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#151 05-09-2019 12:34:30

Balipit
Membre
Lieu : Sud
Inscription : 05-02-2017

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

hs Pour la popote j' utilise 2 bols en titane soit 100g pour  : chauffer avec un couvercle , enchaîner la 2 eme chauffe pour le plat après la soupe ou thé etc
C est impilable , confortable - 2 récipients chaud sans vaisselle - assez économique en carburant par la taille et puisque on enchaîne les chauffes sans devoir éteindre et rallumer le rechaud a alcool.
https://www.google.com/url?sa=t&source= … 7679255775

Dernière modification par Balipit (05-09-2019 16:11:08)

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#152 05-09-2019 14:02:48

Magne2
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Inscription : 23-09-2013
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

@ Hervé ,on voit que tu n'est pas payé par l'office de tourisme local lol repris le feuilleton ce jour une surprise les photos sont mieux rendus sur mon smartphone  que sur mon micro de boulot .


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#153 05-09-2019 18:53:36

trois flèches
Invité

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

C'est marrant ta réflexion sur le p3rs car quand j'ai fabriqué mon premier top notch stove, je me suis dit qu'il y avait trop de déperditions sur les côtés. Du coup au lieu de changer ma casserole pour une plus large, j'ai refait un top notch dans une mini canette de coca de 15 cl. Grace au très faible diamètre de celle-ci, les flammes arrivent maintenant bien sous la gamelle et pas en périphérie.

#154 06-09-2019 09:35:04

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

trois flèches a écrit :

#538327C'est marrant ta réflexion sur le p3rs car quand j'ai fabriqué mon premier top notch stove, je me suis dit qu'il y avait trop de déperditions sur les côtés. Du coup au lieu de changer ma casserole pour une plus large, j'ai refait un top notch dans une mini canette de coca de 15 cl. Grace au très faible diamètre de celle-ci, les flammes arrivent maintenant bien sous la gamelle et pas en périphérie.

Comme quoi il faut toujours se remettre en cause. Ma combinaison actuelle s'est formée sur la séquence suivante :
1) choix d'une popote minimaliste pour 1 personne (300 ml)
2) P3RS réduit à une version mini pour que les flammes ne dépassent pas trop (avec une cannette de diamètre intermédiaire entre les 33 cl classiques et les 15 cl, les résultats sur ces dernières ne m'ayant pas satisfait, mais il faut peut-être que j'y retourne)
3) système de réduction de flamme pour optimiser la chauffe + pare-vent pour garder celles-ci plaquées contre les parois de la popote

Donc j'ai cherché à adapter le réchaud et ses accessoires à la taille de la popote … Je ne vais pas me plaindre du résultat, puisque j'obtiens ~30 chauffes avec 200 g d'alcool, soit ~8 jours d'autonomie avec mes habitudes cafés / soupe /semoule.

Dans la recherche d'une meilleure efficacité énergétique, il est possible qu'il me faille maintenant faire l'inverse : adapter la popote au réchaud, pas forcément pour plus de contenance, mais plus large et moins haute (et/ou réessayer avec des 15 cl).


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#155 06-09-2019 10:01:03

gergy
Membre
Inscription : 09-11-2013

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Tu peux économiser une chauffe en faisant gonfler ton couscous à froid  wink

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#156 06-09-2019 14:44:30

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

J19 - 10 août : Val-Claret - Petit Saint Bernard

Après 15 jours "sur les frontières" et 3 jours "traversée de la Vanoise", aujourd'hui commence le "final vers le Léman". Comme je vous l'ai fait comprendre j'ai clairement beaucoup moins de plaisir à traverser les vallées urbanisées des Alpes du Nord, et mon état d'esprit est désormais celui d'un sprint pour terminer cette traversée. Cela va me faire faire quelques bêtises et me perdre en chemin … pour mieux me retrouver !

Aujourd'hui je prends encore un peu le temps de rester en famille : nous prenons un petit-déjeuner ensemble, ma 3ème fille marche avec moi ce matin pour descendre en vallée, nous programmons de nous retrouver à midi pour pique-niquer, et peut-être encore ce soir ou demain, en fonction de l'hébergement que mon épouse aura pu trouver d'une part, du point que j'aurai pu rallier d'autre part.

Avec les retards accumulés à travers la Vanoise (demies-journées en J16 et J18), l'arrivée estimée à Saint Gingolph s'est maintenant décalée au 16/8, date par ailleurs plus pratique si épouse et enfants veulent m'y accueillir (ce qui n'est pas décidé à ce stade).

Ce n'est qu'à 8h30 que ma fille n°3 et moi quittons l'appartement, pour une traversée de Val-Claret et Tignes ne présentant aucun intérêt esthétique ou sportif … Par chance la brume viendra nimber le paysage, nous épargnant les vues les plus pénibles.

J'aime mieux Tignes sous cet angle. Pas vous ?
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Une fois sur le sentier à flanc descendant vers Tignes 1800 d'abord, puis Tignes les Brevières ensuite, les impressions sont un peu plus agréables et, dans la brume, nous pouvons avoir l'illusion d'être en montagne … sauf lorsqu'il faut à de multiples reprises se serrer pour ne pas être éjectés du chemin par les VTTistes. Concernant ces derniers, je suis amusé / peiné / déçu, lorsque nous arrivons aux Brévières, de constater que des navettes les attendent pour les remonter à la station et leur permettre de refaire un tour … et moi qui enseignent à mes filles marcheuses que tout ce qui se descend doit se remonter … Bandes de feignasses ! En attendant les chemins sont bien amochés partout où les VTTistes sont debouts sur leur freins, en particulier dans les lacets ...

Camp de yourtes à hauteur des Boisses
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Pendant la descente nous gardons le contact téléphonique avec l'autre moitié de notre petit groupe, qui quitte Val-Claret en voiture après avoir rendu l'appartement. JE leur donne RDV sur le pont au vieux village de Tignes, ce qui donnera lieu à un malentendu, puisqu'elles nous chercheront … sur le barrage du Chevril à Tignes 1 800 lol ! Après 1/2 h d'incompréhensions, nous finirons par nous retrouver, le temps d'un pique-nique, sur les bords de l'Isère, tandis que la brume se lève.

Nous nous séparons une nouvelle fois vers 13h, et me voilà donc à nouveau seul pour reprendre mon itinéraire en contrebas de la frontière italienne. Il fait maintenant relativement beau, même si les sommets restent drapés dans le nuage. J'atteins et dépasse rapidement le hameau du Villaret, restauré et entretenu avec soin par ses résidents comme beaucoup de ces hameaux d'altitude que je traverserai ces jours-ci.

Hameau du Villaret
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C'est avec un grand plaisir que je me retrouve maintenant en forêt, avec de temps à autre et vers l'autre versant la vision fugitive d'un glacier entre deux passages de nuages. Je retrouve le sentiment de liberté que j'avais perdu ces jours derniers, cornaqué par la montagne aménagée, encadrée, règlementée … Le chemin relie entre eux quelques lieux "magiques" : un passage aérien en balcon, un oratoire coloré, un monolithe en suspension décroché de la montagne ...

Enfin libre !
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Passage "aérien", un petit oratoire un peu masqué dans le renfoncement
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Décoration atypique de l'oratoire
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Monolithe en lévitation
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Glaciers mystérieux
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Alternativement par des sentiers, des pistes ou de petites routes, je traverse ou croise les jolis hameaux de Nant Cruet, Chenal, La Combaz … le plus joli étant certainement Le Monal, lequel draine un peu de passage venu fréquenter son très beau cadre de forêt, de petits lacs, de falaises propices à l'escalade.

Le Monal
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C'est après avoir dépassé Le Monal que j'ai de nouveau des nouvelles de ma petite famille : j'avais évoqué hier soir la possibilité de rallier dès aujourd'hui le Col du Petit Saint Bernard, et suggéré à mon épouse de regarder si il lui était possible de réserver au gîte de l'Hospice. Elle m'informe qu'elle y a effectivement trouvé de la place pour nous 4, et me demande quand je compte y arriver … Je reprends ma carte, mon itinéraire, j'y mets un peu de pifomètre et réalise que j'ai été très, très optimiste en envisageant la possibilité d'atteindre le Petit Saint Bernard dès ce soir, surtout avec un départ aussi tardif et à petit rythme (il est déjà 15h30). Je retourne les distances et dénivelés dans ma tête, regarde si je ne peux pas couper et raccourcir ici ou là, et rien à faire : je ne vois pas comment il serait possible de l'atteindre avant la nuit … la nuit … la nuit … et pourquoi pas ? Tiens, et si après les journées tranquilles que je viens de m'offrir, pourquoi ne m'offrirai-je pas un nouveau "trip" ? L'approche du Petit Saint Bernard se fait par des stations de ski, les larges pistes n'y manquent pas, la Lune montante apportera un peu de lumière … Une petite marche de nuit me changerait de l'ordinaire … Et voilà comment cette folle journée s'est mise en place …

C'est quand même plus facile à dire qu'à faire : sur mon itinéraire prévisionnel il me reste à passer les cols de Montséti (2 520 m), de l'Aiguille (2 552 m), de la Louïe Blanche (2 510 m) et enfin de la Traversette (2 370 m). Je peux m'épargner le 1er de la liste en court-circuitant les refuges de l'Archeboc et du Ruitor et ainsi raccourcir l'itinéraire, mais au prix d'un dénivelé plus important pour atteindre la Louïe Blanche. J'estime pouvoir encore disposer d'assez de jour jusqu'à 21h pour pouvoir passer un tel col même dans la brume, mais c'est vraiment la dernière limite possible. Je ne peux donc plus m'autoriser de pauses significatives et ne suis plus obsédé que par une chose, passer les cols avant la nuit !

Après Le Monal l'ambiance de moyenne montagne, avec ses forêts et hameaux, laisse la place à l'altitude et aux alpages. Au hameau d'altitude ruiné du Clou et son petit lac de retenue, j'attaque la montée du Col de l'Aiguille, avec de très belles vues vers les cirques dont les glaciers ne semblent s'être retirés que depuis peu. Je n'ai que 300 m de D+ et passé un petit lac, le col est vite atteint juste avant 17h00. Avec la brume et un vent froid, je ne m'y attarde pas. Je reçois même quelques gouttes à la descente.

Le Clou : emplacement de l'ancienne Chapelle St Jacques
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Le Clou : vue vers les Balmes
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Au Col se produit un nouveau changement d'environnement puisque d'ici il me faut traverser les hauteurs de la petite station de ski de Sainte Foy Tarentaise. Mon petit sentier se transforme en vaste piste damée au bulldozer, et d'un coup le plaisir éprouvé précédemment s'évapore.

Pour rajouter au déplaisir de la traversée de station, et alors que leur troupeau est en train de paître pourtant loin en contrebas, 4 patous accourent vers moi en aboyant de telle manière que je n'ai pas de doute quant à leur hostilité. Je peux mieux les jauger tandis qu'ils arrivent sur moi, et l'un d'eux a une allure franchement agressive, mauvaise … bref il a une sale gueule. Les 4 chiens manoeuvrent pour se placer dans mon dos, et je passe mon temps à me repositionner pour leur faire face, tout en leur parlant de manière calme. En tendant le dos de la main, je les invite à venir me sentir, ce qui semble marcher avec l'un d'entre eux jusqu'à ce qu'il se fasse rabrouer par les autres (notamment la sale gueule). Bref, ils s'encouragent mutuellement dans leur agressivité.

Le troupeau est plus bas et à plus de 200 m, je ne vois pas en quoi je pourrai plus le contourner que je ne le fais déjà. Les chiens veulent me faire sortir de la piste et remonter dans l'éboulis, ce que je n'ai pas l'intention de faire, surtout que chaque fois que je progresse dans ma direction, au moins l'un deux se précipite dans mon dos … J'atteins peu à peu ce que j'appelle la situation de "blocage", quand l'agressivité est suffisamment retombée pour que je ne craigne plus d'être mis en pièces, mais pas assez pour qu'on me laisse suivre mon chemin. Je vais continuer à leur parler et à tendre la main, "jouant" de celui des 4 qui semble vouloir établir le contact pour en faire un "tampon" avec les autres. Par sauts de puce je parviens ainsi à progresser, suivi par mon "tampon" qui joue à l'élastique (au loin quand je lui fais face, au plus près dès que détourne le regard). Je finis par ne plus avoir que la "sale gueule" et mon "tampon", les autres se sentant exclus du jeu et retournant au troupeau. Ce n'est que lorsque les sons du troupeau se trouveront étouffés par un mamelon rocheux qu'ils lâcheront prise, me laissant m'éloigner sans plus me suivre. Certainement ma rencontre la plus désagréable avec des patous (et la seule de toute la traversée m'ayant laissé un souvenir).

Je ne suis pourtant pas au bout de mes peines dans cette traversée de station, car il n'y a plus de sentier que je puisse suivre, juste la piste de ski qui descend directement sur 250 m de dénivelé, et c'est fatigant …

L'Arpettaz à Ste Foy Tarentaise : au goût des patous, la distance du troupeau à la piste n'était pas suffisante
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De cette Chapelle je peux enfin rattraper du sentier digne de ce nom
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Une fois sorti du périmètre de la station je retrouve du bon sentier de forêt, puis un peu de piste, avant de descendre rapidement par une sente vers le hameau du Crot que j'atteins à 18h30. Une très belle et agréable ancienne piste en lacets en remonte en direction de La Savonne (refuge ou gîte) :  j'ai pris mon souffle et ma cadence, j'ai bien l'intention de franchir les 1 000 m d'une traite jusqu'à la Louïe Blanche … Passé La Savonne, je croise un groupe à la descente qui se montre curieux de ma destination à cette heure (il est 19h00 …). Ils sont incrédules lorsque je leur indique ma destination, même si je leur précise que je suis parfaitement conscient que je vais finir à la frontale ...

18h30 : arrivée au hameau du Crot, caché dans les bois. De là, 1 000 m de D+ au Col de la Louïe Blanche !
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La Savonne : maison et rocher ne font qu'un
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A l'assaut de la Louïe Blanche : un temps à champignons
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Le vallon de la Louïe Blanche se remonte sur une sente de plus en plus raide et de moins en moins visible. Je suis des marquages à la peinture et/ou des cairns, et il devient de plus en plus difficile de tenir ma cadence dans un environnement aussi "coupe-jarrets". Je fais des aller-retours avec Iphigénie pour réconcilier la trace que je suis et ma destination, et finit par constater que ce qui était flêché "Passage de la Louïe Blanche" est en train de m'emmener vers la Pointe de la Roche Jaille, le Lac du Retour et une redescente ensuite très loin en contrebas de mon dernier Col du jour à la Traversette. C'est donc à l'azimut que j'entreprend de corriger le tir à flanc de montagne, pour finalement rattraper le bon sentier qui me mènera à la Louïe Blanche.

A l'approche du passage il y a de nombreux petits cours d'eau, des petits lagots / mares, des replats herbeux propices au bivouac. En d'autres circonstances je me serai installé là sous le Pioulou après déjà une belle journée de marche. Le problème c'est que je n'ai plus de réseau depuis maintenant un moment, et suis dans l'impossibilité de partager ma progression. Si je m'arrête ici ma famille va attendre de mes nouvelles sans en recevoir, et s'inquiéter inutilement tandis que je bivouaquerai en toute sécurité. Ce RDV au Petit Saint Bernard m'apparait alors vraiment comme une contrainte qui va m'obliger à "forcer" et à prendre des risques inutiles.

Durant quelques brefs instants de réseau après le col, j'ai confirmation que le cuistot m'a mis un dîner de côté quelle que soit l'heure à laquelle j'arrive. Je crois avoir pu confirmer ma progression, mais quelques instants plus tard le tél me fera savoir que mon SMS n'a pu être transmis ...

20h25 : passage de la Louïe Blanche dans la brume
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La descente du Col est raide et mauvaise, et il me reste juste assez de jour pour que ça ne soit pas folie de s'y lancer. Après la descente et une fois l'éboulis de gros blocs franchi au fond du vallon, je trouve le bon chemin à flanc qui va me permettre de rejoindre le col de la Traversette tandis que le jour tombe de minute en minute. Le chemin est de bonne facture, puis devient une vague piste dans sa dernière montée vers le col. Je laisse mes yeux s'habituer à l'obscurité, et n'allume ma faible frontale qu'une fois au col, qui n'est atteint qu'à 21h40. Là je suis vraiment passé du côté obscur, car il me faut la frontale et le GPS avant de pouvoir trouver … la large piste de ski qui descend !

Je marche en mode automatique, prudemment parce que les conditions sont propices à une chute idiote, mais sans épuisement. La machine répond bien, le seul vrai handicap c'est la lumière du jour. Des quelques lumières que j'aperçois, j'essaie de deviner laquelle peut être l'Hospice. Le réseau revenu, je peux avertir que je serai bientôt là : elles peuvent guetter une faible loupiote descendant de la montagne ! Dans le dédale de pistes et chemins qui s'entrecroisent, et les panneaux que je ne peux lire que si j'ai le nez dessus, je pars quelques minutes dans une mauvaise direction avant de me corriger grâce au GPS.

Enfin, à 22h30, me voilà franchissant la route et longeant l'Hospice pour rentrer dans le gîte, où l'on m'attend dans la chambre dortoir louée pour la nuit. Le cuistot m'accueille dans la salle de restaurant, d'où je repars avec une large assiette de charcuterie /fromage, un panier de pain, une pomme ...

Le trip est réussi, mais je dois admettre qu'à 20 mn près je ne me serai pas engagé sans risques dans la descente de la Louïe Blanche. Le timing était vraiment juste, et cette contrainte d'être attendu m'a mis dans l'inconfortable situation d'aller au-delà de ce qu'il était raisonnable de faire. En itinérance, se fixer des obligations quant à l'horaire ou au lieu d'arrivée peut se révéler contre-productif ...

Là-bas en face, la Traversette
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Au compteur : 42 km / D+ 2 961 m / D- 2 950 m / marche ~12h00

J'ai aimé smile :
- le trip !

J'ai regretté sad  :
- m'être enfermé dans une obligation, au détriment de l'itinéraire (j'ai court-circuité de joli morceaux et manqué de beaux spots de bivouac) et probablement de ma sécurité

Si c'était à refaire hmm :
- ne se donner RDV qu'au lendemain
- respecter l'itinéraire prévisionnel

Le matériel : ok

Le bonhomme : tout est prêt pour un final express !

Itinéraire / Profil / Progression
Crédits www.calculitineraires.fr

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La Vidéo J19


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Edit :
- liens vers Vidéo et Index

Dernière modification par Hervé27 (06-11-2019 13:51:22)


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#157 07-09-2019 10:55:49

Hervé27
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Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

gergy a écrit :

#538357Tu peux économiser une chauffe en faisant gonfler ton couscous à froid  wink

Salut Gergy smile

L’option « manger froid » est en effet sur la table pour aller plus loin dans l’allègement ...

95% des calories que je consomme en itinérance n’ont déjà pas besoin de chauffage. L’eau chaude pour la semoule c’est uniquement parce que je la consomme mélangée avec une soupe ...

... et le café n’est qu’un luxe sans aucun apport calorique ou nutritionnel...

Entre contenants, réchaud et accessoires, alcool etc. il y a ~300 g à gratter, qui pourraient être «réinvestis » dans plus de nourritures plaisir, de condiments ...

Comme toujours dans l’allègement, c’est une question de barrière psychologique à franchir !


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#158 07-09-2019 15:05:27

pogo
Membre
Inscription : 27-03-2017

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Bonjour Hervé

.... pas que psychologique. Bien que ce soit évidemment perso, mon corps à du mal à se contenter de repas froids à partir de 5 jours. Bien sûr, s'il le fallait.... Mais la soupe chaude (+ semoule...) le soir, sur plusieurs semaines ne m'apparaît pas comme un luxe et vaut bien les grammes y consacrés.

En tout cas, bravo pour l'aventure. Pour ta rédaction sensible et précise et pour la manière dont tu nous tiens en haleine.
Vivement les derniers épisodes.

Pogo.

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#159 07-09-2019 15:35:56

pmnx
Membre
Lieu : Haute Marne - Langres
Inscription : 28-04-2006

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

De tous les désagréments de ces dernières journées, le stress pour retrouver sa progéniture est certainement le moins pénible.
Pour le mauvais accueil des bivouaqueurs itinérants en Vanoise, ça ne m'étonne même pas. Pour les patous agressifs non plus. C'est triste ce que devient la montagne.

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#160 07-09-2019 18:03:10

NikoJorj
Oeil émerveillé
Inscription : 10-09-2008
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Hervé27 a écrit :

#538434Entre contenants, réchaud et accessoires, alcool etc. il y a ~300 g à gratter, qui pourraient être «réinvestis » dans plus de nourritures plaisir, de condiments ...

Comme toujours dans l’allègement, c’est une question de barrière psychologique à franchir !

Barrière, ou compromis à faire : pour moi le plat chaud du soir EST une nourriture plaisir (plat maison mitonné avec amour et déshydraté) en plus d'amener du confort... Et le café du matin un peu aussi j'avoue (même si je me dis que ça peut se faire à froid).

Pour les patous, c'est comme pas mal d'autres mammifères sociaux, y'en a des bien dressés voire presque gentils, et y'a des psychopathes.
Je me souviens de m'être fait mordiller la fesse en passant sur un chemin 50m en dessous du troupeau, derrière une barrière, que les patous ont sauté pour venir nous embrenner. Et d'autres fois où un patou (tout seul) nous a courtoisement escortés autour du troupeau, avec juste ce qu'il faut de conversation (un petit wouf quand on faisait mine de vouloir couper) sans être lassant, et laissés partir de l'autre côté.
Pour la Vanoise, no comment.


Quotation, n: The act of repeating erroneously the words of another.”
― Ambrose Bierce, The Unabridged Devil's Dictionary

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#161 08-09-2019 12:12:08

Hervé27
éMULe
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Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

J20 - 11 août : Petit Saint Bernard - Les Chapieux

Ce matin marque la fin d'une petite semaine partagée en famille, que ce soit à marcher ensemble ou à se retrouver d'étape en étape. C'est sans hâte que nos départs respectifs se mettent en place : à pied pour moi, en voiture pour elles. A l'Hospice nous restons un long moment à la table du petit-déjeuner, où bien évidemment je fais le plein de calories tongue .

La grosse journée d'hier n'a pas laissé de marques de fatigue : j'en suis le premier étonné. Ma renaissance intensive à la randonnée et à l'activité physique de ces 3 dernières années m'ont vraiment transformé. Je suis revenu à un poids que je n'avais plus connu depuis mon adolescence, et je suis maintenant capable de performances physiques que je jugeais hors d'atteinte quand j'avais 20 ans cool

Au fond de la salle de restaurant où nous prenons le petit-déjeuner tourne une télé avec les nouvelles en boucle de BFMTV. Un accent particulier est mis sur la météo avec une vague orageuse qui remonte du Sud-Ouest, avec force images de dégâts déjà occasionnés en région bordelaise. Les annonces météo sont alarmistes pour la fin de journée et pour demain. Il me faut intégrer ce paramètre dans mes plans de la journée ainsi que de demain, et je vais successivement pêcher par pessimisme puis par optimisme … Ce ne se sera pas sans conséquences …

Il est 9h30 quand, depuis la Colonne Joux et la statue de St Bernard, nous prenons les photos de la dernière séparation avant que de reprendre nos chemins respectifs. Le temps est magnifique, il va falloir en profiter avant que cela ne se gâte.

La Colonne Joux depuis notre fenêtre de chambre
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MUL ajustant le tir pour une photo de groupe au retardateur
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C'est aujourd'hui que je dois atteindre le Massif du Mont-Blanc, qu'il me faut contourner par l'Ouest. J'ai essayé autant que possible de me bâtir un itinéraire qui partage le moins de sections communes avec le TMB, mais je dois combiner cela avec mon horaire et la menace météorologique qui s'annonce. Une première petite concession consiste, depuis l'Hospice du Petit Saint Bernard, à tirer au plus droit vers le Col de Forclaz sans passer par le Lac Sans Fond (tout un programme !)…

Dans la montée se dévoilent tous les sommets et glaciers qui, hier, étaient restés masqués dans la nébulosité. Je m'arrête à de nombreuses reprises pour prendre la vue et profiter de la belle lumière. Tandis que je me rapproche d'un troupeau de moutons, m'interrogeant sur les chiens qui doivent le garder, je me prépare psychologiquement à entendre leurs aboiements et à devoir gérer une nouvelle situation de tension. Il n'en est rien, tout est calme, jusqu'à ce que dans un thalweg j'aperçoive 3 brebis écorchées, victimes de la nuit … Plus loin le berger tourne en quad, certainement à la recherche de ses bêtes manquantes, car un peu plus loin je croiserai un groupe de marcheurs du coin qui me diront l'avoir prévenu. Ils ont vu l'une des brebis rendre son dernier souffle quand ils sont passés. Eux comme moi nous étonnerons de l'absence des patous …

Le Mont Pourri (3 779 m) et les Glaciers de la Gurraz
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A gauche, le Col de la Traversette franchi hier à l'aveugle dans la nuit et la brume. La Grande Sassière (3 747 m) et son glacier à droite ?
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Après une belle montée facile et agréable dans les alpages, j'atteins le Col de Forclaz (2 525 m) un peu avant 11h00. Je croise peu de monde, c'est vraiment très agréable dans cet environnement très doux de prairies d'altitudes. La descente vers le torrent de Beaupré est plus raide et exigeant que la montée par l'autre versant. Il faut ensuite passer un mamelon pour basculer vers le torrent du Versoyen et commencer de remonter vers le Col de l'Oullion. Dans tout ce secteur le chemin est parfois difficile à suivre. En pareil cas je ne dis pas qu'il se perd, mais qu'il se disperse : l'itinéraire est évident, mais la trace s'évapore sous mes pieds à de multiples reprises, ou se démultiplie jusqu'à se confondre avec les drailles animales. On cherche à la retrouver en guettant des cairns ou une marque de peinture, mais on la reperd aussitôt … Ce n'est pas grave, il suffit ici de suivre le torrent à main droite.

Col de Forclaz : perspective "himalayenne" vers le Mont-Blanc. Col de l'Oullion tout à gauche
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Longue remontée monotone vers le Col de l'Oullion
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Monotonie rompue par la majesté de l'Aiguille des Glaciers (3 815 m)
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Sans pause, il me faudra 2h30 pour joindre le Col de Forclaz au Col de l'Oullion, où je m'arrête à 13h30 et à l'abri du vent pour ma pause café / déjeuner. D'ici je peux observer mon itinéraire de cet après-midi, lequel débute par une profonde descente en vallée vers le Refuge des Mottets (750 m de D-), une grosse remontée de 900 m de D+ pour passer au pied du Mont Tondu (3 192 m), avant de longer à flanc et atteindre le Col de l'Enclave (2 672 m). De mon poste d'observation je scrute l'itinéraire et essaye d'évaluer le temps nécessaire : ~1 h de descente, ~2 h de remontée puis encore ~1 h à flanc de montagne … le passage du Col pourrait se faire vers 18h avant une descente vers les Lacs Jovet où j'entendais bivouaquer.

Du Col de l'Oullion, je dois descendre en vallée, monter sur la droite (vallon masqué), longer à flanc sous le Mont Tondu (à droite) pour passer le Col de l'Enclave (à droite de la cime au centre de l'image)
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Hélas j'ai en tête les prévisions météo de ce matin (@azerty : et tes SMS me recommandant la prudence wink !), et les nuages que je vois arriver par l'Ouest ne présagent rien de bon. Entre le début et la fin de ma pause le grand ciel bleu a déjà pris une tournure moins engageante, conformément aux prévisions qui annoncent la dégradation orageuse pour cette fin d'après-midi. Passer le Col de l'Enclave à 18h avec un tel risque d'orage me parait à juste titre déraisonnable, et je décide alors à contrecœur d'actionner l'itinéraire bis qui me fera redescendre le torrent des Glaciers vers les Chapieux. Avec la météo de demain donnée pour orageuse du matin au soir, je ne peux pas exclure d'avoir à attendre 36 h avant de pouvoir passer les cols … Aucune option liée à cet itinéraire bis n'est satisfaisante, que ce soit la proximité du TMB, les routes, les cols à passer, les horaires possibles etc.  Mais à l'instant présent, ayant constaté que mon horaire est incompatible avec l'alerte aux orages, je ne peux poursuivre sur mon tracé initial.

C'est dans cet esprit que j'aborde la descente raide vers le refuge des Mottets. A peine quelques mètres sous le Col de l'Oullion, je réalise que je n'ai pas eu la présence d'esprit - tant que j'avais du réseau - d'actualiser ma prévision météo. Plutôt que de remonter, je m'obligerai pour cela à un détour là en bas par le refuge. Comme je m'y attendais, la descente est longue. Le sentier est étroit et fait de grands lacets pour atténuer la raideur de la pente. C'est cependant à bon rythme que je descends, car je suis en forme et en pleine possession de mes moyens … jusqu'à ce que je me gamelle inexplicablement et spectaculairement ! Sans rien y comprendre, je me retrouve à faire une pirouette au-dessus du chemin, et à me rattraper in extremis à une pierre saillante. Je reste ainsi immobile quelques secondes, le temps de reprendre mon souffle et prendre la mesure de ma situation. S'il y a de la pente, elle est essentiellement herbeuse et je ne serai pas allé beaucoup plus loin, mais mon pied gauche a tapé sur un rocher et j'en ai une belle écorchure au cou de pied. Je me redresse et avance jusqu'au torrent tout proche, où je vais m'asseoir reprendre mes esprits et nettoyer mon écorchure que je recouvre d'un pansement. A cet instant je crains l'apparition de douleurs de contusion une fois que les muscles auront refroidi … Si jamais j'avais eu l'idée de tenter le sort et la météo pour gravir les cols dès ce soir malgré le risque d'orage, c'en est bien fini avec ce handicap supplémentaire …

Clopin-clopant mais avec finalement plus de peur que de mal, je reprends ma descente. Le ciel s'est assombri et je n'ai plus aucun doute quant à l'arrivée de la masse orageuse annoncée. Je croise de plus en plus de monde à la montée (mais en direction du Col de la Seigne et du Refuge Elisabetta en Italie), et m'enquière naïvement de savoir s'ils sont informés de l'alerte orage. Personne ne semble au courant, ni avoir seulement pris la peine de s'interroger malgré l'ambiance qui s'assombrit. Quelqu'un me répond qu'il a un pantalon de pluie, ça devrait faire l'affaire roll … Nul besoin de préciser qu'ils portent tous au moins 15, et bien plus souvent 20 kg… Que n'avais-je réalisé que, depuis seulement quelques instants, j'ai rejoint l'itinéraire du TMB ? Hervé27 est entré dans la Quatrième Dimension …

A la descente l'ambiance s'assombrit, le Mont-Blanc est masqué
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Presque en bas, la menace se précise
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Au refuge des Mottets que je rejoins totalement saturé de monde vers 15h45, je vais consulter les prévisions météo affichées : pluie à partir de 17-18h, très forts vents en altitude, dégradation orageuse accélérée, courte accalmie en matinée, le pire pour demain midi et jusqu'à la nuit … J'en viens donc à tracer un plan pour me faufiler : descendre toujours jusqu'aux Chapieux, remonter en direction du Col du Bonhomme, prêt à planter le bivouac dès que les conditions se dégradent, passer le col en matinée demain pour être aux Contamines avant le pire de l'orage de demain. Je descends donc tout schuss par la route (le chemin sur l'autre versant eut été plus joli, mais c'est que j'avais un orage à gérer …).

Le temps semble tout d'abord se maintenir et redevenir ensoleillé. Arrivé aux Chapieux à 17h, j'entame la montée vers le Col du Bonhomme. J'arrive à me planter de chemin (le GR5 !) et à marcher un instant le long de la route, mais passons … Lorsque je vois une grosse masse sombre déborder en provenance de Roselend, je n'ai aucun doute que ça va barder : je me mets en mode accéléré de recherche de bivouac, que je trouve non loin d'un torrent, quelques mètres seulement au-dessus du GR5 mais a priori masqué à la vue par la pente. Je fais un montage "tempête", planté très bas et exploitant toutes les grosses pierres que je peux trouver pour consolider mes piquets. Je me colle à l'abri et commence à entendre tomber quelques gouttes … Puis plus rien … Il est 18h30, l'orage n'a pas claqué et, si le ciel reste couvert, cela n'a rien à voir avec les conditions annoncées. J'attends encore un peu, mais je n'aurai rien d'autre que les quelques gouttes de tout-à-l'heure … Je n'ai pas envie de remballer à cette heure-ci pour me remettre en chemin. Tant pis, je passerai la nuit ici et me faufilerai au col demain matin.

Arrivée aux Chapieux : ça se dégage ?
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Pioulou en mode tempête, prêt à affronter la bourrasque que je crois voir arriver par la droite
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On m'y reprendra, à faire mon parcours en fonction de la météo (mais attendez demain …) !


Au compteur : 26 km / D+ 1 449 m / D- 1 816 m / marche ~6h30

J'ai aimé smile :
- la lumière, les vues
- une promenade facile jusqu'au Col de l'Oullion

J'ai regretté sad :
- avoir inutilement alerté des TMBistes sur un orage imaginaire
- n'avoir pas actualisé ma météo à ma pause au Col de l'Oullion, le bulletin affiché au refuge des Mottets devait dater de la veille ...
- avoir pêché par excès de pessimisme sur la météo, mais aussi par excès de confiance menant à ma chute dans la descente de l'Oullion

Si c'était à refaire hmm :
- je passais sans problème le Col de l'Enclave ce même jour, il n'y avait pas lieu de quitter mon itinéraire. Tout va se détraquer à partir de cette décision ...

Le matériel :
- je n'ai toujours pas éprouvé le Pioulou face à un orage ...

Le bonhomme :
- les dégâts de ma chute se limitent à une écorchure, pas de contusion douloureuse comme je le craignais


Itinéraire / Profil / Progression
Crédits www.calculitineraires.fr

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La Vidéo J20-24

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#162 08-09-2019 21:28:00

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

sorry si j'ai contribué à t'alarmer pour rien. vu d'ici c’était un département en alerte orange, mais en montagne chaque vallée a sa météo propre. Cela dit c'est vrai que début août il y a eu de sérieux orages/coups de vent. alors tu penses aux copains qui fond du camping à 3000m d'altitude lol

pour les TMBistes, comprend les. recevoir des conseils sécurité par un mec qui se balade en petites chaussures et avec un sac à dos taille enfant ...


«Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait le tour de lui-même. »

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#163 09-09-2019 10:31:10

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

@pogo & @NikoJorj

Au sujet du "manger froid", voici l'état présent de ma réflexion :

1) approche "rationnelle" :
- 3 chauffes sur 4 sont destinées à mon café, sans aucun apport calorique ou nutritionnel ;
- la 4ème chauffe correspond au mélange semoule + soupe du soir, la soupe étant surtout là pour permettre de varier les saveurs. Techniquement, je pourrai faire avec un assortiment de condiments ajoutés à la semoule gonflée à froid ;
- l'essentiel de mes calories me viennent déjà d'aliments consommés à froid : noix, fruits secs, barres de céréales constituent déjà les 2/3 de mon apport quotidien
- les nourritures "plaisir" que je peux ajouter ne nécessitent pas de chauffe / cuisson : saucisson, fromage, biscuits salés ou sucrés, chocolat ...

2) approche "affective" & "confort"
- mes pauses café sont des moments importants, chargés de "rituel". Pouvoir s'offrir ou partager un café en pleine montagne est un luxe pour le moral. Ce sont des instants où je peux me détacher de la monotonie / tyrannie de la marche, et m'immobiliser en contemplation.
- il y a toujours quelque part la crainte d'être immobilisé dans un bivouac froid, humide ou venté : la perspective de pouvoir à tout instant se préparer quelque chose de chaud est rassurant.
- ne pas oublier qu'on peut aussi se faire chauffer une bouillotte à glisser dans le duvet !
- j'ai aussi une petite fierté à déballer ma petite cuisine portative devant un public curieux

Bref, une approche cartésienne me dit que je suis techniquement prêt à m'alléger un peu plus avec le "manger froid", mais je suis encore retenu par mon affectivité …


@azerty

Pas d'inquiétude, tes SMS ont été au contraire des bienfaits pour le moral. Quand tu traines ta solitude dans les alpages, voir que quelqu'un pense à toi précisément pour ce que tu es en train de faire fait chaud au cœur  wink .

Les décisions que j'ai pu prendre étaient exclusivement les miennes, et si j'ai surévalué le risque ce jour-là, c'est plutôt la faute de BFMTV que je me prenais en pleine face pendant mon petit déjeuner d'une part, d'une propension naturelle à faire de l'autodémarrage d'autre part. Si j'avais eu le réflexe d'actualiser ma prévision sur mon tél quand j'avais du réseau, j'aurai vu que l'arrivée des orages s'était décalée (car j'ai bien fini par me les prendre sur la tronche au final …) et le programme s'en serait trouvé adapté.


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#164 09-09-2019 11:29:20

lynx18
mulberry
Inscription : 27-12-2008

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Hervé27 a écrit :

#538579Au sujet du "manger froid", voici l'état présent de ma réflexion :

1) approche "rationnelle" :
- 3 chauffes sur 4 sont destinées à mon café, sans aucun apport calorique ou nutritionnel ;
- la 4ème chauffe correspond au mélange semoule + soupe du soir, la soupe étant surtout là pour permettre de varier les saveurs. Techniquement, je pourrai faire avec un assortiment de condiments ajoutés à la semoule gonflée à froid ;
- l'essentiel de mes calories me viennent déjà d'aliments consommés à froid : noix, fruits secs, barres de céréales constituent déjà les 2/3 de mon apport quotidien
- les nourritures "plaisir" que je peux ajouter ne nécessitent pas de chauffe / cuisson : saucisson, fromage, biscuits salés ou sucrés, chocolat ...

Bonjour Hervé27,

Merci pour ce retour détaillé  smile
Une autre possibilité est de diluer la portion de soupe en sachet dans de l'eau froide avant de l'ajouter à ta semoule
Voir les retours de florencia en Corse, où, en l'absence de réchaud, elle diluait sans problème à l'eau froide les poudres pour sa soupe du soir
Technique utile, quand, les jours de grand vent on hésite à sortir le réchaud  smile

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#165 09-09-2019 14:52:10

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

J21 - 12 août : les Chapieux - Saint Gervais

Quelques courtes ondées feront un passage dans la nuit, mais rien qui puisse justifier mon montage "tempête", lequel me met bien à l'étroit sous la toile de mon Pioulou monté très bas. Au matin le temps est bouché sans être immédiatement menaçant. Je me suis calé pour partir dès que le jour sera suffisant, mais je me traine à cause d'une barre sur l'estomac. Je suis malgré tout en chemin à 6h20 pour monter au Col du Bonhomme : je veux à tout prix avoir basculé de l'autre côté avant la reprise des orages. N'ayant toujours pas de réseau je n'ai pas d'autres prévisions en tête que celles lues hier au refuge des Mottets, qui prévoyaient une accalmie en matinée avant une reprise des orages à la mi-journée.

Echantillon d'une ambiance "bouchée mais pas directement menaçante"
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Je conserve un souvenir très pénible de cette montée (650 m de D+), d'abord à cause de ma barre sur l'estomac qui ne veut pas passer (j'en grimace à chaque pas), ensuite à cause d'un chemin labouré par la sur-fréquentation. Je m'en veux de me traîner ainsi, car ce n'est vraiment pas le moment avec une fenêtre météo qui peut se refermer à tout instant … C'est bien le moment pour faire de la constipation (l'eau du torrent que j'aurai mal filtré ?), et mes arrêts techniques n'y font pas grand'chose …

Il me faut plus de 2h pour atteindre le refuge du Col du Bonhomme, d'où les groupes se mettent en chemin. Je pose mes affaires à l'intérieur et part squatter un long moment les toilettes sèches à l'extérieur. Le temps se dégrade maintenant vite, il tombe quelques grosses gouttes … Quand je retourne dans le refuge mes affaires ont été poussées dans un coin car c'est le grand ménage après le petit-déjeuner. Je n'ai pas envie de rester bloqué là, je suis énervé après moi-même du temps perdu (mais qu'y puis-je ?), et je prends la plus mauvaise décision possible : faire comme les groupes que je viens de voir partir et me lancer dans le mauvais temps !

Mécaniquement je mets mon téléphone à l'abri dans un ziplock et dans la poche de ma veste de pluie, j'ajuste la tenue et me lance en direction du Col du Bonhomme (NB : le refuge est légèrement plus haut que le Col, le transfert de l'un à l'autre se fait sans ascension, du moins vu depuis une carte …). Au début la pluie reste gérable (j'ai vu pire), mais très vite c'est l'orage qui s'installe : éclairs, tonnerre, déluge … et je suis sur la crête entre le refuge et le col ! Je tente de compter les secondes, mais c'est peine perdue car je suis au milieu de l'orage, son et lumière sont simultanés !

Au Refuge du Bonhomme au moment d'en partir. Entre lui et moi, qui est l'âne bâté ?
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En quittant le refuge. Celle-là, elle est pour moi ...
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Le chemin monte et descend dans les rochers et s'est transformé en ruisseau. Je ne veux pas rajouter une glissade aux conditions déjà très précaires dans lesquelles je me trouve et je fais attention à chaque pas. Il ne me faut que 20 mn pour rallier le refuge au col, mais qu'elles me paraissent longues ! Au col je ne me pose aucune question et rejoins directement la petite cabane en bois qui s'y trouve, où je rejoins une bonne douzaine de marcheurs déjà bien serrés. L'ambiance est rigolarde maintenant que nous sommes à l'abri, mais aucun d'entre nous ne prétend avoir été très fier dans les moments qui viennent de précéder …

Pour ne pas prendre froid, j'enlève ma veste de pluie et la suspend tant bien que mal à un fil pour la laisser s'égoutter, et j'enfile la polaire que je retire du sac.

La partie la plus intense de l'orage passe, il n'y a plus qu'une pluie résiduelle à gérer : c'est le moment que nous choisissons pour nous remettre en chemin. Nous formons des groupes en fonction de nos directions respectives, mais il s'avèrera que je marche beaucoup plus vite que mon groupe et je vais rapidement faire cavalier seul dans la descente.

Quand la pluie cesse (ou quasiment) et que je veux ressortir mon téléphone, le ziplock où je l'ai enfermé est … un sac d'eau ! Vite je sors le téléphone, l'égoutte, l'essuye tant bien que mal, mais l'eau a pénétré et les dégâts sont là. J'essaye de comprendre ce qu'il s'est produit (même si ça ne change rien au résultat) : il semble que lorsque j'ai enlevé ma veste de pluie et que je l'ai suspendue dans la cabane, le ziplock s'est entrouvert dans la manipulation, et que mal disposée sur son fil, la veste s'est égouttée directement dans la poche … Sachant qu'en cas de pluie j'aurai normalement dû glisser le téléphone dans l'Aloksak (bien plus efficacement étanche) où se trouvent mes papiers et ma monnaie, lui même dans une poche semi-étanche du KS, je ne peux que m'en vouloir ! Pour couronner le tout, je vais faire tout ce qu'il ne faut pas en pareil cas : au lieu de laisser l'appareil éteint reposer et sécher, je vais frénétiquement essayer de l'allumer et de l'utiliser. Il va fonctionner par intermittence jusqu'en fin de journée, mais m'aura totalement lâché d'ici demain. Il ne daignera se rallumer qu'après mon retour, avec des dégâts irréversibles le rendant inutilisable, mais j'arriverai à récupérer les photos que je n'avais pas déjà téléchargées vers ma Dropbox, ainsi que toutes mes vidéos.

Toute la journée je vais espérer que le téléphone va s'en remettre, mais ayant déjà vécu des moments similaires (cf ma HRP 2018, lien en signature) je suis déjà en train de réfléchir aux solutions alternatives. Dois-je chercher à le remplacer ? Ou devrais-je aller pour cela ? Comment vais-je m'orienter ? Comment communiquer ? etc.

A très court terme je n'ai guère de questions à me poser quant à mon itinéraire : le trafic ne cesse de se densifier sur le tracé du TMB où je me trouve, jusqu'à atteindre une intensité délirante. Ce ne sont pas des dizaines ou des centaines de marcheurs que je croiserai aujourd'hui, mais des milliers … et tous dans le même sens ! J'ai l'impression qu'un RER s'arrête toutes les 2 minutes aux Contamines et que je suis en train d'essayer d'en remonter le flot … Et tout ça par mauvais temps ! Je suis ha-llu-ci-né …

Mon ressenti du TMB
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Enervé après moi-même, effrayé par la foule, je presse le pas autant qu'il est possible pour sortir au plus vite de l'axe de plus forte fréquentation, mais j'ai presque 10 km du refuge de la Balme jusqu'aux Contamines … Heureusement la vague se calme peu à peu et l'arrivée aux Contamines par le chemin en bord de torrent en redevient (presque) agréable, surtout une fois dépassés les parkings en bout de route goudronnée. Aux Contamines que j'atteins juste avant midi, je m'installe au sec dans un restaurant où je vais prendre le temps de me remettre les idées en place. Je vais en passant y faire une bêtise supplémentaire sur le téléphone (mais je n'en suis plus à une prêt), en demandant à la patronne si elle peut le placer à un endroit chaud et sec (ce sera sur la grosse machine à café). J'apprendrai plus tard qu'il ne faut surtout pas espérer le faire sécher en le chauffant … Dans un premier temps j'arrive à le faire fonctionner et à envoyer des messages pour dire que j'aurai sans doute des difficultés à communiquer (histoire que personne ne s'inquiète pour rien). Je peux aussi reprendre une météo : nouveaux orages vers 17h …

Une fois restauré je fais un tour rapide dans un commerce pour recompléter les vivres. Devant pour l'heure suivre le GR5 / TMB je me dis que l'absence de cartographie n'est pas trop problématique. Dans le pire des cas, je peux aussi finir la Traversée entièrement sur ce mode … Plein d'illusions, j'envisage à court terme d'aller me mettre à l'abri au Chalet du Truc ou du Miage avant les orages de tout-à-l'heure …

Le début de la montée est agréable sur la piste forestière, mais lorsque je quitte le couvert forestier c'est déjà la pluie qui revient … L'orage de 17h est là à 14h30 et je dis stop, c'en est trop. J'arrive au Truc sous un nouveau déluge et me pointe à l'auberge / refuge : la patron est en plein ménage de sa salle et me laisse entrer, dégoulinant, me mettre à l'abri. Il est totalement désolé, mais il n'a aucune place à offrir pour ce soir (il n'est que 14h30 !), tout est réservé. Il me prévient qu'il en est probablement de même au Miage, puisque son collègue l'a déjà appelé pour lui demander s'il avait de la place … Je vais attendre quelques instants que la pluie se calme avant de me remettre en chemin, tandis qu'un groupe d'étrangers (tchèques ?) ayant réservé, se pointe.

La tranquillité relative de tout-à-l'heure ne tenait qu'à l'heure du repas, le chemin du Truc au Miage est blindé de monde. Je tente encore le coup au Chalet du Miage, sans illusion puisque les abords sont saturés de randonneurs qui, visiblement, arrêtent là leur courte journée. Comme évidemment il n'y a pas non plus de place, que le Col du Tricot est totalement dans les nuages et que l'orage revient encore avec des coups de tonnerre qui se rapprochent, j'ai une réaction d'orgueil et je me dis que JE N'AI PAS SIGNE POUR CA !

Auberge du Truc
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Crédit : https://karinsmiles.wordpress.com/2009/ … e-du-truc/

Marre, y en a marre ! Des refuges qui n'ont pas de place pour un randonneur sous un orage, des chemins défoncés par le passage de milliers de marcheurs qui font le TMB (parce qu'il "faut" "faire" "LE" TMB), la pluie, l'orage, mon téléphone en rade … Marre, je vous dis ! Ras-le-bol ! Je me barre ! Sans carte, sans savoir où cela me mène, à l'aveugle, je prends le 1er chemin perpendiculaire au GR5 / TMB et j'évacue le secteur !

… et aussitôt la magie opère ! Au fur et à mesure que je m'éloigne du GR5 / TMB la pluie diminue puis cesse, le temps se dégage et redevient par moment ensoleillé (mais reste bien bouché derrière moi et sur les hauteurs), le chemin redevient boisé, praticable, bucolique. Je ne croise que de rares randonneurs avec qui je peux échanger quelques instants pour demander mon chemin. Petit à petit je retrouve une certaine sérénité et un plaisir à me trouver là, malgré les désagréments du jour. Traversant quelques hameaux et au vu des panneaux de signalisation, je fais petit à petit mon chemin vers Saint Gervais, où j'ai bon espoir de trouver un hébergement qui me permettra de me remettre d'aplomb et redéfinir la suite du parcours.

Je fais chou blanc dans un hotel-restaurant du bord de la route, mais 2 km plus loin à l'entrée de la ville, je jette mon dévolu sur l'Hôtel Le Regina. Le patron (Gavin) est australien et nous allons bien discuter (en anglais !). Complètement à l'ouest avec un téléphone en rade, je n'avais même plus la notion de l'heure, il n'était en fait que 17h30 quand je me suis arrêté.

Hôtel Le Regina
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L'hôtel est sympa (d'abord et surtout par son accueil). Les intérieurs alternent des endroits vieillots et d'autres biens rénovés / rafraichis, car les patrons n'ayant repris que depuis 18 mois je pense qu'ils ne rénovent que progressivement. Il m'en coûtera 60 € pour la chambre (ce n'est pas déraisonnable, et le patron m'a fait une ristourne …), où je vais profiter de la baignoire pour me délasser … Dans la salle de bains j'étalerai toutes mes affaires humidifiées par le déluge de ce matin, je m'offre même le luxe de nettoyer mon polycree tout crotté ! Ce soir je n'ai aucune envie de dîner en ville, j'ai des stocks en réserve de mon ravitaillement de midi aux Contamines, et je grignoterai donc dans ma chambre.

Confié au patron, mon téléphone va même redémarrer et me permettre d'échanger avec mon épouse, de sauvegarder quelques photos / vidéos, de repérer un itinéraire pour demain, de reprendre une météo bien meilleure que celle que je viens de traverser ... J'indique à mon épouse qu'à partir de maintenant toute communication sera un bonus, et qu'il est possible qu'elle ne reçoive pas de mes nouvelles avant le vendredi 16 août (estimation de mon arrivée à St Gingolph, nous sommes le lundi 12).


Au compteur : 32 km / D+ 1 451 m / D- 2 387 m / marche ~8h00

J'ai aimé smile :
- me retrouver après m'être délibérément perdu

J'ai regretté sad :
- avoir pêché par optimisme dans le mauvais temps aujourd'hui, après avoir pêché hier par pessimisme dans le beau temps
- ma succession de bêtises ayant conduit à l'anéantissement de mon téléphone
- le TMB / GR5 saturé, à fuir. Qu'est-ce que c'est que des refuges de montagne qui n'ont même plus de place pour des randonneurs pris dans l'orage ?

Si c'était à refaire hmm :
- ne pas bouger du refuge du Bonhomme pendant l'orage
- à défaut d'un itinéraire alternatif au GR5 / TMB, tirer tout droit des Contamines à St Gervais (j'y aurai gagné du temps)

Le matériel :
- j'avais oublié dans mes posts précédents d'indiquer que depuis Tignes je suis reparti avec une paire de chaussures plus légères et aérées (Merrell MQM Flex Boa), déjà sensiblement usagées, mais c'est un soulagement par rapport aux éponges qu'était la paire précédente. Pieds plus légers, vites mouillés mais également vite séchés … Elles seront toutefois trop fragiles et bonnes pour la poubelle arrivées à St Gingolph …
- consignes pour téléphone mouillé : ne pas chercher à le rallumer au risque de court-circuits, le plonger dans un sac de riz /semoule pour pomper l'humidité, ne pas le chauffer (on ne fait que dégager de la vapeur qui se recondense en d'autres endroits et on endommage des composants). Si on peut le confier à un professionnel, il le passera dans un bain d'ultra-sons pour détacher l'humidité des composants et empêcher leur corrosion. Dans des circonstances où un téléphone pourrait se retrouver mouillé (par exemple en rando sous la pluie), l'éteindre au préalable ou ne l'utiliser qu'en mode avion, ce qui limitera les risques de court-jus ...

Le bonhomme :
- rincé, fâché après lui-même, perdu … puis retrouvé


Itinéraire / Profil / Progression
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Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#166 09-09-2019 19:50:20

trois flèches
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Ce n'est pas tous les jours la fête, ça fait partie du voyage !!
J'aime bien tes râleries sur les randonneurs du TMB, peut être que certains que tu as croisé en avaient autant après toi  big_smile .
Quand j'utilisais un téléphone je mettais toujours l'ouverture du ziplock en bas comme ça si par malheur il s'ouvrait il n'y avait pas trop de dégâts.

Pourvu que la prochaine étape t'ai été plus agréable, toujours un plaisir de te lire en rentrant du boulot Hervé.

#167 09-09-2019 21:12:33

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

trois flèches a écrit :

#538647Ce n'est pas tous les jours la fête, ça fait partie du voyage !!
J'aime bien tes râleries sur les randonneurs du TMB, peut être que certains que tu as croisé en avaient autant après toi  big_smile .
Quand j'utilisais un téléphone je mettais toujours l'ouverture du ziplock en bas comme ça si par malheur il s'ouvrait il n'y avait pas trop de dégâts.

Pourvu que la prochaine étape t'ai été plus agréable, toujours un plaisir de te lire en rentrant du boulot Hervé.

Salut trois flèches smile

J’avais promis une journée Bérézina, c’est bien entendu celle-ci...

Désormais sans tél, sans cartes, sans GPS, sans photos .... j’ai vécu les dernières journées plus librement, plus intensément, mais sans autre support que ma mémoire pour tenter de vous les restituer. Je commence à m’y atteler demain !

Si on me trouve des extraits de C/R de TMBistes apportant leur commentaire sur l’unique (?) marcheur à contre-sens de leur journée, je suis preneur lol lol !

Pour le tél figure-toi que c’est ce que j’ai fait (plus précisément j’avais enroulé le sachet autour du tél)...mais je n’y pensais plus du tout quand j’ai renversé la veste sans ménagement sur un fil pour l’égoutter, puis à nouveau pour la réenfiler et me prendre encore la pluie.

Il faut regarder le bon côté des choses : j'ai un tél tout neuf, et durant 3 jours j’ai réappris à vivre sans roll


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#168 10-09-2019 14:05:35

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

NB : désormais sans téléphone / cartographie / GPS / Appareil photo, les photos publiées à titre d'illustration ne sont plus de moi, les chiffres de dénivelés sont de www.calculitineraires.fr et non plus d'Iphigénie, les horaires très indicatifs et les temps de marche très incertains ...


J22 - 13 août : Saint Gervais - Les Tines

Ce matin à l'hôtel, même branché sur le secteur, mon téléphone refuse de redémarrer. Les quelques espoirs que j'avais hier soir sont évanouis, et c'est donc bien le scénario d'un final "à l'aveugle" qui se profile. D'un certain côté, pour moi qui souvent affiche ici l'envie de partir "au petit bonheur", sans cartes, sans téléphone … voilà l'occasion de tester ce que cela veut dire.

Après un copieux petit-déjeuner et un au-revoir sympathique à mes hôtes australiens, je fais tout de même une tentative en ville dans une boutique de téléphonie. En y discutant avec le gérant, il y a bien la solution du "bain d'ultra-sons", mais il n'y a pas de certitudes quant au résultat. Cela m'immobiliserait aussi à St Gervais jusqu'à demain, et j'avoue qu'à ce stade ma priorité est de finir le périple. Je décide donc de laisser le téléphone sécher "naturellement" dans mon sac de semoule, et on verra une fois rentré si il accepte de redémarrer, au risque d'y perdre les photos et surtout les vidéos que je n'avais pas déjà déchargé.

J'entre également dans une librairie-papeterie pour essayer d'y trouver une carte qui me permette de subvenir à mon besoin d'orientation, mais comme souvent je n'y trouve que des cartes au 1/25 000 d'une part (il m'en faudrait 3 et je ne trouve que la 1ère qui ne couvre qu'une portion de mon trajet d'aujourd'hui), alors qu'idéalement c'est une carte au 50 000 dont j'ai besoin mais celles proposées ne couvrent pas mon itinéraire. Pendant ma recherche je discute avec la libraire et nous avons une sympathique conversation dans laquelle elle fait le parallèle entre mon périple d'un côté, son arrêt de la cigarette de l'autre. La discussion porte sur la différence entre la volonté ("m'obliger à faire quelque chose dont je n'ai pas envie") et la motivation ("faire quelque chose parce que j'en ai envie") ...

C'est donc vers 9h (NB : je n'ai plus de repères horaires …) que je me mets en chemin depuis St Gervais, sur un itinéraire repéré sur une carte de la librairie que j'ai consulté sans l'acheter roll . En passant par le Col de la Forclaz  (1 533 m), je peux redescendre dans la vallée de l'Arve à hauteur de Servoz, et monter rejoindre le GR5 à hauteur du Col d'Anterne (2 257 m), donc déjà bien en retrait du TMB. Il me faut un itinéraire facile à suivre sans carte d'ici à Saint Gingolph, et celui que j'avais tracé dans Iphigénie au plus près des crêtes et de la frontière suisse est désormais inaccessible dans mon téléphone en coma profond.

Je remonte depuis St Gervais par une rue en lacets qui s'élève, bordée de maisons de ville d'abord, de chalets ensuite. La rue goudronnée devient une piste carrossable, puis une piste forestière accessible en quad. Depuis le centre ville jusqu'au col de la Forclaz j'ai un peu plus de 700 m de D+ à monter, ce que je fais à bon rythme malgré des obstacles de plus en plus handicapant pour ma progression : les framboises tongue tongue tongue  !

Ennemies n°1 du respect de l'horaire :
7wUs3qe02.Framboises-800x320.jpeg

Une fois au col plusieurs directions s'offrent à moi, et s'il y a bien quelques panneaux de randonnée aucun n'indique la direction de Servoz et les autres noms mentionnés ne me parlent pas … Première confrontation sérieuse avec le manque de support cartographique … J'opte à l'azimut pour le chemin qui me semble aller dans la bonne direction, certes toujours ralenti par les framboises, mais vite conforté lorsque je croise un couple de randonneurs qui peuvent me rassurer sur la direction. Ils font la Traversée des Alpes par section et à l'envie : résidants en Franche-Comté (ça fait de sliens avec ma belle-famille), lui est moniteur de ski à Val-Thorens. Cette année ils font le GR5 depuis chez eux jusqu'à Val-Thorens, et l'idée sera l'année prochaine d'y remonter depuis la Méditerranée. Bien qu'il soit accompagnateur en montagne il ne ressent pas le besoin d'alléger le sac comme moi, mais madame se montre beaucoup plus intéressée wink . On aurait pu discuter longtemps, mais nos directions opposées nous en empêchent …

C'est à la bifurcation suivante que je rencontre un groupe de retraités, et après une discussion sympa, ils m'indiquent la descente par le hameau de Vaudagne pour descendre en vallée pour rejoindre Servoz. Lorsque j'aurai l'opportunité de vérifier sur une carte, je verrai qu'ils m'ont fait faire un détour significatif … mais c'est le jeu quand on demande son chemin … Je croise encore des ramasseurs de framboises, à qui je peux préciser que ce n'est pas la peine d'aller plus loin, j'ai tout mangé cool !

Si ce n'était pas le chemin le plus court, cet itinéraire me fait en revanche découvrir une vue splendide sur le Mont Blanc

Le Mont-Blanc depuis Vaudagne (Crédits GoogleStreetView)
7wUuJkUcH.Vaudagne.jpeg

La portion jusqu'à Servoz se fait en bord de route et ne présente en conséquence aucun intérêt. Il y avait des alternatives mais forcément, sans carte … A l'entrée du village je profite des toilettes publiques d'un complexe sportif pour faire un plein d'eau, et à partir de là me met en quête d'un lieu aménagé pour un pique-nique confortable. Près de l'église il y a un vaste pré où je m'installe pour chauffer mon café, et taper sans retenue dans mes emplettes d'hier aux Contamines. Je n'ai plus aucune préoccupation de ravitaillement à avoir d'ici l'arrivée, devant passer par Sixt, Samoëns, La Chapelle d'Abondance …

Ici mon objectif n'est pas de visiter les Gorges de la Diosaz vers lesquelles sont drainés les touristes, mais de trouver l'itinéraire qui me permettra de rejoindre le Col d'Anterne. Je profite d'un panneau de présentation des circuits de randonnée pour m'y orienter, lequel m'aiguille vers le Vieux Servoz pour y trouver mon sentier (là encore, il y avait plus court …). Je monte un peu dans le village puis trouve mon sentier en sous-bois, plus proche d'ailleurs d'une piste forestière, ce qui me facilite la vie en mode digestif. Je vais théoriquement vers le Lac Vert, mais je dois faire un choix entre un itinéraire "par la piste" ou "par sentier". Sur la version "sentier", quelqu'un a graffité "SPORTIF !". J'hésite une seconde, puis décide de me ranger dans la catégorie "sportif" wink ! Ce n'est certes plus la bonne piste forestière, mais ça se fait sans problème même si il est difficile d'y garder un rythme constant … J'aurai bien fait une pause au fameux "Lac Vert", mais toujours en forêt je n'en verrai rien et je retrouve la piste qui va me mener au Refuge du Châtelet d'Ayères.

Une fois n'est pas coutume je m'y pose en terrasse et commande un grand café et une tarte aux myrtilles. Cela me permet d'avoir moins de scrupules à solliciter la possibilité de passer un coup de fil, ce qui m'est accordé avec beaucoup de gentillesse sur le téléphone personnel d'une gardienne. Je peux confirmer à mon épouse que mon téléphone est bien définitivement HS d'une part, que je pense être à St Gingolph ce vendredi (nous sommes mardi) d'autre part. Malheureusement il ne sera pas possible de nous y retrouver, et une fois là-bas je devrais faire par mes propres moyens pour rejoindre Besançon … Une complication supplémentaire quand on n'a plus de téléphone et donc pas d'internet, pas de moyen de consulter des horaires, de réserver en ligne etc.

Les questions logistiques traitées, je peux à nouveau me consacrer à la progression vers l'arrivée finale, en prenant les obstacles un par un. En quittant le refuge le 1er objectif est le Col d'Anterne, et vu la qualité du chemin d'une part, la forme maintenant bien établie du marcheur d'autre part, je m'y lance sur un rythme soutenu …

A l'approche du Col d'Anterne et du refuge de Moëde-Anterne en contrebas, je peux apercevoir les crêtes du Brévent par où mon projet d'origine m'aurait fait passer. Vu qu'elles sont prises dans la brume, je n'ai aucun regret d'avoir ainsi échappé à la foule du TMB. Même si cela n'atteint pas l'intensité de ce dernier, il y a tout de même beaucoup de monde sur ce GR5, et comme je suis plus léger et bien lancé, je double à tour de bras !

A un moment quelqu'un me lance "Whaouh, vous avez la forme ! On échange nos sacs ?". J'ajuste mon rythme à la petite équipe de mulets et s'ensuit une conversation sympa. Je prêche, je les bénis et je repars lol !

le MUL et le mulet ?
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Le temps a tourné quand je passe le Col d'Anterne, avec un vent froid désagréable et un ciel couvert. Je ne m'y attarde pas et descend vers le lac. Juste avant le Lac d'Anterne je me renseigne sur l'heure : il n'est que 17h30, mais déjà on sent que tous les groupes convergent vers le lac pour y établir leur bivouac. La place est surabondante et ce n'est pas la raison pour laquelle je continue, mais je trouve toujours l'ambiance aussi froide et désagréable. A cette heure-ci je peux encore marcher plus de 3h avec le jour, de quoi bien m'avancer. Je me demande même si je ne pourrais pas être dès ce soir à Sixt, voire même y dormir en refuge (soyons fou !) ? Je suis bien, mes jambes avancent sans rechigner, donc je poursuis …

A partir du refuge Alfred Wills je marche avec quatre randonneuses jeunes retraitées, et l'une d'elle s'intéresse beaucoup à mon sac. Nous marchons de concert le temps d'échanger des infos sur le sac, le duvet, l'abri etc. toutes choses qui l'intéressent pour ses randos raquettes / ski de fond en hiver, où le poids du sac lui gâche la vie. Nous nous séparerons quand le reste de son groupe appellera de loin pour lui demander d'attendre lol !

Le temps se couvrant je craindrais d'avoir à affronter l'orage, mais je ne recevrai que des gouttes éparses, sans besoin d'aller jusqu'à enfiler la veste de pluie. Cela se lèvera rapidement ensuite. Bien que marchant à bonne allure dans la descente vers Sixt (en passant par les cascades de la Pleureuse et de la Sauffaz que j'admire pour le seul plaisir de mes yeux, sans écran de téléphone pour gâcher le cadre ...), je finis par trouver que c'est long, bien long. Je passe vers 19h au Chalet du Lignon (pareil que précédemment : je demande l'heure aux derniers randonneurs que je croise), mais Sixt est encore loin.

Plus bas je m'engage sans le savoir sur le Point d'Accueil Jeunes de Pont de Sales, avec une vaste aire de bivouac et un bâtiment toilettes / lavabos. Il y a un groupe de campeurs d'un côté, un petit camping car d'un autre … J'hésite quelques instants puis décide de poursuivre encore.

Je finis par atteindre Sixt en ayant préalablement longé Salvagny et Le Fay. Sans trop le vouloir car j'aurai pu tracer direct, je fais un détour par le village un chouya trop tard pour ravitailler à la supérette (c'est que je me serai bien fait plaisir !), puis poursuis encore le long du Giffre jusqu'au Gorges des Tines. Cette fois le soleil se couche et le jour tombe, je ne peux plus faire la fine bouche sur les opportunités de bivouac. C'est juste après le débouché des gorges, dans un large pré et juste à l'orée des arbres que je finis par planter le pioulou. A la nuit et avec la couleur camouflage de l'abri je suis quasi invisible, mais à cette heure plus personne ne passera.

Ce soir je vide mes réserves, et programme de les re-remplir demain matin à Samoëns à l'ouverture des commerces.


Au compteur : 43 km / D+ 2 404 m / D- 2 480 m / marche ~10h30

J'ai aimé  smile :
- la liberté dans l'itinéraire, malgré les sections "barbantes" que j'aurais pu éviter
- ma très grande forme cool
- les framboises tongue tongue tongue
- la gentillesse de tous ceux qui ont bien voulu m'indiquer le chemin, l'heure … ou de me permettre de téléphoner smile

J'ai regretté  sad  :
- ne pas avoir mangé plus de framboises ...

Si c'était à refaire  hmm :
- il m'eut fallu des cartes …
- j'aurai pu me rapprocher du Mont Buet pour le passer tôt le lendemain matin, mais sans cartes je ne pouvais évaluer le trajet. Le dernier 3 000 qui m'aura échappé ...

Le matériel :
- les chaussures échangées à Tignes (Merrell MQM Flex Boa) commencent à bien s'ouvrir sur les côtés, et la semelle est bien usée, je dois commencer à faire attention à ne pas glisser. En revanche leur légèreté et leur aération (désormais renforcée lol ) font merveille !

Le bonhomme :
- si ce n'avait été pour les heures de jour, je pouvais continuer ...


Itinéraire / profil / progression :
Crédits www.calculitineraires.fr

7wUpTAz8O.Itinraire-J22.jpeg

7wUqddWva.Profil-J22.jpeg

7wUqgonaK.Progression-J22.jpeg



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La Vidéo J20-24

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#169 10-09-2019 18:57:37

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

ça sent l’écurie  smile

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#170 10-09-2019 19:27:25

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

7wV0ddxh3.images-entretien-linge-dossier.jpeg

cépafo  lol  !


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#171 10-09-2019 19:41:36

trois flèches
Invité

Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Bah voilà à partir de Sixt t'es dans mon fief, on a quitté cette région il y a 11 ans, c'est avec beaucoup de nostalgie que je vais suivre la fin de ton aventure.

Ah les chemins bordés de framboises roll .

#172 11-09-2019 12:01:52

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

J23 - 14 août : Les Tines - Chapelle d'Abondance

Dans ce fond de vallée au débouché des Gorges des Tines, j'ai plutôt pas trop mal géré l'humidité cette nuit. Légèrement sous le couvert des arbres en bordure de pré, avec un montage haut pour la ventilation, les parois intérieures n'ont pas été détrempées, tandis que l'extérieur est bien mouillé. Je progresse …

Je me lève avec les premières lueurs de l'aube et me mets en chemin peu avant le lever du soleil, ce devait donc être vers 6h30. Premier objectif Samoëns pour le dernier ravitaillement du périple, j'ai bien l'intention de me faire plaisir tongue . En revanche il fait bien frais ce matin : je marche avec polaire, veste imper en coupe-vent, gants … Malgré cela le froid me mord les doigts.

Il doit me falloir une petite heure pour entrer dans Samoëns, mais sans repères et à marcher sur le plat le long du torrent (ce n'est pas désagréable …) je trouve le temps long. Je me dirige un peu au hasard aux abords du village et suis à l'instinct tout ce qui m'indique la direction des commerces. Une enseigne lumineuse me donne la température : 8°C, il n'est pas exclu que j'ai eu moins que ça au bord du Giffre … J'arrive à une supérette Sherpa, déjà ouverte alors qu'il ne doit être que 7h30, chouette cool ! J'en ressors avec toutes sortes d'aliments diététiques : Tucs, fromages, chocolat, une tarte aux myrtilles, un croissant, un pain au chocolat, un sac de pains au lait/chocolat … et j'en oublie ! Une pause technique dans les toilettes publiques, et me voilà en recherche du GR5.

Sans cartes je n'ai que la mémoire de tout ce que j'avais pu lire / visionner sur le GR5 au cours de ma préparation en 2017 (je n'étais pas arrivé jusqu'ici…), et un peu cette année même si je n'avais pas prévu de passer exactement par là. Dans les panneaux de randonnée disponible, la seule direction qui me parle est celle des Allamands. Il me faut longer la (petite) route sur une courte portion, et je vois une voiture qui m'avait dépassé s'arrêter, faire marche arrière et baisser sa vitre. Je me dis que si c'est pour me demander le chemin, c'est raté … et voilà que l'on me propose spontanément de me voiturer jusqu'au parking de départ des randonneurs smile . Je remercie aussi chaleureusement que possible, en expliquant qu'étant parti à pieds de Menton et aussi prêt de l'arrivée, une tricherie motorisée n'était pas envisageable roll

Le GR monte tranquillement en parallèle de la route, et lorsque j'arrive audit parking vers peut-être 9h, il est blindé de voitures et de groupes se préparant au départ. Je me dis que j'ai intérêt à devancer la vague si je veux apprécier la promenade … La montée se fait par une piste semi-carrossable au début, plutôt limitée aux quads ensuite, ce qui simplifie l'existence lorsqu'il s'agit de croiser un groupe. L'affluence reste supportable, mais quel contraste avec la partie sud de mon périple …

Arrivé au Col de la Golèse je passe par le refuge, car j'aimerai bien y profiter de la terrasse maintenant au soleil, mais un panneau indique qu'elle est réservée aux consommateurs … Puisqu'on me fait obligation de consommer, je passe mon chemin et m'installe au Col à l'écart du chemin pour ma pause séchage / café / grignotage. Pour m'éviter un détour lorsque je repars, je coupe tout droit pour rejoindre le sentier en contrebas, en suivant les traces laissées par les vaches à travers les buissons :  si une vache passe, un MUL doit passer aussi lol . C'était un peu casse-gueule, mais je débouche sur le chemin sous les regards étonnés des autres randonneurs.

Au premier panneau de randonnée que je croise je me prends une claque dans la figure. Pardonnez-moi si j'insiste sur ce point, mais je n'ai plus aucune carte et juste la trace du GR5 pour me guider : je n'ai plus aucune idée précise de la distance me séparant de l'arrivée. Le panneau en question me dit que le col qui est devant moi est le Col de Coux, lequel est un repère bien ancré dans ma mémoire de mes préparatifs. Cela veut dire que je passe en Suisse et que, de là, il ne me reste qu'une (grosse) journée de marche jusqu'à St Gingolph, et non pas deux comme j'en étais persuadé. C'est donc demain jeudi que j'arrive, et pas vendredi comme je l'avais estimé au départ de St Gervais. Je vais même jusqu'à me figurer que, moyennant un bon trip, je pourrai y arriver dès ce soir …

Cette perspective me donne des ailes et c'est en un rien de temps que j'atteins le Col de Coux et passe chez les Helvètes. Il y a foule et je ne m'arrête pas, j'attendrai d'être plus en contrebas pour me trouver un coin tranquille où déguster la vue et mon garde-manger.

J'ai un souvenir mitigé de ce passage en Suisse, entre le Col de Coux et le Col des Portes du Soleil. D'un côté il me déplait fortement d'être sur les hauteurs des stations de ski, sur des pistes carrossables qu'il faut partager avec voitures et VTT. De l'autre cela permet de progresser sans se poser la question de là où l'on met les pieds, et de profiter pleinement du paysage … et quel paysage ! La vue sur les Dents du Midi est spectaculaire …

Crédit : www.lesdentsdumidi.ch
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Un des moments les plus plaisants de cette journée sera ma rencontre au-dessus des Crosets avec René, suisse retraité que je salue tandis que nos chemins se rejoignent et que nous marchons de concert à courte distance l'un de l'autre. La discussion s'amorce et prend un tour plus chaleureux quand René constate que je ne suis pas un randonneur à la journée et que nous partageons une certaine conception (réactionnaire ? ringarde ? désuète ?) de la montagne. A chaque passage de voiture il s'exclame "encore un qui ne sait pas marcher !" wink (sauf si la plaque est du canton lol !). Il me parle de sa vallée, son histoire, de comment un tremblement de terre en 1943 a entraîné avalanches et glissements de terrains, obligeant à percer une nouvelle route qui amorcera les débuts de la station. Je relève qu'il y a une relation particulière avec la frontière, car il ne dit jamais "en" France, mais "France" tout court. "Suisse on fait comme-ça, France on fait comme-ci …). Le bonhomme a bourlingué (sans doute ancien cadre d'une grosse société Suisse, car en poste dans de nombreux pays d'Asie).

Pour rejoindre Morgins (un morceau de mon itinéraire prévisionnel dont je me souviens) il me préconise de passer par le Col des Portes du Soleil, plutôt que les Portes de l'Hiver et Chésery. Le chemin est bien meilleur, me fait-il savoir (NB : c'est pas de refus, car la semelle de mes chaussures est très usée et l'accroche réduite). Pour faire bonne mesure, il fait le détour et m'accompagne jusqu'à la bifurcation qui y mène (merci René wink ).

Quitté la piste, je suis au Col en moins de 20 mn, et comme quelques bancs sont ici disponibles je m'installe pour un dernier café face aux Dents du Midi, ainsi que pour déguster avec délectation la tarte aux myrtille artisanale achetée ce matin à Samoëns. Un régal pour les yeux et les papilles tongue  ! Pendant mon 4 heures, une vache en manque d'affection va venir à plusieurs reprises se coller à moi (littéralement, sa tête contre mon épaule). Il me faudra gentiment mais fermement la décourager d'aller brouter mon sac de provisions …

Une fois sorti de la station l'environnement redevient beaucoup plus agréable. Je redescends en vallée par de la piste d'abord, du sentier ensuite, pour rejoindre le "Chemin des Ponts" qui, comme son nom l'indique, passe et repasse par-dessus le torrent dans un cadre très sympathique. Le chemin est bien aménagé (et bien fréquenté), mais en cette fin de journée la foule s'est déjà retirée. De multiples terrasses abritées en bois offrent des espaces de pique-nique (ou de bivouac). J'ai même profité de toilettes sèches à la propreté immaculée (on est en Suisse …).

Dans l'entrelacs de chemins et de ponts à l'approche de Morgins, je croise successivement et séparément plusieurs membres d'une famille qui courent dans différentes directions à la recherche les uns des autres. Les uns appellent les autres, se précipitent pour se rejoindre, se croisent par des chemins différents, s'appellent à nouveau … Les adultes s'inquiètent pour les plus jeunes enfants, les enfants pour leurs parents etc. Le plus rigolo c'est que je croise tout le monde, leur indique qui j'ai vu et où, mais alors que je me suis bien éloigné je continue de les entendre s'appeler les uns les autres … La maman avait l'air très inquiète, j'ose croire que tout s'est bien terminé ...

Je passe rapidement sur le haut de Morgins et bifurque par la route puis un chemin agricole pour repasser la frontière au Pas de Morgins. J'envisage un instant de m'arrêter bivouaquer près du Lac de Morgins, mais je me sens de poursuivre d'une part (il est peut-être 18h), trouve les spots trop "visibles" d'autre part.

Mon gros regret est d'être sans carte, car d'ici j'aurai dû monter pour rester en crête frontière, mais l'heure avance d'une part, je ne visualise pas le trajet d'autre part (les indications des panneaux de randonnée ne me rappellent rien). Je regrette encore aujourd'hui ce choix, mais je joue la sécurité et décide de descendre vers Châtel, pour de là rejoindre par le fond de Vallée La Chapelle d'Abondance. J'ai au moins compris que même un trip ne m'amènera pas à St Gingolph ce soir / cette nuit … Ces kilomètres vers la Chapelle d'Abondance sont les plus inintéressants de mon périple, car ne trouvant pas de chemin / sentier je me retrouve à tout faire par la route ! Beurk !

Je ne sais pourquoi je croyais trouver un camping à la Chapelle d'Abondance, mais il n'en est rien. J'aurai aimé une douche et quelques commodités, mais non. Alors que le soir tombe je commence à remonter par le GR5 à la recherche d'un bivouac, mais après quelques centaines de mètres je me dis que je suis en train de faire une bêtise : le vallon est encaissé, je risque de m'aventurer à la nuit pour finalement planter l'abri n'importe comment … Je fais demi-tour et décide de profiter des dernières lueurs du jour pour chercher un bivouac non loin du village, que je trouverai à l'écart dans les prés de l'autre côté du torrent (et après avoir fait le plein d'eau à une fontaine). Je n'étais plus à quelques kilomètres près…  J'ai planté les piquets à la lumière de la frontale, il devait donc bien être 21h30 …

Mais je n'avais pas tout-à-fait renoncé à un petit trip. RDV demain wink  !


Au compteur : 52 km / D+ 2 019 m / D- 1 758 m / marche ~11h00

J'ai aimé  smile  :
- les vues sur la Suisse

J'ai regretté  sad  :
- la marche sur pistes et sur route
- mon itinéraire frontière abandonné faute de carte (je pense que j'aurai atteint le Lac d'Arvouin, si tant est qu'il est possible d'y bivouaquer) ...

Si c'était à refaire  hmm :
- j'aurai peut-être pu trouver une carte à la supérette de Samoëns, mais je n'ai pas pensé à regarder

Le matériel :
- les chaussures devraient tenir jusqu'à demain, ouf !

Le bonhomme :
- j'ai dû être envoûté par GrandeLoutre !  Faut-il appeler un exorciste ?


Itinéraire / Profil / Progression
Crédits www.calculitineraires.fr

7wVX5Y4Ja.Itinraire-J23.jpeg

7wVXARKX2.Profil-J23.jpeg

7wVXaOMGE.Progression-J23.jpeg



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Dernière modification par Hervé27 (11-02-2020 10:20:41)


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#173 11-09-2019 23:24:41

martie
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Et oui, c'est bientôt la fin de l'aventure - le lac Léman se rapproche:
Pas de camping en éffet à La Chapelle d'Abondance - il y en avait un à Abondance et je crois qu'il est fermé...

Je suis toujours impressionnée par la quantité de nourriture que tu manges lors des moments de ravitaillement... Perso ce moment est simplement l'occasion de manger des fruits frais et des tomates...

Plus qu'un épisode donc!
martie

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#174 12-09-2019 15:06:39

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

J24 - 15 août : La Chapelle d'Abondance - Saint Gingolph

Dernier jour de la Traversée, dernier jour de rédaction … J'aurai réussi à tenir tout au long de ce second marathon au rythme d'un épisode par jour (ou quasiment), et à clore le récit 4 semaines après mon retour.

Cette journée est spéciale à plus d'un titre : je suis maintenant pressé d'arriver, mais sans téléphone je navigue à l'aveugle, et à quelques heures d'arriver à Saint Gingolph je n'ai pas la moindre idée de la manière dont, de là, je vais rallier Besançon où réside ma petite famille pour cette fin de vacances. Je ne peux pas me renseigner sur les moyens de transport, les horaires, les tarifs … Tout ça devra attendre mon arrivée sur place …

Pour me donner de la marge de manœuvre je souhaite arriver le plus tôt possible, et quoi de mieux qu'une petite marche de nuit ? C'est aujourd'hui la Pleine Lune, je ne devrai pas manquer d'éclairage … Je n'ai pas de réveil, j'ignore l'heure et je laisse un rythme naturel opérer. A un moment de la nuit, je m'éveille et estime avoir assez dormi : à la frontale je remballe le sac et le Pioulou pour la dernière fois de cette aventure (en prenant bien garde de ne rien perdre dans les hautes herbes où j'ai planté …). La Pleine Lune est certes levée, mais si basse sur l'horizon que sur ce versant de la vallée elle reste invisible.

Je traverse rapidement La Chapelle d'Abondance où je ravitaille en eau, et suis déjà engagé à remonter le vallon quand je réalise que je n'ai même pas essayé de lire l'heure au clocher, ou sur l'écran d'un distributeur de billets … Je suis totalement sans repères, je sais juste qu'il fait nuit. Je limite l'usage de la frontale aux sous-bois les plus sombres, le reste du temps étant suffisamment éclairé (mais indirectement) par la Lune. Je me souviens avoir longé une tente plantée en bord de torrent (finalement, il y avait des bivouacs possibles, mais rares) : j'espère n'avoir pas causé de frayeurs à ses occupants …

Le plus difficile dans cette ambiance monochrome, c'est de trouver et lire les panneaux de randonnée dont je suis totalement dépendant. Lorsque j'en repère un, je ne peux le lire que quand j'ai le nez dessus, mais les directions indiquées ne me parlent pas forcément : je n'ai pas mémorisé tous les points de passage du GR5 … Si seulement je pouvais trouver un panneau "Col de Bise", ça me parlerait. Je dois donc me fier au petit logo du GR associé à la direction, avec toujours la crainte de me faire renvoyer vers la direction Sud au lieu du Nord …

J'ai un moment le choix de deux directions possibles pour le Pas de la Bosse indiqué comme le GR, sans aucun idée de laquelle est la plus adaptée à une marche nocturne. Plouf, plouf, je prends celle de droite, au milieu des vaches indifférentes à cet énergumène qui se promène au début au milieu à la fin en pleine nuit.

Crétinement je rate une bifurcation Pris d'une inspiration soudaine je décide de quitter le GR5 et me lance à l'aventure découvrir de nouveaux itinéraires. Je suis sur une piste évidente à suivre et lorsque je me retrouve au Col de Vernaz je suis de retour sur la frontière suisse. Droit devant moi au fond de la vallée ce sont les lumières de la vallée du Rhône en amont du Léman que j'aperçois.

Il y a bien des panneaux de randonnée (suisses), mais les directions qu'ils indiquent ne me parlent pas : Col Chaudin, Tannay, Miex, Col de Resse ... Après coup le chemin qui partait en crête sur ma gauche m'aurait fait passer les Cornettes de Bise et rejoindre le GR5 par le Col de la Croix, mais à la nuit c'est une direction que je n'ai pas voulu prendre. Va donc pour une descente sur le versant suisse et tenter de rejoindre le Léman par les chemins que la Providence voudra bien mettre sous mes pas … Pour être paumé, je suis paumé ...

Ce sont aussi les toutes, toutes premières lueurs de l'aube qui apparaissent à l'Est quand j'entame la descente du col. J'en déduis qu'il doit être aux alentours de 5 h du matin, et qu'à la vitesse prudente à laquelle j'ai avancé j'ai du lever mon bivouac vers 2h ou 2h30 ...

A un moment j'ai le choix entre la descente évidente par la piste en fond de vallée, et une vieille piste d'aspect semi-abandonné semblant remonter sur ma gauche. Dans la logique de chercher un itinéraire vers le Léman, c'est cette option que je prends. A tout instant je pense que la piste va se terminer en cul de sac, mais à chaque fois un lacet la fait poursuivre un peu plus haut dans le pierrier, jusqu'au pied d'une barre rocheuse où je trouve un quad bâché. De là un chemin taillé dans le roc monte et au point où j'en suis, pourquoi ne pas poursuivre l'exploration ? La sente est par endroits spectaculaire et finit par me mener à un alpage tandis que l'aube s'impose. Le berger doit certainement s'y trouver, car à cette heure indue (6h ?) ma présence réveille les chiens qui se précipitent vers moi … mais de l'autre côté de la clôture électrique (ouf !). Désolé pour le berger, je ne voulais réveiller personne …

Un panneau demande aux randonneurs (ce qui me rassure, ça veut dire qu'il y a du passage et donc que ça mène quelque part), de passer à gauche ou à droite de l'enclos. Si j'étais passé à gauche j'aurai une nouvelle fois pu rejoindre le GR5 par le Col de la Croix, mais qu'en savais-je ? Je passe à droite et ne vois rien de cette bifurcation, mais retrouve de l'autre côté mon chemin taillé dans le roc qui se poursuit.

Je marche encore un peu à flanc et passe un saillant rocheux … et me retrouve bouche bée face à la plus belle image que je retiendrai de cette traversée : plein Est l'aube a embrasé l'horizon et des nuages d'altitudes y brûlent de feux oranges, rouges, jaune … tout cela par-dessus les lignes de crêtes déchiquetées des Alpes Suisses, jusqu'au Mont-Blanc tout à ma droite. Sans savoir les identifier, le Matterhorn et le Dufourspitze devaient faire partie du cadre. Surpris par ma présence, un vautour fauve s'envole de la falaise à peine plus loin en contrebas du chemin et passe à 5 m de moi, suivi d'un deuxième … Ils rejoignent tout un groupe qui va continuer de tourner ainsi face à moi au Soleil Levant. Je pose mon sac. Je m'assois. Je contemple. Je profite. Je suis heureux de m'être perdu cool

Tant qu'à être assis ici à attendre que le soleil se lève, je fais chauffer mon café et grignote dans le désordre les restes de mes victuailles. Tout en profitant du spectacle j'essaye de repérer où me mène mon chemin, qui visiblement ne se poursuit pas en direction des falaises que je vois à ma hauteur plus loin dans le vallon. Plus bas j'aperçois ce qui me semble être des lacets discontinus qui redescendent vers la vallée (laquelle descend directement vers la Vallée du Rhône). Je me dis qu'au pire je vais arriver sur le Rhône, rejoindre le Léman puis Saint Gingolph par la route : pas terrible, mais j'ai fait pire. Sans carte, je n'ai guère d'autre option raisonnable.

Je reprends le chemin, rejoins en contrebas mon premier "lacet", mais rapidement je réalise que ces lacets ne sont que des drailles plus accentuées que d'autres. Je n'ai plus de chemin et la pente est très forte, avec 400 m de dénivelé à franchir. Si ça n'avait pas été une pente herbeuse, j'aurai fait demi-tour, mais je vais descendre ainsi à flanc, aussi prudemment que possible, parfois sur les fesses … Le raconter ne prend que quelques mots, quelques phrases, un paragraphe … mais quand on est dans un hors sentier comme celui-là, on se demande à tout moment si on ne va pas se retrouver sur le haut d'une falaise rocheuse qu'on n'avait pas reperé … Heureusement pour moi ma reconnaissance visuelle a bien fonctionné, et c'était bien une pente herbeuse de bout en bout, qui me mènera à la piste qui serpente en fond de vallée. J'aurai pu me passer de cette escapade en descendant directement du Col de Vernaz, mais je n'ai vraiment aucun regret étant donné le spectacle qui m'a été offert.

N'étant plus à un égarement prêt, quelques centaines de mètres plus bas un itinéraire de randonnée "Cheseule" est mentionné, et il semble y avoir un col par là-haut. Pourquoi ne pas essayer ? C'est un bon chemin bordé de framboises qui y monte, l'ascension est donc lente tongue  … "Cheseule" s'avère être un refuge privé et fermé, mais la trace se poursuit vers le petit col avec la direction du lac de Tanay. Un lac ? Voilà qui va agrémenter ma journée.

Arrivé au Col ce n'est pas 1 mais 2 lacs que je découvre : loin en contrebas le lac de Tanay, et à peine plus loin, là-bas derrière la crête… le Léman ! Cette fois ça-y-est, ça sent l'arrivée ! J'en avais déjà aperçu une extrémité hier depuis le Col de Coux, et je m'étais fait la réflexion "il manque quelque chose !". En effet, par-delà le Léman, ce ne sont plus les sommets alpins acérés que j'aperçois, mais les hauteurs bien plus douces et plus basses du Jura. L'an dernier sur la HRP j'avais aperçu la Méditerranée depuis le Pic Carlit, 6 jours avant de l'atteindre ...

Je passe le petit col et amorce la descente : le sentier est étroit et par endroit très raide. Ici et là des marches, des mains courantes ont été aménagées. Le lac de Tanay semble tout proche, mais la descente me parait bien longue. Je suis content quand, enfin, je mets le pied sur la piste qui borde le lac, elle-même bordée de framboisiers bien chargés tongue tongue  !

Aucun panneau de randonnée ne m'indique la direction du Léman, qui m'a pourtant semblé si prêt, juste de l'autre côté de la crête. Il me faut choisir d'aller à gauche et le village de Tanay en bord de lac (encore une opportunité ratée de rejoindre le GR5 et Novel), ou contourner le lac par la droite et tenter de trouver un itinéraire rejoignant le Léman. Je vais donc à droite, parce qu'il y avait plus de framboises de ce côté tongue tongue tongue  !

C'est un couple de randonneurs qui me renseignera lorsque je les interrogerai sur un possible itinéraire de descente. Passée l'extrémité Est du lac, je reviens vers une bâtisse d'où un bon sentier bifurque, passe un petit collet et descend dans la forêt. Quel régal que cette marche en sous-bois ! J'ai l'impression que la montagne essaye de me retenir et me dis "non, reste encore un peu, ne te presse pas !". Le chemin est excellent, tapissé de feuilles ou d'aiguilles selon le couvert forestier. Au fur et à mesure de ma perte d'altitude les framboises se raréfient, rapetissent, apparaissent grillées par le soleil. Je rejoins une piste sur une courte distance, jusqu'au lieu-dit Chalavornaire, d'où je redécouvre le Léman avec cette fois une vue bien plus spectaculaire sur toute sa rive Nord depuis le débouché du Rhône jusqu'au-delà de Lausanne. La lumière est magnifique, je plane. Un panneau indique la descente vers Bouveret par un large chemin en sous-bois : il devrait bien y avoir moyen de rejoindre Saint Gingolph ne serait-ce qu'en longeant les bords du lac. C'est une large piste effectuant de grands lacets dans la pente boisée : je peux apercevoir plusieurs d'entre eux en contrebas. La marche est donc très facile et reposante, mais que c'est long de devoir suivre tous ces zig-zags ! Ce chemin a du être autrefois une route pour des carrioles …

Lac de Tanay, de son extrémité Est
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Dans les virages j'aperçois des numéros peints sur les rochers, dont je comprends qu'ils numérotent le lacet en partant du haut : j'arriverai à 18 ! Rompant soudain la monotonie le long de ce très bon chemin, je vais passer sur une ravine visiblement récente : un amas de rochers drainés par l'orage s'est amoncelé en travers du chemin. Il est facile à franchir, et j'en trouve un second un peu plus loin. Un troisième sera un peu plus délicat car cette fois le chemin a été éventré par la ravine, dans laquelle il faut descendre puis trouver son passage pour en ressortir … Un peu plus bas je croiserai un couple qui monte vers le Lac de Tanay : comme j'ai l'impression que cela fait une éternité que je descends, je les préviens que c'est long … mais ils connaissent le coin. Je les préviens aussi pour les ravines, mais ça c'est nouveau pour eux aussi !

La matinée avance tandis que je continue de perdre de l'altitude, et alors qu'il commence à faire chaud je trouve enfin un panneau "Saint Gingolph" smile  ! L'itinéraire me fera prendre une large piste forestière que je vais trouver très longue, avant de rejoindre un virage de la route descendant de Novel. J'aurai tout du long gardé de belles vues sur le Léman, et je me promets de me réserver la plus belle table en bord de lac pour fêter mon arrivée. Je traverse le village suisse pour passer sur son versant français, et arpente avec joie la promenade au bord de l'eau. C'est fait, c'est fini, exactement dans les temps prévus au départ … Il doit être 11h30 environ.

Je finis par m'installer à la terrasse d'un restaurant (en fait les cuisines de l'hôtel situé au-dessus, qui font restaurant en contrebas depuis un Algeco …). Arrivé tôt je suis seul au départ, puis quelques tables se remplissent : je vais solliciter mes voisins pour me permettre de trouver un moyen de transport. Ils vont se mettre au petit soin pour moi pour me trouver des n°s de taxi, des horaires de trains depuis Evian ou Montreux, puis finalement les horaires de traversée du Léman et de TGV depuis Lausanne. Merci à eux !

Je décide de me faire plaisir car la météo est magnifique et opte pour la croisière sur le lac, mais je dois décamper vite car le prochain bateau est dans 10 mn ! Je remercie mes voisins et décampe (j'avais déjà payé ma note, je vous rassure roll ). Je longe à nouveau les rives du Lac, repasse en Suisse par une passerelle (qui apparemment a fait du tintouin à sa construction car j'ai aperçu ici et là des graffitis "non à la passerelle"), pour atteindre l'embarcadère. Point de bateau, c'est que j'ai du le manquer, mais j'ai des solutions de rechange avec d'autres traversées qui me déposeraient à Montreux d'où je pourrai prendre l'un des nombreux trains régionaux qui font l'omnibus.

Sur le quai et sur un banc j'aperçois une boule orange et noire qui attire mon attention : un sac à dos Wilsa Raid 38 Light, le même que mon premier sac à dos MUL d'il y a deux ans. Je m'approche et me rends compte qu'il a bien vécu, rapiécé ici et là. M'adressantr à son propriétaire, je lui fait savoir qu'il possède un collector. Lui vient d'arriver par le train et se prépare à sa GTA qu'il programme en … 10,5 j ! Nous sommes jeudi 15 août, il veut être à Menton le dimanche 25, et est même attendu à Isola 2000 pour le vendredi 16 23 août. Il alternera course et marche. Son itinéraire est un peu plus court que le mien, mais cela signifie aller 2 fois plus vite que je ne l'ai fait … On aurait bien discuté matériel, il me paraissait semi-MUL mais visiblement plus lourd que moi (enfin, son sac ... car si j'ai perdu quelques kilos en chemin, le gars ne semblait pas avoir beaucoup de graisse à revendre). J'ai cependant juste le temps de lui souhaiter bonne route car un bateau arrive et, oh chance, c'est celui qui dessert Lausanne, et , oh deuxième chance, c'est "la Suisse", le vapeur restauré qui sert de navire-amiral à la flottille de la compagnie !

A 40 € la place adulte, la traversée n'est pas donnée, mais je n'ai vraiment aucun regret tant ces 2 heures ont été éblouissantes ! Les escales sont à chaque fois vite menées, mais le bateau fait l'omnibus : Le Bouveret, Villeneuve, Montreux, Vevey etc. J'ai tout le temps d'admirer la plongée vers le Lac depuis les derniers sommets alpins, entaillés par les profondes vallées. Je reconstitue visuellement mon itinéraire du jour, et avec ces pentes abruptes je comprends mieux les ravines que j'ai eu à traverser.

Le bateau est en lui-même une attraction, car sa restauration a été conduite de manière à permettre au passager d'admirer la salle des machines en plein travail, ainsi que les roues à aube. Accoudé au bastingage, je suis pris de rêverie, me surprends à somnoler, je suis bien cool

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Je vais encore enquiller l'attente de mon train en gare de Lausanne, d'où je descends à Dijon pour reprendre un TER vers Besançon, en ayant sollicité mes voisins de train pour prévenir mon épouse de mon arrivée (elle ne m'attendait que demain …) … mais tout cela n'est plus ma Traversée des Alpes ...




Au compteur : 28 km / D+ 1 970 m / D- 2 603 m / marche ~8h00

J'ai aimé smile  :
- me perdre dans la nuit
- mon fabuleux lever de soleil décoré de vautours fauves
- les framboises
- le lac de Tanay
- la traversée / croisière pour le final

J'ai regretté sad  :
- ne pas m'être malgré tout muni d'une carte, mais aurai-je vécu les mêmes belles impressions ?

Si c'était à refaire wink  :
- par les crêtes et la frontière !

Le matériel : RAS pour aujourd'hui

Le bonhomme : heureux, fier, en forme, rêveur … et espérant ne pas avoir trop incommodé tous mes voisins de restaurant, bateau, train lol … Vite, une douche chaude !


Itinéraire / Profil / Progression
Crédits www.calculitineraires.fr


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FIN



La Vidéo J20-24

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Edit :
- correction de date
- liens Index & Vidéo

Dernière modification par Hervé27 (11-02-2020 10:21:34)


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#175 12-09-2019 15:37:45

Lutosa
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Re : [Récit + liste] Menton-St Gingolph par les frontières 24j

Très chouette récit, merci.


Hervé27 a écrit :

#538953J24 - 15 août : La Chapelle d'Abondance - Saint Gingolph

M'adressantr à son propriétaire, je lui fait savoir qu'il possède un collector. Lui vient d'arriver par le train et se prépare à sa GTA qu'il programme en … 10,5 j ! Nous sommes jeudi 15 août, il veut être à Menton le dimanche 25, et est même attendu à Isola 2000 pour le vendredi 16 août. Il alternera course et marche.

Saint Gingolph - isola 2000 en 1,5 jours... ça me parait vraiment rapide, même en courant. N'était-il pas plutôt attendu le vendredi qui suivait, soit le 23 ? A moins que ce ne soit Kiliet Jordan, le clone caché de l'ultraterrestre ?


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