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#201 07-06-2020 08:36:21

Scaramouche
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Pour ceusses comme moi qui ne parlent pas anglais:

sqfp a écrit :

#573643 (...) en anglais aussi, avec des témoignages, remarques et conseils par Cooper et Holle :

[...] évitez les pics montagneux, les grands arbres ou tout plan d'eau. Recherchez un ravin ou une dépression. Répartissez votre groupe, avec au moins 20 pieds entre chaque personne, pour réduire le risque de blessures multiples. Ne vous allongez pas, ce qui augmente votre exposition au courant de terre. Il y a même une position de foudre recommandée: accroupi, gardant les pieds rapprochés.

[...] "Il y a des cas où chacune de ces [stratégies] a entraîné la mort."

[...] Décès et blessures survenus dans des tentes[...]

Dernière modification par Scaramouche (07-06-2020 08:36:39)

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#202 07-06-2020 12:11:21

sqfp
Souris qui fait pouic & Drealiste
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

bohwaz a écrit :

#573638Ah oui impressionnant, mais bon on est dans des configurations avec des arbres isolés, hauts, ce qui n'est pas une forêt comme je le disais wink

Et évidemment dans une forêt on ne campe pas sous le plus grand arbre du coin, même s'il est joli smile

Genre comme ça à mon avis si t'es touché par la foudre, joue au loto juste après !

Une belle forêt en terrain plat où tous les arbres ont le même âge (même hauteur), même ordre de grandeur d'espacement etc. ça implique seulement que la probabilité de foudroiement reste uniformément répartie sur toute la surface - le risque est le même en chaque point de cette forêt, sans que le nombre d'impacts diminue. (Quid du surcroît de risque lié à la chute de branches et explosion d'arbres ? lol et de troquer le faible risque de foudroiement direct contre du courant latéral/de sol guère plus rigolo...)

--

Parmi les mythes à abandonner (cf. toujours les mêmes refs) : la foudre ne va pas toujours frapper l'objet le plus haut (ni le point le plus haut d'un objet : photos de mâts et arbres foudroyés à mi-hauteur) ; en fait la foudre n'a pas à suivre le chemin le plus direct vers le sol (personnes foudroyées "sous un ciel bleu" à ~10km du nuage en enclume, d'où la règle des "10 km" ou "30 sec"); la foudre n'a pas à suivre un trajet unique (une partie continue tranquillement dans le tronc, une autre saute dans le promeneur via un joli arc); la foudre n'est pas attirée par les objets magnétique ou métalliques (expérimentation en labo avec mannequins isolants vs. métallisés : équiprobabilité) mais par contre, les clés de bagnole chaufferont et crameront la peau...

Dernière modification par sqfp (07-06-2020 12:12:30)


Déficit éducatif + Vide législatif = Comportement nocif hmm

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#203 07-06-2020 17:18:23

Scaramouche
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Ce sont souvent les comportements découlant de l'orage qui sont bien plus dangereux que l'orage lui-même:


Haute-Garonne : longue opération de sauvetage d'une randonneuse par les CRS de montagne

Un couple de 24 ans, parti pour une journée de randonnée dans la vallée du Lys dans les Pyrénées, s'est perdu à la tombée de la nuit. La jeune femme a glissé et roulé sur une trentaine de mètres.

Ils étaient partis pour une journée de randonnée du côté de la vallée du Lys, une petite vallée d'altitude des Pyrénées françaises s'ouvrant sur la vallée de Luchon (Haute-Garonne). Un couple de Commingeois de 24 ans, plutôt sportif mais peu expérimenté en montagne, s'est retrouvé perdu et coincé par la météo orageuse samedi soir à la tombée de la nuit. 

Voulant rejoindre le parking où ils avaient garé leur voiture, ils ont quitté le sentier et se sont retrouvés sur un terrain escarpé. La jeune femme a glissé et sauté d'une barre rocheuse avant de rouler sur une trentaine de mètres. Par miracle, elle s'en sort avec une fracture aux vertèbres. 

Retrouvés grâce à un système de géolocalisation

Samedi vers 19h40, c'est son compagnon qui contacte les CRS montagne de Lannemezan. Il est alors en état de panique, ce qui rend leur géolocalisation compliquée. Les conditions météo ne permettent pas aux secours de partir en hélicoptère : quatre CRS partent à leur recherche à pied, sous une pluie battante. C'est grâce à un système de géolocalisation sur téléphone portable que les secours les retrouvent vers 22h30. 

La jeune femme se fait remonter par brancard grâce à des cordes sur 200 mètres de dénivelé. L'opération a duré près de trois heures. Une fois sur le sentier, quatre CRS de Saint-Lary sont venus en renfort. La victime a été prise en charge sur le parking de la Vallée du Lys à 5h10 par les pompiers de Bagnères-de-Luchon, qui l'ont conduite à l'hôpital de Saint-Gaudens.
(c) France Info

Dernière modification par Scaramouche (07-06-2020 17:31:25)

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#204 07-06-2020 17:59:42

sqfp
Souris qui fait pouic & Drealiste
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Scaramouche a écrit :

#573747Ce sont souvent les comportements découlant de l'orage qui sont bien plus dangereux que l'orage lui-même:

On a une idée de la proportion ?


Déficit éducatif + Vide législatif = Comportement nocif hmm

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#205 07-06-2020 18:09:48

Scaramouche
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Je ne me souviens plus où j'ai lu ça, ça remonte à un bon moment, donc non, je me souviens juste que c'était très nettement majoritaire, surtout pour la foudre, elle ne cause que peu de morts et blessures directes comparé à toutes les morts et blessures dus aux comportements de peur ou de panique.

Dernière modification par Scaramouche (07-06-2020 18:10:20)

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#206 07-06-2020 19:12:17

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

@sqpf merci pour ces infos résumées en clairement exposées.

sqfp a écrit :

#573501tout le Auerbach vaut le coup pour qui passe du temps dans la nature sauvage. Bouquin de 3000 pages, mais on peut déjà zapper tout ce qui est soins cliniques et photos gores


Je saurai quoi faire pour le prochain confinement

bernard_lyon a écrit :

#573511Il y a aussi une version "Field guide" plus courte - 1000 pages quand même, existe en version électronique.

2000 pages de moins? Pas drôle. lol
Medicine for the Outdoors est encore plus condensé avec 560 pages. Il suffira pour la bibliothèque du bunker post-apocalyptique.


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#207 07-06-2020 22:40:12

oli_v_ier
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

sqfp, merci pour tes précisions, mais personnellement je ne sais pas quoi en faire concrètement sur le terrain, sauf (en caricaturant) que quand l'orage arrive il faut courir vers une cage de Faraday parce que la foudre tape où elle veut. Certes... big_smile

Ci-dessous quelques conseils de protection individuelle concrets et pragmatiques pour limiter les risques liés à l'orage en montagne. La foudre étant un phénomène très complexe, le risque ne sera jamais nul, mais pour les anxieux on peut dire qu'il est faible.
Ils sont destinés aux pratiquants de rando ou d'alpinisme et rédigés par le CAF. Je les avais donnés au début de cette discussion mais le lien est périmé.

Si certains voient des ajouts, corrections ou compléments à donner, ne pas hésiter.

Ci-joint aussi un document de la FFME qui précise certains points.

L'orage en montagne

Principaux signes annonciateurs d'un orage en montagne

Prendre la météo ne suffit pas toujours. Les accidents dus à la foudre peuvent survenir lorsque les alpinistes ont pris du retard sur leur horaire, ou lors de très longues courses. Il arrive qu'ils soient alors surpris par un orage de fin d'après-midi, que la météo n'a pas forcément pu prévoir car ces derniers se forment localement et à une vitesse très rapide.

Origine et principaux types d'orages

Les orages se développent à partir de cumulonimbus, nuages à fortes extensions verticales et horizontales dans de l'air instable, chaud et humide. On peut distinguer les orages locaux dits de convection qui se créent dans un air relativement homogène et les orages frontaux, provoqués par un conflit entre deux masses d'air présentant des différences thermiques notables.

Les orages de convection

Les orages de convection ou orages locaux sont dus à l'effet combiné de l'humidité et du réchauffement de l'air près du sol. Relativement localisés, ils se produisent principalement au cours de l'après-midi durant la saison chaude. Leur durée est courte, le plus souvent inférieure à deux heures.

Les orages frontaux

Les orages frontaux résultent de l'arrivée d'air plus frais qui engendre la formation d'un front froid générateur d'une ligne de cumulonimbus. L'approche du front se traduit par une baisse de pression, une augmentation de l'humidité, une orientation des vents de Sud, un ciel qui se voile de nuages élevés, ainsi qu'une hausse des températures. Habituellement un front froid passe assez rapidement. En revanche, bloqué par un anticyclone à l'Est le front devient « ondulant », favorisant des épisodes orageux de plusieurs jours. Les hautes barrières montagneuses telles que les Alpes peuvent également ralentir la progression des fronts et prolonger l'activité orageuse d'une journée et parfois plus.

Quelques particularités qu'il est bon de connaître

  • S’il existe des directions privilégiées (Sud-ouest/Nord-est..), les orages peuvent apparaître dans tous les, points de l'horizon. Ceux qui viennent de l'Est, ou du Nord-est sont rares mais violents,

  • En l'absence de variations barométriques, le déplacement des orages est généralement conditionné par des facteurs locaux (orientation des vallées ou des versants montagneux,..).

  • Succédant à des journées de fortes chaleurs, la chute brutale des températures, associée à une rotation des vents et à l'apparition de nuages bas dans la direction du 'Nord-ouest, ne signifie pas forcément que les orages attendus ne se produiront pas. Bien au contraire, de violents orages frontaux sont à craindre.

  • Un orage étendu qui paraît s'éloigner, peut se régénérer par l'arrière assez rapidement et s'étendre sur plusieurs kilomètres dans la direction opposée à son déplacement.

  • Des coups de foudre peuvent prendre naissance au sommet d'un nuage orageux et frapper un point situé à plusieurs kilomètres de, l'orage, en ciel clair. Ces coups de foudre inattendus sont très puissants et généralement destructeurs.

  • Il semblerait que les coups de foudre les plus dangereux apparaissent en début et fin d'orage. Les premiers, les plus nombreux, débutent, avant que les précipitations ne soient pleinement développées (orage sec). Les seconds, situés dans la queue de l'orage, sont moins nombreux mais plus intenses et persistants.

  • Un orage en dissipation (masse uniforme constituée de pluie fine), n'exclut pas la formation d'un nouvel orage au sein même, de la zone désagrégée (parfois, plus violent que le premier).,

  • Lorsque pluie devient uniforme et que le ciel commence à se dégager, l’orage paraît terminé. Mais il n’est pas rare qu’un ou deux coups de foudre, de très forte densité, se produisent tout à fait à l’arrière, dans la traîne de pluie fine.

Principaux signes précurseurs

  • Brume matinale assez dense au fond des vallées, en période de temps chaud, accompagnant un champ de pression, uniforme et peu élevé.

  • Petits cumulus isolés apparaissant dès le matin, sur les reliefs, et ne se déplaçant pas. Insignifiants pendant des heures, ces nuages se développent assez rapidement sous l'augmentation de la température.

  • Rapide apparition de cumulus dès le matin. Si leur ascension verticale augmente de façon permanente au point de former de grandes tours en tout début d'après-midi, la probabilité d'orage est forte. Si leur ascension verticale est interrompue en début d'après-midi, que les sommets se désagrègent, mais que les cumulus restent en place tout au long de l'après-midi, le risque d'orage est faible mais possible en soirée et sur les hauts reliefs.

  • Apparition de cumulus dont les bases sont très nettes, couleur gris plomb, et dont les sommets présentent une croissance verticale constante.

  • Apparition de cumulus dont les sommets passent régulièrement par des périodes de croissance, puis de décroissance. Ce phénomène peut durer toute l'après-midi mais cesser en soirée, pendant laquelle des cumulonimbus peuvent se former.

  • Voile de nuages denses et cireux avec, à l'avant, de gros cumulus aux sommets très marqués. Visibilité très réduite dans la partie inférieure.

  • Apparition de bancs d'altocumulus ou de cumulus chaotiques, d'altocumulus ondulés, floconneux, de tourelles multiples, de nuages crénelés, particulièrement dans un ciel bleu pâle et légèrement turquoise. Que faire des équipements en cas d'orage ?

Les vêtements et accessoires

  • Éviter de porter des objets métalliques au contact de la peau (bagues, alliances, chaînes, montres, boucles de ceinture, fermeture éclair et pièces de monnaie). Ces objets, en contact avec la peau, auraient tendance à limiter l'intensité du flux dans le corps, mais peuvent occasionner des brûlures localisées parfois profondes.

  • A l'approche d'un orage, il est indiqué, dans la mesure du possible, de changer les vêtements humides de transpiration, contre des vêtements secs, puis d'enfiler une veste imperméable. Celle-ci, mouillée, tend à faciliter l'écoulement du courant en surface.

Les matériels

  • Faut-il se séparer des équipements métalliques qui ont la réputation d'attirer la foudre ? Le métal, en tant que tel, « n'attire pas l'électricité », mais est un excellent conducteur. Ces objets peuvent fondre ou provoquer un arc électrique. Au contact du corps, il s'en suivra une brûlure. En cas d'orage imminent, il est conseillé d'éloigner les objets métalliques. Dans l'impossibilité de le faire, ceux ci peuvent être attachés sur le sac à dos en évitant que les extrémités dépassent la tête (par exemple, les piolets de grande taille ou les skis portés sur le sac).

  • L'altimètre, la boussole et le matériel technique d'un usage non immédiat (descendeur, mousquetons, etc.), doivent être mis dans le sac à dos. La mise hors usage d'un poste émetteur-récepteur portable ou téléphone mobile peut être catastrophique en cas d'alerte à donner. Il est primordial de protéger ce matériel d'une décharge électrique intense. Il sera placé de préférence au centre du sac à dos, entouré de vêtements volumineux, genre veste de duvet.

  • Le piolet, les crampons et tout autre matériel métallique doivent, pour des raisons de sécurité, être écartés.

  • Lorsque le matériel est déposé à quelques mètres des grimpeurs, il est impératif de signaler son emplacement. Il arrive fréquemment en altitude que la fin de l'orage s'accompagne d'une chute de neige. Le paysage est transformé et retrouver piolets et crampons n'est pas évident ! Ne pas retrouver le matériel peut mettre l'alpiniste en situation de danger quand il faudra descendre dans la vallée.

Remarque concernant les constructions en montagne

Les habitations (refuges, chalets et bergeries) sont des lieux protégés de la foudre, à condition de se tenir à distance des conduits métalliques, des lignes d'alimentation, des cloisons des murs et des ouvertures. Rappelons que les véhicules (auto, bus et trains) sont d'excellentes « cages de Faraday », les cabines de téléphériques et les sièges des remontées mécaniques sont protégés par les câbles qui les supportent.

L'orage, source indirecte d'accidents

Le repli de la cordée à l'approche ou à la suite d'un orage s'accompagne souvent de conditions ou de comportements prédisposant à l'accident:

  - La fatigue engendrée par le froid et le stress font que la cordée risque de ne plus être en pleine possession de ses moyens. Cet état physique et psychologique peut conduire à la précipitation : assurage négligé, rappel mal posé ou mal pris, erreur d'itinéraire, abandon de matériels (crampons, piolets ... ).
  - Le front froid qui suit l'orage, transforme brutalement le climat estival en conditions rigoureuses hivernales, chute de neige fine accompagnée de bourrasques de vent, visibilité réduite... La progression devient alors difficile et dangereuse.

Dans ces conditions la plus grande prudence s'impose.

  • Se souvenir que les mesures de sécurité doivent être renforcées.

  • En progression en cordée : points d'assurance plus rapprochés, relais parfaitement protégés, sécurité accrue dans les manœuvres de cordes.

  • Le port du casque de montagne (en poly carbonate) constitue un élément de protection des impacts directs de la foudre et un moyen de prévention des traumatismes crâniens causés par une chute.

La Foudre

Les principaux phénomènes électriques précédant un coup de foudre

La montée en potentiel du champ électrique se signale à l'attention de l'alpiniste ou du randonneur de façon spectaculaire : c'est le « bruit d'abeilles », les cheveux se dressent sur la tête, des aigrettes lumineuses apparaissent sur les arêtes environnantes ainsi que sur la tête et les mains des alpinistes. Ces manifestations cessent avec le déclenchement du coup de foudre pour reprendre aussitôt.

Si ces manifestations annoncent l'imminence du danger, elles ne signifient pas que la foudre va vous frapper directement, le champ électrique est réparti sur une surface importante. C'est un message d'alerte dont il faut tenir compte et qui implique des mesures de protection prises de sang froid. Il arrive qu'en se déplaçant de quelques mètres, l'intensité du champ électrique diminue, s'accompagnant de la disparition des phénomènes décrits (c'est souvent le cas en ski de raid).

Les modes de foudroiement

Le coup de foudre direct atteint l'alpiniste lorsqu'il se trouve sur une proéminence naturelle, un sommet ou une arête. Les chances d'atteinte directe augmentent quand la victime porte des objets métalliques tels que piolet, skis... placés au dessus des épaules. Le corps agit alors comme un paratonnerre et ce coup de foudre est presque toujours fatal (schéma A).

Le courant de sol est produit par une montée du potentiel de terre consécutive à un éclair touchant le sol ou un objet avoisinant. Il se diffuse comme une onde dont l'intensité diminue avec la distance. Toutefois, le cheminement du courant varie selon la résistance du terrain. Si le rocher est humide, le trajet du courant principal reste en surface. Le flux principal peut sauter des anfractuosités du relief, emprunter des fissures plus humides. Ainsi, en terrain plat, ce sont parfois des groupes entiers de randonneurs (ou de troupeaux d'animaux) qui sont atteints (phénomène d'électrocution par un courant de sol ou tension de pas) (schéma B).

L'éclair latéral atteint des sujets abrités dans des cavités naturelles ou sous les arbres (schéma C). Les lésions par contact surviennent lorsqu'une personne est appuyée sur la paroi ou tient un objet conducteur du courant (piolet, bâton de ski, piquet de tente), en contact avec la paroi ou le sol.

Comment se protéger ?

Le choix et la conduite à tenir

L'emplacement choisi doit si possible être sec, sans lichen et situé sur une pente d'éboulis, loin des zones humides. Les anfractuosités du terrain ou les grottes doivent être suffisamment spacieuses pour permettre de s'asseoir à plus d'un mètre des parois et d'avoir 3 mètres découverts au dessus de la tête. On évitera de se réfugier sous un surplomb ou de se tenir debout près de l'entrée d'une anfractuosité où le corps peut constituer un excellent conducteur du courant de terre (schéma C).

Une mesure élémentaire pour se protéger de la foudre en montagne est de ne pas s'attarder sur des sommets ou arêtes. Si l'orage menace et qu'on se trouve sur un lieu exposé, il faut s'en éloigner aussi vite que possible. Une pente en neige ou un éboulis met relativement à l'abri des coups directs. Un petit bloc isolé utilisé comme siège constitue un bon refuge en isolant le corps des courants de sol. Par exemple, une pierre plate juste assez large pour s'asseoir et y placer aussi ses pieds offre une bonne protection à condition d'être détachée de la masse avoisinante ou d'être située au milieu d'un éboulis (schéma D).

Si la foudre semble imminente ou tombe dans les environs proches, il est important de ne pas céder à la panique. La fuite désordonnée conduit à négliger toutes les mesures de sécurité. Plutôt que de courir et trébucher, il est préférable de chercher un emplacement protégé des impacts directs et des courants de sol. Un replat, une pente ou même une légère proéminence, dominés par un point haut, protègent d'un impact direct. Ce point haut doit avoir une hauteur minimum de 4 mètres. Se souvenir que la zone protégée d'une paroi est égale à la hauteur de celle-ci dans un rayon inférieur à 30 mètres, en maintenant un écart de 2 mètres avec la base. Lorsqu'un groupe est surpris par l'orage, chaque personne doit s'isoler en maintenant un écart de 2 mètres avec les autres. La position accroupie, « tête rentrée entre les épaules », avec les genoux fléchis, les pieds et les jambes joints, semble la meilleure. En s'enroulant sur soi même, on limite la différence de potentiel entre les différents points du corps et on diminue les effets de la montée du potentiel de terre (schéma E).

L'alpiniste pris par l'orage sur une vire est exposé à une chute en cas de perte de conscience ou de contractions musculaires incontrôlées. Il doit être parfaitement arrimé à la paroi par un ou plusieurs points d'ancrage. Le point d'attache doit être proche pour réduire le gradient de potentiel le long de la corde. Le sujet doit être en tension sur plusieurs brins de cordes ou sangles pour éviter un risque d'arrachement en cas de projection. Il faut s'encorder à la taille sur le cuissard (sans mousqueton intermédiaire) seule véritable prévention de traumatisme grave au cours d'une chute. Il est impératif de ne pas constituer un circuit électrique en plaçant simultanément les mains et les pieds au contact de la paroi rocheuse (schéma F).

Il arrive que la descente en rappel s'impose (paroi très exposées par exemple). Des précautions simples sont à prendre : utiliser une corde de rappel si possible sèche, laisser pendre les objets métalliques accrochés sur le sac (piolets et crampons), placer une auto assurance, éviter de toucher le descendeur, et descendre les pieds en position rapprochée. Ainsi, en cas de foudroiement, la victime sera retenue au rappel et pourra être secourue par le compagnon de cordée.

En zone boisée, ne jamais s'abriter sous les arbres les plus élevés, il faut au contraire se placer entre des arbres espacés et bas.

Que faire en cas de foudroiement ?

Lésions consécutives à un coup de foudre

Les caractéristiques du courant engendrent des types de lésions différentes des accidents classiques d'électrocution. En effet, la foudre se caractérise par:

‑ une très haute tension,
‑ une durée très brève (quelques micro secondes à millisecondes),
‑ une forte production de chaleur diffusée à 80 % en surface du corps,
‑ une force explosive due à l'onde de choc, cause de traumatismes associés (effet de blast).

Chaque foudroiement a ses particularités. Bien qu'il n'existe pas de forme clinique type, on distingue, pour des raisons pratiques, trois formes cliniques selon le degré de gravité.

Formes mineures : Le blessé est conscient, parfois confus, toujours amnésique. L'évolution est généralement favorable. On observe une cécité ou une surdité passagère. Localement, le foudroyé ressent des fourmillements aux extrémités, surtout aux membres inférieurs. Ces phénomènes, très souvent passagers, peuvent devenir une gêne majeure au cours des déplacements de la victime en terrain difficile. Les brûlures sont superficielles, indolores. Des traumatismes peuvent être provoqués par l'onde de choc et par la chute qui s'en suit. Un examen médical est conseillé au retour dans la vallée.

Formes modérées : le sujet est désorienté, subconscient. Il peut se plaindre d'une paralysie des extrémités. Il présente une peau pâle ou marbrée, un pouls filant ou absent, témoignant d'une chute passagère de la tension. Si cette hypotension persiste, il faut rechercher une lésion traumatique, fracture, hémorragie interne par effet de blast (déflagration), atteinte de la colonne vertébrale. Après un état de syncope (sans pouls ni respiration), l'activité cardiaque réapparaît spontanément après une courte période (toujours inférieure à 3 minutes). Les brûlures du 1er et 2ème degré, localisées aux points d'entrée et de sortie du courant, sont facilement repérées en regard des destructions importantes des vêtements ou des chaussures. Elles n'imposent pas de soins immédiats. Une surveillance médicale à l'hôpital d'une durée de 24 heures est indispensable, compte tenu des risques de complications cardiaques, oculaires, auditives et parfois psychologiques.

Formes graves : l'atteinte du cœur (arrêt cardiaque ou fibrillation ventriculaire) serait consécutive au passage du courant dans le thorax entre le point d'entrée à la tête et le point de sortie aux membres inférieurs ou entre les deux membres supérieurs. L'absence de retour spontané de l'activité cardiaque laisse peu d'espoir de survie. Un arrêt cardiaque n'est pas immédiat. Il est consécutif à un arrêt de la ventilation par atteinte directe des centres respiratoires, situés à la base du cerveau. La persistance d'une mydriase (dilatation de la pupille) bilatérale et persistante malgré la réanimation est de très mauvais pronostic. A côté de l'atteinte principale, des lésions localisées secondaires sont fréquentes. L'atteinte oculaire peut être due aux effets thermiques et lumineux du flash d'origine ou au passage du courant électrique à travers l’œil (ou encore à l'effet traumatique de l'onde de choc). Après une atteinte oculaire, la recherche d'une cataracte, généralement de manifestation tardive, sera systématique.

L' atteinte auditive est fréquente et fait intervenir l'effet de blast et l'action directe du courant. Les ruptures lymphatiques avec écoulement de liquide par l'oreille sont très fréquentes. La surdité, les vertiges et les nausées ne facilitent pas l'évacuation du blessé.

L'évacuation du foudroyé

Vous avez été repéré et vous attendez l'arrivée des secouristes : ne vous déplacez pas sans indications des sauveteurs. L'évacuation par hélicoptère nécessite parfois de transporter le blessé sur une plate-forme d'où il sera chargé directement dans la cabine. En situation de treuillage, il est impératif de laisser le câble toucher le sol pour décharger l'hélicoptère de sa charge d'électricité statique. Un sauveteur saisissant le câble pourrait être projeté dans le vide.

Si le foudroyé est conscient, des troubles psychiques plus ou moins importants peuvent modifier son comportement, la perte de mémoire est habituelle. Le compagnon de cordée devra être particulièrement prudent dans les manœuvres Il lui faut éviter les risques de chute et protéger la victime du refroidissement. En effet, toutes les conditions de survenue d'hypothermie sont réunies : sujet allongé au contact direct du sol froid, vent froid, humidité de la pluie ou de la neige, vêtements mouillés et parfois brûlés par la foudre...

La gravité des accidents de la foudre est due en grande partie à l'environnement de la montagne. Plus d'un foudroyé sur deux décède immédiatement ou des suites de ses blessures. Les survivants souffrent souvent de lourdes séquelles dues à la foudre et qui sont aggravées par le long délai d'intervention des secours. Les chances d'échapper à la foudre reposent essentiellement sur des précautions de prudence, sur une connaissance des zones à risque, sur des conduites raisonnées et, dans une moindre mesure, sur l'efficacité des premiers gestes de secours.

Rappel de quelques mesures simples de prévention

- S'éloigner des sommets ou des arêtes avant l'arrivée de l'orage. Les cheveux dressés, le chant des abeilles, sont des signes annonciateurs d'un orage imminent.
- Ne pas céder à la panique et observer les règles de sécurité, particulièrement lors des manœuvres de corde.
- Choisir des emplacements protégés de la foudre et des courants secondaires pour attendre la fin de l'orage.
- Éloigner le matériel métallique, mais bien repérer l'emplacement. Vous en aurez besoin après l'orage !
- En cas d'accident, entreprendre une réanimation et protéger le blessé des agressions climatiques, l'arrivée des secours pouvant prendre du temps.


La marche ultra-légère n'est pas un but, mais un moyen. "Un sac lourd est un sac bourré d'angoisse."
Mon équipement pour l'Islande 2008 en détail.

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#208 08-06-2020 07:22:23

ester
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Inscription : 23-08-2011

Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Merci Olivier  smile

Je viens de copier l'article pour le sauvegarder dans mon dossier rando histoire de le relire de temps en temps;

Une idée, vu que les liens sont erronés, ce serait de glisser un lien dans les messages 10 et 11 vers ton message 207  wink


Grâce à vous, j'avance ! merci !  smile

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#209 08-06-2020 07:29:47

bernard_lyon
Μηδὲν ἄγαν
Lieu : Lyon
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Merci Olivier, c'est précieux. À conserver.


Mon trombi | Liste | HRP Banyuls-Alos d'Isil | GR738
"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")
Modification non explicitée : orthographe ou syntaxe

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#210 08-06-2020 07:47:55

Scaramouche
Banni(e)
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Comme ajouts je vois bien les schémas A,B etc mentionnés mais absents sad

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#211 08-06-2020 08:15:00

DOM42
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Merci.Très instructif

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#212 30-06-2020 12:17:10

bohwaz
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Pour info :

https://www.msn.com/fr-ch/actualite/oth … r-BB166uDL

Une randonneuse helvétique est morte, dimanche, au col du Semmering, en Autriche. La quinquagénaire a été propulsée sur plusieurs mètres avant de décéder sur les lieux de l’accident.

Une scène dramatique s’est jouée dimanche après-midi, en Autriche. Une Suissesse de 53 ans a perdu la vie après avoir été frappée par la foudre. Selon le service de secours alpin de la région, l’éclair a frappé la bâton de randonnée de la quinquagénaire, la propulsant dans les airs sur une vingtaine de mètres. Rapidement sur place, les secouristes n’ont pu que constater la mort de la promeneuse.

La police autrichienne confirme que l’accident s’est produit aux alentours de 15h30. Deux traces de brûlures ont été trouvées sur le bâton de randonnée, l’un en-haut et l’autre en-bas. La victime était accompagnée de sa demi-soeur qui a immédiatement appelé les secours.

Dommage ça manque de détails.


Arpenteur de chemins de traverse. France/Australie/NZ/Suède/Autres.
Fièrement vacciné et antifasciste.
(Trombi)

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#213 30-06-2020 12:48:41

ester
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Lieu : Bzh
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Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Col à 935 m d'altitude. neutral

Qu'elle repose en paix.

Dernière modification par ester (02-07-2020 06:45:54)


Grâce à vous, j'avance ! merci !  smile

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#214 01-07-2020 21:02:35

NikoJorj
Oeil émerveillé
Inscription : 10-09-2008
Site Web

Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Ça s'est passé plus vers un sommet à 1500m d'après https://kurier.at/chronik/niederoesterr … /400955714 mais RIP oui.


Quotation, n: The act of repeating erroneously the words of another.”
― Ambrose Bierce, The Unabridged Devil's Dictionary

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#215 02-07-2020 06:47:09

ester
Membre
Lieu : Bzh
Inscription : 23-08-2011

Re : Orage : les dangers des orages avec notre matériel et notre pratique ?

Merci NikoJorj, j'ai corrigé (j'avais pris l'info sur l'article précédent).


Grâce à vous, j'avance ! merci !  smile

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