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#26 15-10-2019 18:01:11

06chamois
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Joy Supertramp merci pour ce début de retour.

Est ce que tu as traité les coussinets de ta chienne avant de partir ?
Elle n'as pas eu de problèmes ??

En tout cas belle aventure avec ta chienne, donc question ... ; cela a t'il renforcé encore le lien que vous avez ???


La montagne entretient à la fois la tête et le corps, alors plus d’hésitation = vive la randonnée  big_smile

Mon trombi :   https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=35338

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#27 15-10-2019 18:59:36

trois flèches
Invité

Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Vivement la suite, avant je lisais Hervé en rentrant, c'est bien que tu ais pris la relève  smile .

Ma chienne qui est un croisement de berger groenendael et de berger australien m'a plusieurs fois fait le même coup. Je lui ai remplacé le harnais par un collier confortable et ça a été fini. Le problème avec les chiens c'est qu'une même attitude peut vouloir dire tellement de choses différentes qu'il est parfois difficile de trouver une solution à leur soucis.

#28 15-10-2019 19:15:19

Joy Supertramp
Sempervirens
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

06chamois a écrit :

#542249Joy Supertramp merci pour ce début de retour.

Est ce que tu as traité les coussinets de ta chienne avant de partir ?
Elle n'as pas eu de problèmes ??

En tout cas belle aventure avec ta chienne, donc question ... ; cela a t'il renforcé encore le lien que vous avez ???

Merci,
Oui, vaguement : je lui avait mis quelques fois du Solipat avant le départ, mais je ne suis pas sûre que ça ait servi à quelque chose. Elle a les coussinets assez fragiles de base, ils fendillent vite, c'est aussi pour ça que j'ai choisi de commencer par le pays basque, où le terrain est peu abrasif pour les coussinets. Finalement, j'ai vérifié chaque jour, et tu verras que ça a eu un impact sur mon itinéraire (je ne veux pas m'auto-spoiler !)
Sinon, par rapport à notre relation, c'est sûr que quand on est 24h/24 avec un être vivant, on le comprend et on le connais de mieux en mieux. Ceci dit, j'ai ma chienne avec moi en permanence donc notre relation est déjà assez complice de base, elle a déjà partagé beaucoup d'aventures avec moi et donc, finalement, ce n'était que la suite logique. En revanche, elle est devenue plus protectrice pendant ce périple, peut être justement parce que nous étions plus proches ?

Je lui ai remplacé le harnais par un collier confortable et ça a été fini

Moi c'est l'inverse, j'ai acheté le harnais spécialement pour ce trip, pour pouvoir la tenir en laisse sans qu'elle s'emberlificote dedans, ce qui arrivait tout le temps avec le collier. Le harnais m'a aussi servi à l'assurer lors des passages délicats. Sinon, elle n'est jamais attachée ! Non, là, c'était vraiment la pluie, elle a recommencé plusieurs fois après mais je ne me suis plus faite avoir smile


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#29 15-10-2019 20:01:39

tolliv
Sérénitude
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Il y en a qui font une randonnée avec un âne, ou un vélo, ou un être humain, toi c'est ta chienne. C'est très beau, vous devez être très complices.
J'aurais quand même peur que la chienne s'abîme les coussinets sur les cailloux. Avais-tu prévu des "chaussons" au cas où ?

Dernière modification par tolliv (15-10-2019 21:45:46)


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#30 15-10-2019 20:42:02

Joy Supertramp
Sempervirens
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Jour 6 - Vendredi 16 Août - Plus ou moins 14 km

Aujourd'hui, le beau temps est de la partie, et c'est tant mieux puisque la journée se déroule principalement sur les crêtes ! Dès le réveil, je vois que Mousse est en pleine forme : elle joue, trottine devant, cherche les papouilles, c'était donc bien le temps maussade d'hier qui la mettait dans cet état, quelle princesse ! Depuis Nekez Eguina, la journée commence par monter, assez sévèrement, pour atteindre les crètes d'Urkulu. Ca monte dré dans l'pentu, comme ça, à froid, dès le matin, mais c'est ce que j'aime alors je prends mon pied ! Je garde le nez sur mon GPS car je ne comprends d'abord pas bien par où je dois passer : il y a là mille sentes de brebis qui partent dans ma direction. Bon, finalement, je me repère à l'oeil et je vise, il me faudra une heure pour atteindre la crète, malgré que j'aie du contourner un troupeau, heureusement sans patou. Au sommet, je suis un peu déçue : c'est joli, c'est sûr, mais je m'attendais à mieux. En fait, je pense que c'est le travers numéro 1 quand on prépare un peu trop bien un voyage : on a déjà tellement vu de photos que la surprise s'en trouve amoindrie. Celà dit, je suis heureuse pour cette portion de pouvoir bénéficier d'une visibilité exceptionnelle, ça ne doit pas être simple dans le brouillard !

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Le sentier reste en crête un moment, puis un panneau en bois m'indique les chalets d'Iraty à seulement 2h30 de marche, pour 8km au lieu des 12 prévus. Ca me tente bien de raccourcir un peu aujourd'hui, je suis en forme physiquement mais j'ai comme une petite flemme qui pointe le bout de son nez... J'hésite 5 minutes et puis finalement non, je continue jusqu'au cromlech d'Occabé !
En chemin, je tente de joindre mon ami, celui qui gère l'envoi de mes colis de ravitaillement, pour lui demander d'ajouter des croquettes dans le prochain paquet, mas le réseau est capricieux et mon SMS arrivera trop tard. Tant pis, il me faudra continuer à remplir mes poches de barquettes de pâté pour chien...
Aux cromlech, la vue est chouette et le vent vivifiant ! J'y croise pas mal de monde, et Mousse joue pendant quelques minutes avec un copain chien pendant que je discute avec ses propriétaires. Je commence à ressentir l'admiration dans les yeux des gens quand je leur annonce mon intention de traverser les Pyrénées en entier. Inévitablement, la réaction est la même pour tous : "Toute seule ?!?", à quoi je répond systématiquement que je ne suis pas seule, je suis avec mon chien. "Mais vous n'avez pas peur ?!?" - Peur de quoi ? En général, personne n'arrive à me dire de quoi je devrais avoir peur, et celà m'amuse !

Je reprends la route en direction du Chalet Pedro, c'est la première longue descente depuis le début, alors je me concentre. C'est sur la piste donc je m'ennuie, mais je suis satisfaite car j'ai enfin trouvé ma technique de descente : j'arrête de me crisper sur les bâtons, je relache les épaules, je contracte les abdos, et, à petits pas, je descend rapidement. C'est assez grisant finalement ! Je m'arrête pour le pique nique sous les arbres juste avant le parking, et grace à Mousse et à ses manoeuvres de drague, je me vois offrir une banane, de l'eau, et en plus la dame récupère mes déchets  smile Mousse, elle, a gagné troios tranches de pain de mie, et si d'habitude je ne la laisse pas quémander de la nourriture, cette fois-ci et vu l'état critique du stock de croquettes, elle est autorisée.

Après un rapide coup d'oeil à la carte, je m'aperçois que le spot de bivouac choisi pour ce soir s'avère en fin de compte être une potentielle sente de vache à flanc de montagne, donc pas plat du tout. Je me demande bien ce que j'avais en tête le jour où j'ai préparé cette journée ... Je décide donc de m'arrêter au camping des chalets d'Iraty, il est vrai que l'appel de la vraie douche commence à se faire sentir. Cette option rallonge de 5km la journée de demain, mais ça devrait être jouable.

Au camping, c'est calme et propre et comme j'y arrive tôt, j'en profite pour accomplir mon rituel douche-lessive-cacahuètes-bouquin, au soleil. En plus, la gentille dame de l'accueil a accepté de m'amener au village pour que j'aille faire quelques courses, je vais pouvoir me faire un festin de roi !

Je l'attends un bon moment, elle a dit qu'elle venait me chercher lorsque sa journée se terminerait. Ne la voyant pas venir, je me rends à l'accueil : surprise, elle m'a oublié ! Flûte ! Je retourne à la tente et donne le sac de croquette à Mousse, pendant que je fais un état des stocks de ma nourriture. Le temps que je me retourne et elle a tout englouti, re flûte ! Mon ravito est après demain, il me faut donc absolument lui trouver quelque chose pour demain soir... ce qui implique d'attendre l'ouverture de l'épicerie pour décoller, car je ne croiserai aucun autre commerce avant Lescun. La journée promet donc d'être longue, avec les 5 km en plus d'aujourd'hui !


Jour 7 - Samedi 17 Aout

En ce septième jour de traversée, je vis mon premier réveil difficile : j'ai la boule au ventre sans trop savoir ce qui me met dans et état-là. Il doit y avoir une part d'apréhension : aujourd'hui, le vent souffle très fort et je suis sensée passer par le Pic d'Orhy, dont j'ai lu qu'il comportait un passage vertigineux. Je ne suis pas du tout à l'aise avec le vide, alors avec un vent pareil, je n'ose pas imaginer... Je remets en doute mes capacités à effectuer cette traversée, après tout, ma connaissance de la montagne est très limitée, et mon projet me semble tout à coup beaucoup trop ambitieux. Moi qui riait au nez des gens hier en leur demandant de quoi on pouvait bien avoir peur en marchant seule ! Et bien, de marcher seule justement. Aujourd'hui, la solitude me pèse, après 6 jours sans réels échanges.
Je replie tant bien que mal mon campement, à reculons, souffle un grand coup et reprends la route. Je m'arrête à l'épicerie et y déniche des lardons, du riz et du kiri pour ma chienne, tout en songeant qu'elle mangera mieux que moi ce soir (au menu : purée céréales - potimarron, pas mauvais mais quand même !). Je prends le chemin du Pic d'Orhy, en pensant à chaque pas que je veux rentrer chez moi. Je me fais violence pour continuer d'avancer, dans ce vent terrible qui tourbillonne jusque dans ma tête, m'arrachant quelques larmes. Allez ma vieille, un peu de courage ! Je sais que je vis là un moment charnière de la traversée, celui qu'il me faut passer pour pouvoir réellement commencer à vivre l'expérience à fond.


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J'espère trouver quelqu'un à qui emboîter le pas pour l'ascension du Pic, mais tous les gens que je croise me demandent à  moi des conseils sur la faisabilité de l'ascension aujourd'hui compte tenu de la météo, et ne sont donc pas plus en confiance que moi. Je me retrouve donc à marcher seule, et, perdue dans mes pensées, je loupe la bifurcation pour monter au pic. Je m'en rends compte rapidement et récupère, tout droit dans la pente, le bon sentier, quand tout à coup j'aperçois Xavier, un espagnol qui dormait lui aussi au camping hier soir ! Mon sauveur  ! Nous discutons deux minutes et commençons à marcher ensemble d'un mouvement tacite, Xavier est le parfait accompagnateur pour cette journée : il est déjà venu içi et me semble suffisamment expérimenté pour que j'aie confiance en lui. L'enclume qui m'obstruait l'estomac s'envole petit à petit, au fur et à mesure que nous discutons et grimpons vers le sommet. Pas peu fière, je le distance dans la montée malgré mon paquetage, et nous arrivons bientôt au passage gazeux, où je le laisse passer devant pour n'avoir plus qu'à suivre. Finalement, ça passe tout seul, il n'y a rien à craindre ici, le sentier contourne désormais la fameuse crète dont l'accès est formellement déconseillé. Nous arrivons ensemble au sommet, quelle vue ! Je me sens terriblement légère et engloutit mon pique-nique en discutant avec mon nouvel ami, qui ne sais pas quel rôle il a joué pour moi aujourd'hui, merci !


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Le fameux passage tant redouté ...



J'entreprends ensuite la descente, qui passe toute seule, et rattrape le GR12 qui fait route commune avec la HRP à partir du port de Larrau. Trop facile de suivre un balisage, voilà qui me donne des ailes même si la journée commence à être loongue. Pour ce soir, je vise, évidemment, l'abri d'Ardane ! Au niveau de Gaztarrigaina, j'aperçois au loin deux silhouettes que je me défie de rattrapper, allez hop, il s'agit de ne pas se faire prendre la dernière place dans la cabane ! Je les rejoins rapidement et rencontre alors deux filles de mon âge avec deux sacs ENORMES. Hannah est tchèque, Katrin est Allemande, et elle réalisent ensemble une semaine sur la HRP, avec des sacs de 27 kgs (dans lequel il y a un ORDINATEUR !!!), et elles galèrent (of course !) Je décide de les attendre et nous cheminons tranquillement jusqu'à la cabane en discutant. Après avoir fait le plein d'eau à la source, nous nous installons dans la cabane, enfin surtout moi car les flles n'ont pas l'air de la trouver à leur goût, c'est vrai que c'est rustique mais comparé à bon nombre de cabanes des Pyrénees, celle-ci c'est grand luxe ! Elles montent leur tente dehors pendant que je prépare le repas de Mousse, quand arrive bienôt à notre hauteur Fran, jeune anglaise, elle aussi en solo sur la HRP ! C'est incroyable comme rien n'arrive jamais par hasard : ce matin je souffrais de ma solitude, et je me retrouve ce soir à partager un morceau de l'aventure avec trois filles de ma génération smile


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En arrivant à Ardane.


Fran, elle, voyage léger : tout rentre dans son Osprey tempest 44. Nous discutons un peu matos, car nous avons la même sensibilité à ceci près qu'elle ne porte pas une semaine de nourriture sur son dos, ni de croquettes pour chien ! Demain, nous avons le même objectif : le camping de Lescun, soit 31 km, ce qui commence à être une grosse journée pour moi, surtout avec les 2000m de descente. Elle est partie il y a seulement 5 jours, elle doit donc marcher mieux que moi, mais nous décidons quand meme de démarrer la journée à la même heure le lendemain, c'est à dire très tôt car les orages sont annoncés en fin de journée.


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#31 15-10-2019 20:44:28

Olly
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Joy Supertramp post=542241[/quote a écrit :

Merci a toi pour ton retour !
Ma chienne dort avec moi dans la tente. La nuit, elle dort ! Ceci étant dit, moi je peux dormir sur mes deux oreilles car je sais qu'elle ne dort que d'une seule : si quelqu'un ou un animal s'approche, elle grogne. Mais par contre elle n'est pas du tout du style à rester aux aguets pendant des heures ce qui me permet de dormir tranquille, elle ne protège que les abords de la tente qu'elle a très vite defini comme sa maison. J'ai répondu à la question ?


C'est exactement la réponse que j'attendais. Je comprends totalement que tu "t'appuies" dessus.. Ça fait plaisir d'avoir un gardien  même si ça éloigne les animaux visible potentiels.. 

Si je peux me permettre un HS, le notre (Malinois/Amstaff) guette, guette, guette , dort (profondément) 4h puis, guette, guette, guette..........

Chasseur dans l'âme... En plus..

Mais bon, il a 11 mois et un tempérament de feu vu sa génétique (ce qu'on voulait!) Et il apprend très vite...

Donc je m'estime heureux......

Fin du HS (c'était juste pour discuter)

PS: j'espère ne pas m'être planté avec les quote.. -.-"

Édit : me suis pas planté  lol

Ceci étant dit, quand le notre dormais en tente ça allait très bien!.. sous tarp,c'est autre chose....

Dernière modification par Olly (15-10-2019 20:45:43)


Lorsqu'il m'est arrivé de rencontrer un immigrant qui chancelait sous un paquet contenant tout son bien -énorme tumeur, eût-on dit, poussée sur la nuque- je l'ai pris en pitié, non pas parce que c'était cela tout son bien, mais parce qu'il avait tout cela à porter.

- Henry David Thoreau -

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#32 15-10-2019 20:50:47

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

tolliv a écrit :

#542264Il y en a qui font une randonnée avec un âne, ou un vélo, ou un être humain, toi c'est ton chien. C'est très beau, vous devez être très complices.
J'aurais quand même peur que la chienne s'abîme les coussinets sur les cailloux. Avais-tu prévu des "chaussons" au cas où ?

Ma chienne, c'est un peu comme le prolongement de moi-même. En fait, elle est mon côté sociable : sans elle, je serais une vraie solitaire, mais avec elle, je peux aller vers les gens.

Pour les coussinets, c'était ma crainte aussi : j'avais donc amené un chausson, en me disant qu'un seul suffirait à protéger une blessure le temps de redescendre, et que c'était plus léger que deux. Je n'en ai pas eu besoin, c'est le seul item de mon sac qui ne m'a pas servi  wink


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#33 15-10-2019 20:54:22

Olly
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

trois flèches a écrit :

#542258Le problème avec les chiens c'est qu'une même attitude peut vouloir dire tellement de choses différentes qu'il est parfois difficile de trouver une solution à leur soucis.

Forcément puisque les chiens n'ont qu'un seul language corporelle, (quand il a été bien appris par maman) qui est universel, par contre, les maîtres sont loin d'être standard, et leurs problèmes avec...  wink

"Le chien ne fait jamais d'erreur, il fait ce qu'on lui demande" (ce qu'il a compris/ ce qu'on lui a appris!...)

smile


Lorsqu'il m'est arrivé de rencontrer un immigrant qui chancelait sous un paquet contenant tout son bien -énorme tumeur, eût-on dit, poussée sur la nuque- je l'ai pris en pitié, non pas parce que c'était cela tout son bien, mais parce qu'il avait tout cela à porter.

- Henry David Thoreau -

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#34 15-10-2019 20:55:50

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Ça fait plaisir d'avoir un gardien  même si ça éloigne les animaux visible potentiels..

En fait, pas tellement, c'est d'ailleurs grâce à elle que j'ai pu voir plusieurs troupeaux d'isards que je n'aurais pas repéré sinon. Elle ne les chasse pas, mais couine lorsqu'elle les voit, bien avant moi en général !!


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#35 15-10-2019 21:06:13

Olly
Membre
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

yikes  pas faux!!


Lorsqu'il m'est arrivé de rencontrer un immigrant qui chancelait sous un paquet contenant tout son bien -énorme tumeur, eût-on dit, poussée sur la nuque- je l'ai pris en pitié, non pas parce que c'était cela tout son bien, mais parce qu'il avait tout cela à porter.

- Henry David Thoreau -

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#36 15-10-2019 21:09:02

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

moi je suis comme Trois flèches,
avant je lisais mon Hervé du soir
après j'ai lu mon Guichen du soir (qui dort un peu sur son récit là  tongue  tongue  tongue )
et maintenant c'est ton tour.

j'adore.

ta chienne est super jolie et semble adorable.

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#37 16-10-2019 18:09:02

Joy Supertramp
Sempervirens
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

laxmimittal a écrit :

#542279moi je suis comme Trois flèches,
avant je lisais mon Hervé du soir
après j'ai lu mon Guichen du soir (qui dort un peu sur son récit là  tongue  tongue  tongue )
et maintenant c'est ton tour.

j'adore.

ta chienne est super jolie et semble adorable.

L.

Merci beaucoup encore une fois, ça me fait plaisir de rendre aux autres ce qu'ils m'ont donné auparavant smile

Sans plus attendre, la suite ...

Jour 8 - dimanche 18 Août

J'ai mis le réveil à 6h30, mon objectif est clairement de faire le plus de kilomètres possible à la fraiche, pour essayer d'arriver avant l'orage. En plus, j'ai remarqué qu'après 17h, j'ai du mal à avancer. Je me lève donc encore avec ce vent terrible et chaud qui souffle très fort, il emporte même la housse en mesh de ma tasse en titane, mais heureusement je m'en rends compte assez vite et je peux le récupérer. J'ai déjeuné dehors pour ne pas réveiller "tall man", arrivé hier au soir bien après nous toutes. Le jour se lève et la lune est comme posée sur la montagne, c'est joli. J'arrive à partir une heure plus tard, n'ayant pas la tente à replier ni à faire sécher, Frances est prête en même temps que moi et nous démarrons donc cette journée ensemble. Je la convainc de couper tout droit pour atteindre le premier col au lieu de suivre la piste, elle me suit mais je la sens stressée de ne pas être sur le tracé de son téléphone. Finalement, au milieu de la montée, elle se laisse distancer et me dit de partir devant. C'est vrai que j'ai la ouache ce matin !

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Vue depuis le col : c'est là que j'vais !



Je suis donc le GR12, très bien balisé même si j'hésite un peu au niveau du port de Bellay : sur ma carte le chemin contourne la crète par la droite, mais sur le terrain c'est par la gauche qu'il faut prendre. Le vent souffle de face et complique un peu la marche. Dans la descente sur Belagua, très jolie au passage, je sens mes jambes un peu lourdes ... j'ai peut-être trop donné dans la montée ce matin ? Je m'égare encore un peu de temps en temps, car le balisage est assez sporadique, mais sans jamais me perdre vraiment. Arrivée au refuge (fermé !), je grignote un bout tandis que Mousse tient les vaches à distance, Je m'apprête à repartir quand je vois Fran arriver, elle aussi a eu un peu de mal à s'orienter sur la fin ! Je commence par l'attendre, puis je comprends qu'elle préfère marcher seule sans oser me le dire lorsqu'elle me dit qu'elle doit téléphoner. Ok, pas de soucis, moi je file en direction de "la région quartzique du Pic d'Anie", phrase lue quelque part qui résonne dans ma tête depuis ce matin. J'appréhende un peu pour les coussinets de Mousse, ne sachant pas trop à quoi m'attendre.

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Coucou toi !

Après la rude montée au Puntal de la Cruz, dans laquelle je souffre clairement de la chaleur, je rentre dans cet espèce de défilé de caillou, au départ parsemé de végétation puis de plus en plus minéral, jusqu'à parvenir à cette sensation de désert incroyable qui m'envahit.

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J'ai l'impression d'être seule dans cet océan de cailloux, qui n'en finit pas de s'allonger alors que je vois au loin les nuages s'amonceler, à vitesse rapide.

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J'essaye de maintenir le ryhtme car je n'ai vraiment pas envie de me retrouver coincée ici sous l'orage, je trouve l'environnement hostile ! La progression est difficile et je fais des pauses toutes les 20 minutes, autant pour moi que pour Mousse qui se couche dans tous les coins d'ombre, mes provisions en eau s'amenuisent. La chaleur, ce n'est vraiment pas pour moi (J'suis Bretonne je sais pas si je vous l'ai dit ?!) ! Finalement, j'atteinds le col qui signe ma sortie du désert à 16h, les nuages se faisant de plus en plus pressants. Je suis quelques cains, m'égare un peu mais je finis par me repérer au bruit de l'eau. Je fais le plein à la source de marmitou juste avant que le brouillard n'engloutisse le plateau Sanchese.

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J'ai réussi à fatiguer un Border Collie !


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Le brouillard remonte aussi de la vallée.


On n'y voit plus à 10 mètres mais j'ai eu le temps de voir l'orientation globale du sentier quand j'étais au col, et, avec Iphigénie, je ne suis pas perdue du tout. Je redoute seulement de tomber nez à nez avec un patou, car les troupeaux ne sont pas loin, comme me l'indiquent les clochettes qui tintent de tous les côtés.

Tout à coup, j'entends quelqu'un derrière moi m'appeler, Fran m'a rattrappé ! Elle me dit être un peu perdue, mais pas du tout ! Nous suivons ensemble la sente jusqu'au plateau, en échangeant nos impressions sur cette journée dans la pierre. Fran descend vite, à petits pas, avec ses chaussures basses de trail. Je la laisse donc passer devant, et je me prends au jeu en essayant de la suivre, même si je sens la fatigue et que je dois être super concentrée pour ne pas glisser sur les racines détrempées. Je ressens alors les limites de mes chaussures, très sécurisantes certes mais semi-rigides, donc peu adaptées à la descente rapide. En même temps je ne savais pas que je pouvais descendre vite avant de venir içi !

Celà fait maintenant plus de 11 heures que nous marchons, et le brouillard s'est transformé en véritable pluie. Il est 19h quand, sur la dernière portion de piste qui nous sépare du camping, nous entendons le bruit d'un moteur. Ni une ni deux, je lève le pouce ! Pas d'intégrisme du "tout à pieds" chez moi, je n'aime pas la piste et la journée à assez duré ! Le chauffeur s'arrête, très sympa, et nous amène au camping. Fran est très chamboulée d'avoir fait du stop, elle a hésité avant de monter dans la voiture, et elle a l'impression d'avoir triché, ce que je peux comprendre. Elle essaye de me convaincre que nous n'avons fait que 2 km dans la voiture, probablement pour minimiser sa tricherie, moi je parierai sur 5 km mais je ne dis rien pour ne pas la perturber encore plus.

Arrivées au camping du Lauzart, c'est pile l'heure du service, alors je me fais plaisir et m'attable avec notre chauffeur et sa copine, ainsi que Fran, encore plus dépitée depuis qu'elle a appris qu'il n'y a pas de chambre individuelle mais seulement un dortoir. Finalement, elle trouvera un autre hébergement qui lui convient mieux pour la nuit et repartira juste après le repas, que pour ma part j'ai littéralement englouti ( trois assiettes de soupe aux lentilles, deux de pâtes au porc à la moutarde, et, à ma grande peine, un seul dessert). Une bonne douche plus tard, je traîne au lit en bouquinant jusqu'à 22h30 : demain, c'est repos !


Jour 9 - Lundi 19 Aout


Il a grêlé cette nuit apparement, j'ai bien vu que l'orage tonnait tout proche, mais j'ai mis mes boules Quies pour pouvoir me rendormir, alors ce sont mes voisins qui m'ont demandé si je n'avais pas de dégâts à signaler ! Rien de cassé, ma tente Ferrino Lightent 2 a parfaitement rempli son rôle. Par contre il y avait un MUL anglais à côté de moi dans une Lunar Solo, j'aurai bien voulu lui demander s'il n'avais pas pris l'eau mais il était déjà parti quand je me suis levée.

Cette journée de pause me permet de faire une vraie lessive, de déballer mon colis qui m'attendait au camping, et d'aller compléter avec quelques courses faites à l'épicerie du village de Lescun, qui est particulièrement bien achalandée. En effet, dans mes colis je n'ai pas prévu de journée off : il me faut me procurer de quoi manger aujourd'hui, et je fais main basse sur des fruits, des légumes, et une grosse boite de pâté pour chiens, ainsi qu'un gateau basque à la cerise des plus fameux, miam ! Le temps est couvert et pluvieux toute la journée, je bouquine donc bien au chaud dans la salle commune en mangeant du chocolat smile

En fin de journée, je discute avec un couple d'Alpins, adhérents au CAF et montagnards aguerris, venus randonner par ici, très sympatiques. C'est ma première vraie conversation dans ma langue natale depuis le départ, ça fait un bien fou, merci à eux s'ils passent par içi !


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#38 16-10-2019 20:58:26

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Jour 10 - Mardi 20 Août

L'étape initialement prévue pour aujourd'hui est toute petite : j'avais prévu qu'avec le poids du sac, fraichement rechargé de 7 kilos, je n'aurai pas envie de marcher bien longtemps. L'objectif est donc de rallier les cabanes d'Ansabère, à 10,5 km du camping. Je prends donc mon temps pour replier le camp, d'autant plus que le ciel est encore chargé même s'il se découvre lentement. Au moment d'aller payer le camping, je donne ma destination du jour au responsable, en lui confiant que ma grande crainte est de tomber sur les patous dans le brouillard.
A ce moment-là, son amie arrive et, m'entendant, m'explique que je ne pourrais pas dormir aux cabanes puisqu'elles sont occupées par le berger, mince ! D'après elle, il n'existe pas de cabane pour les randonneurs comme je l'avais lu avant mon départ...

Je décide de partir quand même, et on verra bien, je pourrais toujours pousser jusqu'à l'ibon de Acherito si besoin. Mais avant ça, il me faut accomplir une mission MUL : aller à la poste du village pour me renvoyer les deux morceaux de cartes dont je n'ai plus besoin, et mon livre lu pendant la première semaine. Je suis un peu juste sur l'horaire, et lève donc le pouce en sortant du camping, bingo, en une minute je suis devant la poste. Je vis là un petit moment déconcertant quand la postière, l'air surpris, m'annonce qu'elle n'a pas d'enveloppe et qu'il faut aller en chercher à l'épicerie. Je descends donc les quelques marches qui me séparent de l'échoppe, demande au patron où sont les enveloppes, il me répond d'aller voir à la poste et éclate de rire quand je lui avoue que c'est la postière qui m'envoie  ! Bon, je ne me laisse pas abattre, et retourne au guichet postal, où finalement la guichetière parvient à me trouver une enveloppe, à 7 euros, mais une enveloppe quand même.

Je repars donc, déjà plus légère, en direction du camping où passe le sentier. Je lève le pouce à nouveau pour m'éviter de marcher sur la route pendant trois kilomètres, et me fait déposer sur le parking du pont Lamareich, parfait ! La journée peut enfin commencer, à 12h45. Dans la montée, je croise plusieurs groupes de randonneurs et prend les infos à propos du patou : les premiers ne l'ont pas croisé car ils ne viennent pas des cabanes, les seconds m'informent qu'il est très gentil et pas du tout agressif, ouf !

Je me laisse doubler par un grand type juste avant d'arriver au lac d'ansabère pendant que je grignote mon gateau basque (un régal, vraiment !), que je rattrappe et double quelques minutes plus tard. Je croise alors le berger, assez rustre mais qui me confirme la gentillesse de son chien de protection. J'ai quand même attaché Mousse, et elle tiens absoluement à attendre le grand type qui marche derrière moi. Elle fait ça avec certaines personnes, c'est rigolo : elle passe devant moi, alors qu'elle marche toujours derrière d'habitude, et s'asseois au milieu du chemin en gémissant et en regardant derrière, le message est clair ! Au bout d'un moment de son petit manège, je finis par céder car j'en ai marre de m'emberlificoter les bâtons dans sa laisse, ralentis, et fait la rencontre de Johannes, un jeune Allemand qui fait la traversée intégrale sur la HRP.

Je ne pensais pas croiser autant d'étrangers sur ce sentier, ni si peu de français ! Nous marchons un peu ensemble et il me confie qu'il ne pense pas pouvoir aller au bout car c'est plus dur que ce qu'il pensait, il a souffert à cause de ses nouvelles chaussures (mais quelle idée ?!) et porte un sac beaucoup trop lourd pour lui, d'après ses dires. Il a bien optimisé son matériel mais m'avoue engloutir des quantités phénoménales de nourriture qu'il doit porter sur son dos pour ne pas manquer.

Plus on monte, plus il fait froid, très humide, et on ne voit absolument rien quand on arrive sur les berges de l'ibon. Je fais rapidement un tour pour voir, c'est bivouaquable mais je n'ai pas du tout envie de passer l'après midi au pôle Nord, je décide donc de continuer un peu. Il fait tellement froid que j'ai même sorti les gants ! Johannes, lui, devient rapidement tout mauve, vite vite, nous entamons la descente. Nous discutons gaimement et je me rends compte à quel point c'est agréable de parler plusieurs langues lorsqu'on voyage seule, sans ça, j'aurais vraiment très peu parlé en 10 jours ! Malheuresement nos chemins se séparent bientôt : lui continue sur le tracé de la HRP vers le col de Pau, tandis que je descend vers la Mina pour rejoindre le GR11 espagnol que je vais suivre pendant une dizaine de jours. Mousse étant interdite de séjour dans le Parc National, c'est avec un peu d'amertume que je regarde Johannes s'éloigner.

La descente est facile et je suis rapidement sur la piste de la Mina, mais je mets quelques temps avant de trouver le refuge qui se trouve en fait de l'autre coté du Rio Aragoa Subordan. C'est une jolie cabane en bois qui est en train d'être rénovée par un papy local, comme me l'explique Lorraine, qui comme son nom ne l'indique pas, est Irlandaise, mais vit en Espagne. Ancienne trapéziste, elle est maintenant traductrice et profite de ses 5 jours annuels de vacances sans ses enfants pour venir marcher sur le GR11.

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Nous nous installons pour la nuit, en calfeutrant le pignon encore béant avec des couvertures trouvées sur place. J'installe mon matelas sur deux bancs côte à côte et me couche en regardant les étoiles par la fenêtre : aujourd'hui, une nouvelle étape commence, celle de la randonnée sur GR, en dehors de la France. Je n'ai finalement pas souffert du poids de mon sac, je dois commencer à m'habituer ! En revanche, j'ai encore modifié mon plan d'étapes, je ne sais donc pas où je serai demain soir.




Jour 11 - Mercredi 21 Août - 21,4 km + 969m - 665m


La nuit a été plutôt bonne malgré le vent qui s'engouffrait par le pignon, et je me lève en même temps que Lorraine qui est prête avant moi. Je prends mon temps, car je sais que la journée va être facile, et en plus, il fait beau, enfin ! Je longe le Rio qui serpente dans la vallée, traverse plusieurs troupeaux de vaches qui paissent tranquillement. Mousse s'amuse à courir après les marmottes et je dois fréquemment la rappeller, il faut dire qu'elle n'en a pas encore l'habitude ! Je me rends compte du temps qui passe et de la chance que j'ai d'être, ici et maintenant.

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Je rattrappe rapidement Lorraine et nous cheminons ensemble jusqu'au col et la cabane de la Loma, où nous aperçevons les magnifiques Aguas Tuertas, qui sont à la hauteur de ce que je m'étais imaginée en lisant le CR de Laxmimittal (coucou !), c'est vraiment grandiose ! Nous jouons ensuite les équilibristes pour remplir nos gourdes à un mince filet d'eau un peu plus bas, ce qui nous occupe presque une heure, alors qu'il y a une source d'un bien meilleur débit 5 minutes plus loin, un grand classique ! Nous marchons tranquillement, toutes les deux contemplatives de ce lieu si particulier. Il n'y a quasiment personne pour venir troubler l'air, et je laisse mes pensées vagabonder ... Je n'ai donc pas de photos, j'étais occupée à vivre l'instant présent.

Nous visons l'Ibon d'Estanes pour le pique-nique, où, pendant que je me restaure, Lorraine, plus courageuse que moi, fait quelques brasses.

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Là, nos chemins se séparent : je suis l'ancien GR11 jusqu'à Candanchù tandis qu'elle préfère suivre le nouveau tracé. Moi, je ne savais pas qu'il y avait un nouveau chemin, alors je suis ce que j'ai prévu. Il semblerait qu'ils aient choisi de modifier le tracé pour éviter que le GR11 ne passe en France, puisque nous allons traverser un petit bout de la vallée d'Aspe. C'est d'ailleurs une portion magnifique, la forêt est particulièrement impressionnante et j'y prends un bain de silence après ces quelques jours passés accompagnée. Je ne suis pas sensée être là avec ma chienne, mais je prends le risque en avisant que j'ai fort peu de chance de tomber sur un garde sur ces quelques kilomètres, et je garde Mousse au pied tout le long.

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J'arrive à Candanchù en fin d'après-midi, et comme je m'y attendais, c'est moche. Pourtant, je n'ai pas envie d'aller plus loin aujourd'hui, et je m'attable en terrasse pour boire mon premier coup du voyage : une grenadine ! Quelle folie !

Finalement, il y a là un genre de refuge, où je demande où je peux planter ma tente. Le gars me répond que " la montana es grande ", ce à quoi je réponds : grande peut-être, mais loin d'être plate ! Il acquièce et m'autorise à camper dans le jardin d'un air dédaigneux, mais moi je m'en fiche, j'ai passé une bonne journée alors merci quand même  smile
Je profite d'être "en ville" pour me payer un resto, une entrecote-frites que la serveuse m'affirme que je ne pourrais pas finir, c'est mal me connaître ! Mousse en profite pour faire du gringue aux Anglais attablés à côté, complètement gagas, et gagne le pactole en engloutissant toutes leurs croûtes de pizza et restes de repas. Repue, je me couche assez tard après avoir rapidement discuté avec une troupe de garçons partis à la découverte de la randonnée entre copains.

Dernière modification par Joy Supertramp (16-10-2019 21:03:54)


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#39 16-10-2019 22:07:37

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

aaaahhhhh

tout ce que tu raconte est un plaisir !

c’est grace à un récit de René94 que j’ai eu envie de passer par Aguas Tuertas pour commencer mon périple.

puisse la transmission continuer de récits en récits.

j’attends la suite avec impatience car je voudrzis bien savoir comment est le GR 11 jusqu’à Formigal.


smile  smile

L.

Dernière modification par laxmimittal (16-10-2019 22:09:37)


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#40 18-10-2019 14:05:14

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

laxmimittal a écrit :

#542405aaaahhhhh

tout ce que tu raconte est un plaisir !

c’est grace à un récit de René94 que j’ai eu envie de passer par Aguas Tuertas pour commencer mon périple.

puisse la transmission continuer de récits en récits.

j’attends la suite avec impatience car je voudrzis bien savoir comment est le GR 11 jusqu’à Formigal.


smile  smile

L.

Merci à René94 alors s'il passe par ici !

Jour 12 - Jeudi 22 Août - 20 km, plus ou moins 1100 m D+

La journée commence par une lessive à la fontaine du village, il va faire beau je pourrais donc tout faire sécher rapidement. Personne ne me regarde bizarrement, les gens ici doivent avoir l'habitude ! Je prends ensuite la direction du GR11 qui me fait quitter Candanchù tranquillement, en suivant le lit de la rivière.

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Je suis particulièrement heureuse d'être là ce matin, je crois que ça me fait du bien d'être seule à nouveau, et de marcher à mon rythme. Je croise un monsieur qui fait lui aussi un morceau du GR11, si j'en crois la carte qu'il a laissé tomber un peu plus loin. Je le hèle, sans succès, il a filé, tant pis pour lui, tant mieux pour moi : sa carte est plus précise que celle que j'ai, elle pourra me servir pour les prochains jours.

Le chemin s'élève tout doucement, d'abord sur une piste ombragée puis à découvert, rive gauche de la rivière. Le soleil commence à chauffer et je m'arrête à l'ombre au bord du chemin, pour ma pause fruits secs désormais traditionnelle. Je vois des randonneurs commencer à arriver au loin, alors je reprends la route, j'ai envie de marcher seule aujourd'hui !

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Le paysage commence à changer ...

Le GR11 passe ensuite dans le fond d'un vallon où paissent les chevaux, puis s'élève rapidement par une raide montée en direction des Ibones de Anayet. Pendant une heure, je grimpe donc à bon rythme, et, en voyant que je suis suivie par une fille, avec un tout petit sac, je me lance le défi de ne pas me faire doubler, non mais ! Je commence à avoir envie d'un peu de challenge physique maintenant que j'ai bien pris le rythme ! J'arrive donc en haut avant elle, elle s'arrête reprendre son souffle, j'ai gagné big_smile  !

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J'ai quand même pris le temps de faire quelques photos ...


Au lac il y a du monde, mais c'est vraiment chouette, la vue est splendide et il fait particulièrement bon. Je prends le temps de manger et de rattrapper mon retard dans mes notes, ça fait 4h que je marche et j'estime qu'il m'en reste à peu près autant, mais je compte faire du stop pour m'éviter de marcher sur l'autoroute !

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Coucou toi !

Dans la descente, hop hop, je suis rapide, ma technique fonctionne de mieux en mieux et j'arrive au parking du corral de las mulas 2h plus tard. En fait, le GR11 suit l'autoroute pendant plusieurs kilomètres, avant de rentrer par une piste dans Formigal puis, enfin, d'arriver à Sallent de Gallego par la route. Et moi, marcher au bord de l'autoroute, c'est vraiment pas mon truc, surtout en plein cagnard comme aujourd'hui, alors je fais du stop.

J'attends depuis à peine 10 minutes quand je me fais prendre par un jeune d'à peu près mon âge, qui a lui aussi un chien, parfait ! Il m'explique que j'ai de la chance d'être tombé sur lui pour plusieurs raisons : faire du stop en espagne, ce n'est pas très habituel, et en plus c'est interdit sur l'autoroute. Avec mon chien,,ça rajoute encore de la difficulté ! En fait, j'ai l'habitude du stop, et c'est très fréquent que les conducteurs considèrent qu'ils sont les seuls gens sympa du coin, et que sans eux, on y serait encore ! Ce n'est évidemment pas vrai mais c'est une forme de remerciement aussi que de les laisser croire qu'ils nous ont vraiment sorti d'une galère, alors je le remercie chaleureusement lorsqu'il me dépose en plein dans Sallent de Gallego.

Je ne m'attendais pas du tout à trouver ici une aussi jolie petite ville, et c'est avec bonheur que je vais prendre une pause auprès de la rivière, en engloutissant 3 pains au laits beurre-chocolat et une crème aux oeufs, avec laquelle j'ai décidé de me réconcilier depuis mon aventure désastreuse à Elizondo. Je reprends ensuite la route pour aller bivouaquer près de l'embalse de la Sarra, où je devrais pouvoir trouver un coin propice. Je m'arrête peu après 18h, dans un champ presque plat, bordé par la rivière qui me tends les bras pour une douche fraîche improvisée, voilà qui fait du bien ! Mais la nuit tombe vite car le soleil est caché par la montagne, et le froid avec, alors je me réchauffe avec une bonne platrée d'Aligot à l'ail, miam ! (Je vous conseille à tous ces Aligots vendus au rayon purée Mousline, avec un peu de lait en poudre, c'est très bon !)

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A Sallent de Gallego, un signe du destin me rappelle où je vais ...


Jour 13 - Vendredi 23 Aout - 12,5km +1500m -600m

Au réveil, la tente est dégoulinante d'humidité : forcément, à découvert, en fond de vallée près de la rivière, il ne pouvait pas en être autrement. Ca me prend donc un temps fou de remballer car j'essaye de la sécher au maximum, et en plus il caille bien comme il faut et j'ai les doigts engourdis. J'ai fait un rêve un peu spécial qui mets du temps à sortir de ma tête, mais je finis par décoller. Comme toujours quand il fait froid, je n'ai pas encie de partir en short / T Shirt, donc je fais de nombreuses pauses pour enlever mes couches une à une au fur et à mesure que je me réchauffe. Ce matin, mon laçage de chaussures me demande aussi un peu d'attention et je dois m(y reprendre plusieurs fois pour en trouver un qui me satisfasse.

Ceci dit, je suis bien motivée et même un peu excitée voire anxieuse pour cette journée, car je dois passer le col de Tebarray, dont je ne suis pas sûre qu'il soit faisable pour un chien, ni pour quelqu'un avec le vertige d'ailleurs.

Dans la montée vers Respumoso, je croise le mec avec le sac le plus énorme et le plus mal réglé de toute l'histoire : son enclume lui descend sous les fesses, décollé du dos bretelles désserrées à fond, ouille ! Evidemment, je le double. D'ailleurs, je double tout le monde, et je mets une heure de moins que le topo pour arriver au refuge, malgré toutes mes pauses lacets. J'y grignote quelques cacahuètes, et décide de ne pas m'alourdir d'une digestion tout de suite : vu d'ici, la montée au col de Tebarray à l'ai vraiment rude.
Je repars donc après avoir fait le plein d'eau à la fontaine (ce qui alourdit bien plus qu'une digestion celà dit lol ), et en avant la musique, je monte à rythme constant, quelques centaines de mêtres derrière un gars avec qui j'ai causé panneau solaire au refuge. Mon idée est de ne pas me retrouver toute seule au moment critique, si jamais j'ai besoin d'aide pour hisser Mousse.

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Le col de Tebarray, c'est celui qui est au niveau du névé tout la haut. Ca grimpe !

En chemin, je croise un type pas très commode qui me barre le passage, je préfère l'éviter. En plus, il a de très grandes oreilles ! lol

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Finalement, je prends une petite pause le temps de boire un coup au bord de l'ibon de Llena Cantal, sans même m'asseoir. Il y a là un homme d'un certain âge, visiblement randonneur aguerri si  j'en juge par ses chaussures à l'air bien éprouvées, et sa balise gps accrochée à la bretelle de son sac. Je suis en train de songer à lui demander ce qu'il pense de monter la-haut avec un chien quand il commence à replier ses affaires, bon, tant pis ! Ah non, finalement il va juste s'asseoir un peu plus loin en lançant un sonore " PERROS DE MIS CORONES !" (je vous laisse traduire ...) Mousse ne s'en est pourtant pas du tout occupée et, après avoir bu dans le lac, elle truffe l'herbe aux alentours, tranquillement. Je suis donc particulièrement remontée contre ce type, et j'envisage sérieusement de lui demander ce qui ne va pas, avant de me raviser, et de repartir en lançant un tout aussi sonore "HOMBRES DE MIS CORONES " ! Nonmaisho ! Grrr, je fulmine contre ces gens qui ne savent qu'insulter sans prendre le temps de demander : s'il n'aimait pas les chiens, il n'avait qu'à me le dire et je l'aurais tenue au pied sans problème, pffff ...

Ceci dit, le fait de penser à tout ça détourne mon attention de la montée raide que je suis en train de m'enfiler, et je me rends compte que ça grimpe vraiment fort au moment où je ne peux plus poser que la pointe de mon pied sur le sol ! Ok, donc là, c'est un peu la limite d'utilisation de mes chaussures : avec leur rigidité, je ne peux monter que sur la pointe, ce qui ne serait pas si dérangeant si le sol n'était pas constitué que de petits cailloux qui roulent... Mais je me concentre, sans trop penser au vide à ma gauche, et j'avance tranquillement, Mousse suit sagement derrière moi, comme à son habitude.

Je croise un groupe d'espagnols, donc le meneur m'informe que je ne pourrais sûrement pas passer avec mon chien. Je le remercie pour l'information, mais je décide d'aller voir quand même, de toute façon, j'y suis presque ! Je rencontre ensuite une jeune femme, en difficulté dans la descente (elle descend assise en fait), qui me dit " You know that something hard is coming for you, right ?", ce qui n'est pas fait pour me rassurer, mais je continue d'avancer. D'ailleurs, plus j'avance, plus je me dis que ça ne passera jamais, c'est beaucoup trop raide, d'ailleurs, je ne vois même pas les cables supposés aider à l'ascension ! Ah ben non, normal, c'est pas par là ! J'avais mal identifié le passage, mais en entendant des voix sur ma droite je tourne la tête et découvre, avec soulagement, le fameux passage difficile, bien plus simple que celui que je visais ! Du coup, ça me paraît carrément faisable, dans le sens de la montée en tout cas. Dans la descente, je ne sais pas, d'ailleurs il y a là un couple d'européens du Nord qui descendent lentement. Lui est plutôt à l'aise, elle est complètement bloquée sur la paroi. Je leur dit de prendre leur temps et tente même quelques blagues pour la détendre un peu, après tout, c'est sûrement ce passage qu'ils raconteront le plus à leur retour, autant que je fasse partie de l'histoire !

En attendant, je n'ai pas trop envie de rester au-dessus du vide sans bouger trop longtemps, alors je décide de commencer à grimper en me passant de l'aide des cables, utilisés par le couple, et je m'élance à mon tour sur la droite du passage, avec Mousse en tête, attachée. Je la fait monter de quelques mètres devant moi, la longueur de la corde en fait, puis lui dit "Stop, Assis", ce qu'elle fait à merveille. Ensuite, je la rejoins, et ainsi de suite, par paliers, je monte. A un moment, je suis un peu en difficulté sans parvenir à trouver vraiment de prises, il faut que je revienne là où il y a les cables en enjambant une corniche, fiou, faut pas tomber là, j'avise une prise et j'y vais sans me laisser trop le temps de gamberger, ouf, c'est fait, hop, j'attrape le cable, me hisse sur les derniers mètres, et j'arrive en haut, à bloc d'adrénaline et complètement trop heureuse, et je lâche un "Wouahhh c'était trop bien !!" Un peu trop sonore qui fait rire les gens arrêtés au col !

Je félicite à grand renfort de caresses ma super chienne qui a vraiment été super attentive et aux ordres dans ce passage, des gens sur le col lui donnent même un bout de sandwich pendant que je discute avec une fille qui me raconte son récent hélitreuillage, bouh ! Encore toute gaillarde, il me fait maintenant entamer la descente. Dans d'autres circonstances, elle m'aurait fait peur, mais maintenant que je viens de vaincre ma peur du vide et que j'y ai pris énormément de plaisir, je l'envisage différement. Je descend donc tranquillement, le sourire jusqu'aux oreilles, en me retournant face à la pente dans les endroits un peu trop raides, jusqu'à rallier le col de l'enfer, au pied des pics du même nom.

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Ca, c'est le petit passage difficile, peut-être long (haut ?) de 20 ou 30 mètres.

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La vue du col de Tebarray depuis le col de l'Enfer, et un bout de mes empreintes digitales en cadeau !

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La descente vers les Ibones azules.

Il ne me reste ensuite plus qu'à descendre dans les blocs jusqu'à l'Ibon azul superior, où j'ai prévu de bivouaquer. Il est du coup relativement tôt, à peine 15h, mais l'endroit est tellement propice que je ne peux y résister, d'autant que j'ai eu mon lot d'émotions fortes et que je n'ai pas encore mangé. Je passe donc l'après midi au bord du lac, à bouquiner et à manger, pendant que mes affaires sèchent au soleil et que Mousse joue avec les autres chiens. En effet, il y a un peu de monde qui commence à arriver au fur et à mesure que la journée passe, je pense que c'est un lieu prisé pour le bivouac du week-end. Ceci dit, je me trouve un coin au calme en m'installant dans un recoin, ce qui me permet d'avoir la vue sur le lac, entourée de tous ces 3000, sans personne dans mon champ de vision, le pied !

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Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#41 18-10-2019 14:49:27

René94
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Lieu : Mont Griffon (du 9-4)
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Oui, Joy et laxmi, je lis tous les récits et j'adore les Pyrénées.
Quel récit ! On a l'impression de vivre l'étape avec toi smile


"Je ne suis pas ce qui brille..." (F. Marchet)
Mon trombi

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#42 21-10-2019 17:48:50

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

René94 a écrit :

#542576Oui, Joy et laxmi, je lis tous les récits et j'adore les Pyrénées.
Quel récit ! On a l'impression de vivre l'étape avec toi smile


Merci René, je continue !

Jour 14 - Samedi 24 Août - 17km +1231m - 1856m

Ce matin la tente est sèche, c'est miraculeux ! En fait, il est assez tard et il fait déjà chaud. Je prends mon temps pour replier le camp et décolle vers 9h30, tous les autres randonneurs qui ont bivouaqué ici sont déjà partis. Au programme aujourd'hui : montagnes russes ! -900, + 1200, - 900m. Je commence donc par descendre, dans les cailloux, jusqu'à l'ibon azul inferior, puis jusqu'au refuge de Brachimana où je ne m'arrête pas.

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Il y a beaucoup de monde sur le sentier, en sens inverse du mien : on est samedi et le ciel affiche un bleu éclatant, les espagnols sont de sortie ! C'est un peu pénible d'éviter tout ce monde, d'autant que le terrain n'est pas évident : des cailloux, des cailloux, des cailloux ! En revanche, Mousse attire toujours autant la sympathie et assez agréable d'avoir systématiquement un sourire de la part des gens que je croise, dès lors qu'ils l'aperçoivent. Avec tout ça, je mets deux heures et demie à descendre jusqu'à la reina, au-dessus de Banos de Panticosa. Je m'arrête un peu à l'écart du sentier pour grignoter un bout et capter du réseau, je suis très heureuse d'apprendre que ma petite soeur à eu son permis ! Je prends mon temps pour regarder la météo, envoyer quelques photos à mes proches, verifier la suite du programme, puis je commence à monter.

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La vue sur Banos de Panticosa, où je ne descend pas.

Si jusque là le sentier magnifique bordé de cascades et de vasques ramenait son lot de promeneurs, dans la deuxième partie je suis quasiment seule, ce qui n'est pas pour me déplaire. Il fait chaud mais la montée passe tellement bien que je me dis que, vraiment, les montées, c'est mon truc, faut pas que j'aie peur de faire du dénivelé ! Bon, en fait, j'y suis pas encore tout à fait, il me reste encore deux cols à passer, et celui après les ibones de Brazato est assez costaud sur la fin, il faut mettre les mains encore une fois. Mon expérience de la veille aidant, je ne me pose pas de questions et je grimpe là haut sans soucis. Ensuite, il faut encore traverser à flanc un bon moment dans "un pierrier de gros blocs, assez ludique" (encore une phrase lue quelque part, ici peut être, qui m'accompagne en boucle à ce moment là). Ludique je dis pas, mais moi, je commence à en avoir marre des cailloux, la relative rigidité de mes chaussures ne me permettant pas d'évoluer comme je le voudrais sur ce type de terrain. Je prends donc une pause bien méritée au dernier col, il est 15h30 et je n'ai plus qu'à descendre pour arriver à la cabane Labaza (ou cerbillonar selon les cartes). J'admire face à moi le verso du Vignemale, d'après ce que j'en déduis de ma position.

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J'attaque donc la descente, encore une fois dans les gros blocs, c'est vraiment une journée intégralement sur la pierre aujourd'hui ! Au bout d'un moment, le soleil commençant à décliner et la fatigue à poindre, je m'occupe l'esprit en inventant des chansons sur les cailloux. Mousse, elle, est à son aise, elle évolue comme une chèvre sur ce type de terrain et arrive même à suivre le balisage, je ne sais pas comment c'est possible mais toujours est-il que je n'ai qu'à la suivre. Finalement, je rejoins la rive du Rio Ara que je longe pour rejoindre la cabane, que je sais être spartiate. Je rattrappe un couple d'espagnols à qui je monte une marmotte qui, courageuse, est restée stoïque face à Mousse. Je les double, et atteind la cabane 45 minutes plus tard.

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Avec le terrain difficile et la chaleur, je suis vannée, et même si la cabane est plus que spartiate, je suis heureuse de la trouver ! Je décide de monter la tente dans la cabane car le toit me semble peu fiable et il est probable que la pluie s'invite cette nuit. Ma tente n'est pas autoportante, mais avec l'aide de grosses pierres j'arrive à un résultat satisfaisant. Merci les cailloux, vous me devez bien ça ! Je me fais une micro toilette au gant, puis, alors que j'installe mes affaires dans la tente, j'entends Mousse aboyer dehors. Je passe la tête par la porte, et je vois Jésus ! Jésus, il arrive tout transpirant de San Nicolas de Bujaruelo, et il a une drôle de technique pour tenir les chiens à distance : il lui aboie dessus en tapant ses batons par terre ! Ca ne marche pas du tout, Mousse croit qu'il veut jouer et lui tourne encore plus autour, vite vite, je la rappelle pour faire les présentations plus calmement ! Il se réconciliera  bien vite avec elle et lui offrira une saucisse, quelle chanceuse ! Lui, il a prévu de faire le Vignemale demain, mais intérieurement je me demande comment il va faire, il a déjà l'air de souffir rien que pour aller chercher de l'eau au ruisseau !  Mais bon, il me raconte avoir déjà gravi un paquet de sommets du coin, et des Alpes aussi, alors je lui fait confiance, il y arrivera. Nous discutons un peu puis chacun s'installe dans sa partie de cabane, et je l'entends ronfler à peine allongé, efficace ! Moi, demain, je serais au camping !


Jour 15 - Dimanche 15 Août - 16km +800 - 1500m


A l'inverse de Jésus, j'ai mis du temps à m'endormir. J'ai eu trop chaud, dans mon duvet dans la tente dans la cabane, et du coup je ne me réveille qu'à 8h30, alors je mets le turbo pour me préparer. Je n'ai qu'une demi journeé à faire pour atteindre le camping où je dois récupérer mon deuxième colis, mais ça me plaît bien d'arriver avant l'orage annoncé ce soir.

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Un dernier regard en arrière ...

Le chemin est agréable, et devient même particulièrement beau en arrivant sur Bujaruelo : le rio forme des vasques d'un bleu extraordinaire qui donnent terriblement envie d'y plonger. Comme on est dimanche, il y a du monde qui se promène, je croise même des groupes qui s'en vont visiblement faire du canyoning, si j'en juge par leur matériel. Je fais une pause près du refuge pendant que Mousse joue dans l'eau avec un énorme chien blanc.

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Après le refuge, le GR11 chemine quasiment à l'horizontale, ça me fait du bien de pouvoir marcher en laissant mon esprit divaguer ! La concentration de ces derniers jours avait laissé peu de place à mes gambergements quotidiens, ça m'avait presque manqué ! Je pense souvent à mon matos dans ces moments-là, à comment je pourrai changer certaines choses pour pouvoir être plus confortable, et donc moins lourde. Bon, aujourd'hui, mon sac est vide donc je pense surtout à mes chaussures, qui commencent à ne plus trop me convenir maintenant que je prends du plaisir à marcher vite.

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La vue se dégage sur le massif du Mont Perdu, mais les nuages s'amoncellent ...

Comme prévu, j'arrive au camping San Anton à 14h, je récupère mon colis et dévore mon midi ! La Pompote remplie d'huile d'olive n'a pas tenu la pression, et à badigeonné tout le fond du carton. Heureusement, les dégats sont limités et ni mon livre ni ma carte ne sont trop abimés, tout le reste est bien emballé. Le camping est bien tenu, les sanitaires sont hyper propres et je me fais une joie d'en profiter ! Je passe ensuite l'après-midi à étudier les différentes options qui s'offrent à moi pour la suite.

C'est déjà la portion pour laquelle j'avais passé le plus de temps à choisir mon itinéraire, mais aujourd'hui je ne suis plus si sûre de vouloir monter à Goriz demain. Déjà, parce qu'on ne m'a pas vanté l'accueil de ce refuge, ensuite parce que la météo s'annonce particulièrement exécrable après demain, jour où je suis supposée descendre de Goriz à Fon Blanca sur une portion que l'on m'a déconseillée avec un chien, et enfin parce qu'après avoir ausculté Mousse sous toutes ses coutures, je me suis aperçue que les deux journées précédentes avaient sacrément poncé ses coussinets, et que maintenant j'arrivais à voir au travers par transparence ...

En bref, j'ai peu envie de me retrouver sous l'orage à desescalader une paroi avec un chien blessé aux coussinets dans deux jours, il me faut donc un plan B. En plus, mon tendon d'achille continue d'être sensible depuis la montée au col de Tebarray où il a un peu trop frotté sur ma chaussure, et puis j'en ai marre des cailloux. C'est décidé, je vais contourner le massif par le sud en empruntant le GR15, un sentier du piémont qui me permettra d'atteindre Bielsa en trois jours, pour lequel je trouve une trace GPX bienvenue étant donné que, ayant découpé mes cartes, je n'ai pas de support papier pour ce GR15.

Malheureusement, ce changement d'itinéraire ne me permettra pas de passer par le fameux canyon d'Ordessa, ce qui m'embête un peu. Je décide donc finalement de passer une nuit de plus dans ce camping et d'aller, demain, me balader dans le canyon en laissant mes affaires sur place.

Toutes ces décisions m'ont pris du temps, et je ne suis qu'à moitié satisfaite puisque celà me fait perdre un jour sur mon programme initial, ce qui complique encore plus les retrouvailles prévues avec mon père à mon entrée en Ariège, déjà serrées niveau timing ... Allez, on verra bien, je me remercierait sûrement quand je serais bien à l'abri dans la vallée pendant que l'orage rendra la descente de Goriz impraticable !


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#43 21-10-2019 18:51:52

Olly
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Pffff c'est dégueulasse d'avoir de si beaux paysages...  lol

Que d'aventures... Ça donne envie.
smile


Lorsqu'il m'est arrivé de rencontrer un immigrant qui chancelait sous un paquet contenant tout son bien -énorme tumeur, eût-on dit, poussée sur la nuque- je l'ai pris en pitié, non pas parce que c'était cela tout son bien, mais parce qu'il avait tout cela à porter.

- Henry David Thoreau -

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#44 21-10-2019 18:58:50

trois flèches
Invité

Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Toujours aussi cool de te lire en rentrant du taf, ça fait du bien et ça permet de se poser agréablement. Pour l'instant la météo n'est pas trop mal, pourvu que ça continue smile .

La douleur au tendon d'achille n'était elle pa dû à la rigidité de tes chaussures ?

#45 22-10-2019 22:18:08

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

trois flèches a écrit :

#542843Toujours aussi cool de te lire en rentrant du taf, ça fait du bien et ça permet de se poser agréablement. Pour l'instant la météo n'est pas trop mal, pourvu que ça continue smile .

La douleur au tendon d'achille n'était elle pa dû à la rigidité de tes chaussures ?


Merci encore ! Si, je pense que c'est ça le gros problème de ces chaussures...enfin pour l'instant ! (Teasing  lol )

Jour 16 - Lundi 26 Aout - Journée "off" : 12km

Après une petite grasse matinée, je décide de partir explorer le canyon d'Ordessa. C'est facile, il me suffit de suivre le GR11, que j'aurais du emprunter si je n'avais pas changé mes plans. Du camping, il me faut brièvement marcher sur la route avant de rattrapper le sentier, mais il n'y a pas de voitures. Le temps est un peu plus couvert aujourd'hui, alors j'emporte ma vester imper, une bouteille d'eau et un pique nique, acheté hier soir à l'épicerie du camping. Je n'ai pas prévu de petit sac pour ce type de sortie à la journée, mais la poche sommitale de mon Osprey Aura AG 50 se détache et fait parfaitement bien l'affaire, en utilisant ma ceinture comme bandoulière. Je perds juste un peu mon froc lol ! J'ai parfois aussi utilisé la laisse de Mousse, mais aujourd'hui j'en ai besoin car les chiens doivent être tenus en laisse.

Au départ, j'apprécie énormément de marcher dans la forêt, sans le sac à dos et surtout en sachant déjà où je vais dormir ce soir. Ceci dit je suis quand même encore un peu frustrée de ne pas avancer sur mon programme, mais je compte sur la beauté du site pour effacer tout ça !

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Le sentier monte d'abord un peu, mais ça me paraît tellement facile sans le sac que c'est comme si c'était plat. A un moment, Mousse me fait le traditionnel coup du "attends y a quelqu'un derrière !", et avec la laisse, c'est extrèmement pénible, alors j'attends. Et qui voilà ? Mr Sac Enorme croisé quelques jours plus tôt ! J'ai oublié son prénom, mais il est Allemand et effectue une traversée sur le GR11. Nous discutons un peu, il me dit qu'il ne fait jamais de journées Off car il s'ennuie vite s'il ne marche pas, ça se tient ! Il n'a pas un super chien pour faire le pître, lui. Bon, il me confie quand même qu'il trimballe quelques livres dans son sac, je n'en aurai pas douté ! Lui aussi, comme Johannes rencontré aux cabanes d'Ansabère, m'annonce qu'après Andorre, c'est plat. Je me demande s'il n'y a pas un bouquin Allemand qui répandrait de fausses informations au sujet de la catalogne histoire de les laisser tranquilles sans que les touristes ne viennent les emm... enquiquiner ?!

Au bout d'un moment, je le laisse et pars devant. Il y a de plus en plus de monde sur le sentier au fur et à mesure que j'avance vers le canyon, et ça commence à m'exaspérer un peu, et puis en plus, j'ai faim ! Je m'arrête donc sur le bord du sentier grignoter mon sandwich, il est 11h30 et tout le monde me regarde avec des drôles de yeux, c'est vrai que je ne suis pas tout à fait à l'heure espagnole ! Finalement, je décide de faire demi tour, les vagues de promeneurs amenées par les bus ont raison de ma motivation. C'est frustrant parce que j'ai décidé de rester un jour de plus pour voir ce canyon, mais tant pis. Je n'ai pas envie de bain de foule ! Je fais donc demi tour et rentre au camping, un peu chafouin.

J'ai quand même marché 4h30 et fait pas loin de 12 km, ce qui est pas mal pour une journée de repos, du coup, je m'autorise un petit plaisir au bar du camping : une sangria ! J'en demande une petite, on m'en amène un litre, j'en abandonnerai la fin sur la table du bar sous peine d'ébriété un peu trop prononcée roll J'ai jeté un oeil sur la carte du resto au passage, et elle me paraît assez attirante, je m'y rends donc vers 19h30 pour manger, une fois que j'ai un peu déssoulé !

Je commande donc un Hamburger avec un oeuf, des tomates, du poivron et des frites, tout ça pour 8 € me dis-je, super ! Bon, en fait, n'allez jamais manger dans ce camping : le hamburger, c'était un steack (je ne sais pas si on peut l'appeler comme ça sans faire honte aux steacks de chez nous, mais passons ) version semelle, d'une viande indéterminée mais sûrement pas du boeuf, c'est Mousse qui l'a mangé. Les oeufs : deux oeufs au plat BAIGNANT dans l'huile (même pas d'olive), une lamelle de poivron et une tranche de tomate, le tout accompagné de magnifiques frites pas frites encore un peu surgelées. Tout ceux qui ont eu faim en rando et porté des espoirs sur un resto savent de quoi je parle : c'est la déprime. J'hésite à me recommander une sangria pour accuser le coup mais je me dis  que ça ne m'aidera sûrement pas demain, alors j'abdique, et je vais me coucher non sans avoir pris le temps de me remplir l'estomac avec de la semoule dessert, faut pas déconner quand même ! D'ailleurs, j'adore cette semoule dessert, je crois que j'ai piqué l'idée ici (Tolliv peut-être ?), je m'en fais encore depuis que je suis rentrée !


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Un arbre qui pousse sur un caillou.


Jour 17 - Mardi 27 Août - 25 km +932m -647m

Décollage à 9h15 ce matin, il ne fait pas beau mais il ne pleut pas. Mon premier objectif de la journée est de rejoindre Torla par la route. J'ai vu hier qu'il y avait là bas un Intersport, et j'ai une de mes pointes de baton qui a sauté il y a quelques jours, rendant l'exercice un peu plus périlleux : ça glisse tout le temps, surtout quand on en a besoin. J'espère donc pouvoir y faire quelque chose, mais l'Intersport est fermé, sans explications aucune alors que nous sommes dans la tranche horaire où il devrait être ouvert. En face, il y a un autre magasin de montagne, mais lui aussi est fermé sans explications. Allons bon, voilà qui commence bien ! Allez tant pis, je continues et attrappe le GR15, en direction de Broto où j'aurais peut-être plus de chance.

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Le chemin est assez sympa, bien roulant, et mon tendon d'achille me laisse tranquille, donc je galope. Il pleut par intermittence, mais ça ne me gêne pas plus que ça et ça me permet même d'aller plus vite sans souffrir de la chaleur, j'aime bien la pluie moi !

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A Broto, je fais trois courses : bouffe pour chien, pains au lait, chocolat, beurre, la base quoi ! J'achète aussi un genre de duck-tape car le pare-pierres de mes chaussures commence à se décoller et je n'arrive pas à enrayer le problème malgré plusieurs applications de super glue. J'avais prévu d'en amener un rouleau avec moi, mais je l'ai oublié ... Je sors du magasin, scotch mes chaussures ce qui me donne un petit look SDF, enroule la bande autour de mes batons et dépose le reste du rouleau sur la poubelle, juste à la sortie du magasin. Un homme me hèle au loin quelques instants plus tard "Senora ! Senora !" en me montrant le rouleau de scotch ! "Si si, lo sé, es normal !" Je ne me sens pas de me lancer dans une explication en espagnol du pourquoi je laisse ici ce rouleau sans le prendre avec moi, alors je lui fais un grand sourire et je continue. Au magasin de sports, la vendeuse ne peut rien pour ma pointe de bâton, si ce n'est m'en vendre une nouvelle paire à 70€, mais non merci. Ce sont des bâtons décathlon à 15€/pièce que j'ai, et la pointe ne peut pas se démonter, mais pour autant mon budget est trop sérré pour que j'achète sans reflexion une autre paire, je me dis que ça ira.

Après 1km sur la route, le sentier part finalement en sous bois, et c'est parti pour 20 bornes ! Je suis heureuse de voir qu'ici la piérale n'a pas mangé tous les buis. J'ai un super rythme, ça faisait longtemps que je n'avais pas marché sur le plat et j'apprécie, d'autant que le sac est lourd du ravitaillement : à chaque fois c'est autour de 7kg que je récupère, en comptant les croquettes bien sûr ! Je m'arrête manger à 13h30 et suis honorée de la présence d'un papillon qui ne me lache plus, que j'ai baptisé Jean-Louise en pensant au personnage du roman que je viens de commencer : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, d'Harper Lee.

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Jean Louise

Je repars rapidement, j'essaye de garder le rythme car je commence à me dire que si je me dérouille bien, je peux expédier cette portion de GR15 en deux jours au lieu de trois, ce qui me permettrait peut-être de rattrapper mon retard et donc de pouvoir finalement être rejointe par mon père. Je me rends compte que j'ai franchement hâte de voir des gens que je connais, au bout de ces deux semaines en solitaire, ce qui fait que je ne suis pas tout à fait dans l'instant présent. C'est comme si je voulais arriver le plus vite possible en Ariège, où en plus de mon père, mon ami et logisticien gérant de colis de ravitaillement doit me rejoindre pour marcher avec moi sur la fin.

Vers 17h, la pluie commence à tomber bien fort, mais j'ai trop chaud pour enfiler la veste alors je la mets comme les enfants en CP qui attendent leurs parents après l'école : juste la capuche, la veste englobant mes épaules et le haut de mon sac. D'ailleurs, ça n'existe pas une veste de pluie qui ne protègerait que l'avant du buste et les bras ? Comme ça le dos pourrait continuer à ventiler, mais il faudrait sûrement trouver un sytème pour que l'eau qui ruisselle de la capuche ne dégouline pas. J'essaye d'imaginer un prototype dans ma tête, et tout ça m'amène finalement à Fanlo, joli petit village, probablement quasiment inhabité l'hiver. Je fais le plein à la fontaine du Monte Perdito.

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A ce stade, j'hésite. Le mauvais temps me donnerait envie de me prendre une chambre au village, mais je suis encore capable de marcher et je pourrais viser Nerin, à deux heures de marche, et ainsi bien avancer. Allez, je continue un peu ... Au bout de 5 minutes, je trouve un champ qui à l'air de bien se prêter au bivouac, et Mousse me découvre même un bel endroit plat, en terrrasse, avec vue, parfait !

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Ca ira très bien pour ce soir, même si je n'aime pas trop bivouaquer aussi près des villages où j'aurai pu me faire repérer. Il est 18h30, je ne vais pas faire la fine bouche ! Je me fais donc une soupe potimarron-chataignes avec un kiri, pendant que Mousse subit les assaults des mouches qui ont envahi la prairie, mais qui, du coup, me laissent tranquille ! Une rapide toilette au gant et je m'en vais continuer ma lecture ...


Jour 18 - Mercredi 28 Août - 10 kilomètres à pieds.

Efficace au réveil, le temps est bien plus clément qu'hier, mais la tente est quand même trempée de condensation. Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs, elle est quand même montée haute et dispose de deux aérations. Ceci dit, je remarque que c'est toujours du coté de Mousse que ça condense le plus, peut-être qu'elle dégage tellement de chaleur, non contenue dans un duvet, que ça amplifie le phénomène ? Il faudrait que je la teste sans Mousse pour voir, mais ce n'est pas près d'arriver.

Au départ, le sentier rejoins quelques jolis hameaux, c'est vraiment très joli.

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Elle se dore la pilule pendant que je fais la lessive à la fontaine du village.

Rapidement, il fait chaud, on est redescendus en altitude et je sens la différence ! j'arrive bientôt à l'entrée du canyon d'Anisclo, à mon grand bonheur loin d'être aussi peuplé que celui d'Ordessa, et pour ce que j'en vois il me semble magnifique. C'est bien évidemment impossible à prendre en photo avec un smartphone, mais une recherche google vous donnera de bien belles images !

Je me promène donc le long du rio, Mousse tenue en laisse comme il est de rigueur, profitant de la fraicheur des gorges, puis j'avise un rocher plat sur lequel je m'installe pour le pique-nique. Je téléphone à mon père et lui explique le plan auquel j'ai réfléchi depuis hier : je pourrais, comme une certaine L. du forum wink , faire du stop jusqu'à Bielsa, ce qui me ferait encore gagner du temps et ainsi permettre notre rencontre ? Mon père m'avoue que ça ne suffira pas, il reprend le travail le 8 septembre, et, avec toute la route jusqu'à Brest, ça fera trop juste. Sur cette parole qui met à mal tout mon plan, arrive un couple avec un chien. Mousse tire sur la laisse alors je la lache, pour qu'elle puisse dire bonjour à l'autre chien et pour que je puisse croquer dans ma tartine. Fatale erreur ! C'est PILE le moment qu'ont choisi les gardes du parc pour arriver ! Shit, la garde me fait signe de raccrocher, je coupe court à ma conversation, et me vois demander mes papiers. Je sors mon passeport, qu'elle prend en photo sans un mot, notant des renseignements dans son carnet. Je finis par lui demander ce qu'elle fait, et me fais remonter les bretelles quand au fait d'avoir laché ma chienne dans le parc. Elle me rendra mes papiers et partira sans un mot, pas très comode la madame ! Je ne sais donc pas si elle a juste pris mes coordonnées "comme ça" où si je suis sensée reçevoir un jour une amende ...

Maussade, je reprends la route. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point la rencontre avec mon père signifiait pour moi une véritable étape dans le périple, je me disais : "allez plus qu'une semaine et après c'est l'Ariège et c'est presque fini après !" Du coup, je n'ai pas du tout envie de continuer aujourd'hui, d'ailleurs j'en ai marre et j'aurai presque envie d'arriver au plus vite chez moi, quitte à sauter carrément des étapes en stop. J'hésite à fond, je n'ai pas envie de choisir la facilité, mais en même temps ça fait deux heures que je me dis que je vais faire su stop et ainsi m'éviter les +1000m  de dénivelé sous le cagnard de ce début d'après-midi. Je tergiverse un petit moment à la croisée des chemins, et puis me décide finalement : j'irai à pieds ! Allez, je me remotive et entame la montée, tant pis si j'en chie !

Je monte depuis à peine 10 minutes que Mousse me dépasse et se couche à l'ombre, réclamant une pause (ce qu'elle n'avait plus fait depuis le jour 7). Allons bon, v'la aut' choz' !, me dis-je. Je la sollicite avec une phrase du style "Allez ma cocotte moi non plus j'ai pas envie aujourd'hui, mais on y va!", et elle repart. Deux minutes plus tard, rebelote. Allez vendu, t'as gagné, on redescend, il n'en fallait pas plus pour me convaincre : si même Mousse n'a pas envie !

Je rebrousse donc chemin, galère un peu avant de comprendre que la route est à sens unique, et lève le pouce. Je suis rapidement prise par un couple, qui me déposera 20 km plus loin dans la vallée, à un endroit dont j'ai oublié le nom, faute de l'avoir vu sur la carte. Finalement, ça me fait du bien de voir un peu ces montagnes, c'est agréable de prendre du recul pour les observer ! Comme Laxmi, je n'ai pas encore décidé si je vais à Bielsa dans l'idée d'attrapper la variante Zorey, ou à Parzan pour recoller avec le GR11 et suivre mon programme initial. Au loin, je vois les nuages qui s'amoncellent, ça sent fort l'orage et finalement, je me félicite de ne pas être en train de monter sur la crête.

Je me fais ensuite prendre par deux français de Saint Lary, très rapidement. D'ailleurs, je suis assez étonnée car j'ai déjà tenté de faire du stop en Espagne il y a presque 10 ans, et ça n'avait pas du tout bien fonctionné, alors que j'étais sans chien (mais avec un barbu, c'est peut-être ça ? lol ), mais tant mieux ! Quand ils me demandent où je vais, je tranche, et annonce Bielsa ! Aujourd'hui, je fais tout comme Laxmi, probblement influencée par son récit que j'ai relu au camping à Torla. A cette occasion, j'avais récupéré sur le trombi d'ester la trace gpx de la fameuse variante, et je suis bien décidée à l'utiliser demain, pour rallier Bielsa à Viados voire même à Anescruze si j'ai la forme. Les deux retraités me déposent au camping qui ne me plaît pas du tout et est super cher, j'aurai du commencer un peu à marcher en prévision de la journée de demain, mais tant pis. Ca ne sert à rien de ronchonner, c'était une journée sans, il en faut bien une de temps en temps ! J'irai ensuite faire un tour à Bielsa m'acheter les fruits dont je rêve depuis quelques jours, ça va tout de suite mieux !

Dernière modification par Joy Supertramp (22-10-2019 22:21:31)


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#46 22-10-2019 22:44:55

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

arfff je me gondole, je me marre, je rigole;

le choc culturel du camping de bielsa au milieu des bagnoles et des caravanes après 15 jours en montagne  lol  lol  lol  lol

dommage pour la prune des gardiens du parc. ils sont sévères. pour te dire, il est interdit de se baigner pour ne pas déranger les poissons. alors un chien sans laisse...

moi j'ai hyper bien mangé au camping san anton. Mais en Espagne... un oeuf qui baigne pas dans l'huile... tu en demande beaucoup smile

L.

Dernière modification par laxmimittal (22-10-2019 23:01:28)


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#47 22-10-2019 22:56:01

Olly
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Pauvre chien qui subit cette interminable marche.. Et en plus, doit manger de la viande d'on ne sais où, alors que sa maîtresse a picolé l'après midi..

lol  lol

Je plaisante évidemment...

Et pour te répondre sur la barbe, moi qui la porte depuis 2 ans, oui le regard des gens change.. et on est en 2019 pas en 2009...

Très joli l'histoire du papillon, ça tombait à pic..

A te lire, avec plaisir.


Lorsqu'il m'est arrivé de rencontrer un immigrant qui chancelait sous un paquet contenant tout son bien -énorme tumeur, eût-on dit, poussée sur la nuque- je l'ai pris en pitié, non pas parce que c'était cela tout son bien, mais parce qu'il avait tout cela à porter.

- Henry David Thoreau -

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#48 23-10-2019 21:20:27

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Jour 19 - Jeudi 29 Aout - 26km +2127m -1054m

Réveil programmé à 6h, et pour une fois, j'y arrive du premier coup. Il fait encore bien nuit, alors je prends le petit déjeuner sous un préau équipé de tables de pique-nique, normalement destiné aux barbecues. Je sais que la journée d'aujourd'hui va être longue, et les orages sont encore une fois annoncés pour la fin de journée, alors je ne veux pas traîner.

J'attrappe le GR19 directement au camping, conformément aux indications dont je dispose pour prendre cette variante qui commence à avoir son petit succès sur le forum, et pour cause ! Ca monte tranquillement dans les bois en direction du collado de la Cruz de la guardia. C'est cool, j'apprécie d'être à la fraiche, protégée par les arbres pendant deux bonnes heures. J'en profite pour me faire une petite montée en musique, c'est d'abord Hollie Cook qui m'accompagne tout en douceur, puis Brassens. Dès que le soleil pointe le bout de son nez, c'est une autre histoire, les mouches rappliquent par milliers ! Je ne m'arrête donc que peu pour profiter de la vue, pourtant magnifique.

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Je peine un peu dans la dernière portion de la montée, il fait beaucoup trop chaud et je suis harcelée par les mouches, en plus de Mousse qui, aujourd'hui, a décidé de chasser la marmotte et que je dois sans arrêt rappeler au pied. Je suis la trace GPX mais, ne voyant pas vraiment de sentier avant d'attrapper la piste, je coupe tout droit, à gauche avant le col. Là haut, quelle vue ! Je trouve qu'on a juste le recul qu'il faut pour apprécier pleinement la taille du massif.

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Cette fois, je prends le temps de bien m'imprégner du paysage, en cheminant sur cette piste horizontale, et rejoins rapidement le col de la Pardina.

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J'y prendrai ma pause de midi, au col il y a un petit vent qui me protège un peu de ces satanées mouches, j'en profite pour faire sécher la lessive. Déjà, je peux aperçevoir au loin les premiers nuages qui commencent à s'amonceler, mais rien d'inquiétant pour l'instant à l'horizon. A midi, j'entame la descente, facile, il suffit de suivre la piste, sauf au départ où il faut descendre tout droit. J'essaye de faire boire Mousse dans un abreuvoir, elle monte sur le rebord puis, déséquilibrée, finit par tomber dedans, j'ai ri !  Je me tape une vraie barre de rire à cause de sa tête toute penaude en sortant de là, il faut dire qu'elle n'aime pas l'eau !

C'est un peu long, alors j'essaye de couper les lacets, mais c'est un échec puisque je dois finalement m'arrêter à chaque fois pour retirer toutes les herbes sèches piquées dans mes chaussettes, alors j'abandonne l'idée.
J'atteinds finalement les rives du rio cinqueta, et me prends une petite pause près d'une jolie fontaine où je refais le plein d'eau, je ne vais pas tarder à rejoindre, enfin, le GR11.

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Je grignote quelques amandes, mais j'ai encore la pêche : je rejoins Viados en 45 minutes, à 15h, après avoir passé l'ermitage de la Virgen Bianca qui à l'air d'être un chouette spot de  bivouac. Je n'ai rien à faire au refuge alors je n'y monte pas, d'ailleurs je commence à sévèrement presser le pas car les nuages s'amoncellent au-dessus de ma tête, et il me reste encore quelques kilomètres à faire pour atteindre Anescruzes.

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Le tonnerre gronde, pas si loin ...

Je commence à peiner un peu, j'avale rapidement une barre de céréales et ça repart. C'est dingue l'effet du sucre sur le corps, je ressens clairement qu'environ 10 minutes plus tard, je me sens déjà plus lucide, plus énergique (avant d'avoir comme une redescente de sucre une petite heure plus tard...) ! Là, je croise un gars à l'air relax qui me dit que d'après lui, pas de pluie avant deux heures. Je ne sais pas s'il à raison mais je sais que ça ne sert à rien que j'essaye d'aller vite, car je m'épuise pour rien, alors je reprends un rythme normal, et j'arrive, bientôt, en vue de la cabane.

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Elle est tout la-haut !

Je finis par y arriver, avant la pluie, trop heureuse ! Mais, ohoh, ça a l'air un peu habité ... Effectivement, la cabane est fermée par une grosse chaîne, et il y a un papier coincé sous une pierre qui indique qu'au mois d'Août, la cabane est reservée pour le berger ! Shit shit, c'était pas dans mes plans ça, même si j'avais bien pensé que ça pouvait arriver. Un rapide coup d'oeil aux alentours ne me permet pas d'entrevoir un endroit suffisamment plat pour installer le bivouac, et un autre coup d'oeil sur la carte m'indique que si je continue, j'enchaîne sur 550M de D+ jusqu'au port de Chistau. Sachant que je viens déjà d'exploser mon record personnel en terme de D+, je n'ai pas très envie de continuer, et me mets à la recherche plus sérieuse d'un endroit pour bivouaquer.

Finalement, il y a un espace tout bien plat comme il faut, en contre haut de la rivière, délimité par des grosses pierres, et avec même un petit foyer, parfait ! Je m'y installe donc, très heureuse finalement. L'orage me tourne autour mais ne semble pas décidé à péter vraiment, et heureusement car je ne me sens pas très rassurée dans ce fond de vallée étroite entourée d'eau ... Je monte la tente, je me lave au ruisseau, et je m'installe pour manger à 17h30, juste à temps pour pouvoir commencer à profiter du spectacle du troupeau qui descend !

Je scrute avec attention la masse blanche et mouvante qui se dirige vers moi, pour tenter d'aperçevoir, s'il y en a un, l'ennemi public numéro 1 : le Patou. Que nenni, il n'y a là que des ouailles, tant mieux ! Quelques temps après, arrive le berger accompagné de ces chiens, mais ils me laissent tranquille, il faut dire que je suis assez loin. Au bout d'un moment, je comprends que le berger est en train d'envoyer les brebis en plein sur moi, s'il pensait me faire peur c'est raté, je vis avec les brebis !

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Combat de regards !

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Selfie-truffe

Après le spectacle, il ne me reste plus qu'a dormir ! Ce fut une bien belle journée, et autant physiquement que mentalement, je me suis sentie au top, mais j'espère que mes jambes me porteront encore demain !



Jour  20 - Vendredi 30 Aout - 16,7 km + 560m - 1400m

Il n'a finalement pas plu, et l'air était même étonnament sec, la tente est sèche au petit matin ce qui me permet de décoller à 7h50, en attaquant par la seule montée de la journée. Je me fais rattraper par le berger et ses chiens, dont un espèce d'énorme dogue qui se colle sur mes talons en bavant. J'ai un peu peur au début mais en fait, il est très gentil. Le berger me double pendant que j'enlève ma veste, et nous n'échangeons qu'un bref salut, puis je le redouble avant d'arriver au col. Mes craintes d'hier soir s'avèrent infondées : mes jambes me portent plutôt bien puisque je viens de de grimper 550 mètres en 50 minutes, en prenant mon temps et en m'arrêtant deux fois. La machine-corps commence à vraiment bien fonctionner, tant qu'elle a suffisamment de carburant à ingérer, et c'est très agréable.

Au col, je croise un monsieur qui fait la traversée dans l'autre sens, en suivant l'itinéraire du Trail des Pyrénées. Il me dit qu'il songe à arrêter avant la fin car c'est plus dur que ce à quoi il s'attendait, et qu'il vient de passer plusieurs jours dans les cailloux. Moi, je n'ai pas du tout envie d'arrêter aujourd'hui !

J'attaque la descente, c'est facile, mais j'ai une ampoule, apparue hier, qui me gène un peu sans que ça soit bien méchant, je m'arrête quand même mettre un pansement. C'est étrange d'avoir une ampoule qui apparaît comme ça au bout de presque trois semaines ! Je rattache Mousse pour passer les troupeaux de vaches car elle en a peur et a parfois des réactions un peu trop énergiques.

Vers 11h, j'arrive à Estos, il n'y a personne. Il y a là un panneau qui m'indique que ma destination, le camping Aneto, est seulement à 2h45 de marche ! Je fais le plein d'eau au torrent qui coule un peu plus loin, et je continue tranquillement. De toute façons, c'est chiant, c'est de la piste ... On fait une pause à l'ombre près d'une passerelle, pause pendant laquelle je croise un père et ses deux grands enfants, basco-bretons, partis pour la traversée totale sur le GR11, très sympatiques ! Nous échangeons quelques impressions et ils me disent que je vais bientôt croiser une super cabane qui porte mon nom !

En effet, après quelques temps j'atteinds la cabane de Santa Ana, très proprette ! Finalement, je suis au camping à 14h, voilà qui va me laisser le temps de faire une bonne lessive et de dévorer tous les extras que j'ai glissé dans mon colis.

Il est très bien ce camping Aneto, il n'y a presque plus personne en cette fin de saison, mais l'épicerie est encore bien achalandée, j'y trouverai quelques fruits et légumes frais donc j'ai tant besoin. Demain, le sac sera extrèmement lourd puisque mon colis faisait quasiment 8 kilos, que je ne peux pas renvoyer les deux derniers livres que je trimballe, et que j'ai racheté de la nourriture sucrée qui me fait tant rêver en ce moment. Et j'ai 1900m de D+ à faire, mais j'ai déjà hâte d'y être tant je me sens bien ! En plus, dans une semaine, c'est l'Ariège et mon père va, finalement, me rejoindre pour une journée !

[pas de photos correctes de cette journée, désolée !]


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#49 24-10-2019 10:48:35

Benji1801
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Inscription : 13-09-2019

Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Bonjour Joy,

Merci pour ce récit, j'ai lu tout ça depuis hier après-midi, ça donne vraiment envie d'aller marcher...
Je suis tout nouveau sur le forum (1 mois) et on vient de s'équiper pour le bivouac (vêtements, tente, bons duvets...). Alors je lis ton récit afin de voir comment ça se passe smile

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#50 24-10-2019 20:57:14

Joy Supertramp
Sempervirens
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Re : [Récit + liste] HRP - GR11 - GR10, la traversée avec ma chienne.

Benji1801 a écrit :

#543106Bonjour Joy,

Merci pour ce récit, j'ai lu tout ça depuis hier après-midi, ça donne vraiment envie d'aller marcher...
Je suis tout nouveau sur le forum (1 mois) et on vient de s'équiper pour le bivouac (vêtements, tente, bons duvets...). Alors je lis ton récit afin de voir comment ça se passe smile

Salut Benji, je suis heureuse que ça te plaise ! Tu verras, ça commence comme ça : on lit des trucs pendant des jours, et puis après on y va !  wink

Allez zou c'est reparti pour un tour ...


Jour 21 - Samedi 31 Août - 19km

Réveil à 6h, décollage à 7h45, moyennement efficace donc, comme à chaque fois. Je quitte le camping non sans avoir pu admirer un mec traverser le camping à poil pour aller pisser, bonjour monsieur ! Je crois qu'il ne pensait pas tomber sur quelqu'un à cette heure-là, j'ai bien ri ! lol

Bon, quelques minutes après, je fais déjà moins la maline : mon sac est trop lourd : en une heure, j'ai déjà regardé trois fois mon téléphone pour voir ma progression ...  Au niveau de l'embalse de Paso Nuevo, je fais même un détour pour essayer de voir s'il n'y aurait pas un bus qui traînerai par là par hasard, mais non. J'ai lu qu'il y avait des bus qui pouvaient nous amener jusqu'au refugio de Corones et ainsi nous éviter cette longue piste qui monte. Autant hier, je me disais que payer 10,60 euros pour 20 minutes de bus, c'était vraiment abusé, autant aujourd'hui je ne dirai pas non. Il faut dire qu'elle est particulièrement pénible celle là, et j'ai mal aux pieds avec mes grosses chaussures.

Du coup, quand j'entend le bruit d'un moteur derrière moi, au bout d'une heure et demie de marche, j'hésite une fraction de seconde à lui faire un signe et à lui demander de s'arrêter. Je m'arrête pour le laisser passer, et puis au dernier moment, hop, je me décide et je lance un regard plein d'espoir au chauffeur, accompagné d'un vague signe de la main, il comprend, et il s'arrête ! Je lui demande si je peux monter, la réponse est oui, à condition que Mousse voyage en soute. Je la regarde, un peu perplexe, je ne la vois pas trop la_dedans, mais après tout, pourquoi pas !
Dans mon esprit, le mec m'a plus ou moins pris en stop. Je déchante donc quand il me demande les fameux 10,60 € ! Dans la mesure où j'ai déjà fait la moitié du chemin si ce n'est plus, j'essaye de négocier, aidée en celà par un papy trilingue assis au premier rang. Rien à faire, le chauffeur ne démarre pas tant que je n'ai pas payé, allons bon, je lui tends la monnaie. Et là, il appuie sur un bouton et me montre l'écran qui affiche maintenant " Perro : 3€" ! Alors ça c'est fort, 3€ pour mettre un chien dans la soute, non mais quand même ! A ce moment là, j'aurai du descendre, mais une fois assise, j'ai préféré payer, et je m'en suis voulu.

Bref, le bus part, a vitesse extrèmement réduite compte tenu du terrain. En route, nous croisons un couple qui chemine sur le bord de la route, et qui tente la même technique que moi : un vague signe de la main pouce en l'air. Le chauffeur s'arrête à nouveau, non sans lancer un "Que paso hoy ?!" signifiant que ce n'est pas courant comme attitude. Le couple, italien, tente également la négociation sur les mêmes bases que moi, je leur explique que c'est peine perdue. Ils hésitent un peu, ça leur coûterait quand même 21, 20 €, et décident de ne pas monter.

Je profite de la pause assise confortablement pour grignoter mes fruits secs du matin, et me dis que ça m'a quand même fait gagner pas mal de temps cette histoire. Le gars nous dépose au refuge, en hurlant " El Perro ! El perro !" car Mousse est sortie de la soute dès qu'il l'a ouverte, alors que moi j'attendais de pouvoir descendre du bus. Ouhlala, il est stressé lui, je lui dit que tout va bien, et rattrappe ma chienne pas pus traumatisée que ça par le voyage. En fait, nous sommes maintenant rentrées dans le Parque Natural Posets-Maladeta, et les chiens doivent y être tenus en laisse, d'où la panique du chauffeur, je pense.

Je remercie le vieil homme qui a joué aux traducteurs, il doit bien avoir 80 ans mais est encore taillé comme un trailer, tout sec et tout musclé. Lui aussi me demande si je n'ai pas peur toute seule, et m'encourage en me souhaitant une bonne aventure.

On entre rapidement dans un uniers minéral, c'est magnifique.

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C'est magnifique, mais c'est aussi assez technique, et il n'y a personne. Le fait de devoir tenir Mousse en laisse complique énormément la tache, compte tenu que je marche avec des batons. Je finis par passer la boucle de sa laisse dans ma ceinture ventrale, mais ce n'est pas non plus une solution idéale puisque à chaque grande marche, il faut composer avec la longueur de la laisse disponible ... Ceci dit, je n'ai pas envie de risquer un deuxième fichage au registre des fraudeurs, alors je m'y astreins. Au bout de quelques kilomètres, ça devient franchement pénible et je dois prendre sur moi pour ne pas gronder Mousse à chaque fois qu'elle s'emmele une patte, car elle n'y est pour rien, mais quand même ! Ajoutez à ça le poids de mon sac et vous obtenez une nana d'une humeur pas excellente ! roll

A un moment, je me fourvoie en suivant un ancien balisage GR un peu effacé, et je me retrouve donc debout sur une corniche, alors que le vrai sentier est 1,50m en dessous, mince ! Je détache Mousse, puis je tente de descendre en direct, en m'asseyant sur la corniche, mais évidemment, vu mon sac aujourd'hui, on est trop larges ! Je me retrouve en appui sur mes bras, en train de glisser, retenue par mon sac qui me déséquilibre. J'arrive à enlever mon sac en vitesse et me libère, j'atteris sur le bon sentier, mais mon sac, lui est propulsé vers l'avant et fait un vol plané, en direction du lac ! Il faut imaginer le truc au ralenti : je me rends compte que mon sac, avec toute ma vie dedans, est en train de dégringoler dans un lac dans lequel je ne pourrai surement pas le récupérer, mon visage se déforme de terreur, je crie "Non non non non non !", horrifiée, et là : TAC ! Un miracle ! En détachant Mousse, j'ai accroché le mousqueton de sa laisse à la bretelle du sac, l'autre extrémité étant dans ma main par un heureux hasard, je parviens à retenir mon sac, ouf !!!

Heureusement que Mousse n'était plus attachée au sac sans quoi elle aurait dégringolé avec ... Je décide donc de la laisser détachée, pour plus de sécurité. Je reprends mon soufle, me dis que j'ai vraiment eu de la chance sur ce coup là et qu'il faut que je fasse plus attention, je remets mon sac sur mon d... AIIIIIE ! Je me coince le pouce dans la bretelle et me le tord ! Ah mais c'est pas vrai ! Je hurle "AAAAAARRRRRRGGGGGGG SALE P*TE TA CHAT*E TA CH*TTE !", pensant être seule. Evidemment, dans ces moments-là, on est JAMAIS seul. Il y a donc là un trailer en fluo qui me demande si ça va, le gars à probablement assisté à toute ma petite tragédie, j'ai un peu honte. Je lui dit que oui, ça va aller, merci, et je repars en soufflant un bon coup.

Je fais une pause près des Ibones de Vallibierna, qui sont quand même magnifiques, et j'en profite pour faire 5 minutes de respiration profonde pour me calmer un peu.

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Là, alors que je commençait à me détendre, je me rends compte que le ciel derrière moi se charge très rapidement de gros nuages noirs, oh oh ... Ni une ni deux, je mets le turbo, pas question de me faire attrapper par l'orage ici, il n'y a aucun endroit pour s'abriter, le balisage est plus qu'aléatoire, et surtout, j'ai en face de moi le collado de Ballivierna qu'il me faut franchir avant que ça pète, allez zou ma p'tite dame !

Enfin zou, ça c'est si je me perds pas ! Je tourne un peu en rond avant de retrouver le balisage, mais je finis par y arriver, et là, hop, c'est parti, les jambes, qui pourtant se traînent depuis ce matin, répondent carrément présentes. Ca monte bien raide comme il faut, mais je trouve le rythme, malgré quelques glissades que je ne m'explique pas trop, je prends un petit shoot d'adrénaline au passage, et j'arrive au col en même temps que les premières gouttes, YES !

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Quand j'vous disait que j'étais dans les cailloux !

J'avale en vitesse une barre de céréales pour m'en remettre, et j'attaque la descente, un peu fébrile de tout ça, mais finalement je peux prendre mon temps car l'orage est en train de s'éloigner. J'arrive bientôt au refuge Cap de Llausset où il y a beaucoup de monde, je mange un bout sous la terrasse, à l'ombre, je fais le plein d'eau et je repars.

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Il est tout récent !

Il me reste un dernier col à franchir, le collada de los ibones, avant d'arriver au refuge d'Anglios que je vise pour la nuit. Je l'attendrai une heure et demie plus tard, non sans avoir bien profité de la magnifique vue qui s'ouvre.

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Coucou Anglios !

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Quand j'arrive, la joile cabane en bois est occupée par un couple d'environ mon âge, venu pêcher, accompagné de leur jeune mais immense chienne avec qui Mousse, pas fatiguée, passera la soirée à courir autour du refuge et à jouer au catch. Pour moi, c'est lecture-cacahuètes-tisane, comme d'habitude, tout en fantasmant sur tout ce que je pourrai manger mais que je n'ai pas...

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Jour 22 - dimanche 1er septembre


Finalement, quand je me suis réveillée, il n'y avait plus personne : ils n'ont pas dormi là. Je comprends donc mieux pourquoi, au travers de mes boules quies, j'ai entendu hier soir le gars dire très fort "Hasta luego !" Sur le coup, ça m'a réveillée, et je me suis demandée pourquoi il criait comme ça, mais en fait il voulait probablement me prévenir qu'ils partaient.

Je profite du lever de soleil en prenant le petit déjeuner, il fait bien frais ce matin, et la pluie n'est pas loin.

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Je pars à 7h50, veste de pluie sur le dos, c'était annoncé de toute façons ! En plus, la descente est belle et je suis enfin sortie des cailloux, ça ne devrait pas trop glisser. Ah si en fait, je glisse une premèire fois, puis une deuxième 15 minutes plus tard, à chaque fois sans gravité, mais quand même, c'est bizarre. Je ne devrais pas tomber normalement sur ce type de terrain ! Je descend prudemment jusqu'à arriver en sous bois, là c'est plus tranquille, la pente est plus douce et le sol est stable ... VLAN ! Troisième vautre de la matinée ! Après avoir pesté un bon coup, je prends le temps de regarder mes semelles pour comprendre d'où vient le problème. Ah oui quand même, mes crampons, ils sont bien attaqués là ... Ca serait dommage que je finisse par me faire mal quand même ... surtout que dans les jours qui viennent, je repars sur la HRP ... donc sans trop de passage pour me trouver en cas de problème ... Je commence à baliser un peu, et à me demander si c'est bien sérieux de continuer dans ces conditions.

Je regarde la carte, et je me rends compte que j'arrive au tunnel de Vielha, acccès révé s'il en faut pour rentrer en France. Mince mais je n'ai pas envie de rentrer moi ! A moins que ... peut-être un peu ?
Bon, je me pose pour réfléchir. Je pourrais attendre demain et l'ouverture des magasins pour m'équiper de nouvelles chaussures, mais je n'ai vraiment pas envie de souffrir comme tous ceux à qui j'ai dépanné des pansement anti-ampoules depuis le départ, ça n'avait vraiment pas l'air marrant. Me faire envoyer ma vieille paire de Merrell ? Impossible, elles sont vraiment dans un état pitoyable, ça risquerait d'être pire. Bon allez, tant pis, je continue, il suffit de faire attention, et ça va passer !

En fait, ça ne passe pas, Tout d'un coup, je n'ai plus confiance en mes pieds, mes meilleurs alliés jusqu'à maintenant, et surtout, j'ai PEUR. Cette fameuse peur donc tout le monde me parlait : "Et qu'est ce que tu ferais si tu te faisait mal, hein ?" Finalement, leurs paroles trouvent un écho en moi, et si jusque-là je n'avais pas de raison sensée d'avoir peur, aujourd'hui, j'en ai une. Je pense en plus à mon baton défectueux, et je me dis que ce n'est vraiment pas sérieux. Je tente de passer quelques coups de fil pour partager ma détresse, mais personne ne me réponds, je suis seule. Je décide donc de continuer jusqu'au refuge de Conangles, à 2km, et d'aviser là-bas.

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L'embalse de Baserca.

A conangles, je m'installe sur les tables de pique nique pour faire le point, et manger. On réfléchit toujours mieux le ventre plein. Une partie de moi pourrait, je crois, se satisfaire d'un retour à la maison. J'ai parfois l'impression d'être tellement à ma place ici que ça n'a plus rien d'extraordinaire, c'est juste devenu ma vie normale et, du coup, j'ai un peu l'impression d'avoir fait le tour. Mais en même temps, j'allais juste rentrer en Ariège, et puis le Val d'Aran et les Encantats, c'est un peu la partie qui me fait rêver depuis le début, je serais triste de ne pas y aller ...

Je tergiverse, à fond. Je vais même jusqu'à me poster au bord de la route pour lever le pouce, puis revenir m'asseoir, le menton tremblant, puis repartir, ect. A un moment, j'accoste une petite famille qui passe par là et leur explique mon problème, ils me proposent de m'amener à Vielha dans une heure. Ca me laisse encore du temps pour tergiverser, mais à un moment, je me dis : "Qu'est ce que je dirais à une fille toute seule qui me dirait qu'elle veut aller marcher sur la HRP avec des chaussures lisses et un seul baton fonctionnel ?" La réponse étant évidente, j'abdique, et lorsque la famille reviens, je pars en voiture avec eux. J'arrête de réfléchir. Je rentre.




A vielha, je suis très rapidement prise par un père et son fils, qui peuvent me déposer ... à un quart d'heure de chez moi. J'ai de la chance jusque dans mon malheur on dirait ! Nous discutons un peu, puis chacun repars dans ses pensées. Et là, je réalise. Qu'en voiture, tout va si vite, alors que j'ai vécu si lentement ces dernières semaines, en sentant chaque seconde succéder à la précédente. Par la vitre de la voiture, je vois plein d'objets, tous plus inutiles les uns que les autres. Des publicités violemment colorées. Et je me dis que non, ce n'était pas devenu "normal", c'était juste devenu BIEN. Calmement bien, solitairement bien. Mince, je veux repartir !
J'arrive à la maison, c'est très étrange, je ne devrais pas être là. Ce matin, j'étais à Anglios, je me le répète comme si j'avais peur de l'oublier. Je mets immédiatement une machine à tourner, "pour que ce soit sec demain !" Comme si c'était important ... Mousse me regarde du coin de l'oeil. C'est fini, je suis triste. Et j'ai faim !





Ce n'étais pas calculé du tout, mais, dans le récit comme dans la vraie vie, je vais faire une pause de quelques jours, car je repars me promener en Montagne. Vous vivez donc une expérience totalement immersive, sur le même rythme que moi à ce moment là, puisque si vous avez bien lu l'introduction, vous savez que je vais repartir ...  wink


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