[Récit + liste] Randonnée à la voile en Bretagne Nord

JulesMSG · 01-11-2020 01:41:55

Plougrescant-Roscoff aller-retour en Tabur 320

Depuis des années je cherchais un petit dériveur pour longer la côte en "rase-caillou", en partant de Plougrescant vers l’ouest, si possible jusqu'à la baie de Morlaix. En 2018 j’ai finalement trouvé mon bonheur sur Leboncoin : un Tabur 320 de 1976 prêt à naviguer, pour la modique somme de 200 euros (+ 50 de remorquage). Très léger (45 kg à vide), tout en plastique, utilisé à l'époque par les écoles de voiles, plutôt fait pour une mer plate et un petit temps.

J’ai pu l’essayer sur des courts trajets entre Plougrescant et Port-Blanc toujours très proche de la côte, puis au-delà de l'estran en naviguant pendant la marée basse. J’ai eu un an pour étudier la côte sur GoogleEarth et Navionics dont j’ai imprimé des captures d’écran, repérer les lieux de bivouac possibles avec Maps et Street View, réviser les règles de navigation...

La ligne rouge représente la limite de 2 milles marins d'un abri que je dois respecter.

Je prends deux jours pour acheter les derniers accessoires et préparer le bateau. J’ai un sac étanche avec matos de camping et vêtements de rechange, un bidon étanche et une sorte de cantine plus ou moins étanche pour les vivres.

Quelques jours avant de partir j’ai envoyé un message à Gwendal, un vieux copain de la bande du lycée à qui je n’ai pas parlé depuis des années, marin de son état, qui a une boutique d’épices dans le centre-ville de Roscoff et organise des balades en mer dans la baie de Morlaix.

Jour 1 – jeudi 18 juillet 2019

Départ de Plougrescant depuis la cale de Poul Stripo. Je n'ai pas beaucoup dormi à cause de l’excitation et des derniers préparatifs. La marée haute est à 8h30, je mets le bateau à l'eau vers 9h. Le ciel est gris, ça crachine, il fait froid, j'enfile veste et pantalon k-way.

Poul Stripo

Le vent est d’ouest, j’avance tranquillement au près, je passe entre Porz Scaff et l'île Yvinec, j’arrive vite à Gouermel. Coefficient faible, obligé de contourner les îles de Buguélès. Hors de la baie la mer est agitée et je dois tirer des bords, tout ce que je déteste ! Je passe Port-Blanc, le ciel se dégage et le vent se calme. Vers 13h je suis devant Trestel, il fait beau, je casse une croûte et j’appelle mon pote Alex pour lui dire que j’ai entamé mon périple. La mer est basse à 14h30.

Vers 15h j’approche de l’île Tomé, ça n’avance pas trop mal jusqu’à Perros Guirec mais le courant de marée montante me fait renoncer à passer Ploumanac'h aujourd’hui. Vers 18h je décide d’accoster sur la grève Saint-Pierre pour passer la nuit.

Pendant que je remonte le bateau sur les galets au fur et à mesure que l’eau monte, j’aperçois à plusieurs reprises la tête d’un phoque qui regarde dans ma direction. Je l’observe aux jumelles. Bivouac sous les arbres.

Jour 2 – vendredi 19 juillet 2019

Première nuit difficile, j'ai eu froid, mon sac de couchage est un modèle compact ! Il n’est même pas 7h, quelqu’un se balade en kayak, la mer est calme. Marée haute à 9h, on annonce vent de sud-ouest, force 4.

L'île Tomé vue depuis la grève Saint-Pierre

Je mets le bateau à l’eau vers 9h, j’avance tranquillement jusqu’à la pointe de Ploumanac'h, et là d’un coup je ne suis plus abrité : le vent souffle d'ouest en rafales, il y a de la houle et du courant, un sale crachin... Le bateau se rempli d'eau à force d'enfourner dans les vagues, il est insubmersible mais s'il devient trop lourd il risque de se coucher...

Au bout d’une heure de galère à écoper entre chaque virement de bord, je déclare forfait face aux éléments déchainés… Je fais demi-tour devant l'île Renote et je vais m'abriter dans la baie de Sainte-Anne. J’échoue sur une petite plage à Tourony, je dégrée le bateau. Je prends toutes mes affaires et je m’installe sur une table de campeur pour casser la croûte. Il est midi.

La baie de Sainte-Anne vue depuis Tourony

Petite ballade à pieds à marée basse pour voir les fameux rochers de Ploumanac’h. J’ai repéré un hypermarché pas loin, j’y achète un collant pour la nuit et un sac/filet de pêche. Vers 19h la bruine se transforme en crachin et je dois encore attendre que l’eau remonte pour pouvoir tirer le bateau en haut de la plage. Vers 21h je casse une croûte abrité sous des arbres et je plante ma tente dans un bosquet. Il est environ 22h, mon jean et mon pull sont très humides, heureusement j’ai mon collant...

Jour 3 – samedi 20 juillet 2019

Réveillé avant 7h, curieusement j’ai bien dormi… Mes vêtements sont encore très humides, je dois les faire sécher avant de les ranger dans le sac étanche car sinon l’humidité se propagera à toutes mes affaires… Il fait beau, ça sèche !

Je mets le bateau à l’eau vers 9h juste avant la marée haute. La mer est un peu moins agitée qu’hier mais ça souffle encore pas mal, toujours d’ouest. Je passe le cap de l’île Renote assez péniblement.

À partir de Trégastel je navigue à vue en découvrant la côte, ma carte est à l'abri dans mon sac, difficile de savoir exactement où je suis. Le ciel se couvre et je dois contourner des rochers en tirant des bords, rien de réjouissant. À un moment je crois avoir passé l’Île Grande mais c’était en fait la presqu’île de Landrellec, je ne suis pas au bout de ma peine !

Vers midi je fini par passer entre l’île Losquet et l’île Aganton, enfin abrité de la houle et le ciel commence à se dégager. J’aperçois le radôme de Pleumeur-Bodou, et ce banc de sable devant… c’est Molène, un îlot protégé en face de Trébeurden. Le lieu est idéal pour pique-niquer, j’y accoste vers 13h, le soleil chauffe le sable.

Vue sur l'île Grande depuis Molène

Trébeurden et l'île Millau vues depuis Molène

Je repars vers 16h juste après la marée basse. J'avance vers le sud, j'arrive à hauteur de l'île Millau. J’hésite à continuer en longeant la côte vers l'anse du Léguer pour y passer la nuit, ou traverser la baie de Lannion pour atteindre directement Locquirec (j’aimerais bien ne pas m’enfoncer dans la baie de Saint-Michel-en-Grève). J’ai repéré Locquirec aux jumelles, c’est assez loin mais jouable en un seul bord, et avec le vent d’ouest et la marée montante je ne risque pas de dériver au large… C’est décidé, je le tente !

Ça souffle, je remonte bien au vent, la houle est faible mais le bateau pique dans les vagues, je dois écoper à plusieurs reprises. La plage de Locquirec est derrière mon horizon mais je distingue les maisons situées en hauteur. Pendant plus d’une heure je navigue au près tribord amures, ça tire sur la barre et l'écoute de foc, mes mains sont à moitié engourdies.

Locquirec se rapproche, le ciel se couvre de gros nuages gris… Je visais la plage sauvage des Sables Blancs mais je dérive trop vers l’est. Je dois faire une manœuvre pour éviter le récif Roc'h Gouliad et j’atterris sur la grande plage de Pors ar Villec vers 17h30. Un type m’aide à tirer le bateau jusqu’en haut de la plage. Ça y est, c’est l’averse !

La plage de Pors ar Villec, au loin on distingue l'île Millau.

Impossible de bivouaquer ici, il y a trop de maisons. Il y a une boutique où je laisse mon smartphone à charger. La patronne me propose de m’emmener en voiture au camping du Fond de la Baie. Pour la première fois je laisse le bateau sans surveillance avec tout le gréement plié dedans et même le sac de bouffe… Au camping je mange un fish & chips avec une bière et je recharge tous mes appareils. On annonce de la canicule pour les prochains jours et très peu de vent demain.

Jour 4 – dimanche 21 juillet 2019

Réveil vers 6h30. Petit déjeuner. J’ai décidé de continuer vers l'ouest. La pleine mer est à 9h43, la navette pour retourner à la plage où j’ai laissé le bateau est à 10h. Je le remets à l’eau vers 10h45.

Une légère brise venant du nord me pousse doucement, je vise la pointe de Beg an Fry, mais là je suis confronté pour la première fois à la pétole : absence presque totale de vent, je n’avance plus que imperceptiblement grâce au courant de marée descendante. Je rame un peu, joue un coup d’harmonica, téléphone à un pote pour avoir un point météo... Je mets ainsi deux heures à longer les 5 km de falaises de Guimaëc à Saint-Jean-du-Doigt.

Beg an Fry

Au niveau de Plougasnou une brise se lève, toujours du nord, qui me fait atteindre tranquillement Primel. J’opte pour la petite plage de galets bordant le camping. La mer est presque basse, j’échoue sur les cailloux. Il est 15h, la renverse est à 16h.

Je casse une croûte sur les galets, je vais faire un tour au camping. Je grimpe en haut de la pointe de Primel, de là j’ai vue sur la baie de Morlaix, avec les jumelles j’aperçois Roscoff et l’île de Batz !

Primel

Vers 18h la marée montante atteint le bateau, je vais bientôt pouvoir repartir mais il est trop tard pour continuer. Je décide d’aller amarrer le bateau sur la grande plage de sable de Primel, puis je retourne à pieds au camping. Je plante ma tente à côté d’un groupe de jeunes qui font la Bretagne à vélo.

Jour 5 – lundi 22 juillet 2019

On annonce encore peu de vent pour aujourd’hui. Je pars quand même vers 10h15, le temps est au beau fixe. Une petite brise me permet de passer la pointe de Primel, me voici dans la baie de Morlaix, mais devant le Diben c’est la pétole.

Je rame un peu, me laisse dériver au gré du courant, à un moment je vais même à reculons. Avec les jumelles j’essaie de repérer l’île Stérec où j’ai bivouaqué en août 2003 avec des potes lors d’un tour de Bretagne. Il n’est pas encore midi mais le soleil cogne déjà tellement sur mes jambes que j’enfile mon pantalon k-way…

Au bout d’une heure, un petit vent du nord se lève. J’hésite à aller tout droit sur Roscoff en vent de travers ou descendre dans la baie de Morlaix en longeant la côte vent arrière. Ça avance beaucoup mieux en travers, je mets le cap sur Roscoff !

Je traverse paisiblement la Baie de Morlaix vautré dans le bateau, essayant de me situer sur la carte à l’aide des jumelles et du compas de route. Roscoff se rapproche, si tout va bien j’y serai aujourd’hui !

Vers 13h30 j’approche du port de commerce, un ferry est sur le point de partir. J’hésite à aller au vieux port car je ne sais pas si je pourrai y laisser le bateau. Finalement je décide d’aller à la plage de Traon Erc'h juste au sud du port de plaisance. J’avance maintenant à contre courant mais vers 15h j’atteins la plage, me voici à Roscoff !

Je dégrée le bateau, deux types m’aident à le remonter en haut de la plage. Un autre vient à ma rencontre, avec qui j’ai discuté à Ploumanac’h il y a trois jours, il ne s’attendait pas à me revoir ici aujourd’hui !

Je casse la croûte, je me change. Toujours sans nouvelles de Gwendal, j’ai décidé d’aller à sa boutique, on verra bien… Le centre-ville est à 25 minutes à pieds, je trouve sa boutique, il est là ! Un peu étonné de me voir débarquer ici, mais il me propose de m’héberger cette nuit (il habite à Morlaix).

VagaBoutik

Je laisse mon sac dans sa boutique et je vais au port boire une pinte de cidre en attendant que Gwen ait fini de bosser. Il me rejoint vers 19h, on prend l’apéro et on mange un morceau sur le port, je lui pose plein de questions sur la navigation. Ensuite il m’emmène en voiture chez lui à Morlaix, ça va être sympa de prendre une douche et de dormir dans un lit !

Jour 6 – mardi 23 juillet 2019

La plage de Traon Erc'h

On annonce encore de la pétole. J’ai décidé de ne pas aller à l’île de Batz et d’entamer le trajet retour, mais pas avant de m’être baladé un peu dans la baie de Morlaix. Objectif de la journée : l’île Stérec. La pleine mer est à 10h45, Gwendal me dépose à mon bateau vers 9h, il m’a proposé de m’héberger une nuit de plus si je suis toujours dans la baie ce soir.

Le vent souffle du nord et me pousse tout doucement le long de l’île Callot. Je franchis la passe aux Moutons, il n’y pas beaucoup d’eau, je sens la dérive frotter le sable mais ça passe. Arrivé devant Carantec, c’est la pétole et le ciel se couvre. Je fais une pause sur la grande plage du Kélenn.

La pointe nord de l'île Callot

J’attends que l’averse passe pour repartir, en espérant avancer vers Stérec. Pétole toujours. Je rame une demi-heure sans grand succès puis échoue sur la plage du Cosmeur un peu plus à l’est. La mer est presque basse, j’en profite pour casser la croûte en attendant qu’elle remonte.

Je repars vers 18h, j’aimerais continuer à avancer mais c’est toujours la pétole. J’appelle Gwendal qui me déconseille la plage de Tahiti pour bivouaquer, je décide d’arrêter pour aujourd’hui et je retourne à la rame à la plage du Kélenn. J’emprunte une remorque à une femme qui accompagnait un 420. Je dégrée le bateau, je me change et je vais boire une pinte de cidre en terrasse, il est 19h. Gwendal passe me cueillir vers 20h30, on va diner chez son pote John puis on rentre dormir à Morlaix.

Jour 7 – mercredi 24 juillet 2019

Gwendal me dépose à Carantec, je mets le bateau à l’eau vers 9h30. Cette fois-ci pas question de finir chez lui, je dois avancer ! Je rame un peu pour sortir de Carantec, mais un léger vent venant plus ou moins du sud me fait avancer tout doucement vers l’est.

Je passe tout près du Château du Taureau (fort construit par Vauban), mais là c’est vraiment la pétole. Je rame, me laisse dériver vers l'île Louët, j’attends que ça se relève.

L'île Louët

Le Château du Taureau

Vers 11h30 la mer est complètement haute, je fini par atteindre l’île Stérec où j’accoste sur la plage nord. 16 ans après, ça fait plaisir !

Pour la petite histoire : sur cette île accessible à marée basse par le sud depuis Barnénez se trouvent les ruines d’un abri fortifié et d’un tunnel, vestiges du Mur de l’Atlantique. Le tunnel traverse la roche qui surplombe l’île et permet d’accéder directement à la plage au nord depuis le fortin situé à l'ouest (plus d'infos et photos ici : http://trainjoel.canalblog.com/archives … 29866.html).

L’entrée du tunnel côté plage est cachée derrière une jungle de fougères, impossible de chercher ici. Je retrouve l’entrée ouest, retourne au bateau choper ma lampe frontale (le tunnel fait un coude, c’est l’obscurité totale).

Je traverse le tunnel et ressort dans les fougères où je reste planqué un moment pour éviter de me faire repérer par les enfants des proprios qui sont sur la plage et ont vu mon bateau (l’île est privée et il y a une maison).

J’entends les gamins s’éloigner, je peux enfin sortir de ma cachette. Je casse une croûte rapide, la mer a déjà commencé à redescendre et je ne veux pas être bloqué ici toute l’après-midi. Je repars vers 13h30, le vent souffle maintenant du nord-nord-est. Je tire quelques bords pour sortir de la crique, le temps est idéal, juste ce qu’il faut de vent, je décide finalement de rester me balader dans la baie de Morlaix aujourd’hui.

Je navigue vers le nord-ouest entre les îlots et les récifs découverts par la marée descendante. Je passe entre deux gros rochers couverts de centaines d’oiseaux marins qui se mettent à gueuler, je comprends que je ne suis pas le bienvenu et passe mon chemin… C’est en fait la réserve naturelle Ar Beg Lemm.

Vers 16h, après m'être empêtré dans des algues, je décide de piquer vers l'est sur la plage de Saint-Samson pour prendre une pause… Trop longue ! La mer a continué à descendre, la renverse n’est pas avant 17h30, me voilà coincé ici pour quelques heures et je ne peux pas bivouaquer ici.

La plage de Saint-Samson

J’en profite pour casser la croûte, ranger le bateau, faire sécher quelques affaires… Le soleil cogne dur, je parcours toute la plage pour trouver un petit coin d’ombre à l’abri d’un muret et réfléchir à où je vais passer la nuit.

Rencontre du 3ème type

Vers 20h je peux enfin repartir, j’hésite encore entre l’île Callot et l’île Stérec pour bivouaquer. Callot est trop loin, le soleil se couche dans deux heures, je vise Stérec et opte finalement pour la plage de Barnénez où j’accoste vers 21h30.

L'île Stérec vue depuis Barnénez

Journée mémorable, je n’ai pas beaucoup avancé mais je me suis bien baladé. Je suis sur un site protégé, pas trop envie de planter ma tente ici... cette nuit je dors dans le bateau !

Jour 8 – jeudi 25 juillet 2019

Réveil vers 7h. On annonce plus ou moins le même temps qu’hier. Ballade matinale pour essayer de voir le cairn de Barnénez, mais le site est fermé à cette heure. Je mets le bateau à l’eau vers 10h.

Mon smartphone et ma caméra sont déchargés, je ne peux plus consulter la météo ni prendre de photos, mais j’ai mon vieux Nokia allumé dans une pochette étanche autour du cou en cas d’urgence. Objectif aujourd’hui : sortir de la baie de Morlaix.

Comme hier matin, c’est la pétole jusqu’à marée haute vers 12h15, quelques bourrasques me font avancer mais semblent venir de directions différentes, je ne choisi plus trop où je vais. Je dérive vers le château du Taureau, passe à quelques mètres de l’île Louët, puis j’échoue sur la plage de Tahiti (qui porte bien son nom) où je fais une courte pause.

Il est environ 14h, un vent très léger souffle maintenant du nord, j’avance tout doucement sur une mer plate mais j’arrive à remonter au vent. À mesure que je sors de la baie, le vent vient maintenant du nord-est mais le courant de marée descendante me fait dériver vers l'ouest.

Vers 17h le vent faiblit et devient capricieux… C’est la pétole ! Je suis assez éloigné de la côte et un peu seul mais je sais qu’après la renverse vers 18h30 le courant me poussera vers la côte à l’est. J’essaie d’évaluer ma position sur la carte, je ne dois pas être loin de la limite de 2 milles marins que je ne suis pas sensé dépasser…

Vers 18h une houle apparaît venant du nord-ouest, sur une mer d’huile. Le soleil cogne, la houle forme comme des dunes d’eau dans un désert liquide. Pas très rassurant, j’espère que le vent va bientôt se lever…

A un moment je sens quelques bourrasques et soudain une brise se lève du sud-ouest ! Je fonce sur Primel en vent de travers, aidé par le courant ! Je vois la côte disparaître et réapparaître à chaque ondulation, je suis déventé dans les creux mais j’avance tellement bien que je dépasse Primel (tant pis pour le camping) et j'atterris sur la plage de Plougasnou vers 20h. Épique !

Le ciel commence à se couvrir, je dégrée et vide entièrement le bateau pour pouvoir le trainer sur le sable jusqu’en haut de la plage. J’envoie quelques textos pour avoir la météo, on prévoit vent de sud-ouest pour demain. J’attends la tombée de la nuit pour planter ma tente sur les galets près d’une mini cascade.

Jour 9 – vendredi 26 juillet 2019

Réveil à 7h. La pleine mer est à 13h20. J’ai eu un peu l’ivresse du large hier, aujourd’hui je vais rester près de la côte et m’en tenir à Locquirec où je pourrai recharger mon smartphone. Je pars vers 10h avec un petit vent d’ouest. Le ciel est gris, ça sent l'averse...

J’avance lentement en vent arrière mais je suis aidé par le courant de marée montante. Plus j’avance, plus le vent forcit. J'approche de Locquirec et j'aperçois Trébeurden. Je commence à hésiter à faire la grande traversée de la baie de Lannion comme à l’aller...

À hauteur de la plage des Sables Blancs ça souffle vraiment bien, je décide de tenter Trébeurden ! Je passe progressivement de vent arrière à vent de travers, faisant une courbe jusqu’à l’île Molène où j’ai piqueniqué à l’aller.

J’y fais une courte pause avant d’aller échouer à l’Île Grande sur la plage du Dourlin. Il est 14h, je m’arrête là pour aujourd’hui. Il reste une place au camping, je vais pouvoir charger mes appareils et faire sécher toutes mes affaires (l'humidité rentre partout, même dans le sac étanche).

Jour 10 – samedi 27 juillet 2019

Réveil vers 7h. Balade matinale vers Saint-Sauveur, recharge des batteries. La pleine mer est à 14h30. Je voudrais aller à Trébeurden acheter quelques bricoles puis continuer ma route en me baladant. Je dois attendre 13h avant qu’il y ait assez d’eau pour partir.

Le vent souffle du nord-ouest, j’avance bien. Je passe entre l’île Milliau et le port de plaisance de Trébeurden. J’accoste sur la grande plage de Tresmeur où je discute avec trois marginaux. Le plus âgé doit a une course à faire dans le bourg, il m’emmène vite fait en bagnole, puis je bois une bière avec eux.

Il est 15h passés, je dois repartir si je veux pouvoir passer entre l’île Aganton et l'Île Grande. Je dois tirer des bords, pas sûr que j’arrive à temps… Effectivement, quand j’arrive à la passe il n’y a plus beaucoup d’eau et pas mal de courant, ça ne me dit rien qui vaille et je ne veux pas non plus contourner l’île Aganton… Tant pis, je dois passer une nuit de plus ici, je vais échouer sur la plage de Castel Erek à l'Île Grande.

Il est environ 18h, la mer s’est bien retirée, je fais sécher mes cartes sur le sable chaud, quand je vois une caravelle toute blanche échouer sur le sable. Je vois qu’ils vont mouiller ici, je vais à leur rencontre pour leur poser des questions sur l’utilisation d’une ancre. Ils sont deux couples et un enfant, ils vont bivouaquer ici dans les dunes.

Ils m’invitent à l’apéro, j’apporte mon sac de fruits secs. Ils sont de Roscoff et connaissent Gwendal ! Alex, le père du gamin, travaille à la voilerie de Roscoff. Il me donne de précieux conseils techniques. Le camping est complet cette nuit, je vais bivouaquer comme eux. Je plante ma tente à la tombée de la nuit dans un creux de la dune, puis retourne les voir vers 23h autour du feu.

Jour 11 – dimanche 28/07/2019

Réveil vers 7h. Je plie la tente tout de suite, bivouac sauvage oblige. Petit déjeuner, je lève le camp et j’apporte toutes mes affaires au bateau. Un peu plus tard, Alex que j’ai rencontré hier vient voir mon bateau, il me donne des conseils de gréement ainsi qu’une écope. Il m'aide à le porter un peu plus bas sur la plage pour que je puisse repartir plus tôt quand la mer va remonter (la pleine mer est à 16h).

Je me balade un peu, il y a une fête ce soir au port de Saint-Sauveur mais je dois continuer mon retour. Il est presque midi, pas encore assez d'eau pour repartir. Je vais boire un jus d'ananas à la crêperie pour y recharger mon smartphone. Vers 13h30 je remets le bateau à l'eau en même temps que les Roscovites.

Je veux passer entre l'île Aganton et l'Île Grande mais il y a trop de courant et peut-être pas assez d'eau. En attendant je tire un bord en essayant de rattraper leur caravelle, en vain. Le vent est d'ouest. Je me ballade un peu dans le port puis je retourne appréhender la passe entre les deux îles. Les vaguelettes montrent qu'il y a du courant mais la profondeur a l'air suffisante pour mon petit rafiot. J'hésite, le courant est contre moi et je risque d'être déventé. Je vois un bateau passer en sens inverse, puis un zodiac... Je me lance, ça passe !

Il y a un peu de houle mais il fait beau et je navigue au portant. Je fais une courte pause à Porz Gélen pour consulter la carte, puis je décide de me balader dans la baie de Keryvon que je n'avais pas visitée à l'aller. La mer y est plate comme dans un lac et l'eau est claire. Je longe l'île Aval, je passe entre l'île d'Erc'h et Énez Vihan, puis je fait une courte pause sur une petite plage au sud-ouest de l'île Aval.

Je continue, je sors de le baie de Keryvon, j'arrive dans la petite baie de Kerlavos et y fais une courte pause sur la plage du même nom. Il est 17h, le coef est très faible, l'eau a déjà commencé à descendre. Je repars, je passe le bateau à pieds par-dessus le banc de sable qui mène à l'île des Lapins. (Pour l'anecdote : https://www.troglonautes.com/Histoire-d … _a293.html)

L'île aux Lapins

Je passe à quelques mètres du Sant C'hireg amarré dans le port de Trégastel, puis je ressort entre des rochers devant le Dé (un rocher typique). Il est environ 18h, je vois l'île Tomé, je suis à la pointe nord de l'île Renote, ça jute ! Le courant de marée est décidément impressionant à cet endroit, heureusement j'ai le vent dans le dos mais la mer est hachée, j'avance par à-coups dans la baie de Perros-Guirec.

Le Dé

Je commence à réfléchir où dormir, j'envisage Perros mais j'opte finalement pour Port l'Epine où j'arrive peu avant 20h. Il n'y a plus beaucoup d'eau, j'amarre le bateau à une bouée vacante. Alex mon vieux pote de Plougrescant est dans une location à Port-Blanc depuis hier avec femme et enfant, il me demande où j'en suis, il voudrait m’accompagner en kitesurf entre Trestel et Plougrescant. Je dors au camping.

Jour 12 – lundi 29/07/2019

L'île Tomé vue depuis Port-l'Epine

Réveil vers 8h. La mer est haute à 11h. On annonce force 5 venant du sud, hors de question de trop s'éloigner du rivage. Avec Alex on se donne quand même rendez-vous vers 14h sur l’eau devant la plage de Trestel. Vers 13h je remets le bateau à l’eau, le vent semble beaucoup plus faible que ce qui était annoncé…

La mer est encore bien basse, je m’éloigne de la côte pour contourner des rochers. D’un coup, je ne suis plus abrité : le vent de terre souffle en rafales violentes qui manquent de me faire chavirer. Je dois absolument regagner le rivage !

J’essaie de remonter au vent mais le bateau gîte dangereusement et mon poids ne suffit pas pour le maintenir à plat. A un moment j’aperçois la dérive hors de l’eau, je flippe, il n’y a personne sur l’eau et aucun signe d’Alex. Je laisse les voiles battre au vent pour diminuer la gite et j’avance tant bien que mal. Une latte de grand voile s’envole, je la regarde couler impuissant…

Heureusement j’arrive à atteindre Port-Blanc. J’appelle Alex, qui ne s’est même pas mis à l’eau quand il a vu le temps ! Il me suggère de continuer à naviguer au foc seul, mais c'est un échec : sans la grand voile le bateau manque à virer, j’échoue sur l’île des Femmes. J’enlève le foc, remets la GV et j’arrive à atteindre la plage de Port-Blanc.

Fini pour aujourd’hui, ça m'apprendra à faire plus confiance aux prévisions météo ! Il est environ 16h, je dégrée le bateau puis je vais attendre Alex au Grand Hôtel. Il vient me chercher vers 19h, je dors dans leur maison de location.

Jour 13 – mardi 30/07/2019

La météo annoncée est pire qu’hier. Avec Alex on va au bateau regarder l’état de la mer… Je renonce à naviguer aujourd’hui, je repasse une nuit de plus chez eux à Port-Blanc. Déjeuner à la maison, le soir on va manger des crêpes au marché nocturne de Buguélès.

Jour 14 – mercredi 31/07/2019

La pleine mer est à 19h. On va au marché de Tréguier, on y prend l’apéro. Le vent s'est calmé cet après-midi, je veux ramener le bateau à Plougrescant aujourd’hui ! Vers 16h Alex me dépose enfin à Port-Blanc... Angoisse, le bateau a disparu ! On pense d’abord à un vol puis on se dit que la tempête d’hier a pu l’emporter. On va à l’école de voile... Ouf, ils ont le bateau ! Apparemment je ne l’avais pas remonté suffisamment haut sur la plage, malgré le faible coef il a été emporté par le ressac, quelqu'un est allé le récupérer à la nage...

Le bateau est dans un champ sur une remorque, on va le chercher, il est plein de sable et d’eau. Il est environ 17h, je le remets à l’eau et me dirige au portant vers Buguélès. Je fais un petit détour en passant au sud de l'île Marquer puis je remonte vers l'île Balanec. Je passe devant le moulin à marée, j'arrive dans le port de Buguélès, cette fois c’est vraiment la fin de ce périple !

Je fais une pause à Gouermel, Alex se tâte pour me rejoindre en kitesurf mais le devoir paternel l’en empêche. J’arrive vers 20h à la cale de Poul Stripo où ils m’accueillent avec une bouteille de cidre. Je passe à la maison me changer et on va fêter ça dignement au bar de Plougrescant !

Épilogue

En matière de navigation j'aurai appris notamment une chose : faire confiance aux prévisions du vent à moins de 12 heures avant de naviguer (elles sont généralement correctes), mais savoir les interpréter selon le relief de la côte : tout comme l'eau, les filets d'air s'engouffrent ou glissent le long du rivage. A l'échelle d'un petit voilier, le moindre rocher peut faire dévier le vent dans une petite zone, c'est parfois déroutant quand on navigue dans une baie pleine de récifs et d'îlots.

J'ai profité du premier confinement pour rédiger ce récit et reconstituer mon parcours à partir d'un petit carnet de bord que j'ai complété de mémoire et par recoupement d'après les photos et vidéos. Les tracés sur Google Earth sont approximatifs et pour des raisons de lisibilité je n'ai pas tracé les dizaines de bords que j'ai parfois dû faire pour remonter au vent. Les photos satellites ont été prises à marée presque basse.

Mon parcours entier

Pour télécharger les trajets et lieux détaillés (à ouvrir avec GoogleEarth) : https://www.dropbox.com/s/ve5rt9vuv1blv … 9.kmz?dl=0

En matière de cartes, j'avais choisi Navionics pour la clarté une fois imprimé en A4, mais à l'avenir j'utiliserais plutôt Géoportail : https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-littorale (assemblage de vraies cartes marines du SHOM et de cartes topographiques IGN).

Le micro de ma caméra ne marchait pas, je ne m'en suis rendu compte qu'après, dommage pour les sons naturels et mes commentaires, mais j'ai quand même bricolé un petit montage : https://www.youtube.com/watch?v=G15CSkC3NHs

Un lien vers le récit d'Olivier (administrateur de ce site) qui m'a bien inspiré tant pour la préparation du voyage que pour la rédaction de ce récit : https://www.randonner-leger.org/perso/d … uac_en_zef

Matériel

En dehors de l'équipement du bateau, voici tout ce que je transporte :

J'ai sans doute pris trop de bouffe, plusieurs fois j'aurais pu me ravitailler. Il ne me restait pas grand chose à la fin du voyage mais au début tout ne rentrait pas dans ma cantine, j'avais un grand sac plastique en plus.

CORPS
maillot de bain	1
T-shirt	1
crocs	1
téléphone à touches + housse étanche	1

COCKPIT
gilet de sauvetage	1
rames	1
écope	1
corne de brume	1
compas de route	1
eau	bidon 5 L

FILET
lunettes de soleil	1
bob	1
crème solaire	1
caméra + boitier étanche	1
jumelles	1
lampe frontale étanche	1

BIDON ETANCHE 9L
veste & pantalon k-way	1
housse caméra	1
bouts	~3 m
colle/mastic	1
gaffer	1
élastiques

SAC ETANCHE 50L
bivouac
tente igloo	1
matelas gonflable	1
sac de couchage compact	1
vêtements
pull	1
jean	1
T-shirt	1
caleçon	2
collant	1
chaussettes	2
chaussures	1
hygiène
serviette	1
trousse de toilette /soins	1
trousse accessoires
portefeuille	1
smartphone	1
chargeurs	2
multiprise	1
couteau	1
ficelle	1
carnet + stylo & crayon	1
rapporteur	1
livre (Patrouille de pêche de Jack London)	1
harmonica (majeur diatonique)	1

CANTINE 26L
cartes marines
eau	1,5 L
sopalin	1
cuillère	1
boîtes en plastique	3
nourriture
salade de lentilles	300 g
taboulé	300 g
pommes	5
bananes	4
melon	1
radis	300 g
choux-fleur	400 g
carottes	300 g
betterave	200 g
saucissons	2
lait en poudre	300 g
muesli	1 kg
pain	2 kg
biscuits secs	300 g
fruits secs / noix	2 kg
maïs en conserve	2
sardines en conserve	2
salade en conserve	1

Dernière modification par JulesMSG (14-05-2023 15:00:34)

Ruz boutou · 01-11-2020 02:57:32

Génial, ton périple en voile légère !
L'aventure au coin du rocher !
J'ai adoré !
Le fait d'avoir précisé tous les noms de lieux aide à bien se repérer. Un festival de toponymes !
Je connais bien toute cette côte pour l'avoir écumée à maintes reprises en rando kayak. Buguelès est pour moi un des plus beaux endroits... Au monde ! Si, si...
Ton récit retranscrit bien les sensations de navigation au ras de l'eau, les changements brusques au passage d'une pointe, les contraintes des marées qui imposent leur timing, les imprévus qui amènent à des changements de programme permanents, ...
J'ai passé un très bon moment à te lire.
Alors, un grand merci ! et Bravo pour cette aventure dans la limite des deux milles !

Redfish · 01-11-2020 04:00:30

Bonjour Jules,
Et soit le bienvenu sur le forum.

Quelle aventure !
C'est sympa d'avoir un récit MUL sur l'eau (tout au moins pour le bateau, très léger... pour le reste, il va falloir que tu rajoutes les poids dans ta liste).
Il ne reste plus qu'a te faire un topic de trombi pour te présenter.

Par contre, ça aurait mérité plus de photos, pour les gens qui ne connaissent pas le coin:
-Ile Stérec
-Rochers de Ploumanac’h
-Ile Callot
-Château du Taureau
-Ile Louët
-Etc...

Je suis allé voir quelques photos via google (ça m'a limite pris plus de temps que de lire le récit), c'est superbe.

PS: Certains photos n'ont pas de lien (et donc rien ne s'affiche).
Exemple > CAPTURE D'ECRAN 20190720_193000 / PHOTO 20190721_150320 / PHOTO 20190721_164856 / Etc...

Tib · 01-11-2020 10:52:46

Superbe aventure, et récit passionnant ! Merci d'avoir pris le temps de nous relater ton aventure.

Je randonne aussi à la voile, mais de manière assez ridicule :
- je navigue sur un minuscule plan d'eau intérieur (50 hectares), aux conditions de vent assez désastreuses
- je navigue sur un petit voilier pas du tout MUL (un Edel 6.60, que mes filles et moi adoront)

J'ai tout particulièrement apprécié le passage de ton récit du côté de Ploumanac'h. J'ai des attaches familiales et de coeur là-bas, j'ai passé toutes les vacances de mon enfance sur la presqu'île de Landrellec, et j'y retourne une fois par an.

martie · 01-11-2020 11:38:56

Merci pour ce retour iodé quelque peu original sur RL...
Cela me donne envie de refaire du dériveur...
La Bretagne se prête bien à ce genre de périple!
Et m^me tout simplement des balades à la journée comme j'ai pu les apprécier (en kayak, dériveur ou planche à voile)... autrefois! oui ça commence à dater... Aurai-je suffisamment de temps pour en refaire en itinérant cette fois? Pas sûr! Tant pis! On peut encore rêver ... m^me en temps de confinement!

Merci encore

bon dimanche
martie

Manche · 01-11-2020 12:24:31

Bonjour JulesMSG,
Bienvenue sur le forum !
Même si ce n'est pas obligatoire (à moins de 2 milles d'un abri), tu ne prends pas un feu à main et/ou une VHF portable ?

Dernière modification par Manche (01-11-2020 12:24:56)

Stéphane_33 · 01-11-2020 13:08:25

Bonjour Jules et bienvenue sur le forum.
J'ai beaucoup apprécié ton récit qui nous sort des sentiers battus
Je constate que plus encore qu'en montagne la météo est très importante en mer et il faut en plus compter avec les marées !

Stéphane.

oli_v_ier · 01-11-2020 13:38:21

Merci pour ce récit !
As-tu d'autres projets ? La côte à l'ouest de Batz est fantastique aussi pour ce type de rando, notamment du côté des Abers.
Ton récit retranscrit bien que la randonnée-bivouac en dériveur nous oblige à composer avec les éléments, bien plus qu'en randonnée pédestre et c'est ça que j'adore. Naviguer avec les vagues, les vents, les courants : un jeu, un apprentissage, une infinité de combinaisons dont je ne me lasserai jamais.
Ton dériveur de 3m20 est vraiment ultraléger comparé à celui que j'avais choisi (3m67) pour ma balade en Zef, ta dérive sabre ne t'a pas donné quelques sueurs froides en rase cailloux ? J'aime bien les dérives et safrans pivotants dans ce type de navigations : ils se relèvent au lieu de taper si on passe trop près d'un caillou.
Quand je vais en mer j'emporte désormais toujours une balise lumineuse, tu avais ta lampe frontale, mais avoir un équipement fiable et dédié (évite que les piles soient usées quand on en a besoin) au secours en mer est une sécurité essentielle je trouve (cf drame des kayakistes en baie de Somme).
J'ai choisi un modèle onéreux, mais plébiscité par les professionnels (SNSM, guides kayakistes) et les particuliers : https://odeoflare.vaima.eu/
J'emporte aussi une VHF portable IP68 + housse étanche en kayak et dériveur (pas en planche à voile). A minima un téléphone étanche dans une housse étanche .
Faire ça en kway, c'est... rustique ! Depuis que j'ai découvert la combinaison sèche, dans le mauvais temps j'ai du mal à m'en passer, quel confort en dériveur. Mais bon il faut compter 300€ environ neuf, c'est pas donné.

Tib · 01-11-2020 13:54:09

Stéphane_33 a écrit :

#589829Je constate que plus encore qu'en montagne la météo est très importante en mer et il faut en plus compter avec les marées !

Météo, marées, courants, hauts fonds, houle... les paramètres sont nombreux, contradictoires, évolutifs, parfois imprévisibles. C'est ce qui me rend très humble, et m'amène malgré quelques notions à me déclarer totalement incapable de partir seul en mer.

JulesMSG · 01-11-2020 17:22:42

Manche a écrit :

#589824Bonjour JulesMSG,
Bienvenue sur le forum !
Même si ce n'est pas obligatoire (à moins de 2 milles d'un abri), tu ne prends pas un feu à main et/ou une VHF portable ?

Bonjour,

J'ai pensé aux feux à mains ou même fusées de détresse, mais ils ne durent que quelques minutes, si les secours tardent à arriver ils seront inutiles ou épuisés. C'est pourquoi la réglementation impose un dispositif lumineux étanche ayant une autonomie d’au moins 6 heures.

Cet été on m'a prêté une VHF mais je n'ai pas encore réussi à m'en servir, en attendant pour les balades à la journée j'ai toujours mon vieux Nokia à touches dans une housse étanche : autonomie de plusieurs jours et pas de problème d'écran tactile (schéma de dévérouillage) ou de luminosité...

Dernière modification par JulesMSG (01-11-2020 17:23:11)

Manche · 01-11-2020 17:45:06

La VHF à l'avantage de permettre à la fois la communication avec le CROSS mais aussi les plaisanciers voire les bateaux de commerce, ferries, sémaphores qui sont dans le secteur.
C'est un formidable outil en cas de problème.
Il y a des formations un peu partout et un examen https://www.anfr.fr/licences-et-autoris … me/le-crr/

JulesMSG · 01-11-2020 17:58:23

oli_v_ier a écrit :

#589830Merci pour ce récit !
As-tu d'autres projets ? La côte à l'ouest de Batz est fantastique aussi pour ce type de rando, notamment du côté des Abers.
Ton récit retranscrit bien que la randonnée-bivouac en dériveur nous oblige à composer avec les éléments, bien plus qu'en randonnée pédestre et c'est ça que j'adore. Naviguer avec les vagues, les vents, les courants : un jeu, un apprentissage, une infinité de combinaisons dont je ne me lasserai jamais.
Ton dériveur de 3m20 est vraiment ultraléger comparé à celui que j'avais choisi (3m67) pour ma balade en Zef, ta dérive sabre ne t'a pas donné quelques sueurs froides en rase cailloux ? J'aime bien les dérives et safrans pivotants dans ce type de navigations : ils se relèvent au lieu de taper si on passe trop près d'un caillou.
Quand je vais en mer j'emporte désormais toujours une balise lumineuse, tu avais ta lampe frontale, mais avoir un équipement fiable et dédié (évite que les piles soient usées quand on en a besoin) au secours en mer est une sécurité essentielle je trouve (cf drame des kayakistes en baie de Somme).
J'ai choisi un modèle onéreux, mais plébiscité par les professionnels (SNSM, guides kayakistes) et les particuliers : https://odeoflare.vaima.eu/
J'emporte aussi une VHF portable IP68 + housse étanche en kayak et dériveur (pas en planche à voile). A minima un téléphone étanche dans une housse étanche .
Faire ça en kway, c'est... rustique ! Depuis que j'ai découvert la combinaison sèche, dans le mauvais temps j'ai du mal à m'en passer, quel confort en dériveur. Mais bon il faut compter 300€ environ neuf, c'est pas donné.

Merci à toi, ton périple en Zef m'a bien inspiré !

Pas de grand projet de voyage pour l'instant, mais la prochaine fois j'aimerais bien partir dans l'autre sens vers l'est, pourquoi pas jusqu'à Paimpol. Le coin des Abers ça a l'air effectivement magnifique mais pour l'instant je n'ai pas de remorque de route, je ne peux donc déplacer le bateau que par la mer, depuis Plougrescant ça fait loin !

Effectivement ça m'est arrivé que la dérive tape, il faut faire attention... Quand il y n'a pas beaucoup de fond il faut se tenir prêt à la relever manuellement (sans lâcher la barre et l'écoute de foc qui n'a pas de taquet coinceur...)

Pour la prochaine fois j'investirai probablement dans une balise, celle que tu as n'est pas si chère, la sécurité n'a pas de prix ! Un voisin m'a prêté une VHF mais le manuel (qui lui a servi à passer le permis hauturier) est dans un jargon incompréhensible, je ne désespère pas d'arriver à m'en servir !

Dernière modification par JulesMSG (01-11-2020 18:30:10)

antoine97 · 01-11-2020 18:11:03

Pour moi, à moins de 2 milles d’un abri comme c’est le cas ici, un téléphone portable dans une poche étanche avec un flotteur en cas de chavirage suffit à prévenir les secours en appelant le numéro d’urgence 196. Une VHF est moins fiable surtout sur un petit dériveur où elle est amenée à prendre la flotte

Bilbox · 01-11-2020 19:35:20

antoine97 a écrit :

#589867Pour moi, à moins de 2 milles d’un abri comme c’est le cas ici, un téléphone portable dans une poche étanche avec un flotteur en cas de chavirage suffit à prévenir les secours en appelant le numéro d’urgence 196. Une VHF est moins fiable surtout sur un petit dériveur où elle est amenée à prendre la flotte

Tu arrives à composer, parler et entendre à travers la poche ?

Top récit ! Vu les tofs d'Olivier, j'adore la voile montée en tente.

antoine97 · 01-11-2020 19:43:47

Dans le cas de jules, le bateau est insubmersible donc il y a toujours un élement qui permet de se sortir de l’eau.
De plus, maintenant il est facile de trouver une coque étanche adapter à son téléphone.

Edit : faute et précision

Dernière modification par antoine97 (01-11-2020 20:07:31)

oli_v_ier · 01-11-2020 20:42:24

JulesMSG a écrit :

#589863Un voisin m'a prêté une VHF mais le manuel (qui lui a servi à passer le permis hauturier) est dans un jargon incompréhensible, je ne désespère pas d'arriver à m'en servir !

Elles fonctionnent toutes sur les même principes, avec la mienne je n'ai qu'à l'allumer pour qu'elle soit opérationnelle. Éventuellement me mettre en double veille quand je navigue en groupe, pour écouter en même temps sur le canal 16 et le canal du groupe.
Voici une page très complète et très bien faite sur l'utilisation et les avantages d'une VHF : https://www.randokayak.com/comment-util … ak-de-mer/

antoine97 a écrit :

Pour moi, à moins de 2 milles d’un abri comme c’est le cas ici, un téléphone portable dans une poche étanche avec un flotteur en cas de chavirage suffit à prévenir les secours en appelant le numéro d’urgence 196.

C'est vrai et la VHF n'est pas un équipement obligatoire à moins de 2 miles. Mais la VHF présente des avantages que n'a pas le téléphone portable (voir page en lien ci-dessus) : communication directe avec les embarcations proches, radiolocalisation par la SNSM, etc.
En résumé mon point de vue est que la solidarité maritime amène naturellement à emporter une VHF en mer et à l'allumer. Les kayakistes de mer en emportent, même avec un petit dériveur comme le Tabur 320 on peut sauver la vie de quelqu'un.

antoine97 a écrit :

Une VHF est moins fiable surtout sur un petit dériveur où elle est amenée à prendre la flotte

Pas d'accord, elles sont classées jusqu'à IP68 et on peut les mettre dans une housse étanche comme le téléphone portable.

velormes · 02-11-2020 06:45:44

Voilà, c'est ça l'essence de l'aventure ! Merci pour ce récit épique, qui m'en rappelle un autre, initiatique, lu à 16 ans et relatant un mythique tour du monde et demi. L'échelle est différente, c'est sûr, mais la saveur reste exactement la même. J'ai bien fait quelques ronds dans la baie de St Brieuc, entre Bréhat (pour l'exotisme) et la Rance (pour passer mon Horn local qu'est Fréhel), mais j'ai été trop pleutre (et sans doute trop mauvais marin) pour aller voir plus loin avec, pourtant, un excellent Muscadet quillard. Et le destin m'a emmené loin de la mer, dans l'Est. C'est un peu tard (mais pas trop!), à l'occasion de la retraite, que j'ai découvert que la fameuse aventure était à portée de main de tous, et donc à ma portée aussi (mais à partir de Nancy, c'est le vélo qui en a été le vecteur). Si j'étais resté sur les rivages bretons, j'aurais sans doute fait la même chose que toi. Suivre les côtes à moins de 2 milles, ça laisse quand même de belles perspectives ! J'aurais aussi attaché la barre avec un tendeur au vent, en tournant le dos aux côtes pour ne voir que le large, un instant. Mais j'aurais pris au moins une boite de pâté Hénaff !
Beau récit, belles images, beau rêve d'embruns. Merci

Bilbox · 13-11-2020 19:10:09

VHUL... Voilier hauturier de 4m pour circumnavigateur pas trop claustrophobe https://voilesetvoiliers.ouest-france.f … c7da999251

D'autres infos en cherchant sur internet... Le type s'oriente au smartphone !

Dernière modification par Bilbox (13-11-2020 19:30:57)

Manche · 13-11-2020 20:37:15

Bonsoir,
Par contre, la mer ça ne s'improvise pas. Exemple édifiant : https://www.ouest-france.fr/bretagne/ca … re-7050093

denq · 13-11-2020 20:56:01

Sympa! C'est un de mes projets pour plus tard, la voile légère... Cette côte nord est vraiment fabuleuse !

Le forum de la randonnée légère ou ultra-légère !

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#1 01-11-2020 01:41:55

[Récit + liste] Randonnée à la voile en Bretagne Nord

Plougrescant-Roscoff aller-retour en Tabur 320

#2 01-11-2020 02:57:32

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#3 01-11-2020 04:00:30

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#4 01-11-2020 10:52:46

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#9 01-11-2020 13:54:09

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