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#1 02-06-2020 10:17:54

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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[Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Salut à tous  smile  !

J'avais depuis plusieurs mois un projet de circuit à l'esprit, que j'espérais pouvoir effectuer avec azerty et Pala2 comme sortie préparatoire de calibrage des bonshommes et du matériel en prévision de notre HRP du mois prochain (ça approche  tongue  !). Privé de ces sorties communes par les circonstances que l'on sait, j'ai dû me résoudre à l'effectuer seul, ne voulant pas laisser passer les exceptionnelles journées de beau temps du long Week-end de Pentecôte.

Comme chacun sait (ou pas) le Vexin dans son ensemble est à cheval sur l'Ile de France (Vexin "français") et la Normandie (Vexin "normand"). Cette partition remonte au Traité de St Clair sur Epte (911), ouvrant une longue période de disputes entre Roi de France et Duc de Normandie puis Rois d'Angleterre …

Les limites "naturelles" du Vexin Normand sont :
- la Seine au Sud
- la rivière de l'Epte à l'Est
- la Forêt de Lyons au Nord
- la rivière de l'Andelle à l'Ouest

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Mon idée était donc d'effectuer un circuit "à saute-frontières" suivant approximativement ces 4 axes, s'offrant des incursions au-delà des limites de ce territoire, cherchant à joindre entre eux des sites que j'estime remarquables, ainsi qu'à limiter autant que possible les voies asphaltées sans pour autant faire de détours absurdes … Il en résulte un itinéraire en boucle très perfectible mais également doté de nombreuses variantes. Je pourrai sans problème le faire dans l'autre sens en renouvelant plus de 50% des chemins.

Je vous présente donc ici ce circuit qui ne figure à aucun catalogue … Il comporte des tracés évidents comme celui du GR2, du GR125, du GRP des Forêts de Normandie, mais aussi beaucoup de sections de ma composition, qu'il s'agisse de variantes ou de tronçons de liaison.

Nom : Grand Tour du Vexin Normand / GTVN
Distance : 205 km
Dénivelé : 3 600 m
Trace GPX

Le point de départ présenté ici symboliquement aux Andelys, mais j'en ai choisi un autre. Chacun fait comme il l'entend en fonction de sa logistique.
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Gares SNCF sur ou à proximité du parcours :
- Bonnières sur Seine
- Vernon
- Gaillon
- Val de Reuil
- Gisors

C'était mon itinéraire prévisionnel de ce long week-end que je me suis aménagé sur 4 jours / 3 bivouacs. Je suis parti ce vendredi 29 mai à l'aurore, pour arriver lundi 1er juin à 19h, pour un total effectif de 216 km en raison de quelques divagations. Mon équipement était quasi-exactement celui prévu pour notre HRP prochaine et déjà présentée ici, ce qui m'a permis de valider mes choix s'il en était encore besoin, ainsi que de prévoir quelques corrections mineures (j'y reviendrai).

A bientôt donc pour le récit à la mode d'un bourrin MUL de Normandie  lol

Un point de départ … gargantuesque wink !
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Vous pouvez suivre le récit en texte et photos ci-dessous, ou bien en vidéos sur les liens suivants :

J1
J2
J3
J4

Dernière modification par Hervé27 (07-06-2020 16:26:05)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#2 02-06-2020 10:31:13

divad
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Excellente idée Hervé! Tu devrais proposer  ce tracé aux comités locaux de randonnée ou offices de tourisme pour le pérenniser.

D

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#3 02-06-2020 11:32:34

Fbnou
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Inscription : 14-12-2019

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Ça fait une moyenne de 54km/jour ça !  yikes  yikes  yikes

Sinon tu as quelques photos ?  tongue

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#4 02-06-2020 11:36:21

Gloock
Membre
Inscription : 10-10-2019

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Hâte de te lire !

Est-ce une trace propice au voyage à vélo ? Sur 2 jours 1 bivouac en vélo typé "gravel" / VTT.
Qu'en penses tu ?

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#5 02-06-2020 13:23:18

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

@divad : merci smile !


@Fbnou : effectivement en mode bourrin roll … J'ai privilégié les temps de marche (de 11 à 13h / j) sur la vitesse  : plutôt 4.5 km/h que les 5.5 que je fais sur des sorties plus courtes sur les mêmes itinéraires, mais je n'ai pas de sac à dos chargé sur les sorties courtes …

Beaucoup de vidéos & photos, je voulais faire "comme si j'étais déjà dans les Pyrénées pour éprouver la conso / recharge du téléphone avec mon nouveau panneau solaire. Elles vont venir au fur et à mesure du récit … patience ...


@Gloock : très adapté au vélo, même cool ! Les seules exceptions notables auxquelles je pense sont quelques sections entre coteaux et falaises au-dessus de la Seine, mais avec des alternatives roulantes assez évidentes à proximité. J'essayerai de mettre des mentions particulières dans le récit à ce sujet.


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#6 02-06-2020 14:10:54

Fbnou
Membre
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Forcément si je ne lis pas la dernière phrase...  roll

Impatient de te lire alors

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#7 02-06-2020 18:55:55

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Vendredi 29 mai, 5h00

Finalement je n’ai pas eu besoin du réveil pour me lever à l’heure. Depuis hier soir le sac est prêt, je n’ai qu’un café à avaler et mes affaires à enfiler pour pouvoir partir à pied de la maison. A 5h30, alors que le reste de la famille dort encore, je m’exfiltre par la porte de la cuisine et m’en vais franchir le portillon au fond du jardin, tandis que le Soleil n’a pas encore pointé au bout des champs.

Il doit faire 8-9°C, marcher avec la polaire m’est agréable. Je contourne le village par les petits chemins agricoles qui me sont familiers, me retournant de temps à autre pour ne pas rater l’instant du lever du jour.

verso
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recto
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Descente dans les bois par un chemin théoriquement privé (j’enjambe un barbelé, c’est un signe ?), où je dérange chevreuils et sangliers. Il s’en trouve un bien gros, solitaire, pour ne pas m’avoir entendu à l’avance et qui détale à mon arrivée. J’ai trop de mouvements à faire pour attraper mon téléphone, le mettre en mode photo, cadrer et filmer / photographier avant qu’il n’ait disparu. Durant ces 4 jours je vais réfléchir à une amélioration de mon système pour être mieux en mesure de faire des images sur le vif.

Au milieu des bois se trouve une bâtisse très 1900, visible sur de vieilles cartes postales (le fond du vallon était déboisé, quel contraste), et nommée « maison des charbonniers ». Juste en face, de l’autre côté du chemin et pour une fois dégagée de l’épaisse végétation de ronces, apparait la table de pierre dite de François Ier. Il était réputé venir chasser ici et déjeunait parait-il sur cette table, taillée dans un bloc unique. Je ne la vois d’habitude qu’en hiver …

à table, François !
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Petit tronçon de route pour vite rebasculer sur un sentier (dont j’ignore s’il est public ou privé) que j’avais découvert il y a 2 ans. Toujours en forêt, je croise mon vieux hêtre fétiche, au tronc constellé de champignons en console (peut-être des Amadouvier / Fomes allume-feu).

hêtre ou ne pas être … celui-ci a toujours cherché à m'amadouer
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Mon sentier me permet d’arriver à Port Mort dans la perspective arborée de l’allée menant au Château (apparemment inhabité) de la Motte.

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C’est là que je rattrape le GR2 et fait un petit crochet de 50 m pour symboliquement toucher le point de départ que je me suis choisi sur ce circuit. Rendez-vous ici-même lundi soir, où il est programmé que l’on vienne me rechercher : j’ai rajouté 8 km en ce matin de départ, il me sera agréable de les éviter à l’arrivée. Le "Gravier de Gargantua" marque (peut-être ? sans doute ?) un ancien gué pour traverser la Seine.

Le top du départ s’effectue à 7h18, sous un ciel d’un bleu éclatant que le soleil ne partagera qu’avec les oiseaux et de très rares avions …
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Puisque la balade commence, je vais en rappeler les principes :
- Il s’agit de marcher pendant 4 jours et 3 bivouacs exactement dans la configuration envisagée pour les Pyrénées cet été. Les subtiles différences tiennent à l’absence de crampons et piolet (j’imagine la tête des normands me croisant avec pareil attirail !), à mes chaussures qui sont la version cuir des Scarpa Mescalito (la HRP se fera avec la version tissu), et à quelques pièces de vêtement à renouveler (chaussettes, polaire …).
- Même si j’ai ma carte bleue et un billet de 10 €, je n’envisage pas de m’alimenter autrement qu’avec ce que j’emporte : semoule, soupes, biscuits Tuc, barres Isostar, noix et fruits secs, chocolat … et bien sûr mon café. Un menu à 2500 kCal / j, pour des journées où j’envisage d’en brûler 5 à 6 000 ! Normalement j’ai une capacité d’emport de 4 litres d’eau, mais ici seulement 3 : il y a bien assez de villages, cimetières et sources sur le parcours pour que cela me suffise.
- Le parcours et le temps alloués ont été calibrés pour mener sur moi-même l’expérience de la répétition de journées autour de 65 km-effort, soit 10% au-dessus de ce qu’exigerait une HRP en 21 jours d’après mes savants calculs.

Bref, yapluka !

C’est en quelques minutes que je rejoins les bords du fleuve dont j’entreprends la remontée. A noter que le GR2 « rive droite » passe ici plus à l’intérieur, par des chemins agricoles de peu d’intérêt. Je vous recommande le bord de Seine …
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J’ai laissé derrière moi le barrage Eiffel (ci-dessus, on le reverra à l’arrivée), et longe « la plage », dont on a du mal à imaginer que c’en était réellement une …

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Le Banc Rando m’offre l’espace idoine pour changer ma configuration : je rentre la polaire dans le sac et visse mon chapeau informe Quechua sur mon crâne.
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On aperçoit rarement toute la largeur de la Seine, car on longe des îles ou presqu’îles toutes en longueur qui la divisent en plusieurs bras : île Besac, île aux Frêles … Certaines sont boisées, d’autres servent de pâtures. Sur ces rives je vais déranger canards et pêcheurs. Certains des derniers ont bivouaqué au plus près de leurs cannes à pêche : il faut alors contourner les uns et enjamber les autres.

Je quitte un moment ces rivages pour revenir vers Port Mort, car une portion du chemin « fluvial » est peu praticable, constituée de bords de champs sans chemin, qui plus est terrains privés … J’oblique autour du cimetière de Port-Mort et avance entre les coquelicots pour atteindre le village de Notre Dame de l’Isle, aux belles maisons de pierre et fleuries. Nouveau compagnonnage avec le GR2 et retour à Sequana.

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Le chemin est coincé entre l’eau et le fond des jardins des belles maisons de Notre Dame de l’Isle puis de Pressagny l’Orgueilleux. Cela permet d’admirer les talents d’aménagement paysager des uns et des autres. Il est programmé que le véloroute passe bientôt sur ces rives : j’y perdrai l’un de mes jardins secrets.

Ici et là des embarcations diverses sont au mouillage. Certaines depuis bien trop longtemps …7DLfIlygh.2020-05-29-08.jpeg

Depuis Pressagny l’Orgueilleux le GR2 oblique pour une remontée boisée vers les plateaux. Je préfère rester sur le fleuve car j’aurai bien assez de zones boisées à traverser sur mon périple. Ce serait surtout une rallonge de 7 km !

Au pied du Château de la Madeleine, le chemin se fait carrossable mais également boisé. Je croise toujours mon pêcheur occasionnel (mais pas le même à chaque fois). Après le hameau de lotissements tout en ligne des Bouches Manon, se trouve la portion d’apparence la plus sauvage. Le long des îles Saint Pierre et Saint Jean, un bras étroit de la Seine héberge canards, poules d’eau, cygnes … De gros remous dans l’eau attirent mon attention : ce sont 1, 2 puis 3 ragondins que je vois frétiller dans ce bras envasé de la Seine. De l’autre côté de l’eau des vaches sont en pâture.

ragondin à l'oeuvre
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Le chemin se fait plus étroit, plus secret. Sans passage régulier à la débroussailleuse, il aurait vite fait de disparaitre sur ces riches alluvions vite marécageux quand le fleuve est haut.

A l’arrivée à Vernonnet je pense d’abord à me regarnir en eau au cimetière derrière l’église. Je reviens ensuite vers le pont qui rallie Vernon en face, et ce afin d’illustrer le parcours par le Château des Tourelles et le Vieux Moulin. Ce dernier est installé sur les arches encore debout de l’ancien pont. Pour qui veut passer ses vacances à l’île Maurice, ne cherchez pas plus loin !

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L'île Maurice à pas cher et sans avion
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Le GR2 et moi nous réconcilions ici pour suivre les berges désormais aménagées par le véloroute Paris-Normandie. On y gagne en gazon, tables de pique-nique, transats … ce que l’on perd en « sauvagerie ». Une borne sous un auvent très design offre un point d’eau pour le public … Qu’avais-je besoin de me détourner par le cimetière !
Il est un peu plus de 10h00 et c’est donc après 4h30 de marche et 21 km que je m’octroie ma première pause café à une confortable table de pique-nique. Rien de solide à cette heure-ci, je préfère marcher à jeun aussi longtemps que possible.

L’un des tests de ma sortie étant la configuration panneau solaire / batterie tampon / téléphone, j’applique ici la 1ère stratégie d’utilisation que je me suis fixé :
-    Chargement prioritaire de la batterie tampon lorsqu’en mouvement, et du téléphone lorsqu’à l’arrêt.
-    Décharge de la batterie tampon dans le téléphone le soir à concurrence de 80%
-    Branchement direct du téléphone en mouvement seulement lorsque la batterie est au taquet

Parti ce matin avec 100% de charge téléphone et 0% de batterie tampon, l’iPhone n’affiche déjà plus qu’un peu plus de 40% … Il faut dire que je lui impose délibérément une utilisation intensive (IphiGéNie avec enregistrement de trace, photos et vidéos très nombreuses …) telle que j’aimerai pouvoir la pratiquer cet été. 12% de consommation à l’heure cela me parait énorme et je me dis alors qu’il va falloir faire des sacrifices … mais une fois raccordé au panneau solaire la charge indiquée remonte en flèche, bien plus que ne le justifient les rayons ardents du Soleil. Je retrouve plus de 70% de charge après ½ h de pause, ce qui signifie que le logiciel de gestion de charge surestime la consommation d’un facteur 2 sur ce mode d’utilisation. Je ne fais donc « que » du 6% à l’heure, ce qui me semble plus rassurant …

Lorsque je repars, et pour moi qui aime tout compter et décompter, je suis battu à mon propre jeu par une borne qui identifie, distingue et décompte les passages respectifs de piétons et cyclistes. J’y reviens à plusieurs fois pour vérifier la fiabilité du machin, et prend ainsi un malin plaisir à fausser la statistique …

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Au hameau de Manitôt le terrain change radicalement : fini les bords de Seine, je m’élève désormais sur les coteaux boisés pour les premiers 100 m de D+ du parcours. Cela fait du bien aux gambettes de changer de braquet, ainsi que de retrouver la fraicheur de l’ombre maintenant que le Soleil a pris de la hauteur.

Les côteaux se dégagent à Giverny, où je ne fais qu’un « touch & go ». Le musée et les jardins de Claude Monet sont magnifiques, et attirent des hordes de touristes en temps normal. Il y a moins de monde en ce vendredi, mais je préfèrerai toujours mes chemins à la foule motorisée.

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Insensiblement le chemin oblique pour s’éloigner de la Seine et entrer dans la Vallée de l’Epte, la seconde « frontière » de mon parcours. Je suis le GR2 qui remonte par un grand lacet sur le plateau : détour inutile pour rallier Sainte Geneviève les Gasny puisqu’un autre chemin tout aussi joli y va plus droit et plus court. Je rallie toutefois le plateau, car je veux éprouver un nouvel itinéraire jamais exploré (par moi) et ajouter à moindre frais un lieu remarquable au périple. Je m’en sors finalement très bien et toutes les traces repérées s’avèrent praticables.

Au km 32 je rallie un petit promontoire en forêt qui domine Ste Geneviève lès Gasny ainsi que Gasny. Il s’y trouve un oppidum totalement masqué par la forêt : c’est au pied de son rempart et adossé au creux d’un large tronc que j’y fais ma pause déjeuner (et café). Evidemment je constate que mon chocolat a partiellement fondu, mais c’est la faute à une mauvaise disposition dans mon sac, trop au contact de mon dos. Je remédierai au problème en prenant désormais bien soin d’isoler mon sacabouf de ma chaleur corporelle avec l’un ou l’autre des vêtements dans mon sac.

Ma pause en forêt n’est guère favorable à l’utilisation du panneau solaire : ma recharge y sera limitée. Cela m’amène à rechercher mes lieux de pause avec une contrainte supplémentaire : il y faut une ombre épaisse (pour moi), bordée d’un ensoleillement abondant pour la recharge des batteries, au risque de ne jamais arriver à vraiment recharger … Au redémarrage, je fais également attention à ce que le panneau soit bien horizontal sur le haut du sac : le remplissage fluctuant avec la consommation de nourriture, la configuration vestimentaire et les ravitaillements, le réglage de la position doit être fréquemment ajusté.

La descente est rapide et ardemment ensoleillée dans Ste Geneviève lès Gasny. J’y refais le plein d’eau (1/2 litre dans ma petite bouteille, un autre ½ litre dans le gosier) au cimetière. Je croise lavoirs et moulin, lieux de pause propices en toute saison (les auvents abritent autant du Soleil que de la pluie ou du vent).

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En traversant l’Epte j’effectue mon premier franchissement de « frontière ». Je quitte l’Eure pour le Val d’Oise, la Normandie pour l’Île de France, le Vexin Normand pour le Vexin Français. A noter que je n’ai pas pris mon passeport mais ma carte d’électeur, histoire de justifier que je suis à moins de 100 km de mon domicile.

Le chemin de campagne remonte à la perpendiculaire vers la crête qui sépare la Vallée de l’Epte de celle de la Seine. Un cycliste itinérant (à en juger par ses sacoches) me double puis met pied à terre, je le rattrape , on tchatche, il remonte en selle quand le terrain redevient plat et disparait … Refaire des rencontres, enfin !

fait chaud, hein ?
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L’arrivée sur cette crête est toujours aussi belle : découverte de la Boucle de Moisson, du Donjon de la Roche-Guyon, perspective des falaises jusqu’à Vétheuil … Je longe cette crête pour y croiser des amateurs de drones, puis emprunte un petit bout de la Route des Crêtes avant de descendre sur le site magnifique de La Roche-Guyon par la « Route Tournante », taillée dans la craie tout comme les habitats troglodytes qui la bordent. Pour les amateurs, la Grotte à Bières était encore fermée, mais je vous préviens que les lieux sont courus !

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Je profite des toilettes publiques pour refaire un plein d’eau plus conséquent (~1,5 litres), car à presque 16h et encore 13km avant le prochain village je ne veux pas courir de risque.

Je ne cherche pas la Bove de la Demoiselle, laquelle a disparu il y a bien longtemps dans une explosion (les causes restèrent mystérieuses). Je passe derrière l’église et remonte par un escalier vers les falaises, prend une dernière vue vers le donjon décapité et, après une nouvelle route taillée dans la craie, rejoint à nouveau les crêtes et la route éponyme.

Je longe d’abord la Forêt Domaniale de La Roche-Guyon par son orée, puis y pénètre franchement pour aller m’installer au cœur de l’arboretum. Il a la particularité d’avoir été établi selon la forme et les limites administratives de la Région Île de France. Différents types de chemins et de coulées vertes symbolisent les limites des départements et les grands cours d’eau. Chaque périmètre est arboré en rapport (plus ou moins) avec le département auquel il correspond. Le dédale de coulées vertes offre de nombreux espaces bucoliques et discrets. Plusieurs kiosques en bois au centre de l’arboretum y constituent d’agréables espaces pour des groupes relativement importants. Pas sûr que l’abri y soit performant en cas de pluie, tant les tuiles de bois sont rintries, déplacées ou manquantes … Par temps clair cela peut néanmoins éviter de monter un abri (si l’on n’est pas dérangé par des visiteurs tardifs). J’y prends ma pause avant bivouac bien à l’ombre (km 41).

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Je repars à 17h15 pour un trip vespéral comme je les aime. Je fais mon chemin par les sentes forestières repérées dans mon itinéraire prévisionnel, avec juste une fausse route qui me fait découvrir l’amphithéatre d’une ancienne carrière au milieu des bois, dont il m’a semblé qu’elle ferait un bien joli site de bivouac pour un groupe. A bon entendeur …

Le Piège Diabolique me rattrape à la sortie de la forêt, lorsque je m’engage sur un long et large chemin de campagne, bordé de deux rangées d’arbres dont la majorité sont des cerisiers sauvages … et les fruits arrivent juste à matûrité … Comment voulez-vous progresser efficacement dans ces conditions ? Ma vitesse moyenne chute, mon estomac s’alourdit … J’envoie des signaux sur WhatsApp pour signaler ma position au cas où je ne parviendrai pas à m’en dégager par mes propres moyens … Ce fut le plus long des kilomètres du jour … et le meilleur !

1 km de cerises
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Je marche maintenant plein Nord, avec quelques zigzags, au-dessus de la Vallée de l’Epte. Je longe parfois un bois, mais je suis la plupart du temps bien exposé au soleil oblique du soir et ça chauffe. Le bronzage préparatoire au Pyrénées est en cours, version rouge écrevisse (enfin, c’est ce que je crains, mais tout ira finalement bien).

Je repère de vieux extincteurs muraux aux coins des champs et m’interroge sur leur usage. Les découpes et soudures effectuées me laissent penser à des mangeoires à oiseaux … Votre avis ?

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Je me projette maintenant totalement vers mon objectif de bivouac, que je dois coupler avec le nécessaire plein d’eau à faire. Je m’assure bien des kilomètres restant à faire, de l’horaire, de mon stock d’eau qui diminue … Mon plan semble jouable. J’évite donc le ½ km de détour que m’aurait coûté le cimetière de Bray et Lû, et remonte en crête après avoir traversé l’Aubette (affluent de l’Epte) au Pont Ru.  Rien de tel qu’un petit 100 m de dénivelé pour vous remettre en forme à la fin d’une longue journée (km 52 à 53).

Je me paye le luxe d’un petit détour pour admirer le Dolmen de Copierres, qui s’avère isolé et inaccessible au milieu d’un champ de blé, sans aucun point de vue pour l’apercevoir. Déception et demi-tour … Descente rapide vers Copierres (le village) sur des pieds maintenant douloureux .

où ça, le dolmen ?
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Je traverse les marais de l’Epte pour franchir à nouveau la frontière francilo-normande sur le vieux et étroit pont de pierre d’Aveny (on passe en voiture, c’était mon trajet professionnel de tous les jours il y a quelques années, mais il faut bien viser pour ne pas décorer la carrosserie). J’y coupe aussi l’ancienne voie ferrée reconvertie en véloroute, et la petite gare reconvertie en maison d’habitation.

Aveny. Pont. Epte. Contrôle des passeports
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Les âges se superposent  à Aveny, avec ses vieilles maisons de pierre, sa très vieille église, son château XVIIème … Le vieux cimetière au pied de l’église est parfaitement pourvu en eau (je n’en doutais pas mais ne l’avait jamais vérifié, et je n’aime pas avoir un doute …).  Je charge mes 3 litres (ouch !) au km 56 (re-ouch !). Il est 20h45 …
Le final consiste d’une remontée directe de 80 m de D+ entre champs et bois, avec un coup d’œil à droite et à gauche en recherche d’un site favorable. Je veux arriver à documenter un dernier site avant de poser mes bagages : ce sera l’Allée Couverte, où je parviens à 21h. De quoi relier le vieux village d’Aveny au néolithique. Je croise d’ailleurs un voyageur temporel qui en revient, casque hi-fi sur les oreilles et épée au côté (véridique !!!). L’épée était de bois et tout cela ressemblait à un retour de jeu de rôle grandeur nature, mais allez savoir. J’adore ces rencontres improbables … N’y manquait qu’un chronoscaphe !

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Pour mémoire, une allée couverte, c’est en réalité ni plus ni moins qu’un cimetière néolithique, sépulture collective dans laquelle on venait déposer les corps au fil des générations. A mon avis, on trouverait beaucoup de choses en creusant sous les maisons d’Aveny, carrefour stratégique de vallées et de franchissement de rivière …

Je repars en avant sur la suite de l’itinéraire pour compléter la recherche du bivouac, mais revient en arrière lorsque le dénivelé se fait trop fort. Dommage, à quelques dizaines de mètres prêt, j’avais un spot idéal juste à la sortie du bois, avec une vue parfaite, que je ne verrai que demain matin. Marche arrière donc vers une lisière précédemment repérée quelques centaines de mètres en arrière.

J’avais croisé peu avant un combi VW en vadrouille sur ces chemins carrossables, me disant que voilà bien quelqu’un cherchant aussi un spot. Bingo, je le croise à nouveau dans l’autre sens (on se salue à chaque fois), tandis qu’il arrive du site que je vise désormais (ouf, il ne me l’a pas chipé). Je m’installe juste à temps coincé entre la lisière d’un bois et un champ de blé, face au soleil juste à son coucher.

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La zone est semi carrossable et j’ai un peu de mal à planter mes piquets dans un sol tassé, sec et très dur, il me faut me décaler le plus possible vers les arbres et faire avec les herbes hautes et un sol inégal.

La corvée de l’installation du bivouac débute sans attendre, et avec mon horaire je ne me suis donné aucune latitude pour lézarder :
-    Montage de l’abri
-    Lessive (1/2 litre pour un rinçage amélioré avec un goutte de savon d’Alep pour gommer les odeurs)
-    Toilette (zou, à poil et passage au gant mouillé au prix d’1/4 litre)

J’ai juste fini d’enfiler mes affaires de nuit quand je reçois la visite de courtoisie de mon voisin de bivouac : j’aperçois en effet le toit du Combi qui dépasse d’un creux 300 m plus loin. Discussion sympa … Je lui apprends que les aboiements effrayants que nous entendons proviennent des chevreuils (le concert durera tard dans la nuit). C’est marrant comme cette fin de confinement redonne de la saveur aux rencontres …

La lumière est déjà bien tombée lorsque la discussion s’achève, et je fais ma popote dans la douceur reposante de mon duvet.

Déception de ce soir, c'est la très faible recharge apportée par ma batterie tampon : 23% seulement par une journée aussi ensoleillée, c'est juste pas possible ! Tous les tests en statique étaient ok, mais visiblement en mouvement l'algorithme de la batterie tampon semble déficient. Heureusement le téléphone recharge très efficacement en statique, et plutôt pas mal en mouvement ...

Pour ce premier bivouac depuis le mois de février, je me suis loupé sur le choix de la surface pour piquer le Pioulou, ce que je croyais être raisonnablement plat est de guingois et je vais passer la première moitié de la nuit à chercher ma position.

Un presque premier quartier de Lune viendra tel un projecteur de mirador troubler mon sommeil, que je ne trouverai véritablement qu’à son (joli) coucher derrière les arbres.

Avec la difficulté à rester hydraté avec cette longue journée au soleil, j’aurai également du mal à respirer aisément par le nez sans être obligé de me redresser (et boire, boire, boire …). Cela m’amènera à utiliser une nouvelle configuration finalement pas si mal :
-    Sac à dos roulé sous la tête du matelas pour la redresser (en plus de l’oreiller de fortune de ma polaire fourrée aux affaires diverses)
-    Chaussures largement ouvertes sous mes pieds, languette retournée, permettant de reposer la cheville sur la zone de laçage, et mes talons douloureux dans le creux moelleux de l’ouverture.

C’est une fois trouvée cette combinaison que je m’abandonnerai enfin à un court sommeil …

Bonne nuit !
7DLiSX5oQ.2020-05-30-05.jpeg
(photo de m... pour une nuit médiocre, mais pour clore une bien belle journée !)


Bilan :
-    59 km
-    Marche 13h05
-    D+ 799 m
-    D- 827 m

J1 en vidéo

EDIT : typo

Dernière modification par Hervé27 (04-06-2020 15:32:03)


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#8 02-06-2020 19:31:10

Fbnou
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Chouette récit ! J'ai fait mon premier bivouac sur les hauteurs de la Roche Guyon, il y a deux ou trois semaines. Tu n'as pas été embêté par les moustiques ?

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#9 02-06-2020 19:49:26

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Fbnou a écrit :

#573022Chouette récit ! J'ai fait mon premier bivouac sur les hauteurs de la Roche Guyon, il y a deux ou trois semaines. Tu n'as pas été embêté par les moustiques ?

Pas les deux premières nuits, il y avait pas mal d'air qui les chassait. Plus compliqué le 3ème et dernier soir.


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#10 02-06-2020 21:48:57

tolliv
Sérénitude
Lieu : Toulouse
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Mais on se croirait dans un guide Michelin avec toutes ces descriptions ! Il ne manque que la notation avec les étoiles.
Tes photos sont bien jolies, à part celles où la lumière vient à manquer.

Tu n'as pas eu de tiques ?
Les chemins étaient entretenus pendant le confinement ?


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#11 02-06-2020 21:57:25

Olivier_91370
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Hervé27 a écrit :

#572944@Fbnou : effectivement en mode bourrin roll … J'ai privilégié les temps de marche (de 11 à 13h / j) sur la vitesse  : plutôt 4.5 km/h que les 5.5 que je fais sur des sorties plus courtes sur les mêmes itinéraires, mais je n'ai pas de sac à dos chargé sur les sorties courtes.

Est-ce que tu pourrais nous parler très rapidement de ton entraînement ?

Sinon, superbes photos !


Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie (M. Proust).

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#12 02-06-2020 22:16:26

Redfish
Chat schizophrène...
Lieu : Marseille
Inscription : 16-11-2017
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Déception de ce soir, c'est la très faible recharge apportée par ma batterie tampon : 23% seulement par une journée aussi ensoleillée, c'est juste pas possible ! Tous les tests en statique étaient ok, mais visiblement en mouvement l'algorithme de la batterie tampon semble déficient. Heureusement le téléphone recharge très efficacement en statique, et plutôt pas mal en mouvement ...

Apparemment ton tel a un seuil de déclenchement de charge bas et celui de ta batterie tampon haut...
Pour rappel, c'est quoi ta powerbank ?

Dernière modification par Redfish (02-06-2020 22:16:41)

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#13 03-06-2020 08:21:04

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Salut tolliv  smile

tolliv a écrit :

#573041Mais on se croirait dans un guide Michelin avec toutes ces descriptions ! Il ne manque que la notation avec les étoiles.
Tes photos sont bien jolies, à part celles où la lumière vient à manquer.

Merci smile

Effectivement, les photos avec un iPhone à 22h00 ne rendent pas grand chose roll ... mais je trouve que même les photos ratées font partie du récit, car elles racontent une intention manquée wink


tolliv a écrit :

#573041Tu n'as pas eu de tiques ?

J'ai marché en short les 3 premiers jours et trouvé une seule tique (je m'inspecte régulièrement). Pour cause de soleil j'ai marché en collant le dernier jour : 2 tiques trouvées seulement après le retour à la maison, et qui avaient donc réussi à se glisser sous le collant depuis les chaussettes ! Comme quoi je préfère largement marcher jambes nues et ainsi repérer facilement et précocement les bébêtes. Pour l'instant je n'ai eu ici que de toutes petites tiques (2 à 3 mm avec les pattes), et comme je les trouve toujours rapidement je peux les enlever avec les doigts sans problème.


tolliv a écrit :

#573041Les chemins étaient entretenus pendant le confinement ?

Effectivement une légère impression d'un moindre entretien, sans plus. Il y avait quelques secteurs où des chutes d'arbres n'avaient pas été dégagées, mais globalement les passages où je craignais d'être repoussé par la densité de la végétation étaient dégagés. Plusieurs de mes chemins ne sont de toute façon jamais entretenus entre 2 coupes d'arbres, soit tous les 5 à 10 ans ...


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#14 03-06-2020 08:44:21

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Merci Hervé27 pour ce retour énergique enluminé de belles photos smile
... Et ne serait-ce pas une randonnée pleine d'arbres et de forêts wink

J'ai d'ailleurs bien aimé ton km cerisier... tu en trouveras moins dans les Pyrénées cet été tongue

Petite question : le soir, tu étais déshydraté. Est-ce parce que tu n'as pas trouvé assez régulièrement de l'eau (donc qu'il aurait fallu plus de stockage), ou bien que tu as géré (trop) drastiquement ton hydratation au fur et à mesure de la journée ?


Mon trombi schizo, mi-Mul mi-anthropologue, avec un sommaire de mes récits de sortie bavards et de mes articles indigestes big_smile sur la Mul

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#15 03-06-2020 09:10:09

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Olivier_91370 a écrit :

#573045

Hervé27 a écrit :

#572944@Fbnou : effectivement en mode bourrin roll … J'ai privilégié les temps de marche (de 11 à 13h / j) sur la vitesse  : plutôt 4.5 km/h que les 5.5 que je fais sur des sorties plus courtes sur les mêmes itinéraires, mais je n'ai pas de sac à dos chargé sur les sorties courtes.

Est-ce que tu pourrais nous parler très rapidement de ton entraînement ?

Sinon, superbes photos !


Salut Olivier_91370  smile

ben, bourrin quoi ... Il y a une autre méthode  lol  ?

Plus sérieusement, difficile de parler de mon entraînement sans contextualiser : ma capacité à "produire" du temps de marche et des kilomètres s'est rebâtie au fil des années récentes, alors qu'à maintenant 51 ans je n'avais jamais été sportif avant ces toutes dernières années (100 kg il y a à peine 5 ans …). Je m'y suis mis progressivement, avec du vélo d'abord avant de reprendre la rando il y a 3 ans et de découvrir RL et la MUL à cette occasion. J'ai pris plaisir à multiplier les sorties, et quelqu'un ici m'a qualifié à juste titre de "boulimique" de la marche … Une demie GTA à l'été 2017, des petites sorties dans l'année, encore plus de vélo, une HRP à l'été 2018 …

J'ai commencé le footing il y a seulement 18 mois (j'ai du mal à y croire quand je l'écris …) et j'ai réalisé que je pouvais courir 5, puis 10, puis 12, puis 15, puis 20 km … Selon la motivation, je m'essaye à différents dosages de sorties marche ou footing, et ce qui me réussit le mieux c'est de partir le matin assez tôt pour faire ~15 km, marchés un jour, courus un autre. Je suis aidé par le fait de résider à la campagne ET de travailler presque exclusivement à domicile en restant totalement maître de mon emploi du temps. En moyenne dans l'année je sors un peu plus d'un jour sur deux, et je "tourne" à un total de ~4 à 5 000 km marchés ou courus par an.

La phase difficile a été il y a un an avec pas mal de douleurs tendineuses, que j'ai finalement su gérer par des étirements d'une part, la recherche de la bonne combinaison chaussures / semelles d'autre part.

Quelque chose qui a beaucoup joué dans ma progression, c'est le mode alimentaire. Ce que j'ai trouvé et qui me correspond le mieux, c'est de faire mes sorties du matin à jeun. C'est quand j'ai ainsi arrêté de prendre des petits déjeuners que j'ai vraiment commencé à progresser. D'une certaine manière j'ai arrêté de carburer au sucre et rééduqué mon organisme à puiser dans les graisses. En rando, pourvu que j'ai bénéficié d'un bon apport glucidique la veille au soir, je peux sans problème marcher jusqu'en début d'après-midi avant de commencer à m'alimenter, et encore seulement en mode grignotage …

Sinon pour faire ainsi de la distance il faut bien étaler l'effort sur la journée : démarrer tôt, finir tard, marquer des pauses suffisantes aux bons moments. Ma journée type en mode "bourrin", c'est grosso-modo :
-  4 heures de marche plutôt intense
- pause n°1 "courte" de ~30 mn (pause café, rien de solide)
- nouvelle marche de 2 à 3 heures
- pause n°2 "longue" de ~1 heure (pas de repas à proprement parler, mais début du grignotage)
- marche de 2/3 heures à allure modérée
- pause n°3 qui peut être "courte" ou "longue" selon l'état d'esprit
- marche du soir (celle que je préfère) jusqu'au bivouac, de 2 à 4 heures selon les envies et le contexte


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#16 03-06-2020 09:24:22

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Redfish a écrit :

#573048

Déception de ce soir, c'est la très faible recharge apportée par ma batterie tampon : 23% seulement par une journée aussi ensoleillée, c'est juste pas possible ! Tous les tests en statique étaient ok, mais visiblement en mouvement l'algorithme de la batterie tampon semble déficient. Heureusement le téléphone recharge très efficacement en statique, et plutôt pas mal en mouvement ...

Apparemment ton tel a un seuil de déclenchement de charge bas et celui de ta batterie tampon haut...
Pour rappel, c'est quoi ta powerbank ?

Salut Redfish  smile

GP2600 mAh

Dans mes tests depuis la maison en statique, elle arrive à très bien charger même à faible lumière : j'ai réussi à capter des 50 mAh / heure contre un mur exposé au Nord un jour de pluie ! Il y a quelque chose lié aux fortes fluctuations d'exposition qui ne va pas, comme un temps de latence pour passer d'un mode à l'autre.

De fait j'ai inversé ma stratégie, en priorisant le branchement du téléphone sur le panneau pendant la marche, et de la batterie tampon pendant les pauses : ça a été radicalement plus efficace. L'avantage c'est que je peux alors vérifier en direct si la recharge opère. Avec la batterie tampon je dois attendre le soir pour constater ce que j'ai pu collecter, au risque de la déception.


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#17 03-06-2020 09:38:43

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Eric le rouge a écrit :

#573077Merci Hervé27 pour ce retour énergique enluminé de belles photos smile
... Et ne serait-ce pas une randonnée pleine d'arbres et de forêts wink

J'ai d'ailleurs bien aimé ton km cerisier... tu en trouveras moins dans les Pyrénées cet été tongue

Petite question : le soir, tu étais déshydraté. Est-ce parce que tu n'as pas trouvé assez régulièrement de l'eau (donc qu'il aurait fallu plus de stockage), ou bien que tu as géré (trop) drastiquement ton hydratation au fur et à mesure de la journée ?


Salut Eric le Rouge  smile

Toute association de la présence sylvestre dans ce récit avec certains échanges récents de ce forum fera l'objet de la confirmation la plus véhémente  wink

Pour l'hydratation, pas de problème de ravitaillement en eau : je complète toujours un peu plus ma connaissance du secteur et des points d'eau disponibles et je n'ai aucune inquiétude à ce sujet (sauf au creux de l'hiver où l'alimentation peut être préventivement fermée pour éviter le gel).

C'est juste que l'organisme ne peut efficacement et au maximum assimiler que ~1/2 litre d'eau par heure, tandis que l'effort produit dans la chaleur fait perdre plus que cette quantité. Un déficit s'accumule immanquablement en journée, qu'il faut rattraper au bivouac. Ayant beaucoup marché et jusque très tard ce déficit était important, et j'étais couché sans avoir bénéficié du temps incompressible pour le combler.


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#18 03-06-2020 09:59:15

bilqis
MULe de Saba
Lieu : Dans le désert
Inscription : 24-08-2018

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Bonjour Hervé,

merci de toutes ces photos qui font rêver... (bientôt... un peu de patience... ça va venir aussi pour moi).
Et chapeau pour cette évolution physique qui fait que tu peux marcher plus de 50 bornes dans la journée (pas étonnant que tes potes se soient défilés  wink  ).
Je me suis un peu retrouvée dans ce que tu décris: Yoga (à la place du footing) depuis 1 an qui m'a fait revenir à ma pêche d'il y a 15 ans, je n'ai plus besoin de la genouillère par exemple (ou seulement dans les descentes très raides), réduction des sucres, je mange quasi rien jusqu'au déjeuner, seulement fruits, amandes et dattes. Et le plus dur en ce moment, essayer de me passer du café du matin  hmm  , suis passée déjà à une seule tasse.
On est sur la bonne voie  smile

Sophie
Edit: prénom ajouté

Dernière modification par bilqis (03-06-2020 10:15:00)


Sophie

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#19 03-06-2020 12:16:10

Olivier_91370
Membre
Inscription : 13-08-2014

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Hervé27 a écrit :

#573083 ben, bourrin quoi ... Il y a une autre méthode  lol  ?

Merci beaucoup pour cette réponse détaillée, ton témoignage est très intéressant !  smile


Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie (M. Proust).

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#20 03-06-2020 21:13:48

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

bilqis a écrit :

#573087 (pas étonnant que tes potes se soient défilés  wink  ).

Qui veut voyager loin ménage sa monture. Laissons le se fatiguer .....  tongue

En tout cas ça donne envie, moi je me déconfinerai tranquillou dans 15 jours, j'ai envie d'aller à belle ile, ou bien en Finistère ....

@hervé27, la suite ?


«L’humain mène une guerre contre la nature. S’il gagne , il est perdu» – Hubert Reeves

Profil / trombi ici

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#21 03-06-2020 21:17:04

Pala2
MUL frites
Lieu : Bruxelles
Inscription : 16-07-2015

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Hervé27 a écrit :

#573016
Bilan :
-    59 km
-    Marche 13h05
-    D+ 799 m
-    D- 827 m

azerty a écrit :

#573184
@hervé27, la suite ?

Quoi, c'était pas tout le tour?


Pierre Build-a-Bear

(C'est comme ça que je m'appelle dans la vraie vie)

Mon trombi, parce que je sais jamais comment le retrouver facilement...

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#22 04-06-2020 09:19:05

chouxrave
Membre
Lieu : Bugey
Inscription : 13-10-2006

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Virée super sympa qui me fait retrouver la région de mes premières randos d'il y a ... 40 ans !!!  cool

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#23 04-06-2020 15:28:53

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

Samedi 30 mai, 5h25

Les chevreuils ont aboyé longtemps dans la nuit, et sont souvent passés pas bien loin de mon abri pour aller visiter le champ voisin. Si comme je l'ai décrit ma première moitié de nuit a été compliquée (rattrapage de mon hydratation après une longue journée, inconfort de mon emplacement mal choisi, bruits nocturnes …), j'ai fini par m'abandonner au sommeil dans la deuxième moitié.

lumières du levant à la sortie du duvet
7DO8gZj9o.2020-05-30-05.jpeg

Le montage un peu haut du Pioulou et donc une très bonne aération, l'air chaud et sec de cet été précoce, la position bien ventilée de mon spot de bivouac … ont tous contribué à une nuit bien sèche (aucune condensation ou rosée) en l'absence de moustiques, sans pour autant avoir eu trop chaud dans mon ensemble duvet + SOL bivy lite. La douce chaleur bien ventilée du duvet m'a ainsi offert le repos musculaire dont j'avais besoin. Je relève 8-9°C au matin au petit thermomètre que j'emmène désormais avec moi : à la bretelle du sac en journée, à une attache de la toile du Pioulou la nuit (j'ai moins froid si je sais pourquoi).

Pour ce premier bivouac depuis le mois de février, il me faut reprendre mes automatismes pour un repli ordonné, quelle corvée ! J'apprécie le gonflant de mon cumulus autant que la compacité de son rangement, mais entre les deux il y a le mouvement de remettre le duvet dans sa housse et lui faire perdre 98% de son volume … sans oublier le SOL Escape Bivy qui, lui aussi, exige une bonne méthodologie pour rejoindre la housse que je lui ai assigné (la housse d'origine trop petite a craqué au premier usage).

A l'extérieur mon T-Shirt et Short n'ont pas totalement séché, leur renfilage humide n'est cependant désagréable que quelques secondes. En tout cas je me félicite de ma lessive économe, ils ont une bonne odeur de propre !

Je ne me sens pas de traînasser à avaler un café sous la tente, je me concentre donc sur le rangement pour un redémarrage quelques minutes avant 6h00. Je garde ma polaire le temps de m'échauffer, d'autant que je dois encore finir de sécher mes vêtements de corps par mon apport thermique personnel.

Le Soleil est théoriquement déjà levé mais pas encore visible de ma position, je dois longer mon champ et reprendre mon sentier avant de faire nos retrouvailles à raz des hautes herbes de cette jachère.

J'évite d'utiliser mes bâtons à hauteur du Combi VW de mon visiteur d'hier soir, que j'avais néanmoins prévenu de mon décollage matinal.

mon voisin de cette nuit dort encore, j'étais au pied des arbres tout là-bas en face, de quoi ne pas se déranger mutuellement
7DO8xwuL1.2020-05-30-06.jpeg

Je quitte ma hauteur pour descendre vers le village de Berthenonville (100 m de D- : c'est pas les Pyrénées mais au bout de la journée ça chiffre).
Les lumières rasantes sont bien belles, avec une vue en enfilade sur toute la Vallée de l'Epte à suivre.

7DO8ZsOjm.J2-1.jpeg

Je me félicite d'avoir gardé ma polaire car finalement il fait plus frais sur ce versant Nord que sur mon spot de bivouac qui avait gardé le chaud soleil d'hier jusqu'à son coucher.

A Berthenonville encore endormi (si tant est que tout ces petits villages, comme le mien, soient jamais vraiment éveillés …), je me contente de reprendre 1/2 litre d'eau au cimetière que je longe car je ne crains pas la déshydratation accélérée pour cette section aux heures fraîches. Je sais disposer de multiples ressources devant moi.

Contraste avec mon site de bivouac bien sec : une section de chemin bien enherbée suffit à détremper mes chaussures avec la seule rosée en quelques dizaines de mètres. Cela fait partie du jeu …

Autre contraste : avec la recharge décevante de mon téléphone hier soir depuis ma batterie tampon, je ne suis reparti qu'avec moins de 30 %, a priori suffisant pour tenir le temps que la généreuse lumière de ce jour prenne le relais … sauf que cette fraîcheur soudaine - à laquelle mon téléphone accroché à la bretelle est exposé - va lui faire perdre ses moyens. Au moment de tourner une petite séquence vidéo, le voilà qui s'éteint sans autre forme de procès ! A mon thermomètre la température est descendue à 6°C avec un petit vent frais : c'est le seuil critique ! Les matins frais je dois penser à tenir le téléphone contre moi pour m'éviter ce désagrément. Après quelques minutes couvé au chaud sous ma polaire, il consent à se rallumer … Autre signe encourageant : sur ce terrain dégagé, en mouvement et raccordé directement au panneau solaire, l'iPhone reconnait et accepte déjà la charge directe au panneau malgré la faible hauteur du Soleil. Pas encore assez pour compenser sa consommation mais c'est encourageant pour la suite.

Un peu plus loin je suis déjà au village de Château sur Epte, avec son donjon proéminent dominant la vallée. Je vous recommande de ne pas tracer tout droit et d'en faire le tour par la route circulaire qui le contourne, car depuis mon dernier passage dans ce coin un très gros effort de dégagement de ce site féodal a été accompli. Là où il y a quelques années l'essentiel était caché par les arbres et la végétation, le déboisement d'une part, l'entretien confié aux chèvres d'autre part, ont permis de remettre en valeur toute l'ampleur du site. Là où je ne voyais qu'un donjon, c'est une impressionnante forteresse qui se révèle aujourd'hui.

Château sur Epte. Un nom simple, direct, bien marketé : j'achète !
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Après ce joli tour et la dernière maison du village, je quitte la rue à la perpendiculaire et descend le long d'un pré, coupe la départementale et rejoint le véloroute qui remonte l'Epte de Gasny à Gisors. Je l'emprunte sur 1 km jusqu'aux Bordeaux Saint Clair, pour y reprendre la route, traverser à nouveau l'Epte et atteindre cette fois Saint Clair sur Epte, lieu emblématique du thême du circuit, puisque c'est ici que la Normandie est née d'une part, que le Vexin a été partitionné en ses versions normande et française d'autre part. Sans Rollon et Charles III le Simple en 911, point de GTVN ! Permettez moi de les remercier ici.

A Charles le Troisième et Rollon, pour la vie !
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????
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Il faut bien quelques sections moins attrayantes sur les meilleurs des itinéraires, car entre les Bordeaux Saint Clair et mes retrouvailles avec du chemin non asphalté ce sont tout de même 4 kilomètres de route que je dois emprunter, le tout agrémenté d'un passage sous la 4 voies qui contourne Saint Clair sur Epte … Bon, il est encore tôt et le Soleil ne cogne pas encore dans la côte qui me fait remonter de 80 m jusqu'au Château du Héloy, et cela reste une route relativement peu empruntée …

Je finis par la quitter et, au bout d'une section de chemin agricole, je peux attraper le GR125 que je vais plus ou moins suivre un long moment. Je retrouve un environnement plus bucolique et, après une douce montée vers une vague ligne de crête, je prends quelques minutes de pause pour reconfigurer ma tenue et remiser la polaire dans le sac à dos. Mine de rien, il est déjà 8h15 et je suis parti à 6h00 …

Je descends dans le très joli village de Boury en Vexin, avec son château, son splendide tilleul (vraiment) au milieu de la place du même nom, son château et ses fontaines … Je me ravitaille à une belle et vieille fontaine adossée au mur d'enceinte du parc du château, passant outre la mention de sa non potabilité (j'en ai vu d'autres …). En faisant ensuite le tour de cette enceinte, j'aurai plus de doutes en découvrant le déversoir de l'étang qui doit se trouver dans le parc. Mon eau de fontaine avait-elle la même origine ? Je pense que non et qu'elle venait d'une des sources qui constellent cette vallée. En tout cas elle ne m'a pas causé de désagrément …

Boury en Vexin. Le Tilleul en sa place dépasse du cadre
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non potable, on a dit !
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MULou en mai (@Michel Piccoli)
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Il s'ensuit une bien jolie section du GR125 jusqu'à Courcelles lès Gisors où j'arrive vers 9h20. Je trouve qu'il est encore trop tôt pour y prendre ma pause et fais la fine bouche sur différents lieux qui auraient pu s'y avérer bien agréables, notamment 2 lavoirs dont l'un juste au pied de l'ancien château. J'aurai vite des regrets car la suite de la traversée de Courcelles aura peu d'intérêt, suivie d'un bord de route forcément éprouvant pour la plante des pieds. Au moment de retraverser l'Epte je lorgne sur ses abords mais rien ne me satisfait.

Courcelles lès Gisors. Ultime traversée de l'Epte
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Toujours sur la route je recroise le véloroute, et j'avoue que s'il s'y était trouvé une table de pique-nique sur le parking qui le borde je l'aurai prise, et tant pis pour le manque de charme … Il va être 10h00 et le Soleil est maintenant haut.

Passé la Départementale à hauteur de Gisors (que j'ai choisi de ne pas inclure au circuit mais il y a des choses à faire et à voir dans cette petite ville), je quitte le GR125 qui se poursuit sur l'autre rive de la Lévrière affluent de l'Epte. Je préfère le joli chemin moins urbanisé sur la rive où je me trouve, plutôt que la petite route qu'emprunte le GR. Lévrière & Epte : c'est entre ces deux rivières que je vais évoluer aujourd'hui.

La Lévrière coule à quelques dizaines de mètres à ma gauche mais de l'autre côté des prés (privés) qui la borde. C'est seulement au "Pont Noir" qui franchit la rivière à hauteur de Neaufles Saint Martin, qu'un bel espace herbagé en bord de rivière muni d'une table de pique-nique me tend enfin les bras. Je peux me poser, étaler mes affaires et aérer mes orteils. Il est juste 10h00 et je suis pile dans mon quota de 4h pour la première pause, mais après mes 13h marchées hier j'aurai volontiers fait avec un arrêt anticipé…

La Lévrière rien que pour moi !
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C'est fou comme on peut se requinquer en 45 mn et après un généreux café  smile . Disposées de manière optimale, les batteries humaine et solaire se rechargent avec efficcacité  cool  ! Mon téléphone est déjà remonté à 40% malgré la large consommation que j'en fais (enregistrement de trace, nombreuses photos / vidéos ...). Je veux ici tester les limites de ma configuration : je serai plus économe de retour dans les Pyrénées … Je reprends donc mon chemin dans cette petite vallée de la Lévrière, et bifurque avec elle à 90° sur la droite à hauteur du village de Saint Eloi. J'y reprends le GR125 dans l'une de ses très belles sections par un chemin ombragé en lisière de forêt.

Un arbre ! Un autre ! Oh un arbre ! Tiens ? un arbre ! Encore un ! Vous avez vu les arbres ? (@Eric le Rouge wink )
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Les kilomètres ainsi souvent sylvestres, tantôt champêtres s'enchaînent avec délice. L'heure avançant toujours (d'ailleurs a-t-elle jamais rien fait d'autre qu'avancer ?) c'est à ma pause déjeuner que je pense maintenant, pour laquelle il va me falloir de l'eau … mais pas de bonne itinérance sans un bon merdouillage de temps à autre. Le seul point d'eau que j'ai en mémoire se trouve à Bézu la Forêt à l'orée de la Forêt de Lyons, mais bien trop loin à cette heure. Je compte sur les différents villages que je dois croiser pour y trouver mon besoin. C'est là qu'un de mes traits de caractère intervient : j'aime bien savoir rester autonome sans quémander mon eau chez l'habitant, et nombreux sont les kilomètres inutiles que je me suis déjà imposé de ce fait dans d'autres aventures.

Je fais un premier petit crochet par Saint Denis le Ferment mais il y a longtemps qu'il ne s'y trouve plus de cimetière près de l'église … Pas d'eau (publique) à trouver ici et c'est dommage, car un bel espace aménagé et arboré borde la rivière dans un bien joli village fleuri et accueillant … Je poursuis donc en direction d'Hébécourt et finis par jeter mon dévolu sur son cimetière en contrebas, que je dois rejoindre par la route sous un Soleil qui me fait lourdement transpirer. J'y suis à 13h20, et je n'y trouve qu'une eau de citerne qui ne me laisse pas le choix. L'eau est propre, sans goût particulier … je ferai avec (et toujours sans désagrément).

Tant qu'à merdouiller, il me semble que depuis le village du Fond d'Hébécourt je pourrai suivre la Lévrière sur son autre rive et par la forêt, quitte à faire mon chemin en bord de champ sur une petite section. Je me détourne donc vers le Fond d'Hébécourt pour y trouver le début de chemin que j'espère, et il se trouve que des ouvriers y ont entamé des travaux de débroussaillage. Je leur demande si la suite est pratiquable et ils me disent que oui … jusqu'à la grille qui le ferme roll ! Mon chemin est privé et à la lecture de ma carte je comprends que je n'ai maintenant d'autre choix que de faire demi-tour, remonter sur le plateau pour de trop longs kilomètres sous le Soleil, souvent sur route, avant d'atteindre la forêt.

Me voilà donc à prendre mon courage à 2 pieds et à faire demi-tour ... J'essaye bien de trouver autour de moi un lieu propice à un déjeuner à l'ombre mais c'est peine perdue : les champs brûlés de Soleil côtoient l'asphalte qui chauffe ... Je n'arrive à prendre que bien peu de tronçons de chemins agricoles et finit par m'échouer dans le village d'Amécourt, sur le versant "Epte" de mon plateau ensoleillé. Je descends dans son cimetière entourant l'église et, sous de grands arbres, j'y trouve robinet d'eau fraîche et banc bienvenu. Cela fait 3h30 de marche depuis ma dernière pause, 7h30 depuis ce matin (et 36 km) et je suis rincé : je vais prendre le temps de me requinquer, m'hydrater, me sustenter ... J'y reste ainsi presque 1 heure, avant de me faire violence pour repartir dans la chaleur pour encore 6 km jusqu'à la forêt, à travers champs sous le chaud Soleil de l'après-midi, mais avec le plein d'eau officiellement "potable".

les plans (d'eau) à la noix mènent …
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… en zigs-zags aux cimetières !
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Forcément en mode "automatique" sur cette section moins réussie de mon parcours, je trouve le juste dosage entre rythme & souffle pour avancer vite mais ne pas surchauffer. Ici et là je me trouve sur le véloroute Londres-Paris et y croise des cyclistes, et notamment deux d'entre eux que j'entends discuter derrière moi après m'avoir croisé, tant les voix étaient bien portées par le vent. J'entends ainsi distinctement l'un d'entre eux exprimer à quel point dans son esprit, la marche était bien la pratique physique des bourrins  lol ! En cet instant j'étais bien d'accord avec lui roll !

C'est à 16h30 et au km 42 de la journée (et 101 depuis hier cool !) que je vais enfin entrer dans la Forêt de Lyons et changer d'environnement. Je commence d'y trouver divers monuments liés aux conflits mondiaux. Le plus surprenant pour moi est le premier, qui rappelle une embuscade allemande du 16 septembre 1914, montrant l'avancée extrême des troupes du Kaiser dans leur tentative d'encerclement de Paris avant le renversement de la Bataille de la Marne, et leur reflux plus au Nord-Est.

Promenons-nous (enfin !) dans les bois, pendant que le Lyons y est ...
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Sur ma carte je vise au coeur de la forêt le "Rond des Quatre Cantons", où une aire de pique-nique est indiquée, pour placer la dernière pause d'avant bivouac en un lieu pourvu du mobilier approprié. Pour y parvenir j'enchaîne de belles et rafraichissantes pistes forestières.  Je rêvais d'une belle table de pique nique dans l'herbe sous les arbres, je me contenterai à 17h / 44 km d'un peu d'ombre sur une planche sale et graffitée sur le bord d'un parking de gravier ... bof sad !

A la reprise j'emprunte encore une route forestière mais était-ce l'effet du confinement ? La voici encombrée d'arbres tombés que je dois enjamber, ce qui me permet de travailler d'autres muscles : douloureux, mais bienfaiteur roll ...

"Dis Papa, les arbres qui sont tombés, qui c'est qui va les ramasser ?"  "Tais-toi et enjambe …"
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Je passe ensuite sur une très jolie portion non loin de la lisière lorsqu'il s'agit de rallier Bézu la Forêt (j'adore ce nom). Quand j'y arrive j'y croise un groupe de jeunes marcheurs (à vue de nez la moitié de mon âge), qui se sont étalés dans l'herbe à l'entrée du village et au bord de la Lévrière. Une discussion s'amorce sur nos sorties respectives mais il s'avère que nous ne sommes pas sur le même registre : ils affichent avec fierté leurs 23 km du jour, m'obligeant à évoquer mes 48 (presque nos âges, en fait ?). Ils sont visiblement en négociation avec une résidente du village pour obtenir l'autorisation de bivouaquer ici (les lieux s'y prêtent pour ce qui est du cadre, mais je n'aimerai pas être ainsi à la vue dans un village). Je les laisse méditer sur les kilomètres que j'entends encore faire d'ici ce soir, et rallie église et cimetière pour le ravitaillement en eau (NB : les lieux furent déjà évoqués dans notre sortie "Forêt de Lyons" de la Toussaint 2019).

Bézu la Forêt. Eglise. Cimetière. Eau. What else ?
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Je bois autant qu'il m'est permis, fais le plein d'eau au taquet (4 litres), et retourne sous la ramure armé pour le bivouac, bien qu'il ne soit "que" 18h30 et que j'entende bien faire encore quelques kilomètres. Je refais une petite visite à la "Pierre qui Tourne", malgré les 2 x 5 mn d'aller retour qu'elle impose. Que ne ferait-on pas pour ajouter un bout de vidéo à sa documentation ?

La Pierre qui Tourne
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Mêmes causes, mêmes effets : au carrefour où je bifurque pour aller rendre visite à la source de la Lévrière, je re-fais la même erreur d'orientation qu'avec le groupe RL il y a 7 mois, corrigée de la même façon. Si vous me lisez, rigolez bien lol  !

Visite donc aux Sources de la Lévrière, qui coulent deux fois plus abondamment qu'à notre passage automnal et pluvieux. Impression surprenante vu la sécheresse ambiante …
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Poursuivant par la piste forestière fermée aux véhicules par une barrière, et tandis que s'installent les douces lumières du soir (il est maintenant 19h30), j'entends rugir un moteur dont j'ai du mal à localiser la direction. Rien devant moi, rien derrière  … pour soudain voir débouler un Range Rover perpendiculairement à la piste par un sentier de coupe ! Il tourne dans ma direction et s'arrête à ma hauteur, le conducteur me demandant si je n'ai pas vu passer un quad ? Je réponds par la négative et le voilà déjà reparti … Les choses sont allées très vite et je n'ai pas bien observé, et reprenant mon chemin je me dis que les voilà bien gonflés de s'amuser en Quad et Range-Rover dans une forêt domaniale …

Ce n'est qu'un peu plus loin que je saurai assembler les pièces du puzzle : je quitte ma piste interdite aux véhicules pour retrouver une route, où stationne un van. J'entends alors derrière moi un Quad arriver, ainsi que la discussion qui s'ensuit avec les occupants du van :
- "comment tu vas faire pour passer la barrière ?"
- "on s'est fait courser par les gardes forestiers, mais on les a semés …"

Ah mes cochons mad ! A chacun ses affaires mais il y a des attitudes qui me débecquetent ...

J'ai fini par fixer mon objectif de bivouac sur une valeur sûre, prenant la direction de la clairière que nous avions déjà choisi à la Toussaint. Je me déroute de la piste, retrouve les lieux ... Je pose le sac et commence à repérer une zone plate sous les arbres qui devrait encore bénéficier quelques instants du Soleil couchant. Il est 20h et je devrais maintenant être tranquille, ainsi à l'écart des axes passants ... quand re-voilà un vrombissement de moteur et le Range Rover de l'ONF qui arrive et pénètre dans ma clairière ! Un peu mal à l'aise (ai-je vraiment le droit de bivouaquer ici, au fait ?), je leur fait un salut de la main auquel ils me répondent. Ils font un demi-tour dans la clairière et reviennent à ma hauteur en me regardant. J'attaque la conversation en leur disant que j'ai finalement aperçu leur Quad … "Oui, on  a fini par le choper !" ... ce à quoi j'ai levé un pouce approbateur ... Tout sourire, le gars m'a salué et est reparti, évitant de me poser LA question à laquelle il m'aurait bien fallu répondre, et lui évitant de me donner une réponse qu'il n'avait peut-être pas envie de me donner ...

M'estimant enfin tranquille avec une caution informelle de la force publique, je peux disposer mon petit nécessaire : panneau solaire face au couchant (ce sera toujours ça de pris !), nettoyage de la surface nécessaire à mon Pioulou, identification difficile du sens du vent pour bien le positionner ... Montage, lessive, toilette, popote ... Me voilà bien mieux installé que la nuit précédente, cette fois sur un sol bien régulier. Toujours un peu d'air, plutôt chaud et sec, qui m'annonce une nuit confortable.

Côté téléphonie, l'inversion de la stratégie par ce beau temps se révèle efficace : démarré à moins de 30% ce matin, le téléphone finit la journée à 75% malgré une utilisation intense. En une seule pause la batterie tampon en statique avait permis d'en recharger 18% / 300 mAh en 40 mn d'exposition, le reste s'est fait par branchement direct du téléphone en mouvement et lors des autres pauses. Je vais rester sur ce mode pour la suite.

Bonne nuit !
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Bilan J2 :
- 55 km
- Marche 11h15
- D+ 649 m
- D- 711 m

La même chose en vidéo !

Dernière modification par Hervé27 (05-06-2020 18:25:44)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#24 05-06-2020 15:55:19

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

J3 - Dimanche 31 mai, 5h00

A part un gros visiteur nocturne que j'ai imaginé être un grand cervidé depuis le refuge douillet de mon duvet, la nuit a été paisible. Je relève 11-12°C ce matin, c'est très doux. Avec un petit vent, mes affaires accrochées à une branche sont bien sèches ce matin, c'est agréable smile . Je replie mécaniquement, et me voilà en chemin à 5h45. Je suis un peu court en eau après mon dernier ravitaillement hier à Bézu la Forêt à 18h, et ma grosse consommation du soir au bivouac (douche et lessive) : après m'être hydraté au réveil, je ne dispose que d'1/4 de litre. Je vais essayer de profiter des heures fraîches pour ne pas avoir à me détourner pour ravitailler.

Pas de beau lever de Soleil à imager depuis les profondeurs de la forêt … Après 2 km et à la croisée d'une route, je touche la pointe Nord de mon itinéraire en boucle. A partir d'ici je "redescends" vers le Sud et amorce le retour vers mon point de départ …

tiens, une borne frontière ...
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les forêts, les forêts … on en voit une on les voit toutes … non ?
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Je profite de mes expériences et repérages passés pour éviter les routes asphaltées et garder le couvert forestier aussi longtemps que possible. Je limite ainsi le terrain découvert à un petit kilomètre au moment de passer devant le beau Château de Fleury la Forêt. De là j'emprunte une allée d'arbres dont il n'est pas impossible qu'elle soit privée … mais en l'absence d'interdiction formelle ou de barrière physique, j'ai pris l'habitude de l'emprunter et la trouve bien pratique pour relier agréablement deux sections de forêt sans en passer trop longuement par les bords de route.

Château de Fleury-la-Forêt
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J'aligne des chemins connus, et repasse par l'arboretum de la Forêt de Lyons. Je bois mon 1/4 de litre par petites gorgées espacées, il ne me reste ici pas assez d'eau pour organiser la pause bucolique que j'aurai aimé. Une autre fois ? Le défaut de cet arboretum est qu'il m'oblige à longer 1 km de petite route asphaltée en forêt, mais c'est vite passé et je retrouve du sol meuble plus agréable à mes pieds.

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Nouvel arrêt express au Carrefour des Quatre Cantons et sa très jolie cabane forestière ouverte, qui fait un abri d'une excellente qualité, pourvu d'une cheminée opérationnelle. Située à un carrefour de routes, elle n'offre malheureusement pas l'intimité secrète d'un sous-bois … A son pied un mémorial honore l'équipage d'un bombardier britannique tombé près d'ici le 30 août 1944 tandis que la Libération s'accélérait.

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Passage ensuite à la source du Fouillebroc, nouveau cours d'eau de cette balade, affluent de la Lieure, elle-même affluente de l'Andelle, et finalement de la Seine … Histoire de décrire la suite de l'itinéraire qui se fait maintenant sur ces axes. Il y a là un grand replat herbeux sous les arbres avec tables de pique-nique. Ne serait-ce la route adjacente, l'espace serait idéal pour le bivouac. En groupe ça irait, mais en solo on apprécie de ne pas risquer les dérangements intempestifs.

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Le chemin suit le cours du Fouillebroc, et atteint enfin la  Fontaine Sainte Catherine, autre source abondante à quelques encâblures de l'ancienne abbaye et du Château de Mortemer. Sous les arbres et pourvu d'un banc, l'emplacement est idéal pour la pause après un peu plus de 3h30 de marche. Je prends mon eau au déversoir du petit sanctuaire qui protège l'une des deux sources du site (l'autre source est à ciel ouvert). Je n'ai pas eu le sentiment de me déshydrater ce matin, malgré le maigre 1/4 de litre bu pendant la marche, mais je n'étais pas aux heures chaudes ni à découvert.

Seul au début, je réquisitionne le banc pour mon usage personnel, trouve un vague espace où le Soleil parvient à percer l'ombre du feuillage pour poser le panneau solaire, et profite bien de mon café matinal (il n'est que 9h30). En ce beau dimanche du long week-end de Pentecôte, il commence néanmoins à y avoir du monde de sortie.

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Un groupe de 4 cyclistes vient visiter le site, et comme je les entends s'interroger sur le village où ils pourraient bien se ravitailler en eau, je leur indique que l'eau de la source est claire et fraîche, que j'y ai souvent bu et n'est jamais été malade, pas plus que ceux que j'ai invité à faire de même… Passent encore un couple de randonneurs, une petite famille avec enfants en poussettes et chien en laisse… A chaque fois ce sont de courtes mais sympathiques discussions, on sent comme un besoin de socialiser …

Je ne reprends qu'1/2 litre d'eau car ma prochaine étape n'est qu'à 1 h de marche, mais ensuite il me faudra plus me charger car avec Soleil et chaleur la consommation d'eau sera autrement plus importante. Je passe par la forêt pour longer les étangs, puis l'Abbaye et le Château de Mortemer : avec les arbres il y a peu de vues vraiment satisfaisantes qui rendent en photo, mais il en aurait été de même par la route, en raison des murs qui ceignent le périmètre. En tout cas je préfère marcher à l'ombre.

sous le moins mauvais angle possible ...
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Il me faut passer la colline pour atteindre Lyons la Forêt (catégorie "Plus Beaux Villages de France"). Droit dans la pente, par la petite route et dans la forêt d'abord, bien exposé au soleil ensuite. L'arrivée à Lyons la Forêt est un choc, après toutes ces longues semaines avec si peu de contact. L'association du Week-end, du beau temps, d'un jour de marché, de l'envie pour tout le monde de sortir … le village est blindé de monde et ça se bouscule sur les trottoirs ! Je n'en crois pas mes yeux et préfère à regrets contourner le si joli centre historique, d'autant que seule une petite minorité s'affichait avec un masque (je n'ai pour ma part que mon buff).

La Lieure à Lyons la Forêt
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L'église et le cimetière à la sortie du village vont me permettre de faire un plein d'eau conséquent pour la suite (10 km jusqu'à Charleval et la pause-déjeuner à prévoir au milieu). Je passe devant le porche de l'église puis entre dans le cimetière à l'heure de la sortie de la messe de Pentecôte : mon allure de randonneur éprouvé au 3ème jour de marche au milieu des ouailles de la paroisse fait tâche … Je fais un usage respectueux du robinet du cimetière puis m'éclipse tout en discrétion …

J'emprunte sur 2 km un bien joli sentier de découverte en forêt jusqu'au hameau et la Chapelle de l'Essart Mador. Un vaste espace de pique-nique y est aménagé, ainsi qu'une table bien nichée à l'ombre entourée de haies … Signe des temps et des incompréhensions qu'ils génèrent, un randonneur sur le départ m'interroge sur le circuit qui mène à Charleval car il ne voit aucune indication. Je veux mieux le renseigner et m'approche pour lui montrer l'itinéraire sur mon téléphone, mais il fait un pas de recul  roll . Difficile de lui être utile si je ne peux partager les outils dont je dispose … mais comment lui faire reproche ?

Chapelle de l'Essart Mador
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A l'ombre de la forêt les quelques kilomètres qui me séparent du lieu que j'envisage pour ma pause déjeuner sont un régal. Malheureusement, au Carrefour Beaunay où se trouve une cabane, des tables et une aire gazonnée, je trouve qu'il y a déjà un peu trop de monde (3 groupes) et déjà trop bruyants à mon goût. Il me faut poursuivre et inspecter mon environnement pour trouver un cadre improvisé garantissant mon goût de la solitude. Ce sera le cas dans un bosquet à l'écart du chemin, associant avec bonheur d'épais ombrages au pied de l'arbre sur le tronc duquel je m'adosse, et une petite levée de terre abondamment ensoleillée où mon panneau solaire ne laissera pas s'échapper le moindre mAh … Il est passé 13h et j'ai déjà progressé de 32 km, mais je sais que le plus dur reste à faire car je vais bientôt sortir de la Forêt de Lyons et entreprendre des secteurs abondamment ensoleillés aux heures les plus chaudes de la journée … Je profite donc autant que possible de ces instants d'ombre bien aérés par un petit vent.

Une fois reparti je me retrouve vite une première fois bien exposé à hauteur des vastes prés qui entourent la Maison Forestière de Colmont. La courte section de forêt qui suit ne suffira pas à me rafraichir avant de plonger définitivement dans la "fournaise" : 28°C à mon thermomètre, mais c'est sans compter le Soleil et le coût des efforts. J'envie les vaches qui ont pris refuge sous les arbres et s'y reposent, observant placidement mon passage. Je descends enfin dans la petite ville de Charleval, où je croise l'Andelle qui sera ma main courante pour la suite de l'après-midi. La chaleur de l'asphalte s'ajoute au reste, j'appréhende la suite …

Veinardes !
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L'Andelle à Charleval
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Pour remonter de l'autre côté de l'Andelle je dois emprunter la route et passer un grand rond point, avant que le GRP des Forêts de Normandie (que je suis ici) ne se refasse un vague sentier montant droit dans la pente entre les champs de colza. J'alterne les passages de l'ombre à la lumière entre petits bois et chemins agricoles, refait un plein d'eau au village de Vandrimare … Je m'efforce de ménager mon épiderme des rayons du soleil, car je commence à sentir chauffer mes avant-bras et mes mollets. Nouveau plein d'eau au cimetière de Fumechon après une grande ligne droite en plein soleil, dans laquelle j'essaye de positionner mes bras pour les éloigner de la perpendiculaire des rayons solaires.

Je voulais inclure une vue de l'Abbaye de Fontaine Guérard à l'itinéraire et vais pour ce faire m'imposer une longue section asphaltée, mais ce sera une déception car les bâtiments de l'abbaye sont invisibles derrière les arbres depuis cette rive de l'Andelle. Comble de malchance dans mon choix de détour, le sentier que j'espérais emprunter pour remonter sur les côteaux s'avère être privé … Je me vois contraint de poursuivre sur la petite route qui suit l'Andelle : cette section se trouve être piétonnisée 2 Week-ends par mois, dont aujourd'hui … Il y a ainsi beaucoup de flâneurs au bord de la rivière, laquelle offre par endroit des possibilités de baignade.

Je ne peux vous offrir de vue que sur les (impressionnantes) ruines en forme de cathédrale industrielle de la Filature Levavasseur
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J'ai dépassé les 45 km aujourd'hui et souffre maintenant du soleil, je ressens vraiment le besoin de m'arrêter un long moment dans un endroit ombragé, mais avant cela il me faut de l'eau. C'est à Pont Saint Pierre que se trouve mon dernier robinet public sur le circuit, et où il faudra me charger au maximum. Il y a bien un banc devant le cimetière, mais sur le parking et en plein soleil ! Tant pis, je m'adosse à l'ombre du mur assis sur l'asphalte après un aller retour au robinet du cimetière. Livré à la vue des visiteurs occasionnels du cimetière, je me fais l'impression d'un vagabond … mais n'est-ce pas justement le cas ? Cette pause sans charme a le mérite de faire tourner mon panneau solaire de manière optimale, de permettre ma réhydratation, ainsi qu'un abondant tartinage de crème solaire pour apaiser mes brûlures naissantes et empêcher leur aggravation.

Comme j'ai l'esprit pratique, qu'il est 18h et que je me projette sur le bivouac pour lequel j'ai fait le plein d'eau, je sais que mes 3 litres vont être trop justes pour permettre douche et lessive en plus de mon hydratation. J'anticipe que je vais avoir certains sacrifices à faire sur l'hygiène …

Je descends vers Pont Saint Pierre que je longe par les champs et terrains de sport plutôt que par sa partie urbanisée, traverse une dernière fois l'Andelle puis entame la remontée sur les côteaux. Je découvre cet agréable sentier, où je croise un ado VTTiste qui fait des aller-retours dans la pente. Je m'interroge devant d'énormes ornières (presque 1m50 de profondeur !) quand 4 moto cross arrivent et passent en trombe dans une pétarade d'enfer … J'ai ma réponse …

L'ornière de Normandie. La seule. La véritable. Méfiez-vous des contrefaçons !
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Au moins maintenant suis-je dans les bois et ne souffre plus du Soleil, qui descend sur l'horizon et amène les ambiances du soir que j'aime tant. Loin maintenant des motos, je commence à déranger les chevreuils qui ressortent alors que j'approche de la Côte des Deux amants, à hauteur de la confluence de l'Andelle et de la Seine. C'était l'objectif minimal que je voulais atteindre ce jour, j'ai maintenant 53 km dans les pattes …

Je fais le tour du périmètre du Château des Deux Amants, retrouve un lieu de bivouac (côté Andelle) qui avait été mon premier près de la maison il y a 3 ans, au retour de ma 1ère (tentative de) Traversée des Alpes. Il y a un banc et une belle perspective sur le soleil couchant, mais les sons des deux vallées remontent (dont ceux de l'autoroute A13 !) et les nuits y sont bruyantes. A bon entendeur …

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Plus loin se trouve le beau point de vue vers la Seine, les Etangs et l'écluse de Poses … sous un grand pin isolé bien photogénique. Avec les belles lumières de ce soir il y un peu de monde, je ne parviens pas à cadrer ce pin sans tous les groupes qui tournent autour. Je ne m'attarde donc pas. Je redescends et retrouve le GR2 en contrebas pour poursuivre par les côteaux de la Seine. Les coups de yo-yo du GR sur mes jambes fatiguées ne gâchent pas mon plaisir d'être là par ce beau temps et ces belles lumières. 20h approchent et les chemins m'appartiennent …

La Seine, les écluses et étangs de Poses
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Descente au village d'Amfreville sous les Monts, remontée par le cimetière, raidillon pour attraper la route en hauteur, belvédère d'Amfreville, raide descente dans la craie poussiéreuse vers le Val Hamet, nouvelle remontée …

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Je retrouve mon bivouac fétiche déjà partagé ici lors d'autres sorties, aujourd'hui pourvu d'un banc bien confortable pour admirer le coucher de Soleil et ses reflets sur la Seine et les étangs. Je m'y pose à 20h45 …

La lumière est encore surabondante, le site peut encore voir passer des visiteurs en ce dimanche veille de jour férié, je prends donc mon temps avant d'installer mon bivouac et me contente de m'étaler un peu sur le banc, me déchausser, m'hydrater, grignoter, profiter de l'instant … Je fais bien car un gars arrive torse nu en étant monté direct par le raidillon depuis la route : on discute un peu et il me dit que pour se décrasser après le confinement il s'est ainsi lancé ce soir dans un jeu de montées-descentes … On profite tout en discutant des instants de disparition du soleil sous l'horizon et il repart dans l'autre sens … Nouveau dérangement un poil plus tard, mais que j'entendrai sans le voir : une moto arrive par le sentier du GR depuis le village de Senneville. J'entends ses 2 passagers discuter et m'attends à les voir me disputer les lieux, mais après 5 mn de parlote, moteur tournant  mad , les voilà repartis d'où ils venaient ...

Je reste enfin seul et m'attelle à l'installation du Pioulou dans mon bosquet. Inconvénient de taille pour ce soir, les moustiques profitent de l'enclos partiellement abrité du vent pour s'accumuler et m'agresser. Il est trop tard pour que je change de lieu : je ne peux qu'espérer qu'avec la fraîcheur et l'humidité de la nuit ils se montreront moins agressifs. Comme je l'avais anticipé mon eau ne sera suffisante que pour mon hydratation, et je ne peux rien sacrifier à ma lessive ou à ma toilette. Je déteste me coucher dans la moiteur pégueuse de ma transpiration de la journée, mais je n'ai pas le choix. Il y a de l'eau à Senneville à 1,5 km, mais je n'ai pas envie de faire l'aller-retour en plus de ma journée. Ma popote est faite depuis le fond de mon duvet, j'essaye de garder couvertes toutes les parties de mon épiderme que les moustiques pourraient convoiter …

Ce ne sera pas la meilleure de mes nuits, mais je vous raconterai ça au matin !

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Bilan J3 :

- 58 km
- Marche 12h30
- D+ 1 068 m
- D- 1 100 m

J3 en vidéo

Dernière modification par Hervé27 (07-06-2020 06:46:53)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#25 06-06-2020 08:47:03

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Re : [Récit + liste] Grand Tour du Vexin Normand : J4, fin et bilan

la gestion de l'eau est à revoir sad
Et heureusement que tu étais en Normandie car dans les régions 'normales' il a fait très chaud ce week end.


«L’humain mène une guerre contre la nature. S’il gagne , il est perdu» – Hubert Reeves

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