Echec au Petit Gabizos...

RaphazzZ · 19-10-2011 19:07:46

Ma dernière sortie rando légère (à la journée c'est presque un pléonasme non?), le récit plus les photos sont disponibles ici sur mon blog. Si quelqu'un a déjà réalisé cette ascension je suis curieux de connaître son avis.

C'est la première fois que je fais demi tour avant un sommet à cause d'un manque de capacité ou de témérité...
Armé de mon "Veron", on part avec Sophie ma compagne, au Col du Soulor (1474m) pour l'ascension du Petit Gabizos (2639m) en mode MUL évidemment. Le profil de la randonnée est simple : après 15 minutes de piste, c'est tout droit dans les pâturages pendant environ 800m de dénivelé, puis crête un peu aérienne, avec quelques passages de 2° degré, non difficiles mais dangereux d'après le topo... On s'en souviendra.

Rien de transcendant dans la longue et de plus en plus raide pente herbeuse (monotone) qui nous attend. La vue se "limite" au Col du Soulor, et aux pistes de VTT et de ski de fond du Val d'Azun. En prenant de l'altitude, on voit de plus en plus la plaine recouverte d'une mer de nuage très basse avec quelques coteaux émergents...

Un Gypaète Barbu nous passe au dessus, le Pic du Midi de Bigorre et son observatoire sortent des brumes matinales à l'Est, les couleurs automnales accompagnées de leurs traditionnels chasseurs sont bien installés dans le secteur, c'est quand même très beau!

L'effort tout comme la montée n'en demeurent pas moins un peu lassants surtout au goût de Sophie qui apprécie de plus en plus les bâtons. J'affectionne tout de même assez ce genre d'effort l'assimilant à de la "préparation physique" idéale pour le trail et le télémark que j'espère pouvoir pratiquer de nouveau au plus vite.

2h15 après être parti, on atteint la crête de Bassiarey à l'Est du Pic du Petit Gabizos : large et facile dans un premier temps avec toutefois une roche très corrosive et friable qui émerge de plus en plus de l'herbe. C'est fluide et la progression est aisée mais on sent que l'on a perdu déjà pas mal d'énergie dans la 1 ère partie de la montée.

On recharge un peu les accus lors d'une petite pause où 2 autres randonneurs font demi tour l'un ayant un train à 13h00 : ils nous souhaitent bonne chance et prudence, nous mettant un peu en garde sur le danger à venir... Je leur répond que si on ne le sent pas, on fera demi tour (en pensant quand même que ça n'a jamais eu lieu jusque là mais bon...).

30 min plus tard, on range les bâtons, les choses rocheuses commencent, et très vite l'hypothèse de faire demi tour est évoqué puis répété... puis décidé... D'après le guide tout peut se faire sur le fil jusqu'au sommet : franchement il faut être très accroché et il est très difficile d'imaginer que la 2ème partie soit moins risqué quand on voit la tronche de la paroi, de plus, la roche est mauvaise et se délite facilement!

Un passage légèrement cairné et très exposé évite la crête devenue arête vers le Nord mais il y'a de la neige gelée et une potentielle chute de 600m guère engageante. Au Sud il y'a de magnifiques "falaises" difficiles à prendre en photos étant donné qu'elles sont à notre aplomb qui bloquent toute capacité à se redresser complètement ...

Le demi tour s'opère doucement et très prudemment avec chacun un petit coup de stress sur certains passages : j'ai rarement été autant plaqué à une paroi qu'ici. Le minimalisme au niveau du poid du sac à dos permet une plus grande agilité dans les mouvements et donc à mon sens plus de sécurité.

On retourne manger en terrain (presque) totalement plat et stable : ça fait du bien! Dans la plus grande tradition familiale je traite le pic de tout les noms, surtout pour relâcher la pression, heureux d'être là sans avoir fait le sommet mais quel dommage de ne pas avoir pu profiter du panorama à 360° et de la vue vers l' Ouest.

Son grand frère, le Grand Gabizos (2692m) par Gourette et le Sanctus n'a qu'à bien se tenir si j'en ai l'occasion j'irais le faire prochainement!

Après le repas bien mérité et apprécié, descente très agréable (plus que ce que l'on imaginait lors de la montée) et rapide dans cette pente herbeuse où l'on s'amuse avec les bâtons. Le fait d'être chargé au minimum est toujours un vrai plus pour les genoux.

Hélas, quand même une gamelle pour Sophie avec un doigt un peu retourné à la réception mais rien de grave.

Rien de pressé, mais à refaire avec quelqu'un de plus expérimenté car je suis curieux de tester une nouvelle fois ma réaction face à ce chantier qui m'a quelque peu déconcerté là haut :-). Avis aux amateurs.

Récit plus photos sur le blog : http://raphazzz.blogspot.com/

Dernière modification par RaphazzZ (19-10-2011 19:47:21)

highpictv · 19-10-2011 19:24:57

Pas fait mais ce n'est pas un sommet réputé facile ... (il y a eu des morts et des blessés dessus me semble t'il)

RaphazzZ · 19-10-2011 19:28:23

Y'a moyen d'interdire l'accès au forum à ma copine qu'elle ne voit jamais ce message
On a sans aucun doute bien fait de renoncer...

Dernière modification par RaphazzZ (19-10-2011 19:48:58)

Profil supprimé 14 · 19-10-2011 19:44:06

Etre capable de renoncer et de le dire, c'est une sacré qualité, bravo.

LeNovice · 19-10-2011 19:49:54

Incrédule a écrit :

Etre capable de renoncer et de le dire, c'est une sacré qualité, bravo.

+1
Eviter de chuter sur 600m et revenir entier en ayant pris du plaisir ... je ne vois vraiment pas où est l'échec ?

vertdino · 19-10-2011 21:25:28

Tu as bien raison, le Grand Gabizos est bien plus sympathique, tu laisses ta voiture dans le cirque du Litor, il y a une rude montée mais la crête finale est aussi belle que facile!

Hermelin · 19-10-2011 22:05:55

Belles photos, Merci !

Il n’y a aucune honte à avoir renoncé, en effet !
Dans les pics « faciles » (dans la mesure où ils ne dépassent pas le I/II par les voies normales), je trouve que les Gabizos sont parmi les plus impressionnants des Pyrénées du fait de la raideur du terrain, de la mauvaise qualité du rocher et du caractère effilé de leurs arêtes.
On l’oublie souvent, mais le I et le II n’ont pas du tout le même visage selon qu’ils se situent dans des faces, des couloirs sécurisants ou sur des crêtes aériennes et découpées !

vertdino a écrit :

le Grand Gabizos est bien plus sympathique, tu laisses ta voiture dans le cirque du Litor, il y a une rude montée mais la crête finale est aussi belle que facile!

En effet, tu as peut-être vu trop... petit, pour un coup d’essai !
Dans le secteur, il peut être plus judicieux de commencer par le Grand, dont l’arête ouest depuis le col de Pène Blanque est moins impressionnante, quoiqu’aérienne aussi par endroits.
Cela permet de se familiariser avec ce terrain un peu particulier, et voir si on a suffisamment d’affinités pour continuer !

Si c’est bien le cas, et si on a le temps, la forme, et pas trop d’appréhension, on peut envisager la traversée jusqu’au Petit par la crête des Tailhades, puis la brèche Edouard qu’on gagne depuis le col du Pourtet en contournant le Petit Gabizos par l’ouest (le ressaut sud de l’arête, qui monte direct depuis le Pourtet, étant coté D !). Ça ne dépasse pas non plus le II, mais ça décoiffe !

Mais on peut aussi atteindre le Pourtet, puis la brèche, depuis la route du Soulor (cirque du Litor) ou depuis le val d’Azun, par la vallon de Labardaous.
Passer par la brèche Edouard est sans doute la voie la plus normale pour atteindre le Petit. Mais ça reste un peu scabreux du fait de la raideur et du terrain souvent délité..

edit: orth

Dernière modification par Hermelin (20-10-2011 07:44:48)

François Jourjon · 21-10-2011 05:07:30

Bravo d’avoir eu l’humilité de faire demi-tour. Il y a toujours l’option de revenir avec une petite corde et deux baudriers si tu maîtrises la chose.

François

Hermelin · 21-10-2011 06:56:07

François Jourjon a écrit :

Il y a toujours l’option de revenir avec une petite corde et deux baudriers si tu maîtrises la chose.

Pas évident d'assurer (ni de s'auto-assurer) sur ce genre de crêtes et de terrain . La meilleure assurance ici reste la sûreté de pied.

François Jourjon · 21-10-2011 07:05:10

Je pensais plutôt à faire une cordée de deux un peu comme pour une arête enneigée.

Hermelin · 21-10-2011 07:15:34

Mais sur la neige, à corde tendue ou aux anneaux, si l'un des deux file dans la pente, tu assures avec le piolet, ou en te jetant dans la pente opposée, si c'est possible et que ce n'est pas trop raide.
On ne peut pas faire ça sur une arête rocheuse.

ucorsu · 21-10-2011 12:10:13

Il vaut mieux dire: " On aurait pu y aller" que dire:" On aurait pas du y aller"

RaphazzZ · 29-10-2011 09:20:36

Hermelin a écrit :

François Jourjon a écrit :
Il y a toujours l’option de revenir avec une petite corde et deux baudriers si tu maîtrises la chose.
Pas évident d'assurer (ni de s'auto-assurer) sur ce genre de crêtes et de terrain . La meilleure assurance ici reste la sûreté de pied.

Bonjour,

Merci d'avoir soulevé ce point, je me demandais bien sur place quel matériel aurait pu être utile...
Même avec un sac alourdi de matos, le résultat eut été le même. Le pied aurais été même moins sur, bref pas de regret sur ce point.

En tout cas merci pour vos messages, et si un jour quelqu'un veut m'y emmener : je suis preneur

Hermelin · 29-10-2011 09:46:18

raphaz a écrit :

Même avec un sac alourdi de matos, le résultat eut été le même. Le pied aurais été même moins sur, bref pas de regret sur ce point.

J'ajoute, comme tu le sais, bien sûr, qu'il y a des jours "sans". Pour ma part, je m'en rends compte surtout sur ce genre de terrain de crêtes, de traversées d'arêtes exposées.

Certains jours, quelque chose se noue, et on angoisse de façon irrationnelle.
D'autres, on ne sait pas bien pourquoi, ça passe comme une fleur.
Ça n'a que peu de rapport avec la difficulté objective.
Je crois que ça se situe en fait autant dans l'estomac que dans la tête.

J'aimerais bien retourner là bas un de ces jours, mais l'automne est sans doute la moins bonne saison pour le faire !
Encore plus qu'ailleurs, l'humidité est à fuir comme la peste, dans ce secteur.

fyf66 · 05-11-2011 23:04:36

C'est bien de relater ce genre d'expérience qui peut servir à tout le monde. Le renoncement est un acte de sagesse.
Un conseil, peut être : la prochaine fois, tu pourras essayer de le faire de nuit (cf récit précédent "tour de l'Ossau en semi-nocturne") => si la difficulté n'est pas visible, elle n'existe pas !!!
Bon, je sais, je sors...

Grandhoub · 05-11-2011 23:44:23

Echec dans le titre me semble pas le mot le plus approprié, si je puis me permettre.
Car il y a un très beau sommet : tu es monté plus haut que cet amour propre qui parfois nous empêche de renoncer, risquant à minima un déplaisir voir une fin tragique.

syntex · 11-12-2011 15:30:49

Bonjour Raphaz,
bbbbbb
Je tombe par hasard sur ton récit de rando au petit Gabizo; je vais pouvoir te renseigner car cette montagne est devant mes fenêtres depuis bientôt 50 ans et je l'ai gravie plusieurs dizaines de fois par toutes les voies existantes. (Y compris la face ouest en 1973, voie Ravier TD SUP)
Tout d'abord, il n'existe aucune voie vraiment facile, mais celle que tu avais choisie est certainement la plus belle: c'est en tous cas celle que j'emprunte tous les ans avec descente vers la brêche Edouard et retour direct sur le col du Soulor (descente raide à n'effectuer que par temps sec).
Ma première recommandation est de ne pas s'aventurer sur cette arête est sans une corde de 40m, à moins que tu ne sois seul et que tu aies un très bon pied montagnard. Avec une corde j'y ai souvent emmené des débutants en escalade sans problème, et ils en ont retiré de fortes sensations. Les vraies difficultés ne commencent que dans la dernière partie de l'arête qui est très effilée et assez impressionnante mais jamais difficile. Tu peux suivre le fil d'un bout à l'autre mais si tu ne le sens pas tu peux toujours passer par la droite (face nord) où tu trouveras des vires praticables.
Pour ma part j'évite seulement le dernier gendarme qui nécessite une désescalade de quelques mètres assez acrobatique (corde obligatoire sur ce passage à moins d'être un très bon grimpeur).
Le petit mur final qui conduit au sommet est un peu raide mais muni de très bonnes prises pour les pieds et les mains.
Pour résumer, je dirais seulement que nous ne sommes plus dans le domaine de la rando mais de l'escalade facile.

RaphazzZ · 17-12-2011 12:05:14

Salut Syntex et merci pour ton message qui me laisse un peu perplexe en comparaison de celui d'Hermelin qui me parlait bien...
Faudrait que je vois sur le terrain un jour mais je ne vois pas trop comment utiliser des cordes sur ce type de terrain?
En tout cas l'année prochaine si quelqu'un veut m'y emmener je suis preneur.
Bon week end à vous,
Raphaël

syntex · 17-12-2011 20:44:31

Bien sûr Raphaz, une corde est toujours utile en montagne dès lors qu'il existe un risque de chute non rattrapable; et c'est le cas sur cette arête par endroits, et il n'est pas utile de jouer sa vie à pile ou face...
Je te conduirai bien volontiers sur cet itinéraire à partir du mois de mai si tu le souhaites.
Je te souhaite de bonnes fêtes.

Hermelin · 19-12-2011 12:51:20

syntex a écrit :

Bien sûr Raphaz, une corde est toujours utile en montagne dès lors qu'il existe un risque de chute non rattrapable

Certes !
Mais, dans le cas du Petit Gabizos, si l’usage de la corde me semble justifié ponctuellement, sur certains passages et sur la dernière partie de l’arête, à partir du moment où elle se redresse et permet au premier d’assurer par le haut de façon efficace, il me semble que sur les longues parties moins redressées qui précèdent, les quelques becquets qu’on peut équiper sont loin d’être suffisants pour supporter le moindre pendule.
Or ce sont peut-être ces sections là qui sont les plus impressionnantes.

Sur ce genre de terrain qui impose un certain art du « funambulisme », l’utilisation de la corde me paraît surtout psychologique, si ce n’est illusoire voire dangereuse.
C’est pour cela que compter sur la sûreté de pied plutôt que sur la corde me paraît essentiel quand on s’y aventure.

Mais tu connais le secteur bien mieux que moi, et sans doute y as-tu des repères précis en ce qui concerne les points d’assurage.

J’avoue que la voie Ravier me fait rêver chaque fois que je vois la face Ouest.
Mais c’est un peu tard pour moi maintenant...

syntex · 19-12-2011 15:13:47

Sur ce genre de terrain qui impose un certain art du « funambulisme », l’utilisation de la corde me paraît surtout psychologique, si ce n’est illusoire voire dangereuse.

D accord avec toi, Hermelin, la corde en arête est souvent psychologique (comme au Pène Sarrière); mais néanmoins indispensable pour décider ton équipier à franchir le pas. Et en montagne, on ne regrettera jamais d'avoir fourré une petite corde au fond de son sac sur ce genre de terrain au cas où... Même pour un MUL convaincu comme moi.

RaphazzZ · 20-09-2020 21:43:25

Ça y'est fait l'année dernière sans trop de stress à part à quelques endroit (peu exposés) où la roche était pourrie, mais là ou il fallait vraiment mettre les mains, ça tenait pas mal. Il faut y être prudent à cause de la roche, mais ça se fait absolument très bien sans matos.

Mendizale · 25-09-2020 17:00:36

Très chouette! J'ai envie d'y aller aussi un jour. L'année dernière j'ai été au grand Gabizos en passant par les lacs de Louesque (et la crête qui va avec...). C'était tentant de pousser plus loin, mais pas réaliste.
Tu fais exprès d'aller chercher des mers de nuages ou c'est un heureux hasard? Encore de belles photos en tout cas.

RaphazzZ · 26-09-2020 09:59:26

Hello, ça m'arrive de temps en temps et des fois, j'ai juste du bol .

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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