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#1 22-02-2019 01:27:58

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

ne disposant ni la plume de jobig pour écrire mes CR ni du talent de tolliv pour les illustrer, faut il continuer à écrire des CRs ? j'aime bien. Je prend plaisir à venir me relire quand les grands espaces me manquent.

Considérations pratiques

Le fromveur II, navire affrété par la compagnie maritime penn-ar-bed effectue la rotation Brest-Le Conquet-Molène-Ouessant une à plusieurs fois par jour selon la saison.

le tour de l’île est affiché à 38 km. En tenant compte d'une arrivée au port du Stiff à 11h le matin on peut facilement faire cette distance sur un week end en passant une nuit sur place, le bateau du retour large les amarres à 17h30 le dimanche soir.

Le village de Lampaul est situé à mi-parcours, les moins téméraires qui préfèrent la nuit en gite pourront donc s'y réfugier le soir peu importe qu'ils aient choisi de faire le tour en commençant par le nord ou par le sud.

En coupant au plus court, le bourg de Lampaul est à moins d'une heure du port.

Vous trouverez sur l’Île un distributeur bancaire accessibles aux horaires d'ouverture de la supérette qui l'héberge.

compte rendu

Nous snobons les copains du CFMBFO qui organisent un tour de belle-ile-en-mer et partons de notre coté (moi et mon fils) tout à l'ouest vers le Finistère (= Fin de la terre). Dès le vendredi soir, nous arrivons au Conquet et galérons à trouver une place de parking. toute la ville est en zone bleu, les parking longue durée (privés) ne sont pas tous ouvert en hiver. on trouve finalement le parking des iles mais il semble qu'un autre parking plus proche du port reste desservi par la navette même hors saison. Après une nuit dans la voiture nous partons de bonne heure bien que moins de 30 minutes de marche nous séparent du port, mais nous prendrons le temps de petit-déjeuner et de retirer de l'argent avant d'arriver à l'embarcadère.

Le bateau qui arrive de Brest fait escale au Conquet pour nous embarquer à 9h45. Il y a du brouillard mais la mer est très calme. Ouessant en Février on s'attendait à autre chose, la traversée sera des plus tranquilles. Arrêt à Molène pour débarquer quelques personnes, c'est un cailloux planté dans l'eau, d'à peine 1 km de long pour 400 m de large, 200 habitants à l'année.

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vers 11h nous arrivons enfin à Ouessant, dans le brouillard on ne distingue pas les nombreux bâtiments qui surplombent le port du Stiff (il devrait y avoir quelque part au dessus de nos tête de phare du Stiff, le sémaphore et la grande tour du Cross qui surveille le rail d'Ouessant).

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Le temps de faire le plein d'eau à la gare maritime et nous partons pour un tour dans le sens anti-horaire. Nous prévoyons d'être autonome en eau jusqu'à passer au bourg de Lampaul le lendemain midi et partons donc avec 3 litres pour nous deux.

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Les habitations, les routes et l'agriculture sont concentrés sur l'intérieur de l"ile, Toute la bande littorale est donc laissée libre. C'est un spectacle magnifique que cette ile sauvage, sans arbres, à perte de vue (10 m dans la brume) la lande brune battue par les vents et brûlée par le sel. La cote est déchiquetée, frappée sans relâche par la mer qui vient arracher la matière pierre après pierre. 

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La température est très clémente, il ne doit pas faire loin de 10 degrés, il faut juste bien se protéger du vent. A chaque pause nous remettons  une veste car le vent nous refroidi très vite.

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Il y a de nombreux cours d'eau (ruisseaux) sur l’île, c'est étonnant et bien dommage qu'elle ne soit pas potable car on se passerait bien d'en porter.

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Nous avions prévu de rester jusqu’au lundi soir, et comme l'ile n'est pas bien grande nous prenons le temps d'explorer toutes les pointes rocheuses sans jamais songer à couper au plus court. 

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Nous resterons un moment posés devant l'ile de Keller à nous poser des questions sur le pourquoi du comment de cette baraque sur l'ile.

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Tellement absorbés à explorer tous les cailloux et tous les points de vue nous ratons notre lieu de bivouac et on ne s'en rendra compte qu'en voyant le phare du creac'h sortir de la brume juste sous notre nez. en même temps il est à peine 16 heures et je n'arrive pas à convaincre le petit de repartir en arrière. on est en train de marcher trop loin, si on file comme ça on aura fait 2 fois le tour d'ici lundi.

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à partir du Creac'h on se mettra en quête d'un lieu abrité pour le bivouac. ça souffle déjà pas mal, un vent orienté sud-est et qui doit tourner sud-ouest en se renforçant au beau milieu de la nuit. Dans ce genre d'endroit je me base sur les prévisions de la météo marine qui sont assez précises concernant l'évolution de la force et de l'orientation du vent. Forts de toutes ces informations nous ne trouvons pourtant pas l'endroit idéal qui pourrait nous protéger à la fois du vent de ce soir et de celui de demain matin, Nous choisirons après avoir dîné à l'abri derrière une ruine de nous exposer au vent de sud-est en pensant nous retrouver à l'abri quand il tournera.

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L'endroit est splendide, nous sommes à la pointe du pern, au bout du bout du bout .... à l'ouest de l'ouest. Ce matin nous avons passé le phare du Stiff et désormais nous avons le phare du creac'h 500 mètres devant nous et le phare de nividic juste derrière. autant de noms prestigieux associés à des images de têmpètes et nous sommes là à faire du camping avec le pire montage de tarp jamais réalisé. le vent de travers écrase la toile avec une puissance impressionnante, mais bon ça a l'air de tenir. 

Au moment de nous coucher, point de spectacle de coucher de soleil derrière la grisaille mais nous admirons l'allumage du phare, le plus puissant d’Europe, et la presque pleine lune, énorme, tout cela juste devant nous alors que nous nous réfugions tout habillés sous la couette biplace. toute la nuit à admirer les énormes faisceaux de lumière qui nous passent au dessus et qui seront visibles jusqu'à plus de 50 km en mer.

On ne peut pas dire que la nuit fut bonne, elle fut même pire. écrasés sous la toile de notre tarp, lui même malmené par ce vent incessant et qui n'a même pas eu la délicatesse de respecter les consignes édictées par la météo. Au petit matin, on constatera que le coin que l'on avait choisi pour dîner à l'abri est toujours bien protégé du vent. le pire c'est qu'on voulait y dormir mais on s'est cru intelligent de vouloir anticiper les changements de météo. Je retiendrai de Ouessant que te temps change toutes les 5 minutes et que l'on a droit à tout sauf à ce qui était prévu. faire face et s'adapter.

Généralement le seul avantage d'un vent fort c'est qu'il évite la condensation sous l'abri. même pas. Du coup la couette est trempée bien comme il faut vu que la toile bouge dans tous les sens et vient régulièrement au contact. le petit flippera un peu dans la nuit mais lui au moins arrivera à dormir la plupart du temps. A un moment on verra même le hauban principal du tarp battre au vent, l'avantage de dormir sous une couette c'est que l'ai pu me lever dans la seconde (disons plutôt 10 secondes, soyons honnêtes) pour le rattraper au vol et replanter illico le piquet qui y était resté accroché. beau travail.

Bref, .... on a dormi au bout du monde. ça vaut bien un effort. et je pense quand même qu'on a eu des conditions relativement clémentes pour le secteur.

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la prochaine fois je monte mon tarp comme ça.

Pourrie pour pourrie on décide de ne pas y passer la nuit et vers 5h j'en ai marre de ne pas dormir, comme le petit non plus on décide de décoller, encore une belle occasion de profiter d'une marche nocturne. Ce n'est pas comme à d'autres endroits en Bretagne ou le sentier littoral passe au raz des falaises et le randonneur presque poussé à la mer par le peu de place que les propriétés privées nous laissent pour le passage, ici il y a de nombreuses traces et à une distance suffisante du bord des falaises pour que l'on se sente en sécurité même de nuit à la frontale. On poussera le plaisir en réglant nos frontales à la puissance mini pour ne pas être trop éblouis et  ainsi réussir à distinguer autant que possible les vagues et les falaises devant nous. tout en y voyant suffisamment pour rester sur le chemin.   

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Nos lampes se reflètent dans de nombreuses paires d'yeux, on imagine d'abord des oiseux sur la falaise en face de nous mais ce sont bien des moutons, les premiers que nous croisons, qui passent la nuit collés à la falaise pour s'abriter du vent. Ils sont moins cons que nous, heureusement ils n'ont pas d'appli météo.

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Il est 7 heures quand nous arrivons au bourg de Lampaul, juste à l'heure pour le petit déjeuner que nous prenons à l'abri derrière le cimetière. rendons nous à l'évidence, on a déjà fait plus de la moitié du tour, je ne me vois pas me restreindre à faire 10 km par jour. avec ce vent il faut quand même rester en mouvement. Si il y avait eu un bateau lundi matin ou à la mi journée on serait restés une nuit de plus, mais comme il n'y a qu'un seul bateau le lundi en soirée on choisi de quitter l'ile par le bateau de dimanche soir. cela nous laisse 10 heures devant nous pour faire le demi tour restant et visiter un peu le centre, c'est largement assez.

On se remet en route vers la deuxième pince de crabe, et le phare de la jument que l'on souhaite atteindre avant qu'il ne s'éteigne (lever de soleil vers 8h45). Les phares de nividic et du creac'h sont éteints depuis un moment, mais la petite lumière rouge de la jument attendra notre arrivée, quelle classe.

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Je n'ai pas trop de souvenirs marquants de la marche le long de la cote sud de l'ile, j"ai préféré la cote nord, le regard se porte vers le large. on aperçoit le phare de kéreon et derrière l'archipel de molène, entre nous le fameux passage du fromveur avec ses courants. On se rend compte de leur puissance rien qu'un regardant la surface de l'eau. Le fromveur est signalé par les deux phares de kereon coté molène et de la jument coté ouessant, les courants s'inversent à chaque marée et il parait que quand le vent souffle contre eux cela créé des creux énormes qui rendent la navigation incertaine. Qui voit ouessant voit son sang, nul n'a passé le fromveur sans connaitre sa peur. C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases, disons que quand les taiseux s'expriment ça doit mériter une certaine attention.

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sans grand effort,car c'est relativement peu accidenté on arrivera à la pointe sud-est de l'ile. le contraste est saisissant entre le fromveur à notre droite et la baie du stiff à gauche, si tranquille. Les jours de tempête c'est ici que le remorqueur de haute mer vient se mettre au mouillage pour être au plus près de sa zone d'intervention.

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Sur la presqu'ile de penn arland on quitte le sentier littoral pour se diriger vers un cailloux qui dépasse plus loin dans la lande au dessus. c'est un cromlech, des pierres en rond avec une plus grosse au milieu. et ça traîne là depuis quelques milliers d'années. tiens on apaerçoit en face la pointe du stiff et en contrebas le port, ça sent la fin.   

Nous serons à midi à la gare maritime, après avoir échangé les billets pour un départ le soir même et vu que l'on a quelques heures de libre nous décidons de retourner faire un tour à Lampaul pour voir si le village est plus animé qu'à 7 heures du matin. Le trajet se fera par la route, ça fait bizarre de voir des gens, des maisons et des voitures. J'ai mal aux pieds sur le bitume, mes kalenji trail MT ont 400 km au compteur et elles ont déjà perdu l'amorti sous l'avant du pied. c'est quand même pas énorme comme durée de vie. quelques gouttes de pluie nous accompagnent sur les 4 km qui nous séparent du bourg, comme plusieurs fois ces deux derniers jours ça ne dure pas très longtemps.

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D'un commun accord nous pensons que la meilleur chose à faire à Lampaul c'est un resto, haro sur les crêpes. Enfin, c'est le ventre bien rempli et après une petite sieste dans un square que nous chercherons le chemin le plus long pour rentrer au port en zigzagant entre les hameaux et préférant les chemins de terre au bitume. C'est à ce moment que le soleil daigna nous faire profiter de sa présence . 

Nous arrivons à l'embarcadère juste à temps pour voir arriver notre transport. 

Fin.


«Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait le tour de lui-même. »

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#2 22-02-2019 08:59:50

Hervé27
éMULe
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Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

Salut Azerty,

Moi qui ne connaissais rien des îles bretonnes avant ce week-end, je suis servi !

On voit que l’humidité n’était pas l’apanage de Belle-Ile, même si pour notre part nous fûmes épargnés par le vent (ou mieux abrités).

Merci à toi de ce joli récit !


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#3 22-02-2019 10:47:44

ester
Membre
Lieu : Bzh
Inscription : 24-08-2011

Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

Bonjour Azerty&fils, smile

Azerty a écrit :

si on file comme ça on aura fait 2 fois le tour d'ici lundi.

    C’est permis aussi !

Azerty a écrit :

Je retiendrai de Ouessant que te temps change toutes les 5 minutes et que l'on a droit à tout sauf à ce qui était prévu. faire face et s'adapter.

    T’aurais dû nous demander ! On a fait une cérémonie druidique pour garder des vents qui nous soient favorables ! tongue

En tout cas, on sent que vous vous êtes bien fait plaisir, et c’est bien là le principal !
Merci à toi pour le partage. smile


Grâce à vous, j'avance ! merci !  smile

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#4 22-02-2019 13:25:30

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

@Hervé27,
mieux abrités je pense. j'espère pour vous car nous on ne pouvait pas faire pire. on a dormi à la trompette à manège de Porz aziou
par contre sur vos photos de belle ile je suis surpris de constater que la mer était beaucoup plus formée qu'à Ouessant.   

@ester, c'était donc vous le cromlech, il n'est donc pas là depuis des miliers d'années (ou alors vous n'êtes pas tout jeunes). Je comprend mieux comment jobig fait pour si bien lire le terrain, c'est lui qui a fait toutes ces constructions lol

merci de votre passage.


«Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait le tour de lui-même. »

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#5 22-02-2019 14:52:31

Jobig
Membre
Lieu : Breizh
Inscription : 01-07-2014

Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

Salut azerty,  smile

Je lirai ton retour ce soir.

Quant au cromlech de Penn ar lann, c'est officiel : je ne suis pour rien dans sa construction. big_smile Par contre, j'y ai mes petits rituels propitiatoires... et une druidesse toujours à mon écoute ! cool

Je crois comprendre que vous avez planté à l'ancien manège de corne de brume... c'est marrant, mon pote Steph' avait l'intention, lui aussi, de bivouaquer là-bas pour sa prochaine sortie solitaire à Ouessant, alors que ça secoue tout le temps (je t'avais prévenu). Il y avait une alternative, que je ne t'ai pas signalée par écrit car l'information ne peut passer que par le bouche à oreille, un peu plus loin... wink

On en reparlera lorsqu'on se reverra !

En tout cas, merci pour le partage, ça me fait toujours plaisir de revoir mon île bretonne préférée ! smile

Jobig

Dernière modification par Jobig (22-02-2019 14:53:29)


From each according to their ability, to each according to their needs.

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#6 22-02-2019 19:17:30

tolliv
Sérénitude
Lieu : Toulouse
Inscription : 06-09-2016
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Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

Encore un beau récit. De toutes façons, un récit c'est toujours bien. Cela permet à ceux qui ne peuvent pas sortir, d'en profiter un peu aussi.
Tes photos faites à l'Iphone sont très bien.

Concernant le parking (la 2e photo), je trouve que les voitures sont assez mal garées ! C'est propre aux bretons qui savent mieux piloter un bateau qu'une voiture ?
smile

En tous cas, bravo d'avoir décidé le petit à t'accompagner, à le sortir de l'abri à 5h du matin !!


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#7 23-02-2019 00:47:10

martie
Membre
Inscription : 04-03-2011

Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

Hello azerty!

Merci pour le retour...
Un petit air iodé des îles bretonnes, ça fait toujours plaisir!

bonne continuation
martie

PS: Le "petit" n'est pas si petit que cela et il s'était déjà montré bien vaillant du côté du Cap d'Antifer!

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#8 23-02-2019 14:08:56

laxmimittal
Membre
Inscription : 23-10-2016

Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

@ azerty,

un grand merci pour ce retour... vivifiant  smile  smile  smile  smile

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#9 21-03-2019 17:04:48

Diana-light
Membre
Inscription : 21-05-2018

Re : Ouessant (Enez-Eusa) - février 2019

Merci pour le récit. De ma part, je le trouve bien illustré! Voir la mer, les espaces vides, ça fait toujours du bien.

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