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#1 21-08-2021 15:02:42

Joy Supertramp
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[Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Préambule.

    J’ai eu finalement l’opportunité de prendre quelques jours de vacances cet été, et j’ai souvent quelques idées qui traînent par ci par là, histoire de pouvoir partir un peu au pied levé. L’idée générale est d’aller parcourir la crête frontière, grosso modo de l’extrémité ouest de l’Ariège à l’entrée dans le Parc National autour du Port Vieux. J’aimerais sortir des sentiers battus et chercher à rester au maximum SUR cette fameuse crête, le tout en allant explorer un peu ce qui se passe chez les voisins.

    Pour  cette fois, je n’ai pas beaucoup de temps libre, alors je pars sur une bonne base : un topo papier intitulé La Couronne du Val d’Aran, L’ensemble des crêtes autour des sources de la Garonne,  de Jaume Llanes & Montserrat Timoneda.

    Pour mon projet, je ne vais me servir que des 4 dernières journées décrites par le topo : Combinées, elles représenterons les deux premiers jours de mon périple dont le départ est établi à Fos, pour des raisons de facilité d’accès à l’aller comme au retour. Pour la suite, il me faut me replonger dans les cartes, comme toujours avec un grand plaisir, d’autant que j’aurais l’aide de mon assistante à poils.

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    Bon, mais ça ne suffit pas, je demande alors l’aide d’un spécialiste du coin, Zorey, qui me fera une proposition aux petits oignons … Quelques adaptations de ma part plus tard, un colis contenant  4 jours de nourriture humaine et canine est posté pour Loudenvielle, et, quelques nuits à rêver de cartes ne me séparent alors plus que du départ, fixé à samedi 14 Août.

    Je pars la veille au soir de chez moi, complètement épuisée après des semaines intenses de boulot, mais déterminée à décoller tôt pour éviter de trop subir la journée caniculaire qui s’annonce, 40 °C en plaine, 29°C là haut. Je gare la voiture à Fos et profite de l’aire de bivouac / campings cars mise à disposition pour me faire le premier bivouac à la belle étoile de ces vacances. C’est très tranquille, à 22h toutes les lumières sont éteintes et il n’y a plus un bruit, et à 5h30, quand sonne le réveil, tout le monde dort encore.

Jour 1 – Samedi 14/08

    Il a fait très chaud cette nuit mais j’ai extrêmement bien dormi quoi que pas assez, je me suis d’ailleurs rendormie pour 30 minutes de rab ... Mousse en revanche m’a donné l’impression d’avoir passé la nuit à veiller autour de mon campement, j’espère qu’elle saura trouver la ressource pour démarrer. Elle n’a pas non plus touché à sa gamelle hier soir, ce qui lui arrive de temps à autres.

    Pour cette sortie, je m’y suis prise trop tard pour avoir une solution d’autonomie électrique suffisante pour pouvoir utiliser mon téléphone comme guide, j’ai donc encore une fois imprimé des cartes papier du moins pour toutes les parties où l’IGN était disponible. Mais pour l’heure, pas de problème d’orientation à signaler, je dois suivre le GR10 qui traverse l’un des canaux de la Garonne à la sortie du village.

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    Rapidement, le sentier se met à grimper en lacets réguliers, il est 6h30 du matin et je suis en nage. J’adopte un pas lent et régulier, Mousse marche devant sans trottiner, 4 jours de croquettes dans les sacoches soit 2,1 kilos poids des sacoches inclus. Pour ma part, ce sera ma liste à 3,5 kg, 2 kg de bouffe et 1,5kg d’eau que je porte sur les épaules, soit 7 kgs pour 4,5 jours d’autonomie.

    Les lacets sont propices à la méditation et je suis tirée de mes pensées par un petit écureuil qui détale en nous voyant, eh, coucou ! Tiens, c’est vrai, les animaux ne doivent pas manquer par ici, et l’ours, se peut-il que je le croise ?

L’Ours, je ne sais pas, mais je croise bientôt ma première randonneuse près d’un torrent où je remplis déjà mes bouteilles. Nous discutons quelques minutes et je capte son incrédulité lorsqu’elle ne peut s’empêcher de jeter de nombreux coups d’oeil à mon petit sac bleu supposé contenir 4 jours d’autonomie … Je lui avoue en souriant avoir passé plus de temps à penser matos qu’à marcher ces derniers temps !

    Je reprends ma route et sors bientôt brièvement des ténèbres pour atteindre la clairière dans laquelle se trouve la cabane de l’Artigue.

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    Quelques mètres plus loin, je suis à nouveau tirée de mes rêveries par un magnifique cerf qui s’enfuit en nous voyant, eh bien, quelle chance j’ai aujourd’hui ! Si tout le périple est comme ça, je signe direct !

    Je sors bientôt définitivement de la forêt à l’approche de la Cabane des Courraus, d’où la vue s’ouvre sur la suite du parcours.

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    J’y prendrais ma première pause fruits secs, 3h après mon départ. C’est vraiment un chouette endroit, la cabane est propre et il y a de l’eau qui coule non loin, à nouveau, je fais le chameau puis je me charge pour la suite : je pars sur les crêtes et ne trouverais plus rien avant un bon moment, j’ajoute donc 1,5L d’eau dans ma platypus au litre et demi déjà présent dans mes gourdes, portant le poids total de mon sac à 8,5kg. Je suis surprise de ne pas sentir de douleurs aux épaules malgré l’absence d’armatures du sac qui reste malgré tout très confortable.

    Ayant pris le temps de discuter avec deux GR10’stes arrivés après moi à la cabane, je repars à l’attaque du col d’esclots à 10h30 et la chaleur est déjà dure à supporter. Mousse profite de chaque buisson de myrtilles pour tenter de s’y abriter de la brûlure du soleil, il me faudra faire deux pauses avant de l’atteindre.

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Mais c’est joli, je suis déjà remplie de joie de me trouver face à tout ce que je vais traverser ! smile

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Il me faut maintenant choisir : « être ou ne pas être une puriste ? » Je choisis d’en être une, et me donne pour mission d’aller toucher toutes les bornes frontières que je croise, ne m’épargnant aucun dénivelé. Je pars donc à l’assaut de la première, celle du pic de la Hage, j’ai nommé la 406 !

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    Elles s’enchaînent toutes jusqu’à la 398, après laquelle je quitte momentanément la crête pour descendre chercher de l’eau sous le col des Taons de Bacanère. J’ai enlevé depuis déjà quelques temps les sacoches à Mousse qui n’en peux plus de la chaleur, je les porte à la main. Mes bâtons ne me servent à rien sur cette portion roulante, je suis toujours sur le GR10.

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BINGO, la source coule dans l’abreuvoir ! Ferrugineuse à souhait, ça ira bien pour Mousse, moi il me reste encore 1,5L. L’eau est dégueulasse, c’est pourquoi je me suis autant chargée plus bas.     J’avais initialement prévu un bivouac dans le coin, mais il n’est que 13h, alors j’opte pour un repas de midi – crackers kiri chocolat, la base - et une sieste à l’ombre bienfaitrice du panneau solaire qui alimente le puisage. Les randonneurs défilent, et je suis bientôt rejointe par un Israélien qui viendra lui aussi s’assoupir à mes côtés.

    Deux heures plus tard, requinquée, je décolle. Le prochain point d’eau sûr est à 9 km, à la cabane de Courraou Viel. Je remonte donc au Plan de Monmajou et repars sur la crête, cette fois-ci complètement hors sentier. Les montées et descentes s’enchaînent dans la chaleur et la chienne galère. Je prend la moitié de son chargement dans mon sac, elle se couche au milieu du chemin, je lui enlève les sacoches, elle refuse de partir du coin d’ombre qu’elle trouve sous le sommet de Prat Pardin. Elle refuse de boire l’eau que je lui propose, ça sent mauvais le coup de chaud. Nous avançons ainsi péniblement, de pauses en pauses, pour lui laisser reprendre sa respiration, tandis que mes réserves en eau s’amenuisent. Au col de Font Hérède, je tourne la tête à gauche et aperçois de l’eau sous forme de mare boueuse, vite, je commence à descendre dans l’espoir de pouvoir au moins permettre à Mousse de se baigner.

    « Salut ! Tu cherches de l’eau ?»

    C’est Salomé, la bergère, qui me hèle depuis le col. - « Euh oui, j’ai la chienne en galère ! » Elle me propose alors de rejoindre sa cabane, à 10 minutes d’ici, où l’eau fraiche coule dans un abreuvoir. Aaaaaah mais merci Salomé ! Sa cabane n’est pas identifiée comme telle sur IGN, notée « Plagnère du Layrou », et l’eau qui s’y trouve est délicieusement fraiche, si tant est qu’on puisse ouvrir le robinet (il faut une pince multiprise, laissée là à disposition mais peut-être seulement pendant l’estive, je ne sais pas).

    Je m’y rince, moi et mes vêtements, bois, bois et rebois encore pendant que Mousse fait de même et se couche à l’ombre dans la flaque. Quel bonheur ! Et quelle vue ! Grand luxe : le réseau passe.

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    C’est décidé, nous allons dormir près de cette eau providentielle. Je repars donc monter le bivouac de l’autre côté du col, même si météo blue annonce de l’orage pour ce soir, je ne trouve pas mieux dans le coin, nous verrons bien …

    Pour l’heure, le moment est à la détente et à la préparation de la journée de demain.

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    Après le repas, je remonte au col voir le soleil se coucher. C’est assez dingue, il se couche tout pile derrière le Pic du Midi de bigorre ! Avec un bon appareil photo et des connaissances, il doit y avoir moyen de faire de très beaux clichés.


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Je me couche là, sans monter l’abri, les étoiles s’allument dans le ciel et la lune commence à monter. Tiens, une étoile filante, allez, je le dis : je fais le vœu de vivre une belle expérience pendant cette balade smile
   

La carte du jour

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Total jour 1 (données approximatives, aucun enregistrement de trace sur le terrain) : 20.3 km, 2300m D+ 950m D-

Dernière modification par Joy Supertramp (21-08-2021 16:29:05)


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#2 21-08-2021 16:11:08

jerome31
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Salut Joy,
mon pere  habite à Cierp, juste en dessous de cette rando donc j'y vais quelques fois  smile .
Superbe à faire en hiver, surtout pour pouvoir s'abreuver de neige fondue sur les cretes  wink .
La prochaine fois je te conseille de partir de l'aire de pique nique de Marignac et de monter au pic du Burat avec un micro sentier trés sauvage et des ambiances de natures bien variées  cool .

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#3 21-08-2021 17:52:03

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

JOUR 2 – Dimanche 15 Août

    23h, j’ouvre un œil. Tiens, pourquoi je suis réveillée moi ? Oh, des flashs ! J’ai l’image sans le son, ça pète au loin, vers le Sauvegarde. C’est tellement beau que je reste là à regarder les montagnes s’allumer par intermittence, jusqu’à ce que les étoiles au-dessus de ma tête se voilent sous les nuages et que le vent vienne balayer ma couche.

    C’est le moment de voir si je suis capable de monter mon abri en urgence et dans le noir. Quand je dors à la belle étoile (et même sous abri, d’ailleurs), je prends toujours le soin de ranger toutes mes affaires et de ne rien laisser traîner pour pouvoir décamper rapidement si quelque chose se passe. L’abri est fourré dans sa housse de façon à ce que je puisse sortir en premier le côté pieds et le sardiner directement afin de ne jamais risquer qu’il s’envole au montage, c’est Jeanjacques qui m’avait donné le tuyau l’an dernier et depuis j’ai pris l’habitude, ça permet de gagner du temps, aussi. Donc, hop, en quelques minutes, l’abri est monté, façon tempête. C’est dommage, ça me coupe du spectacle, mais au moins, je peux me rendormir tranquille sous les rafales.

    Finalement, l’orage n’arrivera pas jusqu’à moi, les coups de tonnerre qui s’éloignent me berçent et je me rendors bientôt, Mousse à mes côtés.

2h30, je suis réveillée en sursaut par un grognement sourd, Mousse l’a entendu aussi et est sur le qui-vive, elle grogne, je la fais taire, je veux voir ! Il y a un truc, vivant, qui est planté juste à côté de mon abri, sûrement venu boire dans la mare boueuse qui est le seul point d’eau des environs. Le temps d’attraper mes lunettes et d’ouvrir le zip de la porte, je l’entends partir d’un pas lourd à toute vitesse. Mince, j’ai raté l’Ours si ça se trouve ! Aucune idée de ce que c’était, au tremblement du sol lors de sa fuite, je déterminerais bien un truc assez gros, mais l’imagination nous joue parfois des tours.
    Du coup, je laisse la porte ouverte, si jamais la bête revient au moins je connaîtrais l’importun. Peut-être est-elle revenue, peut-être pas, en tous cas, je ne me réveille que lorsque le soleil vient frapper la toile de l’abri, vers 8h.

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    La mer de nuages est là, côté français !

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Je prends mon temps, c’est les vacances, et savoure avec plaisir mon petit déjeuner.

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J’ai trouvé le moyen d’emporter avec moi une plaquette de beurre pour la semaine, en la mélangeant avec du sucre, de la farine et un œuf big_smile Il s’agit en vérité d’une recette de gâteau breton. C’est franchement excellent et ça se conserve parfaitement (si on fait abstraction de la tendance à l’émiéttage intempestif conduisant naturellement à manger les dernières rations à la petite cuillère!).

    Le camp est vite replié, et je décide de faire avec le litre et demi d’eau qui me reste jusqu’au col du Portillon. Le souci de l’eau est constant lors des sorties sur les crêtes et, avec un chien, je ne peux pas me permettre de mal gérer. Du coup, l’optimisation passe surtout par une bonne préparation. Là, je sais qu’au pire, je trouverais de l’eau au col de Barèges, au mieux, sous le sommet de la Laque, et avec un peu de chance, quelque part entre les deux.

    C’est donc reparti pour une matinée intégralement hors sentiers.

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En face, dégagé, le col de Barèges, devant moi, la crête frontière, et entre les deux, le col du Portillon. A l’horizon, bah, je vous laisse deviner big_smile !

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Je m’éclate, et seule une petite gêne au niveau du genou me préoccupe un peu. Mousse est en forme, elle ne porte plus que deux rations de croquettes (mais qui porte la troisième ration?!). Les sommets s’enchaînent facilement jusqu’au Sommet de la laque et la borne frontière 376. Il y a bien là une cabane squattée par les brebis et un abreuvoir, mais vide.

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    Tant Zorey que mon topo me parlent de « forêt dense et inextricable » pour atteindre le col du Portillon, place donc à l’improvisation.

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Il y a une vague sente qui descend d’abord vers l’Est puis Sud-Est, en direction de la clairière visible depuis le haut. Je décide de l’emprunter. Elle se meurt parfois sous les fougères puis réapparaît plus loin, naviguant dans les raides pentes herbeuses qui rejoignent bientôt la forêt. Dans ces moments là, je suis clairement avantagée par la présence de Mousse qui est bien plus à l’aise que moi pour suivre des pistes.

    Arrivée à la clairière, je pique à droite dans la forêt, qui loin d’être dense sur ce versant est plutôt jolie et aérée, j’en profite pour faire une pause fruits secs à l’ombre. Un peu à l’aveugle, j’avance en suivant un réseau de pistes animalières et en essayant de suivre la crête au maximum. Je regrette de n’avoir pas emporté ma boussole, ça aurait fait un très bon exercice d’orientation, à défaut je m’aide parfois du smartphone pour me repérer.

Plus je descend, plus je m’approche des nuages.

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    Le relief est assez complexe à appréhender et je prends un petit col pour un autre, ma boussole interne est un peu déréglée mais je finis par trouver la BF368 au beau milieu de rien du tout.

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S’en suit un genre de parcours du combattant pour tenter de descendre sur la piste qui rejoint le col par son versant Ouest … Ça devient de moins en moins praticable et escarpé, je me paye même le luxe d’une petite désescalade de barre rocheuse, juste histoire de rigoler. L’atterrissage dans les orties est moins drôle, les ronces, encore moins, mais je trouve quand même moyen de prendre beaucoup de plaisir dans cette chasse à la borne frontière improvisée, et j’arrive tout sourire sur ladite piste, en croisant au passage un promeneur qui doit bien se demander d’où je sors !

Je prends au col une petite pause avant d’attaquer la montée au col de Barèges, quasiment 500 mètres au-dessus de moi. Je fais là une entorse à mon règlement car je ne suis pas stricto-sensu SUR la crête frontière, mais ça ne me pose pas de cas de conscience. La montée s’effectue par un sentier tout droit dans la pente, coupant les lacets de la piste. Il y a de l’eau partout, il fait bon, je prends mon pied et je l’expédie en moins d’une heure.

    Juste sous le col, un abreuvoir me permet de faire une petite lessive, de bien boire et de manger avant de repartir. Heureusement que j’ai fait mes besoins ce matin parce qu’ici, c’est surveillé !:D

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C’est parti pour la montée au Pic d’Aubas, encore droit dans la pente de bruyères, puis les crêtes panoramiques se dévoilent.

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L’enchaînement des montées et des descentes est assez exigeant pour le mental, surtout quand de belles sentes coupent sous les sommets, mais je m’y tiens. Mousse suit, pas d’excuse ! Au Pas de Vilamos, je prends une dernière pause, le temps de regarder un cycliste attaquer la montée, vélo sur le dos. Motivé !

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J’observe la suite avec circonspection, j’ai bien peur de ne trouver à nouveau qu’une mare boueuse en guise de point d’eau pour ce soir, mais allez, on verra bien, je monte au pic de Pouylané.

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De là, je vois une mare stagnante et plein de chevaux et de moutons tout autour, pas bon. Plan B : je coupe sous l’Entrecade, loupant quelques BF au passage, et m’avise d’aller voir si l’autre point d’eau est mieux. La réponse est non.

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Plan C : Observer autour de moi. Les nuages montent de la vallée mais j’ai tout juste le temps d’aperçevoir en bas une forme rectangulaire caractéristique d’un abreuvoir. Aucune idée s’il est plein ou vide, le nuage me bouche la vue, je sors la carte. J’essaye d’estimer à quelle altitude j’ai vu cet abreuvoir et décide de descendre le chercher, droit dans la pente parmi les moutons.

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Je me cale dans le lit de la rivière (qui doit être plus souvent sèche que remplie, vu que le fond est tapissé d’herbe) et je descend, non sans rencontrer une marmotte.

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Je finis par tomber, avec surprise, sur une cabane, notée « Cabane de la flache de Roumingau » sur Open Topo. Cool, c’est déjà ça ! J’ouvre !

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C’est grand luxe ! Je repense à notre sortie dans le Biros où on s’était entassé à plein sur deux chaises, là, j’en compte neuf et au moins autant de place sur des matelas confortables … Je note;)

Il y a des bouteilles d’eau et de l’eau dans un bidon, bon au moins, je vais pas mourir de soif, mais ça m’embête de siffler les réserves de quelqu’un d’autre ! J’en prélève un peu pour donner à boire à Mousse qui en avait bien besoin, puis je reprends les cartes. Je suis quasi sûre que l’abreuvoir devrait être par là mais avec le brouillard, dur à dire… Je pars en expédition à l’aveugle, et je tombe bientôt sur un parc de contention … ah, pas mal … j’avance encore, YES ! Trouvé !

Bon, ben la cabane, ça ira très bien pour cette nuit ! J’explore les placards et y trouve tout un tas de trucs périmés. A mon avis, la cabane est utilisée seulement en dépannage par bergers et éleveurs, sinon plutôt par des randonneurs qui viennent y festoyer, si l’on en croit le nombre de bouteilles vides ou pleines présentes. Je profite de la gazinière pour concocter un festin de roi pour ma chienne à base de riz, saucisson sec moisi et vieilles pâtes farineuses. Elle a l’air de grandement apprécier et rattrape à l’occasion son repas sauté du premier jour.

Repues, nous allons nous affaler sur les matelas jusqu’au petit matin, pour une nuit des plus agréables dans la chaleur de la pierre. C’est toujours une joie incroyable que de trouver un abri au beau milieu du brouillard, et en général on se satisfait de peu dans ces moments là, mais là, je suis franchement gâtée. Entre la rencontre avec la bergère hier qui m’a sauvé ma fin de journée et cette cabane ce soir, je me demande bien ce que me réserve la suite … enfin, j’ai bien une petite idée quand même !


La Carte :

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Total jour 2 : 15,6 km, +1250m -1250 m.


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#4 21-08-2021 18:05:48

Magne2
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Sympa ce parcours de crête, merci du retour.


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#5 21-08-2021 18:20:00

eraz
multimedia
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Kikoo Joy Supertramp wink

Super projet, super récit, super photos, super Mousse : un grand merci pour le partage smile.

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#6 21-08-2021 18:47:41

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

jerome31 a écrit :

#623430Salut Joy,
mon pere  habite à Cierp, juste en dessous de cette rando donc j'y vais quelques fois  smile .
Superbe à faire en hiver, surtout pour pouvoir s'abreuver de neige fondue sur les cretes  wink .
La prochaine fois je te conseille de partir de l'aire de pique nique de Marignac et de monter au pic du Burat avec un micro sentier trés sauvage et des ambiances de natures bien variées  cool .

Salut Jérôme, ah oui, j'ai pas arrêté de me dire que c'était un bon terrain a raquettes smile

Magnet, eraz, salut à vous ! La suite demain smile


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#7 21-08-2021 20:31:01

06chamois
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Bjr Joy Supertramp

Belles photos ....... de brouillard  roll même  si on arrive à distinguer Mousse.

Bientot tu devras lui mettre une mini poche à eau  big_smile

Bon j'ai bien aimé  ton récit.

Pas toujours facile de trouver de l'eau visiblement.

Effectivement  sympa les crêtes.


La montagne entretient à la fois la tête et le corps, alors plus d’hésitation = vive la randonnée  big_smile

Mon trombi :   https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=35338

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#8 22-08-2021 14:14:44

Joy Supertramp
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Jour 3  - Lundi 16 Août

Le réveil sonne à 6h, c’est horrible, je me rendors jusqu’à 7h, lorsque le jour vient frapper au carreau. C’est la première fois que je pars marcher en étant aussi fatiguée avant de partir … Et puis les matelas sont confortables smile
    Je suis rapidement prête à partir, aujourd’hui j’ai un objectif ambitieux en tête pour le bivouac de ce soir et je veux mettre toutes les chances de mon côté. Je passe donc en mode économie d’énergie, et choisis de contourner le Tuc Roi plutôt que d’y monter, et ainsi de suite jusqu’au pas de l’Escalette, tant pis pour les bornes frontières, mon objectif à changé.

Les nuages stagnent toujours côté français, m’offrant le spectacle toujours magnifique de la mer de nuages.

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Avant d’arriver au Port de la Picade, la vue se dévoile sur Mr Aneto.

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Au port, je ferais une première pause en disant au revoir aux crêtes arpentées depuis deux jours qui émergent dans le lointain. Je dois maintenant quitter la crête frontière qui devient trop exigeante pour être entreprise avec un chien (ou seule), et je m’engage vers le Port de Vénasque. Peu avant d’y arriver, j’entends l’aboiement caractéristique des chiens de protection, et je vois au loin le berger faire habilement descendre le troupeau. Ah ! Tiens, ça faisait longtemps que je n’avais pas pensé à l’ennemi public n°1 ! Bon, j’estime avoir un peu le temps avant que le troupeau n’arrive et je m’engage sur le sentier. En pas même cinq minutes, les premières brebis apparaissent à quelques mètres de moi, se découpant sur le petit surplomb qui me domine.

    Branle bas de combat, je prends la tangente et je file sur la droite me planquer derrière un caillou, Chut, Mousse, surtout ne dis rien, je m’accroupis et j’attends. Ce sont 4 molosses qui accompagnent la bande de frisées et aux dires de randonneurs croisés plus tôt « Ah ben ceux là ils font leur boulot, ils viennent juste de courser des gens qui sont partis en courant ! »

    Je les observe défiler, deux des chiens passent juste à quelques mètres de moi mais ils sont trop occupés à s’accoupler, ou alors l’un d’entre eux à les mêmes problème de genre que ma chienne, je ne sais pas … Toujours est-il que le troupeau s’éloigne et que moi, je recommence à respirer !

    S’en suit alors la descente du port de Venasque vers l’Hopital du même nom, il y a du monde dans les lacets serrés mais efficaces, et lorsque je vois arriver au loin deux soixantenaires espagnols au physique de trailer et petit short, je ne peux m’empêcher de repenser au vieux croisé à Coronas deux ans plus tôt, avec qui j’avais sympathisé. Ces deux là s’arrêtent à ma hauteur, tout sourire, ils veulent causer ! Je sors mon plus beau Castillan et réponds à leurs sollicitations. Si ce qui les a d’abord interpellé c’est bien sûr ma chienne et ses sacoches, puis le fait que je sois une fille toute seule et en itinérance, ce qui les fait vraiment bloquer, c’est la taille de mon sac. Oui, j’ai tout ce qu’il me faut, non, je n’ai pas froid, bon, d’accord, je vous montre ! Et hop, me voilà faire un « vide ton sac » en espagnol au beau milieu d’un chemin, ça ne m’était encore jamais arrivé big_smile

    Je repars bientôt, amusée, après que mes deux compères m’aient souhaité un franc « Suerte ! » en apprenant ma destination pour ce soir...

    La fin de la descente est vite expédiée et je prends une pause demi-midi au bord d’une petite cascade. Demi-midi, c’est un cracker et un kiri, histoire d’avoir du jus pour la montée, mais sans trop avoir à digérer.

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Je pars ensuite à l’assaut du vallon de Remune, de mon meilleur pas du montagnard, sans forcer. La prise de dénivelé est lente et il y a de l’eau partout, conditions idéales pour rester le plus léger possible.

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Vers 2400m, je m’arrêterai finir mon midi, à l’ombre d’une roche. Lorsque je repars, je me fixe pour objectif l’ibon blanco de Literola, quelques 400 mètres au-dessus, pour aviser de la suite. Il n’y a plus personne, mon pas est lent, mon souffle régulier, et les halètements de Mousse sur mes talons agissent comme un métronome sur ma foulée : trop rapprochés, je dois ralentir. Je vise toujours l’économie d’énergie et cherche les meilleurs passages, ceux qui nous coûterons le moins d’effort possible dans ce qui devient bientôt un chaos de blocs.

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Bientôt, la magie opère, je n’ai plus aucune impression d’effort, je flotte au-dessus de la roche chaude, j’ai le sentiment soudain de ne plus faire qu’un avec la montagne. Je suis cette herbe, ce caillou, ce lac, je ne suis qu’un élément du tout dans lequel je suis. Guidant ma chienne en chuchotant voire d’un simple geste, notre cordée avance dans ce désert blanc, mes pas, sûrs, se posent adroitement sans jamais faillir, aucune pause ne nous est nécessaire et dans un état de méditation parfait, nous atteignons bientôt le portal de Rémune.

J’ai renoncé à suivre le balisage rouge depuis quelques temps, suivant mon intuition et prenant un malin plaisir à passer les quelques dalles qui se présentent sur mon passage.

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La vue d’ouvre alors sur le Perdiguère, à gauche, et les arêtes de Literole, qui surplombent l’Ibon blanco.

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    Après une demi heure de pause au bord du lac, nous repartons. Je m’étais fixée un horaire à ne pas dépasser, il est 16h, je suis largement dans les temps pour aller au bout de mon idée : ce soir, je vais aller dormir au sommet du Perdiguère, à 3222m d’altitude.

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    Pour ce faire, il me faut m’engager sur la raide arête est qui me surplombe. Ce n’est qu’un amas de roches désordonnées, je trouve quelques cairns au départ puis me laisse guider par mon intuition sans jamais trop m’éloigner du fil de l’arête.

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    Je suis toujours en apesanteur, ma chienne est extraordinaire d’agilité et notre duo évolue en corde tendue, invisible à l’oeil nu mais bien présente dans ma tête. Elle alterne entre la position de tête, et sa place sur mes talons lorsqu’elle hésite sur un passage. Sans même m’en rendre compte, j’arrive bientôt sous le sommet du Hito Oriental, je pense enfin à me retourner, et l’émotion m’envahit.

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Là, à 100 mètres à peine sous le sommet, une digue lâche quelque part et ce qu’elle retenait s’écoule en douceur dans mes larmes. Je ris et je pleure en même temps, c’est fort, c’est beau, je gratte ma chienne derrière l’oreille, et elle repart, l’air de dire « Tu viens ? ». D’accord, on y va ma belle, attends, je profite encore un peu.

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    L’arête s’affine ensuite jusqu’au sommet du Perdiguère, Mousse décide de contourner un passage exposé en passant sous l’arête, j’hésite, je veux y aller, j’y vais, me voilà assise, une jambe de chaque côté de la crête, Mousse me regarde, t’as raison ma belle, on est une cordée, je ne peux pas y aller sans toi, je fais demi-tour et contourne moi aussi.

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    J’arrive au sommet, il est 18h30, les conditions sont complètement extraordinaires, pas un souffle de vent, le soleil est là et il n’est absolument pas nécessaire d’enfiler un quelconque vêtement, je reste là, deux heures, peut -être plus, à contempler le monde.

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Là d’ou je viens.

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Ma meilleure copine.

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big_smile

    20h30, j’entends un bruit, Mousse aboie, qu’est ce que c’est ?
    Je vois une tête dépasser, juste sous le sommet, je lui lance un « Salut, c’est là, bienvenue ! »  Nico arrive, à peu près dans le même état que moi tout à l’heure, les endorphines à bloc et le sourire vissé au visage. Parti de Lille en vélo jusqu’à Hendaye, le voilà maintenant sur la HRP qu’il agrémente de quelques sommets. Le dialogue est immédiat, nous venons de vivre la même expérience, et je suis contente de pouvoir partager ce moment.

« Happiness is only real when shared », Alexander Supertramp. Voilà, maintenant vous savez d’où vient mon pseudo !

Quelle soirée nous passons, dans une douceur incroyable, à contempler partout autour de nous sans jamais savoir trop vers où regarder tant les paysages sous nos pieds sont infinis.

Mousse s’empresse de squatter son Z lite, plus confortable que les cailloux.

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Nous observons le soleil se coucher, avant de nous glisser nous aussi dans nos duvets en admirant la voie lactée s’allumer, quel incroyable moment de montagne !

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La Carte :

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Total Jour 3 : 19 km, +2250m, - 1027m.


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#9 22-08-2021 16:45:02

Magne2
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Lieu : Vitry sur Seine
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

7PexKgkfr.Moutons-du-val-dAran.s.jpegTrés bel itinéraire à 4 jours près on se croisait au port de la Picade ( aucun problème avec les mastifs Espagnols ou Catalans  cool


Ortho et photo

Dernière modification par Magne2 (22-08-2021 16:57:37)


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#10 22-08-2021 17:01:16

laxmimittal
Membre
Inscription : 23-10-2016

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Bravo pour ce splendide récit. le jour 3 est magnifique.

J'ai l'impression que tu commence à changer de dimension et à t'autoriser à marcher à l'instinct sur la base de ta lecture des pentes est des roches.

C'est beau. ton pieds est sûr et tu fais confiance à ta connaissance de la montagne.

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#11 22-08-2021 20:35:58

Joy Supertramp
Sempervirens
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

@magne : dommage, à quelques jours près !

@laxmi : Oui, c'est chouette que tu ressente ça juste en lisant le récit, parce que c'est clairement ce qui s'est passé. Déjà j'avais fait une préparation plutôt light, mais je savais depuis le début que je n'aurais aucun mal à m'adapter sur le terrain. J'ai clairement ressenti un gros gain d'expérience depuis mes dernières "longues" sorties l'an dernier, rien à voir. C'est ça de passer du temps là haut, ça ouvre des portes  smile  Allez, la suite !

Jour 4 – Mardi 17 Août

    7PeGzr7uz.IMG_20210817_071424.jpeg

    Réveillés avec le jour qui point, un petit vent nous poussera à prendre le petit déjeuner au lit big_smile Pourtant, il n’a pas fait froid, ma montre indique 4°C et j’étais bien. Ma stratégie de couchage à consisté à enfiler mes deux T-shirts ML Mérinos, mon collant polaire et mes chaussettes, ma doudoune est étalée entre mon ventre et mes jambes, mon buff est sur ma tête et ainsi, je suis à l’aise, même si j’aurais supporté un bonnet plus coupe-vent. Nico lui a eu un peu froid, la différence est sûrement imputable à son Z-lite contre mon X-lite, entre autres. Mousse quand à elle a toujours le droit à ma veste de pluie comme coupe-vent, elle a l’air d’apprécier.

    Lorsque nous commençons à transpirer dans nos doudounes, c’est signe qu’il est temps de partir. Les affaires sont rapidement remballées et nous partons, chacun de notre côté, tandis qu’arrivent au sommet les premiers trailers espagnols. Ciao Nico, y suerte !

    Je met mon sac sur mes épaules, et m’engage sur l’arête Nord.

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    Si il y a bien un truc que je n’aime pas, c’est commencer une journée par une descente. Mais commencer une journée par une désescalade précaire, je n’avais encore jamais fait ! Les premiers mètres sous le sommet sont les plus hésitants, c’est raide, ça bouge, je ne suis pas bien réveillée et je me demande un peu ce que je suis en train de faire. La pensée de voir ma chienne dégringoler des centaines de mètres plus bas s’immisce dans ma tête, je la chasse bien vite et me concentre.
    Plusieurs fois, je serais contrainte de faire demi-tour, le passage étant trop escarpé pour Mousse. Bon, mais si j’arrêtais de vouloir à tout prix rester sur le fil aussi … Je descend de quelques mètres à l’Ouest et ça passe tout de suite mieux, mon cerveau s’enclenche enfin.


    Les ressauts s’enchaînent jusqu’à parvenir au collado superior de Literola, d’où part la voie normale d’accès au Perdiguère depuis le refuge du Portillon, délaissant les arêtes. J’hésite un peu, mais maintenant que je suis réveillée, je décide de continuer, après tout, c’est tellement beau !

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Ce que nous avons descendu.

En face, le Royo se dresse devant moi, tout juste séparé par le Tuc de Literole, que nous gravissons bientôt. Mousse est agile et elle a l’air en forme, mais parfois, c’est juste insurmontable pour elle, et je dois tantôt la pousser, tantôt l’assurer d’en haut. Un passage me demande plus de vigilance que les autres, une désescalade d’environ 3m, il me semble dans la descente du Royo. Je me cale au milieu de la paroi, la chienne au-dessus de moi, puis je lui demande de descendre et amortit son atterrissage à l’aide de la cordelette fixée à son harnais, puis je la rejoins en bas. C’est épatant de voir à quel point elle est à l’écoute, et maîtrise à la perfection les indications que je lui donne : « Monte, à droite ! », « Stop ! Tu attends ! » Un vrai bonheur, je me régale, tout en me demandant si beaucoup de chiens sont déjà venus par ici ...

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    De fil en aiguille, les pas s’enchaînent jusqu’à la pointe de Literole, et je sais que je vais bientôt devoir basculer versant français pour éviter l’aiguille de Literole et le passage en III qui y mène.

Derrière moi, arrive bientôt Mickaël, qui viens de faire l’aller-retour par les arêtes. Nous sympathisons rapidement et nous décidons de continuer la descente ensemble. C’est toujours rassurant pour moi d’avoir quelqu’un prêt à m’aider s’il fallait hisser ou descendre la chienne. Ensemble, nous continuons de cheminer, tout en cherchant la fameuse brèche dans laquelle descendre.

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C’est pas là ! big_smile

Nous finirons par la trouver, après avoir esquivé quelques passages par le versant espagnol. La descente est hyper raide en éboulis croûlants, la stratégie employée est donc de faire d’abord descendre Mousse (qui ne sait pas faire attention à ne pas parpiner ses copains!) puis de la suivre à bonne distance.

    La chienne arrive bien vite sur le névé et s’en donne à coeur joie de pouvoir enfin courir normalement !

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    Nous, nous choisissons de skier le névé, dans un style tout à fait discutable big_smile mais cela nous permet d’éviter la longue traversée à flanc dans les éboulis que Mikaël à réalisée à la montée.

    Arrivée là, Yes ! J’ai une petite bouffée de fierté qui déboule, c’est pas tous les jours que je fais ça et c’est passé comme une lettre à la poste.
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Derrière nous, une fois dans la descente, je jette un dernier regard sur la fameuse Aiguille qui se détache de la ligne de crête. La prochaine fois, on tentera, a y voir, ça avait l’air de pouvoir se passer pour mon chien-chèvre smile

    Nous arriverons au refuge du Portillon à midi pile, timing parfait pour le casse-croute ! Sur le chemin, nous avons croisé un berger allemand au coussinet ensanglanté, n’est pas chien-chèvre qui veut … J’ausculte les pattes de Mousse, tout de même bien poncées par ces dernières heures à sauter sur le granit, et décide de lui mettre les chaussettes pour la suite de la descente, maintenant que le sentier est bon et qu’elle a moins besoin de ses appuis.

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Autant vous dire qu’entre ça et les sacoches, je ne croise personne qui ne fasse une réflexion, d’autant que sur ce sentier, il y a du monde !

    Mikaël et moi nous séparons alors que je poursuit vers Espingo, lui emprunte le sentier des mineurs. Quelque chose me dit que peut-être, nous allons le voir bientôt par ici wink Encore un chouette moment partagé !

Espingo, Saussat, je savais qu’il y aurait du monde, mais ça me passe un peu au-dessus. Pas mal de curieux m’interpellent sur les sacoches de Mousse ou bien sur mon petit sac, notamment une dame très intéressée de savoir que c’est possible. Son mari justifie la taille de son sac, très gros pour juste un bivouac,  en me disant qu’il a pris une grosse pharmacie, ça me fait sourire !

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En arrivant au Saussat, je descend dans les nuages.

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Petite pause trempette.

    Nous dégringolons jusqu’au refuge d’Espingo où je monte prendre de l’eau, puis je quitte la foule pour me diriger vers la sente qui remonte vers le Val d’Arrouge. C’est dingue comme les gens sont tous au même endroit alors qu’à 5 minutes de là se niche un vallon bien plus confidentiel.

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En direction du Val d’Arrouge

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Espingo vu d’en haut.

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    La Cabane d’Arrouge est  en super état, mais je ne m’y arrête pas, je décide de prendre une bonne pause plus haut, vers 2300 mètres, avant d’attaquer la dernière montée de la journée. Notre rythme a un peu évolué sur cette sortie, là où jusqu’à présent j’aimais m’arrêter relativement tôt, j’ai plutôt choisi de partir assez tard, souvent vers 8h30, de faire une pause vers 13h et une autre, assez longue, vers 16h30, en proposant à Mousse de manger aussi à ce moment-là, ce qu’elle fait généralement avec appétit, avant d’attaquer une petite sieste. Pour cette fois, je ferais bien comme elle, mais les nuages qui remontent la vallée m’en dissuadent. Je n’ai ni sentier sur ma carte ni topo, je dois composer avec ce que j’ai retenu de ma préparation, mieux vaut ne pas se retrouver sans visibilité.

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    Il y a bien quelques cairns mais je les perd souvent, de toutes façons c’est assez évident : aller au fond à gauche de la vallée, et remonter l’un des raides couloirs herbeux qu’on y trouve. Je souris, parce que ça, j’aime bien. On dirait bien que Zorey, il avait bien compris mes envies !

    Ensuite, il faut remonter un pierrier d’éboulis et de blocs mélés, et je souris encore, parce que je ne m’en lasse pas !

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    Je jette un regard ému sur mon itinéraire de ce matin qui se détache au loin.

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    Pour atteindre le col, il faut encore poser les mains, toujours avec le même plaisir. Et puis, on arrive là :

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C’est beau, c’est minéralement beau. Le soleil est encore présent sur la rive opposée du lac, et la tentation de la douche est forte. Il est 18h30, je décide un peu à regrets de ne pas monter au Hourgade, doutant d’avoir encore la lucidité nécessaire pour enchaîner un nouveau parcours d’arête.

    En faisant le tour du lac, la vue sur la suite du parcours, les lacs de Nère, se dévoile sous mes pieds.

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Pour l’heure, je décide d’installer le camp sur l’un des promontoires rocheux qui surplombe le lac, dont la planéité est toute relative mais je cale mon matelas avec des pierres, mes chaussures, et ça ira bien. L’eau est étrangement plutôt chaude et la toilette fait du bien, n’ayant pas pu me rincer hier soir au sommet du Perdiguère. Nous passerons la soirée à regarder, encore une fois, la mer de nuages se mouvoir sous nos pieds.

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    Je suis dans un état de bonheur assez incroyable, toutes les journées se déroulent avec une facilité déconcertante et tout n’est que plaisir, la météo est extraordinaire, c’est bien simple, dès que j’arrive dans une vallée, les nuages s’en vont:D La nuit sera douce.

La carte :

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Total jour 4 : 13 km, +1150 - 1500m


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#12 22-08-2021 20:55:57

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Hey coucou !  smile

En voilà une belle balade !

Joy Supertramp a écrit :

je décide un peu à regrets de ne pas monter au Hourgade, doutant d’avoir encore la lucidité nécessaire pour enchaîner un nouveau parcours d’arête.

Après les arêtes de Litérole, ça aurait été les mains dans les poches, le coucher de soleil vaut le coup là-haut. wink Mais le Hourgade ne va pas bouger, t'inquiète. smile

Joy Supertramp a écrit :

On dirait bien que Zorey, il avait bien compris mes envies !

cool

Merci pour le récit, pour ma part je suis très impressionné par Mousse, pour avoir un bon chien il faut un bon maître ou une bonne maîtresse, et même si je préfère les chiens plus grands, tiens moi au courant si jamais elle fait des petits.

La suiiiiiiiite ! big_smile


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

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#13 22-08-2021 21:14:36

Stéphane_33
Membre
Lieu : Bordeaux
Inscription : 05-12-2018

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Bonjour Joy,
Merci pour ce magnifique récit qui prend chaque jour une nouvelle dimension. La découverte de ton dernier itinéraire et du lac des Hermitans est une belle surprise smile
Stéphane.

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#14 22-08-2021 21:16:55

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
Site Web

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

zorey a écrit :

#623508Hey coucou !  smile

En voilà une belle balade !
Après les arêtes de Litérole, ça aurait été les mains dans les poches, le coucher de soleil vaut le coup là-haut. wink Mais le Hourgade ne va pas bouger, t'inquiète. smile

Hello,

Me dis pas ça je vais encore plus regretter  tongue Arrivée en bas je me souvenais plus trop bien des infos sur ce sommet, j'avais un truc du style "pas dur mais demande de la concentration" dans la tête, et j'en avais plus trop, de la concentration  big_smile
Par contre, si j'avais su qu'il était possible d'y dormir ... Y a fort à parier que je serais montée !

Pour Mousse, je suis en discussion avec moi-même pour la faire reproduire cet hiver, petits sevrés en fin de printemps, je te dirais, y a de la demande tu fais bien de poser une option dès maintenant  big_smile  !

@Stephane : pour moi aussi la découverte fut belle, il a un charme brut ce lac !

Dernière modification par Joy Supertramp (22-08-2021 21:18:28)


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#15 22-08-2021 22:48:49

zorey
HRP addict
Lieu : Pyrénées, Aure et Louron
Inscription : 07-06-2011

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Héhé vu les agapes tardives jeudi et vendredi, on s'est replié sur l'Arbizon, une autre promesse, le coucher y était pas mal même si on était à la bourre :
7PeVsSNk1.20210820_204213.jpeg

Le lever aussi :
7PeVwpQlV.20210821_071605.jpeg

Déjà fait au Hourgade, solo ça passe mais faut se caler avec des pierres car c'est pas large, à deux plus de places à l'Arbizon.

Sinon ça sera bien la première fois que je mets une option pour un chien ici big_smile enfin plutôt une femelle, à voir donc. smile
Et vivement la suite ! tongue


La nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l'on dit.

Ourson Power

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#16 23-08-2021 07:45:08

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Cette vue  cool
Les bivouacs au sommet ça a quand même une sacré gueule !
J'ai transmis à Mousse ta requête pour une femelle  smile


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#17 23-08-2021 07:51:05

06chamois
Membre
Lieu : Là-haut
Inscription : 13-11-2018

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Bjr Joy

Superbe récit j"avais l'impression d'être sur place à être  sur la même trace que toi surtout avec tant de photos.

Attention à  force d'apprendre à  Mousse à  grimper bientôt "l'élève" dépassera  la "maîtresse"  big_smile  tongue

Bon visiblement  tu maîtrises de plus en plus (haut) mais attention  à  l'ivresse des sommets  roll c'est là  qu"il  faut garder toute sa lucidité hmm

Merci pour cette belle aventure et félicitations  à  Mousse pour ce quelle vie avec toi.


La montagne entretient à la fois la tête et le corps, alors plus d’hésitation = vive la randonnée  big_smile

Mon trombi :   https://www.randonner-leger.org/forum/v … p?id=35338

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#18 23-08-2021 20:44:54

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
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Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Salut 06chamois, merci pour ton petit mot ! Ben oui, Mousse, elle est plus douée que moi déjà pour certains trucs. Par exemple, elle est plus MUL que moi : par deux fois, elle a chassé des mulots dans la prairie, elle devait avoir un petit creux smile Moi, je ne suis pas encore capable de me trouver à manger toute seule !

Allez, la suite,

Jour 5 – Mercredi 18 Août

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Souvent quand j’ouvre les yeux, je vois ça.

    J’ai passé une nuit correcte malgré la pente, ma montre me donne 3°C au réveil. Les cieux étoilés sont magnifiques, je commence à me dire que je fais mon Azerty à me trimballer un abri pour rien depuis le début.
    J’ai une longue journée qui m’attends mais je prends mon temps et ne pars qu’à 9h15. Mousse aussi est détendue, elle contemple l’horizon.

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    Il a fait tellement sec cette nuit que tous mes vêtements ont séché pendant la nuit, même pas besoin de remettre un T-shirt mouillé, c’est grand luxe !

    Au programme ce matin : 1800 mètres de descente sur un bon sentier, ça change ! Je vise les lacs de Nère. Comme il fait frais ce matin je commence la descente en pyjama et avec ma veste de pluie. Voilà, comme ça, je pourrais dire que je m’en suis servie !

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Le sentier passe entre les deux lacs puis se remet à descendre franchement. Je prends à gauche, ne souhaitant pas suivre le sentier en balcon qui mène au Courret d’Esquierry mais plutôt passer, en fond de vallée, par le « Pas de l’Ours » - encore lui ! C’est un passage un peu raide mais pas très dur où il faut un peu désescalader.

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(là, c’est le moment où j’ai commencé à tester des trucs avec mon appareil photo …)

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    Plus je descend, et plus je me rapproche des nuages. J’ai rejoint le GR10 et je commence donc logiquement à croiser des randonneurs, je tape la causette avec certains mais je commence à en avoir marre de parler de mon sac alors j’esquive un peu les questions, qui sont souvent les mêmes.

    « Salut, tu fais le GR ?- Euh non je fais plutôt un tour un peu plus haut en altitude. -Ah tu fais la HRP ! - Euh mouaisnontusaisLAhrpçan’existepasvraiment, bredouille-je, disons que je  fais un truc un peu à ma sauce ! -Ah et tu dors en refuges ? - Non plus, j’suis autonome ! Ah bon ?! - Bon, euh, je dois y aller smile »

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    Juste sous la cabane d’ourtiga, j’entre vraiment dans le nuage et je marche dans l’herbe mouillée pour la première fois. Ce n’est pas désagréable, je commençait à avoir chaud et mon pyjama est depuis longtemps reparti dans mon sac. Le GR10 devient ensuite horizontal dans son approche du village de Germ, j’en profite pour donner des nouvelles aux copains, vérifier la météo, télécharger la carte des Hautes Pyrénées que je n’ai pas encore (quand je vous dis que la préparation a été un peu light …)

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Puis, j’arrive à Loudenvielle, pile au moment où les cloches sonnent midi, c’était mon objectif ! Direction le Carrefour Montagne où je dois récupérer mon colis. Pratique, le magasin est ouvert du lundi au dimanche de 7h à 20h big_smile

    J’en profite pour demander à la caissière si par hasard elle pourrait me prêter un chargeur pour recharger mon téléphone quasi à sec (pourtant, Nico m’a dépanné de 3/4 de charge il y a deux jours, mais j’ai pris plein de photos!). Elle n’a pas le sien, ses collègues non plus, mais ils en vendent. Pour le coup, j’aurais mieux fait de mettre le mien dans mon colis mais tant pis, 13€ plus tard, mon portable charge derrière la machine à imprimer des photos, je n’ai plus qu’à déballer mon colis et à tout ranger, et à attendre.
    Pour passer le temps, je vais faire un tour dans le magasin mais, étrangement, rien ne me tente, je n’achète que des Kiri pour mes prochains midi. J’ai eu un rapport à la nourriture très étrange pendant cette sortie, autant d’habitude je pense très souvent à manger autant là j’aurais pu manger du carton que ça ne m’aurais pas dérangé. Mon analyse est que je trouvais mon bonheur ailleurs et que je n’ai donc pas eu besoin d’aller chercher du plaisir, du réconfort dans la bouffe comme c’est le cas souvent depuis que j’ai arrêté la clope.

    Bref, je reste assise devant le magasin un moment, les gens passent, me regardent, autant d’habitude ce sont des moments que je n’aime pas et j’essaye de fuir au plus vite, autant là ça ne me gène pas, je crois que je flotte toujours un peu au-dessus de tout ça.

    J’achète une boite de pâté à Mousse quand même, qui elle ne se fait pas prier, puis, à 14h30, téléphone quasi-chargé (« Ca ira ! »), je repars sur le GR10 en direction du col d’Azet.



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    Il fait chaud, le sac est lourd, et forcément, ça monte, j’en chie. Du col, j’ai pour indication de « monter en haut de la station », bon, j’hésite entre faire un grand zig zag pour adoucir la pente ou monter droit dans l’pentu. Pas besoin de vous dire ce que je choisis, je m’engage bientôt sur la crête à droite des télésièges, non sans devoir louvoyer entre les vaches en tenant Mousse qui jappe (elle n’aime pas les vaches). J’allume mon portable vite fait, ah tiens, un message de Zorey … qui me conseille de prendre la crête à droite des télésièges. C’est beau big_smile

    Quelques minutes plus tard je suis en surchauffe générale dans les broussailles, bruyères, arbustes et autres joyeusetés, ouais, en fait je vais marcher sous les télésièges, peut-être que ça me demandera moins d’efforts. C’est bien raide comme il faut, ça doit être au moins une noire foncée cette piste, me dis-je en poussant sur mes bâtons. La pente réveille mon entorse à la cheville que je n’avais pas sentie jusque là, j’espère que c’est une fausse alerte !

    J’arrive en nage en haut, pause à l’ombre d’un quad, grignotti, j’étais à deux doigts de la fringale ! C’est dingue comme même la vue de ces infrastructures ne parviendra pas à altérer ma bonne humeur.

    Du col, il me faut descendre un peu en direction des lacs de Sarrouyes.

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    C’est étonnant, l’eau coule du déversoir du lac, puis, subitement, elle ne s’écoule plus dans le lit de la rivière. Elle doit disparaître quelque part sous terre, ça m’interpelle, je ne me souviens pas avoir déjà vu ça.

    Allez, courage ma vieille, ton bivouac est juste 300 mètres plus haut ! Ce sont les 300 mètres où j’en chie le plus depuis le début, mais je me marre en me disant que le prochain qui me demande un itinéraire en Ariège je l’enverrai remonter des pistes noires moi aussi, na ! big_smile

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Au premier replat, une cabane en tôle, fermée.

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Puis, hop, je débouche sur le magnifique site des Lacs de Miares.

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    Mes photos ne rendent pas hommage à la beauté du lieu, qui dégage une tranquillité incroyable. Sans me poser un million de questions, je me déshabille et me jette à l’eau qui est … chaude. C’est fou ! Je fais le tour du lac en nageant, rha, le pied ! Je ne peux m’empêcher de dire à haute voix « Voilà, c’est ça le bonheur ! »

    J’y reste un moment puis je sors, pas de vent, le soleil est encore là, je reste là à sécher tranquillement avant de me dire que peut-être que le berger va débarquer, ça pourrait être une bonne idée que je me rhabille !

    Je pars explorer les alentours, le relief est assez complexe et il me faudra du temps pour comprendre par où je dois partir demain.

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    Il ne me restera plus qu’à m’installer sur la moelleuse pelouse, toujours pas de montage d’abri au programme. Une tisane, et au lit, cette journée m’a fatiguée, et pour demain, je compte un peu lever le pied. Je n’ai toujours pas trouvé le temps de lire alors que j’ai remué ciel et terre pour trouver une liseuse avant de partir, j’aimerais bien me donner ce temps.

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La carte :

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Total Jour 5 : 20 km, +1700m, - 2000m


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#19 23-08-2021 21:22:57

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 02-10-2019

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Superbe ballade, très inspirante... C'est magnifique !
Je suis toujours impressionné par les dénivelés que tu enchaines. En plus sur des terrains pas faciles du tout.
Bravo et merci pour ce récit enchanteur !


Moins on porte, mieux on se porte !

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#20 24-08-2021 17:13:47

Phil82
Tortouille
Lieu : Montauban
Inscription : 22-08-2019

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Ah bravo! On parle partout en ce moment des substances cancérigènes découvertes notamment dans le kiri, et toi tu continues à t'en baffrer! roll

J'attends de voir la carte du tour complète au jour X parce que je ne connais pas tous ces coins et j'ai du mal à voir comment ça serpente dans ces cailloux! big_smile

Dernière modification par Phil82 (24-08-2021 17:14:00)

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#21 24-08-2021 17:21:21

Lou_is34
Lou_is
Lieu : Béziers
Inscription : 26-06-2019
Site Web

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

C’est beau tout plein  cool

Merci pour les belles photos de mon futur coin de vie  big_smile


Trombi - Listes: 0°C confort - Duo - 0°C confort
Équipement du chien Hades

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#22 24-08-2021 17:47:08

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
Site Web

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Phil82 a écrit :

#623662Ah bravo! On parle partout en ce moment des substances cancérigènes découvertes notamment dans le kiri, et toi tu continues à t'en baffrer! roll

J'attends de voir la carte du tour complète au jour X parce que je ne connais pas tous ces coins et j'ai du mal à voir comment ça serpente dans ces cailloux! big_smile


'tain tu m'as fait flipper, je reviens juste des courses en vue de repartir ce week end avec plein de Kiri ! Mais non, ça va, c'est juste sur "Kiri délice" le problème, moi je ne mange pas de ce pain là.

Ah, euh, la carte du tour complet, oui, bien sûr, c'est possible ! J'y penserais smile

@Louis : t'extrapole un peu quand même, c'est pas tout a fait l'Ariège, même si c'est beau aussi  tongue 

@ ruz boutou : merci pour ton petit mot. Pour ce qui est des dénivelés honnêtement rien d'extraordinaire sur cette sortie, c'était même plutôt tranquille pour moi. Le truc c'est qu'en marchant en gros de 8h a 18h avec a peine une heure de pause la dedans, ça fait vite monter les moyennes quotidiennes ! Comme je l'ai dit c'est pas franchement dans mes habitudes de faire ça mais ça s'est fait tout seul...  smile


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

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#23 24-08-2021 18:36:08

Lodewijk
Membre
Inscription : 07-02-2019

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Salut, smile

On découvre des substances cancérigènes partout et on en fait un pataquès..Pis pendant ce temps là, le tabac est toujours en vente libre roll

A pluche.

Édition : Correction. Balipit smile

Dernière modification par Lodewijk (02-05-2022 11:05:31)

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#24 24-08-2021 19:34:36

Manche
Membre
Inscription : 27-08-2018

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Bonsoir Joy,
Sympa de suivre les crêtes.
Avec cette idée de suivre la frontière, un gars avait fait le tour complet de l'hexagone il y a 10 ans : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Lionel_Daudet

Dernière modification par Manche (24-08-2021 19:34:58)

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#25 24-08-2021 20:37:23

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
Site Web

Re : [Récit + liste] BF406 – 326, Vous reprendrez bien un peu de caillou ?

Manche a écrit :

#623685Bonsoir Joy,
Sympa de suivre les crêtes.
Avec cette idée de suivre la frontière, un gars avait fait le tour complet de l'hexagone il y a 10 ans : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Lionel_Daudet

Ouais, j'étais déjà tombé sur son site en cherchant des infos ! Sacré projet !

Jour 6 – Jeudi 19 Août

    Le jour se lève, et avec lui, le vent. Il ne fait pas froid, 8°C, mais ce vent rend à nouveau la sortie du duvet peu engageante … Qu’à cela ne tienne, c’est ma journée de vacances au milieu des vacances, petit dej au lit smile J’ai envie d’une fin d’aprèm à bouquiner au soleil, alors je regarde la carte et me dis que du coup, je peux bien faire un peu de rab’ … C’est tout moi ça.

    Je laisse mes affaires dans mon nyloflume sous un rocher, et je m’en vais donc en direction du Pic d’Estos, que j’attaque toute crête, juste au dessus des lacs.

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Mousse à l’air aussi contente que moi de marcher enfin sans ses sacoches et caracole en tête.

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    Le début est très facile puis à partir de l’antecime 2713 il faudra sortir les mains des poches et s’en servir.

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Nous dérangeons un isard dont la silhouette se détache sur la crête, avec le soleil en fond, c’est magnifique.

    Il me faudra moins d’une heure pour arriver en haut, Mousse m’attend au sommet depuis déjà quelques minutes.

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Je reste là un petit moment, des matins comme celui-là on en voudrait plus souvent ! Là haut, ça capte, ah, tiens, les orages sont annoncés pour 15h …

    Ok, je redescend, récupère mon sac et repars en direction des cairns vus la veille au soir. Ah,  c’est là, la sente descend, un cairn, deux cairns, puis plus rien, ni sente ni cairns. Demi-tour, revenir au dernier point sûr. Non, que dalle. Je reprends mes notes. Zorey a dit : « De là, une sente cairnée (par le berger) permet de rejoindre le lac du Lustou en contournant le Parraouis par son versant Ouest via le point côté 2204 ».

    J’hésite. Il y a une autre sente qui à l’air de contourner comme il faut mais elle à l’air de monter plutôt, et moi je dois descendre puisque je suis à 2500m. Je pars, suis la sente dans l’autre sens, vers le bas. C’est bien marqué mais pas cairné, les brebis ont du écrouler les cairns ! C’est dingue comme quand on veut voir un truc, on le voit …

    D’en haut, je vois ça :

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Cool, la confluence des ruisseaux, l’altitude est bonne, je descend droit dans la pente, il n’y a plus de sente depuis longtemps. Je trouve ça quand même un peu étrange … Je le contourne quand même de vachement loin ce Parraouis …

    A la jonction des ruisseaux, coup d’oeil à l’alti : 2248. Oups, pas très précis ça … OH LA DEBILE ! Je comprends direct ma connerie. J’ai voulu voir la jonction de trois ruisseaux, je l’ai vue, j’ai foncé, sans même regarder la carte ou bien l’orientation du vallon. Rhhaa, quelle bleue, si je fais ça au proba il va falloir sacrément cavaler derrière … Bon, au proba, j’aurais une boussole, elle me manque tiens !

Évidemment, il n’est pas possible de couper à flanc, il y a des barres rocheuses, je dois remonter… jusqu’à l’altitude 2450… et passer une succession de trois thalwegs avant de retomber sur un cairn, juste à côté de là d’où je suis partie ce matin. On va dire que j’ai visité big_smile ! Mais je viens de faire 300m de dénivelé + et – gratuits en terrain mixte ariégeo-luchonnais, droit dans la pente, un régal ! Décidément, les jours de repos, c’est plus ce que c’était !

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Le-dit cairn.

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Le vrai point côté 2204… bah oui, avec le lac au dessus c’est mieux! Quelle truffe je fais !

Arrivée là, il est midi, j’ai cramé pas mal d’énergie, je mange un biscuit (ça rime!). Je prends le temps de regarder cette fois et je me dis que quand même je vois pas bien pourquoi je devrais descendre encore 200m pour les remonter ensuite… En plus à part ce cairn je n’en vois pas d’autres …  Ah, je sais, c’est Zorey qui m’a bizuté, l’enfoiré !  big_smile

Haha, que dalle, j’y vais pas, ça passe tout droit en restant autour des 2400m via des petites dalles sur la fin, na !


La carte en détail, si certains veulent aller vérifier. En rouge, ce que j’ai fait, en vert, ce que je pense qu’il auraît fallu que je fasse :

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Je prends la pause au lac du lustou. Qu’on se le dise, c’est un super spot de bivouac : du plat, de l’herbe, et du réseau !

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Derrière moi, les nuages s’assombrissent et je décide de squizzer la montée au pic deThou, et je choisis la facilité (relative) en rejoignant le col de Lustou via 300m d’ascension bien raide dans les éboulis que j’expédie en 30’, yes, ça revient big_smile

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En arrivant au col…

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… et de l’autre côté !

    J’ai pour info de viser le point côté 2388 mais je me méfie maintenant … Haha non, allez, ça se voit, la brèche est évidente. Je suis la sente bien marquée qui reste aux alentours des 2600, puis je pique tout droit quand j’estime avoir dépassé tous les thalwegs chiants.

Je prends cinq minutes pour regarder la suite et franchement, ça fait peur… tous ces éboulis minuscules et tout raides … Bon, ça sera pour demain.

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Pour l’heure je vise la cabane de Niscoude, que je confond d’abord avec une utre cabane, héliportée, posée une centaine de mètres plus haut. Il y a plein de sentes animales qui y descendent, pas vu de cairns.

Là voilà !

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15h, parfait. Je fais un coup de propre, une sieste, une lessive, je mange, ah, que c’est bon ! Quelques coups de tonnerres accompagnés de gouttes de pluie viendront frapper au carreau, mais moi, je suis bien au chaud smile

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La carte :
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Total Jour 6 : 9 km, +900m -1400m


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