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#76 26-10-2021 07:37:38

Noiky
Couscous lover
Lieu : Belgique
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Tu es parti 15 jours trop tôt, Hervé! big_smile Content cependant de voir que tu prenais la pluie avec philosophie smile

Deux petites questions:

  • Comment se fait-il que ton sac de couchage soit systématiquement mouillé le matin? Une reconfiguration ne permettrait-elle pas d'éviter ce souci, et ainsi l'obligation de devoir faire sècher en journée?

  • Comment gères-tu l'abri mouillé dans le sac à dos? Tu le laisses dans le filet externe (au risque qu'il se trempe encore avec la pluie) ou tu remballes mouillé dans le sac (dans un sac étanche pour ne pas tremper le reste)?

Merci smile

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#77 26-10-2021 08:29:59

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Noiky a écrit :

#631260Tu es parti 15 jours trop tôt, Hervé! big_smile Content cependant de voir que tu prenais la pluie avec philosophie smile

Deux petites questions:

  • Comment se fait-il que ton sac de couchage soit systématiquement mouillé le matin? Une reconfiguration ne permettrait-elle pas d'éviter ce souci, et ainsi l'obligation de devoir faire sècher en journée?

  • Comment gères-tu l'abri mouillé dans le sac à dos? Tu le laisses dans le filet externe (au risque qu'il se trempe encore avec la pluie) ou tu remballes mouillé dans le sac (dans un sac étanche pour ne pas tremper le reste)?

Merci smile

Salut Noiky wink

Tiens, ce sera amusant de mettre en parallèle nos étapes en faisant correspondre les dates, histoire de voir si vraiment le sort a favorisé certains d'entre nous ...

Quand je parlais de risque de "nuit misérable", plus que du duvet un peu humide de la nuit précédente, je pensais plutôt à la tente et au polycree mouillés.

Mon duvet n'a jamais été mouillé : la surface du tissu forme souvent un peu de condensation, en particulier au pied, sans excéder le stade de l'humidité. En revanche, et  en particulier en conditions pluvieuses, cette humidité peut se cumuler d'une nuit à l'autre si je ne prends pas soin d'aérer le tout. Trouver une opportunité d'aération / séchage est un rituel quotidien inamovible, quelles que soient les conditions météo.

Toile de tente et polycree, dûment secoués avant de remballer, prennent place dans un sac plastique et à l'intérieur du sac à dos, en attendant de pouvoir les faire sécher. La tente après séchage rejoint ensuite le liner avec les autres affaires sèches.


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#78 26-10-2021 09:12:03

Noiky
Couscous lover
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Hello Hervé,

En effet, je pense que ça serait intéressant mais globalement j'ai l'impression qu'on s'est fait un peu moins rincés que toi, mais il faudrait l'objectiver smile

Intéressant pour l'abri - jusqu'ici, j'étais réticent à le mettre mouillé à l'intérieur du sac à dos mais je vais peut-être changer d'avis: ça fait plus rangé quand même que tout soit dans le sac! smile

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#79 26-10-2021 21:56:46

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Côté vidéo, J12 est désormais publiée. Les suivantes auront enfin un son normal ...

... et bien sûr pas question pour le récit écrit de se laisser rattraper :

J26, mercredi 28 juillet, du Lago Nero au Passo Livigno : le MUL se rebiffe !

Retour à l'index

Après les ondées en soirée, la pluie continue s'est installée à partir d'1h du matin, et j'attends du fond de mon duvet que les choses s'améliorent. Heureusement j'ai un peu de réseau et je peux me projeter un peu sur la météo qui annonce bientôt un créneau plus calme. Je patiente en donnant des nouvelles par WhatsApp ... Evidemment, par ce temps et à cette altitude (2560 m) la nuit fut très humide ... La suite n'est pas brillante, avec un risque de pluie présent toute la matinée, puis des averses orageuses l'après-midi. La routine ...

5h54 : finalement, on ne va pas se presser ...
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Après la joie de renfiler chaussettes et chaussures mouillées comme chaque matin, je repars finalement à 7h20, avec une grosse heure de retard par rapport aux jours précédents. J'ai un résidu de quelques dizaines de mètres d'ascension pour passer un large col à 2650 m, et de là redescendre en direction du village d'altitude de Trepalle (à 2079 m). Le temps est bien bouché et froid, et le col une fois passé un vent bien désagréable m'accompagne. Après un début de descente assez direct / raide, je rejoins une piste qui fait 2 immenses lacets, me donnant par 2 fois la sensation énervante d'aller à contre-sens ... Vers le Sud et le col routier du Passo Foscagno (2291m), le temps est bien bouché. Au Nord et vers Trepalle, c'est un peu plus lumineux mais pas joyeux quand même ...

Bien entendu, au froid et au vent la batterie du téléphone flanche et je dois la préserver.

8h09 vue vers Trepalle
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Sur 2 kilomètres le sentier est le territoire des vaches : sa surface est un mélange de boue et de bouses, méticuleusement malaxé par ces dames. Pénible.

J'arrive aux abords de Trepalle par la station-service, avec un rayon alimentation plutôt bien achalandé et où je vais recompléter mon ravitaillement. Ces derniers temps je me venge sur les tablettes carrées de chocolat Ritter Sport et ses différentes saveurs ... Je profite aussi des toilettes en sous-sol pour me savonner un peu l'épiderme après une longue série "sauvage".

J'en ressors pour repérer de l'autre côté de la route un magasin de produits régionaux, où je vais m'offrir quelques produits plaisir à consommer sur place ... ainsi que du fromage qui n'était pas proposé par la station service.

Après une séance dégustation de délicieux biscuits sablés sur un banc au soleil (si, si !), mais aussi de reconditionnement du sac après mes achats de complément, j'arrive à l'heure des choix ... Mon tracé prévoyait un bel itinéraire d'altitude flirtant par endroit avec les 3000 m, sur lequel je ne veux / peux pas me lancer avant d'y voir plus clair sur la météo. Plaçant mes priorités dans l'ordre, le petit créneau de temps sec et lumineux dont je dispose doit être l'occasion de sécher/aérer mon couchage. Je me déplace plus bas dans le vallon et plus près du vieux village, où je profite des barrières d'une aire de jeux pour étaler mon barda au vent, bien plus efficace que le soleil dans ces circonstances.

Je peux aussi exposer mon panneau solaire et réveiller mon téléphone, ce qui me permet de faire le point météo et cartographie. Il semble que je doive avoir de la pluie jusque vers 15h, pour une amélioration au-delà, ce qui me ferait circuler aux plus hautes altitudes au pire moment ... L'itinéraire de secours me fait traverser Trepalle, pour redescendre vers la ville de Livigno et de là remonter la vallée sur 15 km vers le Col du même nom. Le moral sombre, mais ai-je le choix ?

Me voilà donc parti, longeant la route très fréquentée et visant un sentier qui me fera franchir la crête et basculer côté Livigno ...

10h33 Trepalle, direction Livigno ...
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Au moins il ne pleut pas, et ma triste progression s'accompagne de pensées négatives ... jusqu'à un sursaut de fierté et de révolte. Je dis non ! Non, non et NON, ça suffit, je ne vais pas encore voyager en apnée loin des sentiers de montagne. Advienne que pourra, je fais demi-tour et décide d'affronter les éléments : si ça ne passe pas, et bien je me réfugierai sous la tente ou n'importe où en attendant que ça passe !

Je redescends la route, re-traverse Trepalle et bifurque enfin dans le long vallon de Vallaccia. Il est 11h00 et me voilà de retour sur l'itinéraire après 2 heures de courses, séchage et tergiversations ...

Le vallon se remonte d'abord par une route asphaltée jusqu'à un premier hameau, puis une route de terre, puis du sentier. Randonnée évidemment très facile, et itinéraire prisé de promenade pour les estivants (dans cet environnement, le mot fait sourire roll ) : je double vite un large groupe fait visiblement de plusieurs familles avec enfants et chiens, et suis dépassé par quelques traileurs et VTTistes. Je croise un couple de retraités à la descente et que je salue. Ils tiennent à m'avertir que je serai déçu, parce qu'il n'y a pas de lac au bout de la vallée et ... mais pourquoi me racontent-ils ça, je sais bien qu'il n'y a pas de lac ?!? Sinon, je le verrai sur ma carte, non ?

11h-12h00 Vallon de Vallaccia
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A l'approche de midi, je longe une ancienne bergerie en même temps que je commence à recevoir les 1ères gouttes de la pluie annoncée. Il y a là une porte ouverte, et la possibilité de se placer dans l'embrasure et à l'abri. L'intérieur est infect, trop fréquenté par les moutons ...

Tant que la pluie ne donne pas franchement, je peux même placer le panneau solaire sur la toiture et donner un bon coup de booster à la charge de mon téléphone, pendant que je grignote et me fais 2 chauffes successives pour des capuccinos.

Je suis finalement rejoint en ordre dispersé par la troupe pluri-familiale dépassée au début de la vallée. Le temps que le regroupement s'opère, je discute avec l'un des pères de famille. On parle itinéraires : moi de ma grande traversée, lui de la petite expédition du jour jusqu'aux lacs. Les lacs ? Quels lacs ? Il me sort une belle carte de l'office du tourisme, montrant le bel itinéraire reliant effectivement Trepalle aux lacs du Val Viola ... J'attire son attention sur un petit détail : le passo della Vallaccia au milieu du parcours à 2611m et au km n°8, et de là encore 8 km dans l'autre vallée, sans oublier le retour ... Bref, une promenade de 32 km au total dont ils ne sont pas à la moitié, avec un col à franchir dans les 2 sens, des enfants et la pluie toujours menaçante ... Effectivement, vu comme ça ... Le groupe décide de déjeuner ici avant de faire demi-tour, tandis que je me prépare à repartir.

12h46 dernier abri avant le col
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Evidemment une fois lancé la pluie revient, mais tant pis, je tiens bon et j'avance. Le téléphone rejoint son étui, je fais quand même quelques photos en mode sub-aquatique ... Il me faut 45 mn pour cette montée autrement facile, si ce n'était la pluie qui me fouette le visage ...

Passé le col et après une courte descente jusqu'à 2 petits lacs je dois suivre un chemin à flanc, où je suis alternativement abrité puis exposé au vent. Toujours avec la pluie pas très forte mais continue, je passe à la lessiveuse ...

14h09 vue à la descente du Passo della Vallaccia (2611 m)
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Je m'accroche, puis décide d'attaquer malgré tout le col suivant (Colle delle Mine à 2804 m), car le grain se calme enfin. L'itinéraire n'est en principe pas difficile, le chemin bien balisé remontant un éboulis raisonnablement stable, avant un long névé final peu pentu. Le vent froid et les grains successifs compliquent bien sûr la tâche, et si une fois en haut j'ai la satisfaction d'avoir surmonté l'adversité, j'y ai aussi brûlé pas mal d'énergie ... Je me fais la réflexion que c'est ici le plus haut point que j'ai jamais atteint par mauvais temps ...

14h33 direction le Colle delle Mine (2804 m) vers la droite
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14h47 montée au Colle delle Mine et vue arrière
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14h55 névé final
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15h06 Colle delle Mine 2804m
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Au col, avec un plafond toujours très bas, je profite de vues gratifiantes, dans un environnement encore abondamment pourvu en neige. Le vent froid ne m'autorise cependant pas à m'attarder, d'autant que j'ai encore plusieurs difficultés sur le parcours. J'ai ~250 m de D- à faire en contrebas, avant une remontée de 350 m D+ vers la Bocchetta del Corna di Capra à 2945 m. En chemin vers le lac au niveau duquel je dois bifurquer pour cette nouvelle ascension, je peux observer le couloir qu'il s'agit de remonter ... et je ne le sens vraiment pas du tout ! Pas de chemin visible, des barrières rocheuses et un immense névé, et bien sûr l'ignorance totale de ce que je pourrais trouver de l'autre côté ...

15h15 1ère photo : montée à la Corna di Capra vers la gauche / 2ème photo : la coulée menant à la corna di Capra au milieu
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J'estime ici que ça suffit pour aujourd'hui, j'ai su jusque là me confronter avec succès au mauvais temps, mais n'ai rien de plus à prouver à moi-même ni à personne, et surtout pas en poussant d'un cran supplémentaire au-delà de ma limite de confort. Je ne ralentis même pas à la bifurcation, et descends vers l'itinéraire par le Val Livigno contre lequel je m'étais rebiffé tout-à-l'heure ... La révolte est matée hmm !

Je vais cavaler dans cette descente, par du sentier, un peu de piste puis de nouveau du sentier partagé avec des VTTistes. Je passe rapidement devant l'Alpe Mine (refuge & auberge), tandis que la pluie est revenue et tombe drue (pas un déluge tout de même, mais ça mouille ...). Le chemin est joli et facile et se descend à bonne allure, avec cependant une prudence particulière à l'égard de la glissade sur pierres mouillées ! Je me fais alors la remarque que ma cheville a pleinement récupéré, car je ne ressens plus de handicap (parfois une gêne, mais plus rien de douloureux ou de mécanique).

16h01redescente du vallon
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Je touche le fond du Val Livigno après 900 m de D-, et attaque aussi sec la lente remontée par un sentier qui oscille à distances variables de la route nationale. Encore un long moment sous la pluie, je ne prête plus guère attention aux flaques d'eau ... Il fait ici moins froid que là-haut, la pluie est plus facile à supporter.

17h15-18h30 Val Livigno
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A la longue la lumière finit par revenir et la pluie par cesser, le ciel se déchire et j'ai même droit à de francs rayons de soleil ! J'essaye de positionner le panneau solaire au mieux pour récupérer un peu de charge, et maintient une allure soutenue pour au moins atteindre le col frontière avec la Suisse où se trouve un refuge.

Je ne profite pas beaucoup du soleil généreusement revenu sur les cimes, car l'après-midi avance, la vallée se fait plus encaissée et tous les derniers kilomètres se font à l'ombre.

Venant des hauteurs loin au-dessus de moi, j'entends crier à de multiples reprises, ce que j'interprète comme étant les bergers rassemblant les vaches dans les alpages encore au soleil. Cela ne ressemblait pas à des appels au secours ...

Un dernier coup de collier pour franchir quelques lacets et les derniers 100 m de dénivelé, et me voilà au Passo Forcola di Livigno (2315 m), avec son poste de douane (désert), son parking et vastes bâtiments du refuge. Nouvelle incursion en Suisse !

18h30-18h45 derniers lacets et arrivée au Rifugio Tridentina
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J'inspecte ma carte et observe que si je progresse encore de ~2 km, je peux rejoindre une zone de petits lacs avec un bon potentiel de replats pour le bivouac. Cela aurait le triple avantage de m'éviter le coût d'un hébergement en dur, de m'avancer un peu plus et de m'éloigner de ce col routier que par essence je n'aime pas ...

18h50 petit lac au col
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En quelques minutes le paysage va s'ouvrir, et d'impressionnantes cimes englacées vont subrepticement émerger de la ligne de crêtes sur ma droite. C'est le massif du Piz Bernina et ses 4048 m qui m'aguiche, mais ne se dévoile pas encore tout-à-fait.

18h56 le Piz Bernina me fait de l'oeil au bout de ce chemin
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J'arrive vite aux abords des petits lacs que j'avais repéré, mais poursuis cependant un peu jusqu'au petit col tout proche, histoire d'avoir une vue d'ensemble sur les bivouacs possibles. De l'autre côté se trouve un plus grand lac, le Lej Minor, mais son environnement me parait moins propice. Je redescends donc et commence à zigzaguer pour trouver le bon spot ...

Hélas, l'eau ruisselle de toute part après les pluies incessantes des derniers jours, tout est détrempé et spongieux. Quand les surfaces planes et herbeuses ne sont pas carrément des flaques, mes pieds s'y enfoncent dans un sol flasque. Il me faut 20 bonnes minutes de prospection pour trouver une étroite terrasse moins mal drainée que le reste. Même ici le sol est spongieux et détrempé, mais je ne peux pas espérer mieux ... L'espace limité m'oblige à bloquer certains piquets dans les racines des rhododendrons. A 2400 m et alors que le ciel s'est purifié, je me prépare à une nuit particulièrement froide et humide (opération bouillotte en vue)

... mais quel beau spot cool  !

19h30 tour du lac en quête d'un spot (notez les jeux de miroir ...). Je m'installe sur les terrasses à droite
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unique !
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7QUimXjjG.J26-20.s.jpeg7QUipciGo.J26-20.s.jpeg


En quelques chiffres :

Total J26 :
40 km
D+ 1522 D- 1674
Marche 10h00
km-Effort 59.5

Cumul J01-26 :
930 km
D+ 53 000 m
Marche 272 h
km-Effort 1 577


Itinéraire & Progression
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Impression générale :

Des hauts et des bas : fierté de m'être rebellé et d'être allé chatouiller l'altitude malgré les conditions, mais fatigue accumulée d'être encore et toujours privé d'été. J'ai au moins pu constater in situ que l'approche des 3 000 m peut encore en cette fin juillet être problématique avec la neige, me confortant dans mes choix de raison des jours passés (et futurs). Jusqu'ici, je tiens bon !



L'étape en vidéo :
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Dernière modification par Hervé27 (30-11-2021 16:41:39)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#80 31-10-2021 00:06:15

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Par ici la Vidéo du J13 (15 juillet) : la pluie fait la Bonner Höhenweg


et ci-dessous la suite du récit rédigé :

J27 jeudi 29 juillet, Passo Livigno au Rifugio Bignami[ : plein soleil !

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Par 2 fois dans la nuit je me suis fait chauffer des bouillottes pour booster mon duvet face à la saturation d'humidité (heureusement que j'ai une grosse réserve d'alcool, avec le 1/2 litre trouvé à Reschen). Les pluies des derniers jours dégorgent du sol, j'ai bivouaque quasiment sur une flaque d'eau ... Impression de froid d'autant plus forte qu'au matin toute la nébulosité s'est dissipée : après 5 jours consécutifs marqués par les pluies, je retrouve un ciel d'azur ...

6h02 les nuages sont partis !
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Départ à 6h25, donc encore une fois tard par rapport à mon habitude, et bien sûr dans des chaussures et chaussettes trempées ...

Les sommets aperçus hier soir se dévoilent rapidement au détour du chemin. Malgré le froid dommageable à la batterie du téléphone je ne peux m'empêcher d'immortaliser les vues jusqu'à mettre la batterie en rideau. Avec le soleil dans ce ciel pur, je sais que je vais pouvoir recharger vite ... Je ressens la splendeur du paysage ce matin comme la récompense à toute l'adversité des jours précédents : si on me demande pourquoi je marche, ce matin est la réponse !

Il n'est que 7h et c'est sur ce thème du sens de la vie du randonneur que déjà je discute au bord du chemin avec un Suisse (cycliste), et en Français je vous prie ! C'est somme toute le 1er indice tangible que je me rapproche de mon aire linguistique et que la traversée progresse ...

6h55 claque visuelle ... et ce n'est qu'un début
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7h48 c'est cadeau !
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Avec la batterie du téléphone en rideau, je vais chercher à sortir de l'ombre au plus vite en rejoignant la berge du lac, où je vais m'arrêter quelques minutes avecle panneau solaire bien exposé, le temps de permettre le redémarrage du téléphone.

De là j'amorce le tour du vaste Lago Bianco, qui a la particularité d'être placé à cheval sur la ligne de partage des eaux que je suis supposé suivre (tant bien que mal ...). Le lac est en effet formé par 2 barrages de retenues, l'un retenant ses eaux au-dessus du bassin Danube / Mer Noire, l'autre côté bassin Pô / Adriatique.

Entre exposition du panneau solaire, reconfigurations successives en passant de l'ombre froide à la chaude lumière, et recherches de belles images (notamment pour tenter de capter le passage d'un des trains qui longent le lac et traversent la vaste Bernina Pass), je m'attarde dans le secteur plus que je ne l'aurai pu, mais quelle importance ?

8h11 je suis partagé ...
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8h15-9h00 tour du Lago Bianco et ses 2 barrages, à cheval entre Adriatique et Mer Noire
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Au débouché Sud du lac, mon large sentier s'élève doucement pour atteindre le Rifugio Sassal Mason, fermé, composé de 2 bâtiments classiques ainsi que de 2 vieux abris de pierre type "bories provençales". Les 4 bâtiments sont fermés / cadenassés, mais une très belle terrasse offre des vues fantastiques sur le Piz Palü (3900m) et son glacier. Les multiples tables, le soleil et un petit vent offrent des conditions idéales pour le séchage de mes affaires après un bivouac exceptionnellement humide, je ne saurai laisser passer l'occasion, d'autant que je suis encore tout seul ...

Pendant que mes affaires s'aèrent et que mon capuccino chauffe, il commencera à passer quelques randonneurs et cyclistes. J'aurai ainsi l'occasion de discuter avec un couple de randonneurs zürichois, auquel je servirai également de photographe pour immortaliser leur passage devant un magnifique fond de glaces et de roches.

Cet arrêt en terrasse m'offre aussi l'occasion d'observer de haut, outre le lagh (lac) da Palü et ses eaux vertes, la ligne ferroviaire qui monte en lacets vers la Bernina Pass. Cette vue perchée du réseau ferré offre l'impression de se pencher sur la belle maquette paysagère d'un train électrique de rêve ...

9h30-10h30 site splendide du Rifugio Sassal Mason (fermé). Je m'étale ...
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Les meilleures choses ont une fin et je repars à 10h45. Je suis pour une fois bien sur mon itinéraire prévisionnel, mais maintenant sur une section "de liaison" qui me fait redescendre de 600 m D- vers le village de Cavaglia, d'où je dois emprunter une route / piste avant de pouvoir retrouver la "vraie" montagne d'ici quelques heures.

11h03 Joubarbe
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Quand j'arrive au bas de la 1ère session de descente jusqu'au niveau du lagh da Palü, je croise un randonneur (francophone) dubitatif face au panneau d'indication de directions. Il me demande si le sentier d'où j'arrive mène bien à l'ancien refuge, ce que je lui confirme, en lui indiquant que les derniers mètres sont ici un peu chaotiques, mais qu'au-dessus c'est un très bon sentier. Il me dit être monté par l'autre versant jusqu'au lagh da Caradin (au pied du glacier) par l'autre versant, voulant de là faire le tour du vallon, mais que le chemin ayant été emporté il a dû tout reprendre dans l'autre sens ... Il s'engage à la montée après notre discussion, mais je le verrai faire demi-tour, ayant sans doute renoncé à ses plans ...

11h23 quelque chose qui cloche
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11h25 Lagh da Palu, ultime vue arrière vers le Vedretta (glacier) di Palu
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Seconde session de descente assez directe le long du torrent qui cascade depuis le lagh da Palü. Je croise de plus en plus de randonneurs à la journée, car je me rapproche du village de Cavaglia et de sa gare ferroviaire qui débarque ses flots d'estivants. Je passe devant les restaurants et buvettes  du village, puis profite de la scène photogénique de l'arrivée du train en gare.

11h59 Cavaglia
moi aussi je veux sauter à la corde ...
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12h02 train de montagne dans son environnement
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Rien de folichon ensuite à suivre la route à flanc de montagne et à travers la forêt. Je peux quitter la route et profiter momentanément d'un sentier qui relie quelques alpages, mais ensuite c'est une large piste en lacets que je n'ai d'autre choix que de suivre. En recherche d'une pause déjeuner sur cet itinéraire interminable, je me contente du creux d'un trnc d'arbre en surplomb au-dessus de la piste. Il passe quelques véhicules ou cyclistes, mais au moins je peux souffler un peu. C'est aussi à cet occasion que je peux vérifier que la qualité de la recharge de mon téléphone est redevenue quelque peu aléatoire : de fait, mon câble ne charge plus de la même manière selon le sens du branchement, aspect des choses dont il me faudra tenir compte avant de pouvoir le remplacer par un câble neuf.

12h45-15h15 transition en douceur
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Reprenant ma route, je croise un peu plus haut un binôme d'ouvriers (intervenant sans doute sur un chantier sur l'un ou l'autre alpage des environs) en pleine pause déjeuner sur le bord de piste et près de leur camionnette pleine d'outils et matériaux. Nous allons essayer de discuter, eux cherchant à comprendre mon français et moi leur italien. Ils s'intéressent à ma destination et, comme j'ai cessé de mémoriser les détails de mon parcours de chaque jour, je leur cite Maloja comme mon prochain "arrêt" que j'imagine atteindre demain. Leur réaction est dubitative, et ils me citent des noms de cols et des temps de marche que je ne parviens pas à calquer sur mon itinéraire (comme souvent, un col ne porte pas toujours le même nom selon la vallée d'où on le considère). Bref je en comprend spas tout, mais je retiens qu'il me faut prudemment modérer mon optimisme sur mes temps de marche ...

Encore quelques virages plus hauts et maintenant sorti de la forêt, je suis en recherche d'eau et finis par la quémander chez l'habitant lorsque j'ai l'occasion de saluer une dame dans son jardin d'alpage. Elle m'invite gentiment à franchir sa barrière pour me ravitailler à sa fontaine.

15h21 pour ceux qui souhaitent n'aller nulle part, peu importe le chemin ...
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A 15h20 je quitte enfin les derniers chalets d'alpage et la route / piste pour retrouver le sentier. L'itinéraire est très joli mais après tous ces kilomètres un peu usants, j'aurai aimé parvenir au Passo Canfinal plus vite. La montée va me paraitre interminable, par un petit sentier dont le marquage s'efface (littéralement : le panneau indicateur était vierge de toute direction écrite, et la peinture sur les rochers était en voie de disparition).

Marchant un moment dans de longues herbes fines envahissant les abords de l'étroit sentier, je me félicite de ne pas passer là à la rosée du matin ou sous la pluie. C'est en effet aujourd'hui que mes chaussures sèchent enfin ...

16h06 vue arrière sur le lac de Poschiavo
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Je finis tout de même par atteindre le col, y découvrant un nouveau panorama grandiose pour la suite du parcours, toujours autour du Piz Bernina et en-dessous de sa corolle de glaciers. Un caisson orange trône sur ce vaste col herbeux, le bivacco Anghileri Rusconi. Je ne me détourne pas pour le visiter, mais à un horaire un poil plus tardif l'envie d'y passer la nuit y eut été forte.

16h40 Passo Canfinal 2626 m & Bivacco Rusconi (le cube orange à gauche du panneau)
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Dans mon équation personnelle pour ce soir plusieurs aspects s'entrechoquent : je vais arriver à court de vivres, n'ayant pas particulièrement cherché à me rationner. Un repas en refuge permettrait de faire le raccord avec le ravitaillement à Maloja que j'espère atteindre demain soir tard, sinon le lendemain matin (spoiler : je suis optimiste ...). S'il me reste suffisamment d'€ pour des refuges italiens, je n'ai en revanche pas de francs suisses sur moi et appréhende le coup de fusil de la pratique locale du 1 € pour 1 FS ...

La bonne surprise va venir à moi quand, descendant du Passo Canfinal vers l'Alpe Gembré, je vais apercevoir le drapeau italien flottant sur la bergerie principale de ce hameau aux toits de pierre. Je n'avais en effet pas réalisé avoir une fois de plus passé la frontière ... et ainsi résolu mes craintes pécunières !

Il est passé 17h et, bien que quelques nuages chatouillent les sommets, le temps est toujours au beau : je dispose donc de tout le temps de jour nécessaire à encore plusieurs heures de marche. Après le tour de l'extrémité du grand lac de l'Alpe Gera, je prévois néanmoins de faire une nouvelle pause au refuge Bignami, a minima pour faire le point. Je dois en effet poursuivre par un col à 2819 m dont j'ignore la difficulté, et j'ai là mon habituelle hésitation face à un gros obstacle à affronter seul en soirée ...



17h00-17h40 Alpe Gembré
7R0Vq01jd.J27-17.s.jpeg7R0VqZOea.J27-17.s.jpeg7R0VsaT1Q.J27-17.s.jpeg7R0Vtzs4l.J27-17.s.jpeg

J'ai croisé quelques promeneurs descendants à l'approche du refuge, et ceux qui s'y trouvent encore quand je l'atteins à 18h sont les résidents de ce soir. J'entre pour me renseigner sur la place encore possible à table et l'horaire du dîner, et l'on va me répondre que oui, c'est possible, à condition que ce soit dès 18h30 car après ce sont des groupes assez nombreux et le service sera compliqué. Tope-là, et en prime le bivouac sur place ne pose aucun problème, va bene !

18h00 Rifugio Bignami
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La fille qui fait le service vient discuter avec moi pour pratiquer à nouveau son français, qu'elle parle avec l'accent toulousain en raison du temps passé là-bas ! Ce soir auprès de l'équipe du refuge, je suis le "francese" qui traverse les Alpes ... Bonne nouvelle pour mon départ demain matin, puisqu'elle me fait savoir que sa collègue et elle sont de service  dès 5h30, et que je n'aurai qu'à entrer pour prendre le petit-déjeuner.

Après une bonne soupe et des gnochis a la Chiavenna, matiné de desserts roboratifs à base de pâte sablée dont je prendrai une version au citron meringuée, et l'autre au nutella tongue  ... je sortirai enfin monter le Pioulou, m'attendant à une nuit bien fraîche car copieusement étoilée ... Je ne perds pas de temps pour profiter du confort d'une première bouillotte, pas forcément nécessaire, mais tellement agréable ...

20h00 Rifugio Bignami
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En quelques chiffres :

Total J27 :
33 km
D+ 1916 D- 1913
Marche 8h35
km-Effort 56.9

Cumul J01-27 :
964 km
D+ 55 000 m
Marche 281 h
km-Effort 1634


Itinéraire & Progression
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Impression générale :

Eblouissement le matin à la découverte du Piz Bernina sous un ciel d'azur. La journée fut essentiellement un facile itinéraire de liaison jusqu'au pied du Passo Canfinal, qui marque le retour dans la montagne. Soirée agréable au rifugio Bignami dans un panorama splendide, mais (léger) regret d'être resté en-deçà de mon quota de marche et n'avoir pas poussé jusqu'au refuge suivant (Rifugio Carate) au-delà du Col de la Forcella di Fellaria.



voir la vidéo J27 / 29 juillet !
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Dernière modification par Hervé27 (02-12-2021 16:17:35)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#81 03-11-2021 18:46:54

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

J28 vendredi 30 juillet, Rifugio Bignami à l'Alpe dell' Oro : Apex !

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Avec 2°C au thermomètre et surtout beaucoup d'humidité, j'ai fait cette nuit 2 sessions de bouillotte pour améliorer mon confort. Je pouvais faire sans, mais avec la progression dans la traversée et la fatigue accumulée, j'ai peut-être plus de difficultés à me réchauffer dans mon duvet ... En fin de nuit, quand l'intensité calorifère de ma seconde bouillotte se dissipe, j'utilise cette même eau tiède pour rapidement chauffer un capuccino, puis une dosette de décaféiné ...

A 5h du matin tout pile les chiens du refuge libérés par leurs maîtres sortent en aboyant et viennent faire un tour de reconnaissance autour de la tente. C'est l'heure de remballer les affaires, et d'aller profiter de l'offre faite hier soir d'un petit-déjeuner très matinal. Ce sera encore un capuccino, plus 2 gâteaux à la pâte sablée (encore un au nutella et l'autre aux fruits des bois tongue ...).

Je pars à 6h25 avec pour ambition d'être ce soir au plus près de Maloja, pour mon ravitaillement d'une part, me mettre à l'abri d'une nouvelle vague de mauvais temps d'autre part ... Si des orages sont annoncés pour cette fin d'après-midi, je crains surtout des intempéries particulièrement fortes annoncées pour demain après-midi et devant durer 48h hmm ... Pour l'instant le temps est lumineux, malgré quelques nuages d'altitude et de minces filets cotonneux glissant lentement près des sommets

c'est encore gérable pour aujourd'hui ...
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6h29 Rifugio Bignami à l'heure du départ
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1ère étape de ce matin, la montée à la Forcella di Fellaria, qui m'avait rebuté hier soir faute de savoir à quoi m'attendre. Il s'agit en fait d'une montée sans difficulté, si ce n'est l'eau des ruisseaux qui envahit le chemin au niveau de l'Alp Fellaria, située juste au-dessus du refuge Bignami. Je suis au col en 1h seulement, découvrant de nouvelles cimes englacées.

6h45 montée à la Forcella di Fellaria
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7h25 Forcella di Fellaria 2819m
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Je redescends dans l'ombre et quelques gentils névés, et fait la rencontre d'un bouquetin qui rechigne à me libérer le passage. C'est sûr, à cette heure-ci je dérange.

Le balisage de cette portion d'itinéraire va me surprendre, avec des petits catadioptres collés sur les rochers, mais orientés pour n'être vus que dans une seule direction de marche, en l'occurrence la mienne à cet instant. Je fais la supposition qu'ils ont été apposés pour une épreuve de trail ? En tout cas certainement très utiles à la frontale.

7h44 balisage au catadioptre
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Moins de 2 heures après mon départ, je suis déjà au rifugio Carate, et m'y arrête 1/2 h en terrasse et enfin au soleil pour un second petit-déjeuner. J'y discute avec 2 papys milanais, la discussion se faisant en français avec l'un d'eux en particulier, car il a longtemps séjourné en Alsace, non loin de là où je viens d'emménager. Il porte d'impressionnantes bacchantes et rouflaquettes (j'ai l'impression de voir l'empereur François-Joseph !): plus  en accord avec l'image d'Epinal d'un tyrolien que d'un milanais ! Ils ont passé la nuit dans ce petit refuge très convivial, où ils étaient les seuls hôtes de cette nuit. Clairement, j'ai manqué l'occasion hier soir de poursuivre ma progression et de passer là une agréable soirée.

8h15 - 8h50 rifugio Carate
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Pour aller loin ce soir-là, je me suis auto-programmé pour de courtes pauses, et me voilà donc vite reparti. Très vite et après une petite ascension au-dessus du refuge, je tombe en extase face au panorama de cimes enneigées, glaciers, lacs et pierriers ... Je poursuis en effet mon tour du Piz Bernina, et suis ici dominé par les sommets saupoudrés de la neige tombée au cours des dernières journées d'intempéries. Avec la progression et après chaque détour du sentier, les vues se font plus splendides encore : je photographie et filme sans retenue smile ...

9h15 extases ...
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Parti le premier du rifugio Bignami, j'ai été jusqu'ici seul sur le chemin. Je commence maintenant à croiser les randonneurs ayant dormi au refuge Marinelli et arrivant dans l'autre sens. Le chemin s'anime de la vitalité vibrionnante des groupes italiens wink . De pierrier en lac glaciaire, sur un itinéraire bien marqué et plutôt régulier, je fais avec bonheur mon chemin vers le rifugio Marinelli, perché à 2750 m dans un panorama époustouflant. J'y profite quelques instants de ces vues extraordinaires, mais ne marchant que depuis 1 heure après le refuge Carate, je ne peux guère m'attarder plus ...

9h45 Rifugio Marinelli
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A la descente du refuge, je vais croiser un italien, précédé d'un courageux chien à 3 pattes qui remonte gaillardement le sentier. Nous allons essayer d'échanger sans avoir de langue commune. Je crois d'abord qu'il me demande la direction du Rifugio Longoni, avant de comprendre qu'il est en train de m'expliquer que c'est là d'où il vient, tout en me parlant du rifugio Zoia, dont je finis par comprendre qu'il en est le gérant ... Sur ses questions, j'essaye de lui expliquer que mon objectif est Maloja, pour recevoir en signe de tête une réponse réprobatrice :"Domani ! Maloja, domani !", et une forte invitation à m'arrêter ce soir au rifugio Longoni, avec force indications d'itinéraire auxquelles je ne comprends rien (sur l'instant) ... Fort de ma capacité à faire de longues journées de marche, je prends un peu trop à la légère l'avis me donnant Maloja à demain ...

Maintenant redescendu dans le cirque glaciaire et 1h après Marinelli, je trouve mon second spot de pause sur un lit de sable, près du torrent, en un lieu ensoleillé et confortable, et juste avant d'avoir à reprendre de l'altitude en direction de la Forcella d'Entova (2833 m). Sachant la dégradation orageuse de ce soir, il est temps d'étendre les affaires au séchage tant que le soleil est généreux. En effet, les nuages commencent à défiler, et certaines crêtes sont maintenant chatouillées par des filets de brume ...

Je prends soin de me déchausser pour donner un peu de repos et d'aération à mes pieds. Je retire ici mon strapping que je n'avais pas refait depuis de nombreux jours, les symptômes de mon entorse étant maintenant loin derrière moi. Cela n'interdit cependant pas un petit glaçage bienfaiteur dans le torrent ... A noter également qu'à l'approche des 1 000 km, mes chaussures se dégradent : les pare-pierres se décollent, l'accroche diminue et les pieds s'en ressentent, surtout depuis le temps qu'ils sont perpétuellement mouillés ... Il va être temps de mobiliser la paire n°2 !

10h49 hommage aux héros !
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Timing serré oblige, j'évite cependant de trop prolonger l'arrêt et repars rapidement à l'assaut du chemin. Le sentier est bien marqué, chaque intersection pourvue de panneaux aux riches indications de temps de parcours. Je me contente de suivre, sauf lorsque je croise un randonneur à la montée que je renseigne sur la direction du rifugio Marinelli.

Mon tracé prévisionnel n'a ici qu'une valeur indicative : je fais plus confiance à l'itinéraire balisé qu'à ma trace GPS sur écran. Les traces OpentTopo donnent en effet 2 options possibles pour rejoindre la Forcella d'Entova, l'une descendant un peu en vallée avant de remonter vers le col par le vallon, l'autre passant par-dessus la ligne de crête. Avec toujours la marque au triangle jaune que je suis depuis ce matin, c'est avec confiance que je progresse ...

11h30 c'est ici que j'ai dû faire une erreur ...
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11h45 suivre la marque jaune
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Le sentier au dénivelé régulier a laissé place à un simple itinéraire, avec une montée plus raide obligeant parfois à mettre les mains au rocher. Est-ce donc que l'itinéraire balisé est l'option "haute" identifiée sir OpenTopo ? Que nenni, et le temps de vérifier et de comprendre, je réalise que je me trouve sur une 3ème trace, laquelle me mène vers un petit glacier et à proximité d'une grosse bâtisse en crêtes. Je pense que tout-à-l'heure, mon italien avait cherché à m'expliquer de faire attention à ne pas me laisser entraîner par ici ... Quand je comprends mon erreur et que j'ai manqué une bifurcation, 2 options s'offrent à moi : redescendre ce que j'ai mis 3/4 h à monter, ou bien tenter de faire mon chemin vers la bâtisse aperçue, d'où je pourrais reprendre un autre sentier visible sur OpenTopo et me ramenant sur l'itinéraire, évitant à cette "déviation" le caractère d'un grand détour ...

Avec piolet et crampons que je porte depuis Trieste, par les rochers ou par les champs de neige, j'estime ici être en mesure de déborder un peu de ma zone de confort.

12h33 objectif la bâtisse sur la crête
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Par rapport à ma carte le petit glacier s'est bien réduit, et j'estime visuellement pouvoir le contourner par des éboulis de gros blocs. Ces éboulis n'ont cependant été dégagés de la neige que récemment, et une fois dessus je constate que ce sont des éboulis plutôt récents, mélange de gros blocs et de boue. Le retrait du glacier génère de l'instabilité. J'avance avec beaucoup de prudence, m'assurant de la stabilité de chaque rocher où je mets le pied, et me rapproche ainsi progressivement de la crête visée, que je pourrai ensuite longer jusqu'à la bâtisse.

Il me faudra toutefois quitter la solidité (relative) du rocher pour traverser une longue bande enneigée sur peut-être 250 m. La neige y est molle et je n'enfile pas les crampons, mais je les ai positionné à portée sur le haut du sac, au cas où ... La pente n'est ici pas très forte et la neige molle ne me fait pas craindre la glissade, mais j'aperçois plus bas la glace que je veux absolument contourner ...

Le temps s'est maintenant fait bien couvert et le plafond brumeux flotte sur la crête, que j'atteins enfin à quelque distance du refuge. Encore quelques acrobaties sur les grands blocs, et passé un nouveau point haut de la traversée à ~2950 m, je finis enfin par atteindre ce vieux et plutôt vaste bâtiment fermé et rouillé, l'ancien rifugio Scerscen accroché sur son fil de crête.

Sur place et pendant quelques minutes je vais être saisi d'une lourde inquiétude : la redescente est vertigineuse et semble avoir fait l'objet d'effondrements. Je ne vois plus de chemin, et me refuse à m'engager à l'aveugle dans cet à-pic de 200 m de chaos rocheux ... L'abandon du refuge pourrait bien être le fait de ces mêmes éboulements. Je commence à réaliser que je suis peut-être coincé ici, et contemple l'idée que, sans solution et avec le mauvais temps qui arrive, je suis ici en bien mauvaise posture ...

13h30 ancien refuge Scerscen 2935 m... et doutes sur la redescente !
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Je vais toutefois rester calme, et revenir à ma cartographie la plus fine pour identifier le juste point de départ du sentier qu'elle indique. Cela m'amène à me décaler de quelques dizaines de mètres, où je retrouve un marquage ancien que je vais prudemment suivre. Le terrain a été effectivement bousculé, mais de marque en marque et en jouant des pieds et des mains sur les rochers, je finis par rejoindre un sentier en étroits lacets qui me remet enfin dans le (pas si) droit chemin. Ouf !

Si je me fie aux timings qu'indiquaient les panneaux avant que je ne dérive, j'arrive ainsi de l'autre côté de la Forcella d'Entova avec 3/4 h d'avance ! Ma fausse route était riche en adrénaline, mais ne semble pas m'avoir fait perdre de temps !

13h34 Lago d'Entova 2740 m et Forcella d'Entova 2833 m
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La redescente m'a fait sortir de la chape de brume, et découvrir en face le massif du Monte Disgrazia (3678 m et bien mal-nommé). Marchant un temps sur une ancienne piste (militaire ?), bien plus confortable que mes épreuves précédentes, je crois maintenant pouvoir dérouler les kilomètres et heures de marche. Entre moi et Maloja il n'y a plus qu'un col, le Passo del Muretto à seulement 2562 m, et une longue marche à flanc d'ici là. Il n'est que 14h et je me dis que l'objectif reste peut-être jouable avant l'orage.

A hauteur de quelques anciens bâtiments / casernements, un fléchage peinturluré surabondant indique la direction du rifugio Longoni, me faisant quitter la piste pour un sentier. Moi qui croyais les difficultés terminées, je vais peiner dans cette portion, sur une sente toujours plus étroite dans une pente parfois raide. L'itinéraire est malcommode et ne permet pas une progression rapide, et il en sera ainsi jusqu'au dernier mètre avant le refuge Longoni, qu'on atteint à la descente d'un goulet, puis par-dessus un ultime éboulis de gros blocs ... J'y arrive rincé, et il n'est que 15h !

14h40-15h00 arrivée minérale au rifugio Longoni
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Le refuge est petit et, malgré une apparence plus verdoyante que les altitudes minérales d'où j'arrive, son environnement est très rocailleux. Je fais cette observation car je soupèse la possibilité d'arrêter ma journée ici et bivouaquer, si la chose est possible.

Il y a là en terrasse un petit groupe italien qui discute avec le gérant. Je me retrouve vite intégré aux échanges (mon sac attire l'oeil roll ...). Avant de prendre toute décision sur la journée, je m'offre une tarte aux myrtilles / capuccino. Je me sens maintenant bien fatigué, et l'idée d'un sprint vers Maloja ne m'attire plus du tout, l'oeil rivé sur les lourdes formations nuageuses qui tournent. J'interroge le gardien sur les possibilités de bivouac mais me fait mal comprendre : je voulais savoir s'il était possible de planter la tente ici dans l'idée d'arrêter ma journée, mais il m'indique des possibilités dans les "Alpe" plus loin et plus bas, mais toujours sur mon itinéraire. C'est le coup de pouce qu'il me fallait pour me remettre en marche wink .

Je vais ainsi et par étages redescendre des 2400m du refuge à environ 2000m, passant près de belles cascades et magnifiques replats. Remis en train, je suis reprogrammé pour marcher plusieurs heures et laisse derrière moi ces petits coins de paradis. Passé l'Alpe Fora, où les panneaux me donnent le Passo del Muretto à 3h15 de marche (bien plus loin que ce que j'estimais !), le sentier déroule à flanc de montagne boisée, et il est temps de passer en mode de recherche de bivouac. Etonnamment, c'est là que le chemin jusqu'ici perpétuellement inondé par des sources surabondantes se fait sec ... Il suffit de vouloir faire le plein d'eau ...

16h09 Alpe Fora, retour à un peu plus de douceur
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Ainsi à flanc de montagne, les pentes ne se prêtent pas à planter les piquets et il me faut d'abord de l'eau. Ce chemin par essence facile va m'être pénible : sans mon strapping, ma cheville fatigue plus vite, et mes pauses trop courtes de ce jour ne m'ont pas permis de suffisamment recharger les batteries. Je sens aussi que les pieds frottent, et particulièrement les orteils : des ampoules après 4 semaines, ça la fout mal ...

Un peu avant l'alpe dell' Oro, je croise et salue les bergers partis à la rencontre des vaches, puis arrive à un beau collet herbeux, pourvu d'une minuscule cabane en bois (cadenassée) près de laquelle est garé un quad, ainsi que d'une belle fontaine. J'y fait la rencontre d'un randonneur allemand avec qui je discute pendant que nous faisons le plein d'eau. Il a déjà monté sa tente avec sa compagne sur ce très joli site, après être partis de Maloja ce matin. Je me prépare aussi à me poser, mais au vu de la présence des bergers et des marques laissées par les vaches j'ai encore un léger doute. Comme j'entends les cris rameutant le troupeau un peu plus haut, je me doute que les propriétaires du quad vont repasser par ici dans un instant, et décide d'attendre pour leur demander permission  ...

Je fais bien, car s'ils n'ont pas d'objection à ce que l'on bivouaque ici, ils nous font comprendre que c'est aussi le dortoir des vaches et qu'elle  pourraient nous être importunes ! Pas question pour moi (j'ai déjà donné !), mais mon collègue allemand n'a pas le courage de déménager et préfère affronter le tintamarre : bon courage !

Déçu mais avec maintenant le plein d'eau, je continue encore jusqu'à l'Alpe dell' Oro, hameau avec un mélange de bergeries et chalets / résidences secondaires. Beaucoup de prés mais hélas tout est en pleine vue des maisons. J'essaye de demander à deux jeunes ados s'il y a à proximité un coin propice à planter la tente, mais nous avons du mal à nous comprendre : ils me proposent un espace derrière la bergerie entre les 4x4 de l'exploitation ... Bof ! Je décline poliment et m'avance encore.

De fait, je saisis la dernière chance possible avant la bifurcation qui remonte vers le Passo di Muretto. Un pré en pente sous un lacet de la piste, au bas duquel je vais péniblement trouver un petit espace (presque) plat. Le monte l'abri dos à la route carrossable pour préserver mon intimité, mais personne ne passera.

A 19h30 la pluie commence, et à partir de 20h15 c'est l'orage avec de violentes bourrasques. Pour la 1ère fois je suis secoué sous le Pioulou, la toile dos au vent poussée vers l'intérieur. L'abri tient bon, mais je passe au brumisateur avec la pluie soufflée par-dessous la toile. Sur un sol en léger dévers, encore une fois avec une lourde humidité, je ne passerai pas une bonne nuit  sad

Ce soir, entre fatigue et météo, il n'était vraiment pas question d'aller plus loin ! Je suis encore à 4h de marche de Maloja, qui décidément s'avère tous les jours plus loin que ce que j'avais envisagé ... Par rapport à mon estimation pifométrée au début de cette section (au Reschen Pass), je vais y arriver  avec 1 j 1/2 de décalage  ...

18h45 Alpe dell'Oro : au piquet !
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En quelques chiffres :

Total J28
26 km
D+ 1947 D-2409
Marche 10h00
km-Effort 52.0

Cumul J01-28
989 km
D+ 57 000 m
Marche 291 h
km-Effort 1686


Itinéraire & Progression
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Impression générale :
Journée grandiose, rendue encore un peu plus exaltante par mon erreur d'itinéraire. Les chiffres ne traduisent cependant pas le degré de fatigue généré par la difficulté du terrain à compter de cette "déviation". La seconde moitié de journée est marquée par cette fatigue et l'anticipation des violents orages annoncés pour la soirée. Mon ambition de rallier Maloja dès ce soir était exagérément optimiste !


Voir la vidéo J28 / 30 juillet
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Dernière modification par Hervé27 (04-12-2021 13:44:16)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#82 04-11-2021 10:21:33

lenainrouge
Membre
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Bravo Hervé. Quels paysages ! Étonnants, descendant du col vers le rifugio Longoni avec ces pierres levées que tu as prises en photo. Quelle détermination à poursuivre malgré la douleur à la cheville et la météo. Quel beau récit tu nous livre à ton retour. Dis-moi, à plusieurs reprises tu parles d'une bouillotte. En regardant ta liste, je suppose que tu as rempli ta bouteille Cristalline de O.5L d'eau chaude. C'est ça ?

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#83 04-11-2021 10:54:08

Lodewijk
Membre
Inscription : 07-02-2019

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Je donne peu dans la flagornerie, mais merci Hervé smile

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#84 04-11-2021 11:33:38

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut lenainrouge & Lodewijk et merci du passage  smile  !

lenainrouge a écrit :

#632156Bravo Hervé. Quels paysages ! Étonnants, descendant du col vers le rifugio Longoni avec ces pierres levées que tu as prises en photo. Quelle détermination à poursuivre malgré la douleur à la cheville et la météo. Quel beau récit tu nous livre à ton retour. Dis-moi, à plusieurs reprises tu parles d'une bouillotte. En regardant ta liste, je suppose que tu as rempli ta bouteille Cristalline de O.5L d'eau chaude. C'est ça ?

Oui, c'est ma Cristalline qui fait bouillotte. Comme je n'ai qu'une petite popote de 250 ml, je chauffe l'eau en 2 temps et la diffusion de chaleur dure bien 2 heures. Je ne l'ai fait que sur 3 ou 4 nuits combinant froid et humidité au cours du périple. J'envisage d'ailleurs à l'avenir d'augmenter mon emport d'alcool pour ne pas avoir à choisir entre mes cafés de la journée et la bouillotte du soir ... Ceci étant dit, je n'ai chauffé des bouillottes que 3 nuits sur tout le périple, pas de quoi non plus remettre en cause mon choix de duvet estival "light".

C'est aussi une des dernières fois où j'ai ressenti ma cheville comme un handicap, à partir de là je l'ai plutôt vécu comme un "simple" indicateur de fatigue, en résorption graduelle jour après jour.


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#85 04-11-2021 21:02:13

CLeC
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Ouf, ça soulage presque le lecteur de te revoir avec quelques journées de soleil et des chaussures qui sèchent !  wink


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#86 06-11-2021 12:43:02

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

CLeC a écrit :

#632192Ouf, ça soulage presque le lecteur de te revoir avec quelques journées de soleil et des chaussures qui sèchent !  wink

Salut CLeC wink

Le calvaire pluvieux approche de son final ...



J29 samedi 31 juillet, Alpe dell ' Oro à Maloja : Chiavenna Interlude

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la vague d'orage de cette nuit et ma position (point vert), je n'étais qu'à sa périphérie ... (source Blitzortung)7RbjlRZJC.J28-orages.jpeg

Avec la brumisation à l'intérieur de la tente pendant les bourrasques, j'ai bien fait de dormir avec le SOL Escape en sursac. J'ai cependant eu trop chaud avant l'orage ... et trop froid après parce que j'avais transpiré ... Je n'ai pas voulu basculer après la pluie en mode drap de sac pour ne pas rajouter de l'humidité dans le duvet, mais peut-être aurai-je dû essayer. Avec mon campement en dévers, la nuit a vraiment été inconfortable et pas suffisamment reposante après les (belles) épreuves d'hier.

A l'intérieur la toile bien sèche, mais évidemment détrempée à l'extérieur. J'ai encore fait un trou dans mon polycree, je réparerai ça au duct-tape avant le prochain bivouac.

Je décolle à 6h25, avec pour objectif d'atteindre Maloja au plus vite pour :
1) ravitailler
2) réfléchir à la bonne solution pour gérer les très gros orages annoncés pour ce soir et la nuit prochaine, dont je suis l'approche depuis plusieurs jours, et que je préfèrerai ne pas affronter en extérieur ...

06h28 au réveil, le Monte Disgrazia 3678 m
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06h36 Cima di Vezzeda 3301 m ?
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06h37 remontée vers le Passo del Muretto
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Depuis mon bivouac je n'ai qu'à remonter le vallon presque tout droit par une piste facile, mais je réalise vite que je n'ai pas de jus, faute d'une bonne récupération. J'y vais tout doucement, mais mes orteils échauffés de la veille continuent de travailler (à mi-chemin entre brûlures et ampoules) et de peser sur mon moral. La remontée du vallon se fait ainsi lentement, à l'ombre et à la fraîche ...

06h48 Monte Disgrazia encore ...
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07h44 Monte Disgrazia toujours ...
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J'observe les alentours par réflexe, histoire de me conforter dans mon choix de bivouac d'hier soir. En effet, aucun replat accueillant dans ces pentes : j'aurai bien galéré hier soir si j'avais poursuivi dans cette direction ... Et pourtant, je vais repérer une tente installée entre 2 bras du torrent, sur un îlot de rochers et d'herbe dont j'imagine mal comment il pourrait offrir le moindre espace plan (sans compter le risque du torrent gonflé par l'orage !).

La déclivité se renforce un peu à l'approche du col : sans ma fatigue je ne l'aurai même pas remarqué. Décidément je me traîne. Le névé visible de loin juste au pied du col se révèle bien plus gros et profond, mais le chemin l'évite largement. A fin juillet, cette glacière ne disparaitra sans doute pas cet été.

07h45 profond névé avant le Passo del Muretto
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07h56 Passo del Muretto 2562 m, retour en Suisse
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Je suis au col un poil avant 8h, soit 1h30 pour moins de 600 m de dénivelé sur chemin facile ... J'ai fait mieux ... La météo côté suisse est plus lumineuse, mais la descente se fait encore et toujours à l'ombre.

Fini le bon et large chemin, la redescente côté suisse est d'abord assez raide, puis reste chaotique dans de vastes cônes d'éboulis recolonisés par la végétation. C'est casse-pattes et fatigant, j'avais bien besoin de ça, d'autant que je commence à ressentir que l'accroche de mes chaussures faiblit ... La sente étant étroite, je me trempe évidemment les pieds dans le ruissellement et la végétation chargée d'eau par l'orage. L'intermède à pieds secs aura été de courte durée ... Tout au bout de ma vallée j'aperçois Maloja, qui ne se rapproche qu'avec une désespérante lenteur ... Je me défoule en criant à haute voix que j'en ai marre roll  ! Cela me fait rire et me donne un afflux d'énergie cool .

08h40 interminable descente ... j'aperçois Maloja !
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La descente s'adoucit à partir des alpages de Plan Canin, où je retrouve du chemin plus large et (presque) plat, mais souvent occupé de larges flaques ... Je vais bientôt passer au soleil, déterminé à prendre une lumineuse pause d'aération et séchage. A juste titre je vise le lac de Cavloc, dont ce que je vois sur carte me laisse penser que le cadre doit en être agréable ...

Bonne pioche ! Si je me contente d'un banc au débouché d'une plaine herbeuse, et près d'un gros bloc rocheux idéal pour étaler tente, duvet, bivy et polycree, les pourtours du lac sont constitués de criques boisées paradisiaques. Il y a là de multiples opportunités de bivouac, et je salue d'ailleurs un couple encore en cours de démontage, et dont je verrai par la suite la moitié féminine venir piquer une tête de lac en guise de douche matinale. Il n'est pas 10h et le soleil vient à peine de poindre, je trouve l'ambiance encore bien trop fraîche à mon goût : je me contente d'une toilette de chat au bord de l'eau. J'arrive en ville et il faut me redonner une contenance ...

09h15 Plan Canin ~2000 m
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10h30 Lac de Cavloc ~1910m
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Après la pause j'ai le choix entre la piste et le sentier pour rallier Maloja, et choisis ce dernier pour pouvoir parcourir longuement les berges secrètes du lac, me trompant parfois de chemin tant les itinéraires s'entrecroisent. Après le lac et dans la descente, la boue et les rochers mouillés s'avèrent glissants, et je suis finalement content de rattraper la piste un peu plus bas. Il commençait déjà à y avoir un peu d'animation au lac, mais nous sommes samedi, il fait (pour l'instant) beau et je me rapproche d'une bourgade touristique largement desservie par la route ...

Entre ma fatigue et l'épée de Damoclès de la dégradation orageuse, je suis pratiquement résolu à arrêter ma journée à Maloja, pour enfin m'offrir un peu de repos, le 1er depuis Sillian, il y a 17 jours. Etant samedi, l'objectif premier reste le ravitaillement, et une fois en "ville", j'entre dans la toute petite épicerie qui semble être l'unique commerce alimentaire du lieu. Je pourrai tant bien que mal me constituer de quoi tenir quelques jours, mais voilà que je n'ai pas de francs suisses, une réserve d'€ limitée et que je veux ménager, et l'épicerie n'accepte que des cartes de paiement dont la diffusion est limitée à la Suisse (donc pas les CB / Visas !). Pour une station huppée et aussi fréquentée je trouve la chose étonnante ... Je ressors sans rien acheter, car je ne veux pas brûler mes derniers € avec une conversion 1 € = 1 FS comme il m'est proposé, pour des produits déjà très chers en FS ... Je vais tourner un peu pour tenter de trouver une autre offre, mais au-delà du minuscule "centre-ville", les lieux sont constitués d'hôtels haute de gamme et de villas.

On réfléchit mieux le ventre plein, et je me réfugie dans un restaurant pour m'installer en terrasse, et profiter d'une pizza / dessert / café ... Je fais le point des prévisions météo, de mon itinéraire, des possibilités d'hébergement. Ici toutes les adresses sont surbookées et hors de prix ... Sur les sites de réservation, je vois qu'à Chiavenna de multiples propositions bon marché sont disponibles. Va donc pour Chiavenna, et donc la 1ère incartade à une marche continue d'un bout à l'autre de l'itinéraire hmm .

Direction la gare routière à la sortie du restaurant, et une petite heure d'attente pour le bus ralliant Chiavenna. Les guichets sont fermés, je n'arrive pas à acheter mon billet depuis le site en ligne : il faudra donc que je paye dans le bus. Lorsque celui-ci se présente, je me trouve enfermé dans un quiproquo avec le conducteur : il semble que je ne puisse pas payer avec ma CB / Visa (nouvel étonnement ...), et je propose de payer en € mais ici c'est la Suisse, je n'ai qu'à retirer des FS au distributeur (lequel ? j'ai en vain tourné en ville pour en chercher ?) ... En plus de ça, le ticket payé à bord est au double du prix affiché sur le site (certes avec la mention "à partir de ..."). Entendant la conversation, un couple intervient pour me proposer ses FS contre mes €, et sortir de l'impasse ...

Ouf, me voilà à bord ! Mes sauveurs (zürichois) vont être de sympathiques compagnons de voyage sur le trajet de descente, nous en voyons pas le temps passer. Ils doivent descendre à mi-chemin de Chiavenna et je ne veux pas que mon bavardage leur fasse manquer leur arrêt. Quand nous y sommes et qu'ils ne semblent pas faire mine de descendre, je leur signale qu'ils sont arrivés, mais j'avais peut-être mal compris car ils me parlent de l'arrêt suivant ... pour constater ensuite que le bus n'en prends pas le chemin et que c'est moi qui avait raison ... Ils descendront plus bas pour tenter de rattraper la boulette !

13h30 Maloja, gare routière : début de l'interlude ...
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J'arrive à Chiavenna avec un temps qui s'est bien chargé, et déjà tombent de grosses gouttes éparses quand je sors de la gare routière sous une chaleur moite (je ne suis plus qu'à 350 m d'altitude). Je me pointe à l'hôtel avec ma réservation en ligne de dernière minute, pour prendre une confortable chambre et une longue douche chaude ! Tant que l'orage couve mais ne lâche pas, je fais un 1er tour en ville et ravitaille abondamment dans une supérette.

Je ressors en soirée, cette fois sous la pluie, pour dîner solitairement dans une pizzeria.

16h25 Chiavenna: en attendant que ça lâche ... depuis ma chambre d'hôtel
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19h36 je me lâche tongue
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Retour à l'hôtel sous la pluie, les vrais orages n'arriveront qu'au milieu de la nuit. Je vais d'ailleurs me relever brièvement pour profiter du spectacle.

La nuit porte conseil et, au matin, je prolonge mon séjour ici d'une nuit supplémentaire. Il pleut encore ce matin et de nouveaux orages doivent passer cet après-midi, et j'imagine bien que toute l'eau tombée cette nuit aura besoin de temps pour s'évacuer, la violence du torrent au pied de l'hôtel en témoigne.

Je profite de ce jour zéro au petit-déjeuner / buffet de l'hôtel, le midi dans un bar pizzeria, le soir pour un dîner plus haut de gamme à l'hôtel. Entre 2 recharges caloriques, je mets mes notes / photos en ordre, et tire les plans pour le redémarrage de demain ...

ouvrez les vannes !
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Chiavenna entre 2 averses
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Chiavenna, la Mera hier soir et ce matin
7Rblw6zyJ.J29-20.jpeg7Rblxs6GX.J29bis-07.jpeg

Chiavenna, la Mera hier soir et ce matin, mon hôtel le bâtiment blanc au fond à gauche
7RblD6Js3.J29-20.jpeg7RblE9ezD.J29bis-07.jpeg

Chiavenna, Jour Zéro. Après la pluie ...
7RblPFlHc.J29bis-12.jpeg7RblSmKS3.J29bis-12.jpeg


En quelques chiffres :

Total J29 :
15 km
D+ 881 D- 992
Marche 4h00
km-Effort 26.3

Total J01-29
1004 km smile
D+ 58 000 m
Marche 295 h
km-Effort 1712

Itinéraire & Progression : j'ai cassé la ligne continue ...
7Rbmi6b8F.Trace-J29.s.jpeg7RbmjMxBg.Progression-J29.s.jpeg


voir la vidéo J29/31 juillet
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Dernière modification par Hervé27 (11-12-2021 16:10:31)


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#87 06-11-2021 13:05:31

Bilbox
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

J'attends un énième retour d'internet chez moi pour lire la partie ritalienne sur grand écran, porca putana. Je pensais pas que cette partie des Alpes était aussi belle. Merci pour ton récit et ton abnégation face à Dame Rature hmm

Une question,  y a une raison technique pour laquelle tu mets parfois des miniatures ?

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#88 06-11-2021 13:19:08

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Bilbox a écrit :

#632347J'attends un énième retour d'internet chez moi pour lire la partie ritalienne sur grand écran, porca putana. Je pensais pas que cette partie des Alpes était aussi belle. Merci pour ton récit et ton abnégation face à Dame Rature hmm

Une question,  y a une raison technique pour laquelle tu mets parfois des miniatures ?

Salut Bilbox et merci  smile

Aucun motif technique, c'est un choix de ma part pour laisser libre le lecteur d'afficher la photo en 800x600 selon l'intérêt.

J'ai utilisé principalement les miniatures jusqu'à présent pour que le récit soit plus compact à l'écran, mais essaye ici de revenir à une version grand format plus systématique, et c'est vrai que ça a plus de gueule ...


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#89 06-11-2021 14:28:56

Magne2
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Bonjour,je suis avec attention comme beaucoup,quel était ton plan d'origine ?
parce que descendre de Maloja à Chiavenna par bus c'est bien dommage pour le val Bregaglia/Bergell.


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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#90 06-11-2021 15:08:23

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Magne2 a écrit :

#632350Bonjour,je suis avec attention comme beaucoup,quel était ton plan d'origine ?
parce que descendre de Maloja à Chiavenna par bus c'est bien dommage pour le val Bregaglia/Bergell.

Salut Magne2 smile

Le trajet prévu en rouge, et effectivement des regrets ... mais ce n'était pas possible avec les 60 mm d'eau qu'on m'annonçait (à juste titre) pour les 36 h suivantes ...

Rétrospectivement, j'aurai sans doute pu marcher plus loin sur l'itinéraire (mais avec souffrance) et rallier Soglio dans l'espoir d'y prendre un abri en dur, mais j'arrivais à un point de saturation face aux vagues d'intempéries. Il me fallait du repos, quitte à sauter une étape. Chiavenna s'est à ce titre avérée être un séjour bien agréable.

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#91 06-11-2021 15:35:28

Noiky
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Hello Hervé,
Pourquoi ne pas avoir repris le bus en sens inverse pour assurer la continuité de la trace? Ça ne te laissait plus assez de temps pour terminer?

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#92 06-11-2021 16:17:58

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Noiky a écrit :

#632356Hello Hervé,
Pourquoi ne pas avoir repris le bus en sens inverse pour assurer la continuité de la trace? Ça ne te laissait plus assez de temps pour terminer?

Salut Noiky,

A ce stade du récit, je n'ai pas encore décidé de couper l'étape ...

... mais je vais reprendre la réponse faite à CleC :

"Le calvaire pluvieux approche de son final ..."

Réponse plus complète au prochain épisode wink ...

Dernière modification par Hervé27 (06-11-2021 22:00:26)


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#93 06-11-2021 20:39:52

CLeC
Membre
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

En tout cas je continue à être admiratif de ta résilience (même avec cette étape).
Je n'ai eu qu'une fois l'occasion de faire 4 jours de marche sous la pluie (et avec nettement plus de confort quand même : pas en montagne, avec une bonne tente large à double toit, les habits restés à peu près secs grâce à l'armure en goretex), mais même comme ça je ne rêvais plus que d'arrêter à partir du 2ème jour (mais je n'ai pas voulu planter le groupe)...
Enfin bref, tout ça pour dire que je crois qu'à ta place, mon retour au pays aurait été assez rapide...   wink


4981875N - 0698785E - 1761m

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#94 07-11-2021 17:18:29

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

J30 lundi 2 août, Chiavenna au Bivacco Suretta : Ctrl+Alt+Suppr ...

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J'ai payé la note de l'hôtel dès hier soir pour pouvoir partir le plus tôt possible ce matin (on m'a ristourné le petit-déjeuner), et me voilà dehors dès 5h40 dans les rues de Chiavenna. La météo pour aujourd'hui est plutôt correcte, mises à part des températures bien fraîches pour la saison : ma capture d'écran vaut pour Chiavenna à 350 m d'altitude ...

météo acceptable pour aujourd'hui
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Mes pieds se sont reposés après avoir souffert les 2 derniers jours autour du Piz Bernina : j'ai néanmoins protégé mes orteils en les entourant de sparadrap. J'ai aussi refait un strapping pour éviter la fatigue accélérée de ma cheville convalescente.

Je quitte la ville par une série d'escaliers entre les vignes, et réalise bien vite que l'itinéraire que je prévois de suivre ce matin correspond à la Via Spluga, abondamment marquée et documentée. Je préfère démarrer par ce chemin de fond de vallée plutôt que de chercher à rallier au plus vite les crêtes et mon itinéraire initial. Après les fortes pluies et avec les températures basses, je ne suis finalement pas très chaud pour remonter brutalement sur cette portion qui prévoyait un passage au Pizzo Stella à 3163 m ... Je privilégie donc la progression et les kilomètres, avec en ligne de mire d'être ce soir aux alentours du Splugen Pass (2115m)

6h00 départ de Chiavenna au petit jour ~350 m
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Petit agacement du matin avec un bâton qui s'est grippé et que je ne parviens pas immédiatement à décoincer : j'ai négligé de les nettoyer pendant que j'étais à l'hôtel ... Je ne vais marcher qu'avec un seul bâton une partie de la matinée, avant de parvenir à le déployer.

La Via Spluga déroule très agréablement sous les châtaigneraies, remontant les gorges et longeant villages et hameaux, certains abandonnés, d'autres admirablement maintenus ... Je retrouve ici quelque chose de la Corse et de la Castagniccia, ça me donne des envies futures ...

6h23 dans les châtaigneraies
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06h45-7h25 San Giacomo Filippo ~520 m
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Je craignais que le sentier longe parfois la route, mais la répartition des rôles est bien faite : villages et route occupent la rive gauche, et entre 2 villages le sentier remonte la rive droite, et ne traverse que provisoirement à hauteur des lieux habités, pour que les randonneurs de la Via Spluga puissent profiter des hébergements / restaurants / sites touristiques de la rive habitée.

Après 2h30 à reprendre lentement de l'altitude sur ce vieux sentier muletier, souvent pavé de gros galets, ou aménagé de marches, je m'arrête chauffer mon capuccino devant la chapelle restaurée du village (celui-ci ruiné et envahi d'arbres) de Vallesegna. En face se dresse le Sanctuaire de la Madone de Gallivaggio et le village du même nom. Je bénéficie ici de quelques panneaux historiques sur l'histoire du hameau et de sa chapelle, mais aussi d'une belle table de pierre qui me permet une installation confortable.

A noter : de multiples dégâts causés par le ravinement / ruissellement. Des travaux sont en cours en de nombreux endroits pour réparer / consolider la route. Le sentier est par endroit détourné mais est plutôt moins touché.

8h15 Ruines de Vallesegna, chapelle restaurée ~800m
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8h45 Sanctuaire de Gallivaggio
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9h25 Prestone, hameau de Vho (?) 940 m
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9h58 wink
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Après 13 km sur cette jolie Via Spluga, j'arrive à la bourgade plus importante de Campodolcino ~1100 m, d'où je vais bifurquer enfin pour prendre de la hauteur. A travers le village très touristique, j'apercevrai beaucoup de signes du passage récent du Giro / Tour d'Italie.

10h20 Campodolcino ~1100 m
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Un bon raidillon se faufile entre les cascades et dans une luxuriante végétation, pour m'amener à un premier hameau abandonné à l'Alpe Fontana 1500m. Je poursuis encore un peu puis découvre le très joli Piano del Lanzo (1540 m). Il y a là de vieilles bergeries et une belle maison d'habitation, le tout entouré de prés méticuleusement entretenus, et autour d'une petite fontaine bricolée. Personne ne semble résider aujourd'hui dans cette villégiature, je m'y pose donc au soleil pour ma 2ème pause du jour ... Les éléments font hélas se liguer pour me faire écourter cette halte : les températures restent fraîches (pas plus de 10°C, à 11h, un 2 août ...), un vent désagréable m'oblige à m'en abriter derrière un mur et surtout, une ondée inattendue vient me surprendre ...

10h55 vue arrière sur Campodolcino
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11h00 Alpe Fontana, repérez la marmotte en pleine course
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11h15 Piano del Lanzo : malgré les apparences, il pleut (un peu) ...
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Le chemin poursuit ensuite joliment en forêt et pratiquement à niveau jusqu'à la station de Madesimo. Je vous épargne mon discours habituel sur les stations de montagne, que je traverse en 4ème vitesse en quête de vie sauvage ... Je note néanmoins qu'il y a là tous les commerces nécessaires au ravitaillement du randonneur, ainsi qu'à la recharge calorique instantanée (traduction : restos tongue ), et semble-t-il pas mal de solutions d'hébergement. Bref, une étape utile à moyenne altitude dans la logistique d'une traversée alpine.

12h11 arrivée à Madesimo 1540 m
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13h09 ~1700 m la station enfin loin derrière ... et retour dans la montagne !
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Psychologiquement, la sortie de la station marque le retour dans la "vraie" montagne et la fin de l'interlude entamé à Maloja, ça fait du bien. Au bout d'une piste et d'une zone de parking / départ de randonnée, je retrouve du sentier et du dénivelé pour l'ascension jusqu'au joli lac d'Emet (2150m), que l'on atteint par le rifugio Bertacchi. J'ai à coeur de monter d'une traite les 450 m de dénivelé, comme si j'avais peur que mes 36h d'arrêt m'aient ramolli ... Dans la première partie, j'apercevrai plusieurs ramasseurs de myrtilles, certains équipés de peigne. Quand je l'atteins sous un soleil incertain, le refuge Bertacchi me semble très exposé au vent, et il me faudrait m'installer sur son versant ombragé pour être abrité. Je préfère descendre sur la rive du lac pour y prendre au soleil ma 3ème pause substantielle, celle du déjeuner.

Je suis confortablement installé, mais peu après tout un groupe d'italiens s'installe à seulement quelques mètres, avec toute sa chantante convivialité. Au lieu de me gêner, leur bonne humeur, leurs plongeons joyeux dans l'eau glacée et les quelques mots que nous échangeons m'apportent sourire, chaleur et réconfort. Un peu plus loin encore, c'est un large chœur de jeunes ados qui, sans doute dans le cadre d'une aumônerie, répètent à ciel ouvert des chants (plus ou moins) religieux. Viva Italia cool !

13h49 Rifugio Bertacchi 2160 m
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14h52 Lago di Emet, Rifugio Bertacchi sur l'autre rive
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De mon spot de farniente, je peux observer les sommets du Pizzo di Emet (3211 m) et du Pizzo della Palù (3179m), finement saupoudrés d'une neige toute récente ...

Je repars après 1h, et peux enfin récupérer mon itinéraire au Passo di Emet (2296 m) ... alors que je n'avais pas besoin de monter jusque-là roll . Demi-tour donc jusqu'à une discrète bifurcation que j'avais manqué, et une grimpette parfois assez franche sur la ligne de crêtes du Pizzo Spadolazzo (2 cimes à 2722 et 2790 m). Je croise mes derniers randonneurs de la journée qui en redescendent, et commence peu après à chatouiller brume et gouttes de pluie éparses ... Je reconfigure pour renfiler polaire et veste de pluie, que je n'aurai pu quitter qu'assez peu de temps aujourd'hui ...

15h44 vue arrière depuis la montée à la double cime du Pizzo Spadolazzo
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16h18 transfert d'une cime à l'autre du Pizzo Spadolazzo 2722 & 2790 m
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Identifié dans les repérages cartographiques d'hier à l'hôtel, je suis maintenant déterminé à rejoindre le bivacco Suretta (2748 m), au pied du Pizzo Suretta (3027 m) et de son glacier, pour y passer ma nuit la plus haute depuis le départ. Encore faut-il que la météo de plus en plus instable se tienne encore, le temps pour moi d'atteindre cet abri en dur que je me suis promis.

Le terrain est désormais intégralement minéral : sous la brume je peux encore capter de belles vues vers la vallée, mais si je lève la tête j'ai le sentiment de m'élever dans un monde glaciaire. Les névés sont de plus en plus fréquents, larges et profonds. Les sommets qui dominent se perdent dans la nébulosité. Les ondées sont de plus en plus fraîches, et de temps à autre c'est un peu de grésil qui vient me piquer les guibolles. Toujours en short (évidemment), je me dis que sans la motivation d'un bivacco tout proche, je ne serai pas ici ...

16h20-16h40 Lago  Ghiacciato 2520m
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17h00 Pass da Suretta 2580 m, vues contrastées selon qu'on regarde en bas ou en haut
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J'aperçois enfin le bivacco perché sur une épaisse moraine. Ma cartographie me dit de monter pour y accéder par le haut, tandis que ma vision du terrain me dit de viser tout droit. Ce faisant je retrouve un autre marquage montant de la vallée, et me voilà enfin devant ce vieux conteneur rouillé.

A l'ouverture de la lourde porte métallique, une affichette proclame la fermeture des lieux pour cause d'épidémie, sauf en cas d'urgence. J'ai toute autorité pour décréter que je suis une urgence, donc tout va bien wink .

A l'intérieur, confort classique du refuge non gardé : matelas (9 couchages, dont 2 rabattables pour faire place à la table), couvertures en surabondance, ustensiles de cuisine divers, bougies, quelques ressources alimentaires, réchaud (bouteille de gaz à l'extérieur, mais accès cadenassé) et réserve d'eau (pas trouvé de source à proximité, sinon il faut faire fondre la neige), éclairage disponible grâce aux panneaux solaires & batteries ... En prime, du réseau GSM de bonne qualité, qui va me permettre de faire le point météo, communiquer avec la famille et tenter de mettre en œuvre notre prochain RDV logistique pour les prochains jours (prévu au Saint Gotthard dans ~3 jours).

17h30 Bivacco Suretta (2748 m) de loin, de près et de très près ...
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19h55 vue en bas vers le Lago di Montespluga 1900m, et à l'Est vers le Piz Timun / Pizzo di Emet 3211 m
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Après une nuit au chaud sous les lourdes couvertures, et le bruit intermittent de la pluie sur les tôles du bivacco (je ne serai pas étonné qu'il ait aussi neigé), j'actualise au matin mes prévisions météos avant de mettre le nez hors du duvet ...

Pour la suite de la traversée, j'ai beau être habitué, ça fait toujours un coup au moral quand il faut intégrer une nouvelle vague de pluie /orage dans l'équation. Une pluie modérée mais froide est annoncée pour aujourd'hui, suivie demain d'un nouveau déluge d'ampleur plus grande encore que celui essuyé à Chiavenna ... alors que je suis supposé m'engager aujourd'hui dans l'Adula Alpen puis le Groupe du Saint Gotthard ... S'engager dans le massif dans ces conditions est juste impensable ...

pour demain 3 août hmm
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pour le 4 août, c'est cataclysmique sad sad sad
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Ce qu'on ne peut éviter il faut le subir : je ne vois pas d'itinéraire de rechange compatible avec cette météo et la progression nécessaire. M'engager plus avant va me priver de toute option pour être à l'abri dans le plus gros des intempéries ... Je me résigne donc à un nouvel arrêt pour laisser passer le mauvais temps, et je repère que si je redescends par le chemin direct en direction de Madesimo, il y a là un hôtel / gîte offrant des chambres à bas prix (€ 40 la nuit). C'est véritablement un demi-tour qu'il me faut opérer, car côté suisse et de l'autre côté du Splugen Pass, les hébergements sont financièrement inabordables ...

Je redescends au matin sous une petite pluie, allant d'une marque à l'autre dans la brume d'abord, puis par un chemin détrempé, pour enfin atteindre le vaste Lago di Montespluga. Le long de la route sur 1,5 km, je bifurque sur une piste à hauteur du Rifugio Stuetta (j'aurai pu tenter ma chance ici). C'est dans une ambiance irlandaise (islandaise ?) que je traverse un plateau herbeux, pour descendre enfin au refuge Mai Tardi.

J'y prends chambre d'emblée pour 2 nuits, tant la météo d'aujourd'hui et demain est mauvaise. J'ai droit à un dortoir pour 4 personnes, mais pour moi seul pour cause de COVID. On me demande juste de n'utiliser qu'un seul des 4  couchages ... Arrivé à pas 9 heures, je peux même prendre un petit-déjeuner dans la salle de restaurant presque déserte.

3 août, 7h39, redescente au Lago di Montespluga, sous la pluie
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3 août, mon dortoir personnel à  Mai Tardi
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J'appelle mon épouse pour lui faire part des derniers développements, en même temps que j'actualise une fois de plus ma météo. Pour faire simple, s'il est possible qu'une ou deux journées de temps acceptable suivent l'épisode qui vient de m'arrêter, une NOUVELLE violente vague pluvio-orageuse doit suivre immédiatement derrière. C'en est trop ! La coupe est pleine, je viens de me prendre le Pô de chambre sur la tête ...

Je prends une décision radicale : plutôt que de faire ainsi du stop & go entre 2 vagues de pluie, je vais profiter dès demain de l'excellent réseau suisse de bus et trains pour rentrer à la maison, y passer quelques jours, et reprendre la traversée avec la météo qui, semble-t-il, reviendrait au beau dimanche ou lundi prochain (nous sommes mardi).

Mon programme a planté, je viens d'appuyer sur Ctrl+Alt+Suppr sad  !

Vues de ma fenêtre vers Madesino au soir du 3 août, et le lendemain ...
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Ne me reste plus qu'à réserver en ligne mes billets, ce qui s'avère compliqué pour le bus pour cause d'incompatibilité de leurs site en ligne & application avec mon iPhone. C'est ma fille qui m'achète mon billet et me le fait suivre par mail (je n'ai en effet pas envie de risquer la même mésaventure / malentendu qu'à Maloja à la montée dans un bus suisse).

De là, il ne me reste qu'à tuer le temps pour aujourd'hui, prévenir le gîte de mon changement de plan à 1 nuit au lieu de 2, et y réserver une place à dîner. Là je vais faire la connaissance de Nils, motard hollandais parti sur un coup de tête vadrouiller dans les Alpes, alternant bivouac et hébergement. Militaire d'active, il baroude sur pas mal de terrains à travers le monde, et planifie à la fin de son engagement d'aller vivre 1 an d'aventures en Alaska. Nous discutons passionnément sans voir passer le temps, bloquant ainsi le service du restaurant pour nos deux personnes.

Au matin, l'hôtel me renseigne sur l'arrêt de bus en bord de route 1 km plus loin à une intersection. Comme je propose de régler en liquide, j'ai droit à une ristourne wink  ... J'ai le temps du petit déjeuner pour moi, mon bus ne passant qu'à 9h ... Je pars l'attraper dans la brume (encore et toujours), et je vais l'attendre sous une pluie heureusement encore légère ... 1er bus jusqu'à Splügen, puis un second jusqu'à Thusis, d'où j'attrape un train jusqu'à Zürich, un autre jusqu'à Bâle et enfin un dernier jusque chez moi. Grâce à la magie de la ponctualité suisse, ces enchaînements de quelques minutes chacun se déroulent sans problèmes, et je suis chez moi en début d'après-midi ...

En quelques chiffres :

Total J30 :
31 km
D+ 3096 D- 713
Marche 10h00

Total J30bis
8 km
D+49 D- 976
Marche 2h30

Total J01-30 :
1043 km
D+ 61 000 m
Marche 307 h

Itinéraire & Progression
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Impression générale :
Beaucoup de plaisir à re-gravir en une seule journée tous les étages d'altitude, pour finir dans un très bel environnement glaciaire. La météo impossible me fait prendre en deux temps la décision de me mettre à l'abri, puis de suspendre quelques jours la traversée. Je reste persuadé que c'était le bon choix à tout point de vue, mettant une bonne fois pour toutes le mauvais temps derrière moi, au prix d'un itinéraire amputé ... Avec le recul, si j'avais pris cette décision depuis le bivacco plutôt que le gîte, je serai descendu directement vers la Suisse par le Splugen Pass et le village de Splügen, et serait rentré chez moi dès aujourd'hui.



J30 / 2 août en vidéo
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Dernière modification par Hervé27 (15-12-2021 13:38:43)


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#95 07-11-2021 17:32:27

Serval
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Hervé27 a écrit :

#632436J30 lundi 2 août, Chiavenna au Bivacco Suretta : Ctrl+Alt+Suppr ...

Il arrive un moment où trop c'est trop, hein ? J'ai connu ça aussi... mais après le reboot, la machine repart d'autant mieux ! smile

La suite !


(Modification non justifiée = orthographe, typo, etc.)

Trombi | Mes "longues promenades" | Lighterpack 2023
« Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j'ai faits seul, et à pied. » (J.-J. Rousseau)

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#96 07-11-2021 17:52:11

Bebacksoon
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Hello Hervé smile
Une question me taraude...
Si tu avais vu ces conditions météo en rêve prémonitoire  yikes aurais tu changé ton matériel avant de partir?
Un abri double paroi ? Un sdc synthétique ? Un parapluie ? Une goretex pro? un pantalon de pluie etc...
Ou bien, certe le matériel joue dans de mauvaises conditions mais ça ne fait pas tout et que finalement tu ne regrettes pas ton choix, mini et optimisé, pour des conditions alpines plus standard et attendu ?


"La route m'appelle et m'attire. À l'Est, à l'Ouest, au Sud, au Nord.
Ce soir, ici, j'ai trouvé un lit. Demain, je coucherai dehors…" Michel Corringe

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#97 07-11-2021 18:03:55

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

@serval

En effet, la touche reset s’est avérée salutaire !

@bebacksoon

Si j’aurai su j’aurai pas venu  lol !

Ceci étant dit, sur une année La Nina je craignais ces conditions, mais pas question de remettre …

Pas de remise en question du matériel pour autant : j’avais signé pour les Alpes, pas pour l’Islande, et j’ai pu contourner les conditions les plus difficiles pour conserver l’adéquation matériel /terrain/bonhomme.

NB : 2022 s’annonce aussi en mode La Nina, avis aux amateurs !


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#98 09-11-2021 15:32:19

Bilbox
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Inscription : 17-04-2013

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

A propos vu que tu as eu les conditions adéquates  big_smile  qu'est-ce que tu as pensé des OR Versaliner?

En ligne

#99 09-11-2021 16:45:57

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Bilbox a écrit :

#632566A propos vu que tu as eu les conditions adéquates  big_smile  qu'est-ce que tu as pensé des OR Versaliner?

Salut Bilbox  wink

Avis nuancé, je m'explique :

- je n'ai emporté du combiné OR Versaliner que les surgants en Pertex, en parallèle avec une fine couche chaude en mérinos

- en conditions sèches (et froides, naturellement), la combinaison marche bien comme je le voulais pour :

  • secouer / remballer un abri mouillé de rosée bien froide sans me geler les doigts

  • couper le vent pendant la marche

  • garder la dextérité de mes 10 doigts que des moufles ne procurent pas

- en condition de pluie , OK jusqu'à un certain point : j'ai eu beau imperméabiliser les coutures recto-verso, l'eau finit toujours par passer (selon un temps variable en fonction de l'intensité de la pluie : je dirai 2/3 heures sous une pluie fine neutral , et 10 mn sous l'orage hmm ...). L'usure de surface du Pertex par la manutention des bâtons doit aussi jouer sur ce point.

Malgré cette imperméabilité déficiente, il reste l'avantage que 2 couches fines (mérinos + pertex) sont ensuite plus faciles à faire sécher qu'une seule couche épaisse ... J'ai eu l'occasion d'apprécier roll

Bref, combinaison adaptée à la montagne estivale et son averse occasionnelle (les Alpes en juillet 2021 étant une variante un peu extrême ...), mais pour l'Islande je prendrai autre chose.

Donc je garde, jusqu'à ce que je trouve mieux ...

Dernière modification par Hervé27 (09-11-2021 16:47:37)


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#100 12-11-2021 00:34:07

laxmimittal
Membre
Inscription : 23-10-2016

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

home sweet home. smile smile smile

Enfin quelques images de soleil mais, tout de même, quel temps de M...


L.

Dernière modification par laxmimittal (12-11-2021 09:29:16)


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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