver aussi tôt que possible à l'Hospitalet en espérant y trouver quelque chose d'ouvert pour dîner. C'est fou comme la bouffe est devenue une obsession. Je ne l'ai pas encore mesuré à ce moment, mais je devais être descendu à ~73-74 kg, contre 79 kg au départ et 100 kg il y a 3 ans … Mon organisme réagit à l'assèchement de ses réserves.


Etang de Pédourés, juste entre-aperçu
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Plusieurs beaux ponts de pierre d'un seul tenant comme celui-ci à la descente vers l'Hospitalet
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La descente est interminable et je ne repasserai sous la brume qu'au moment d'aborder les derniers 300 m de dénivelé pour l'arrivée à l'Hospitalet. J'y croiserai un groupe de jeunes remontant camper à l'étang du Jasse (ou à la Cabane de la Vésine ?) où ils ont déjà laissé une partie de leurs affaires. Même sans ces dernières je trouve leurs sacs bien gros et lourds, et en retour ils trouvent le mien bien petit et léger roll … Ceci étant dit, l'un d'eux me demande si je vais bien car j'ai l'air fatigué : je ne pensais pas que ça se voyait autant … Il était temps que j'arrive.

Je vise d'abord le camping qui est en aval du village, puis me ravise et remonte la route pour trouver un commerce. Il est 19h00 et j'ai peut-être une chance d'attraper quelque chose avant fermeture. Le camping quant à lui sera par nature toujours ouvert à un marcheur.


L'Hospitalet se dévoile un instant
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J'arrive rapidement à la boulangerie "Le Fournil de Louise" en bord de route, largement achalandée et disposant de tables extérieures et intérieures pour consommer sur place. A noter l'ouverture tardive bien pratique (au-delà de 20h, c'est sûr). Je ne cherche pas plus avant et me voilà à acheter puis engloutir une pizza, un pan-bagnat, une plantureuse part de flan, un (très) gros pain au raisin tongue ...

C'est ainsi correctement lesté pour la nuit que je rejoindrai le camping pour y planter ma tente, prendre une douche chaude et faire une rapide lessive. Comme j'ai bien tiré sur la machine aujourd'hui, je m'astreins à une bonne séance d'étirements qui me fera le plus grand bien.

L'orage m'a finalement épargné cet après-midi et permis de faire (enfin !) une longue étape. A 21 h il ne sait plus se retenir et il pleuvra toute la nuit. Tant pis pour mon linge qui séchait dehors sad


Nuit au Camping, avec toutes les commodités et le ventre plein
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Itinéraire :
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Progression :
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Profil :
D+ 2048 m / D- 2588 m


Total 30 km - Marche 10h00


Ce que j'ai aimé : encore une fois, les marches en balcon avec vue sur l'Andorre, les multiples lacs, un chemin de bonne qualité (en général)

Ce que j'ai regretté : des choix de lieux et de temps de pause pas forcément heureux. J'aurai pu faire plus agréable avec une pause plus conséquente soit au lac de Cabana Sorda, soit de Juclar. Cela aurait "aéré" ma journée.

Si c'était à refaire : le risque météo puis la brume ont pleinement justifié que je presse le rythme. Par beau temps, on peut toutefois réaliser la même longue fin d'étape en se permettant d'arriver plus tard à l'Hospitalet tout en pouvant y trouver du ravitaillement tardivement. J'aurai également pu m'arrêter 1h plus tôt au refuge de la Vésine (à condition de le trouver dans la brume roll …), sans entraver ma capacité à me ravitailler à la première heure le lendemain matin à l'Hospitalet (j'avais encore de quoi me faire à dîner).

Le matériel : la corrosion commence à faire se déliter mon pare-vent bricolé dans une canette acier. Ma précédente version en alu se délitait également mais à la chaleur. A remplacer par une feuille titane ...

Le bonhomme: en retrouvant les bonnes circonstances pour une grosse étape, j'ai pu constater que la forme était au rendez-vous. Quel dommage que pour avancer vite et loin il me faille rester solitaire. Toute cette fin de traversée sera marquée par l'obsession alimentaire d'une part (au-delà de ce dont mon organisme a vraiment besoin), la volonté de tenir un horaire d'autre part (toujours mon objectif au 20 août à Cerbère). Loin de me gâcher l'instant présent, ces deux préoccupations m'inciteront plutôt à mieux organiser mes escales et donc à mieux profiter des derniers jours.


Vidéo J27

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Dernière modification par Hervé27 (16-11-2019 23:05:58)


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