Vous n'êtes pas identifié(e).
- Contributions : Récentes | Sans réponse
Annonce
#1 23-08-2019 12:23:40
- Naxh
- Marmotte Pyrénéenne
- Lieu : Bordeaux
- Inscription : 28-07-2015
- Site Web
[Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Liste : https://lighterpack.com/r/6oc294
Itinéraire : https://www.openrunner.com/r/10338088
Je me souviens d’une sortie inaugurale du comité sud ouest où il avait été évoqué de bivouaquer au sommet du Marboré. Mes envies avaient vite étaient freinées par mes coéquipiers plus raisonnables, qui jugeaient qu’avec des températures de -10° annoncées pour la nuit, on se pellerait tous correctement le jonc.
Nous avions donc revu nos plans pour prévoir un bivouac sur un autre sommet : La Tusse de Montarqué.
Cette année, mieux équipée et plus entraînée, l’idée m’est revenue en tête. Pourquoi ne pas faire enfin ce bivouac au Marboré ?
Eh bien parce que finalement, nous allons le faire au Mont Perdu
3ème plus haut sommet des Pyrénées derrière les Posets et évidemment l’Aneto, l’idée me séduisait… Après un premier projet de sortie le week-end du 10 et 11 août avorté (le jour-même) à cause de la météo, nous avons décidé de remettre ça les 15 et 16 août.
Jeudi 15 août, 6h du matin, je me mets donc en route depuis Bordeaux, en direction du col des tentes. 3h40 de route annoncés.
3h et 11 minutes plus tard, me voilà arrivée au col des tentes, après avoir passé les lacets dans un brouillard tellement épais que je conduisais au GPS.
9h20, je m’élance sur le sentier qui relie le col des tentes au port de Boucharo. Le rendez-vous est donné entre 9h30 et 10h avec Balipit. Le sentier est roulant, aménagé pour être accessible aux personnes à mobilité réduite, par contre le brouillard monte. Je me trouve donc successivement dans la purée de pois, ou face à un paysage somptueux.
9h40, j’arrive au port de Boucharo. Le ciel se dégage, je regarde du côté Espagnol mais je ne vois personne arriver. Balipit ne devrait pas tarder de toute manière.
Après quelques minutes, je repère quelqu’un monter d’un sentier sur la gauche, mais je ne parviens pas à reconnaître s’il s’agit d’un visage familier. Je resterai en bord de sentier jusqu’à ce que le “quelqu’un” me salue. En effet, c’était bien Balipit !
10h, nous nous mettons donc en route, en direction du refuge des Sarradets. Nous ne sommes pas seuls sur le sentier mais il est encore tôt, il n’y a donc pas d’embouteillage. Nous avançons bon train, le sentier est plat et peu technique. Nous nous émerveillons sur la géologie du secteur. Les courbes dessinées par les montagnes sont à peine croyables. De plus, les nuages emprisonnés dans la vallée forment une mer dans laquelle on aimerait plonger. Mauvaise idée en réalité, nous nous contenterons de la contempler.
11h, nous arrivons au refuge des Sarradets, avec le faible espoir de pouvoir y faire le plein d’eau. Le refuge est encore en travaux et fermé, et aucun point d’eau n’est accessible. Nous nous questionnons sur la probabilité de trouver de l’eau sur le chemin, et décidons finalement de faire un aller-retour à la cascade pour refaire le plein d’eau.
Enfin, Balipit fera l’aller-retour. Moi je ferai sécher mes chaussures, remplies d’eau par ladite cascade.
Le principe d’une chaussure imperméable : tout ce qui ne rentre ne sort plus.
C’est d’ailleurs à ce moment là que je réaliserai que j’ai honteusement oublié de télécharger le fond de carte ainsi que la trace GPS qui devait nous mener au Mont Perdu. Instant de panique… On m’a vanté un sommet sulfureux, pas facile à atteindre et un chemin très paumatoire. Comment ais-je pu oublier de télécharger hors ligne la trace ?!
Je sors du mode avion, une petite barre de réseau me laisse espérer de sauver cette randonnée… Je lance le téléchargement de la trace, mais la barre n’avance pas. Je me dis que ça va être très chaud. Je reste face au spectacle d’une mer de nuage devant le cirque de Gavarnie, pendant ce temps là…
Finalement, en repassant en mode avion, la trace ainsi que le fond de carte apparaîtront sur mon écran, me permettant de me détendre à nouveau et de rectifier l’erreur bête que j’avais commise.
Vue l’heure, nous décidons de faire une véritable pause et de manger ici. Le défilé commence et continue. Des dizaines de personnes arrivent au refuge. Certains restent manger ici avant de redescendre au col des Tentes. D’autres font l’aller-retour jusqu’à la Brèche de Roland. Tous semblent bien chargés pour leurs courts périples. Nos petits sacs ne laissent en rien deviner une nuit à 3355 mètres d’altitude, nous nous fondons donc à merveille avec les promeneurs d’un jour.
12h30, on s’élance en direction de la brèche de Roland. Le sentier se fait dans un éboulis de petits cailloux, il est raide et il y a des enfants qui montent en courant et en criant. Je suis partagée entre l’admiration de leur pêche et l’envie de leur dire de fermer leur… clapet. J’aime profiter des bruits de la nature en montagne, me retrouver à la queue-leu-leu dans cette montée me fait penser aux images de l’Everest-Disneyland ou à Disneyland tout court. J’espère que nous retrouverons le calme une fois de l’autre côté de la brèche. Je ne prends vraiment pas beaucoup de plaisir dans ce moment, malgré la beauté des lieux.
La brèche se rapproche et nous traversons quelques névés. De l’eau coule, l’aller-retour à la cascade aura été inutile, mais au moins nous avons été prévoyants.
Après une dernière grimpette un peu plus raide, nous arrivons à la brèche de Roland. Cette curiosité géologique est vraiment sublime, mais je dois avouer que le fourmillement de randonneurs de me donne pas envie de m’éterniser. Nous ne pouvons même pas avancer sans risquer de marcher sur quelqu’un. Nombreux pique-nique ici avant de redescendre ou de s’élancer vers le Taillon (sommet le plus accessible du secteur).
Un rapide regard en arrière me permettra de voir que la mer de nuage est encore montée, je ne peux même pas avoir un plan sans que l’on voit les nombreux randonneurs présents à la brèche. Il faut être compréhensif, nous sommes tous dans le même panier… Un temps radieux, un week-end prolongé en perspective, les conditions sont idéales !
Sans plus attendre, nous partons sur la gauche après avoir franchi la brèche, en direction du pas des isards. J’appréhende positivement ce franchissement qui est réputé impressionnant mais simple.
Mon vertige s’apprivoise de plus en plus à chaque sortie, et des ambiances qui me tétanisaient il y a quelques mois ou années me font frémir de plaisir aujourd’hui !
Je suis d’autant plus fascinée par le paysage que nous retrouvons une certaine intimité avec la montagne. Je ne me retourne plus sur le brouhaha émanant de la brèche et je n’ai qu’un objectif en tête : Il Perdido…
Nous arrivons rapidement au pas des isards. Des gens sont en train de le franchir, ils avancent péniblement et lentement. Nous attendons donc, mais d’autres s’élancent derrière. La personne devant nous décide de ne pas attendre et s’élance à son tour, en sens inverse. Trois personnes doivent donc se croiser, sur le pas des isards. Nous observons la scène, il nous manque des pop corns…
Enfin, arrive notre tour. Je propose à Pierre de prendre mon téléphone pour me filmer et me prendre en photo sur ce passage que j’étais si curieuse de découvrir.
Je m’élance donc la première, tenant de la main gauche la main courante après avoir rangé mes bâtons sur mon sac. “Même pas peur” qu’elle dit la marmotte !
En effet, le passage est bien moins gazeux que ce que j’avais imaginé, je regarde en bas, en haut, je me retourne, elle est détendue la marmotte. Tellement détendue qu’elle ne pensera pas à se baisser sur la fin et se prendra en pleine tronche un morceau de rocher qui dépasse....
Ca calme ! Mais bien heureusement, ça n’a pas été immortalisé par la caméra
Pierre me rejoint, nous continuons la progression sur le sentier en restant proches de la paroi. Je me souviens que les topos disent de s’élever au dessus d’une barre rocheuse dès que possible après le passage du pas des isards. Je garde en tête que cet itinéraire est paumatoire et qu’il ne mène pas seulement au Mont Perdu…
D’ailleurs, pourquoi s’appelle-t-il le Mont Perdu ? On le saura bientôt
Nous nous élevons donc au dessus de cette première barre assez simplement et continuons notre chemin toujours tout droit. Il n’y a personne devant nous, personne derrière, on ne pourra même pas remettre la faute sur d’autres si on se perd !
On joue à cache-cache avec les cairns mais on avance. Le comprends que cet itinéraire ne soit vraiment pas recommandé en cas de mauvais temps ou de brouillard. Ca me semble se transformer en mission suicide.
Les paysages sont lunaires, on se croirait seuls au monde…
Pas si seuls finalement. Au loin, nous voyons un petit groupe faisant une pause contre un rocher le long du chemin. Nous nous rapprochons donc d’eux en les saluant. Ils nous interpellent, ils ne savent plus où ils sont et aimerait bien un petit coup de pouce.
Chouette, nous ne savons pas non plus où nous sommes. Enfin, si, à peu près. Quelque part entre le pas des Isards et le Mont Perdu
La difficulté réside d’en le fait qu’il n’existe aucun sentier et que la progression s’effectue seulement de cairns en cairns. Or, des cairns jonchent le sol de PARTOUT ! Certains itinéraires font passer sur les barres plus bas, d’autres sur les barres plus hautes, enfin, certaines nous mènent vers tous les sommets culminants à 3000 qui s’enchaînent. Quant à nous, nous souhaitons cheminer au pied de ces sommets…
Nous regardons donc sur la carte les sentiers, puis sur le terrain… l’absence de sentier. Nous leur donnons quelques indications : au moins leur localisation précise. Puis nous continuons notre route.
La trace GPS m’indique qu’il va falloir s’élever d’un coup d’une barre de niveau. Ce qui signifie : une cheminée. Nos regards se posent autour de nous, il y a en effet une petite barre à escalader pour passer au niveau supérieur. Nous cherchons donc quel endroit sera le plus adapté pour grimper. Ma petite taille et mon absence de connaissances quelconques en escalade peuvent former un handicap technique mais… j’adore ça ! Dès qu’il faut mettre les mains, j’ai le smile, alors je n’appréhende pas du tout ce passage. Mes techniques peu conventionnelles mènent toujours au bon résultat : arriver en haut.
Nous voilà enfin à l’étage du dessus. Des cairns nous guident sur quelques mètres avant de nous perdre sur une nouvelle multitude d’edifices caillouteux. Nous croisons un couple qui nous demande d’où nous venons. “De la brèche !”
Ils sont ravis, ils y vont, et viennent du Mont Perdu. Et sont Perdus…
Je suis interloquée. Comment peut-on se perdre (en pleine journée par temps clair) sur un itinéraire que l’on vient de réaliser en aller-retour ? Ne vous moquez pas trop vite jeune-fille
Le paysage est sublime.
Face à nous, au loin, le Mont Perdu. Je remarque un long couloir fendu d’une zébrure qui semble être un sentier. Je demande alors au couple s’il s’agit du sentier qui mène au sommet. “Oui”. A la bonne heure…
Nous arrivons sur un vaste névé, où nous profiterons pour faire le plein d’eau. Contrairement à ce qu’on m’avait annoncé, on trouve de l’eau de partout. Toutefois, je ne conseillerai pas de partir avec peu d’eau, car quelques étages plus bas, c’est le désert. J’en ferai les frais le lendemain…
Nous rattrapons deux jeunes qui cheminaient un peu plus loin devant nous. Il semble que nous allons au même endroit. Quelques échanges nous confirmeront cela : ils se rendent au lac glacé. Mais ne semblent pas bien disposés à partager un bout de trajet convivial, ni même à avoir aveuglément confiance en nos choix de direction.
En effet, ils restent à une certaine distance derrière nous, et à chaque endroit un peu ambigüe, ils font le choix de sortir leur carte au lieu de nous suivre. Et c’est tout à fait compréhensible ! Même si nous ne nous perdrons pas, rien ne leur garantit que nous avons mieux travaillé notre itinéraire qu’eux… Et c’est en suivant bêtement qu’on se retrouve sur le mauvais sommet
A notre droite, un sublime panorama nous est offert, ainsi que le spectacle du canyon d’Ordesa
Face à nous, toujours le Mont Perdu. Il semblerait presque s’éloigner (en réalité, j’ai vérifié trois fois si les photos étaient dans le bon ordre et elles le sont !).
Nous continuons notre cheminement, nous évoluons désormais aux alentours de 3000 mètres d’altitude et nous sommes dans ces eaux là depuis un bon-moment. Je me sens un peu plus essoufflée que d’habitude mais les conditions parfaites me font trouver cette randonnée finalement plutôt simple.
Je m’en étais peut-être fait une montagne après-tout ?
Je me tourne vers Pierre pour lui faire part de ce ressenti. Après 5 tentatives vaines d’exprimer ma pensée, j’abandonne. “Ce sommet me semble moins sulfureux que ce qu’on m’en a vanté”. 14 mots bien trop difficiles à prononcer quand on a l’image mais pas le son…
On rigole un peu, mais ça recommence, je bafouille à chaque fois que j’essaie de parler, je manque clairement de lucidité, j’ai l’impression d’avoir bu quelques verres de champagne et que ça bulle dans mon cerveau !
Bienvenue en altitude jeune-fille
Nous faisons une pause pour avaler quelques fruits secs, nous ne sommes pas pressés par le temps et nous cheminons depuis des heures sans nous arrêter. De ce côté-là notre rythme s’accorde plutôt bien. Quant à la vitesse… On dira juste qu’il s’agissait d’une sortie de récup’ pour Pierre
Après 20 minutes d’arrêt, nous voyons un peu plus loin les deux jeunes arriver. Ils progressent lentement ou ils ont fait une pause plus bas ? Nous remettrons les gaz lorsqu’ils arriveront à notre niveau. Un sentier s’élève légèrement dans des éboulis avant de nous emmener sur un passage en dévers. Le Mont Perdu se rapproche et nous ne tardons pas à apercevoir le lac glacé.
Nous descendons au bord du lac pour faire le plein d’eau et s’accorder un premier apéro ! En effet, si nous semblons toucher le Mont Perdu du bout du doigt, il nous reste en réalité une belle bambée sur une crête rocheuse puis dans un sentier d’éboulis très raide. Ce ne sera pas mince affaire.
Nous dormirons là-haut alors nul besoin d’y arriver trop tôt. Il n’est pas bien tard, probablement 17 heures.
Il y a un peu de monde ici. Nullement comparable à la foule présente à la brèche de Roland, mais quelques groupes / duos s'affairent ça et là à planter leur tente. Probablement pour monter au sommet pour le lever du soleil.
Quant à nous, on devrait l’avoir directement depuis notre lit
Nous laissons donc les différents randonneurs à leurs montage de tente (certains étaient même sous tarp !) et nous nous élançons en direction du sommet. Le cheminement commence sur une crête assez raide et gazeuse par moment, mais en montée cela ne pose aucun soucis. Ca me semble par contre bien plus casse-gueule dans l’autre sens… A chaque jour sa peine, ne pensons pas à la descente.
Nous avançons donc le long de cette crête avant de rejoindre le sentier en éboulis au creux du couloir menant au sommet. Je comprends de suite que ça ne va pas être une mince affaire. A chaque fois que je pose mon pied, les cailloux roulent et me ramènent en arrière. Finalement, nous allons avoir l’impression de faire deux fois plus de dénivelé qu’annoncé…
On discute en montant, cela me change les idées car en réalité j’appréhende énormément la descente du lendemain. Je ne me sens pas à l’aise dans les descentes raides, alors en plus lorsque le sol se dérobe sous nos pieds… l’angoisse ! Pierre m’assure que je vais dévaler les éboulis en courant, j’apprécie sa volonté de me rassurer mais clairement non. Je me vois déjà bloquer chacun de mes appuis et mettre un temps monstrueux à descendre…
Nos discussions diverses et variées m’aident à me sortir un peu cette appréhension de la tête, car en réalité dans l’immédiat il n’y a pas de quoi avoir peur ! C’est long, fatigant et relativement pénible, mais il n’y a pas de réel danger…
Le danger réside avant tout dans les chutes de pierres (ou de Pierre), mais il n’y a personne au dessus de nous et nous progressons sur des “sentiers” différents sans être en contra-bas l’un de l’autre.
Après 1h30 à se débattre avec des éboulis qui mettaient à l’épreuve notre volonté en nous invitant à redescendre, nous arrivons enfin au sommet du Mont Perdu.
3355 mètres d’altitude, un point de vue exceptionnel, une réussite savoureuse…
La soirée se passera en compagnie d’un certain Thomas, qui bivouaquera également au sommet. Il est en autonomie depuis deux semaines et a un sac relativement compact ! Un duvet de 600g et une tente de 800g. On dirait bien que nous avons à faire à un MUL !
Nous apprendrons au cours de nos discussions qu’il connaît RL et que sans se considérer comme un MUL, il cherche tout de même un minimum à optimiser le contenu de son sac.
Nous contemplerons presque silencieusement le coucher de soleil. L’instant semble infini et je me sens extrêmement privilégiée de pouvoir contempler toute cette majestuosité...
J’entends Balipit et Thomas échanger sans vraiment comprendre le sens de leur discussions. Je suis emmitouflée dans ma doudoune bien chaude, capuche sur la tête et je m’endors littéralement !
Après quelques travaux de décaissement et de mise en place de nos demeures respectives, nous nous retirerons vers les bras de Morphée, des images merveilleuses en tête...
« L'homme qui va à pied, préparé à camper à toute place et par tout temps est le plus indépendant sur terre. »
Mon trombi de Marmotte ici.
Liste de base, 3 saisons : https://lighterpack.com/r/7km93j
Hors ligne
#2 23-08-2019 12:51:32
- trois flèches
- Invité
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Salut Naxh,
Superbe, je lis ton retour avec beaucoup d'amertume mais en voyant les photos et la rigueur nécessaire à l'orientation je me sent conforté dans la décision que nous avions pris d'annuler au dernier moment la dernière fois.
Les paysages ont l'air majestueux, ça donne envie, vivement la suite...
#3 23-08-2019 13:52:54
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Sortie magnifique je connais bien le côté espagnol et j'adore .
Agréablement surpris par Naxh - Je dois avouer que j' appréhendais un peu car j' évolue en mode trail habituellement .
J''ai vraiment pousser la marmotte dans ses retranchements - pas son terrier hein - elle a toujours suivi avec bonne humeur et détermination.
Tout y est passé pour son premier test en haute montagne : changement retour dernière minute avec orientation complexe sans trace ni cairns , corniche gazeuse , diédre à escalader , éboulis , neige glissante , accélérations bref pas réussi à la décourager : ellle a donc bien mériter son Izard d' argent mais elle doit encore travailler son cardio/gainage pour être plus à l' aise .
Elle à tricher en emmenant 700gr de duvet pur vs mes 350 gr pour le Bivouac au sommet .
Sunset a couper le souffle avec la mer de nuage !
Évidement une bonne connaissance de la haute montagne et condition physique sont nessécaire pour réaliser cette sortie en toute sécurité : l'hélico tourne souvent sur le Perdido.
Dernière modification par Balipit (23-08-2019 14:17:17)
Hors ligne
#4 23-08-2019 16:42:01
- laxmimittal
- Membre
- Inscription : 23-10-2016
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
@ naxh et balipit
aaaaahhhhh
je l’attendais ce retour
la suite la suite
L.
La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.
Hors ligne
#5 23-08-2019 16:55:30
- Ballast
- Membre
- Inscription : 03-10-2018
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Magnifique, je le mets sur ma liste.
Hors ligne
#6 23-08-2019 17:54:50
- zaack77
- Somewhere else, high above...
- Inscription : 22-03-2006
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
La suite, la suite, la suite
Bravo à vous pour cette belle rando et à la marmotte pour sa ténacité et son mental
"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas. C'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles." Sénèque
Hors ligne
#7 23-08-2019 18:02:26
- Serval
- Carpe diem
- Inscription : 15-06-2018
- Site Web
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
#536871Elle à tricher en emmenant 700gr de duvet pur vs mes 350 gr pour le Bivouac au sommet .
Oui, mais... bivouac en bivy, sans abri ! Chapeau, miss.
(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)
Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)
Hors ligne
#8 23-08-2019 19:31:41
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Just un sol escape sur son duvet .
Faux faire gaffe à ses idées de bivouac si on est équipé ultra light comme moi : rien que dans sa doudoune y a presque autant de duvet que dans mon sdc
Dernière modification par Balipit (23-08-2019 19:47:08)
Hors ligne
#9 23-08-2019 20:54:14
- laxmimittal
- Membre
- Inscription : 23-10-2016
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
@ naxh,
je regarde ta liste qui m'inspire plusieurs idées :
- tu es revenue au montane ? tu n'as pas aimé celui que tu avais acheté ?
- les feuilles de savon ne sont-elles pas inutiles pour une sortie du we ?
- s'agissant des gants. dans ce type d'environnement abrasif, je me demande s'il ne faudrait pas privilégier une paire de gants en cuir pour crapahuter dans les rochers et se rattraper en cas de glissade.
L.
La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.
Hors ligne
#10 23-08-2019 22:21:22
- einganien
- Membre
- Lieu : Marseille
- Inscription : 30-12-2015
- Site Web
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Naxh n'a pas fini ce récit qu'elle est déjà repartie 2 jours dans les Pyrénées Catalanes !!
Ce weekend, je l'empêche de dormir et je lui fait finir le récit de force !!
Hors ligne
#11 23-08-2019 22:34:54
- Magne2
- Membre
- Lieu : Vitry sur Seine
- Inscription : 23-09-2013
- Site Web
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Bonsoir, on sait presque croisé, enfin de très loin sentiers des chasseurs et Faja de pelay le 16/8
En Aragon la pluie et les orages sont arrivés lundi soir et on dure jusqu'à mardi midi
Bonne suite
kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur
Hors ligne
#12 23-08-2019 22:53:15
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
En effet lj ' ai pris un petit orage lundi soir sur Aigues Tortes
Hors ligne
#13 23-08-2019 22:54:17
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Hors ligne
#14 24-08-2019 16:19:57
- patou
- Membre
- Inscription : 11-05-2014
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
La suiiiite....
Mul part ailleurs
Hors ligne
#15 25-08-2019 22:31:07
- einganien
- Membre
- Lieu : Marseille
- Inscription : 30-12-2015
- Site Web
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Faut la laisser revenir des Pyrénées, de plus elle est encore sur la route....
Et je pense qu'elle en a à raconter aussi ! LOL
Dernière modification par einganien (26-08-2019 10:31:03)
Hors ligne
#16 25-08-2019 22:37:40
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Oui la marmotte doit se reposer
Hors ligne
#17 26-08-2019 08:41:24
- Naxh
- Marmotte Pyrénéenne
- Lieu : Bordeaux
- Inscription : 28-07-2015
- Site Web
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Hello et merci à tous d'être passés par ici !
Effectivement, je n'ai pas eu le temps d'écrire le deuxième jour puisque aussitôt remise, je suis repartie pour deux jours dans les Pyrénées Orientales Je reviens tout juste, j'ai même les yeux encore un peu collés après ma (mes) courtes nuits
@Trois Flèches : oui totalement ! Nous nous sommes dit la même chose, ce n'est pas une sortie à faire par mauvais temps.
Pour la nuit j'étais effectivement assez bien équipée avec le Mirage chargé à 400g de plume et ma doudoune qui m'en ajoute 200. J'ai dormi comme une marmotte.
@Laxmimittal : je n'ai pas utilisé les gants dans la journée, j'ai grimpé "à mains nues" mais effectivement c'est de la roche assez abrasive. De là à utiliser des gants en cuir, je ne pense pas. C'est certain qu'en cas de glissade on peut vite se faire de belles pizzas, mais ça aurait été pareil pour mes jambes vu que je marche en short. Je mise plutôt sur le fait de ne pas me vautrer à vrai dire.
Pour les quelques fois où nous avons dû mettre les mains, ça n'a pas été un problème, pas de micro-coupure à déplorer (pourtant je me souviens en avoir eu lorsque j'étais montée au pic du Néouvielle. Mains plus sèches peut-être ?)
Quant au sac, j'utilise le Wilsa sur les sorties plus longues ou plus chargées en matos (hiver). Pour l'estival sur 2 jours, le Montane m'est bien suffisant, donc je jongle entre ces deux sacs.
« L'homme qui va à pied, préparé à camper à toute place et par tout temps est le plus indépendant sur terre. »
Mon trombi de Marmotte ici.
Liste de base, 3 saisons : https://lighterpack.com/r/7km93j
Hors ligne
#18 26-08-2019 17:17:52
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
"J’entends Balipit et Thomas échanger sans vraiment comprendre le sens de leur discussions. Je suis emmitouflée dans ma doudoune bien chaude, capuche sur la tête et je m’endors littéralement ! "
Oui heuresement qu' il était là pour m'aider à finir le jurançon
Hors ligne
#19 03-09-2019 22:09:59
- Myrtille88
- Membre
- Lieu : Provence
- Inscription : 30-09-2009
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Merci pour ce CR , belles photos!
C'est tentant le pas des isards, très joli
je suis étonnée qu'il y ait encore autant de neige à cette époque de l'année?
et Aigues tortes très curieux
Myrtille
Hors ligne
#20 12-09-2019 12:22:49
- Naxh
- Marmotte Pyrénéenne
- Lieu : Bordeaux
- Inscription : 28-07-2015
- Site Web
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Merci à tous pour votre passage ici ! Désolée pour le retard... Il est vrai que je prends en général le temps d'écrire les récits quand je suis au bureau, durant mes temps libres, mais ces dernières semaines il n'y en a pas eu beaucoup. Mais voilà, c'est enfin chose faite. Voici donc la suite ...
Vendredi, lever du soleil, les voix des Espagnols (toujours discrets) nous réveillent. La veille, nous avions remarqué de nombreux abris autour du lac Glacé et pour cause, les gens attendent le petit matin pour rejoindre le sommet.
Mauvais choix, le coucher du soleil était un bien meilleur spectacle.
Je ne me suis quasiment pas réveillée de la nuit et suis très satisfaite de ma solution de couchage pour cette altitude. Valandré Mirage + Sol Escape Bivvy sur Thermarest Prolite Women. Et en bonus, ma doudoune Rab chargée à 200g de duvet. Autant dire que je n’ai pas eu froid
Le thermomètre m’affiche 0°. Une petite brise a soufflé toute la nuit mais ce matin, le temps est radieux. Calme, pas un seul nuage à l’horizon. Toutefois, il est moins agréable de partager le sommet que de le savourer en égoïste. Nous ne tarderons donc pas à décamper pour entamer la descente. Pas sans une petite photo pour immortaliser ce moment. Mon troisième 3000 et le troisième plus haut sommet des Pyrénées.
La veille, j’appréhendais déjà la descente dans les éboulis. En effet, la montée avait été extrêmement pénible et me laissait présager une descente des plus désagréables.
Se posait d’ailleurs la question de prendre le même itinéraire qu’à la montée, à savoir : rejoindre la crête rocheuse (sol palpable mais gros dévers) ou descendre par les éboulis raides et le glacier (sol moins palpable mais moins dangereux d’après mes équipiers. Je n’étais franchement pas convaincue par l’idée cela dit ).
Les premiers mètres de descente sont en effet pénibles, le sol est friable nous ne sommes pas encore réellement dans les éboulis. Ca glisse, le pied part, je n’aime vraiment pas ça. Toutefois, cette partie est courte et le “sentier” se recouvre rapidement d’une belle épaisseur de cailloux, plus ou moins gros, plus ou moins ronds.
Essayant de rattraper Balipit et Thomas, je décide d’accélérer le pas, et Ô miracle, ça passe tout seul. En effet, les éboulis permettent de descendre comme dans la neige, en plantant le talon et en y allant un peu bourrin…
Je commence à me faire un peu plus à l’idée de rester dans l’ébouli plutôt que de joindre la crête. Alors je les suis sans broncher et nous voilà engagés dans la dernière descente bien raide (et bien écrasée par la photo) avant de rejoindre le glacier.
Après avoir avalé rapidement la descente caillouteuse, nous arrivons enfin sur le glacier. Et… Le glacier est bien gelé, contrairement à la veille. Une véritable patinoire mais peu de pente. Nous avançons donc en cherchant les traces de ceux passés la veille, afin de bloquer nos pieds et d’éviter des figures plus ou moins conventionnelles de gymnastique artistique.
Nous atteindrons enfin le lac glacé après… un certain temps de désascension (comment ça, j’ai supprimé mes notes avec les heures de passage ??? )
Regard en arrière vers le Perdido.
Nous faisons un point carto avec Thomas qui doit nous quitter pour rejoindre le refuge de Goriz. Quant à nous, nous devons revenir sur nos pas de la veille, afin de retrouver la brèche de Roland.
Je vous ai déjà parlé de ma théorie sur l’origine du nom de ce sommet ? Le Mont Perdu ?
Nous regardons les différents itinéraires qui mènent au lac Glacé, sans être capable de dire lequel nous avons emprunté la veille. Je suis persuadée que nous sommes arrivés par une vire en légère descente, mais un autre chemin semble être celui de notre carte. On en sait finalement foutrement rien.
Bon, finalement c’était bien celui qui arrivait au dessus du lac, en pente douce
Nous suivons finalement Thomas sur une première partie de descente pour rejoindre le sentier qui l’a mené au Mont Perdu la veille. Il est arrivé depuis la Brèche mais en cheminant sur un sentier plus bas que le nôtre. Assez sauvage (quoi, encore plus que là où on était ?!) et peu emprunté. Il nous le vend bien, alors allons-y ! Ca nous permettra de ne pas faire un aller-retour et de voir des paysages différents.
Nous croisons une foule d’espagnols sur ce début de sentier qui est celui qui mène vers le refuge de Goriz. Ca parle, ça rigole, ça crie un peu, ça respire surtout la bonne humeur, quoi qu’on en dise.
Un vague chemin cairné s’élève sur notre droite, c’est le moment de dire vraiment au revoir à Thomas, en espérant le recroiser un de ces quatre.
Une sente herbeuse se dessine vaguement au sol en direction d’impressionnantes barres rocheuses.
En y regardant avec plus de concentration, je me rends compte que le sentier passe précisément au bord de ces barres rocheuses. Chouette alors.
C’est toujours plus impressionnant de loin qu’une fois qu’on y est, mais tout de même. Mon trouillomètre a été déjà bien mis en route par l’appréhension de la descente (qui s’est finalement révélée plus simple qu’imagine).
Avant de s’y engager, nous croisons y randonneur avec son fils, qui nous confirment qu’ils arrivent de la brèche de Roland. Il ne s’agit aucunement d’un manque de confiance envers Thomas mais cet itinéraire désert peine à nous inspirer.
On s’engage enfin sur ce sentier en bord de falaise. La vue sur le canyon d’Ordesa est aussi sublime que la veille et en effet, ce n’est pas si impressionnant que ça. Au fil des sorties, mon vertige diminue et de manière assez exponentielle. C’est assez agréable de pouvoir profiter des endroits un peu gazeux sans se sentir vriller.
Nous avons eu pour indication de toujours “longer la paroi”. Nous nous exécutons donc, tout en échangeant à propos de la bonne idée que nous avons eu de suivre un sentier différent pour le retour. Bien que parallèle à celui que nous avons emprunté la veille, tout est nouveau. J’ai même du mal à projeter où nous pouvions être la veille par rapport à la où nous nous trouvons.
Malheureusement (pour moi), la sérénité ne durera que quelques secondes puisque très vite, le sentier légèrement marqué au sol disparaît et nous ne voyons plus aucun cairn.
Ces situations me stressent toujours assez : ne pas savoir si on est sur le bon itinéraire et avoir le doute de devoir potentiellement faire demi-tour après une, deux heures de marche ?
Nous ne pouvons plus suivre la paroi, auquel cas cela nous ferait pas mal monter et surtout suivre un itinéraire qui ne semble pas évident du tout (marcher sur de la roche en dévers, sans aucun cairn, ça me tente pas).
Nous tentons donc de descendre “d’un étage”. Nous devinons de vagues traces, mais il est très difficile de déterminer s’il s’agit du sentier ou juste de traces de moutons, qui visiblement sont en estive dans le secteur au vu des crottes disséminées ça et là.
Nous devons franchir une petite plaque rocheuse légèrement glissante, je sens le stress monter en ajout du doute sur l’itinéraire. Balipit reste positif, comme toujours !
Finalement, en un pas de danse, cette plaque est franchie et je retrouve le sourire. En essayant de relativiser et de prendre conscience que le stress n’arrangera rien.
Mon sourire revient définitivement lorsque nous revoyons un cairn ainsi qu’une traileuse solitaire.
Le paysage devant nous est sublime. Des plaques rocheuses à perte de vue sur lesquelles nous allons cheminer pendant un long moment. Les cairns sont nombreux, il n’y a pas vraiment de doute sur l’itinéraire à suivre.
En de nombreux endroits, les plaques sont fendues et ces fissures sont parfois très profondes. Je me laisserai même surprendre par l’une d’entre elle alors que je regarde mon téléphone. Filmer ou Marcher, il faut trancher !
Nous pensions être de retour à la voiture pour le déjeuner mais nous sommes loin d’arriver. On choisira donc une jolie corniche pour se poser à l’ombre et partager nos dernières victuailles. Saucisson, fromage, chocolat, un véritable repas de fête.
Par contre… Je n’ai plus beaucoup d’eau. La veille nous avons cheminé plus haut en altitude et les névés étaient nombreux. Nous avons pu recharger en eau très régulièrement.
En revanche, le sentier est à présent très sec, en plein soleil et sans la moindre goutte d’eau et il me reste… 25 cl. J’espère trouver de l’eau sur la suite du chemin.
Nous croisons un couple, qui nous dit arriver de la brèche, mais que nous avons encore une belle bambée avant de l’atteindre. Une annonce qui met une fin définitive à nos projets de descente en voiture à Gavarnie ne serait-ce que pour un goûter !
Nous reprenons notre route, le paysage est toujours aussi rocheux et désert. Petit à petit, notre petit groupe de deux forme un bel accordéon. Si jusqu’à présent je suivais sans sourciller, maintenant mes pieds commencent à me faire mal. Les ampoules sont de retour et chaque poser est douloureux. Pourtant je me sens en forme et je n’ai pas mal aux jambes. Je suis franchement dégoutée et voit Pierre s’éloigner devant.
Cela met un peu d’enjeu dans mon après-midi puisqu’à certains moments, je me demande franchement de quel côté il est parti. Mais je ne tarde jamais à revoir sa tête dépasser d’un rocher.
Il fait bien chaud et je bois goutte à goutte depuis que nous avons repris. Mais j’ai bien trop soif, et termine en une maigre gorgée le contenu de ma bouteille. Fini, je n’ai plus d’eau. Il en reste un peu à Pierre mais je n’ai pas envie de trop lui en demander, je n’avais qu’à me charger un peu plus… 50cl c’était pas forcément bien raisonnable (alors que j’ai une deuxième bouteille et une poche souple d’un litre dans mon sac…).
De plus, l’écart se creuse de plus en plus entre nous. En effet, nous nous rapprochons de la brèche mais les sentiers sont nombreux pour la rejoindre. Nous commençons à entendre des voix et voir des randonneurs. Le retour à la civilisation se fait proche.
Plus je marche, plus j’ai soif (logique…). Je vois entre deux rochers un névé et décide d’y descendre pour récolter un peu d’eau. Seulement, le névé est truffé de petites choses noires… J’observe longuement pour voir si ça bouge ou si c’est juste des saletés ? Et fini par abandonner l’idée de récupérer de l’eau ici. Ca ne m’inspire pas confiance et je ne filtre pas l’eau. Ce serait dommage d’avoir soif ET mal au ventre…
Je continue donc, la bouche toujours aussi sèche (remarquez, ça me ferme le clapet !). J’arrive alors dans une vaste zone d’éboulis rocheux, les éboulis sont plus grands que moi. Balipit lui, est passé plus bas en restant sur les dalles rocheuses. Meilleur choix, d’autant qu’il a si mes souvenirs sont bons, trouvé un maigre filet d’eau.
Nous finirons enfin par rejoindre le sentier emprunté la veille, qui nous mène jusqu’au pas des isards. L’écart s’est réduit car il m’a attendue. J’en profite pour lui piquer un peu d’eau.
Etrangement, je trouve le pas des isards effrayant alors que la veille, il ne m’a pas émoustillée le moins du monde.
Peut-être la fatigue, la douleur aux pieds et la bêtise de ma mauvaise gestion de l’eau qui m’ont un peu ébranlée ? Rien de grandiose, mais en tous cas, je ressens un petit frisson en le franchissant.
La brèche s’élève face à nous, je suis toujours aussi émerveillée par cette fascination géologique.
Balipit et moi nous retrouverons une dernière fois à la brèche, avant que nos rythmes nous séparent véritablement. En effet, il lui reste encore une sacrée bambée pour rejoindre sa voiture alors que moi, je suis garée au col des Tentes.
Mes ampoules rendent la descente très pénible, chaque heurt contre une pierre me donne envie de hurler de douleur. La descente glissante jusqu’au refuge des Sarradets est loin d’être amusante. Je suis pressée d’en finir…
Mais c’est sans compter sur l’embouteillage avant de franchir la cascade… Nous sommes à la queue-leu-leu, c’est lent, bruyant et désagréable mais je m’efforce de ne pas sombrer dans ce marasme de râlerie.
Après-tout, pourquoi ne pas se réjouir de voir ces petites familles monter jusqu’à la brèche, inculquer à leurs tous-petits le virus de la montagne, en les imaginant un jour grandir, et devenir de véritables passionnés, amoureux de la montagne et respectueux de la nature ?
Je me positionne donc en oreille discrète, écoutant les discussions des uns et des autres. Je m’amuse (gentiment) d’entendre les gens se féliciter d’avoir atteint la brèche et fini par me féliciter intérieurement d’avoir dormi au sommet du Mont Perdu. Après-tout je peux être fière de moi ! Je ne vis absolument pas la randonnée comme une compétition, que ce soit vis à vis des autres ou vis à vis de la montagne en elle-même.
C’est avant tout un moment de partage, que l’on soit seul ou accompagné. On partage des instants avec d’autres randonneurs, avec les animaux qui nous laissent bien les observer, avec la végétation qui jonche le chemin et qu’on prend le temps d’admirer, avec les paysages sublimes qui s’ouvrent à nous. Et un moment de partage avec soi-même. Une introspection toujours savoureuse et enrichissante.
Randonnée après randonnée, j’aime me remettre en tête le parcours réalisé avant d’en arriver-là. J’ai encore un tas de choses à apprendre et découvrir et ça n’en finira de toute manière jamais. Mais je suis contente, satisfaite et profondément épanouie par ces moments de vie, intenses.
Une fois le sentier s’y prêtant, j’emboite le pas à certains groupes en essayant de faire taire la douleur aux pieds qui m’ordonnerait pourtant de m’arrêter là. Je songe d’ailleurs au fait qu’il faut vraiment que je résolve ce problème avant mon départ au Népal et même avant ma prochaine sortie ! Au programme donc, essayage de nouvelles chaussures… Pourquoi ne pas enfin tester des trails ? Et rendez-vous avec un podologue-pédicure pour faire un petit bilan de mes petits petons…
Je me perds dans mes pensées aussi diverses que variées tout en progressant jusqu’au port de Boucharo. Le sentier est toujours peuplé de randonneurs, la journée est ensoleillée et sublime, ce n’est pas étonnant que tout le monde s’y retrouve !
Vers 17h, j’arrive enfin à ma voiture. Je ne tarderai pas à me débarrasser de mes chaussures pour enfiler mes claquettes. Mes ampoules sont énormes et douloureuses pas étonnant que je couine à chaque pas !
Quel soulagement de ne plus être enfermée dans ces chaussures… trop étroites.
Je jette un dernier regard sur les montagnes qui m’entourent, les paysages sont exceptionnels, je ne m’en lasserai jamais.
J’aurais d’ailleurs l’opportunité de les observer quelques minutes de plus, lorsqu’en pleine descente, le voyant d’huile moteur de ma voiture s’affiche…
Je ne repartirai donc qu’une heure plus tard, en ayant joué à l’apprentie-garagiste sur une sorte de parking de fortune.
J’arriverai finalement sur Bordeaux vers 21h30, heure à laquelle Balipit était visiblement encore en train de marcher !
Merci pour cette aventure, pour les improvisations toujours excellentes, pour cette dose de confiance en soi et de bonne humeur dont j’avais grandement besoin
RDV fin octobre, pour une sortie trail avec les globules rouges à donf
« L'homme qui va à pied, préparé à camper à toute place et par tout temps est le plus indépendant sur terre. »
Mon trombi de Marmotte ici.
Liste de base, 3 saisons : https://lighterpack.com/r/7km93j
Hors ligne
#21 12-09-2019 12:58:50
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Oui excellent le retour sauvage avec une vue incroyable tout le long .
J' ai bien essayé de semer - perdido- la jeune alpiniste pour tester sa débrouillardise car en haute montagne il faut savoir improviser en mode safe , mais Impossible : elle se régale même si elle galère parfois et c' est l' essentiel.
Donc ne pas oublier de faire le plein d' eau dés que l' on peut : en haute montagne les points d' eau sont plus rare et le soleil bien présent .
L' improvisation c' est mon kif : à l' instinct mais avec un minimum de préparation - même si parfois je finis à la frontale bien tard et la bonne humeur c'est la base .
Je me suis fait un petit plaisir : descendre à fond au Saradet avec la foule qui s'écarte parce qu'un uluberlu bondis dans les éboulis
Enjoy Népal et on profites de tes globules à ton retour.
Dernière modification par Balipit (12-09-2019 18:42:59)
Hors ligne
#22 12-09-2019 23:02:04
- einganien
- Membre
- Lieu : Marseille
- Inscription : 30-12-2015
- Site Web
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
AAaaaah enfin la suite !!
Je vois que tu as toujours la même tête au réveille
Pour l'eau... ben ouhai, même si tu bois partout, manque de bol, cette fois un filtre t'aurait bien tiré d'affaire madame têtue
Cool, maintenant tu peux commencer le récit de la Carança !!
Hors ligne
#23 12-09-2019 23:20:26
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Oui et si madame têtue m’avait suivi plus bas hors de l’itinéraire « prévu » elle aurait bu à sa guise
Hors ligne
#24 13-09-2019 08:29:12
- Splint
- Membre
- Lieu : Bordeaux
- Inscription : 26-08-2019
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Haaaa enfin la suite de ce récit
"RDV fin octobre, pour une sortie trail avec les globules rouges à donf" je retiens la proposition et t'attendrais avec Balipit pour un trail
Nathan
"Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper aux arbres, il passera sa vie à croire qu'il est stupide." A. Einstein
Hors ligne
#25 13-09-2019 08:42:50
- Balipit
- Membre
- Lieu : Sud
- Inscription : 05-02-2017
Re : [Récit + liste] Bivouac au Mont Perdu - 15 et 16 août 2019
Ok ainsi qu’un certain Bruno puiqu’il évolue en chaussures trail maintenant
Hors ligne