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#1 02-05-2019 21:59:20

Criss Kenton
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[Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

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Eh oui ! Encore un retour de terrain sur le Cape Wrath Trail ! big_smile J’avoue avoir hésité à l’écrire, ou plutôt à le finir, mais je trouve que chacun des récits du forum éclairent des facettes différentes du sentier. Ceci est d’autant plus vrai que de nombreuses alternatives existent et que les conditions météo rencontrées peuvent varier du tout au tout. Sans compter les listes de matos et les approches propres à chacun(e).

Mon récit étant suffisamment long comme ça, je me permet de sauter la présentation du CWT, l’on beaucoup mieux fait avant moi => Récits sur le CWT et l'écosse en général.

Le présent récit a été écrit en 2 temps, une première moitié directement au retour du trail en juin 2018 et l’autre 1 an après. D’où peut-être une cassure dans le rythme ou le style, je ne me rends pas trop compte. Face à la longueur du texte, je voulais tailler à la serpe, et puis non. Trop de boulot paradoxalement. Vous avez le droit de lire en diagonale ou d'abandonner en cours de route tongue

Le sommaire :

1 – Mise en Bouche
2 – L’échauffement = Affric Kintail Way
3 – Le hors-d’œuvre = Cape Wrath Trail et un peu de rab’ s’il vous plaît !
4 – Retour sur le matos
5 – Quelques infos utiles sur le CWT et l’Ecosse en général



MISE EN BOUCHE

Flirt avec Arran et retrouvailles avec Edimbourg – Samedi 28 avril au dimanche 6 mai – 60km à la louche

J’ai eu la chance cette année de pouvoir poser 4 semaines de congés de fin avril à fin mai. A la base, j’avais prévu de partir 1 mois tout seul pour marcher le plus possible, mais l’occasion s’est présentée de partir à 2 la première semaine. On a donc décidé de découvrir l’île d’Arran. L’Ecosse en miniature d’après les guides… ce qui est vrai ! smile

Le programme était à la base de faire l’Arran Coastal Way. Programme vite balayé au vu de la météo, des envies et de l’intérêt relatif de l’itinéraire après Lochranza (beaucoup, beaucoup, de portions sur la route).

Pas de grand intérêt vis-à-vis de la MUL sur cette semaine donc je ne vais pas m’étendre sur l’aspect rando, mais l’ascension du Goatfell et la poursuite tout le long de la ligne de crête méritent le détour : paysages de Highlands en contre bas, belles lignes de crêtes et la mer dans chaque direction…

On a démarré un dimanche donc il y avait foule tout le long du sentier jusqu’au sommet du Goatfell (c’est LA rando d’Arran), d’autant plus qu’il faisait grand beau cool Mais une fois le sommet atteint, tout le monde fait demi-tour pour redescendre… On avait donc les crêtes pour nous tous seuls ! smile
Quelques photos pour faire naître l’envie dans les cœurs purs :

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Au sommet du Goatfell

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L'épine dorsale d'Arran

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Contre vents et marées

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Petite promenade dans les terres au départ de Lochranza

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Lochranza, ses genêts, ses ruines, ses cerfs, ses phoques...
    
Pour le reste, ce qui devait être une semaine de rando, s’est transformé en 2 jours de marche jusqu’à Lochranza, 2 jours de pause à l’auberge de jeunesse (chambre avec vue sur la baie et les cerfs, la classe) pour des balades en étoile et un retour sur Edimbourg via Glasgow et quelques Public Houses pour les traditionnels fish&chips, Ales&IPA, etc.  Bref, de quoi avoir quelques réserves pour commencer les choses sérieuses big_smile


Quand je dis que cette semaine n’avait pas de grand intérêt vis-à-vis de la MUL, ce n’est pas tout à fait vrai. Elle aura eu l’énorme avantage de me permettre de réviser un peu ma liste de matos car j’ai eu froid quelques fois malgré un choix d’équipement qui me convient d’habitude pour du +5°C à +25°C humides. Il faut dire qu’avec plus de 2 semaines de t° estivales en Alsace (+ de 25°C) les conditions climatiques précédant le départ n’étaient pas vraiment favorables à une acclimatation au climat écossais....

Au départ, mes couches thermiques se composaient donc d’un polo en mérino 150 et d’un polo capilene 3 (port permanent) + 1 doudoune synthétique légère + 1 pull en polaire D4 en complément, surtout pour le soir. Seule entorse à mon système habituel : possédé par le démon de la MUL, j’ai remplacé au tout dernier moment et de manière irréfléchie ma polaire Patagonia R1 par le pull polaire D4… (et j’ai viré une paire de collant mérino aussi par la même occasion roll ).

J’ai eu froid donc. Dès l’arrivée à Edimbourg où j’ai enfilé la Rab Xenon à l’Aéroport. Puis à la gare de Weaverley où il faisait du 4°C et 80% d’humidité et où j’ai dû rajouter la veste de pluie (le ventre vide, la fatigue accumulée par la semaine de boulot et le vol n’ont pas dû aider). J’ai eu froid également sur la ligne de crêtes sur Arran au-dessus de 800m où on a eu du -2°C la nuit avec givre le matin et où j’étais pas très confort dans le quilt l’heure qui précédait l’aube. Avec le pull en polaire sur les jambes en mode collant, j’aurais dormi correctement je pense (c’était un des usages auquel je le destinais).

A part ces 2 fois, je n’ai pas spécialement eu froid, mais c’est par ce que je portais la Rab Xenon et la veste de pluie pratiquement en permanence, ce qui n’était pas vraiment prévu… Et qui ne laissait, pour seule marge de sécurité le soir au bivouac ou en cas de coup dur, que le pull D4… Bof bof…D’autant plus que je n’aime pas porter ce pull en dynamique du fait de l’absence de zip et de possibilité de ventiler (je joue beaucoup avec les zips, je suis zippophile). Bref, j’ai été bien bien con. Note à moi-même : ne jamais céder à l’impulsivité tard le soir la veille du départ.

Du coup, petite cession shopping à Arran et à Edimbourg pour rectifier tout ça et pouvoir aborder la suite de manière safe, sans me prendre la tête. L’idée étant de remplacer le polo capilene 3 et le pull D4 par une combinaison plus chaude et plus polyvalente pour le dynamique, j’ai opté/craqué pour :

  • 1 gilet primaloft Montane pour une utilisation en dynamique (grosses soldes à Arran, -50%) ;

  • 1 polaire à capuche Montane ni trop légère, ni trop chaude qui me faisait de l’œil avant de partir ;

  • 1 paire de collants en mérino 200 basiques par sécurité et par confort au cas où je me retrouverais avec un pantalon trempé.

350g de plus que la liste prévue. Mais 350g que je ne regretterais pas, mais alors pas du tout smile

Dernière modification par Criss Kenton (12-01-2020 19:49:16)

Hors ligne

#2 02-05-2019 22:00:20

Criss Kenton
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

ECHAUFFEMENT : L’AFFRIC KINTAIL WAY

En matière de rando, un de mes petits plaisirs (ou une de mes tares ?) est de faire voler en éclat le plan initialement prévu. Pour moi, l’intérêts principal de la préparation réside dans le fait d’accumuler suffisamment de billes pour être capable de laisser place à l’impro une fois sur place smile

Bref, le plan au départ était de me dérouiller sur l’Affric Kintail Way, puis d’enchainer sur le Cape Wrath Trail en le faisant dans son intégralité. Autrement dit, de marcher de Drumnadrochrit jusqu’à Allbeithe (Affric Kintail), puis de Albeithe jusqu’à Fort William via Cluanie et le Great Glen Way (alternative du Cape Wrath), puis d’attaquer la route officielle à partir de Fort William…


Jour 1 – Dimanche 6 mai – De Drumnadrochrit à Canich – 22 km – Total = 22km

Edimbourg, 4h30 du matin, j’accompagne ma pote au départ de la navette aéroport sur le Weawerley Bridge. 5h00 je me recouche. 7h00 je me relève. 9h30 je saute dans un train – hors de prix car acheté au dernier moment – pour Inverness, via Aviemore, avec le stress d’être sur un siège réservé pendant 2h avec une voisine qui checke ses tickets toutes les 5min et râle auprès des autres passagers parce qu’elle pense que j’ai son siège alors que non, mais sans oser m’adresser la parole pour autant pour clarifier la situation… (mal fichu leur système, malpolie la dame, merci le contrôleur !). 12h30, arrivée,  1h de pause à Inverness pour faire le complément de nourriture et casser la crôute. 13h30, je saute dans un bus pour Drumdranochrit. 14h30, départ de la rando, ouf !

Le départ de l’Affric Kintail Way se fait à partir du parking de Drumnadrochrit, sans cérémonie et est ensuite balisé par des poteaux de bois installés de manière un peu aléatoire (souvent présents quand il n’y a pas d’ambiguïté possible et absents à certains croisements). Rien de rédhibitoire cependant puisque le trail est facile à suivre et qu’avec une carte les doutes sont vites levés.

Bref, rapidement après le parking le sentier embraye sur une piste forestière agréable qui perd très rapidement son intérêt en devenant une piste forestière purement utilitaire : large, caillouteuse ou terreuse, meurtrie par les engins forestiers avec zones de croisements aménagées et panneaux d’avertissement tous les km… La marche est roulante mais sans grand intérêt. Heureusement, la fin d’après-midi est belle, j’ai même un poil trop chaud en polo, avec le pantalon remonté sur les genoux !

Comme j’ai démarré tard, mon objectif de la journée est la petite bourgade de Cannich et son camping avec comme cerise sur le gâteau 7km de tarmac sur route pour clôturer la journée. Soit - pour l’anecdote - l’équivalent de 10% de l’Affric Kintail Way, sans sentier parallèle ou bande d’arrêt d’urgence bien sûr, avec voitures sporadiques mais qui roulent à toute allure, aucune vue ou points d’intérêts… un régal quoi.

19h30, je fini par arriver au camping après 7km au pas de course. Le gérant vient à ma rencontre, super avenant, 8,50£ la nuit, nickel ! Un petit camping  simple mais qui a tout d’un grand. Parfait, que demander de plus ? Installation de la gatewood (old friend, toujours un plaisir), petite douche et bonne nuit de sommeil ! smile


Jour 2 – Lundi 7 mai – De Cannich à Camban Bothy – 35 km – Total = 57km

J’ai bien dormi. Départ à 6h30 sous un ciel nuageux. Les prévisions météo, checkées la veille dans le train, annoncent une journée grise et pluvieuses avec des éclaircies en fin de journée. Nickel car d’après la carte les 2/3 de la journée s’annoncent peu enthousiasmants avec de la piste forestière barbante sur les 20 premiers km, alors autant les avaler sous la pluie – pour ce que ça change – et avoir le beau temps pour l’arrivée dans le Glen Affric smile

Sans aucune surprise donc, je constate que la piste forestière est belle et bien barbante et sans aucun intérêt si ce n’est d’avaler facilement les km. Néanmoins, au fil de ces derniers le paysage change petit à petit avec un interlude au passage de la rivière et des Dog Falls, puis avec l’apparition des premiers Lochs du périple. Malheureusement, le relief reste lui masqué par les nuages qui squattent et trainent éhontément à moins de 300m d’altitude comme des ados qui refusent de se lever (ça fait vieux con ça, non ?).

Vers 16h, la piste se fait plus avenante avec une piste forestière d’exploitation qui se transforme en simple piste de 4x4 et un paysage fermé qui commence à s’ouvrir sur un véritable paysage de glen écossais. Enfin le Glen Affric ! Il aura sû se faire désirer le bougre ! Comme réglé sur une horloge suisse, le soleil commence à percer, louée soit la précision des prévisions météo norvégiennes (yr.no, fiable depuis 1983 ou presque wink).

Théoriquement, d’après le plan de base, arrivé à Allbeithe (qui est une des auberges de jeunesse les plus paumées d’Europe), je suis censé prendre le pont et une piste au sud vers Cluanie… Sauf qu’échaudé par 40 km de tarmac et de pistes sans intérêt (soit plus de la moitié de l’Affric Kintail Way), je ne suis pas super motivé pour sacrifier 3 à 4 jours de mes précieuses vacances sur le même type de chemins…

Changement de plan donc, décidé en début de journée en rongeant mon frein sur des 10aines de km de piste forestière, avec pour nouvel objectif de finir l’Affric Kintail Way jusqu’à Morvich (la partie la plus intéressante du trail), puis de sauter dans un bus, puis dans un train pour attaquer les choses sérieuses directement à Glenfinnan. Parce que bon, je ne suis pas la pour souffrir ok ? (ou peut-être que si justement, question de point de vue ;P).

18h00, j’arrive au Camban Bothy. Point de chute programmé de ma journée. J’ai encore pas mal de jus, suis en pleine forme, mais La Fontaine dit de se ménager alors j’écoute la sagesse populaire. La fin de journée est belle, le ciel se dégage, la vue avec lui, et le soleil fait son apparition. Je décide donc de planter la tente sur une zone herbeuse en contrebas du bothy.

Ce sera le crédo de tout le périple : privilégier le bivouac pour profiter un maximum du plein air (et de la solitude).

Je ne regrette pas mon choix car le bothy est sombre, 2 personnes l’utilisent déjà depuis la veille et d’autres arriveront en soirée. Quoiqu’en me baladant je découvre des spots sympas quelques 100aines de mètres plus loin au bord de la rivière… Tant pis. Trop tard ! Le spot est néanmoins sympa et je passe une soirée agréable à préparer la journée du lendemain à l’aide du guide « Walking the Cape Wrath Trail » acheté à Arran. Parce qu’à part les cartes Harvey Maps et la lecture d’un ou 2 CR ici pour être sûr de ne pas passer à côté des plus belles parties du parcours et avoir une idée du découpage des étapes, je suis parti plutôt en mode freestyle pour le CWT.

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Les Dog Falls       

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Plus on approche du Glen Affric, plus le paysage devient intéressant...

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Entrée dans le Glen Affric

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Le Loch an Fheadain et la rivière Affric
      
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Le Camban bothy qui se découvre au bout de la piste sous un rayon de soleil prometteur

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Vue sur le Ciste Dubh, le Sgurr an Fhuarail et leurs accolytes

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La Gatewood Cape Wrath Trail big_smile
   

Matin du jour 3 – Mardi 8 mai – De Camban bothy à Morvich – 15 km – Total = 72 km

Le temps était clément toute la nuit et j’ai pu dormir avec la Gatewood ouverte. Très bonne nuit. Heureusement car ce matin c’est départ aux aurores pour réussir à attraper le bus de 8h58 à Morvich. Je me prévois 3h45-4h pour couvrir les 13km restant de l’Affric Kintail. Normalement, j’ai de la marge.
Le camp est vite plié, je décolle à 5h15 comme prévu. Le temps est froid et gris avec cependant des débuts d’éclaircies.

Comme je me suis prévu une bonne ½ heure de marge, je démarre doucement pour ne pas épuiser mes réserves. Je ne dois pas oublier que je dois démarrer le Cape Wrath Trail l’après-midi même.

La piste est pas trop mal, le paysage est beau, je suis confortable à l’effort, tout baigne. Ça aurait été du gâchis de ne pas faire cette portion et c’est une sorte de retour sur investissement après les 2 jours précédents dédiés uniquement à rejoindre le Glen Affric. Je croise quelques moutons et quelques agneaux de l’année, à part ça j’ai le Gleann Lichd pour moi tout seul jusqu’à Morvich. Je respire, c’est justement pour cette solitude et ce retour à la nature que j’ai choisi de marcher dans les Highlands du Nord-Ouest. Je savoure donc l’ambiance matinale et croise ma première harde de cerfs depuis que je suis seul (on en a croisé quelques-unes sur Arran).

Par contre, je me rends compte que je me traîne par rapport à ce que j’ai prévu. De un, je prends trop mon temps ; de deux, certaines sections pierreuses rendues glissantes par la pluie obligent à ralentir. Je grignote ma marge sad Heureusement, le sentier se transforme en piste à 4x4 et je peux pousser un peu plus l’allure. J’arrive à Morvich à 8h30. Ouf ! Oui, sauf que l’arrêt de bus est à presque 3km de là, détail que j’avais complétement oublié… ça devient juste juste en matière de timing…

Je force l’allure et guette de loin la route principale venant du Kyle of Lochard d’où le bus doit théoriquement arriver. A 500m de l’arrêt, je vois de loin le bus qui arrive sur le pont. C’est chaud mais c’est jouable : je cours (vive les sacs légers et les chaussures de trail). J’arrive pile en même temps que le bus. Heureusement une famille attendait le bus et ce dernier s’apprêtait à marquer l’arrêt. Gros coup de bol. Je ne serais obligé d’attendre celui de 11h. Je mets mon sac en soute, prends un billet pour Fort William et monte encore essoufflé par la course. Je serai théoriquement de retour à Morvich dans 3 ou 4 jours après m’être frotté à la péninsule du Knoydart.

Petit bilan de ces 2 jours sur l’Affric Kintail Way : bien que le trail m’ait servi à me mettre en jambe, à tester mes nouveaux vêtements (très content de mes choix, ça va le faire pour la suite) et à me re-familiariser avec les cartes HarveyMaps, je suis déçu. Seuls les 30 derniers km sont sympas (les Glens sont beaux). Sur 70km, c’est mince. Pour celles et ceux intéressés par ce trail, je conseillerai plutôt de faire une boucle à partir de Morvich ou de partir de Cluanie (tous deux desservis par un bus).

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Peu après Camban

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Le long de la rivière Croe

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Un agneau pascal  big_smile

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#3 02-05-2019 22:01:59

Criss Kenton
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

HORS D’OEUVRE : LE CAPE WRATH TRAIL

Aprèm du jour 3 – Mardi 8 mai – De Glenfinnan à A’Chuil Bothy – 20 km – Total = 92 km

A l’arrivée à Fort William, j’ai l’agréable surprise de trouver mon sac par terre dans une flaque à côté du bus ! Le chauffeur n’a même pas pris le temps d’attendre que je descende (même pas 2min) et a jeté mon sac purement et simplement. Heureusement que j’avais mis le sursac en protection. Je le gratifie d’un « Thanks » ironique avec un regard bien noir et m’en vais profiter de la beauté des environs : un parking immense, une gare routière, une gare ferroviaire et un imposant Hypermarché Morrison. Le retour à la civilisation fait mal ! Dire que 3h plus tôt j’étais encore en pleine nature à gouter au calme et à la solitude…

Mais je ne vais pas me plaindre, j’ai tout à portée de main sans avoir à réfléchir ou à me déplacer : de quoi faire mes courses pour les 4 prochains jours et un train pour Glenfinnan dans moins d’1h30. Au-delà de la taille du supermarché et du fait que l’on y trouve ce que l’on veut, ce qui est intéressant dans le Morrison de Fort William c’est la proportion de randonneurs que l’on trouve dans les rayons. On y croise des personnes de tout âge, de toutes nationalité, avec tout type d’équipement (lourd et moins lourd) et c’est toujours marrant de jeter un œil dans les paniers. Il y a ceux qui ont un panier rempli de nourriture déshydratée (purée, nouilles, etc.), d’autres qui ont énormément de produits sucrés et chocolatés… Quant à moi, ça fait des années que je ne me prends plus la tête sur le poids ou les calories et mange ce que j’ai envie de manger. En gros, une version revisitée du pain/saucisson/fromage à base de Wraps (le pain fini toujours par être écrasé de toute façon), de tranches de cheddar, de cabanos, de jambon ou autre charcuterie et de fromage en tube (la version écossaise du menu) + quelques barres chocolatées et des granolats. Beaucoup de produits frais donc, mais les températures Ecossaises s’y prêtent particulièrement bien.

Petite cession reconditionnement dans la gare et recherche des différentes poubelles pour le recyclage des emballages (les bornes à verre sont sur le parking wink) histoire de meubler en attendant le train.

20min avant le départ le quai est pratiquement vide. Je me dis que le trajet va être reposant et que j’aurais le temps de faire un point sur les cartes dans le train. Sauf que petit à petit une foule prend possession du quai, qui se retrouve rapidement archi-bondé. J’avais oublié que cet itinéraire en train était ultra prisé (c’est le train pour Poudlard…). Finalement je trouve une place et j’arrive tranquillement à la gare de Glenfinnan après un petit passage au ralenti sur le fameux viaduc.

13h30 : démarrage du Cape Wrath Trail, enfin ! La pluie étant toujours fidèle au rendez-vous et toujours aussi copieuse, j’enfile mon pantalon de pluie devant la gare, serre ma capuche et m’en vais rejoindre le trail. Malgré la pluie, il y a beaucoup de personnes venues photographier le viaduc. Heureusement, une fois ce dernier dépassé, l’affluence se réduit drastiquement.

Une heure après, j’arrive à Corryhully bothy pour casser la croûte. Une fois dedans, il y a déjà 2 randonneurs. Un australien, la trentaine, qui fait le CWT et qui s’est arrêté pour une pause. Et un anglais/écossais, la 60aine, qui semble là depuis plus longtemps et qui s’est déjà étalé, prêt apparemment à passer la nuit dans le bothy.

Je mets ma veste et mon sursac à sécher, échange deux ou trois mots avec eux et sort mon repas. L’écossais est une vraie piplette. D’après ce que je comprends, il randonne en étoile dans le coin et semble pas mal vantard : il a tout fait, tout vu, tout connu. L’australien semble blasé, je pense qu’il voulait juste prendre un café tranquille. 10min plus tard, notre vieux baroudeur trouve une nouvelle proie (ruse de sioux, je fais exprès de ne pas très bien comprendre l’anglais pour pouvoir manger tranquille) avec l’arrivée d’une randonneuse du Kentucky qui fait aussi le CWT et qui a le malheur de dire qu’elle a aussi fait l’Appalachian Trail. Ni une, ni deux : « J’ai aussi fait l’Appalachian Trail et le PCT, et le CDT…bla bla bla » ce dont je doute un peu vu le type de matériel qu’il utilise et les bêtises qu’il débite de manière industrielle depuis 20min déjà.

Je les laisse discuter entre eux, simple observateur (je dois avouer que le bus, le passage par Fort William et le train m’ont rincé). Apparemment l’américaine et l’australien sont partis à peu près en même temps de Fort William et semblent en avoir déjà bavé selon leurs dires : l’australien (qui s’appelle Will, je l’apprendrais 20min plus tard) en a déjà marre des bogues et de la météo, et l’Américaine (qui s’appelle Sue, je l’apprendrais 15 jours plus tard) a un sac Osprey énormissime avec tous les goodies possibles et imaginables (dont la tasse à café thermos isolante !!!).

Sue est rincée, ça journée se termine à Corryhully. Elle aura la chance de passer la soirée avec l’Ecossais mytho (j’apprendrai plus tard qu’il squatte régulièrement le bothy pour narrer ses aventures farfelues aux pauvres hères ayant le malheur de s’y aventurer…). Will décide lui de repartir, bien que dépité par le temps (il pleut toujours). Ultime et dernier mensonge/conseil foireux de la part de l’écossais mytho : « Ne t’inquiète pas, j’ai regardé la météo ce matin, normalement il fait super beau demain. Ciel bleu et soleil. ». Perso, j’ai aussi checké la météo le matin même, sur plusieurs sites différents, et tous prévoient la pire journée de la semaine le lendemain sur Sourlie (de la pluie pendant des heures et des rafales).

Je décolle du bothy à 15h, au moment où la pluie commence à cesser, conformément aux prévisions météo. Je rattrape Will, on discute un peu en marchant : il a décidé de se prendre 1 ou 2 mois pour crapahuter en Europe avant de changer de vie pour retrouver sa femme qui vient d’être mutée en Nouvelle Zélande.

J’en profite pour le prévenir du mensonge de l’Ecossais et lui annonce que le lendemain sera pluvieux et venteux. En un éclair, je vois l’espoir quitter son regard sad Comme on marche à des allures très différentes, on décide de marcher chacun son rythme arrivé au col, une fois arrivé à la fin de la piste du sentier. On se quitte sur un « See you this evening at A’Chuil bothy » et je passe devant pour attaquer la descente : une pente herbeuse raide, boueuse et détrempée assez casse gueule.

Heureusement la pluie a complétement cessé et le soleil pointe le bout de son nez. Je descends de manière ultra précautionneuse pour éviter toute glissade ou vol plané dans la boue (vécu en Laponie, j’essaye d’apprendre de mes erreurs). Arrivé en bas, je me retourne pour voir où est Will. Il est encore en haut, juste sous le col. Je me retournerai encore quelques fois pour le voir de plus en plus loin, jusqu’à ce qu’il disparaisse. Je ne le sais pas encore mais je ne le reverrai plus. Comme tous les gens que je dépasserais sur le trail, la malédiction de la MUL sad

Une fois seul, arrivé dans le Glen, je suis comme un gamin qui retrouve ses jouets. Je retrouve tout de suite mes réflexes : la lecture du sol (sec/pas sec ; stable/pas stable ; dur/mou/liquide en fonction de la couleur ou de la texture) et le positionnement des appuis reviennent sans réfléchir, de manière automatique. Je m’éclate smile

A part la nature du terrain, la partie « hors sentier » est assez facile et consiste à suivre la rivière pour la traverser à gué pour passer de l’autre côté et attraper un chemin menant à un pont. Le niveau ayant commencé à baisser, je remonte le pantalon et traverse avec de l’eau aux genoux, sans déchausser. Le premier vrai gué du périple et surement pas le dernier !

Arrivé au pont, je suis censé entrer dans la forêt et rejoindre une piste forestière qui me mènera au bothy. Sauf que j’interprète mal la carte et suis la lisière de la forêt. Au bout de quelques 100aines de mètres en hors sentier, je réalise mon erreur. Un rapide check carte, aidé par des ruines à proximité, me permet de connaître ma position et de couper à travers les arbres pour rejoindre la piste. Une fois sur cette dernière, tout roule, et je marche à bon rythme motivé par la perspective d’un bon repas.

J’arrive au bothy à 19h30. Je suis seul. Le gros luxe. La soirée est belle et une table est judicieusement placée devant une des fenêtres. Je m’installe, lance un feu pour sécher mes affaires et surtout donner du réconfort à l’australien que j’estime à une bonne heure derrière moi. Je pressens cependant assez vite qu’il ne se pointera pas…

Je passerai une super soirée à me régaler, à savourer une double IPA devant le coucher de soleil et à profiter du calme du bothy et du crépitement du feu devant lequel j’ai étendu mon couchage.

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Le fameux viaduc, pour la forme

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Vue depuis la porte du Corryhully bothy

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Le terrain devient spongieux, tout ce que j'aime !

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Le premier gué du périple, pas le dernier.

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Vue depuis le seuil du A'Chuil Bothy

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Home sweet home

        
Jour 4 – Mercredi 9 mai – De A’Chuil Bothy à Barisdale bothy – 25 km – Total = 117 km

J’ai bien dormi et à 6h15 je suis prêt à décoller. Mon principal objectif de la journée : passer le marécage de la baie de Sourlie (au niveau de Carnoch) avant les grosses précipitations prévues de 13h30 à 18h. D’après le guide et les différents retex, la partie après Carnoch est particulièrement « boggy » comme ils disent ici. Pour l’anecdote, c’est dans ce coin d’écosse que les que les Forces Spéciales anglaises viennent traditionnellement en chier depuis au moins la seconde guerre mondiale. Tout un programme… Donc si je peux éviter de me retrouver au beau milieu quand le ciel va se lâcher, ce sera pas plus mal big_smile

Une fois quitté le bothy, je rejoins assez facilement le sentier « officiel ». La partie jusqu’à Sourlie ne semble pas comporter de difficultés particulières. Bien que boueux et détrempé, le sentier est suffisamment visible et praticable. Arrivé au Lochain a Mhaim, je suis persuadé avoir vu sur la carte ou lu dans le guide que le sentier se situait sur la rive nord (mais s’en prendre la peine de sortir la carte pour vérifier bien sûr), je me lance. Tiens, bizarre tous ces gros rochers, c’est pas très très pratique et c’est plus des pistes de cerfs qu’un sentier ça non ? Bref, je me rencontre de mon erreur une fois dedans. Pas grave, j’arrive quand même à avancer en montant, descendant et sautant d’un rocher à un autre.

L’avantage de mon erreur est qu’une fois le lochran passé, je suis du bon côté de la rivière. Je me serai économisé 2 gués. Mon arrivée sur Sourlies se fait sous la pluie et le vent qui commencent à se lever.  Je constate tout de suite que la marée est encore basse. Bon point. Ça me permettra de gagner du temps en passant sur la grève. A part ça, je confirme que le bothy est idylliquement situé au fond d’un Fjord avec une belle bande herbeuse le long de l’eau pour planter les tentes. Le jeu des couleurs entre le brun des collines environnantes, le vert pétant de l’herbe grasse, le gris de la grève, le rouge des algues et le bleu de l’eau oscille entre l’apaisant et le sauvage.

Je pousse la porte du bothy et m’y arrête pour une petite pause café. Une souris grassouillette pour me tenir compagnie. Sa pulsion de Muesli est plus forte que sa peur et elle ne peut pas s’empêcher de retourner continuellement se goinfrer dans un ziploc laissé sur la table.

En repartant le long de la grève,  je vois plusieurs carcasses de biches et de cerfs charriées par les eaux. Je ne le sais pas encore, mais j’en verrai encore pas mal d’ici la fin de la journée. La fin de l’hiver a été rude sur la péninsule apparemment… J’arrive enfin dans la zone marécageuse et repère de loin l’emplacement supposé du pont grâce à la ruine qui le domine. Je ne cherche pas trop à comprendre et me dirige droit dessus en ajustant ma trajectoire en fonction des trous d’eau, des bandes de tourbes et des touffes d’herbes. Le sol est détrempé, les pieds aussi, mais en étant attentif et en sondant les zones louches avec les bâtons j’arrive à éviter de trop m’enfoncer.

J’arrive sans trop de mal au pont, qui est… par terre, démonté ! Vu les nombreux panneaux d’avertissement et la tronche de ce qu’il reste de lui, il semble avoir été démonté pour des raisons de sécurité. Heureusement, bien qu’il pleuve depuis plusieurs heures maintenant, les précipitations n’ont pas encore impacté le débit de la rivière. La traversée se fait donc facilement, avec de l’eau aux genoux, mais sans trop de courant. Sur l’autre rive, une grossière piste de 4x4 serpente le long de la rivière Carnach sur 3-4 km et apporte un peu de répit (autrement dit évite de trop réfléchir) avant de disparaitre pour laisser place à une section hors-piste.

Là, les conditions commencent à se dégrader. La pluie forcit et le vent se durcit. La navigation ne présente aucune difficulté (il suffit de suivre la rivière) par contre le terrain oblige à la prudence. Contrairement aux conseils donnés dans le guide qui conseille de rester un peu en hauteur, je décide de suivre le tracé de la carte, plus proche de la rivière. Même si ça avance bien dans l’ensemble, je traverse plusieurs zones avec des trous d’eau ultra traitres, peu visibles et profonds jusqu’à la taille. Encore une fois, en réfléchissant au moindre pas et en sondant avec les bâtons j’arrive à traverser sans encombre, mais la concentration de chaque instant devient vite épuisante … Heureusement, les pistes de cervidés sont de bons indices de passages. Sont pas cons, ils n’aiment pas plus se mouiller que nous… ;D

14h00, l’averse éclate. J’ai un coup de mou, j’ai faim, c’est l’heure de la pause déjeuner. Je monte la Gatewood sur la première zone d’herbe plus ou moins correcte que je trouve. Ça fait du bien d’être au sec ! Comme je ne suis pas aux pièces et que j’ai tout le temps d’arriver à Barisdale, je décide de prolonger la pause pour laisser passer une partie de l’averse et en profiter pour me faire un café-sieste. 15h00, je plis bagages et je reprends la marche sous une pluie glacée et battante, mais rechargé à bloc. Bizarrement, je me réjouis de faire cette section avec un temps aussi pourri. La pluie, la brume et le vent subliment le caractère sauvage de la rivière Carnach et de la gorge dans laquelle elle me conduit.
Comme souvent sur ce trail, un virage à angle droit de la rivière annonce un changement d’itinéraire. Ici, il s’agit de monter 200m plus haut en hors-piste pour retrouver un chemin muletier qui me mènera jusqu’à Barisdale.

Une fois en haut, le sentier est bien au rendez-vous, exactement à l’endroit attendu. Je n’ai plus qu’à me laisser guider jusqu’au col, puis jusqu’en bas jusqu’à la baie de Barisdale.

Par contre ça souffle. Et pas qu’un peu. Avec la pluie qui refuse toujours de se calmer, je suis obligé de fermer toutes les écoutilles et d’enfiler les gants. Le paysage, quand les nuages et la pluie veulent bien donner un peu de visibilité, est rocheux et austère. Pour ajouter à l’ambiance, des cadavres de biches viennent baliser le chemin tous les km (on les sent avant de les voir, le jeu est de deviner où est la carcasse).

Une fois le col passé, la pluie se calme (mais pas le vent). De l’autre côté, ça dégueule de l’eau de partout. Chaque recoin du paysage ruisselle et le sentier n’est qu’un ruisseau parmi d’autre. Heureusement, la pluie ayant fortement diminué, le débit des différents cours d’eau commence déjà à baisser. Si bien que j’arrive à les traverser sans encombre, mais tout de même avec de l’eau aux genoux.

Comme par magie, le ciel commence à se dégager vers 18h et le soleil fait son apparition. Le vent, toujours présent, contribue désormais à sécher mes affaires. Le sentier fini par rejoindre une piste de 4x4 et le paysage s’ouvre sur la baie au loin. A partir de là, c’est « finger in the nose », j’accélère l’allure pour être au bothy à 19h30 et profiter de la soirée.

19h30 pétantes, j’arrive au fameux bothy de Barisdale, avec son eau courante et l’électricité ! A mon arrivée, 4 personnes sont déjà installées, 4 allemands. Un couple qui fait le CWT et deux gars qui se font une boucle de quelques jours depuis Inverie avec un ou deux munros en bonus.

Je me pose dans la pièce principale pour me poser et mettre mes affaires à sécher. Andrea, qui fait le CWT avec son copain est surprise par mon équipement (les chaussures surtout) et me demande le poids de mon sac. Quand je lui dis « moins de 4,5kg sans eau, sans nourriture », j’ai le droit aux habituels « mais t’as une tente ? t’as un réchaud ? » big_smile Elle me dit que son poids de base est à 15kg ! Soit entre 20 et 25kg avec eau et nourriture… Du coup on discute pratique de la rando et randos en écosse. Ça doit être la 5ème fois qu’elle retourne en écosse et a fait plusieurs itinéraires longues distance, ce n’est donc pas une néophyte de la rando, elle n’a simplement jamais ressenti le besoin de changer sa pratique. Quoique, après avoir pété un de ses bâtons dans la vase la veille, elle s’est dit que le poids de son sac n’était pas étranger à l’accident et qu’un peu plus de mobilité et de liberté de mouvement seraient appréciables à l’avenir…

Florian et Marc (les deux muroistes) et Martin (le compagnon d’Andrea) nous rejoignent. L’ambiance est cool. Je me tâte à planter la tente dehors, mais j’ai la grosse flemme. Du coup, je décide de dormir à l’intérieur avec les gars pour laisser son intimité au couple. Chacun prépare son diner : lyophylisés pour les germaniques / wrap, fromage, charcuterie pour le Français ;P

Vers 20h30, alors que je viens d’annoncer que je ne vais pas tarder à aller me coucher pour pouvoir décoller tôt le lendemain, arrivent 2 écossais. Le bothy étant presque plein, ils montent les tentes dehors et reviennent se poser à l’intérieur. Ils commencent à discuter à bâtons rompus avec Florian et Marc et là patatra… ils sortent une bouteille de whisky de derrière les fagots…

Bref, impossible de fermer l’œil avant 1h du mat’, le volume sonore augmentant à mesure que la liqueur réchauffait les cœurs… Mes deux comparses teutons, qui avaient les couchettes du dessus, ont fait un vacarme monstre en voulant se coucher sans faire de bruit. Et pour couronner le tout, à peine étendu, l’un des deux, rond comme une queue de pelle, s’est mis à ronfler comme un camion jusqu’au petit matin… (je soupçonne fortement l’intervention d’une seconde bouteille en cours de soirée…).

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Le A'Chuill Bothy dans son écrin de verdure

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Le Locham a Mhaim où je me suis gourré de rive

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Première vue sur le Loch Nevis

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A partir de ce point, une brève montée hors-piste sur la crête permet de rattraper le chemin muletier menant à Barisdale

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La descente vers Barisdale en mode splotch splotch

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En vue de la baie de Barisdale


Jour 5 – Jeudi 10 mai – De Barrisdale bothy à Morvich– 34 km – Total = 151 km

Bon, ben, nuit de merde quoi. Je me lève à 5h30 et traîne un peu devant la carte et le guide avec mon café pour refaire un point sur la journée. Départ à 6h45, la tête (et le corps) encore un peu dans le cirage. J’enfile les écouteurs et me mets un peu de musique pour compenser artificiellement le manque de tonus ;D

Petit spectacle matinal des plus plaisants : une harde de cerfs se prélasse dans le pré en contrebas du bothy.

La journée s’annonce pas trop mal : pluvieuse avec éclaircies le matin et éclaircies tout l’aprèm. Le programme de la matinée consiste à prendre un sentier muletier qui surplombe et longe la côte du loch Hourn jusqu’au hameau de Kinloch Hourn. Le sentier est pas trop mal, très régulièrement boueux et trempé ou pierreux et glissant, mais c’est un vrai sentier (on revoit vite ses exigences sur ce trail ;D).

J’ai néanmoins l’impression de me trainer, je paye le manque de sommeil de la nuit. Plus de jus. Vers 9h00 je décide donc de me poser 20min pour une pause café/granolas face au Fjord. C’est ce dont j’avais besoin, je repars en meilleure forme. Le jeu entre la pluie et les éclaircies sublime le Fjord, mais est particulièrement pénible pour gérer les couches (ouverture/fermeture et remontée/descente des manches de la veste toutes les 5min).

Je fini par arriver à Kinloch Hourn sous le soleil, pile poil pour la pause déjeuner. Je reprends ensuite ma route et quitte le hameau par une piste forestière qui rejoint rapidement une bonne piste carrossable. Là, il s’agit de la suivre tranquillement sur 4-5km avant de s’engouffrer en hors-piste sur un plateau et de remonter la rivière Allt Coire Mhalagain jusqu’au au col. Tranquille pépère pendant 1h quoi. Sauf qu’encore une fois, je n’ai pas pris la peine de faire un point carte. Je me rappelle juste que le chemin est censé faire un coude et aller plein nord… Après même pas 15min, je me retrouve donc à prendre un sentier qui monte effectivement plein nord depuis la piste. Le sentier est beau et agréable, perdu dans mes pensées, je marche 15min à bon rythme… et là je trouve quand même que je suis plus haut que prévu, beaucoup plus haut. Petit point carte (il était temps) et effectivement, j’ai fait de la merde (mais la vue est belle). Mais j’ai fait de la merde.

En prenant en compte le temps nécessaire pour la descente, j’ai bien perdu 30min (2km) … Champion… Je décide donc de redescendre en courant pour rattraper mon retard. Il faut vraiment que je sois plus attentif à l’avenir et que je reprenne l’habitude de faire des check carte régulièrement.

Je retrouve la piste et m’avance encore un peu en courant. Heureusement, la piste est bonne et le rythme avec elle. J’arrive à rattraper une partie de mon retard. Le passage de l’Allt a’Coire Reidh, potentiellement problématique en cas de fortes précipitations, se passe comme sur des roulettes et j’arrive rapidement au bout de la piste.

La suite se passe donc en hors piste. Là l’itinéraire est libre. Il s’agit dans les grandes lignes de remonter au-dessus de 450m en direction du Sgurr na Sgine et, une fois à cette altitude, de suivre la courbe de niveau vers le nord le long du plateau, qui se termine en cul de sac. De là, pas de risque de se tromper, il suffit de suivre la pente en direction du nord-est là où elle est la plus accessible et on est au col ! Avec de la visibilité, une simple orientation de carte suffit, le terrain est très facilement lisible. L’altimètre est fort utile aussi (quelque soit la visibilité) car très souvent les sections hors-sentiers suivent des courbes de niveau et ces dernières ne sont pas un choix aléatoire wink

Perso, pour rester au sec, j’ai préféré monter à 500-550m pour rester au-dessus du plateau qui semble quand même pas mal marécageux.

Arrivé au col, le petit lac de Bealach Coire Mhalagan fournit un bon repère de navigation. Toujours hors-piste, le trail est censé se poursuivre plein nord à partir du lac jusqu’à 820m, passer sous un éperon rocheux et rejoindre un chemin de rocaille. Perso, arrivé à la ligne des 820m, je n’ai pas trop capté où la carte voulait me faire passer…J’ai préféré descendre 50m plus bas pour rejoindre une sorte de mur en pierre qui m’a conduit directement au sentier, un chemin de rocaille qui serpente dans un corridor en pierraille ! Assez inhabituel. Le sentier se transforme ensuite en chemin plus conventionnel.

Le ciel s’est dégagé, la fin de l’après midi est belle et les plus gros morceaux de l’étape d’aujourd’hui sont derrière moi smile

Il est 17h00. Je me fixe comme objectif d’arriver à Shiel Bridge pour 20h avec pour carotte une bonne bière et un bon Fish&chips. Mais avant ça, j’ai encore pas mal de km à faire et n’en ai pas encore fini avec les bogues.

Le sentier qui descend sur le Meallan Odhar est relativement agréable bien que détrempé et un peu glissant. Une fois ce dernier passé, le trail se poursuit par une descente hors-piste jusqu’à la rivière en contre bas, qu’il me faudra suivre sur quelques km jusqu’à rejoindre une piste carrossable. Une fois les quelques km de boggs traversés, la piste carrossable se trouve sur l’autre rive de la rivière, qui est suffisamment large à cet endroit pour traverser tranquillement. Je mets pied sur la piste à 19h. Je ne suis plus qu’à 6km du pub et je n’ai plus d’obstacle pour me freiner smile

En passant à côté du camping, je vois une 20aine de tente de tout types dont plusieurs tentes UL (Tarptent, Six Moon, Tipis types Golite, etc) et là j’ai un flash et je me rappelle que le TGO 2018 commence demain ! Et là, je suis content d’avoir été à Barisdale un jour plus tôt. J’imagine même pas le degré de surpopulation ce soir !!!!

20h, comme prévu, je me pose au Kintail Lodge avec une bonne petite pinte. Au menu : Haggis en starter et Fish&Chips en Main course. Le repas des champions ! Vers 21h30, le ventre plein et l’âme en paix, je reprends la route pour une petite marche digestive jusqu’à Morvich. La nuit commence à tomber, j’ai prévu de me poser pas loin de l’Outdoor Center. 100m plus loin, je tombe sur une table de piquenique bordée par une bande herbeuse, au bord de la rivière. Je ne réfléchis pas plus, monte l’abri et m’endors du sommeil du juste.

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Lazy morning ;P

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La baie de Baridale

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Quel luxe, un chemin !

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Villégiature sur le Loch Hourn; les pauvres gens, j'aimerai tellement pas être à leur place...

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Ça a parfois du bon de s'égarer dans les hauteurs

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La montée vers le col

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Un petit coup d'oeil en arrière pour apprécier le chemin parcouru

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Aux alentours du Meallan Odhar


Jour 6 – Vendredi 11 mai – De Morvich à Bendronaig – 33 km – Total = 184 km

J’ai dormi comme une souche et j’ai un peu du mal à émerger. J’arrive tout de même à décoller à 7h00 du matin. Le temps est gris mais a l’air stable. Pas trop froid, pas trop chaud. Parfait pour marcher.

Aujourd’hui, je prévois de m’arrêter à Bendronaig, soit une bonne trentaine de km. Voire pousser un peu plus loin si le temps le permet car samedi, qui s’annonce être une magnifique journée ensoleillée, j’aimerai m’avaler d’une traite la grosse étape jusqu’à Kinlochewe via le Glen Torridon et le Beinn Eighe. Mais pour le moment, ce matin j’ai à faire avec les Falls of Glomach.

Je galère 10 min à trouver la piste au milieu des maisons pour sortir de Morvich, je me demande toujours si je ne rentre pas sur un chemin privé ou une propriété… Mais une fois sur la piste, ça roule. Le chemin est franchement bon. Je m’arrête vers 8h au bord d’un ruisseau pour refaire le plein d’eau et grignoter un peu. Check carte : le pont que je dois prendre pour traverser la rivière et commencer l’ascension vers les chutes devrait se trouver à moins d’1 km de là où je suis, soit 10min de marche.

Je repars, dans mes pensées, le chemin est toujours aussi bon, j’avance d’un bon pas. La tête dans les nuages, j’oublie de regarder l’heure, persuadé que je vais finir par tomber sur le pont. Au bout de 20-25min je réalise quand même que j’aurai dû déjà traverser le pont depuis longtemps… Un point carte me confirme ma position : un gros km trop loin. Le sentier était tellement net et agréable, que je me suis mis en pilote automatique ! Le temps de revenir sur mes pas, j’aurai encore perdu plus de 30min et 2 gros km !

2 erreurs de ce type en 24h, ça fait beaucoup. Surtout que je me rends compte que le pont était à 600-700m seulement de mon point de pause et qu’un panneau orné d’un « Falls of Glomach » en blanc sur fond bordeaux indiquait la direction du pont… Champion du monde ! Je dois être le seul con qui se plante sur les sections balisées du trail, nan mais sérieux… « C’était quoi la partie la plus dure du trail ? »  « La montée aux Falls of Glomach, trop galère pour trouver les panneaux rouges de 60cm sur 30… j’ai failli tout abandonner à ce moment-là…» lol
Je me mets donc une grosse claque mentale pour m’obliger à reprendre les bonnes habitudes. A partir de maintenant : point montre et point carte tous les quarts d’heures ou au moindre doute.

Une fois le pont passé la montée se fait tranquillement et facilement (nombreux panneaux) d’abord le long d’une piste carrossable puis sur un bon sentier muletier qui monte de plus en plus raide jusqu’au col à 500m. Comme la veille, j’ai un coup de mou vers 9h30 au cours de la montée vers le col et m’arrête un peu en surplomb du chemin pour une pause café / granola. Confortablement installé contre un rocher, parfaitement à l’abri du vent et idéalement exposé à la chaleur du soleil, je me laisse aller à une petite sieste de 10min.

Malgré le vent, le reste de la montée est agréable, l’itinéraire jusqu’aux chutes étant une destination « touristique » (toute proportion gardée), le sentier est bon, clair et pratiquement sec. Au passage du col, je me prends tout de même une averse de grêle éclair, venue de nulle part. Comme ça, gratos.

Les derniers 100 m avant les chutes se font dans l’herbe. Je repère quelques spots sympas pour une tente le long de la rivière. Je ne m’attarde pas, je dois avancer.

Grâce aux retex de Damien et µµ lus sur le forum avant de partir, je m’épargne l’erreur de prendre le mauvais sentier et trouve facilement le bon, le long de la barre rocheuse, après le panneau d’avertissement (merci wink).

Le chemin est étroit et à flanc de pente. Le vent se mets à gonfler sérieusement et à se lâcher régulièrement en rafales. Mieux vaut être prudents. Je me retourne quand même quelques fois pour jeter un œil sur les fameuses chutes les plus hautes d’Angleterre.

Le sentier est rocheux, parfois glissant. Mais j’ai de la chance, mis à part le vent qui dépote, les conditions sont bonnes. Sous la pluie avec l’eau qui ruisselle et la boue, ça doit être une autre paire de manche. Tant que je suis sur le sentier en corniche, ça va, les nombreux rochers, arbres et virages me coupent le vent. Mais une fois plus bas, à découvert, je dois m’accroupir en boule plusieurs fois pour laisser passer des rafales…

Le sentier me conduit tranquillement à une piste carrossable qui se déroule jusqu’à l’Iron Lodge, via Carnach. Ce qui veut dire : allure rapide et pieds secs (ou pieds qui sèchent). Le vent est pratiquement tombé, il fait bon. Après les lodges de Carnach, mon regard est attiré par un troupeau de vaches… attends, des vaches ? Ici ?

Je regarde mieux et il s’agit en fait d’une harde de cerfs, j’en compte 15, puis 18, puis 23. Certains étant couchés dans l’herbe. Ils sont tellement nombreux que mon cerveau incrédule les a convertis automatiquement en vaches big_smile 

Je prends 5 bonnes minutes à les observer et je repars. 5 min plus tard, je tombe sur un groupe d’une 15aine d’individus ! Puis, encore 5min plus tard, sur un groupe d’une 20aine, à moins de 100m de moi !!! C’est Red deer land ici ou quoi ? Je ralentis l’allure et prends mon temps pour les observer, ils ne semblent pas gênés par ma présence.

Petite pause déjeuner au niveau de l’Iron Lodge, petit café et c’est reparti. Direction Maol Buidhe.
La section est roulante sur au moins 10km et suit une piste carrossable d’abord, boueuse ensuite, mais très facile à suivre. Heureusement car le paysage est un peu tristounet sur le plateau menant au bothy.

Je fini par arriver à ce dernier, non sans avoir traversé la traditionnelle rivière comme il se doit.

Le bothy est vraiment mignon et bien aménagé, mais bien paumé. Petite maisonnette blanche posée au milieu d’un immense zone marécageuse (bogg). A l’intérieur, je rencontre Florian, un suisse qui s’est déjà posé pour y passer la nuit. C’est la 3ème fois qu’il vient sur le Cape Wrath, comme il n’a pas la possibilité de poser suffisamment de congés, il a décidé de le faire en plusieurs fois. Son truc, c’est la photo et comme il ne se lasse pas des Highlands et du jeu des couleurs au fil des saisons, il n’est pas aux pièces pour les étapes et est près à retourner sur le trail une 4ème ou une 5ème fois ?

Après 20min à discuter autour d’un thé et d’un café, je le laisse en lui souhaitant une bonne fin de vacances et la chance de pouvoir avoir le bothy pour lui tout seul.

La suite se passe en hors-piste, sous un léger crachin. Il me faut continuer tout droit, passer le déversoir du Loch, prendre plein nord dans la tourbe et suivre la ligne de niveau 375 pour rejoindre le Loch Calavie un peu plus haut. De là une piste me mènera tranquillement à Bendronaig. La navigation est aisée, mais le terrain est crade, marécageux et tourbeux à souhait. Sur certaines portions. Je passe mon temps à zig-zaguer de droite à gauche entre les « vagues » de tourbes, sautant de l’une à l’autre, recherchant une racine ou une touffe d’herbe me permettant de passer un creux sans finir avec le pied enfoncé dans la boue…
Mais ça le fait et j’arrive au loch sans trop de difficultés.

De là, je choppe un sentier qui mène à la piste qui mène à Bendronaig. S’en suivent 10km à bon rythme mais sans intérêt particulier, le temps est maussade, le paysage un peu triste, pas moche, mais pas exaltant non plus.

J’arrive à l’Estate bothy de Bendronnaig à 19h avec l’intention d’y manger avant de repartir pour trouver un coin où bivouaquer quelques km plus loin. En me rapprochant du bothy, je vois une légère fumée qui sort d’une des cheminées. Je ne serai pas seul… J’entre et découvre un bothy un peu glauque, dépouillé, relativement sale, avec de vieilles bâches et vieux matelas gonflables qui servent de portes aux 3 « chambres ». L’une d’elle, celle qui est occupée, est consciencieusement scotchée avec du duct-tape… Je balance un « Hi » qui me revient en retour et… ce sont les seuls mots que j’échangerai avec le mystérieux occupant du bothy. Je me pose pour manger et décide rapidement de rester pour la nuit (j’avoue que la pluie qui s’est mise à tomber a pesé dans la balance). Je prévois une (très) grosse journée le lendemain et ai la flemme de reprendre la marche à la recherche d’un hypothétique spot de bivouac. Il y a un évier, j’en profite pour faire une lessive, lance un feu pour sécher le tout et me couche tranquillou.

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Les Falls of Glomach

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Ça ne paye pas de mine, mais ça souffle !

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Tiens, des vaches !

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Bienvenue à Deerland big_smile

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Une progression un peu tristounette jusqu'à Maoile Buidhe

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Le bothy de Maoile Buidhe

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Arrivée au Bendronaig Lodge

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Ma chambre pour le soir, avec lecture rétrospective du guide après avoir fait terminé les étapes. J'aime pas les spoiler  lol


Jour 7 – Samedi 12 mai – De Bendronaig à Kinlochewe – 48 km – Total = 232 km

Le plancher du bothy n’était pas de tout confort… mauvaise nuit. Je me lève tout de même aux aurores et décolle du bothy à 6h15. Sans avoir croisé mon « colocataire » qui se levait et sortait, uniquement quand j’étais dans ma « chambre » ;D

Gros programme aujourd’hui : je me fixe comme challenge d’atteindre Kinlochewe le soir même, via le Glen Torridon et le Beinn Eighe, soit plus de 45 km, 10km de hors piste un peu rude et près de 1800m de D+…

En attendant, direction Strathcarron, qui marque la fin de la première partie du trail (changement symbolique de carte Harvey Maps). Les premiers kilomètres se font sur une énorme piste de 4x4, qui sillonne au milieu d’un paysage ravagé par les chantiers d’hydroélectricité. 2 km de hors-sentier me permettent ensuite de rejoindre un peu plus haut un étroit sentier qui mènera directement à Strathcarron.

Je ne regrette pas d’avoir fait halte au bothy, car sur les premiers 6 km jusqu’à la petite bourgade, aucun spot de bivouac potable. Même avec une Gatewood !

J’arrive à Strathcarron à 8h45 et me pose pour un café-petit déj dans les près à côté de la rivière. Le temps est parfait, il fait déjà chaud, la journée s’annonce magnifique smile

Avec les pierres tiédies par les rayons du soleil, l’odeur des genêts, la rivière qui coule en contrebas, je me retrouve à trainer un peu trop. Je me botte donc les fesses et fini par repartir vers 9h30.
Je me fais le pari fou (que je n’arriverai pas à tenir) d’arriver à Kinlochewe avant 18h00 et la fermeture du magasin…

Après avoir suivi un sentier aménagé pour les pêcheurs le long de la rivière, avalé une petite portion de route, croisé voitures et camping cars, je suis de nouveau peinard avec la promesse d’être loin de la civilisation pendant quelques heures.

Le soleil cogne et le ciel est parfaitement dégagé (ça arrive en écosse). Avant d’attaquer la montée ver le Bealach Ban, j’en profite pour faire un brin de toilette à côté de la rivière et laver 2-3 affaires. Je repars en portant ma polaire en première couche, l’occasion de tester et surtout de profiter de sa capuche pour me protéger du soleil qui se fait mordant.

Le sentier est super agréable, un beau sentier de montagne qui serpente sur un terrain très minéral. Ça change de la bruyère et de la tourbe. Ça roule tout seul et je me surprends même à courir sur quelques centaines de mètres, par pure pulsion !

Je croise un groupe de riders qui portent leur VTT sur l’épaule. Pendant 45min, on ne fera que se dépasser à tour de rôle jusqu’à ce que nos chemins se séparent. Je dois en effet marcher  2km hors piste pour attraper un mince sentier qui doit me mener à la Ling Hut. Du balcon où je me trouve, impossible de distinguer le sentier dans le paysage, pourtant largement ouvert et lisible. Je m’avance d’un ou 2 km dans les buissons et la bruyère en essayant de coller à la carte à l’aide de l’altimètre de ma montre, mais pas moyen de trouver ce foutu sentier… j’essaye de le croiser en avançant en zigzag, en montant et descendant. Je fini par sortir le téléphone, l’occasion de tester l’appli OSMap. Et effectivement, il était 10m au-dessus de moi… ce serait con de m’obstiner à tracer dans les broussailles alors que je pourrais tracer sur un sentier bien clair. Ce sera le seul moment du trail où j’utiliserai le gps.

Je vois mon objectif de loin. Impossible la route à rejoindre et surtout le parking. Les campings cars forment une masse blanche impossible à louper.

Même si je trace à vive allure, en arrivant au parking à 14h, je réalise que je n’arriverai pas à Kinlochewe pour 18h. Il me reste toute la montée au Beein Eigh et surtout 8km hors pistes qui me prendront bien 2h à eux seuls.

Malgré ça, j’ai la patate et attaque le Glen Torridon avec gourmandise.
Le paysage, pur et minéral, est grandiose. Je croise beaucoup de monde. On est samedi et la montée jusqu’au Loch Coire Mhic Fhearchair est une randonnée très prisée. Malgré tout, je croise majoritairement des gens qui redescendent en laissant des effluves de gels douches et de déodorants… ces petits conforts quotidiens me semblent déjà ultra loin…
   
Je continue à avancer à vive allure. Le sentier et la vue sont tellement sympas que je ne sens même pas la montée. J’avance les yeux écarquillés en essayant d’en absorber un maximum. Il fait chaud, j’ai de l’eau à volonté et ma polaire rempli son rôle encore mieux que ce que j’espérais. Son revêtement intérieur en « pile » évacue la transpiration à merveille et le tissu est chaud, juste ce qu’il faut smile

Bref, j’arrive sans effort au lac glaciaire en me régalant de la vue alentour. Je me fais déjà la promesse de retourner dans le coin pour en profiter à fond. Bien que le coin soit grandiose et sauvage à souhait, les 2 heures qui suivent ne sont pas de tout repos. Il s’agit de contourner les flancs du Ruadh-Stac Mor, puis du Ruadh Stac Beag sur 8km pour atteindre un sentier menant à Kinlochewe. Pour ça, l’idéal est de suivre la courbe de niveau 400m. Plus facile à dire qu’à faire car le terrain est pentu, rocailleux et parsemé de broussailles. Ainsi, le trail consiste le plus souvent à suivre des sortes de pistes de cerfs larges d’à peine 15cm et à flanc de roches. Il est 18h00 quand j’attaque le contournement du Ruadh Stac Beag, plus facile que celui de son grand-frère. Mais c’est sûr, je ne serai pas à Kilochewe à temps big_smile

La fatigue commence à se ressentir. Tant pis pour le ravito. Je me motive avec la perspective d’un bon repas et d’une bonne bière. Par contre, je percute qu’on est samedi et que dans la logique des choses, demain c’est dimanche… J’avais perdu le décompte de la semaine et pas capté que je risquais de trouver le magasin fermé. Or, je compte sur le ravito de Kinlochewe. Il ne me reste plus qu’un repas. Bon, ça me fera quelque chose à ruminer d’ici à ce que j’arrive. Ça m’emmerderait quand même de devoir faire un détour…

19h, je pose enfin le pied sur le sentier qui mène à Kinlochewe ! Je suis bien content de le trouver celui là. Pile à l’endroit prévu ! Je suis fourbu, mais encore combatif. La perspective d’une bonne mousse est le meilleur des phares !

A 20h, j’arrive au pub. Mauvaise surprise : ce soir, ils ne servaient les repas que sur réservation. Trop de monde. Devant le pub, je rencontre Christophe, qui a fait la moitié du CWT sans carte, en jetant simplement un coup d’œil sur les cartes des randonneurs croisés en chemin ! Là, il profite un peu de Kinlochewe après avoir passé une semaine au Shenavall Bothy sur le chemin du retour et exploré un peu les environs. Plus tôt dans la saison, il était au Quebec pour un trip en autonomie et s’envolera dans 1 mois pour aller jouer en Norvège, après une petite pause à la maison en Allemagne. Autant vous dire, qu’on finit rapidement avec une pinte à la main à parler voyage et refaire le monde. D’autant plus qu’on a la même vision de la chose et la même façon de la pratiquer (la chose, c’est le voyage itinérant hein). Dans la soirée, Christophe tombe sur un couple qu’il avait croisé sur le trail. Eux ont fait l’intégralité du trail gps à la main, en suivant la trace au mètre près. Deux approches complétement différentes en somme !

Une 2ème pinte, un paquet de chips, discussion à bâtons rompus sur le voyage, la marche, les périples à l’arrache et la liberté… et il serait peut-être temps de songer à souper à aller se coucher, la journée a été longue !

Par un heureux hasard, Christophe a planté sa tente en sortie de village, au bord de la rivière, à l’endroit où je songeais bivouaquer ! Deuxième bonne surprise : le Grocery Store est ouvert le dimanche matin à partir de fin avril ! Victoire ! Je vais pouvoir me ravitailler convenablement sans avoir à me contenter des maigres rayonnages de la station-service. C’est donc fourbu mais soulagé de ne pas avoir à casser le rythme que j’avale mon dernier repas. Je ne pouvais pas faire mieux en matière de calcul de rations. Ça c’est de l’optimisation big_smile

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Le plateau surplombant Strathcarron

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Un lieu idéal pour une pause café

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En voilà un beau sentier !

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Il fait chaud, un comble en écosse. Remboursez ! lol

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Et c'est parti pour un peu de hors-piste.

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Polaire en première couche, validé ! La transpiration s'évacue presque aussi vite qu'elle est produite !

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None shall pass ! I move for no man... lol

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Du minéral, du minéral et du minéral

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Montée au Loch Coire Mhic Fhearchair

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Le loch, surplombé par Fuselage Gully


Jour 8 – Dimanche 13 mai – De Kinlochewe à Strath Na Sealga – 24 km – Total = 256 km

Dimanche, c’est grasse mat’ ! big_smile Je me paye le luxe de dormir jusqu’à 7h00. Café tranquille au bord de la rivière et je retourne en ville pour faire un brin de toilette et de lessive dans les toilettes publiques du parking. J’en profite pour re-checker les horaires de la station service et du Grocery Store. De retour au camp vers 8h, Christophe émerge à peu près en même temps. Ses habitudes des derniers jours : cafés cow-boy et lecture perché sur une branche surplombant la rivière. Super motivant ce gars. On a un peu moins de 10 ans d’écart, ce qu’il ne se gêne pas de me rappeler « c’est cool que tu continues à te faire des trips à ton âge… » mais d’une façon positive : ça lui met du beaume au cœur de se dire que dans 10 ans il sera peut-être encore en train de bourlinguer. De mon côté, je me revois presque 10 ans plus tôt quand je suis parti m’encanailler sur les sentiers pendant 8 mois en Europe de l’Est…

Ses activités des derniers jours : 1 semaine de villégiature au shenavall bothy avec lecture et crapahute dans les Fisherfield mountain, y a pire. Les jours à venir : 2 jours à Edimbourg, retour 3 semaines en Allemagne pour voir les potes et départ pour la Laponie pour au moins 1 mois de bushcraft rando à l’arrache avec sa copine. Joli programme.

En attendant, moi, j’ai envie d’un « Full Scottish Breakfeast » et ça tombe bien, ils en servent à la station service qui comporte un petit salon de thé qui m’a semblé très attrayant la veille. Le hic, la station n’ouvre qu’à 10h. Heureusement, le Grocery Store ouvrant à 9h00, il nous a été facile de trouver quoi faire : « Resupply time ! ». Le magasin est ramassé et exigu mais il y a tout ce qu’il faut. Je me paye même le luxe de pains au lait aux pépites de chocolat, ce que je ne mange jamais d’habitude. Et une petite boite de Corned beef, pas mul mais top avec des Wraps. Par contre, impossible d’acheter de l’alcool avant 10h. Nous sommes donc bons pour aller repasser après le petit déj. D’autant plus qu’ils ont quelques bières sympas. La bonne bière au bivouac, c’est quand même un des gros intérêts de la Mul en écosse non ? (Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils ont nommé une île en l’honneur de la randonnée légère).
Le Full Scottish Breakfeast est à la hauteur de mes espérances et le cadre est sympa et reposant. Rapide passage au magasin pour me prendre une bière pour le soir et retour au camp vers midi.

Nous nous disons au revoir avec Christophe, sans pathos et sans échanger nos coordonnées - d’expérience réciproque, il est rare que le contact perdure – mais avec le plaisir d’avoir passé un moment entre « gentilshommes ». On se souhaite bon vent et bonne chance et je reprends la route.
L’objectif de la journée : Shenavall Bothy. Environ 25 km et seulement quelques kilomètres de hors sentier pas trop méchant, le reste se déroulant sur piste carrossable et sur sentier plus ou moins net. Le ciel est couvert, mais théoriquement aucune pluie n’est à prévoir. La température est idéale pour marcher à bon rythme, ni trop chaud, ni trop froid.

La montée jusqu’au Loch Fada est rapide, mais monotone. Quoiqu’un peu de piste est reposant à la fois pour l’esprit (il n’y a pas à réfléchir) et pour le corps (aucune sollicitation autre que la marche). Parfait pour un « demi jour off » et d’autant plus pour un dimanche.

Petite pause point carte et grignotage sur la rive du Loch et c’est reparti pour le show ! La suite consiste en 2-3 km de hors sentier à travers les boggs. Le temps ayant été clément ces derniers jours, j’opte pour les hauteurs qui ont l’air relativement sèches. Toutes les occasions de garder les pieds secs sont bonnes à prendre. Je m’écarte donc de la trace de la carte et préfère suivre un cap à la boussole. La visibilité étant bonne, le paysage est facilement lisible, d’autant plus que la direction est difficile à louper, il s’agit en effet de s’engouffrer dans le Bealach nan Croise, goulet (je n’ai pas d’autre nom sur le moment) visible de loin. La seule difficulté – relative – étant de trouver un endroit pas trop escarpé où traverser la rivière.

Je débouche donc au pied du Beinn Bheag et croise la route d’un couple de Munro Baggers surpris de me voir déboucher de nulle part. Ils sont assis pour une pause casse-croute. Je les recroiserai un peu plus tard après le Loch An Nid. Eux ont continué par le haut en suivant la côte 375, alors que je suis redescendu pour suivre le semblant de sente (piste à stalker) du CWT le long de la rivière. Pas le chemin le plus court. On marche un peu ensemble et ils me disent qu’ils rejoignent des amis qui campent dans une poche de verdure un peu plus loin au bord de la Strath Na Sealga. Ils me conseillent de m’y poser également, le coin étant apparemment idyllique. Je leur dis que mon objectif de la journée serait plutôt de pousser jusqu’à Shenavall bothy.

Je marche plus vite et fini par les devancer. J’arrive en vue de la petite oasis. Ils n’ont pas menti, on dirait un verger d’un vert éclatant encadré de genêts d’un jaune encore plus éclatant ! La vue des nombreuses tentes déjà installées me refroidit un peu… Pas trop envie d’une ambiance camping ce soir. Je décide donc de poursuivre au bothy comme prévu, sauf que… le spot et la météo en ce début de soirée sont tellement magnifiques que je ne résiste pas à la tentation de m’y poser pour la nuit. Les campeurs se sont tous regroupés au même endroit, tant mieux, l’ « oasis » est suffisamment vaste pour me dégotter un petit coin tranquille rien que pour moi smile

A 19h, la tente est plantée et j’ai toute la soirée devant moi, avec une petite bière à siroter. La cerise sur le gâteau de ce jour « off » ! Je me paye même le luxe de faire un petit feu pour l’esthétique du bivouac (ce que je ne fais jamais), histoire d’ajouter la dernière touche à une des soirées le plus idylliques (et bucolique) que j’ai eu en rando!

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Loch Fada en vue !

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Progression le long de la rivière Loch an Nid

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Quand je vous disais que le coin était idyllique !

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La vue de l'abri, comme résister à la tentation de se poser ?

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Lecture rétrospective et houblonnée de la journée écoulée, un peu trop alarmiste Ian Harper nan ?

Hors ligne

#4 02-05-2019 22:03:14

Criss Kenton
Membre
Inscription : 11-01-2009

Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Jour 9 – Lundi 14 mai – De Strath Na Sealga à Knockdamph – 42 km – Total = 298 km

Debout à 5h30 comme d’habitude. Le Glen est magnifique sous les premiers rayons de soleil. Contrairement aux scènes ou la lumière embrase le paysage, ce matin cette dernière semble littéralement émaner avec douceur de la végétation. Difficile à expliquer mais en ces heures matinales, il se dégage une puissante sensation d’harmonie. Un vrai moment hors du temps. Passé la contemplation, gorgé comme une éponge, je me mets en marche direction Shenavall Bothy. Bothy mythique au pied des Fisherfield mountains, tant vanté par Christophe l’Allemand rencontré à Kinlochewe.

Après avoir croisé quelques cerfs en route, j’arrive au bothy. Premier constat : c’est vrai qu’il y a pire comme cadre ! Deuxième constat : j’ai bien fait de poser la tente au bord de la rivière, le bothy était plein, occupé par un groupe de Munro baggers chevronnés sur le départ (dont un sosie de l’acteur Roger Rees).

Je continue ma route en montant sur les hauteurs située derrières le bothy pour suivre une piste servant de voie d’accès pour Shenavall et les monts environnants. Arrivé sur le plateau, une belle vue sur le Glen mets le petit oasis de verdure de la veille en perspective et confirme son caractère providentiel et incongru au milieu de ce no mans land.

Après 5-6 km, je rejoins la piste de 4*4 (reprise du tracé traditionnel du CWT) où je retrouve John et Anna, le couple d’anglais rencontrés la veilles, accompagnés de leur groupe d’amis. Je ferai le chemin vers Corriehallie en discutant à bâtons rompus avec Anna. Discussion passionnante : randonneurs réguliers, Anna et John ont décidé de se lancer dans des périples plus engagés et de se mettre à la pratique de l’alpinisme arrivés à la cinquantaine. Stage d’orientation et stages grand froids dans les cairngorms, treks en himalaya, collection de Munros avec des potes alpinistes, ils ne cessent d’accumuler de l’expérience tout en se faisant plaisir comme des gosses. Super inspirant. Même s’il avait fait un temps de chien aujourd’hui, ça aurait suffi à de me mettre le sourire pour la journée.

Arrivé à leur voiture, on se souhaite « Good Luck » et tout le meilleur pour la suite ; et je continue mon petit bonhomme de chemin. Le sentier entre Corrihallie et Inverlael est roulant et j’avance à bon rythme, tranquillement. Quoique le fait que mon sursac se soit fait la malle lors d'un ravitaillement en eau me fait perdre un peu de temps (j'ai oublié de le refixer, oups). Tel Tommy Lee Johns après son prisonnier je me tape 2km aller-retour en courant (sans sac quand même) et je retrouve le fugitif posé au milieu du chemin.

Pause repas à Inverlael au bord de la rivière et c’est reparti. La météo s’annonce pas mal cet aprèm et j’aimerai réussir à joindre Knockdamph tout en ayant le temps de profiter du Glen Douchary qui semble prometteur sur la carte. Après quelques km sur des pistes forestières et sentiers pour mener sur les hauteurs, aux pieds du Meall Dubh, enfin du hors pistes smile

Le sujet interro du jour : contourner le Meall Dubh en restant sur une côte supérieure à 500m pour éviter les bogs le long de l’Allt na Lairigeet viser le point de confluence de la rivière Douchary. Le terrain n’est pas difficile et même par mauvais temps, sans visibilité, le glen est dur à louper. Mais par beau temps comme aujourd’hui, c’est véritablement du caviar. Il est même possible d’apercevoir de très loin les ruines et le bras à traverser.

La vue est encore une fois saisissante. Au loin les différents cours d’eau tracent des saignées vertes dans le paysage. Ça me ramène en tête les images du film Noé de Darren Aronovsky lors de la scène de la pousse des arbres au fil de l’eau.

Une fois arrivé en bas, au milieu des ruines, les pieds sur un tapis d’herbes moelleux. Il est très facile de s’imaginer plusieurs siècles en arrière et de recréer mentalement des scènes pastorales à la Braveheart avec la rivière bordée d’arbres, une cahute au toit de chaume et un feu de tourbe qui fume smile J'ai envie de crier "Mon royaume pour un cheval, un kilt et une claymore !!!" mais comme je n'ai pas de royaume, je vais devoir me contenter de mes pieds, mon quilt et mon opinel... hmm

L’entrée et la progression dans le Glen Douchary se fait sur un sentier de chèvre (goat path) qui serpente au-dessus de la rivière et permet de découvrir toute la singularité de ce glen, véritable monde à part où se succèdent bassins et cascades surplombés de pentes abruptes bordées d’arbres d’un vert luxuriant. Une poche de vie où se déploient une faune et une flore unique en écosse smile

A la sortie du Glen, avant d’amorcer la montée vers le Loch an Daimh, je croise et dépasse un Cap Wrathiste (oui oui, on dit comme ça) qui semble au bout du rouleau et qui peste contre ce « bloody goat path » ! Je n’ose pas lui dire que de mon côté j’ai particulièrement apprécié la traversée… Par contre, là où lui a trouvé surement trouvé du réconfort, pour ma part, j’ai détesté les 4-5 km de pistes à 4x4 jusqu’à Knockdamph. Ultra monotone au regard des heures précédentes et un vrai tape pieds (=tape cul mais pour les petons). Si bien que j’arrive au bothy avec les pieds durs comme des morceaux de bois.

Anticipant les possibles nids à tiques, j’évite de me poser dans les parcs à mouton ou trop proche de la rivière où l’herbe est pourtant grasse et opte pour les abords du bothy. Un passage de la bâche en tyvek sur le sol me confirme la présence de quelques tiques, mais c’est gérable.

20h30, je ne suis pas mécontent de me poser !

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La Strath na Sealga dans toute sa splendeur

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Kikaboo !

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Le Shenavall bothy et en arrière plan les fisherfield mountains

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Iverlael river, parfait pour une pause casse croûte

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Un bel endroit pour perdre son sursac

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Contemplation de la rivière Douchary et de l'entrée du Glen, difficile à manquer !

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Vue depuis les sheelings, bouh que c'est moche !

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FRREEEEEEDOOOMMMM !!!

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Cimetière sylvestre. Et oui, les paysages désolés des Highlands n'ont pas toujours été comme ça contrairement à la Laponie

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La saignée verte du Glen Douchary

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Le monde perdu...

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Enfin posé, rideau !


Jour 10 – Mardi 15 mai – De Knockdamph à « Beyond Loch Ailsh – 31 km – Total = 329 km

La journée de la veille m’a un peu cassé ou alors je n’ai pas assez récupéré pendant la nuit. Quoiqu’il en soit, je décide que la journée d’aujourd’hui se fera à un rythme tranquille. D’autant plus que la météo s’annonce maussade et que la route jusqu’au Loch Ailsh s’annonce pépère, autrement dit facile mais mortellement peu palpitante (de la piste à 4x4 pendant plus de 30km miam !).

Le temps passe lentement quand ni le terrain ni le paysage n’apportent suffisamment de distraction. Néanmoins, j’avance à bonne allure.

Sur le chemin, je fais une petite halte à Duag Bridge, au fameux « Schoolhouse bothy », une ancienne école de campagne transformée en bothy, dont une des pièce a conservé un décor de salle de classe avec bancs d’écoliers et tableau noir smile

Après avoir feuilleté quelques « Scottish Mountaineer magazine » (il y en a une sacré pile !), je reprends la route. Comme j’ai le temps de trainer, j’envisage de me poser vers midi au pub de l’Okyel Bridge pour descendre une pinte et manger un bout. Malheureusement, je marche trop vite et j’arrive avant 11h. Trop tôt… à la fois pour l’ouverture du pub et pour boire une bière. Tant pis !

Mis à part le fait d’avoir aidé à rattraper et à ramener un tout jeune veau cherchant à se soustraire au baguage, la suite de la journée est relativement monotone, pour ne pas dire chiante. La piste suis la rivière Okyel, fameuse rivière à saumons jalonnée d’ici de là de cahutes de pécheurs et de tables de pique-nique (bien pratiques ceci dit). A un moment, quand la piste se transforme en sente le long des berges herbeuses, j’ai un regain d’espoir. Mais rapidement des marquages à destination des randonneurs du CWT me réorientent sur une immonde piste forestière en graviers noirs.

Après une trentaine de km, une fois le Loch Ailsh dépassé, je repère un joli spot au bord de la rivière. Estimant avoir fait mon quota pour un jour « off » et surtout voulant pleinement profiter de l’étape suivante, je décide de me poser. Il est 17h, j’ai du temps à tuer ! Je m’occupe en écartant soigneusement la 30aine de limaces noires squattant aux abords de l’abri big_smile Et saisi surtout l’occasion de faire une petite lessive et un brin de toilette ! J’en profite également pour prendre quelques notes sur les jours précédents et planifier à la louche les jours à venir.

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Inside the schoolhouse bothy

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Halte vous là-bas! Mode Tommy Lee Jones activé !

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Cahutes bien utiles en temps de pluie

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Enfin un peu de hors sentier ? Ah, ben non !

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Voilà voilà. Va falloir s'occuper maintenant.

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Rinçage des chaussures. Fallait bien les mouiller, y avait ni boggs, ni gués...

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Petite lessive cruciforme


Jour 11 – Mercredi 16 mai – De « Beyond Loch Ailish à Glendhu – 36 km – Total = 365 km

La journée et la soirée de récupération m’ont fait du bien. Je me réveille frais et dispo, gonflé à bloc ! J’ai hâte d’attaquer l’étape du jour qui promet encore une fois de dilater les pupilles big_smile

Quelques centaines de mètres après le bivouac le paysage devient tout de suite plus sauvage, la piste laisse la place à un sentier pendant 3 km, puis ce dernier disparait pour laisser libre cours à l’orientation et au crapahutage smile Bien que la brume nappe encore les sommets et me cache la majesté du Conival et du Ben More Assynt, j’entrevois le col me permettant de déboucher dans le du Gleann Dubh. Une fois l’objectif verrouillé, je m’affranchi de la carte et avance au feeling en choisissant de suivre les pistes de cervidés et les courbes de niveau pour rester le plus en hauteur possible.

Mes pas me mènent ainsi jusqu’au Dubn Loch Mor puis au Garb Choihr, au pied du Conival, pile au moment ou le ciel se dégage ! Du coup, je profite d’une magnifique vue sur le Glen Okyel tout le temps du contournement du Conival !

Une fois le col franchi, la vue s’ouvre sur le Gleann Dubh et le Loch Assynt. La descente vers Inchnadamph (dont les premiers batiments, d’un blanc éclatant, sont rapidement visibles) se fait tranquillement par des sentes plus ou moins bien dessinées. En chemin, je croise un groupe de grimpeurs en route pour le Ben Assynt et le Conival. Ce qui me fait penser qu’il faudra définitivement que j’acquières quelques compétences en alpi et que j’inclue des Munros dans mon prochain trip écossais !

Arrivé à Inchnadamph un peu avant midi, je me dis que j’ai une chance de me descendre une petite mousse avec une part de haggis cette fois-ci. Eh ben non, le pub n’ouvre qu’à 17h… Damned ! sad

Après avoir cassé la graine au bord du Loch, c’est reparti, direction Glencoul ou mieux Glendhu. L’après midi s’annonce prometteuse, la météo est stable avec de belles éclaircie et le trajet comporte le passage d’un col à 623m, soit de beaux panoramas en perspective ! Sans oublier quelques km en hors piste. D’ici là la carte annonce un sentier bien marqué, du dénivelé et un terrain varié. Y aura pas à réfléchir, juste à profiter avec les yeux écarquillés smile

L’après midi est à la hauteur des attentes. Le sentier est un régal, la montée ne se fait pas sentir et la vue au débouché du col tient toutes ses promesses. Une des plus belles vues depuis le début du périple. Les photos ne lui rendent absolument pas justice (elle ne rendent rien tout court d’ailleurs). Je reste 15 bonnes minutes le cul sur un rocher à admirer le découpage du relief et la splendeur du Loch nan Caorach, installé en bord de falaise comme une gigantesque piscine à débordement !

Je poursuis ma route la tête dans les nuages et loupe l’embranchement à partir duquel est censé commencer la descente en hors-piste et continue un peu trop vers le sud-est… Pas grave, la visibilité est bonne et le cap facile à suivre. Il suffit simplement d’aller rejoindre la rivière en contrebas et de suivre son cours jusqu’au Loch Beag. C’est donc parti pleine pente ! La progression est rendue aisée par le beau temps des derniers jours qui a considérablement asséché le sol. Comme à l’accoutumée je surprends une harde cerfs et de biches. Et me voilà au bord de la rivière. Il fait doux, le soleil chauffe les pierres… je profite de ce qui devait être un simple ravitaillement en eau pour me détendre un peu les pieds dans l’eau fraiche smile

La progression jusqu’au Loch Glencoul ne présente pas trop de difficulté et alterne entre sentes d’animaux et hors sentier dans les herbes. Mais est-ce vraiment du hors-piste quand il s’agit de suivre le cours d’une rivière ? tongue

J’arrive à Glencoul en même temps qu’un jeune couple d’anglais. Plusieurs tentes sont déjà plantées aux abords du bothy, il y a des allemands, des anglais… Je discute un peu, la discussion tournant autour de la taille de mon sac et de son contenu, mais même si le cadre a du charme avec un petit côte du Finistère, je ne m’éternise pas.
Il n’est pas assez tard, je n’ai pas encore assez marché et j’ai encore les yeux et les guiboles qui me démangent big_smile

Autant dire que ça ne va pas me démanger longtemps ! Bien que les 5-6 km jusqu’à Glendhu ne présentent pas de difficultés particulières, je vais faire la douloureuse expérience de la relativité du temps...: On voit le bothy de loin, de très loin même (genre au moins 4km avant) et on a l’impression de ne jamais s’approcher !!! J’ai mis moins d’1h30 pour joindre les 2 bothy (vérifié avec les photos), mais j’ai eu l’impression que ça en avait duré plus du double !

Pourtant, Phil, un des gars posés à Glendhu depuis la fin de l’après-midi et qui m’avait spotté de loin m’a dit que de leur point de vue, ils ont trouvé que j’avais avancé vite. Ou plus précisément, ils avaient pendant quelques temps l’impression que je n’avançais pas d’un pouce et que « pouf » tout d’un coup j’étais là ! En me disant « tu sais, comme dans Sacré Graal, quand Lancelot attaque le chateau » lol

Il m’invite à me poser à l’intérieur auprès du feu. Je lui promets de passer après avoir monté l’abri et mangé un bout. Mais avec toute la meilleure volonté du monde, je n’ai pas réussi à tenir ma promesse. Une fois posé, je n’ai pas réussi à décoller big_smile

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La rivière Okyell se fait un peu plus sauvage

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Le Conival dans la brume

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Vue sur le Glen Oykell depuis les pieds du Conival

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Le col

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Cap sur le loch Assynt

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Une groose tongue

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Y a pas vraiment de sentier, mais c’est pas vraiment du hors-sentier

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Montée vers le col avec l'espoir d'un beau panorama

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Mine de rien, il fait frais

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Le panorame avec vue sur la piscine à débordement du Loch nan Caorach

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Alors que je repars de Glencoul

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Arrivée à Glendhu. Une fois posé, impossible de redécoller


Jour 12 – Jeudi 17 mai – De Glendhu à Rhiconich – 31 km – Total = 396 km

Après une nuit à dormir comme une pierre, mon corps me fait sauter du matelas à 5h30. Ça me fait vraiment l’impression d’une batterie qui vient d’atteindre les 100% de charge. Pas de fatigue, pas de courbatures, la journée s’annonce bien smile

A un petit détail près, depuis 1 ou 2 jours, j’ai un point douloureux dans le coin de l’ongle du gros orteil gauche. La nature de la gêne me fait penser à une infection locale type panaris. Il faut dire que j’ai un peu négligé mes pieds depuis le début. Ne prenant pas spécialement la peine de les aérer et de les sécher dans la journée…. Je sors savon, coupe ongle, briquet et aiguille et vais voir de quoi il retourne. Effectivement le coin de l’ongle s’est légèrement infecté. Nettoyage, drainage, nettoyage et désinfection. Il est 6h, voilà une bonne chose de faite !

Juste avant que je ne lève le camp à 6h30, un gars sort du bothy et s’engage à marche forcée sur la piste. Il a 10 bonnes min d’avances sur moi et pendant quelques km je le verrai au loin devant moi, toujours à la même distance. On avance donc à la même allure. Je me fixe le petit challenge de le rattraper tongue

Pas besoin de trop forcer en fait puisque je le retrouve arrêté pour une petite pause près du Shieling en ruine. Et c’est là que je fais la connaissance de Mathias un pilote d’hélicoptère de l’armée Hollandaise de 28 ans qui est parti 1,5j avant moi de Glenfinnan. Il est content que je l’aie rejoint, ayant repéré notamment grâce à ma gatewood et la taille de mon sac que je concourais dans la catégorie poids légers. Bien que son sac soit beaucoup plus lourd que le mien (7kg de base), il fait également partie de la grande famille des MUL. Et lui aussi taille sa route à l’ancienne, à la carte et à la boussole.

On décide logiquement de continuer la route ensemble. Malgré le chemin déjà parcours, il semble faire grand cas des sections hors-piste. Ce qui me surprend un peu. Je comprends cependant rapidement que l’on n’a pas suivi les mêmes variantes. J’ai systématiquement opté pour les plus rigolotes, lui pour les plus tranquilles. Ceci explique cela.

Je lui explique qu’il ne faut pas chercher à être trop perfectionniste et essayer de ne pas suivre la carte à la carte justement, mais plutôt d’exploiter le relief et les obstacles naturels. Exemple à la clé : dans le cas présent, pas besoin de trop cogiter, il suffit de suivre à la louche un cap nord-ouest à partir du Ben Dreavie. Ce faisant, aucun risque de se tromper, le chapelet de petits lochs se chargera de nous éviter d’aller trop loin et leurs berges nous mèneront à la piste de 4x4 jusqu’à Lochstak Lodge.

Après une pause ravitaillement et filtration pendant laquelle j’ai pu constater la supériorité écrasante du filtre Befree sur le Mini Sawyers en matière de débit, on arrive ainsi tranquillement au Loch Stack pour la pause snack.

La journée passe super vite quand on la passe à parler matos UL, de techniques et d’expériences de rando smile Mathias est surpris que j’aille à la même vitesse que lui alors qu’il a fait de son côté le choix de finir le CWT à marche forcée, histoire d’en finir au plus vite. Il m’explique alors être complétement blasé par l’Ecosse. Ce qui est paradoxal, c’est qu’il ne profite et ne s’enthousiasme pas des paysages trouvant qu’ils se ressemblent tous, mais prend le temps de faire des photos et des vidéos le mettant en scène pour faire une vidéo youtube de son CWT. Même si le gars est sympa, la démarche me laisse perplexe… d’autant plus que les jours suivants je découvrirai que ses messages dans les livres d’or se résument à des liens pour sa chaîne youtube…

Etant partis tôt de Glendhu, on arrive logiquement tôt à Riconich, un peu avant 17h et l’ouverture du pub. Les spots d’herbes pour monter la tente ne manquent pas et nous sommes les premiers. Je jette mon dévolu sur la langue d’herbe située derrière le commissariat et qui offre une vue magnifique sur le loch et la mer, avec en prime des toilettes publiques à 50m ! Mathias n’est pas à l’aise avec l’idée de s’installer derrière le commissariat et souhaite leur demander la permission. On sonne, ça ne répond pas, commissariat fermé. Perso, ça ne me défrise pas plus que ça et je sais qu’on ne sera ni les premiers ni les derniers à planter la tente ici.

Le temps que le pub ouvre, on a le temps de monter nos abris respectifs et de causer matos. Gatewood Cape pour moi, Tarptent Notch pour lui ; quilt Enlightened Equipment apex pour  moi, quilt duvet Cumulus pour lui, etc. Il m’explique être peu convaincu par le quilt, ne pas réussir à trouver de position satisfaisante et avoir systématiquement froid dans le dos… Alors que je lui confirme que ça dépend vraiment de sa façon de dormir et du type de matelas, je le vois déballer un Klymit Inertia X-Frame et lui soumets l’hypothèse que le problème viens plutôt d’une erreur de casting côté matelas roll

Un peu avant 18h on est rejoints par Phil, le fringuant sexagénaire rencontré la veille. Une fois sa Laser competition montée, on file tous les 3 vers le Pub pour une ou deux pintes bien méritées et de quoi se remplir la panse avec du Haggis (le comble) et du Fish&Chips (poisson pêché à quelques encablures, miam !).

J’assiste au couché de soleil depuis la tente avec un sourire béa et m’endors en me disant que le lendemain soir si tout se passe comme prévu, j’assisterai au couché de soleil sur les plages de Kearvaig smile

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Petit exercice d'orientation

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Piste de 4x4 en vue

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The Queen, respect !

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Vue depuis l'abri, avec la proximité de la mer le phare ne doit pas être loin...

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Mais que fais la police ! lol


Jour 13 – Vendredi 18 mai – De Rhiconich à Kearvaig en passant par le Cape Wrath – 40 km – Total = 434 km

Aujourd’hui, vendredi, cap sur le cap mon capitaine !

Un check sur la météo m’indique qu’à partir de maintenant le temps tourne au gris, avant de se dégrader dans les prochains jours. Le beau temps ne pouvait pas durer éternellement, surtout en écosse.

Nous quittons Rhiconich tous les 3, Mathias, Phil et moi vers 8h du mat’ et cheminons tranquillement sur la route menant à Kinlochbervie. Petit arrêt à l’épicerie/bureau de poste de Badcall, plus pour le foklore et le symbole que pour réellement se ravitailler. Je ne savais pas que l’on pouvait faire rentrer autant de marchandises dans un aussi petit buibui. Pas un cm qui ne soit pas occupé. Et puis l’épicerie et son gérant sont des institutions : c’est ici que James McRory Smith le célebre ermite venait retirer sa pension et faire ses emplettes avant d’aller se mettre minable dans les pubs du coin big_smile

Arrivé à Kinlochbervie, nous faisons un détour par la supérette pour nous ravitailler. Nourriture pour les jours à venir, mais aussi petite bière pour célébrer l’arrivée au Cap smile

Phil part ensuite prendre une douche à la capitainerie du port. C’est là que nos chemins se séparent avec Phil puisqu’il a décidé de ne pas prolonger au-delà de Sandwood Bay et de repartir le lendemain pour le Yorkshire.

Nous reprenons la route avec Mathias, son manque d’enthousiasme est flagrant aujourd’hui, d’autant plus avec l’arrivée de la pluie. Il a hâte d’en finir et râle tout au long du chemin vers Sandwood Bay. Le chemin, de plus en plus sablonneux, est pourtant sympa et annonce la proximité imminente de la plage.

Le paysage qui s’ouvre sur la plage et la mer est très beau, mais pas aussi saisissant que ce que à quoi je m’attendais. Est-ce à cause des nombreuses cartes postales de la plage vues dans les magasins ? Quoiqu’il en soit, même par temps maussade, la plage ne démérite pas de sa réputation.

Après l’avoir aidé à tourner quelques plans de lui marchant sur la plage, Mathias m’annonce qu’il souhaite bivouaquer ici ce soir parce que c’est une tradition du CWT et surtout pour pouvoir faire des photos du couché de soleil et de sa tente de nuit.

Ok ça m’arrange ! Moi ça me démange de pousser jusqu’à Kearvaig et de reprendre la route seul pour pouvoir de nouveau m’immerger dans le paysage et les sensations. Et j’avoue, pouvoir profiter égoïstement de mon arrivée au Cap et à Kearvaig. On convient de se retrouver au café du phare le lendemain matin et on se quitte sur une poignée de main virile.

Enfin seul, avec des km de hors-pistes devant moi. Cool 8) Même s’il fait gris, la visibilité est bonne et le terrain très facile à lire. Je déambule donc tranquillement dans ce no-mans-land tantôt en longeant les falaises, tantôt en traçant au milieu d’une lande par endroit mitée par des zones de cratères franchement lunaires. Heureusement, pas d’exercices militaires actuellement, aucun risque que le ciel ne me tombe sur la tête. A chaque fois, j’arrive à tomber pile sur les barrières qui permettent de traverser l’enceinte de protection, non sans une certaine fierté (les petits plaisirs de l’orientation).

Alors que je m’apprête à attaquer la montée au Sithean-nah-lolaireich, je croise un jeune couple. « Vous venez de boucler le CWT ? » « Non, non on vient juste de commencer, on vient de partir du phare il y a 1h, et toi ? » « Derrière ligne droite ! big_smile ». Et là, c’est le truc improbable des vacances ou la grosse coïncidence : « Tu marches vite en fait. C’est marrant parce que vu d’en haut, on avait l’impression que tu n’avançais pas et on n’a même pas le temps de descendre que bim t’es déjà là ! Un peu comme Lancelot dans Sacré Graal, tu connais, c’est poilant comme scène ! » « Je connais, c’est une de mes comédies préférées, et vous ne me croirez pas, mais vous êtes les deuxième à me faire la même comparaison en l’espace de 3 jours !!! » :lol :

Après 10min à discuter, principalement du CWT et des difficultés qui les attendent dans les prochains jours, nous reprenons nos routes respectives. Respectivement opposées tongue

Quoiqu’il en soit, je retiens que si tout se passe bien, dans 1h je suis au cap ! Ce que je ne sais pas, c’est que contrairement au bothy de Glendhu, le phare ne se dévoilera qu’au tout dernier moment tout caché qu’il est par le relief du Dunan Mor et la déclivité de la route…

N’empêche qu’il arrive un moment où… tada ! Le phare est en vue. Puis un autre où le phare est là smile Me voilà au fameux Cap Wrath.

Je me pose un peu pour regarder la mer, mais ne m’éternise pas. Mon vrai cap, c’est le bothy de Kearvaig à une bonne dizaine de km de là ! 10km de piste goudronnée que j’avale à marche forcée sous un vent à décorner les bœufs. 1h30 plus tard j’arrive en vue du bothy. Petite déception, je vois 2 fatbikes contre le mur, je n’aurai pas le bothy pour moi ce soir, je m’en doutais un peu, même si on est au milieu de nulle part, on est vendredi soir…

Qu’importe, si je n’ai pas le bothy, j’aurai la plage et la vue big_smile Et là, contrairement à Sandwood Bay, je ne suis pas déçu !

Une fois la Gatewood montée face à la mer, la bière décapsulée, un immense sentiment de satisfaction monte en moi. Je viens de boucler le CWT, les jours suivants seront du pur bonus et pour l’instant j’ai pris énormément de plaisir smile

Ma béatitude se trouve soudainement troublée par un bourdonnement très (très) désagréable, je sors la tête et comprends. ‘Chier, ils ont ramené un p*tain de drone… Je prie mentalement pour qu’il se crashe. C’est pas bien, mais sur le moment je trouve ça super incongru et le vit comme une vrai pollution. Ma prière doit être entendue puisque 5min après ils le remballent, batteries déchargées de ce que je comprends. La police du Karma big_smile

Petite soirée tranquille, bercée par le bruit des vagues. Trop dur la vie en rando tongue

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Ça manquait un peu de Highlands nan ?

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Peu avant d'arriver à Sandwood Bay

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Sandwood Bay, la plus grande plage d'Ecosse

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Vue depuis le spot de bivouac de Mathias. Ok, y a pire

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Un petit coup d'oeil en arrière

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J'opte pour la côte et les falaises

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Le fameux phare. Cape Wrath = check ! tongue

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Le vrai terminus : Kearvaig bothy

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Hommage à Calogero

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Je crois que je l'ai bien méritée celle là ! D'autant plus qu'elle me donne des idées de destination big_smile

Jour 14 – Samedi 19 mai – De Kearvaig à Oldshoremore en repassant par le Cape Wrath  – 35 km – Total = 469 km

Ce matin je prends mon temps. Histoire de m’imprégner un maximum de l’esprit du lieu, je vais me promener sur la plage et les collines environnantes. Le coin se mérite, mais il vaut vraiment la dose d’effort !

Je fini par me remettre en route pour ne pas rater Mathias au Cap. Au loin, sur la route je vois une tâche jaune fluo qui se rapproche, puis une orange un peu derrière. Je croise un, puis deux, puis 5, puis 30 coureurs avec des dossards… Et là je fais le lien avec les panneaux vus la veille. Une course est organisée entre le Kyle of Durness et le phare ce matin. C’est cool, ça casse la monotonie de la route et sur 10km de marche je dirai bonjour à deux fois plus de mondes que sur l’intégralité du CWT lol

Arrivé à une table d’organisateurs, l’un d’eux me demande où est mon dossard et on commence à blaguer. L’ambiance est franchement à la rigolade, même entre compétiteurs, dont beaucoup semblent se connaître. Ça chambre dans tous les sens big_smile

Après avoir décliné une gorgée de whisky (le ravito à l’écossaise) je poursuis la route jusqu’au café du phare où je retrouve Mathias qui tire une tronche d’1km de long devant une assiette de beans.

« Alors mec, tu dois être content, tu l’as fait c’est bon ! » « Ouais, mais fait chier tous ces coureurs, je n’ai pas réussi à faire les photos et les vidéos que je voulais de mon arrivée au phare. Y avait toujours quelqu’un dans le cadre… » « Ben, justement c’est ça qui fait le sel du truc et qui fait que ton CWT est différent d’un autre nan ? Moi je trouve ça fun » « Ouais, mais je voulais pas une arrivée comme ça, ça colle pas avec le reste de la vidéo, je veux un truc sauvage du vois ? En tout cas, marre de l’Ecosse, fini pour moi ! Je rejoins mes parents pour une semaine dans les Orcades, mais après j’irai faire d’autres pays ! » Ok.

Quitte à être dans le café, j’en profite pour m’avaler des beans et des toasts tout en écrivant des cartes postales que je n’arriverai jamais à envoyer…

La course aura quand même du bon puisqu’elle lui permettra de bénéficier d’une place dans une navette pour Durness beaucoup plus tôt que prévu. Si bien qu’en moins de 2 il se retrouve parti, non sans m’avoir dit de checker sa vidéo sur youtube dans quelques mois…

Je me pose un peu dehors à scruter la mer avec l’infime espoir d’apercevoir un souffle ou une caudale de mammifère marin, sans succès. J'avais pas de bonnet rouge, ceci explique cela.

Je m’en retourne donc à la civilisation en prenant ce coup-ci le chemin des terres plutôt que la cote comme la veille. Encore une fois le terrain est facilement lisible et la progression hors-sentiers se fait facilement. J’en profite pour faire une halte et visiter le célèbre «  Strathchailleach » bothy qui a abrité le très fantasque McRory Smith pendant près de 30ans. La présence de ce dernier est encore très fortement présente, notamment au travers des nombreuses peintures murales qu’il a laissé. L’atmosphère est chargée et on a encore aujourd’hui l’impression de se trouver chez quelqu’un. En tout cas, c’est ce que je ressens…

Alors que revoilà Sandwood Bay… big_smile Le reste de l’après midi a un air de déjà-vu. Je profite d’une belle éclaircie de la marée basse pour traverser toute l’étendue de la plage pieds nus. Je pourrais bivouaquer ici, mais j’ai encore envie de marcher et surtout je me poserai bien à la plage de Oldshoremore que la tenancière du pub de Rhiconich m’a avoué préférer à Sandwood Bay.

Sans l’attrait de la nouveauté, la suite me semble longue et ennuyeuse et je suis content d’enfin arriver à la plage d’Oldshoremore. En effet, bien que plus petite que sa grande sœur, elle a beaucoup de charme et je trouve un joli spot en surplomb pour me permettre d’en profiter toute la soirée.

Encore une fois, le temps stable et l’orientation du vent me permettent de maintenir la Gatewood grande ouverte toute la nuit. 2 bivouacs d’affilée avec une vue ouverte sur la plage et la mer, je suis verni smile

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Le traditionnel plan de la Gatewood

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Dur de s'arracher à la contemplation des vagues

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Il est temps de partir !

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Tiens, ça me rappelle une autre vie ça...

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Ce coup ci, je prends le chemin des terres

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A Strathchailleach bothy

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Oldshoremore beach


Jour 15 – Dimanche 20 mai – De Oldshoremore à Glendhu – 40 km – Total = 509 km

Après avoir enchainé 2 grosses journées de marche, je n’ai pas trop envie de me prendre la tête aujourd’hui. Surtout que la quasi-totalité de la journée va se faire sur un chemin que je connais déjà, dont plusieurs km d’asphalte. J’ai simplement envie de tracer jusqu’à Glendhu, le plus simplement et le plus rapidement possible. De là, le lendemain, je pourrai m’attaquer à un itinéraire que je ne connais pas encore (variante Glendhu – Okyel Bridge). Pas envie de faire mètre par mètre la même journée que le jeudi donc je prévoir de feinter en prenant la route le long du Loch Stack et de rattraper la piste à 4x4 après Achfary.

Petit stop en chemin par la supérette de Kinlochbervie pour faire le plein de nourriture pour 3 jours et c’est parti pour une journée de pure transition. Quoique, alors que j’avais trouvé la traversée le long de la Rhiconich River et du Loch a Garbh-bhaid Mor pénible 3 jours avant, je la trouve étonnamment agréable en ce dimanche après-midi. Peut-être est-ce du au fait que je viens de me taper une bonne douzaine de km de bitumes ? En chemin, je fais la rencontre d’une écossaise super sympa, la soixantaine, qui me raconte adorer tous les coins traversés par le CWT. Si bien qu’elle se refait régulièrement des tronçons, et ce depuis une 20aine d’années. Après 10 bonnes minutes de discussion, elle me demande d’où je viens. Victoire ! Mon accent est désormais suffisamment gommé pour ne pas me trahir d’emblée (petite victoire que seuls les français peuvent connaître :lol : ).

En apprenant que je me dirige vers Glendhu, elle me raconte que la dernière fois qu’elle y était, il y avait des poneys qui bien que mignons étaient un peu trop curieux et non contents d’avoir essayé de passer leur tête dans sa tente avaient commencé à la machouiller !
« Be careful, the poneys are so cute but also insanely curious » furent ces derniers mots en me quittant…

La suite de la journée n’a ensuite pas grand intérêt. Je me gourre de piste forestière en sortant d’Achfany et m’en rends compte seulement après avoir escaladé une grosse palissade de bois. C’est pas grave, ça fait travailler les bras.

Une fois sur la bonne piste, y a qu’à suivre ses pieds. Un peu avant d’arriver au shieling le ciel devient lourd, le vent se lève et la pluie tombe. Puis ça se calme. Puis ça reprend. Un bon temps écossais comme je les aime, le genre de gros grain qui sublime un paysage en lui donnant des teintes métalliques et bleutées.

Arrivé sur la piste longeant le Loch Glendhu, je croise plusieurs barrières avec une pancartes « Merci de maintenir cette barrière fermée, animaux » ou un truc du genre. Et là le générique de mon petit poney se mets à raisonner dans mon cerveau malade… (c'est pour moi, c'est cadeau tongue) Nuit en tente compromise amha.

Effectivement, nuit en tente compromise. Les poneys si mignons mais si vicieux sont là en nombre, guettant une tendre tente à se mettre sous la dent.

En arrivant au bothy, je croise le jeune couple rencontré vendredi avant d’arriver au phare. La fille m’accueille d’un « Hey, Lancelot ! ». Si jamais je fais un Thru-Hike aux US, je crois que j’ai trouvé mon trail name :lol : Alors que je les avais pris pour des anglais, il s’agit en fait de Croates de Zagreb partis eux aussi se rafraichir sous le climat Ecossais.

Une fois dans le bothy, j’ai de la chance, il reste une pièce de libre. Soirée tout confort avec bière (l’intérêt de la MUL en Ecosse), vu sur le Loch et poney à la fenêtre big_smile

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Le long de la Rhiconich river

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La route réserve quand même quelques belles vues

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Lumières écossaises

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L'invasion des poneys machouilleurs venus d'ailleurs


Jour 16 – Lundi 21 mai – De Glendhu à Okyel River – 38 km – Total = 547 km

Aujourd’hui, c’est pas ravioli, mais c’est tout comme. Contrairement à la veille, l’étape d’aujourd’hui m’est inconnue. Il s’agit d’une variante qui permet de joindre directement l’Oykell River depuis Glendhu. Avec au programme : du bogg, du bogg et du bogg, ainsi que quelques traversées de rivières et de déversoirs. Et cerise sur le gâteau, il pleut des cordes. Un vrai menu gastronomique à l’écossaise. Miam big_smile

Aussi bizarre que cela puisse paraître, je dois être l’un des seuls crétins des alpes à m’éclater à marcher dans les marécages et les tourbières ; surement les séquelles d’un périple de 1500km en Laponie il y a quelques années… Et puis, là enfin, la situation est normale. A force de beau temps au milieu du périple, les boggs faisaient un bruit de chips au lieu de faire spotch, c’était pas rassurant. J’étais à deux doigts de demander à être remboursé lol

Là, c’est bon, j’en ai pour mon argent. Après plusieurs km de sentiers et de pistes j’attaque enfin le hors sentier dans les bogs et la tourbe. Et enfin ça fait splotch splotch.

Jusqu’aux abords du Loch Mor, j’avance en tenant un cap général d’abord à la boussole puis à vue une fois que j’ai repéré le déversoir du Loch et la zone marécageuse qui l’entoure. Pas possible de tracer tout droit de toute façon puisque le terrain oblige à zigzaguer entre les levées de tourbes, les trous d’eaux et autres joyeusetés. C’est typiquement sur ce genre de terrain que je suis content d’avoir un sac léger. Contrairement à mon expérience en Laponie, je peux ici facilement sauter et grimper pour passer les obstacles. Ce qui en plus de faire avancer permet de passer le temps et d’avoir chaud tongue

Une fois passé le déversoir, je me prends une grosse averse au moment de longer les rives du Loch. Il est midi. Pas d’abri à l’horizon, pas d’arbre et la flemme de monter la Gatewood. Je me pose sur un rocher face au lac, sous la pluie, tout en gratifiant mentalement ma veste et mon pantalon de pluie pour leur loyauté face à l’humidité ;et je mange des Rocky Bar en guise de repas. C’est jour de pluie, j’ai le droit big_smile C’est un peu mon habitude en absence d’abri : les longs jours sous la pluie je me rends compte que j’ai tendance à baisser l’allure, limiter grandement voire supprimer les pauses, et grignoter tout au long de la journée, principalement du sucré.

Par contre, en faisant un point carte (vive les cartes waterproof !), je me rends compte que la pluie risque de rendre le passage du déversoir du Loch Bealach a Mhadaidh délicat… Le loch se situe 100m plus haut et de ce que je vois, le débit de la rivière qui s’en écoule est bien soutenu.

En restant à proximité de la rivière, la montée vers le Loch (toujours hors sentier) se fait sans trop de mal. Une fois arrivé au déversoir, effectivement ça dégueule pas mal. N’étant pas au pièce je prends tranquillement le temps de rechercher un passage me permettant de traverser de manière relativement safe. A proximité du réservoir, je fini par trouver un endroit suffisamment large et où plusieurs rochers contribuent à casser un peu le débit et qui permettraient de me rattraper au cas où je serai déstabilisé. Je défais la ceinture du sac et comme d’hab garde mes chaussures pour plus de stabilité. Ça passe nickel, avec de l’eau jusqu’à mi-cuisses quand même. Je profite d’une micro trève dans les précipitations pour essorer les chaussettes et faire un roulement.

Normalement après ça, ça devrait rouler. Je trouve rapidement un début de sente, puis les quelques centaines de mètres de hors sentier et la pluie qui redouble me font louper la reprise de la piste. Je tourne quelques minutes en rond et fini par descendre un peu plus bas au pied de l’escarpement rocheux où je suis sûr de la recouper. Bingo ! La piste s’est littéralement transformée en petit cours d’eau, mais au moins c’est une piste. Et elle va me mener directement à l’Oykell River.

Avec la fatigue qui s’installe, la pluie et la piste qui ne nécessite plus aucune réflexion, le temps s’étire… D’autant plus que j’entraperçois le Loch Ailsh de loin. Même si je sais qu’il me reste encore quelques km, je suis content lorsque que je mets enfin le pied sur la piste de 4x4 et que je dépasse mon ancien spot de bivouac.

Mon objectif du soir : une cabane de pêcheur, histoire de passer la nuit au sec et pouvoir faire sécher mes affaires. De mémoire, je me souviens qu’il y en a une pas loin de la jonction entre l’Alt Rugaidh Mhor et l’Oykell River.

Après une heure pénible sur des pistes forestières caillouteuses et un peu de traversée forestière en mode sanglier, j’arrive à la cabane tant convoitée. Je suis pas mécontent de me poser !
J’étale mes affaires à sécher et je me pose en travers de la cabane, dans mon quilt, face à la fenêtre, satisfait de ma journée et de son dénouement smile

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Au bout de la piste...

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... les boggs

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Loch en vue ! Allez, un déversoir à traverser, un !

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Le Loch Ailsh se découvre au loin, retour à l'Oykell River

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Ma chambre de CROUS big_smile


Jour 17 – Mardi 22 mai – De Okyel River au Glen Achall – 33 km – Total = 580 km

Dernière vraie journée de marche sur le CWT, ça sent la fin. Je dois être jeudi soir à Edimbourg et compte bien profiter d’un dernier bivouac et d’une journée à Ullapool d’ici là.

D’un point de vue paysage et terrain, la journée correspond pour moi à la portion la moins palpitante du CWT, du moins jusqu’à Inchnadamph. J’y vais tranquille et vois la journée comme un sas de réhabilitation progressive à la civilisation.

Pour ce faire, je prévois de me faire une grosse pause lecture au Schoolhouse bothy pour dévorer les Scottish Moutaineers Magazines en même temps que mon casse crôute. Voire de prolonger avec un café.

Dont acte smile Je passe 2 bonnes heures (ou 3 ?) à lire de nombreux dossiers et articles, dont un dossier sur la tragédie survenue dans les cairngorms en 1971 à la suite de laquelle plusieurs bothy avaient été démantelés, ce qui amenait à se demander si l’existence de ces bothy « de l’extrême » sauvait des vies ou au contraire poussait les imprudents à s’exposer au risque… Passionnant.

Tout à ma lecture, un énergumène se pointe dans le bothy. Un randonneur UL d’une cinquante d’année, grand, sec comme un coup de trique. Sac custom de 60L, trail, short de running sur des collants, coupe vent… le tout dans des tons fluo délavés. Intéressant smile

Pas de retour à mon bonjour et regard ultra-condescendant. Moins intéressant. A son accent je me doute qu’il est italien et mon Virga étant caché par son sursac Osprey et paraissant un peu plus gros qu’il n’est réellement, il doit me prendre pour un MULET… Alors que de toute évidence, vu la taille de son sac, à vue de nez nos listes doivent avoir seulement quelques centaines de gramme de différence sans pouvoir dire lequel des deux est le plus léger…

Il ne semble pas avoir envie de discuter, il me pose deux ou trois questions sur Oykell Bridge et se casse sans un au revoir… Carton rouge ! Absence de politesse = Flagrant délit de « Stupid Light » lol

Je reprends la piste et dépasse Knockdamph pour entrer dans le magnifique Glen Achall, prolongement du Glen Douchary et écho à l’oasis de la Strath Na Sealga. Je retrouve la verdure et le genêts et me réjouis que le périple se termine sur cette note douce et tranquille.

Je dépasse la ferme et de Riconoch, blottie dans un lieu idyllique et envie profondément ces habitants. Sérieusement, je ne pouvais pas être issu d’une famille d’agriculteurs écossais plutôt que d’une famille de paysans de Thiérache ? Qui qui c’est qui choisit dis donc ?!?!

Quelques km après la ferme, je vois aux loin deux bergers faire traverser la rivière à leur bête et mener leur troupeau de mouton sur la piste. Troupeau qui m’arrive droit dessus et qui semble n’attendre qu’une excuse pour se disperser et retourner brouter.

Je descends donc sur les berges de la rivière pour contourner les bêtes et ne pas les effrayer. Après avoir dépassé l’autobus de laine, je remonte sur la piste où je retrouve les bergers, un couple d’une trentaine d’année. Ils me remercient et je leur dis que c’est normal, que j’allais pas ruiner leur boulot et qu’ils devaient avoir hâte de rentrer. Le tout en anglais bien sûr. Et là le gars me dis « Ah, mais t’es français ! », en français big_smile « Trahis par l’accent ? » « Trahis par l’accent ! big_smile » (on ne gagne pas à tous les coups, retour de Karma après avoir fait la même chose à Ju_Belledone en Laponie).

Et là on se retrouve à échanger à bâton rompu. Un parcours de film, je suis jaloux ! Jeune technicien en environnement, il est venu ici faire du woofing, est tombé amoureux de la fille de la maison (et réciproquement et forcement une belle rousse), a décidé de faire sa vie avec elle dans le coin le plus moche du monde et de reprendre la ferme de ses beau-parents. Heureusement encore que la ferme l’occupe à plein temps, sinon il partirait beaucoup plus souvent vadrouiller, il ferait plus de canyonning dans le Glen Douchary ou encore il descendrait plus souvent à Ullapool descendre des bières et assister à des concerts… Et en plus, je me rendrais compte plus tard qu’ils apparaissent tous les deux dans le documentaire « Bothies » de la BBC.

Ce qui le rattrape, c’est qu’il est partageur et qu’ils font chambre d’hôte. Il y a donc la possibilité de toucher un peu du doigt le rêve écossais big_smile

Au bout d’un moment, il est obligé de filer. C’est pas gentleman de laisser aux dames la tâche de rentrer les bêtes. En attendant, le Glen Douchary étant l’un des coins que j’ai le plus aimé sur le CWT, je lui dis que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne revoie ma trombine smile

Peu après avoir laissé Julien, je trouve le coin parfait pour poser mon dernier bivouac et savourer ma dernière soirée dans la verte. Signe qu’il est temps d’arrêter : je galère pour la première fois à monter ma Gatewood et 2 élastiques me pétent dans les doigts !

A l’inverse, les cieux écossais me gratifient encore une fois d’une magnifique soirée sans précipitations.

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Le cadre apaisant du Glen Achall

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Dernier bivouac du trail, snif sad


Jour 18 – Mercredi 23 mai – Du Glen Achall à Ullapool – 11 km – Total = 591 km

Et voilà, dernier jour. Dans 11km je serai à Ullapool, terminus, tout le monde descend !

En attendant, j’en profite pour m’en mettre plein les yeux. Le Glen Achall me gratifie de la même lumière chaleureuse que la Strath Na Sealga (// no filter). Si ça se trouve en fait, ce sont les genêts qui brillent le matin ?

Bref, je marche d’un pas léger, un peu triste que ça s’arrête mais vraiment satisfait des 18 derniers jours. Aucune frustration à l’horizon.

Arrivé à Ullapool, je fais un petit tour en ville, admire le port, repère la librairie, les restaus et les pubs. Julien m’a dit la veille que pour une aussi petite ville il y avait de quoi faire ; je confirme !
Il est encore trop tôt pour prendre un emplacement au camping, alors je vais faire deux ou trois courses au Tesco : nourriture et gel douche big_smile

Au camping, je me trouve un emplacement au poil, face à la mer. Le meilleur emplacement jamais eu dans un camping jusqu’à présent ! Et trêve de mièvrerie, je file à la douche. Après 17 jours d’hygiène sur le terrain, je peux dire sans mentir que ça fait du bien tongue

Ensuite lessive et petite virée en ville en début d’aprèm pour un bon Fish&Chips et une petite pinte. Petit tour à la librairie où je me dégotte un exemplaire de "Hostile Habitats: Scotland's Mountain Environment" et un guide cicerone sur le End to End, la traversée du Royaume Uni de cap à cap pour commencer dès à présent à préparer ma prochaine visite smile

Plus tard au camping, je recroiserai mon couple de croate pour qui c’est la fin du voyage aussi (ils feront le CWT en plusieurs fois).

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La lumière matinale baignant le Glen Achall

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Le port d'Ullapool

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Un emplacement pas banal pour un camping, je verrai même des loutres en début de soirée !

Le lendemain matin, en attendant mon bus pour Edimbourg, je croiserai Sue l’américaine du Kentucky croisée peu après Glenfinnan 16 jours avant. Elle est trop juste au niveau de ses congés et a décidé de s’arrêter à Ullapool. Elle m’avoue avoir largement sous-estimé le sentier, pensant retrouver le même type de difficultés que sur l’Appalachian Trail. Heureusement, loin de l’avoir découragée ou dégoutée, l’expérience lui a donné envie de retourner en Ecosse, mais mieux préparée cette fois. Je lui glisse que tant qu’à faire, un sac plus petit et plus léger serait déjà un bon pas en avant. « Definitely ! » big_smile

Hors ligne

#5 02-05-2019 22:04:36

Criss Kenton
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Inscription : 11-01-2009

Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Retour sur le matériel

En attendant une présentation plus traditionnelle sous forme de tableur (et surtout hébergée sur RL), voici la liste smile

Il s'agit de la liste au départ de l'Affric Kintail Way, après les réajustements faits à Arran et Edimbourgh avec des ajouts de dernière minute pas forcements optimisés en termes de poids. Soit une liste encore très très largement perfectible. En laissant quelques trucs à la maison et en grattant des grammes sur certains postes, il y a encore moyen d'alléger tout ça d'un bon kilo sans sacrifier le confort ou la sécurité et sans braquer la banque tongue

Au delà, pour moi, ça deviendrait difficile pour ce type de destination.

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Fichier .pdf dispo en cliquant sur l'image

A cela, il faut rajouter environ 4,5 kg de nourriture pour jusqu’à 5 jours d’autonomie (900g/jour à la louche) et 1 ou 2L d’eau (j’aime pas enlever mon sac toutes les 10min tongue). J’estime ne jamais avoir porté plus de 11-12kg dans le sac car heureusement, il faisait moche les jours de ravito (fourchette haute pour cause de bière en bouteille).



PORTAGE ET RANGEMENTS

Sac à dos

Granite Gear Virga 2 – exemplaire pesé à 523g

Acheté début 2017 pour avoir à la fois un sac MUL de grand litrage pour les randos à 2 et un sac pour du moyen-long cours en autonomie.
Super satisfait de ce sac qui correspond bien à ma pratique. Un juste équilibre entre minimalisme et accessoirisation. Vraiment un sac pas prise de tête, solide et qui accepte de recevoir un matelas mousse roulé en tube tout en conservant un volume généreux. Ce qui le rend à mes yeux vraiment polyvalent pour du moyen ou long cours avec looonnnguues étapes sans ravitaillement. Surtout que je déteste devoir remplir mon sac au chausse-pieds big_smile

La simplicité de construction (pas de mousses, doublures et autres chichis) et les matériaux employés (Cordura ripstop enduit PU de 100 deniers avec renforts en Cordura 210 deniers) font que la sac absorbe peu l’eau et sèche vite.

Je n’ai pas eu de problème de construction pour ma part ou de casse. Avec le ridgerest roulé en tube, je le trouve confortable jusqu’à 11-12kg environ.
S’il devait y avoir un bémol, ce serait au niveau de la forme patate, large à la base avec les poches latérales remplies, ce qui peut amener le sac à frotter lors de passages étroits. Comme je suis plutôt mince et pas très grand (1m70), des fois ça frotte.

Sac fourre tout

Sea to Summit Ultra Sil Day Packpesé 63g en virant la pochette et le mousqueton

C’est la solution que j’utilise pour les randos longues ou les vacances depuis des années maintenant. Il me sert de sac étanche dans le sac pour les vêtements, l’électronique et les petits accessoire ; de sac à la journée pour les randos en étoile ; de sac de ville lors des pauses urbaines ou à l’aéroport ; de sac de courses, etc.
Bien pratique, quoique pas forcément super optimisé en termes de poids. Un petit SAD silnylon cousu maison devrait permettre de diviser le poids par 2…

Sursac de pluie

Ultralight Raincover Osprey taille M74g en virant la pochette

Ben ouais, je sais, pas taper…
Sérieusement, j’assume à 100%. 74g c’est rien par rapport au poids additionnel d’un sac gorgé d’eau. Sans compter la pénibilité de devoir gérer une éponge géante sous l’abri. Ce sursac est lourd, c’est vrai, mais c’est le plus efficace que j’ai trouvé pour l’instant. Le clip de serrage dans le dos permet de bien plaquer le sursac autour du sac et surtout d’éviter qu’il ne s’envole lors des grosses bourrasques de face. Pour l’anecdote, les 2 munroistes allemands croisés à Barisdale ont perdu coup sur coup leurs sursacs deuter corps et biens à cause du vent.
Il fait partie des éléments qui me permettent d’aborder sereinement les grosses journées pluvieuses

Autres rangements

Sac poubelle de 54L (sac de tri) pour l’étanchéité générale – 18g – Fait le job pour pas un radis.

Grand sac de courses (20L ?) type « Salisburries » ou « Tesco » pour le manger – 20 à 25g – Ne coûte rien, solide et pratique. J’y reviens toujours. Rien trouvé de plus pratique pour ranger et gérer la boustifaille.

Ziploc pour la brosse à dent, le savon et le dentifrice.

Petite pochette Granite Gear Air Pocket M – 18g une fois les sangles et étiquettes virées – pour les cartes, le guide, le petit électronique, les médocs, le kit réparation, etc. Un peu lourde, mais j’aime bien cette pochette pour le sentiment d’ordonnancement qu’elle procure. La taille M fait pile la taille d’une carte topo et permet de garder toutes les petites merdouilles bien rangées. De plus la couleur orange la rend difficilement paumable.

Sinon, pas de drysac pour le quilt. La compressibilité et le volume du Virga me permettent de le bourrer au fond du sac dans le Moonlight. L’étanchéité est assurée par le sac poubelle et le sursac.



BIVOUAC

En prenant en compte les vêtements et les couches thermiques, ce système me permet normalement de dormir sous la barre des 0°C. Cependant, j’ai eu plusieurs fois froid aux jambes les heures précédant l’aube par 5°C. D’une part à cause de la flemme qui m’a fait zapper les collants plusieurs fois et d’autre part à cause du quilt un peu juste et dont les performances ont un peu baissé avec les années. Et bien sûr la fatigue qui rentre pas mal en ligne de compte. Mais si j’avais été moins fainéant en prenant la peine de mettre mes collants chaque soir et parfois en enfilant le gilet sur les cuisses, j’aurai été bien. Encore une fois La flemme tue.

Abri

Gatewood Cape ancien modèle368g avec haubans et élastiques

Mon abri principal depuis fin 2011 pour les sorties solo. Un peu plus de 60 nuits passées dedans à l’issue du CWT, dans a peu près toutes les conditions. Malgré son côté frankenstein, j’aime beaucoup cet abri et je finis toujours par y revenir. Mon gabarit et l’utilisation d’un matelas mousse font que je m’y suis toujours retrouvé en termes d’habitabilité. Correctement monté et haubané, je trouve sa résistance aux éléments très satisfaisante. Et j’aime beaucoup beaucoup le double zip et surtout la possibilité de laisser le haut complétement ouvert au niveau de la capuche en mode yourte ou tipi d’indien smile
Il est simple à monter, pas prise de tête. 4 sardines suffisent pour un montage à l’arrache pour par exemple laisser passer un méchant grain le temps d’une petite sieste ou d’un café.

Par contre, sur de longs trips sous la pluie ou des trips obligeant à rester bloquer longtemps sous la tente, l’habitabilité peut s’avérer vite juste…
C’est pourquoi, cet automne, j’ai profité des soldes pour acquérir un SMD Deschutes Plus Tarp en vue de futurs trips en Ecosse ou en Laponie hors grosse saison de midges. L’idée était de gagner en habilité et en confort, avec une surface « habitable » beaucoup plus grande tout en conservant la simplicité de montage… Pour faire court, après une 20aine de nuits dont 10 pendant une toute récente traversée des Vosges, je vais revoir ma copie et pour l’instant revenir à ma bonne vieille Gatewood smile

Au cours des dernières années, j’ai failli plusieurs fois craquer pour d’autres abris un peu plus grands et/ou plus couvrants, genre MLD SoloMid ou DuoMid, mais le rapport grammes/euros m’ont fait pour l’instant me raviser. Dans l’état actuel des recherches, au-delà du DIY où dans ce cas je m’orienterai vers un abri de type Bruno, les abri qui correspondraient le plus à ma pratique et à mes besoins seraient le Pioulou ou carrément le Aston de chez Tipik (ouverture latérale en grand ou rien).

Couchage

Quilt Enlightened Equipement Prodigy Apex 133g/m² - 587 g

Acheté tout début 2012, à l’époque où Tim Marshall confectionnait encore ses quilts dans son salon. Mon « sdc » principal depuis. Il a été de tous mes bivouacs entre son achat et l’été dernier. La plupart du temps seul ou en complément d’un Warmth Boulder 400 au cœur de l’hiver. Je l’ai acheté d’une part parce que je préfère le synthétique (zéro prise de tête) et d’autre pour avoir un système polyvalent.

C’est un quilt rustique avec enveloppe intérieure et extérieure en silnylon. J’avais opté pour du 133g/m² parce que je dors habillé la plupart du temps. A l’achat, en sous-vêtements, c’était à la louche un 5°C confort. Aujourd’hui, je dirai plutôt 7°C.

Je l’utilise plus comme un top bag que véritablement comme un quilt. J’ai rajouté des pressions sur les sangles il y a longtemps pour pouvoir le fermer intégralement pour les nuits fraiches. Et surtout, je l’utilise pratiquement tout le temps avec mon sursac Terra Nova Moonlight qui m’apporte un gain de quelques degrés et me coupe des entrées d’air froid.

Pas la solution la plus optimale du monde, d’autant plus que je bouge la nuit et que j’utilise un matelas mousse. Mais je l’aime bien et j’arrive à en tirer parti sur une large plage de t°.

Cependant, pour le coup, avec la fatigue c’était un peu juste pour l’écosse en avril-mai avec des températures pouvant descendre à -5 et se situant généralement autour des 4°C humides.

Pour des questions de marge, de confort et de tranquillité d’esprit, j’ai fait l’acquisition d’un vrai sdc synthétique à l’automne dernier pour ce type de conditions. Un Cumulus Intense en apex. Pas encore la solution optimale pour moi, je suis mitigé, mais elle a l’avantage d’être plus « KISS » (Keep It Simple Stupid) et plus confortable.


Sursac

Terra Nova Moonlight de 2011, sans la moustiquaire – 182g sans sa housse de rangement

Mon gars sûr. Toujours aussi imperméable et respirant. Je l’utilise depuis près de 8 ans et en suis toujours très content. Son poids fait que je n’ai aucun scrupule à le prendre quand j’utilise le quilt et la Gatewood. Il me permet d’affronter le gros temps sereinement, de ne pas me prendre la tête avec le fait de toucher la toile ou de me retrouver avec un bout du sdc dehors en bougeant et ajoute quelques degrés bienvenus au quilt.
Cerise sur le gâteau, il me permet de dormir à la belle sans arrière-pensée lorsque les conditions le permettent et de protéger le quilt de l’humidité au fond du sac.

Tapis de sol / Footprint

Tapis de sol en Tyvek Luxe Outdoor Ultralight Footprint 210 x 80cmPesé 89g

Solide, pratique, utile comme sitpad lors des pauses. Il a bien fait le job, rien à redire de ce côté là. Peut-être un peu étroit. Un peu plus de surface aurait été appréciable. Sa couleur blanche m’a permis plusieurs fois de checker la présence de tiques en le balayant sur le sol avant d’installer l’abri.
Un peu lourd par contre. Pour la suite je lui préfèrerais un tapis « bassine » bricolé en polycree.

Matelas

Thermarest Ridge Rest Solite recoupé à 166cm (bords arrondis) – 266g

Pareil, mon gars sûr. Celui-là je le trimballe depuis au moins 8 ans. A part l’utilisation de 2 arkmat127 retaillé en Laponie, cela fait plus de 10 ans que je suis fidèle au Ridge Rest Solite.
Rustique, pas trop cher, pas trop lourd, pas prise de tête, pas de risque de crevaison, bonne isolation, relativement confortable, joue le rôle d’armature et de protection dans le sac… tant que je n’ai pas de problèmes de dos, je ne vois pas de raison de changer une équipe qui gagne smile


GARDE ROBE

1ère couche

Polo ML -Patagonia Men’s Merino 2 Lightweight Zip Neck178g en S (plus fabriqué)

80% Mérinos / 20% Polyester, 165g/m². Rien à redire. J’aime bien les hauts Patagonia qui me siéent bien et qui possèdent un zip qui descend jusqu’au plexus. C’est également un grammage qui me convient bien parce que j’ai vite trop chaud avec du 200g/m² ou plus. Un peu fragile par contre, j’ai plusieurs petits trous à des endroits improbables…
Toujours en usage aujourd’hui mais détrôné par un haut Primino 140 de chez Montane (+ chaud à grammage égal, + résistant, sèche + vite).

Boxer Aclima Light Wool – 52g
Super confortable, près du corps, léger, sèche vite, ne sent pas avant longtemps. Mais fragile.

Ah, oui : Mérino pour la 1ère couche pour l’hygiène et le confort bien sûr. Utilisateur conquis depuis 10 ans maintenant. Le seul inconvénient c’est l’usure rapide du 100% ou >80% mérino. J’ai testé un paquet de marques et de modèles. Actuellement, je teste avec succès la gamme Primino de Montane depuis plus de 6mois (un mix 50% laine / 50% synthé). Le meilleur compromis hygiène/chaleur/résistance pour moi pour l’instant.


2ème couche

Montane Spider Hoodie269g en taille S

Elle me faisait de l’œil depuis quelques temps (j’aime beaucoup la marque Montane). Les mauvais choix vestimentaires au départ m’ont donné l’occasion (l’excuse) de l’acheter au Costwold d’Edimbourg.Je suis un peu mitigé au sujet de cette polaire. Autant je l’ai véritablement adorée sur le trail, je ne l’ai quasiment pas quittée pendant 18 jours, autant elle a quand même de gros défauts de conception.

Les + : la coupe ajustée (que j’aime beaucoup) est vraiment fonctionnelle grâce au tissu stretch Pontetorto. Ce tissu, que je ne connaissais pas avant, est très efficace pour ce qui est de réguler la température et l’humidité. Je l’ai portée avec bonheur en 2ème couche sur du mérino la plupart du temps (usage normal), mais également en 1ère couche à même la peau lors de la grosse journée jusqu’à Kinlochewe et là j’ai été bluffé. Le tissu évacuait la transpiration et l’humidité presque aussi vite qu’elle était produite. Je l’ai choisie aussi/surtout pour sa capuche, bien conçue comme d’hab chez Montane, bien couvrante et avec une petite visière. Le zip est long, ce qui est vraiment pratique pour réguler. Les passe-pouces sont un luxe bienvenu. Et la poche déportée sous les côtes, au début déroutante, s’est révélée bien pratique (pas de chevauchement avec d’autres poches) et j’y rangeais en permanence l’APN.

Les - : Le tissu est ultra-stretch, mais pas le fil utilisé pour les coutures, ni les bandes de tissu au niveau des poignets ou de la capuche. WTF ? roll Moi qui passe quasiment tout mon temps avec les manches relevées au-dessus des avant bras, au bout de 2 jours j’avais pété les couture des poignets (bandes jaunes) et à la fin du périple, le fil de la bande de tissu de la capuche s’est complétement décousu, rendant cette dernière inutilisable…
Au retour à Edimbourg, j’ai pu sans problème me faire échanger la polaire au Costwold. Le SAV et la garantie de Montane, c’est du sérieux ! Rien à redire. Par contre, même problème avec le nouvel exemplaire. Et sur celui-ci, j’ai un trou qui est apparu à la couture traversant la poitrine au niveau du V sous le zip… alors que pour le coup, je l’ai moins sollicité.

Aujourd’hui, pour la rando je l’ai remplacée par un haut plus léger, la Allez Micro Hoodie toujours chez Montane que l’on trouve facilement en solde autour de 60€ (171g en S).


Pantalon

Pantalon de rando D4 de 2013 (modèle ?) – 337g avec ceinture

Synthétique, 4 poches zippées, bas serrables par cordons élastiques, renforts aux fesses et au genoux. Agréable à porter, relativement coupe-vent, sèche vite, solide, vieilli bien. Pas cher. Une valeur sûre. Il a été fidèle au poste. Un gars sûr big_smile


Isolation

Gilet - Gilet Montane Hi-Q luxe283g en S, plus fabriqué

Je ne vais pas m’étendre dessus car pas très léger. Acheté bradé à Arran comme couche thermique additionnelle en actif par temps froid ou sous la pluie. Il a fait parfaitement le job. Je l’ai souvent porté par temps froid au-dessus de la polaire ou lorsque ça soufflait sévère et surtout lors des gros jours de pluie. Son aspect « cote de maille » (+ la capuche de la polaire) a aussi contribué à mon surnom de « Lancelot » par les croates big_smile
Depuis, je l’ai remplacé avec bonheur par un Patagonia Nano Puff de 158g en S.

Doudoune - Rab Xenon X307g en S

Pas grand-chose à dire à part que je suis très satisfait de cette veste. Je voulais une doudoune synthétique légère avec capuche pour remplacer ma Thermawrap Jacket pour les destinations fraiches. Idéalement j’aurai voulu une doudoune Orri, mais j'ai loupé le coche sad… j’ai longtemps hésité à acheter chez un cottage manufacturer (Enlightened Equipment par exemple) mais quelque soit le fabriquant, ça taillait toujours trop grand (d’où l’achat de la Patagonia Micro Puff aussi).

J’en suis content. Le rapport poids/isolation me convient parfaitement et je ne ressens pas le besoin de changer pour un autre modèle. Je la portais majoritairement le soir et le matin au bivouac, certaines nuits et lors de certaines pauses par temps froids. C’était ma marge de sécurité.
Pour de prochains trips en écosse, j’envisage de la remplacer par un combo micro-polaire D4 et coupe-vent pour plus de polyvalence.

Collants – Keela wool 200 – 149g en S
Des collants merino 200g/m² tout bêtes. Pour booster le quilt la nuit. Rien de spécial, ont fait le job.


Protection contre la pluie

Veste imper-respi - Montane Atomic Jacket (2015)290g en S

Ma veste gros temps. J’avais déjà testé avec bonheur le Pertex Shield et j’apprécie la marque Montane. Après le décès prématuré de ma Marmot Mica, à l’heure de lui trouver une remplaçante, le fil initié par JJ a fait le reste smile Je ne vais pas refaire le fil qui lui est dédié. Très très satisfait de cette veste qui n’a jamais percé. J’apprécie la capuche finement réglable et bien couvrante, les poches placées haut au-dessus de la ceinture ventrale du sad, les poignets réglables, etc. Un peu lourde certes, mais d’un rapport prix/efficacité remarquable (achetée un peu moins de 100€ sur amazon.co.uk).

Possédé par le démon du light, je teste epuis quelques mois une Montane Minimus 777 de 136g. Mais après avoir essuyé récemment une journée venteuse en mode grosse douche écossaise, j’ai regretté la Atomic.

A noter que la version 2019 possède des zips sous les bras. Si le poids est effectivement resté le même, elle n’est pas loin d’être le graal pour moi.

Pantalon imper-respiBerghaus Goretex Paclite216g en S

Une valeur sûre. Facilement trouvable sur le net à moins de 80€. Acheté il y a 3 ans, il ne m’a jamais trahi. N’a jamais percé, ne m’a jamais fait suer. Le meilleur pantalon de pluie que j’ai eu et de loin. 200g qui en valent la peine.
Le zip long est particulièrement appréciable pour l’enfilage mais aussi pour ventiler ou accéder aux poches du pantalon.


Chaussures

Salewa Ultra Train 1 (non GTX)660g en pointure 43,5

Ma deuxième paire, neuve au départ du CWT. La première étant une paire GTX. Pas les chaussures trail les plus light, mais mes pieds les aiment bien. De vraies pantoufles. Et il faut vraiment que je force sur de très longues journées, sans déchausser, pour commencer à avoir des points chauds. J’apprécie particulièrement le grip de la semelle, très bon, même sur roche mouillée. Ce qui a son importance en Ecosse. Elles ventilent bien et évacuent facilement l’humidité. Il est facile des les sécher en marchant. Si bien que je ne déchaussais pratiquement jamais pour passer les gués.
Vraiment content de mon choix. Par contre, rapidement après le CWT (à environ 800km d’usure), des trous sont apparus dans le mesh au niveau des plis sur l’avant du pied. Mais je pense faire partie de la catégorie des destructeurs de chaussures sad

Voulant partir sur du plus léger, j’utilise actuellement des Inov8 Roclite 290. 60g de moins mais plus chaudes, plus glissantes et un peu moins confortables.


Chaussettes jour, nuit, change

Quechua SH520 x-warm mid69g
66% laine. Je les trouve relativement polyvalentes, surtout avec des chaussures mesh. Chaude quand c’est nécessaire, mais pas trop quand même. Solides, peu chères (on les trouve souvent soldées), sèchent relativement vite. J’en possède 5-6 paires que je porte une grosse partie de l’année (j’en ai d’ailleurs aux pieds là tout de suite). Rien à redire.

Chaussettes VBL - Rab VB Socks - 52g

Un des trucs qui fonctionne le mieux pour moi reste les sachets plastiques tous bêtes, en mode VBL avec des chaussettes merino. Pour le CWT j'ai voulu faire la même chose mais avec de vraies chaussettes VBL. Verdict : ça a fonctionné les premiers jours jusqu'à ce que les bandes thermocollantes sautent et que l'eau s'infiltre par les coutures... Pas ultra efficace à la longue, même si ça permet de limiter l'effet pompe à eau et de réchauffer un peu l'eau piégée. En tout cas, elles étaient complétement cuites à l’issue du voyage… mais bon, elles ne sont pas vraiment faites pour ça à la base.

A leur décharge, elles étaient quand même utile le soir au bivouac pour éviter d’avoir à mettre mes chaussettes sèches dans des chaussures trempées ou encore comme « chaussons ».

La prochaine fois, j'emporterai surement des sealskinz doublées merino. Pas la panacée, mais sous réserve de réussir à les sécher de temps en temps, ça devrait faire le job.

Autres accessoires

Gants – Kalenji Running – 27g
Rien à redire. Pratiques, pas cher, apport thermique appréciable, sèchent vite. Je les ai apprécié lors des longues journées de pluie, particulièrement sous le vent.

CasquetteCasquette de pluie Kalenji Running - 48g
Très peu portée. La plupart du temps trop chaude sous le soleil, je lui préférais la capuche de la polaire. Et sous la pluie, la visière de la veste me suffisait. Aujourd’hui remplacée par une visière Buff.

BonnetCagoule Woolpower 20039g
Mis qu’une seule fois. Pas utile avec la capuche de la polaire et de la doudoune.

Guetres – Integral Design eVent – 62g
Pas vraiment utile pour moi. Sous la pluie le pantalon me protège suffisamment. Après que l’élastique ait pété au début du CWT, j’ai arrêté de les mettre. De bonnes petites guêtre cependant que je possède depuis bien 8 ans.


HYDRATATION

Système d'hydration - Platypus Soft bottle 1L x 2 – 48g + Platypus Drinking Tube37g, retaillé

J’utilise des soft bottle depuis 10ans en rando et au quotidien, je dois en posséder une 10aine à force. Légères, ne prennent pas de place une fois pliées, solides, ça me convient bien.

Le drinking tube c’est parce que je me suis rendu compte que j’avais trop souvent la flemme de boire quand il fallait retirer le sac ou la ceinture ventrale pour attraper les bouteilles dans les poches latérales du sac. Or, je bois beaucoup pendant la journée et dans mon cas l’hydratation joue un rôle prépondérant dans la performance et la récupération. Par contre, je déteste boire trop d’un coup. Rien de pire que la panse qui fait plotch plotch. Le tube me permet de transformer mes soft bottles en poches à eau, tout en gardant la simplicité d’usage pour les ravitos. Pas optimal en terme de poids, mais c’est une solution qui me donne pleine satisfaction depuis quelques années.

Les 2x1L c’est pour le bivouac et aussi parce que je n’aime pas devoir trop souvent m’arrêter pour chercher ou prendre de l’eau. Je préfère souvent porter 1L de plus.

Filtre – Sawyer Mini – 38g seul

Petit filtre bien connu ici. J’en suis satisfait pour l’Ecosse où l’eau ne nécessite pas souvent d’être filtrée. Par contre sa lenteur serait rédhibitoire dans d’autres circonstances. Je l’ai depuis remplacé par le Micro Squeeze plus rapide.
Je me passe de la seringue et de la paille. J’arrive à le nettoyer avec une soft bottle en le branchant au bout du drinking tube, sur la pipette. Ça fonctionne étonnamment bien. Idem pour le Micro Squeeze.


CUISINE

Réchaud - Fire Maple FMS 116T Titanium48g

Comme je suis fainéant et que je n’aime pas me prendre la tête (logique KISS), pour la rando itinérante je préfère le gaz au bois ou à l’alcool. J’utilise principalement le réchaud pour chauffer l’eau de mon café matinal et éventuellement de temps en temps en journée pendant les rares pauses. Pas besoin d’une machine de guerre et encore moins d’un truc trop lourd. Le Fire Maple est parfait pour ça. Léger et efficace. Nickel.

TasseEvernew Titanium Cup 400FD + couvercle63g

Je mange froid une grosse partie du temps. Je n’utilise la tasse que pour le café du matin ou lors des pauses (mon cozy moment à moi) et rarement pour une soupe ou des nouilles le soir. La taille de la 400FD me convient parfaitement. Toujours dans une logique KISS, je préfère avoir des anses pour quelques grammes de plus.
Actuellement, j’ai remplacé le couvercle par un couvercle maison 2x plus léger.

Parevent – DIY – 26g

Bricolé avant de partir avec divers matériaux qui trainaient. A fait le job.
3096_img_0966_03-05-19.jpg  3096_img_0968_03-05-19.jpg

Couteau – Opinel N°6 inox – 27g

J’aime bien manger du fromage, du saucisson, voire du pâté en rando. Toujours dans une logique de « pas prise de tête » je n’ai pas envie de jouer au chirurgien avec une micro lame. Mais à l’inverse, je n’ai pas envie de m’encombrer d’une grosse lame. Le N°6 me convient bien depuis des années. Pas envie d’en changer.

Cuillère – Fork Titane – 17g

Trop lourd, y a pas à ergoter. Actuellement remplacée par une STS Sea to summit Spork AlphaLight de 9g.


HYGIENE / SOIN

Rien de nouveau sous le soleil.

Le bout de savon est dans une petite boîte étanche (boite de la pochette Granite Gear), 30g tout compris (savon + boite).

Je ne m’éterniserai pas sur le concept du Ass-Rag, je me suis déjà fait chambrer là-dessus, mais je n’en démords pas. Pas de PQ pour moi big_smile

Pour la pharmacie, du basique comme beaucoup ici : dafalgan et ibuprofène + ampoule de serum phy + quelques cm de pansement sécables et 2 pinces à tiques.
Soit c'est pas grand-chose et ça pourra attendre la fin de la rando, soit c'est plus grave et dans ce cas je vois pas trop ce que je pourrai faire avec une pharmacie de sac. A part stabiliser pour rejoindre la civilisation ou attendre les secours. Bien que ça ait l’air vraiment Sauvage, il ne faut pas oublier qu’en Ecosse on est rarement à plus d’une demi journée d’une route ou d’un hameau.


PAPIERS & ELECTRONIQUE

Téléphone – Sony Xperia ?? – 134 g
Téléphone du boulot. Compact, pas trop lourd, très bonne autonomie. Je l’ai pris pour pouvoir avoir une appli de cartographie en backup (OSMand) et pour internet.

APN – Canon IXUS – 140 g
Petit compact de base, rien de dingue, mais me convient parce que je ne suis pas spécialement porté sur la photo. Fait des photos correctes et a le mérite d’être léger. Aujourd’hui je préfère économiser un objet et quelques grammes et prendre les photos avec mon téléphone.

Lampe – e-Petzl – 27 g
Une bonne petite lampe qui sait se faire oublier. Tant mieux parce que je ne l’ai pas trop utilisée, mais je préférai avoir quand même une lampe en backup.

Musique – Lecteur MP3 Sony + écouteurs – 38 g
A part dans les transports à l’arrivée et au départ, je n’ai écouté la musique qu’une seule fois pendant la rando. Pas indispensable. Dans tous les cas, le lecteur peut être remplacé par le téléphone à l’avenir.

CartesHarvey Maps Cape Wrath *2 + Affric Kintail Way – 147 g
Très bonnes cartes au 1/40 000, plastifiées, étanches et indéchirables. L’intégralité du CWT et de ses variantes tient sur 2 cartes. Un must have pour faire le trail.

GuideThe Cape Wrath Trail de Ian Harper aux éditions Cicerone239 g
Acheté sur Arran pour préparer un minimum le CWT tongue (j’avais qd même lu plusieurs retex sur RL et étudié les cartes).
Très bon topo guide, très complet et pragmatique comme d’hab chez Cicerone. Une fois que j’étais suffisamment familiarisé avec les cartes, l’échelle et leur légende, j’ai cependant arrêté de l’utiliser assez vite pour planifier les étapes. Je trouve qu’il me spoilait trop le parcours. Je trouvais plus marrant de le lire le soir, rétrospectivement, après avoir effectué les étapes.

Curvimètre =  pour relever les km du jour (couplé avec les indications du guide). Pas indispensable, mon petit plaisir coupable.

Calepin & stylo = pour tenir le décompte des jours, des km, prendre quelques notes sur la journée, des réflexion sur le matos, les horaires de bus, etc. J’aime bien avoir de quoi noter.
Kit de réparation = Duct tape, aiguille + fil, pinces à tiques, superglue.


AUTRE

Bâtons – Black Diamond Trail Back– 577 g

Bâtons achetés par défaut il y a quelques années. Lourds mais solides et faciles à régler pour le montage d’abri. Ma pratique étant mon orientée UL et longue distance ces dernières années n’avais pas jugé nécessaire d’en changer donc je suis parti avec.
Depuis, je les ai remplacés par des CNOC Outdoor Vertex Carbon, 438g la paire avec les dragonnes (qu’il faut que je fasse sauter). A la fois plus légers et plus compacts pour le transport en avion et les passages en ville.

Dernière modification par Criss Kenton (04-05-2019 11:34:35)

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#6 02-05-2019 22:05:50

Criss Kenton
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Quelques infos utiles sur le CWT et l’Ecosse en général

(A venir)

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#7 02-05-2019 23:17:36

Adrienne
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Oh la la je m'étais dit que je me couchais tôt ce soir et puis voilà je suis partie à lire ton récit et il est déjà minuit passé wink

Un grand merci pour ce récit détaillé. Ça m'a replongé dans 1000 souvenirs. Si ça peut te rassurer, à part le pont pour monter aux Glomach Falls je me suis plantée à peu près à tous les mêmes endroits que toi, depuis la 1ere forêt à traverser ! big_smile

Je te trouve assez optimiste (ou sûrement très expérimenté) sur la navigation en hors sentier, que j'ai trouvée assez dure pour ma part. Tu as bien raison d'insister sur les courbes de niveau à suivre et l'utilité d'un altimètre (parce que bon, on se dit "yaka suivre la courbe de niveau" mais ça serait trop simple si elle était facile à suivre !!)
(Je dis ça pour les futurs lecteurs : prenez un altimètre c'est sans doute plus essentiel qu'une boussole sur le CWT).

En tous cas un rythme d'enfer sur ce CWT, j'ai compté plusieurs sections que tu as avalées en une journée là où j'en ai pris deux, et où le guide en préconisait 2. Cela dit je n'étais qu'au tout début de ma démarche MUL avec encore 10kgs sur le dos.

Ça donne en tous cas une furieuse envie d'y retourner smile

J'ai rencontré aussi plusieurs randonneurs complètement blasés du CWT et de l'Écosse, déprimés du boggy, lassés par la pluie et la boue. Je pense que c'est vraiment un style de paysages et de conditions de terrain et de climat qu'on adore ou déteste...

J'attends avec curiosité ta liste de matériel et les infos utiles ! Tu fais le parallèle avec la Laponie, c'est mon prochain départ, donc je serai attentive...


Si tu n'arrives pas à penser : marche. Si tu penses trop : marche. Si tu penses mal, marche encore.
(Jean Giono)

Trombi

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#8 03-05-2019 07:41:52

Criss Kenton
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Toute mes excuses si je t'ai généré une dette de sommeil  big_smile

Pour ce qui est de la navigation hors-sentier, c'est vrai que je commence à avoir l'habitude sur ce type de terrain. Cependant, il est important de noter que contrairement à du véritable hors-piste avec une carte vierge sous les yeux, sur les cartes Harvey Maps, la trace est indiquée ce qui aide quand même beaucoup.Et en dehors du Beinn Eighe, les parties hors-piste font rarement plus de 5km (ce qui est largement suffisant pour se paumer, c'est vrai).

A noter que je trouve le niveau de précision très très bon pour du 1/40 000éme, avec une multitude de repère et d'indices. Vraiment de très bonnes cartes ces Harvey Maps et en plus indéchirables et waterproof smile (faut juste éviter de les ouvrir sous les bourrasques lol). Et surtout, j'ai bénéficié globalement d'une météo favorable, avec une bonne visibilité.

D'où les facilités de navigation et la vitesse. Dans une purée de poids ou avec les grosses rivières gonflées par la pluie, j'aurai pris plus mon temps à cause d'une progression forcément ralentie et par sécurité (montage d'abri en attente de décrue par exemple), j'avais de la marge.

Je plussoie en tout cas l'intérêt d'un altimètre (une montre c'est mieux, sinon avec un GPS la tentation de tricher est trop grande). Les courbes de niveau c'est la clé et la plupart des cas ce sont des rampes naturelles pour mener à destination. Une fois qu'on a compris ça, il ne faut pas hésiter à s'affranchir de la carte et par exemple monter un peu plus haut lorsque le sol est trop détrempé ou prendre le temps de trouver un endroit plus favorable pour traverser une rivière. Je n'ai jamais fais de vrais azimuts à la boussole, me contentant de faire des caps à l'arrache, par contre je calibrai très souvent et très précisément l'alti.

Quoiqu'il en soit, sur le CWT, une grosse partie du plaisir réside dans l'orientation. C'est un trail a faire impérativement avec carte et boussole. Compass&Maps or Die ! lol

Les boggs et autres marécages c'est vrai que c'est spécial, perso j'adore, c'est exigeant mais super stimulant. Le temps passe vite, y a plein d'occupations : essayer de garder les pieds le plus secs possibles (on apprend vite à jauger le degré d'absorption de la végétation), essayer de repérer les sentes de cerfs ou de pas dans une lande d'apparence uniforme, éviter les trous d'eau, trouver la sortie dans un labyrinthe de levée de tourbe, etc. smile

Pour ce qui est de la comparaison avec la Laponie, à part le fait que la saison de rando soit plus courte là-haut, pour moi c'est globalement kiff-kiff en matière de terrain, de météo et de liste de matériel pour fin juin à début septembre.

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#9 03-05-2019 08:07:49

MGZ
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Mais quel roman ! Merci pour ce retour très agréable à lire et qui donne envie de se frotter à l'humidité.

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#10 03-05-2019 08:47:45

Frederic
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Criss Kenton a écrit :

Petit bilan de ces 2 jours sur l’Affric Kintail Way : bien que le trail m’ait servi à me mettre en jambe, à tester mes nouveaux vêtements (très content de mes choix, ça va le faire pour la suite) et à me re-familiariser avec les cartes HarveyMaps, je suis déçu. Seuls les 30 derniers km sont sympas (les Glens sont beaux). Sur 70km, c’est mince. Pour celles et ceux intéressés par ce trail, je conseillerai plutôt de faire une boucle à partir de Morvich ou de partir de Cluanie (tous deux desservis par un bus).

+1 : à l'est de Glen Affric aucun intérêt et surtout la portion à partir de Canniche.

mon dernier passage dans le coin pour le TGO j'avais pris le traditionnel Affric Lodge - Allt Garbh - Cougie - Meallan Odhar - River Doe - Ceannacroc bridge - caledonian canal (pour couper à travers colline et éviter l'A887)
mais cela n'a plus d'intérêt :
coupe récente des arbres autour de Cougie
travaux avec construction d'un chemin en dur le long de la riviére Doe
extension des champs d'éoliennes sur les collines entre Ceannacroc bridge et  le caledonian canal, il y a des routes en dur dans tous les sens

par contre couper de Falls of Glomach vers Glean Gaorsaic -Gleann Gniomhaidh -Allbeithe bothy est très sympa et pour boucler vers Morvich il y a pas mal de possibilités ( Bealach na Sroine ?)

edit à lire ton récit je me suis aperçu qu'il y a au moins 2 collines appelées Meallan Odhar, une au sud de shield bridge et une autre à 25km à l'est de la première et au sud de Glen Affric

Enfin pour ce qui est de ta remarque sur l'utilisation d'un GPS, mes 5 première traversées de l'Ecosse j'avais carte plus boussole et un mini téléphone juste pour téléphoner au challenge control, alors que pour mon dernier TGO j'avais du prendre mon smartphone pour mon travail, et j'avais mis un logiciel de cartographie dessus.
Cela permet d'avancer comme un lemming avec 0% chance de se perdre, donc le cerveau est lui aussi en vacances, bref je pense le refaire pour des randos avec Elise , mais pour des randos solo cela perds de son charme.

Dernière modification par Frederic (03-05-2019 09:12:48)

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#11 03-05-2019 11:00:39

Adrienne
Apprentie MULe
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Criss Kenton a écrit :

Pour ce qui est de la navigation hors-sentier, c'est vrai que je commence à avoir l'habitude sur ce type de terrain. Cependant, il est important de noter que contrairement à du véritable hors-piste avec une carte vierge sous les yeux, sur les cartes Harvey Maps, la trace est indiquée ce qui aide quand même beaucoup.Et en dehors du Beinn Eighe, les parties hors-piste font rarement plus de 5km (ce qui est largement suffisant pour se paumer, c'est vrai).

A noter que je trouve le niveau de précision très très bon pour du 1/40 000éme, avec une multitude de repère et d'indices. Vraiment de très bonnes cartes ces Harvey Maps et en plus indéchirables et waterproof smile (faut juste éviter de les ouvrir sous les bourrasques lol). Et surtout, j'ai bénéficié globalement d'une météo favorable, avec une bonne visibilité.

D'où les facilités de navigation et la vitesse. Dans une purée de poids ou avec les grosses rivières gonflées par la pluie, j'aurai pris plus mon temps à cause d'une progression forcément ralentie et par sécurité (montage d'abri en attente de décrue par exemple), j'avais de la marge.

Je suis tout à fait d'accord avec toi sur la qualité des cartes Harvey Maps, tant pour leur précision (une fois qu'on s'est fait à l'échelle) que pour leur solidité / maniabilité ! Et j'attends avec impatience que l'IGN soit à ce niveau wink

Pour les conditions mauvaises, j'ai retrouvé un petit bout de vidéo de 2 jeunes français que j'avais croisés à Sourlies et qui faisaient la 1ère partie du CWT. On a passé la baie marécageuse ensemble, le pont existait encore (même si en très mauvais état), seulement quelques mois avant ton passage puisque c'était en août 2017. Et très clairement, s'il n'y avait pas eu de pont on ne serait pas passés comme ça tellement la rivière était grosse. D'ailleurs on a du renoncer à continuer directement vers Barisdale et passer par Inverie. Les conditions sont visibles dans cette vidéo à 5'25'', je serais curieuse de savoir comment tu serais passé (je suis peut-être excessivement prudente) wink


Si tu n'arrives pas à penser : marche. Si tu penses trop : marche. Si tu penses mal, marche encore.
(Jean Giono)

Trombi

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#12 03-05-2019 12:06:53

Criss Kenton
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Merci pour ton retour Frederic.
Depuis des années tes péripéties Ecossaises ont fait germer en moi, non le grain d'orge, mais l'envie d'aller batifoler dans les highlands. Tu n'es vraiment pas étranger à mes choix de vacances ces dernières années wink

Effectivement, le terrain de jeu entre Morvich, Allbeithe et les Falls of Glomach est vraiment sympa et les possibilités sont multiples. C'est simple, à l'issue du CWT, j'avais envie d'acheter les cartes OS Survey de presque tous les coins traversés. J'ai résisté (enfin mon compte en banque m'a bien aidé) et j'ai craqué uniquement sur celle du Glen Douchary.

Je rebondis là dessus :

Frederic a écrit :

Enfin pour ce qui est de ta remarque sur l'utilisation d'un GPS, mes 5 première traversées de l'Ecosse j'avais carte plus boussole et un mini téléphone juste pour téléphoner au challenge control, alors que pour mon dernier TGO j'avais du prendre mon smartphone pour mon travail, et j'avais mis un logiciel de cartographie dessus.
Cela permet d'avancer comme un lemming avec 0% chance de se perdre, donc le cerveau est lui aussi en vacances, bref je pense le refaire pour des randos avec Elise , mais pour des randos solo cela perds de son charme.

C'est pas très clair dans mon récit, faudra que je précise dans le matos. Mais je suis aussi également parti avec un Smartphone (pour la première fois), celui du boulot aussi, sur lequel j'avais chargé les cartes topo d'Ecosses + courbes de niveau sur OSMand. Histoire d'avoir un backup en cas de météo vraiment pourrie et aussi pour la tranquillité d'esprit. Je ne l'ai utilisé qu'une seule fois pour vérifier ma position et surtout tester un peu en situation.

Mais comme tu le dis, utiliser un GPS/smartphone pour la sécurité c'est un plus indéniable, mais l'utiliser pour s'orienter ôte effectivement tout le charme et le sel de la rando. C'est plus agréable de décortiquer le paysage que de scruter un écran. Et encore plus de faire ses propres choix, plutôt que de marcher dans les pas de quelqu'un d'autre. Ce qui fais parfois faire des erreurs d'ailleurs...


@Adrienne : Merci pour la vidéo smile
Ça me rappelle certaines journées (ou semaines) en Laponie. Les jours "machine à laver" avec prélavage, en cycle long. Où tu as l'impression que l'eau sort aussi du sol lol

Je te rassure, en l'absence de pont, seul, je ne pense vraiment pas que j'aurais tenté la traversée. Du moins à cet endroit. J'aurais cherché un autre endroit, plus large et moins profond avec moins de courant (même si là comme ça, je ne vois pas où je serais passé...). Et à défaut, j'aurais soit attendu sous la tente que ça se calme ou soit revu mes plans. J'aurais très vraisemblablement aussi opté par la variante via Inverie.

Je ne suis pas du genre casse-cou non plus. En règle générale, quand je ne le sens vraiment pas, je n'y vais pas. Point. Ça fait moins d'anecdotes croustillantes à raconter c'est sûr, mais au moins on est là pour les raconter wink

Edit:
En ce qui concerne le fameux pont situé au niveau de Carnoch, après Sourlie, j'ai lu dans une newsletter Walkhighland je crois qu'il avait été rebâti à la fin de l'été dernier. Déjà un problème de réglé.

Dernière modification par Criss Kenton (03-05-2019 12:10:31)

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#13 04-05-2019 15:25:47

simon
PRO
Lieu : France
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Ah les bothy, les palaces des randonneurs trempés smile
Super récit et belle traversée ! Monter au cap, et redescendre jusqu'à Ullapool, t'étais motivé  wink


Carnets d'aventures : mon trombi
Laisse ton esprit s'évader et tes pieds suivre tes rêves.

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#14 04-05-2019 16:24:08

Kam
Membre
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Je suis le seul fasciné par l'Écosse pour deux raisons qui me tiennent à cœur : le port du kilt par rapport à ma bisexualité pas si refoulée et les pubs qui font prendre un nouveau sens au mot spleen (pas si refoulé non plus pour ma part)?

Je n'ai jamais été fasciné par les pays "riches" et/ou du Nord, mais l'Écosse, au même titre que l'Irlande (trop de potes là-bas), et le Kamtchatka (d'où je tire mon pseudo) me fascinent.

Bref, merci.

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#15 04-05-2019 17:30:35

Criss Kenton
Membre
Inscription : 11-01-2009

Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Merci pour les retours smile Content d'avoir réussi à retranscrire une partie du plaisir pris à faire cette marche.

@ Simon : ton récit fait partie de ceux que j'ai lu avant de partir en guise de préparation. Comme on a fait les mêmes variantes, il m'a été utile pour le découpage des étapes et une fois sur place son souvenir m'a fait squeezer la partie Fort William-Glenfinnan sans regrets.


@ Kam : bon, ben on est fascinés par les mêmes contrées alors wink Le Kamtchatka me fais rêver aussi depuis longtemps et l'extrême orient russe en général.

Autant j'adore la Laponie et son côté sauvage et immersif, autant je trouvais qu'il manquait quelque chose sans réussir à mettre le doigt dessus... En Ecosse le puzzle s'est retrouvé complet et j'ai compris. Il manquait l'histoire. La grande et la petite. Le courage, la sueur, le sang, la peine et la joie inscrites dans le paysage. De ce côté là, l'Ecosse est chargée : highlands clearances, rébellions Jacobite, guerres d'indépendances... bon ok, il manquait les pubs en fait. Et les pintes à prix décents. J'avoue lol

Arriver trempé et transi, noyer son spleen au fond d'une pinte, s'anesthésier à la chaleur d'un bon feu de cheminée ou d'un verre de malt... c'est tout un style de vie, je te l'accorde  wink

PS : Partie matos mise à jour.

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#16 04-05-2019 18:24:21

florencia
Membre
Lieu : 71
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Ça y est, j'ai tout lu, merci pour ce bel et sympathique interlude, aussi bien le récit que le retour matériel, bien complet et intéressant. Tu me donnerais presque envie de partir à la découverte de ce territoire, seule la météo me retient jusqu'alors big_smile (et finalement presqu'un peu trop de piste wink)

Flo


Réalisations DIY
_ _ _ _ _ _ _ _ _

"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.

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#17 05-05-2019 09:09:15

jeanjacques
.
Lieu : Agen
Inscription : 05-06-2010
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Merci pour ce retour, étonnant de revoir ces paysages smile Nous étions avec ma compagne sur le CWT mi septembre donc avec une météo surement semblable. Choix similaire de vêtement hormis une doudoune en plume pour elle (synthé pour moi, toujours dans le sac), collant + pantalon imper, haut fin + polaire + veste imper à port constant. On aurait parfois aimé plus d'épaisseur de gant (nous avions une paire fine + imper).
J'ai fabriqué un sac à dos 100% étanche avec armature (450g) rien que pour ce voyage et ça facilite bien la vie, ma compagne avait également le traditionnel sac poubelle.
Pour le GPS, avec elle je ne fais pas l'impasse, parfois utile mais le second ou le troisième jour, à vouloir le suivre sans écouter l'instinct, on s'est retrouvé à patauger jusqu'à la ceinture...
As-tu vu le bothy où un type a vécu 50ans ? Juste avant le phare ? Les murs sont peints et il y a une des seuls réserves de tourbe déjà sèche dans un repli de la rivière. Bon après, allumer de la tourbe, toute une technique et le pouvoir calorifique ne semble pas dépasser le centimètre.

Dernière modification par jeanjacques (05-05-2019 09:18:26)

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#18 05-05-2019 09:52:07

Criss Kenton
Membre
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Salut JJ  smile

J'avais guetté le CR sur ton blog, je guette encore big_smile J'étais notamment curieux de voir tes solutions vestimentaires.

De mon côté j'ai viré le pantalon de pluie de la liste "sur moi" par honnêteté parce que je ne l'ai porté que la moitié du temps (presque 1 semaine de beau temps). Pour le sac, c'est clair qu'un sac Water/weather-proof serait le top. Je n'ai jamais trouvé mon bonheur dans le mainstream ou chez les cottage manufacturer. Il faudrait vraiment - vraiment - que je saute le pas et que je me mette enfin à la couture ! A ce titre, je te tire mon chapeau pour tes nombreuses réalisations, très très pro  cool

Vous avez pataugé dans le Knoydart, dans la zone après Sourlie et carnoch, le long de la rivière ? Je me souviens de trous d'eau de plus d'1m de profondeur par endroit, difficilement décelables si on ne maintient pas les yeux rivés au sol  yikes

Le bothy de Strathchailleach j'y suis effectivement passé j14 au retour du Cap. Et c'est vrai que c'est dingue de voir encore la "carrière" de tourbe derrière le bothy. Faut effectivement être super motivé pour se chauffer avec ça, mais ça a le mérite d'être quasi inépuisable pour un gars seul.

Pour ce qui est de la rando à 2, madame CK ne partageais malheureusement pas mon attrait pour les boggs. L'Ecosse oui, mais pas les pieds dans la soupe, ou alors pas plus d'une journée ou deux...


@ Florencia : c'est la possibilité de 7j de beau temps consécutifs qui te retient ? tongue Pour ce qui est des pistes, rassure toi il y a de quoi se bricoler de jolis itinéraires complétement hors-sentiers. Même si c'est moins vaste que la Laponie, je te l'accorde. Le CWT demeure cependant un beau plateau dégustation  smile

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#19 05-05-2019 11:53:38

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
Inscription : 09-06-2014

Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

jeanjacques a écrit :

J'ai fabriqué un sac à dos 100% étanche avec armature (450g) rien que pour ce voyage et ça facilite bien la vie...

On peut en savoir plus? Des photos peut-être?

jeanjacques a écrit :

...le GPS (...) le second ou le troisième jour, à vouloir le suivre sans écouter l'instinct, on s'est retrouvé à patauger jusqu'à la ceinture...

Cela me rassure, je ne suis pas le seul à qui cela est arrivé ! smile


Pour ceux que cela intéresse, un peu plus d'infos sur l'ermite de Strathchailleach.


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#20 05-05-2019 11:56:45

Adrienne
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

@Florencia il y a piste et piste wink
Dans mon souvenir et à la louche, tu dois avoir 1/4 de piste carrossable bien roulante, 1/4 de chemin bien dessiné (ce qui ne l'empêchera pas d'être gorgé d'eau voire d'accueillir tranquillement un petit torrent), 1/4 de sente fine et 1/4 de hors-sentiers. Et quand même un petit travail d'orientation à avoir quotidiennement, soit parce que pas de sentier, soit parce qu'il faut s'adapter à cause de la météo (la capacité de la moindre colline à dégorger de torrents temporaires à chaque grosse averse est quand même impressionnante...)

Le fait qu'il n'y ait aucun balisage évite complètement le sentiment d'être sur une autoroute à randonneurs, même si sur quelques spots spécifiques il peut y avoir un peu de monde notamment dans les bothies les mieux aménagés.

Et puis oui, il y a moyen de s'éclater en hors sentier total smile


Si tu n'arrives pas à penser : marche. Si tu penses trop : marche. Si tu penses mal, marche encore.
(Jean Giono)

Trombi

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#21 05-05-2019 16:48:07

florencia
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Merci pour les précisions Adrienne et Criss, comme d'habitude, il faut que je m'immerge dans les cartes pour avoir un meilleur aperçu, ce qui n'est pas (encore) le cas, j'ai aussi commandé le bouquin de Peter Wright, Ribbon of Wildness, je verrai alors si cela enclenche du rêve ou pas wink

Flo


Réalisations DIY
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"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.

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#22 05-05-2019 21:28:36

Bipbip
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Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Très sympa ce récit ! Bothies, bières et bogs, ça donne bien envie d'y aller (quoique je ne sais pas si j'apprécierais comme toi les bogs, une fois les pieds dedans) !

Criss Kenton a écrit :

Gatewood Cape ancien modèle368g avec haubans et élastiques

Mon abri principal depuis fin 2011 pour les sorties solo. Un peu plus de 60 nuits passées dedans à l’issue du CWT, dans a peu près toutes les conditions. Malgré son côté frankenstein, j’aime beaucoup cet abri et je finis toujours par y revenir. Mon gabarit et l’utilisation d’un matelas mousse font que je m’y suis toujours retrouvé en termes d’habitabilité. Correctement monté et haubané, je trouve sa résistance aux éléments très satisfaisante. Et j’aime beaucoup beaucoup le double zip et surtout la possibilité de laisser le haut complétement ouvert au niveau de la capuche en mode yourte ou tipi d’indien smile
Il est simple à monter, pas prise de tête. 4 sardines suffisent pour un montage à l’arrache pour par exemple laisser passer un méchant grain le temps d’une petite sieste ou d’un café.

C'est vrai que cette Gatewood Cape est une créature étrange ! Abri-poncho qui ne fonctionne bien comme abri que pour ceux pour lesquels il est trop grand comme poncho. Elle n'a pas l'élégance des pyramides à base rectangulaire de type Solomid, ni les lignes tendues d'un Abri oli_v_ier ou d'une Cirriform et donne toujours l'impression de ne pas avoir été monté tout à fait comme elle devrait l'être. Et pourtant ! Elle se révèle étonnement efficace à l'usage et plus je l'utilise, plus je l'apprécie.

J'ai par ailleurs l'impression que la capuche, fonctionnant comme une manche d'aération, permet de réguler la ventilation mieux que les pigeonnières qui sont devenues la norme sur les tentes actuelles.

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#23 06-05-2019 07:10:05

Criss Kenton
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Inscription : 11-01-2009

Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

'tain tu m'as fais presque recracher mon café avec ton aphorisme d'une justesse absolue : "Abri-poncho qui ne fonctionne bien comme abri que pour ceux pour lesquels il est trop grand comme poncho"  lol Il est à graver quelque part celui là !

T'as super bien résumé le truc, ce qui fait que je m'écarte de la Gatewood à certains moments et ce qui fait que j'y reviens à chaque fois. A l'usage, je trouve aussi que la capuche permet de réguler très efficacement l'humidité et donc la condensation dans l'abri. Avec l'avantage de vraiment pouvoir jouer sur la taille de l'ouverture et le tout directement depuis l'intérieur de la tente. Par comparaison, je trouve la pigeonnière du Deschutes Plus Tarp vraiment anecdotique... Et sur ce dernier je regrette très franchement l'absence de zip à double-curseurs pour pouvoir ventiler un peu mieux ou regarder dehors quand il pleut. Surtout que le zip est rendu chiant à ouvrir et fermer à cause des jupes moustiquaires (zip d'une loooongueur mortelle).


Merci pour le retour sur le récit en tout cas. Pour ce qui est des boggs, le truc marrant justement c'est de ne pas mettre les pieds dedans. Ce qui m'amuse c'est d'essayer de garder les pieds les plus secs possibles. Avec l'habitude on repère la végétation ou la tourbe qui portent et la végétation ou les sols qui "avalent" ou qui sont spongieux. Ça rend le truc beaucoup plus ludique. Mais bon, au final, les traversées de gués viennent ruiner tous les efforts... big_smile

J'insiste un peu, mais c'est un énorme avantage d'avoir un sac léger sur ce type de terrain. Sous réserve d'avoir tout l'équipement nécessaire c'est même sécuritaire. Ça rend libre de chercher la meilleure voie, d'être plus mobile, de moins s'épuiser, de moins s'enfoncer, de faire de grandes enjambées, voire des sauts, de monter un peu quand c'est pourri, etc. Avec un sac et un équipement lourd on subit vraiment le terrain (je parle d'expérience). Il n'y avait qu'à voir les traces de pas dans la boue, parfois profondes de 30cm, et souvent les nombreuses traces de dérapages ou glissades... sans compter les bâtons de marche brisés dans la vase ou la tourbe hmm 

En tout cas, il ne faut pas trop lire Ian Harper pour ne pas prendre peur, il aime bien les formules du genre : " And now you enter in a world of boggy pain..." ou "it's a horrible mess that will destroy your spirits early in the day"  smile

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#24 06-05-2019 15:06:41

Kam
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Inscription : 19-01-2011

Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Criss Kenton a écrit :

Il manquait l'histoire. La grande et la petite. Le courage, la sueur, le sang, la peine et la joie inscrites dans le paysage. De ce côté là, l'Ecosse est chargée

Je crois que la première fois qu'on m'a parlé de toi, c'était quelques années après être revenu d'un long cours, après que j'aie fait une présentation chez DM, bien avant de m'inscrire ici. Et là t'as des gens qui ont commencé à me parler d'un Chris Machin qui avait fait à peu près le même trajet... Et qui avait comme moi renoncé, à peu près au même moment, à peu près au même endroit (même si j'ai perso continué par des moyens plus conventionnels, avant d'imaginer d'autres délires).

Avant de partir pour ce trip qui se destinait vers l'Asie, je m'étais justement interressé à l'histoire de ces régions. Une histoire dont on ne parle pas dans les écoles françaises mais qui a transfiguré le monde. Les grands conquérants : Gengis Khan, bien sûr, Tamerlan, Babur, mais aussi l'histoire insoupçonnée, comme celle de la colonisation de l'ouest américain par les russes (Sans Francisco par exemple), ou des traités après la première guerre mondiale qui, s'ils avaient abouti et moyennant finance auraient fait que l'on pourrait parler anglais au Kamtchatka.

Bref, plein de choses en commun, et autant de différences. Tu te sens Tesson, je me sens Bouvier. Mais c'est aussi ça qui est bon. Peut-être trouvera-t-on un terrain d'entente autour du plus sédentaire d'entre nous, Thoreau? wink

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#25 06-05-2019 17:02:06

Diesel
P.U.L. Pingouin Urtiquant Libre
Lieu : Terre du Milieu
Inscription : 05-07-2006

Re : [Récit + liste] Cape Wrath Trail et plus si affinité - (Maj Matos)

Ah le petit Kriss, bravo, je suis fier de toi.
Tu parles comme un vrai Mul. Et en plus avec un bon gros récit bien riche en photo et tout et tout.
Bon, ne te fais pas prendre par les gars d'en face par contre car avec seulement un opinel, tu fais franchement tâche.  lol

C'est marrant de te relire par ici. Le monde est petit décidément.  wink


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