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#1 09-09-2021 19:11:59

Serval
Carpe diem
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[Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Bonjour à tous. smile

Comme certains d'entre vous le savent déjà, j'ai dû modifier en cours de route la destination finale de la longue marche que j'avais imprudemment baptisée « A pied de Paris à Syracuse », dont les préparatifs ont fait l'objet de ce fil de discussion et dont la première partie, parcourue en 2020 entre Paris et Pise, est racontée succintement dans cet autre fil.

Je suis reparti comme prévu de Pise, le 7 mai 2021, avec pour objectif de marcher jusqu'à l'extrémité de la Calabre puis de traverser la Sicile de Messine à Syracuse. Pour des raisons que je détaillerai ultérieurement, j'ai décidé à Salerne de changer d'objectif et de me diriger vers le Salento, le « talon de la botte italienne » au lieu de la Sicile. J’ai atteint le phare de Santa Maria di Leuca, tout au sud des Pouilles, le 2 août 2021, au terme d’une « longue promenade » de 3.343 kilomètres parcourus en 147 jours.

Les trajets que j'avais initialement envisagés sont indiqués en rouge sur la carte ci-dessous. Les étapes réellement effectuées y sont représentées par des marques bleues.

7Pzf6qj1P.paris-salento.jpeg
(Cliquer sur la carte pour l'agrandir dans Google Maps et mieux
visualiser les traces prévisionnelles et les étapes parcourues)

J’avais créé avant mon départ un blog Facebook sur lequel j'ai publié chaque jour un billet assez détaillé et de nombreuses photographies, ce qui n'aurait pas été possible sur RL, surtout avec un smartphone. Une fois ma longue marche achevée, j’ai reproduit sur mon site web la totalité de ces billets et quelques-unes des photographies. Tout poster à nouveau ici n'aurait pas beaucoup de sens ; je vais donc me contenter de résumer en quelques posts successifs les neuf semaines de marche effectuées cette année et faire le point de mon matériel.

C'est parti !

Sommaire :
J 79 ->  J89  Toscane
J 90 ->  J97  Ombrie
J 98 -> J110  Latium
J111 -> J122  Campanie (1)
Interlude | Matériel
J123 -> J126 Campanie (2)
J127 -> J147 Basilicate et Pouilles

Dernière modification par Serval (10-01-2022 10:34:16)


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)

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#2 09-09-2021 19:14:12

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

En Toscane  (J79 -> J89)
Ve 07/05/21 -> Lu 17/05/21

Bye-bye la grisaille parisienne ! Sitôt passé les Alpes, le ciel a changé de couleur. « Nel blu, dipinto di blu », c’est un vrai bleu du sud, juste souligné par quelques bancs de nuages effilochés, qui a accompagné mon retour ferroviaire vers la Toscane, huit mois après en être parti.

Et lorsque je suis arrivé à Pise, comment dire… eh bien, c’était l’Italie ! D’accord, il n’y avait pas beaucoup de monde dans les rues et sur les places – les touristes n'étaient pas encore revenus – mais l’air était lumineux, il faisait bon, et j’ai pu déguster, entre la gare et la tour penchée, ma première « birra alla spina » en terrasse depuis bien longtemps.

Je me suis mis en marche sans attendre pour atteindre au fil des premiers jours Pontedera, Volterra, San Gimignano, puis Sienne, à travers des paysages magnifiques mais avec beaucoup de bitume. Ce sera d'ailleurs une constante tout au long de mon voyage cette année : les sentiers et les chemins non goudronnés sont plutôt rares en Italie en dehors de la montagne, et même la Via Francigena que j'ai suivie pendant quelques étapes suivait presque uniquement des petites routes goudronnées. « L'amour de l'administration italienne pour le béton et le bitume » dont les Italiens m'ont souvent parlé avec cette autodérision qu'ils pratiquent souvent n'est visiblement pas une légende.

L’aménagement du territoire en Italie est assez différent de ce à quoi l’on est habitué en France : même si cela varie un peu selon les régions (ça allait être encore bien plus marqué en Campanie), j'ai pu constater en Toscane que très peu d'espace au sol semble avoir échappé aux jardins, vergers, champs et autres prés clôturés, sans parler de l’urbanisation espacée et de la place prise par les aménagements routiers omniprésents. Cela a donc été un peu le monde à l’envers : alors que beaucoup de marcheurs au long cours emportent une tente pour parer au risque de ne pas trouver de toit sous lequel dormir, moi qui avais prévu, comme l'année dernière, de beaucoup bivouaquer, j'ai en fait toujours dormi sous un toit en Toscane, faute de trouver un bout de terrain où planter mon abri. Il faut dire en outre que la réglementation du bivouac en Italie est à la fois assez restrictive et très difficile à démêler : elle est de la compétence des régions qui, le plus souvent, délèguent cette responsabilité aux communes et cela varie donc sans arrêt, sans qu'il soit possible de savoir à l'avance s'il est autorisé ou non dans la commune par laquelle on va passer.

En ce début mai les restaurants italiens venaient d'être autorisés à rouvrir leurs terrasses mais le temps ne m'a guère permis d'en profiter. Il a plu pas mal et il faisait encore bien froid en soirée. Je n'ai pas regretté d'avoir emporté ma doudoune. En revanche, le fait d'être encore tôt dans la saison et les restrictions de voyage dues au covid m'ont permis de profiter d'un pays dans lequel il n'y avait alors pratiquement pas de touristes et dont les habitants étaient heureux de discuter. Pouvoir visiter Volterra, San Gimignano ou Sienne dans des rues presque vides en dehors des autochtones est un plaisir rare que peu de personnes ont probablement eu la chance de pouvoir expérimenter. wink

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Retour à Pise sous un ciel radieux.

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Les bords de l'Arno, à Pise.

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Paysages de Toscane… on s’en met plein les mirettes.

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Sieste tout confort sous la pluie.

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Après le déluge... San Gimignano by night.

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La "Terre de Sienne", l’argile rouge-brun de Toscane.

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Monterrigioni.

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Sienne. Piazza del Campo.

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Sienne. Sa Majesté Flop Ière visitant son royaume...

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Vers l'infini, et au-delà !

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Où cela pourrait-il être, si ce n'est en Toscane ?

7PHlgFm4M.T14.jpeg
Que le temps soit beau ou à l'orage, partout où porte le regard, il n’y a que de la beauté.

[Edit: Photo de Sa Majesté Flop à Sienne]

À suivre...

Dernière modification par Serval (18-09-2021 09:41:47)


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

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#3 09-09-2021 19:15:48

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Salut Serval  smile !

Tu vas gentiment nous servir un épisode par jour pendant 137 jours. Sinon je retiens ma respiration et je vais devenir tout rouge jusqu'à ce que tu cèdes  lol  !


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#4 09-09-2021 19:21:21

Serval
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Hervé27 a écrit :

#625549Salut Serval  smile !

Tu vas gentiment nous servir un épisode par jour pendant 137 jours. Sinon je retiens ma respiration et je vais devenir tout rouge jusqu'à ce que tu cèdes  lol  !

lol


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

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#5 09-09-2021 22:23:20

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Hervé27 a écrit :

#625549Salut Serval  smile !

Tu vas gentiment nous servir un épisode par jour pendant 137 jours. Sinon je retiens ma respiration et je vais devenir tout rouge jusqu'à ce que tu cèdes  lol  !

+ 1

tongue tongue tongue

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#6 10-09-2021 08:36:52

tacheton
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Excellent on l'attendait ! j'ai suivi episodiquement sur facebook, mais là, on va pouvoir dérouler touuuut le fil avec un café  cool

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#7 10-09-2021 09:18:37

tolliv
Sérénitude
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Elles sont très belles tes photos Serval.
Le format pano sied bien à ces paysages.


"La vie est trop courte pour être petite"

Mes récits , mes bricolages et quelques idées saugrenues : ---->> ICI <<----

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#8 10-09-2021 10:01:58

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Dis-donc, Laxmi, je réalise soudain que tu n'as pas d'avatar ?

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#9 10-09-2021 10:11:26

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Tacheton et Tolliv : Salut et merci. smile

Les photos sont faites avec mon smartphone (Galaxy S9) qui me suffit bien pour visualisation sur écran. Et puis, avec de tels paysages et la lumière de là-bas...


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

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#10 10-09-2021 11:14:33

Joy Supertramp
Sempervirens
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Moi aussi je suis contente de te re-lire smile


Edit sans précision : ortho ou faute de frappe !

Liste montagne été top confort

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#11 10-09-2021 13:28:27

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Sous la dictée de Mousse l'alpiniste, Joy Supertramp a écrit :

#625667Moi aussi je suis contente de te re-lire smile

Merci à vous deux, mais du coup vous n'aurez pas beaucoup de surprises ! wink


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
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#12 10-09-2021 17:17:19

Hobbit
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Salut Serval,
Je vais alors te poser LA question à 1000 Euros que personne ici n'ose te poser pour l'instant :
Quelle a été la réaction de ta girafe (Floppy, c'est ça ?), quand finalement tu a décidé de ne pas aller en Sicile pour voir l'Aetna ?
Comment as-tu pu gérer cela ?
Très peu de choses dans la vie sont pire que les pleurs d'une peluche après tout ! smile
Mis à part cela, me voici le troisième candidat à la rétention d'air !:D

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#13 10-09-2021 19:10:18

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Hobbit a écrit :

#625713Je vais alors te poser LA question à 1000 Euros que personne ici n'ose te poser pour l'instant :
Quelle a été la réaction de ta girafe (Floppy, c'est ça ?), quand finalement tu a décidé de ne pas aller en Sicile pour voir l'Aetna ?
Comment as-tu pu gérer cela ?
Très peu de choses dans la vie sont pire que les pleurs d'une peluche après tout ! smile

Ah ah, tu veux tout savoir à l'avance ? Un peu de patience, petit scarabée...
Cela étant, merci ! Tu m'as permis de me rendre compte que j'avais omis de mentionner et d'illustrer notre séjour à Sienne dans la Contrada della Giraffa, oubli à réparer d'urgence !

Dernière modification par Serval (10-09-2021 19:15:26)


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

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#14 11-09-2021 08:41:14

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Serval a écrit :

#625649Dis-donc, Laxmi, je réalise soudain que tu n'as pas d'avatar ?

https://www.randonner-leger.org/forum/uploads/i/11/7PIoyPZR0.pepe.s.jpeg

Merci Serval, smile smile smile

(déjà que je marche pas vite si en plus j'ai le mauvais caractère d'une enfant gâtée, plus personne ne voudra marcher avec moi.)

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#15 11-09-2021 16:55:02

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

TRÈS IMPORTANT !
J'ai omis de dire dans le message consacré à la Toscane que j'avais pris le temps de faire à Sienne une pause touristique de 24 heures. Pour faire plaisir à qui vous savez, j'y avais évidemment posé mes pénates dans la Contrada della Giraffa. Inutile de vous dire que j'ai été sommé d'éditer ledit message pour y ajouter LA photo qui manquait. Pfiou...


En Ombrie  (J90 -> J97)
Ma 18/05/21 -> Ma 25/05/21

Quelques jours après être reparti de Sienne, j'ai quitté la Via Francigena qui continuait vers le sud en direction de Rome et ai mis le cap à l'est pour rejoindre Pérouse puis Assise. Peu après Castiglione del Lago, alors que je faisais le tour du Lac Trasimène (où Hannibal en son temps infligea une mémorable « pâtée » aux armées romaines) j'ai pu assister, depuis le bord d'une route parsemée de drapeaux italiens et de ballons roses, au passage des coureurs du Giro, le tour d'Italie, en compagnie de quelques spectateurs arrêtés comme moi pour cela à la terrasse d'un bar/station-service. Expérience innovante pour moi qui n'avais jamais eu l'occasion de voir passer la caravane du Tour de France.

En attendant le passage des coureurs, j'ai papoté dans mon italien sommaire avec deux vieux messieurs du coin mais, après le passage d'un premier groupe d'une dizaine d'échappés, la discussion est subitement devenue générale, chacun exprimant avec volubilité son pronostic sur le retard prévisible du peloton (rattraperont, rattraperont pas...), et apostrophant ses voisins avec bonne humeur dans une langue qui n'avait pas grand chose à voir avec l'italien conventionnel utilisé pour me parler quelques secondes plus tôt. Pour être parfaitement honnête, entre le débit rapide, l'accent prononcé de certains, l'usage du dialecte et les mots de gergo (l'argot italien) parsemant les échanges, je n'ai pas compris grand chose à ce qui se disait. On m'avait prévenu que dans le mezzogiorno la prononciation des mots et l'emploi généralisé des dialectes rendraient sans doute les échanges plus difficiles mais je ne m'attendais pas à ce que cela commence déjà ! (en fait, l'avenir a montré que, si peu de temps après mon arrivée dans le pays, mon oreille n'était sans doute pas encore assez ouverte à la langue ; ma compréhension n'a cessé de s'améliorer au fur et à mesure que les semaines se sont écoulées).

Je n'ai pas vu grand chose de Pérouse en arrivant le lendemain, sous les grondements du tonnerre, dans une ville noyée par la pluie mais j'ai eu la chance qu'il fasse beau lorsque j'en suis reparti. Je me suis promené dans la ville puis, dans sa proche périphérie, dans le dédale de pierres et de végétation de son très grand cimetière qui m’a beaucoup rappelé le Père-Lachaise ; j’ai longé le Tibre sur quelques kilomètres et ai pris mon petit déjeuner assis contre un arbre de ses rives (on associe évidemment le Tibre à Rome mais il faut bien qu’il coule aussi ailleurs… eh bien, il coule aussi à Ponte San Giovanni) ; j’ai longé pendant quelques minutes un autre fleuve, celui d’automobiles prises dans un embouteillage, avec je l’avoue un certain degré de Schadenfreude ; et, quelques heures plus tard, j’ai déjeuné d’un panino chaud sur la terrasse ensoleillée d'une trattoria en face de l’église de Bastia (Bastia Umbra, pas l’autre).

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Arrivée à Pérouse. L'orage gronde...

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Dans le cimetière de Pérouse.

Ces pérégrinations diverses et joyeuses m’ont amené jusqu’à Santa Maria degli Angeli (où Saint François est mort en 1226) puis à Assise (où il est enterré). J’ai trouvé l’architecture de ces lieux très impressionnante et le fait que les visiteurs et pèlerins soient encore peu nombreux n’a pas été pour me déplaire lors de ma visite des basiliques.

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La basilique Saint-François d'Assise.

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À l'entrée de la Basilique Santa Maria degli Angeli.

À partir d'Assise j'ai commencé à suivre un nouveau chemin de pélerinage, la « Via di Francesco » sur lequel j'ai vécu ma première mésaventure, puis mon premier coup de chance. Peu après le très joli village de Spello, alors que je descendais un peu trop vite un chemin caillouteux bien pentu, mon pied droit a glissé en avant et s’est tordu en heurtant violemment des pierres. Ma cheville a un peu souffert (elle allait me gêner pendant quelques jours) mais moins que ma chaussure dont la semelle s'est largement décollée et dont le mesh a été déchiré sur dix centimètres. J’ai fait une réparation de fortune avec du duct tape… et c’est alors que Saint-François est intervenu (sur ce chemin, ça ne pouvait être que lui) en faisant apparaître quelques minutes plus tard, sur le bas-côté d'une route que le chemin traversait, un panneau publicitaire pour la zone commerciale de Foligno, sur lesquel figurait la mention d'un magasin Decathlon ! Je me suis détourné illico du chemin prévu pour rejoindre, à plusieurs kilomètres de là, cette zone commerciale et industrielle. Bitume et béton, béton et bitume… mais j’ai trouvé le magasin, et dans celui-ci, mon modèle habituel de chaussures (les Evadict MT2) à la bonne taille. Merci Saint-François ! Ressortant du magasin de sport vers 19 heures j'ai aperçu, juste de l’autre côté de la route, l'enseigne d'un de ces hôtels pour VRP qui poussent dans ces zones commerciales. C’était parfait pour me remettre de mes émotions, j'y ai dîné et passé la nuit.

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Spello.

Le lendemain était un dimanche. Au lieu de suivre la route goudronnée qui partait vers le sud, j'ai pu profiter de l'absence d'employés dans les entreprises des alentours pour couper directement plein est à travers les zones d'entrepôts et les hangars, en passant sans vergogne par-dessus clôtures et portails cadenassés pour rejoindre ainsi, à quelques kilomètres de distance, la Via di Francesco. Cela m’a permis de m’assurer d'emblée que malgré un hématome et des éraflures, ma cheville n’avait pas trop souffert de sa mésaventure de la veille. Le soir suivant j'étais à Spolète, magnifique ville fortifiée surmontée d'une citadelle du 15ème siècle, la Rocca Albornozzia.

La ville de Spolète est construite sur une colline forée de part en part pour y installer des ascenseurs et des escalators au sein de la roche. Les touristes peuvent ainsi atteindre le sommet sans effort. Inutile de dire que pour visiter la citadelle avant de quitter la ville j'ai fait l'ascension à pied en utilisant l'ancien chemin circulaire, afin de respecter la règle que je m'étais imposée depuis Paris de ne jamais utiliser un quelconque moyen mécanisé. cool

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Vue sur la campagne depuis les hauteurs de Spolète.

Oui, bon. On passera pudiquement sur le fait que cela m'a permis de ne passer à la montée devant aucun des panonceaux indiquant que la citadelle était fermée pour travaux... panonceaux que j'ai vus en arrivant devant sa porte, puis à tous les étages dans les escaliers de secours intérieurs par lesquels un peu, disons, euh... agacé, je suis redescendu quatre à quatre jusqu'en bas. Je suis arrivé en bas des escaliers, mais aussi en bas de la ville, pour me rendre compte que la Via di Francesco passait en fait deux cents mètres plus haut, juste au pied de la citadelle ! roll Il n'y avait plus qu'à y remonter afin de traverser ensuite sur le Ponte delle Torre le ravin creusé à l'est de la ville par le torrent Tessino. Sauf que – mais j'aurais sûrement dû m'en douter – ce pont était lui aussi « temporairement fermé » (d'après le propriétaire du bar d'en face, depuis environ six ans wink ). Je n'ai plus eu qu'à faire le tour en retournant au fond de la vallée pour remonter de l'autre côté jusqu'à l’extrémité opposée du pont.

En résumé, à dix heures du matin j’avais déjà dans les pattes sept kilomètres de marche et cinq ou six cents mètres de dénivelé et je n’étais pas encore vraiment parti.

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Spolète. Il Ponte delle Torre, depuis l'autre côté du ravin.

J'ai ensuite marché dans de beaux paysages de moyenne montagne, autour de mille mètres d'altitude, sur ce que les italiens appellent joliment des saliscendi, des chemins qui montent (en italien salire) et descendent (scendere) sans cesse, et me suis arrêté le soir pour bivouaquer dans un très bel endroit que je n'aurais jamais pu trouver seul. Demandant à un paysan qui taillait ses arbres dans un verger clôturé s'il voulait bien que je m'installe là lorsqu'il aurait fini (pour être plus à l'abri de la pluie qui s'annonçait), il m'a répondu « bien sûr mais je connais un meilleur endroit » avant de me guider vers un minuscule pré bien plat enfoui sous les arbres au fond duquel une source jaillissait de la roche. La douche fut froide mais bonne, la purée-saucisson excellente et pour finir la journée en beauté j'ai même eu droit, une fois la nuit tombée, au spectacle d'un ballet de lucioles avant que l'orage n'éclate.

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Bêêê... Mais mon petit pré était à distance des moutons.

Le tonnerre a grondé longtemps, la lueur des éclairs a remplacé celles des vers luisants et la pluie n'a cessé qu'en milieu de nuit, mais le lendemain il faisait beau. J'ai longé pendant plusieurs heures une belle rivière, la Nera, pour atteindre vers seize heures la Cascata delle Marmore, une série d’impressionnantes chutes d’eau (plus de 80 mètres pour la plus haute) créées artificiellement en détournant le cours de la rivière Velino qui coule en haut de la falaise afin qu’elle se déverse dans la Nera.

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Cascata delle Marmore.

J’ai été stupéfié d’apprendre que ce travail de titan n’avait pas été fait récemment mais par les Romains ! Je ne sais pas ce qu’il en était à l’époque romaine mais de nos jours les cascades coulent de manière intermittente, le flux du Velino étant réparti entre elles et une centrale hydroélectrique selon des horaires variables selon les jours. Par chance, elles coulaient l’après-midi lorsque j'y suis passé. J'ai donc pu les admirer depuis le belvédère inférieur et le bassin de la Nera avant de monter par de longs escaliers jusqu’au belvédère supérieur et les rives du Velino dont j’ai ensuite suivi le cours jusqu’au Lac de Piediluco sur les bords desquels j'ai passé ma dernière nuit en Ombrie.

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Casteldilago.

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Piediluco.

À suivre...

Dernière modification par Serval (18-09-2021 09:30:10)


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#16 11-09-2021 17:29:40

Manche
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Bonjour Serval,

J'aime beaucoup tes photos panoramiques !
Abimer ses chaussures dès le deuxième jour, ça n'est pas de chance quand même !
Par contre, je ne voudrais pas dire, mais tu es mené au score par Hervé qui en est déjà au jour 3...  big_smile

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#17 11-09-2021 17:39:22

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Manche a écrit :

#625767Bonjour Serval,

J'aime beaucoup tes photos panoramiques

Salut Manche, merci ! smile

Abimer ses chaussures dès le deuxième jour, ça n'est pas de chance quand même !
Par contre, je ne voudrais pas dire, mais tu es mené au score par Hervé qui en est déjà au jour 3...  big_smile

Bah, petit joueur cet Hervé. Au rythme d'un message par région italienne traversée, je suis déjà arrivé à la fin de ma troisième semaine de marche, moi, na-nère... tongue


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#18 11-09-2021 18:19:19

Manche
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Oups,... j'avais lu trop vite effectivement !
En tout cas tes photos sont superbes !

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#19 17-09-2021 19:36:09

Serval
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Au Latium  (J98 -> J110)
Me 26/05/21 -> Lu 07/06/21

L'Ombrie, comme la Toscane avant elle, était une région que j'avais abordée avec un préjugé très favorable et que je quittais en n'ayant été déçu ni par les paysages, ni par la qualité des chemins malgré la présence jusqu'à Assise d'un peu trop de bitume à mon goût. Je n'avais en revanche pas d'idée précise en arrivant dans le Latium sur ce que j'allais y trouver mais mettons fin tout de suite au suspense : c'est une région splendide, le centre géographique et historique de l'Italie, dans laquelle l’histoire de Rome est évoquée à tout moment par les toponymes, les noms de rue, les monuments. Au fil des jours, j'allais marcher dans la Sabina puis dans le Parco dei Monti Lucretili et dormir dans des endroits comme l’Ostello Rerum Natura ou dans la forêt au-dessus de Mandela — un village dont le nom n'a rien à voir avec ‘Madiba’ (même si le prix Nobel de la paix a été fait citoyen d’honneur du village) mais provient d’une citation du poète latin Horace.

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Mandela.

J'ai surtout (re)trouvé dans le Latium de très beaux chemins de moyenne montagne, sur la Via di Francesco puis sur le Cammino di San Benedetto, deux chemins de pélerinage qui sinuent de village en village à des altitudes tournant le plus autour de mille mètres. En cette fin de printemps il faisait très beau, assez chaud mais sans rien d'insupportable, et les paysages y étaient magnifiques. En revanche, il valait mieux ne pas chercher à s'aventurer en dehors des chemins balisés. Mes quelques tentatives en ce sens se sont régulièrement soldées par de longues batailles (pas toujours gagnées) contre les orties et les ronces et par des contournements de chablis.

À ceux d'entre vous qui envisageraient d'aller randonner une semaine ou deux en Italie, je ne peux donc que conseiller de penser au Cammino di San Benedetto. Les paysages y sont variés, on passe par des villages absolument splendides, les gens qu'on rencontre sont joyeux comme des Italiens wink et on y mange très bien pour des sommes modiques. Le bivouac y est presque partout interdit par les règlements communaux mais il est facile de trouver une locanda, un affitocamere ou un agriturismo où passer la nuit.

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Poggio Bustone.


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Cantalice.


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Le pont romain de Posticciola.


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Le Lac du Turano.

Alors qu'à deux ou trois exceptions près je n’avais rencontré aucun randonneur depuis mon départ de Pise, j'ai commencé à Poggio Bustone à en croiser de temps en temps – disons, deux ou trois fois par jour. Entre Poggio Bustone et Rieti, étape commune aux deux chemins de pélerinages cités plus haut, j'ai ainsi rencontré Angelo, l'un des organisateurs de la Via Francigena del Sud et des Cammini del Sud avec qui j'ai longuement discuté. Quand je lui ai montré mon trajet prévisionnel, il m’a alerté sur le fait que de nombreux chemins n’étaient pas ou plus nettoyés dans le sud de l'Italie et que cela s’était beaucoup aggravé depuis la pandémie. Comme il n'y a pas de chemin de pélerinage en Calabre et qu'à l'entendre, le Sentiero Italia y est "à coup sûr une belle idée mais pas vraiment un chemin", il m'a indiqué ne pas être du tout certain qu'il reste beaucoup de chemins praticables en Calabre… Il a eu la gentillesse de me proposer de le contacter lorsque j’y serai pour tenter de me conseiller si besoin sur le parcours.

Ma visite de Rieti s'est pratiquement limitée à rechercher un magasin où me procurer une nouvelle paire de chaussettes, l’une d’entre elles ayant sévèrement pâti de mon accident de l’autre jour et mon raccommodage s'avérant insuffisant. Je n’ai guère eu de temps ensuite pour visiter la ville et c’est dommage car son centre historique semble très beau. J’ai en tout cas pu voir matérialisée la position géographique exceptionnelle de la ville (qui est « il centro d’Italia ») par l’édicule circulaire situé Piazza San Rufo qui symbolise « l’umbilicus Italiae » (le nombril de l'Italie) décrit à l’époque romaine. Cela dit, il existe des oeuvres d'art plus convaincantes. wink

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À Rieti : "Umbilicus Italiae", centre géographique de l'Italie.


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Trevi nel Lazio.


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Arpino, où naquit Cicéron.

Quelques belles étapes et de nombreux autres magnifiques villages plus tard (Rocca Sinibalda, Castel di Tora, Orvinio, Mandela... j'en oublie) j’ai rencontré un groupe de six randonneurs originaires de Vicenza en compagnie desquels j’ai marché sur les derniers kilomètres de l’étape du jour à Trevi nel Lazio. Anna, Patrizia et sa chienne Zoé, Rosanna, Tiziana et Alessandro étaient comme moi partis ce matin-là de Subiaco pour six jours de randonnée sur le Cammino di San Benedetto. Le courant est immédiatement passé entre nous et nous avons pris l'habitude de nous retrouver tous les soirs à l'étape pour prendre l’apéritif puis pour dîner ensemble. Pendant presque une semaine, j'ai ainsi passé en leur compagnie d'excellentes soirées, gaies, sympathiques et animées, qui constituent l'un des meilleurs souvenirs de cette longue promenade. Je préfère cent fois marcher seul et j'ai continué à le faire pendant ces quelques jours avant de les retrouver le soir à l'étape mais je me suis rendu compte en passant mes soirées avec eux qu'il y avait longtemps que je n'avais pas ri...

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Buon apetito!

Il y avait alors un mois que j'étais reparti et j'étais en pleine forme physique et mentale, mais la Roche tarpéienne est proche du Capitole... Dans l'étape vers Monte Cassino, je traversais vers huit heures du matin le village de Piedimonte San Germano Alta noyé dans la brume lorsqu’une dame à qui je souhaitais le bonjour m’a répondu que je ne devrais pas laisser mon chien divaguer ainsi sur la chaussée. Quoi ? mon chien ? quel chien ? En me retournant j’ai effectivement découvert qu’un chien noir et blanc me suivait. « Mais ce n’est pas mon chien, je ne le connais pas » ai-je dit à la dame qui n’a pas eu l’air de me croire. Cela n’allait effectivement pas tarder à changer puisque cette chienne – car c’était une demoiselle – m’a ensuite suivi ou précédé sur le chemin pendant plusieurs heures.

Quelle agréable compagnie que celle d’un chien quand on randonne ! Ce n’était certes pas la première fois qu’un chien me prenait ainsi en sympathie lors d'une marche et me faisait un bout de conduite, mais les autres fois il ne s’était pas passé plus d’une heure ou deux avant qu’il décide de lui-même de faire demi-tour pour regagner son territoire. Cette petite chienne-là, en revanche, semblait m’avoir vraiment adopté. Tantôt derrière, tantôt devant et revenant alors souvent vers moi comme pour m’encourager, attendant de voir quel embranchement je prenais pour s’y engager ou revenant à mon appel quand elle avait pris l’autre, ma nouvelle copine ne m’a plus quitté. Moi qui depuis toujours marche seul, elle m’a fait éprouver le plaisir de se promener avec un chien. Je me suis même surpris, au fil des heures, à rêver de l'adopter définitivement...
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Une gentille chienne dans la brume.

Lorsqu'en début d'après-midi nous sommes arrivés à la Basilique de Monte Cassino dont l’entrée est interdite aux chiens, nous avons retrouvé Patrizia et Zoé qui attendaient que leurs amis en aient fini la visite. Celle-ci terminée, nous sommes repartis tous ensemble en direction de la vallée, dans laquelle se trouve la ville de Cassino où ils devaient prendre leur train de retour pour Vicenza. La petite chienne m’accompagnait toujours gentiment mais il fallait faire un choix alors que nous étions encore dans la montagne... Il a bien fallu que je la chasse pour lui éviter les dangers de la circulation automobile dans une grande ville. Je ne pense pas qu’elle ait compris pourquoi cet humain qui paraissait si gentil avait soudain décidé de ne plus l’être. De mon côté j’en ai été réellement triste et je me suis senti coupable de ma trahison pendant tout le restant de la journée.

(À suivre...)

Dernière modification par Serval (19-11-2021 12:49:02)


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

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« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)

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#20 17-09-2021 19:48:59

tolliv
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Serval, pourquoi tu n'as que des panoramiques ? Pris aux smartphone et c'est pour avoir une meilleure définition ?


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#21 17-09-2021 20:00:49

Serval
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

tolliv a écrit :

#626973Serval, pourquoi tu n'as que des panoramiques ? Pris aux smartphone et c'est pour avoir une meilleure définition ?

Oh, la principale raison c'est que je suis fainéant. La plupart des photos que je reproduis ici sont tirées de mon blog dont la maquette prévoit une image de 980 x 370 px au début de chaque article.

[Edit: reformulation]

Dernière modification par Serval (17-09-2021 20:03:10)


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

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#22 12-10-2021 19:15:37

Serval
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

En Campanie  (J111 -> J122)
Ma 08/06/2021 -> Sa 19/06/2021

La ville de Cassino où se termine le Cammino di San Benedetto est située à la frontière entre le Latium et la Campanie. Ce n'est pas une ville où je conseillerais à quiconque de passer ses vacances car c'est visiblement une "cité difficile". Pour moi, elle représente surtout le commencement de ce qui, jusqu'à Salerne, a été de loin la partie la plus difficile de cette longue marche.

À ce moment de mon périple, j'avais perdu de l'ordre de 5 ou 6 kilos et je commençais à me sentir fatigué sans trop pouvoir déterminer ce qui, de la fatigue physique et de la lassitude morale, influait le plus l'une sur l'autre. Je venais de passer plusieurs semaines sur les chemins de San Francesco puis de San Benedetto mais n'avais pas pris de journée de repos depuis Sienne, près d'un mois plus tôt, et je commençais à ressentir le besoin physique de recharger mes batteries. J'avais fait mes adieux à mes compagnons de randonnée italiens qui, ayant fini leur randonnée, m'avaient quitté pour regagner leurs pénates à Vicenza. Je me retrouvais ainsi de nouveau seul après six soirées de rires et de partage, et le retour à la solitude était plus difficile que je l'avais imaginé. Habitué comme je le suis à toujours marcher seul, je croyais que je reprendrais mes marques sans difficulté... eh bien non. Et puis, même si cela peut sembler idiot, je n'arrivais pas à me défaire d'un sentiment de culpabilité après ma « trahison » envers la petite chienne que j'avais chassée avant d'arriver à Cassino et dont j'aurais maintenant particulièrement apprécié la compagnie.

Les chemins — et surtout, les routes — sur lesquels je marchais désormais n'étaient pas faits pour arranger les choses. Pendant plusieurs semaines, depuis Pérouse et même avant, j'avais surtout marché sur des chemins de pélerinage bien balisés et assez bien entretenus. En les quittant pour me diriger désormais vers le sud de la Campanie pour rejoindre le Vésuve, j'avais retrouvé le plaisir délicat de m'engager sur des sentiers bien tracés sur la carte mais s’avérant en fait impraticables car non entretenus, parsemés de chablis et envahis par les ronces et les orties. Je ne compte pas les fois où j'ai dû batailler plusieurs dizaines de minutes, plusieurs heures parfois, pour réussir à passer... ou pour finir par devoir faire demi-tour et me retrouver à longer des routes dont il est difficile d'imaginer la saleté, avec des bas-côtés recouverts de monceaux d'ordures à travers lesquelles j'étais parfois obligé de marcher pendant plusieurs dizaines de mètres.

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Ah, les jolis petits chemins de campagne de Campanie...


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Sympa, les routes secondaires qui passent sur de jolis ponts au-dessus de petites voies ferrées... Les trottoirs, en particulier, sont bien souples sous les pieds.


Vers la mi-juin, j'en étais arrivé à avoir l’impression, en me réveillant, de ne plus me livrer à une activité désirée et choisie mais de devoir me lever pour accomplir une corvée. Je n’avais pas envie de me lever pour « aller au boulot » de la marche parmi les ronces et/ou les immondices et pourtant il fallait bien que j’y aille quand même... J'ai finalement atteint l'agglomération napolitaine où j'avais prévu une semaine de « randonnée touristique ». Journée "off" à Naples, visite d'Herculanum, ascension du Vésuve, visite de Pompéi, mon humeur a été moins grise pendant ces quelques journées d'exploration de lieux que je voulais visiter depuis de nombreuses années.

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Santa Maria Capua Vetere. L’amphithéatre romain de l’antique Capoue.


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Montée facile vers le « Gran Cono » et le cratère du Vésuve.


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À Pompei.


Hélas, lorsque je suis reparti de Pompéi en voulant atteindre le sommet de la péninsule amalfitaire par des sentiers "officiels" et bien indiqués sur les cartes, je me suis à nouveau retrouvé en train de marcher sur un chemin en fait impraticable. Après quatre (!) heures d'ascension en mode bâton-machette à travers les ronces, les acacias et les orties, j'ai fini par jeter l'éponge et par rebrousser chemin. J'ai donc contourné la péninsule amalfitaine pour atteindre Salerne, en marchant sur des routes beaucoup trop fréquentées à mon goût.

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Première fois de ma vie que je croise un porc-épic !


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En Campanie, c'est simple : ou bien on essaie de marcher là...


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...ou bien on marche là.


Arrivé à Salerne, j'en avais marre de chez marre de passer mon temps à ne pas pouvoir avancer sur des sentiers qui n'existaient plus ou de risquer ma vie en marchant le long de routes où les voitures me frôlaient à toute vitesse tandis que je pataugeais dans les ordures. J'ai réservé pour deux nuits une chambre d'hôtel afin de me poser un peu et de réfléchir à la suite. J'ai contacté pour leur demander conseil plusieurs des randonneurs italiens et des hébergeurs rencontrés sur mon trajet, parmi lesquels Angelo, l'un des principaux administrateurs de la Via Francigena del Sud que j'avais rencontré sur la Via di Francesco. Tous m'ont dit sensiblement la même chose : Au sud de Naples, il n'y a pas de chemin de pélerinage et même en période « normale », les chemins existants y sont très peu entretenus. Y circuler à pied est habituellement difficile. En Calabre, il faut rester en altitude, et même ainsi il est souvent impossible d'éviter de marcher sur les routes. Mais cela, c'était en temps normal, avant l'épidémie. Après plus d'un an de covid, plus personne n'y est passé et la végétation y a sans doute repris tous ses droits. En Sicile, en revanche, tu n'auras pas de souci pour circuler à pied, même s'il y aura forcément pas mal de bitume au sud de l'Etna.

Je n'ai pas réfléchi très longtemps (ce en quoi j'ai sûrement eu tort), et deux jours après mon arrivée à Salerne j'étais dans le train pour Paris.

Après coup, je me suis rendu compte que j'aurais très bien pu décider de court-circuiter la Calabre et de rejoindre la Sicile en train + ferry, mais cela ne m'est alors pas venu à l'esprit. Sur le moment, la seule solution qui m’est apparue a été de m’arrêter à l’endroit où j’étais arrivé. Au cours des mois précédents, je n’avais pourtant pas hésité à modifier le parcours de mon périple à chaque fois que cela m’avait semblé souhaitable, mais le nom « À pied de Paris à Syracuse » était si bien implanté dans mon cerveau que je n’ai pas pensé que rien ne m’empêchait de sauter une portion du trajet pour le reprendre à Messine, ou de changer d’objectif...

Il m’a fallu un peu de temps pour me rappeler que « c’est le chemin qui compte, pas la destination » et trouver ainsi le moyen de remédier à la frustration causée par cet arrêt prématuré. Deux semaines après en être parti la queue basse, j'étais de retour à Salerne pour y reprendre mon chemin avec désormais en point de mire non plus la Sicile mais la péninsule du Salento, le « talon de la botte » italienne.

À suivre...

Dernière modification par Serval (18-02-2022 11:21:32)


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#23 12-10-2021 19:50:00

Hervé27
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Salut Serval  smile

L'arrivée n'est qu'un point parmi tant d'autres ... Si tu as décidé de rentrer plutôt que de court-circuiter cette section problématique, c'est qu'au fond c'est ce dont tu avais besoin à ce moment-là. Pour en avoir fait usage cet été, la touche "reset" peut s'avérer salvatrice ...

Après tout, dans cette aventure tu n'as pas d'autre engagement qu'avec toi-même, libre à toi de déplacer l'arrivée selon ton bon plaisir wink


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#24 12-10-2021 19:56:56

Serval
Carpe diem
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Hervé27 a écrit :

#629712Salut Serval  smile

L'arrivée n'est qu'un point parmi tant d'autres ... Si tu as décidé de rentrer plutôt que de court-circuiter cette section problématique, c'est qu'au fond c'est ce dont tu avais besoin à ce moment-là. Pour en avoir fait usage cet été, la touche "reset" peut s'avérer salvatrice ...

Après tout, dans cette aventure tu n'as pas d'autre engagement qu'avec toi-même, libre à toi de déplacer l'arrivée selon ton bon plaisir wink

Salut Hervé smile

Cela a été rude sur le coup mais  a posteriori je n'ai aucun remord de mon choix (les regrets, c'est autre chose wink ). Comme disent les thruhikers états-uniens : "HYOH !"


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

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#25 12-10-2021 20:11:14

Hervé27
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Re : [Récit + liste] À pied de Paris... au Salento | 2ème partie (2021)

Serval a écrit :

#629714Comme disent les thruhikers états-uniens : "HYOH !"

Chacun sa route, chacun son chemin ...
Passe le message à ton voisin-in-in

wink


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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