Aller au contenu

#1 17-09-2021 08:20:48

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

[Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

7PTqDpApI.DSCN2208.s.jpeg

Titre en référence à Quizás, quizás, quizás, une chanson cubaine, car l’objectif est de partir de Prapic (Ecrins) et d’aller jusqu’au Lac des Souliers (Queyras) puis de retourner à Prapic. Suis-je trop ambitieux pour un premier départ ? Je table pour un 40kmE par jour en comptant 100m de D+ pour 1kmE, sur la base de deux journées faite l’an dernier. Bien sur je devrais partir de bonne heure.

Dimanche 5 septembre – 11km et 1046m D+ - De Prapic au  Grand Lac des Estaris – On est à la maison.

15h40 Parking de Prapic. Il fait beau.
Le musée est fermé. Bonjour à l’office de tourisme. Courte descente pour récupérer le sentier et tout de suite ça grimpe. Les nuages arrivent.
Deux heures quarante cinq minutes plus tard, je tombe sur un panneau : allons dire bonjour au berger, il a peut-être du fromage. Un chien blanc m’accueille. Tu es costaud, toi. Il est pas là ton maître ? Non. Ben, je fait demi-tour. Il se met à pleuvoir. Je sursaute. C’est le toutou, il me suit, je ne l’ai pas entendu arriver. Pourtant, qu’est ce qu’il respire fort, le bestiau. Je prend quelques clichés avec l'APN.
7PTqP2NIy.DSCN2169.s.jpeg
7PTqPUxW3.DSCN2170.s.jpeg

Le toutou me suit jusqu’au lac des Pisses. J’aperçois ce qui semble être une Lanshan qui joue avec la limite du Parc. J’avais noté ce coin là comme possible lieu de bivouac. Il pleut. Je vais tenter la cabane du grand lac des estaris. Je l’atteins à 19h40. J’y trouve trouve un randonneur, parti depuis plus de deux mois, faisant son HDA, son Haut Délire Alpin. Il essaie de faire tous les sommets qu’il peut.

Nous avons 4 pièces pour 2 : une à l’extérieure, la salle de la cheminée (pas très propre), la salle d’entrée où je dormirai et une quatrième situé entre la pièce d’entrée et la chambre extérieure. Ceux qui n’ont pas peur de tomber du lit peuvent dormir à l’étage, mais le plancher est incomplet. C’est ce que je ferai la prochaine fois, le sol en béton est froid.
7PTqGvDmc.DSCN2177.s.jpeg

On échange matos. Il connaît le forum, a testé la moitié de brosse à dent, le bicarbonate de sodium, Mais il aime bien manger .
Il voit pour la première fois le polycree. Il voudrait bien voir ma tente mais dehors il pleut. Je lui montre les sacs ziploc : par exemple, j’y mets la semoule. Il pourrait faire de même au lieu de garder le conditionnement initial de son alimentation. Il a vu le quilt mais là, je ne peux lui en dire plus, ce sera ma première nuit avec. Je l’ai récupéré jeudi soir. Bonnet de nuit.
7PTrfMcIr.DSCN2178.s.jpeg


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#2 17-09-2021 16:04:21

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Lundi 6 septembre 2021 – 22,5km et 1037m D+ - Du Grand Lac des Estaris au Boujuran – Du retard, tu auras. (Parcours identique à celui de Domweb)

J’espère ne pas réveiller Pierre, car la porte s’ouvre difficilement. Un petit tour dehors. Des nuages et du ciel bleu. Je pose mon reflex argentique sur un muret pour faire un autoportrait : j’ai dix secondes pour trouver pour rejoindre la porte d’entrée. C’est juste, surtout quand il y a une cascade entre temps.
7PXhXPMGI.Refuge-Estari.s.jpeg

Après tout ça, petit déj. Pierre arrive et me propose un café italien. Je n’ai pas envie de le faire insister, et puis alléger un randonneur, c’est un devoir. Je lui demande si je ne l’ai pas réveiller en ouvrant la porte. Non, en fait, il a entendu des traileurs courir et discuter. Bizarre, je ne les ai pas vu. Par contre, j’ai peut-être couru pour la photo, fais du bruit sur une figue de style involontaire …
Je montre ma tente à Pierre qui réfléchit à changer une lourde tente à 2,5 kg.
Nous partons à 9h40 (si je commence déjà à prendre du retard, je n’atteindrais pas le Queyras). Nous nous séparerons là, lui faisant un sommet et pensant au ravitaillement à Orcières.
La descente du col de Prelles n’est pas évidente, il s’agit d’éboulis et le balisage est aléatoire. Pierre était monté par là et lui n’avait pas peiné pour le suivre. 
7PTWGKTYT.De-Prelles-au-cheval-de-bois.s.jpeg
Je passe en bas d’un névé. La descente abrupte passée, ça va beaucoup mieux. Un bouquetin me surprend à 15 ou 20m de moi. Pas le temps de sortir le canon de 50mm, il me montre ses fesses et fait tomber des cailloux.
7PTX4CjH7.Au-fond-col-de-Prelles.s.jpeg
Entre le cheval de bois et le pas de la cavale, je croise trois chiens et leur berger, trois amies, un couple de retraité en pleine pause, je me fais doubler par deux jeunes et croise un groupe d’une douzaine de randonneurs, plus ou moins allégés. Je croise un jeune couple avec le Zlite accroché sous leurs sacs. Ces derniers me semblent en mode UL. Mais je crois que je suis le seul à être en trail.

Petit aparté matériel sur les trails : qu’est ce c’est bien d’avoir les pieds légers, c’est radical par rapport aux chaussures montantes et lourdes, je peux même m’autoriser à courir dans les descentes.
Je retrouve les deux jeunes qui m’ont doublé, en haut du pas de la cavale. Je m’abrite du vent pour manger un peu et mettre à l’air mes pieds. L’une de mes pompes se fait la malle. Elle a envie de repartir. Elle s’arrête à 5m de moi, ouf.

Je descend tranquillement le vallon du Fournel. Je teste pour la première fois le sawyer mini. Euh, j’ai peut-être le temps de prendre une pause et tremper mes pieds. Je pose mes godasses et chaussettes sur un rocher et me remets à l’opération de filtrage. J’arrête là, je voudrais bien monter ma tente avant la nuit. Je me rechausse et là, que vois-je sur le rocher où j’ai posé mes propulseurs : une inscription « SOURCE ».

Je n’ai pas le courage d’aller au-delà du Boujuran. Je me trempe dans le Fournel et monte ma tente, presqu’à la limite d’allumer la frontale. Je mange, me brosse les dents, lis les deux premières et les deux dernières pages d’un journal, les déchire en deux pour en faire deux boules de papier que j’insère au fond des sabots. Dodo.
7PTXwnVqa.DSCN2216.s.jpeg

Edit : Conjugaison
Edit : Photo

Dernière modification par Nicolas36 (19-09-2021 18:08:09)


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#3 17-09-2021 18:01:12

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Mardi 7 septembre – 20,4km et 1480m D+, peut-être plus – Du Boujuran au Lac Lescur – Perdu, tu seras.
J’avais déjà du retard, je m’en rajoute. Au lieu de prendre la route, je vais à l’Argentière en passant par les chemins. Comme j’aime le GR, je suis son balisage, un peu trop loin. Dans le centre-ville, je prend quelques gourmandises à la boulangerie. J’achète plus loin une carte IGN. Comment ça, je m’alourdis ? J’ai le droit de me rapporter des souvenirs, non ?

Je passe par le cimetière dans l’intention d’arriver à Sainte-Marguerite avant de remonter à l’Oriol. C’est trop facile. Je suis sûr que sur ma droite, on monte : ce chemin suit le torrent et me fera gagner quelques hectomètres de plat. Peine perdue. Plusieurs fois, je rebrousse chemin, descend, puis remonte des pentes très raides. Je monte toujours. A un moment je trouve une route. Le lieu est propice à une pause déjeuner.

Je regarde le téléphone : même lui est perdu, je ne devrais pas me trouver sur une route forestière. Je continue dans mon entêtement à aller toujours plus haut. Faut se rendre à l’évidence, je suis paumé dans cette forêt. J’aperçois une route forestière. Je descends donc dans sa direction. Un panneau : Sainte-Marguerite à droite. Tant pis, je me résigne à aller à Sainte-Marguerite. 500M plus loin, Saint-Marguerite c’est à gauche. Qui me joue ce vilain tour ? Vous ne voulez pas que j’aille dans le Queyras ? Je veux y aller, un point c’est tout.

D’ailleurs, c’est quoi ce panneau ? KmV. Je ne sais pas d’où sort ce chemin ni où il va, il monte raide, mais pas plus que ce que j’ai fait jusque là, il fera mon affaire.
J’arrive à un panneau indiquant « kilomètre vertical 400m ». Déjà. Je continue, content de moi. Je poursuis mon effort et m’inquiète de ne pas revoir de panneau quand soudain : « 600m ». Aïe, aïe, aïe, j’ai pris le KmV en cours de chemin. J’ai mis 22 minutes pour 200m de D+. Retroussons les manches. Pas après pas, j’avance. Et là, miracle.

7PU4NHla0.Panneau.s.jpeg

Je suis sur le bon chemin. Je croise un gars, qui va justement à son chalet à l’Oriol. Il ne me reste plus que 150m de D+. Je le rejoindrais à la fontaine. On discute de la suite de mon parcours. Il me rassure au sujet du hors sentier que je vais faire pour rejoindre le vallon du Pansier demain. Mais avant, j’ai les crêtes de Queyrelets et les lacs. Des crêtes, on aperçoit celles de Mouriare.
7PU4R4oQ0.DSCN2272.s.jpeg

Je prends de l’eau à une source et continue un peu jusqu’aux lacs.
7PU51z7CU.Vers-le-lac-de-lAscension.s.jpeg
Je n’irai pas plus loin, trop fatigué mentalement pour attaquer du hors sentier un peu raide. La journée a été riche en émotion, je profiterai seul d’un des lacs. Le paysage est magnifique. La nuit aussi. La voûte céleste aussi. Quel bonheur !
7PXhPtQzA.Pioulou-au-lac-Lescur.s.jpeg

Edit Photo

Dernière modification par Nicolas36 (19-09-2021 18:06:57)


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#4 17-09-2021 18:21:58

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Mercredi 8 septembre 2021 – 21km, 771m D+ - Du Lac Lescur à la Roche de Rame. Fais le ou ne le fais pas !
J’étais installé en hauteur par rapport au lac, je ne m’attendais pas à avoir autant de condensation. Tant pis. Je mets encore 1h05 pour me préparer. J’aperçois deux silhouettes marchant sous la crête des pénitents.

7PU6bYm2D.Col-Mouriare-Lacs.s.jpeg  Les lacs depuis le col de Mouriare.


7PU65SklE.Col-Mouriare-crte-gd-Clausi.s.jpeg Col Mouriare et crête du Gd Clausis

De ce col, je descends dans un petit vallon herbeux pour rejoindre le col de la Moulière. J’ai vu sur le magnifique vallon du Pansier. Je lis le paysage et trace mentalement mon chemin pour aller au col du Pansier. Après avoir descendu dans l’herbe à vache cette pente un peu rude, c’est un plaisir de traverser ce vallon. Il y a plein de marmottes. Dans le lointain, j’entends l’aboiement d’un patou. Il y a une source qui sort du sol, légèrement bouchée par de l’herbe. J’essaie de la dégager un peu, et filtre pour éviter les herbes. En haut du col, j’ai vu sur les premiers lacs, je suis dans le Queyras.

Il y a un sentier pas loin, avec beaucoup de randonneurs à la journée. Je demande des infos sur la météo. Tout le monde parle d’orage pour l’après-midi. Tant pis, je n’irai pas jusqu’au Lac de Roue. Je suis déjà dans le Queyras. Je descends jusqu’au Clapeyto et va jusqu’au col de Néal. A 13h, je déballe et fais sécher mes affaires au soleil au dessus du lac de Néal.

Comme je raccourcis ma journée, je décide de prendre de l’avance. Ma fin d’étape était initialement la cabane de Néal.
Je découvre qu’un berger y est installé.
7PU6AA33T.Cabane-de-Nal.s.jpeg
Je continue à descendre. Je passe le Cougnet. Le Lauzet est un magnifique coin pour bivouaquer, hors vacances scolaire.
7PU6FHr2O.Au-dessus-du-Lauzet.s.jpeg

Enfin, longue descente sur les chemins pour VTT jusqu’à la Roche de Rame où je m’installe dans un camping. Douche chaude, lessive, … et dodo.


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#5 18-09-2021 08:36:16

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Jeudi 9 septembre 2021 – 26,6km et 1955m de D+ - De La Roche de Rame au Lac Palluel - Le tas de ferrailles fera l'affaire! Euh non !
Je n’étais pas en altitude, la nuit a été chaude. Le linge est sec. Pas de condensation.
Une heure cinq plus tard, je passe devant le bar fantôme (c’est son nom) puis devant l’arrêt de bus « Monument aux morts ». « Que disons-nous à la mort ? Pas aujourd’hui ». Donc je me tire d’ici. Je n’ai pas trouvé l’épicerie, tant pis. Je suis la nationale jusqu’au point 939, passe le pont et prend la première à gauche. Sauf que j’ai tourné un pont trop tôt. Je me retrouve à la casse, devant des épaves. Il fallait tourner au pont après la rivière, pas après le pont de la voie ferrée. Demi-tour et tant pis pour le gouffre, j’irai au col de l’Aiguille.
7PV2yVXLh.Col-de-laiguille.s.jpeg

Je descends tranquillement vers Fressinières par les sentiers forestiers. Là-bas, il y a un traiteur. J’ai envie de boudin noir avec des pommes de terres sautées, avec plein d’ail, et des haricots verts. J’oublie que je suis dans les Alpes, la saison dure du 1er juillet au 31 août ou presque : c’est fermé.
On y trouve aussi un autre genre de tas de ferraille, une cabine téléphonique.
7PV2F9ukx.Cabine-tlphonique.s.jpeg
Pourquoi l’avoir recyclé en boîte à livre ? Avec une cabine, pas besoin de réseau. Une autre époque.
L’exposition sur l’immigration des vaudois en Algérie est encore exceptionnellement ouverte.

Après le bar fantôme, le pont branlant.
7PV2JNSsI.Pont-instable.s.jpeg

C’est vraiment la misère ici. Au cimetière de Viollins, on y pleure "notre cher Pou". Encore une preuve d'un passé révolue :
7PV2QmJ0l.PTT.s.jpeg

Je suis la route encrottée par les moutons descendus de leurs alpages, en sifflotant un air bien connu des chats, inspiré de Scott Joplin (rappelez-vous la pub Félix; ou encore de la musique de l’Arnaque). Ce ne sont pas deux chats qui viennent à moi, mais deux patous. Je m’arrête. Ils s’arrêtent. Je reprends ma marche. Ils reprennent leur trot. Nous nous croisons sans souci. Les moutons n'avaient pas dû les attendre.

Encore un ravitaillement qui doit être fermé. Je suis mauvaise langue, car 2.5 km plus loin, je peux profiter d’une tartelette et d’une eau gazeuse avant d’attaquer les trois quarts d’heure de marche pour joindre Dormillouse.
7PV30b5ZW.Gite-cole.s.jpeg
Il y a un point d’eau potable à droite du gîte de l’école.

Je monte vers le lac Palluel.
7PV35Cfv7.Entre-Dormillouse-et-Palluel.s.jpeg

Arrivé là haut, je déballe mes affaires, veut récupérer de l’eau, et là, je m’aperçois que le filtre a disparu. J’ai beau défaire tout mon sac, il s’est fait la belle. Demain, j’irai me ravitailler à la grande cabane. Je me trempe dans le lac. Après avoir mis mes vêtements de bivouac , je place ma tente dans l’un des trois emplacements empierré. Je me promène avec mon reflex. Et ce soir je teste le quilt sans la sangle.

7PV3ee62L.DSCN2465.s.jpeg 7PV3gqQVK.DSCN2463.s.jpeg7PV3M5Cdq.Bivouac-Palluel.s.jpeg


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#6 18-09-2021 08:59:25

Lutosa
Membre
Lieu : 50ieme parallèle N
Inscription : 21-11-2018

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Très chouette récit!

J’adore le ton et l’humour.

Nicolas36 a écrit :

#627004Jeudi 9 septembre 2021 – 26,6km et 1955m de D+ - De La Roche de Rame au Lac Palluel - Le tas de ferrailles fera l'affaire!
Une heure cinq plus tard, je passe devant le bar fantôme (c’est son nom)

C’est vraiment son nom ou bien c’est en rapport avec la mort annoncée du village à cause de la (non?)déviation de la RN ?

Cf les calicots “village fantôme” qui m’impressionnent toujours quand je traverse le patelin.


« Il semble que la perfection soit atteinte, non quand il n'y a plus rien à ajouter mais quand il n'y a plus rien à retrancher » Saint-Exupéry

"Sutor, ne supra crepidam"

Hors ligne

#7 18-09-2021 10:01:08

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Merci Lutosa.

C'est ce qu'affiche l'enseigne au-dessus du rideau de fer, sur lequel est dessiné un ...
7PV8Jx6wZ.Bar-Fantome.s.jpeg
La photo n'est pas très nette, mais je n'ai pas besoin de flouter le visage du chauffeur ni la plaque d'immatriculation. Cette photo a été prise dans une petite ruelle (la fameuse route nationale) à 8h du matin. La difficulté pour créer une déviation, c'est que la commune se situe entre le Parc National de Ecrins et le Parc Régional du Queyras.
J'ai vu aussi, en descendant le Fournel, une affiche expliquant qu'a eu lieu un avis d'enquête au sujet de la destruction d'un espace Natura2000 pour créer un aménagement hydroélectrique du Haut Fournel. Corrélation ou pas pour une déviation?

La suite ce soir, à l'heure des contes de la Crypte ...


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#8 18-09-2021 21:56:39

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Vendredi 10 septembre 2021 – 20km et 700m D+ - Du lac Palluel à Prapic – Peur, tu auras !
C’est quoi cette odeur qui vient du lac supérieur ? Un mélange d’odeur de brebis, d’oiseaux et d’humain plus quelque chose d’autre. Allons sentir ça.
Je ne peux pas en faire le tour, il y a un entassement de pierre. Ça pue l’humain mâle. J’entends son souffle. La tête doit être ici. Son abri de pierre molle laisse de l’espace par la base mais je ne peux pas rentrer ma tête entière. C’est embêtant.

Ce n’est pas mon réveil. Ce n’est pas le vent. Pourquoi ai-je lu les aventures d’Eric Le Rouge? J’entends une respiration très forte autour de ma tente. C’est quoi qui t’attire, Grand Fauve ? Ce n’est pas l’odeur du duvet d’oie, car tu est plutôt du côté de ma tête. Tu sens le mérinos, qui est dans le sac qui me sert d’oreiller. Ou c’est l’odeur des chaussettes qui puent, elles aussi dans le sac.

Tiens ! Je sens enfin la peur. Tu fais quoi ici ? Montre-toi. Je ne trouve pas de passage. J’ai froid. Sors de là. Tu es loin de chez toi. Ce mur m’embête. Je ne te vois pas. Tu es éveillé et je ne te vois pas. J’entends ta respiration. Je sens encore un peu ta peur. Qu’attends-tu, bipède ?

Tu sens la peur ? Tu m’étonnes, tu me réveilles en pleine nuit, je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu veux. J’ai le sang qui tapent dans les tempes.
Tu te demandes ce qui se cache dans cet abri mono paroi : suis-je un quadrupède avec des plumes d’oie sur les jambes, avec de la laine jusqu’au cou et un odeur de pied au niveau de la tête.

Que se passe t’il ? Je ne sens plus la peur chez toi.

Je respire profondément puis je récite la litanie contre la peur (Dune, ce n’est pas qu’un film sorti qu’en 2021, le bouquin, je l’ai lu depuis très longtemps, mais ce passage, je sais que plein d’entre vous l’ont appris par cœur). Si je me sens plus « serein », je sens toujours mes tempes frappées. Sans les sangles de mon quilt, je suis beaucoup plus libre. Je n’ai pas intérêt à sortir, l’obscurité n’est pas à mon avantage. Un renard se serait permis de rentrer. Ce n’est pas le cas de cette grosse bête. Je suis donc en « sécurité ».

C’est dommage, il fait froid cette nuit, tu pourrais m’accueillir. Je ne bougerai pas, promis sur la tête de la louve-mère. Tu n’aiderais même pas ton prochain ?

Je fais semblant de dormir, mon opinel n°8 dans la main droite, déplié, et le bâton dans la main gauche. Mes tempes battent moins fort. Je t’attends. Je suis dos au mur, couché sur le côté.

Allez, je pars d’ici, il n’y a rien à tirer de toi, j’ai d’autres chats à fouetter. Je vais en référer au Conseil du Bouquetin du Gd Pinier.

Il est quelle heure ? J’enfonce l’opinel dans mon matelas en mousse (pas très confortable, mais au moins ça ne dégonfle pas). Je saisis mon téléphone voir l’heure. Il est cinq heures, Palluel s’éveille. Plus précisément 5h09. Je n’entends plus la bête. J’attends, encore et encore. Mes tempes me font moins mal. J’ai de la chance par rapport à Eric, je n’ai pas eu les aboiements, ou alors je dormais profondément. Ou alors ce n’est pas un patou. Son reniflement était très fort, je fais le rapprochement avec la respiration d’un patou rencontré auparavant, mais j’ai toujours un doute. Et  je n’ai pas envie de le lever. Je n’ai pas envie de voir à quoi ressemble le dahut des montagnes.

Je n'arrive pas à me rendormir. J’attends les premières lueurs du jour. Je sors. Le canon de 50mm est dans le sac. Il me sert qu’à prendre des photos et je n’ai pas la tête à ça. Pas de Bête de Palluel. On fait comme d’habitude, on déjeune, on se nettoie un peu, on démonte, on fait le sac. Une heure et cinq minutes plus tard, je suis parti. Direction la Grande Cabane...


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#9 18-09-2021 22:24:39

Joy Supertramp
Sempervirens
Inscription : 25-03-2019
Site Web

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

big_smile Trop bien !


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

Liste montagne été top confort

Hors ligne

#10 18-09-2021 22:28:34

pap35
Membre
Lieu : Rennes
Inscription : 29-02-2020

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Je m'éclate bien à la lecture, merci, quel style!

Et ça devient du Stephen King en ce moment les récits sur RL.

Hors ligne

#11 19-09-2021 17:30:51

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Suite du Vendredi 10 septembre 2021 – 20km et 700m D+ - Du lac Palluel à Prapic

Mon APN est déchargé, donc les photos suivantes sont prises en argentique.

De Palluel à Faravel, je traverse le champs de cairns en sifflotant « l’estasy dell’oro » d’Ennio Morricone, quand Tuco court à travers le cimetière de Sad Hill. Mais il n'y a que des cairns sans nom. Vu que le trésor est gardé par la Grande Bête, je ne m'éternise pas.
7PXeen5u1.Plonge-sur-champs-cairns.s.jpeg 7PXegLAMy.Champs-de-bataille.s.jpeg

Le Lac Faravel est dans le brouillard. A la bifurcation, je suis un sentier cairné. J’aperçois une tente MSR au loin. C’est quasiment sur ma route. Plus j'avance et plus je pense à Pierre. Il s’agit bien de lui, le randonneur avec qui j’ai partagé le refuge dimanche soir.

Nous échangeons sur nos terreurs nocturnes. Il a été visité, lui aussi. Le renard lui a mordu sa poche à eau de 2L. Je le dépanne en Duc Tape. Je lui file aussi de la semoule, je n’ai pas eu le courage de tout manger. Je garde juste ce qu’il faut pour ce midi. Pierre a réfléchi sur le remplacement de sa tente depuis ma rencontre. Il prendra une Xmid, toujours en 2P. Il se moque de moi, car j’ai une carte papier. Une grosse différence entre nous deux : le poids de mon sac (avec 1L d’eau et 1 journée de bouffe), c’est l’équivalent d’un peu plus de 3 jours de son poste « nourriture ».

7PXexY3TI.Out-of-Ecrins.s.jpeg
Out of Ecrins

Nous allons tous les deux à la Grande Cabane. Nous discutons avec le berger. Un renard est bien installé ici depuis 3 ans. Il allège les randonneurs en nourriture, voire en duvet. Parfois il mord dans la chair humaine. Certaines tentes sont légèrement déchirées. Il est dans un Parc National, il est protégé.
Quand à ma grande bête, le berger n’a pas d’explication. Si c’est un patou, ce n’est pas l’un des siens, ils ne sont pas dans le secteur du lac. Il ne voit pas d’autres troupeaux dont un patou aurait pu venir me voir. De quel Canis s'agit-il? Mystère.

Je ne suivrai pas Pierre, on se sépare ici, je vais « directement » au col des Terres blanches et lui ira s’amuser au Petit Pinier. Il voudrait bien m’embarquer mais les nuages ne me plaisent pas. Au revoir Pierre, et à bientôt certainement sur le site.

Je suis les indications du berger pour récupérer le chemin balisé. Le plus long, c’est de rejoindre le lac, et je perdrai en dénivelé. Traverser à gué ou par la passerelle plus lointaine, puis suivre la cascade et rester sous la barre rocheuse. Ce n’est pas compliqué mais ça monte raide.
Une demie-heure après avoir retrouvé sur le chemin, la pluie s’invite. J’ai pu profiter un peu des plateaux. Je serai dans les nuages bien avant d’atteindre le col. Je prends mes gants et mes sur-gants (vinyle) : les doigts seront au chaud et à l’abri de l’humidité.

Dans la descente vers Prapic, je cours souvent et c’est facile avec un sac léger et une paire de trail. J’espère juste ne pas louper une bifurcation dans cet épais nuage. Par deux fois, j'ai une hésitation. Plus qu’une heure avant Prapic d’après les indications des panneaux. J'aperçois le col des Tourettes que j'avais atteint il y a une dizaine d'années via la Vallée du Rabioux. Une heure plus tard, je ne suis toujours pas arrivé à Prapic mais devant un panneau proche du saut du Laïre : Prapic 1h. Les pieds sont trempés. Je m’arrête faire une pause pour eux. J’essore les chaussettes. Je repars, plus tranquillement, les pieds se sont bien refroidis dans l’eau. A 17H40, j’arrive à la voiture.

Edit : français

Dernière modification par Nicolas36 (21-09-2021 06:52:20)


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

#12 19-09-2021 18:01:58

Nicolas36
Marcheur léger
Inscription : 04-03-2021

Re : [Récit + liste] Queyras, Queyras, Queyras

Bilan général
La 1ere journée était une mise en jambe. La J2 était peut être un trop longue pour le départ, mais c’est vrai que je suis parti tardivement. J3 et J4, je me suis adapté à diverses situations, J5 quasi parfaite, en plus je n’avais jamais prévu d’atteindre les 45 kmE, et j'étais bien. Pas de souci le lendemain pour repartir. J’avais tablé sur 40KmE en moyenne, la prochaine fois je travaillerais sur 35KmE, ce qui se rapprocherai de ce que j’avais prévu si je serais parti en Biros / Val d’Aran, même si je pourrais faire plus.
La prochaine grosse sortie durera certainement de 10 jours. Il faudra alors penser à alléger le programme les 2-3 premiers et augmenter par la suite.

La Liste du matériel

Portage1193
Sac à dos (2007) 1200g103011030
Contenant Kinder4520
Sac à bouffe16116
Sac de compression (récup) 15 ou 20L32132
Sac poubelle17351
ZIP6530
Sac plastique pour appareil photo14114

Bivouac1411
Pioulou + hauban3431343
Lot de Sardine1221122
Quilt Triple Zéro 330 M6141614
Matelas Trek 100 rvalue 2,1 1,8m 417g2781278
Film de survitrage 3M 2mX1,5m54154

Hydratation136
Bouteille St-Yorre 1,15L37274
Filtre Sawyer mini 39g + poche + paille62162

Cuisine77
Couteau47147
Cuiller818
Contenant semoule (Boursin salade et apéritif) (17+5)22122

VêtementSac1341Porté1255
TS ML Merinos Trek 500 D4202001202
TS ML MH550 D41481148
Doudoune D4 trek 100 synthétique35813580
Protection Pluie, haut : Imper Respi Trail Evadict + housse21712170
Protection Pluie, bas : Imper Respi D416011600
Sous vêtement53153153
Chaussette35135135
Paire de trail MTK2 D4658001658
Couvre chef 20199000190
Pantalon synthétique MH100191001191
Collant Asic20112010
Buff mérinos D4431430
Bonnet synthétique D4361360
Lunette2600126
Gant402800
Sur gant52100

Hygiène et 1ere nécessité133
Micropure(*4)414
PQ16116
Serviette fibre d4 47g découpée22122
Masque224
Savon d’Alep2000
Baume à lèvre12112
Tire tique0,521
Brosse à dent616
Lime à ongle313
Pince à épiler313
Ciseaux919
Bicarbonate dans œuf15115
Désinfectant13113
Levure de bière122
NOK dans œuf11111
Crème616
Compresse326

DiversSac1181Sur soi838
Reflex argentique canon eos 30039013900
APN120001120
Objectif 50mm 1,429412940
Filtre UV17117
Filtre polarisant17117
Pellicule Kodak Gold 200 Iso 24 poses181180
Pellicule Ektar 100 iso 36 poses21121
Boite à pellicule616
Boite à filtre26126
carnet861860
Stylo bille101100
Journal461460
Carte photocopie241240
Carte89189
Téléphone Wiko18501185
Clé, CI, CG, CV, CB, oseille6100161
Frontale D4 Bivouac 500 USB431430
Etui tissu nettoyant microfibre pour lunettes - MH ACC 120 - noir3130
Briquet22000
Sifflet boussole thermomètre loupe d4 29g241240
Journal48148
Bâton Forclaz 500 light (2008)23602472
Rouleau réparateur noir Tessa19119

Total dans sac5453
Total sur soi2093
Total Nourriture2693
Total eau2300
Total hors soi10446
Total général12539

Bilan matériel
7PXgT2clX.Sac.s.jpeg Couper ce fil que je ne saurais voir

Le sac à dos : je ne le change pas encore, même s’il est lourd. Je pourrai gagner du volume en changeant de matelas. Je voudrais avoir de vrai poche autour du sac. Je mettais le quilt et mes habits de bivouac dans un sac (environ 15l). Au fur et à mesure, le sac de bouffe qui se trouvait au-dessus diminuait, le duvet prenait plus de place. Quand je changerai, je pense donc garder le même volume de sac ou légèrement plus petit.
Les sacs poubelle étaient utilisés pour leur 1ere fonction, mais aussi pour étanchéifier le contenu du sac. J’en ai pris plusieurs car ils sont fragiles.
Je n’ai pas utilisé le sac de tente (-10g).

Le tapis de mousse, c’est solide, c’est vite plié, déplié, je m’en sers comme armature, comme sitpad, pour faire la sieste, mais c’est un peu dur. Pour une sortie d’une ou deux nuits, ça va, mais au-delà, un peu moins. Peut-être que la quarantaine n’aide pas à le trouver plus confortable. L’autre inconvénient, c’est qu’il prend une place folle dans le sac. Je testerai un autogonflant ou un gonflant, toujours en 1,20m.

Quilt : une première pour moi, je continuerai à le tester, sans les sangles (-23g). Un peu froid aux épaules au départ, jusqu’à ce je trouve un bouton pour fermer autour du cou.

Sardines : je les ai toutes utilisées car j’ai haubané une nuit venteuse. Le vent a cessé pas longtemps après que je me sois couché. Il y a des D4 moins lourdes. https://www.decathlon.fr/p/piquets-non- … mc=8527888

Je ne me suis pas servi du pantalon de pluie, j’en avais déjà parlé dans le bilan de ma sortie de la pentecote. Moins 160g. Au pire, je pourrai utiliser un sac poubelle comme jupe de pluie.

La doudoune synthétique est lourde, on verra à l’occasion, si elle s’use cet hiver. J’ai bien aimé faire le trajet jusqu’au boulot en vélo avec par temps froid.

Trails : qu’est ce c’est bien d’avoir les pieds légers, c’est radical par rapport aux chaussures montantes et lourdes, je peux même m’autoriser à courir dans les descentes. Et mes jambes me disent merci.

Couteau : lourd pour certains, je pourrai l’effiler, mais j’ai apprécié sa tenue en main lors d’une nuit très particulière.
J’ai perdu mon filtre, et j’avais des micropures … Quand on a pas de tête, on a des jambes.
D’habitude, en randonnée, je n’utilise le téléphone que pour regarder l’heure. J’ai utilisé Osmand, la localisation, et si j’oublie de fermer l’un ou l’autre, ça pompe de l’énergie. Du coup, j’ai été limite. A réfléchir.

Eau : j’investirais certainement dans une poche 2L et ne garder qu’une bouteille d’un 1L

Crème NOK : que celui qui n’en a pas été conquis me rajoute 1kg.

Kit réparation : il va falloir travailler ce post car en dehors d’un rouleau de scotch résistant (marque Tesa à défaut de trouver du Duc Tape en grande surface), je n'avais pas grand chose. Au moins ce scotch a été Utilisé pour réparer mon couvercle de gamelle.

909g pour le poste photographique.
L'objectif de 50mm, bon à tout et bon à rien.
Je n’emmène qu’un seul objectif, car il ne doit en rester qu’un. Le 100mm m’a manqué pour du paysage, mais il est 166g plus lourd. Le 50mm pourrait être remplacé un jour par un vieux 50mm 1,8 II d’occasion à 130g, ou bien un pancake 40mm : le côté MUL me dirait celui de Canon (130g aussi), mais si j’ai l’occasion d’avoir le Voigtlander (200g) ... Chez ce dernier, il existe aussi pour les montures Canon EF un pancake 20mm et un 28mm.
Ou alors, s’il ne doit en rester qu’un, ce sera pour un compact numérique expert. Mais le plaisir sera différent. Et mes vieux appareils fonctionanent toujours. Si vous me faites une remarque sur ce poste, la prochaine fois je pars avec le yashica mat (1016g). J’aurai pu investir dans un moyen format soviétique comme le Lubitel 2 pour quelques centaines de grammes en moins, mais pour du moyen format, 1kg, c’est léger. Ne vous mettez pas au grand format sinon vous porterez plusieurs fois le poids de votre sac.

Edit : Ajout de liens / correction de français
Edit : Correction du tableau récapitulatif des masses
Edit : Ajout de liens

Dernière modification par Nicolas36 (07-11-2021 10:55:17)


Modifications non signalées = Corrections de français

Récits-Listes : Brenne - Ecrins et Queyras - HRP par section

Hors ligne

Pied de page des forums