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#1 13-09-2020 19:47:55

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

[Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Après un yoyo solo en Chartreuse, l’anthropoMUL(et) repart enfin avec P’tit Gaby, son fidèle assistant. Mais pour cause de météo capricieuse, l’itinérance tourne court pour un passage express à 3 000.

Suite à la frustration d’une sortie 3 jours deux fois avortée, le duo d’apprentis MUL a programmé une sortie 4-5 jours (selon le rythme) en Oisans. L’idée est d’aller dans un coin un peu sauvage (pas de refuge), avec comme objectif un joli 3 000, puis un tour en partie hors sentier alternant lac, col et possibilité de gratter un ou deux autres sommets secondaires selon forme et inspiration.

Bon, les jours qui précèdent montrent des prévisions météo de plus en plus médiocres. Pendant un temps, j’ai l’impression que cela peut passer – avec une paire de cabanes sur le tracé pouvant peut-être servir d’abri de secours en cas de gros grain… Mais à deux jours du départ, il faut se résoudre à la prudence : le mauvais s’installe durablement, avec deux soirées et journées annoncées bien orageuses : il ne ferait pas bon crapahuter sur des crêtes et des pentes, en particulier hors sentier. L’information météorologique est quand même un sacré aménagement immatériel du milieu pour gérer sécurité et confort. En plus, elle ne pèse rien.

Frustration et raison font bon ménage : lundi il fait beau, et mardi, le mauvais (risque orageux) arrive dans l’après-midi. Banco pour un petit aller-retour MUL-express sur le sommet du Rochail (3 023 mètres) qui devait ouvrir notre périple. Le Rochail est le premier 3 000 du massif des Ecrins lorsque l’on arrive de Grenoble : on le devine au-dessus de Bourg d’Oisans, pointant loin au fond de son vallon.

Jour 1 – 4 km, 825m D+

Lundi matin, je pars de Lyon pour descendre récupérer mon fils, exilé chez ses cousins dans le sud Vercors. Je récupère ses affaires… Mince, je n’ai pas pensé à prendre son étui à lunettes léger. L’étui de ville est bien lourd. Mmmh, deux rouleaux de papier-toilettes emboîtés et hop, un étui recyclable.

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Oooh, le bel étui à lunettes

Je ne traîne pas et nous repartons illico direction Bourg d’Oisans (sandwich en route, pour éviter le coup de faim de la dernière fois), que l’on traverse pour emprunter l’impressionnante minuscule route montagneuse qui mène au hameau de Villard-Notre-Dame en traçant une ligne improbable au milieu des falaises. Il n’y a pas beaucoup d’endroit pour se croiser, et par moment, la vue plongeante est particulièrement impressionnante. Cette mise en bouche nous prépare à l’ambiance un peu vertigineuse du lendemain.

Parking dans un virage juste avant le hameau. On se change à l’arrière de la voiture, et c’est le premier gag [rires enregistrés] : je me suis trompé de pantalon de marche dans le placard de mon fils, emmenant son ancien pantalon, qui remonte maintenant au-dessus de la cheville.
Qu’à cela ne tienne, il avait emmené un survêtement dans la Drôme. Deuxième gag [rire enregistrés] : en refaisant son sac, il s’est trompé et a pris un survêtement taille 8 ans à son cousin !
Bon, bah c’est parti pour une randonnée en jean.

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Il fait bien chaud en ce début d’après-midi. Heureusement, le début de la trace offre l’ombre d’une forêt plus ou moins dense.

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Après un début en yoyo, une traversée de torrent et un premier coup de cul, le chemin remonte à découvert en rive gauche du torrent. De belles cascades (synonyme de petit passage raide) se succèdent dans une montée progressive vers un fond de vallon qui annonce un final bien raide.

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Lumières écrasantes de l'après-midi... Au fond, l'Aiguille du Goléon Les Grandes Rousses #Tomi

Le chemin est bien net, mais sur un terrain assez cassant. Ce n’est pas très gênant à la montée, mais je me dis qu’il ne sera pas très confortable au retour. D’ailleurs, les gens que l’on croise à la descente sont souriants, mais fatigués, certains de leur « Bon courage » n’étant pas rassurants. La plupart sont « simplement » montés jusqu’à la cabane. Mais nous croisons un couple d’une soixantaine d’années assez lourdement chargé qui a bivouaqué la nuit dernière à côté de la cabane, et nous indiquent leur emplacement confortable. Ils se sont ensuite contentés d’aller fureter dans le premier cirque sous les parois du Rochail. Les premiers névés les ont rebutés et ils ont préféré faire demi-tour. Ils félicitent donc en avance Gaby de partir dans les marges hautes de la montagne. Cela vaut à mon fils de partir ragaillardi, torse bombé et pied assuré à l’assaut du dénivelé.

Bon, ce regain d’énergie s’évapore un peu dans la chaleur. Heureusement une petite brise vient nous caresser régulièrement pour alléger le plomb du soleil (dire que demain les nuées arrivent). L’altitude se fait déjà doucement sentir, et mon fils se lamente un peu de son rythme alangui. Je le rassure : on n’avance pas si mal, et il ne faut pas se frustrer.

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Et puis, progressivement, il trouve son mode diesel et cadence sa montée lorsque l’on arrive dans le dernier (long) ressaut bien pentu qui va contourner le mur final par la gauche.

Le P’tit Gaby: « Personnellement je parlais de mon rythme ‘’cool babacool ‘’ »

Il faut dire aussi que l’on a vu arriver en contrebas un couple de randonneurs (forcément bivouaqueurs vu l’heure et les sacs), qui nous rattrapent progressivement.
Gaby (se) lance un défi : « Il ne faut pas qu’ils nous rattrapent avant qu’on puisse recharger en eau »… Je réplique que le torrent est loin, et que ce n’est pas gagné.

Mon fils a passé la seconde, et plus c’est raide, plus il avance. Tant et si bien que l’on arrive au sommet du passage, nous sommes encore devant, ahanant et la langue pendante. Nous croisons le torrent : il est temps de faire une pause.

Le P’tit Gaby: « Je suis bien content d’avoir réussi mon petit défi malgré les doutes de mon père. »

Profitant de la vue splendide en grignotant des graines, nous prenons un air détaché camouflant (mal ?) un souffle court pour saluer magnanimes nos sympathiques poursuivants.
Comme nous, ils visent demain le sommet du Rochail, et on va être voisins de bivouacs.

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Au fond, le Rochail, avec sa looooongue arête N-O que l'on va remonter demain

On les laisse repartir pour profiter du lieu. On n’est plus très loin, et le temps nous est offert.
La suite est très agréable : on franchit plusieurs torrents clairs qui morcèlent des prairies pentues pointillées d’éclats fleuris. Quelques ondulations plus tard, la cabane se découvre juste devant nous, échafaudage de pierres modeste et audacieux serti à 2 300 m dans l’alpage. Je distingue plus haut les randonneurs qui l’ont dépassé pour franchir un dernier redressement.

On s’arrête rendre hommage au mignon cabanon (officiellement fermé, mais laissé ouvert – ce qui est bien en cas de souci météo). Il y a même un flacon de gel hydro-alcoolique !

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Devant la bâtisse, il y a un emplacement de bivouac sur un promontoire : la vue est belle, mais il est exposé au vent. Gaby est bien motivé… pour ne pas continuer. Je vais quand même jeter un coup d’œil au-dessus pour voir si on n’aurait pas mieux. Je fais bien : il y a un beau replat d’herbeux abrité, que l’on va pouvoir partager avec nos voisins sans aucune difficulté.

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Montage de l’abri, préparation du coin cuisine. Je vois que le couple regarde le paysage aux jumelles. Je vais les leur emprunter pour observer la face : ça c’est une super technique MUL, profiter des équipements des autres.

L’itinéraire historique – que l’on retrouve encore dans les topos maintenant rendus caduque par le réchauffement – traçait sur le glacier de gauche pour remonter un couloir haut perché. Le recul glaciaire a complètement transformé le lieu, et il faut maintenant grimper un mur pulvérulent sur plusieurs dizaines de mètres : no way.
J’ai lu par contre une paire de retours sur le net de montagnards qui ont remonté l’échine qui fait face, annonçant juste quelques pas de III. Vu d’ici, cela semble raide, mais les perspectives sont trompeuses de face.
Aux jumelles (merci voisins), le passage semble se dessiner… Néanmoins, le terrain semble assez pourri : je n’ai pas envie d’emmener mon fiston sur ce cairn géant en mode pile d’assiettes. On va rester comme prévu sur la voie normale qui fait un grand tour jusqu’au col du Rochail pour remonter l’arête Nord-Ouest jusqu’au sommet.
Pendant que je scrutais les reliefs, mon fiston inspectait l’équipement du couple. Verdict critique de l’inspecteur-MUL : « Oulah, ils sont quand même assez lourds ». Et de lister les manquements : tasses en métal, des serviettes grandes tailles, tente double toit, « gros » réchaud à gaz !!!

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On n'est pas bien là, à la fraiche?

On a un peu de temps, donc on va faire un peu de « bloc » facile sur les rochers autour. Puis on profite de la vue et des couleurs. Quel plaisir d’être là avec son fils. L’ambiance est sereine…

… Plus très longtemps car je lance le repas en mode « Avec échec », et mes jurons viennent agrémenter le silence. J’ai changé de réchaud canette, avec un nouveau P3RS. J’ai pris le temps de le tester à la maison, il dépotait un peu mais semblait bien fonctionner… sur la plaque de la cuisine ! En conditions bivouac réel euh les choses peuvent changer un peu.
Une brise s’est levée, et je commence d’abord par chercher une nouvelle zone abritée. Mais le zef est taquin et virevoltant. Pas de problème, j’ai mon pare-vent. Mais les choses se compliquent aussitôt, car je réalise que mon nouveau réchaud est en permanence en mode « booster ». Des trous trop gros, trop rapprochés et trop nombreux font qu’il offre un magnifique chalumeau. Dans le même temps, je réalise que mon pare-vent en canette alu montre des signes de faiblesses : il est maintenant assez difficile de poser la popote correctement dans les encoches déformées, surtout avec un lance-flamme qui me grille les phalanges. Alternative : je pré-place la popote dans le pare-vent, que j’essaye de déposer sur le brasier. Doigts re-cramés mais réussite… de courte de durée car j’ai pris tellement de temps qu’il n’y a plus de combustible. [rires enregistrés]

Heureusement que j’avais pris de la marge côté alcool parce que le running gag va durer un moment. Bien (trop) longtemps plus tard, je peux déguster mes noodles au parfum « doigts rôtis et leur fumaison aux poils façon bacon », soulagé de ne pas avoir eu à aller quémander à nos voisins l’usage de leur réchaud à gaz que mon fils moquait il y a peu sous mon sourire en coin. L’honneur est sauf !

On profite du couchant avec une infusion (tant qu’à ne plus avoir de doigts, autant aller jusqu’au bout). Puis couchage assez tôt, car on va se lever vers 5h : je veux avoir de la marge par rapport à la dégradation annoncée en deuxième partie de journée.
Gaby teste ce soir son nouveau matelas. Il est confortable mais plus glissant que le précédent. Une légère inclinaison du sol va permettre une nuit itérative : il descend, il se remonte, il descend, je le remonte, etc.

[to be continued]
Edit : correction

Dernière modification par Eric le rouge (24-09-2020 15:12:39)


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#2 13-09-2020 20:25:41

tolliv
Sérénitude
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Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Sympa ce coin bivouac.
Une question : ton fiston mesure combien ? C'est par rapport au sac à dos, je dois emmener mon neveu en rando avec moi (il n'a pas été sage et c'est donc sa punition) et je ne sais pas quel sac choisir. Je vois que Gaby a le sac D4 d'alpi léger.


"La vie est trop courte pour être petite"

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#3 13-09-2020 20:40:41

Eric le rouge
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Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Oui, vraiment très joli et paisible cet endroit de bivouac. Pas mécontent d'avoir un peu poussé le fiston pour s'y poser.
Pour la taille euh je sais pas vraiment #pèreindigne big_smile
Autour d'1m55 ?
Le sac va très bien pour son gabarit comme pour le mien (je l'utilise aussi pour l'escalade en grande voie). C'est le Cliff de Simond (fil ici : https://www.randonner-leger.org/forum/v … 67#p288467 ).
On a commencé à jouer du ciseau, mais il y a encore pas mal de grammes à gratter dessus.


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#4 14-09-2020 17:07:46

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
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Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Jour 2 – 10 km, 675m D+ 1500 D-

Matin tôt. On teste le « sans réchaud » (promis, c’était décidé avant mon cramage) avec un muesli maison (made in ma compagne©, merci à elle d’avoir même concassé du chocolat). Goûté et approuvé par les 2 apprentis-MUL : bien meilleur et plus nourrissant et sain que les biscuits industriels qu’on grignotait jusqu’alors. Je vais lui piquer sa recette !

Démontage et rangement de tout… Je dois avouer qu’il m’est jusqu’à maintenant arrivé de laisser sur place l’abri le temps d’un aller-retour, et une discussion sur RL à ce sujet m’a fait réfléchir et changer d’avis, convaincus par les arguments alors évoqués : ne pas laisser de trace même temporaire, sécurité d’avoir tout le temps tout son matos avec soi, limitation de l’usure (soleil, vent) ou d’un risque de vol d’équipement. Parfois, devenir MUL, c’est paradoxalement être plus lourd.

C’est reparti avec un p’tit Gaby un peu embrumé.

J’aime ces heures rosées où, le soleil encore loin, la nuit décante et se délave, démêlant les ombres des reliefs dans un ciel nettoyé de ses étoiles. Quelques nuées d’un gris saumoné s’effilochent sur les sommets.
Nous redescendons vers le torrent pour changer de rive afin de trouver la vague trace devinée hier dans la moraine. On contourne ainsi un grand névé. Le terrain est moins cassant que je ne le craignais : pierrier assez stable.

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On arrive au bord d’une arête rocheuse que l’on passe par une petite vire pour rejoindre un couloir plus raide encombré d’un reliquat de névé sous lequel chante le torrent. Quelques touts petits d’escalade facile et surtout une piste abrupte remonte jusqu’à un très beau cirque.

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Une sorte d’étang reflète l’aube. Tout autour des pentes ocres rocailleuses nervurées de névés bleutés remontent jusqu’à des crêtes détritiques et austères surplombées par les pointes carmin des Rochers de Terre rouge. Pour remonter jusqu’au col, j’opte pour la neige qui n’a pas regelé. Tout dré dans l’pentu ! Je tape des encoches assez rapprochées pour mon fils et on grimpe bon rythme.

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Jolie ambiance sur le bas du névé

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Les premiers rayons de soleil viennent nous chatouiller en jouant à cache-cache jusqu’au col qui dévoile le versant du Lac du Vallon (où l’on devait redescendre dans le plan initial, d’ailleurs on découvre plusieurs tentes autour), barré par la Berche Noire (j’avais envisagé de remonter son flanc, vu d’ici, cela paraît assez scabreux) et entouré de beaux sommets (notamment la Pointe de Malhaubert) et crêtes. On ne reste pas trop car le venturi est fort et glacé. Je reste attentif aux nuages qui commencent à coller aux sommets plus lointains. Mais rien de dangereux pour le moment.

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Belle lumière au Col du Rochail

Nous voilà parti pour remonter laborieusement l’arête Nord-Ouest du Rochail, louvoyant entre un versant et l’autre. Ce n’est jamais difficile (quelques pas où il faut mettre les mains), mais la trace reste rudimentaire, et l’altitude se fait un peu sentir.

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Gaby ralentit, de plus en plus impressionné par l’ambiance. Plus on monte, plus les pentes se font raides. Bientôt, on longe à gauche les falaises abruptes du Rochail (qu’il est loin, notre bivouac sur le petit timbre vert qui affranchit les moraines) et à droite un flanc de plus en plus escarpé. Il est temps de sortir la corde et le baudrier pour assurer mon p’tit loup.

On arrive à un ressaut coriace qui ressemble au sommet. Mais mon fils découvre la dure leçon des remontées d’arête en Oisans : après une pointe, il y a toujours une autre pointe un peu plus loin. Coup au moral, envie de s’arrêter. Pause, barre chocolatée, discussion…
Petit drame : Gaby réalise qu’il a perdu le mouchoir en tissus offert par sa mamie au cours d’une manipulation. Promesse de regarder attentivement à la descente, mais on n’en trouvera pas trace.
La météo reste sage. C’est reparti en mode « slow ». Je lui ai fait le pari que le sommet est bien là, caché derrière la prochaine antécime. Heureusement, je ne me suis pas trompé. Quelques passages aériens viennent pimenter les derniers pas. Plongée vertigineuse sur le Lac du Lauvitel qui s’est paré de turquoise dans sa gangue minérale. Et c’est le sommet.

Bravo mon bonhomme : un nouveau 3 000 dans ta besace (oui, je sais que c’est un seuil un peu arbitraire, mais cela fait un objectif motivant).

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Ouuuh, on sent que cela n'a pas été facile facile

On profite la vue. Puis c’est parti pour la redescente, que Gaby appréhende un peu, se focalisant sur le Col comme point de relâche. En chemin, on croise d’abord à quelques mètres un bouquetin un peu hautain qui, après nous avoir regardé avec commisération marcher péniblement dans les piles d’assiettes, plonge dans les pierriers. En un instant il a dévalé plusieurs centaines de mètres de dénivelé, ce qui laisse mon fils mi-abasourdi, mi-déconfit. C’est pas bien de faire son malin devant les handicapés ai-je envie de crier, mais il n’est plus qu’un point cornu qui s’évanouit dans la pierre.

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On a passé le plus escarpé, cela commence à se soulager chez P'tit Gaby

Peu après, on retrouve notre couple, qui s’est levé plus tard. Ils félicitent Gaby pour son sommet et repartent alertes vers le haut. Bientôt le col est là, et mon fils peut se détendre.

Pour autant le chemin du retour va être long. Ce n’est pas tant le dénivelé cumulé depuis hier que la qualité des « chemins » : entre hors sentier et trace cassante, la marche à la descente est bien fatigante. Malgré les bâtons, le p’tit bonhomme est un peu marqué. Les nuages vont et viennent, mais le bleu reste majoritaire. Nous pouvons donc prendre tout notre temps pour redescendre.

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Retour dans un névé un peu transformé... Mais Gaby ne veut pas expérimenter le "ski" en chaussure

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Arrivée vers le cirque

A l’étang du cirque on croise un randonneur itinérant sympathique, mais fourbu de son sac de format Goliath. Quelques conseils sur l’itinéraire qui l’attend (il prévoit de redescendre jusque vers Bourg d’Oisans : avec sa charge, cela va être harassant).

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Bien plus tard, on sera re-doublé par le couple, qui a retrouvé sur l’arête le mouchoir de Gaby. Youpi, la mamie retourne dans la poche !

On ne lésine pas sur les pauses, mais c’est long. Heureusement, il fait moins chaud que la veille, et surtout les paysages et les fleurs égayent un peu la bavante. Je ressens moi aussi de la fatigue, du fait que je suis amené à piétiner à petits pas à un rythme qui n’est pas le mien.

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On s’est fixé un objectif d’être à 16h à la voiture… Cela semble jouable mais une trop longue et vicieuse dernière côte (c’est un comble : monter à la redescente, c’est une randonnée Escher ou bien ?) nous fait retrouver la voiture à 16h01 ! Zut.

… Mais non, c’était troooop bien.

Et en plus, on peut quitter les chaussures pour enfiler des tongs. Nos pieds flétris se mettent à chanter à tue-tête : « Libéréééé… Délivréééééé... Je ne m’enfermerais plus jamaiiiiiis ».

Pendant que l’on range les affaires, je regarde d’un air entendu mon fils. Derrière le soulagement, il suffit d’un coup d’œil là-bas, tout au fond du vallon interminable que l’on vient de redescendre où trône notre modeste sommet pour savoir qu’une autre cime nous attend, plus tard, plus haut.
Mais chut.
Ne le dites pas à nos petons. Laissons les respirer et espérer. big_smile


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#5 14-09-2020 19:36:15

kodiak
Pas assez léger, mon fils!
Inscription : 09-06-2014

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Bravo Gaby.
Eric, tes récits sont un régal. "De la MUL comme intrument de la complicité père-fils", ton prochain sujet de mémoire?
Super d'avoir récupéré le mouchoir de Mamie!

tolliv a écrit :

...je dois emmener mon neveu en rando avec moi (il n'a pas été sage et c'est donc sa punition)

La rando ne devrait jamais être une punition...  wink


Lâche ce clavier, attrape ton sac et pars marcher!
Il y a toujours un objet plus léger que celui que tu portes dans ton sac : celui que tu as eu le courage de laisser chez toi.
« Strong, light, cheap, pick two » (*)

| k

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#6 15-09-2020 20:37:59

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

P'tit Gaby : Merci Kodiak

Le papa : Et merci beaucoup pour le compliment smile C'est un plaisir d'écrire.

Kodiak a écrit :

"De la MUL comme intrument de la complicité père-fils", ton prochain sujet de mémoire?

Celui-là, je le partage brut de décoffrage (en plus c'est un héritage)


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#7 15-09-2020 21:12:02

einganien
Membre
Lieu : Marseille
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Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Félicitation à ton fils !!  smile
Et en plus, il retrouve son mouchoir.
Le petit sac D4 est pas mal, je m'en sers toujours pour des randos à la journée.
Sinon... ben je vois que t'es toujours aussi "gauche" dans l'utilisation des réchauds ! lol  lol

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#8 18-09-2020 15:06:36

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

@Einganien : mon fils te dit "merci  smile", et il espère secrètement avoir un de ces 4 l'occasion de faire une randonnée avec toi et Redfish (mais chuuuut, c'est un secret big_smile )

Pour la popote, tu as bien compris que je le fais exprès pour te faire rigoler  lol Je crois que je vais faire la compil' de mes ratés. y en aura pour quelques pages lol


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#9 19-09-2020 20:48:04

Redfish
Chat schizophrène...
Lieu : Marseille
Inscription : 16-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Ca sera toujours avec grand plaisir...
wink

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#10 23-09-2020 11:54:57

dubrock
-)
Lieu : Grenoble
Inscription : 13-06-2017

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Merci pour ce récit Eric le rouge, d’un itinéraire que je connais qu’en hiver :-). Vous faites une belle cordée, un peu plus et on vous retrouve sur camptocamp.org.. snif, snif !


- trombi...

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#11 23-09-2020 19:18:32

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Merci Dubrock  smile
Je n'y suis pas passé en hiver, mais il y a de quoi s'amuser je pense

Dubrock a écrit :

un peu plus et on vous retrouve sur camptocamp.org.. snif, snif !

En fait c'est l'inverse :j'y suis depuis bien plus longtemps qu'ici, et je lui fais des infidélités depuis mon anthropomulisation  lol


Mon trombi schizo, mi-Mul mi-anthropologue, avec un sommaire de mes récits de sortie bavards et de mes articles indigestes big_smile sur la Mul

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#12 23-09-2020 20:51:58

tomi
Qui ça ?
Lieu : Belledonne + Euskal Herria
Inscription : 02-09-2008

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Merci pour ce récit !

(sur la photo cinq, je vois plutôt les Grandes Rousses et le Pic Blanc en lieu et place de l'Aiguille du Goléon)


Monsieur Miko, attendez, vous ne pouvez pas faire ça ! - Toi pas t'inquiéter, Miko pouvoir.  (Vuillemin)

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#13 24-09-2020 10:09:22

dubrock
-)
Lieu : Grenoble
Inscription : 13-06-2017

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Oui tomi, je suis d'accord avec toi, mais encore plus à droite et avec de l'imagination...on y arrive! "C pa grav" elles sont toutes belles :-)


- trombi...

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#14 24-09-2020 15:10:46

Eric le rouge
AnthropoMUL[ET]
Inscription : 13-04-2018

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

tomi a écrit :

(sur la photo cinq, je vois plutôt les Grandes Rousses et le Pic Blanc en lieu et place de l'Aiguille du Goléon)

Mais oui, bien sûr yikes
Pan sur le bec dirait le Palmipède enchaîné. Je m'en vais piteusement corriger cela  lol


Mon trombi schizo, mi-Mul mi-anthropologue, avec un sommaire de mes récits de sortie bavards et de mes articles indigestes big_smile sur la Mul

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#15 04-10-2020 08:10:18

florencia
Membre
Lieu : 71
Inscription : 11-11-2011

Re : [Récit + liste] Banzaï au Rochail (Oisans, 20-21 juillet 2020)

Je rattrape mon retard wink
Encore une sacré expérience emmagasinée par P'tit Gaby, même si cela ne fut pas toujours évident émotionnellement et physiquement.
Une cordée pleine d'avenir smile
Merci pour le partage de ce nouveau récit père et fils.

Flo


Réalisations DIY
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"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle !" -Paulo Coelho.

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