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#176 14-01-2022 21:53:21

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut à tous smile ,

Tout allait ce jour-là dans le sens d'un gros chiffrage : le beau temps, la forme, des chemins très roulants ... J'avais envie de voir ce que j'avais en réserve dans le moteur wink !

Par l'Italie et le Val Thuras la montée au Col des Thures est globalement très douce, le dénivelé s'étale sur des kilomètres ... Par le côté France et Le Roux / Abriès, c'est un mur de 900 m D+ depuis la Chapelle de la Montette, mais par un relativement bon chemin en lacets dans la pente herbeuse qui permet de prendre un rythme et de s'y tenir. C'est clair que je ne l'aborderai pas de la même manière avec 15 ou 20 kg sur le dos ...

On peut pratiquement considérer les 3 derniers cols de ce jour comme un seul (Abriès / Valpreveyre / Bouchet), car à très faible distance les uns des autres. Seul le transfert entre Abriès et Valpreveyre exige un peu d'énergie, avec une montée / descente courte mais raide.


Allez ! Je poursuis l'alternance des diffusions écrites et vidéos. Lentement mais sûrement j'approche de la clôture ...

J37 / 14 août en vidéo
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#177 15-01-2022 21:03:11

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Je me sens productif ces temps-ci, alors va pour l'épisode 45 !


J45 dimanche 22 août : Karma Soustra ...


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Pas évident de bien dormir, même confortablement installé, lorsque muscles et articulations doivent se remettre d’un gros effort. La tension nerveuse a du mal à s’évacuer et le sommeil à venir … Petite nuit car couché tard et levé tôt, à 6h30 me voilà dehors encore dans la pénombre. Je n’aurai pas pris le temps de voir le bivacco en plein jour.

Etonnamment pas de courbatures ou de douleurs, mais je m’impose un démarrage très en douceur pour éviter les mauvaises surprises et réchauffer tranquillement le moteur.

Le temps semble avoir tourné, des nuages d’altitude empêchent le soleil du matin de s’imposer. En revanche les vues sont dégagées. Un troupeau massé sur un promontoire attend le jour pour s’égailler dans l’alpage : je suis plus matinal que les ovins … Depuis le refuge le Mont Viso est dans mon viseur, mais ce n’est que plus tard dans la journée qu’il dévoilera toute sa majesté.

06h30 départ du bivacco Soardi
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06h31 Voiles au soleil levant
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06h39 Salamandre de Lanza
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06h47 Seigneur furtif
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07h14 là-bas, le Pô ...
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Le chemin est raisonnablement bon, mais il y faut tout de même 1h30 pour redescendre du Col Bouchet jusqu’à l’Alpe Crosenna, pas moins de 1 000 m plus bas … De là changement de pied, puisqu’il faut remonter assez directement de 400 m par un étroit sentier forestier souvent envahi de végétation. Revenu au-delà de 2 000 m la forêt s’éclaircit, le chemin se fait en balcon sur une pente abrupte, et je peux malgré la nébulosité profiter des belles vues du Val Pellice jusqu’à la Plaine du Pô.

Les kilomètres s’égrènent agréablement en balcon, et après les granges ruinées de Barricate il faut redescendre de 350 m vers le fond du Val Pellice, le hameau de Ciabota del Pra et le refuge Willy Jervis. J’y suis un peu avant 10h00, alors que l’animation touristique de ces lieux fréquentés commence à se faire plus intense.

Le haut du Val Pellice est une large plaine au milieu de laquelle coule le torrent, et le vent aujourd’hui y souffle fort. La piste de terre qu’il faut suivre pour passer d’un hameau à l’autre (Alpeggio Pra, Partia d’Amunt …) est balayée par les rafales qui soulèvent des nuées de poussière. A hauteur d’une fontaine je fais le plein et bifurque pour remonter dans un sous-bois clairsemé, et me pose pour un instant de détente modérément abrité. Déjà 4h que je marche …

Pendant que je lézarde, je m’amuse à regarder passer les groupes successifs de randonneurs. Pas de marcheurs légers, que des gros sacs qui me feraient grimacer de douleur s’ils étaient sur mon dos. Entre eux et moi, qui est finalement le plus courageux ? J’essaye de mémoriser les différents groupes, histoire de voir à quelle hauteur je les rattraperai dans la vallée une fois ma pause terminée …

07h48 au-dessus de l'Alpe Crosenna
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08h00 Carrefour
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08h27 le Col Bouchet et le Bivacco Soardi à la pointe de mon bâton
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08h27 Chemin végétal
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08h31 le Val Pellice descend vers le Pô (en tournant à gauche et vers le Nord)
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08h31 le chemin s'horizontalise, ça déroule !
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08h38 le haut Val Pellice se dévoile
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09h45 Refuge Willy Jervis et haut Val Pellice
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J’expédie le kilomètre et demi de piste qui me reste, puis retrouve avec plaisir le sentier pour la montée au Rifugio Granero. Comme prévu, je commence à rattraper les groupes : 3 allemands puis 2 italiennes, mais comme je discute avec les uns les autres me rattrapent et me dépassent à nouveau, puis inversement …

Le site du Rifugio Granero est décidément bien agréable, perché au-dessus de son superbe lac (lago Lungo) mais je ne m’y arrête pas. Comme déjà indiqué, je n’accorde plus guère d’importance à ma trace prévisionnelle, et c’est désormais la progression dans la traversée qui prime. Pour rallier le pied du Viso j’ai l’alternative du versant italien (très sauvage et accidenté) et le versant français (très roulant). J’opte pour le versant français, mais en le pimentant par la montée au Passo Sellierino (2899m) plutôt que Seillière (2834m), puis un A/R jusqu’au tunnel du Col de la Traversette (2950m, le tunnel un peu blus bas) que je veux absolument voir et traverser.

La montée au Passo Sellierino perd vite tout chemin, mais le balisage et les cairns ne laissent aucune crainte d’orientation. Avec 1200 m D+ ainsi à remonter depuis le fond du Val Pellice et après ma grosse journée d’hier, je n’ai pas autant de jus que les autres jours … Qu’importe, dans cet environnement ma vue porte loin et le bonheur domine !

Juste sous le col je croise un groupe dans l’autre sens, et une petite discussion s’amorce avec l’accompagnateur. La discussion s’engage un instant sur le franchissement des Alpes par Hannibal, et la thèse controversée qui situerait l’exploit au Col de la Traversette. Mon interlocuteur semble bien connaitre ce sujet, et raille l’équipe anglaise  qui supporte cette hypothèse, et dont il attend depuis 5 ans qu’ils daignent publier leurs travaux et les analyses détaillées de leurs prélèvements de sol qui, affirment-ils, appuieraient leur théorie … Bah, l’histoire est belle et en vaut une autre, et comme aujourd’hui je suis là, je vais m’autoriser à rêver de voir ici passer des éléphants …

11h49 montée au Rifugio Granero
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11h49 stèle à la mémoire de l'équipage d'un avion militaire crashé ici. Ceci est une hélice ...
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12h25 Rifugio "Battaglione Alpini Monte Granero" (2377m)
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12h31 Lago Lungo et Monte Granero (3170m)
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12h32 Seillière c'était 2019. En 2021, ce sera Sellierino !
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13h29 Après 1h de franche montée, la Passo Sellierino (2899m) au bout d'un replat
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Au col, le Viso se fait déjà plus imposant que quand je le voyais depuis le bivacco Soardi. Le vent souffle fort, et je ne m’attarde pas pour attaquer la descente. Après 100m de D-, je quitte le temps d'un aller-retour la direction du refuge du Viso pour rallier le Col de la Traversette, pour une remontée lente et désolée dans les éboulis de grands blocs. Il y a pas mal de passage en ce dimanche d’août, et je croise des groupes de toutes nationalités.

Sur le terre-plein à l’entrée du tunnel, le vent souffle fort et s’avère franchement désagréable. Poussé par ce dernier je m’engage dans le sombre boyau … Percé à la fin du XVème siècle, le « Buco di Viso » n’est ni plus ni moins que le premier de tous les tunnels alpins, permettant plus facilement et plus longtemps dans l’année le franchissement du Col de la Traversette,  en évitant les parties à l’époque longtemps englacées et dangereuses (aujourd’hui, tout est très sec et libre de glace en été).

Le violent courant d'air dans le tunnel fait apprécier d'avoir enfilé un coupe-vent !

En débouchant côté italien, je découvre une vue en descente directe vers la plaine du Pô et, surtout, une atmosphère apaisée et sans vent. Je réquisitionne à mon seul profit le banc au pied du panneau d’information, pour une nouvelle pause bienvenue. Comme je me suis loupé dans mes prises de vue du tunnel dans le sens France-Italie, je vous le montrerai ci-dessous  dans le sens du retour vers la mère-patrie.

Revenu côté français, je redescends rapidement le chemin à flanc d’éboulis en direction du refuge du Viso. Un jeune bouquetin et sa mère traversent le chemin devant moi puis s’installent un peu plus haut. A peine passé, je vais entendre un bruit de chute de pierre, puis en me retournant voir un bloc de peut-être 100 ou 200 kg dévaler avec fracas en travers du chemin, là où je me trouvais 30 secondes auparavant …

13h46 du Passo Sellierino, vue arrière sur le haut Val Pellice ...
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13h46 ... et côté français sur le refuge du Viso et l'Asti (3298m) ...
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13h46 ... et bien sûr le Viso (3841m)
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13h56 en vue du Col de la Traversette (2950m)
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14h14 sortie du tunnel en Italie
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14h16 ma pause
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14h16 entrée italienne
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14h54 sortie française
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Rejoindre le Refuge du Viso est plus long que je ne l’imaginais, et le vent toujours froid et désagréable ne me permet pas d’apprécier le cadre autant que je l’aurai voulu. Je reprends de l’eau au refuge, puis poursuis pour remonter vers le Col Valante (2811m). Malgré la fatigue je trouve la ressource pour cette nouvelle montée, pour aller au col présenter mes hommages au seigneur des lieux, encore 1 000 m au-dessus de moi …

Si le Viso à ma gauche m’écrase par sa grandeur, à l’horizon droit devant moi les plans successifs des massifs qui me restent avant l’arrivée sont là. Pas de doute, là-bas tout au fond, voilà le Mercantour vu du Nord …

15h45 en direction du Col Valante
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17h07 vue arrière du Col Valante (2811m) vers la vallée du Guil
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17h10 à ma gauche le sombre Viso
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17h10 devant moi, toutes les Alpes qui me restent
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17h19 toujours lui
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17h42 jusqu'au Mercantour ...
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Tandis que je me transfère du Col Valante (2811m) vers le Colle Losetta (2872m), moyennant un peu de yoyo en déclivité, le temps se fait plus sombre et menaçant : la lumière baisse plus vite que l’heure le laisserait attendre. Tandis que je croise une douzaine de bouquetins en arrivant au Colle Losetta, des gouttes de pluie glacées commencent à tomber, et mes nouvelles vues vers les sommets de la Haute-Ubaye me dévoilent aussi des chapelets de grains en route vers moi …

17h44 Colle Losetta (2872m) : ça se gâte
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17h44 j'ai un grain
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De mon passage ici en 2019, je sais que non loin en contrebas se trouve un abri en pierre où j’avais alors dormi. Je n’ai nulle envie de marcher sous une pluie froide, et je force le pas pour l’atteindre avant que l’averse ne se fasse plus intense. Je voudrais marcher encore ce soir, mais garder des vêtements secs prend le dessus …

J’engloutis bien vite les 300 m D- qui me séparent de l’abri, essuyant une première petite averse. Je l’atteins à 18h, conscient que si je m’arrête un instant ici, j’aurai bien du mal à remettre en marche mes muscles qui vont s’y refroidir … Entre descendre l’interminable Val Soustra sous les averses ou dormir ici, j’opte donc pour terminer la journée et m’arrêter là …

Il y a 2 ans j’avais (mal) dormi ici, le sol de terre battue étant froid et humide. Mon équipement n’est cette année pas très différent, mais je vais en prendre mon parti et anticiper quelques astuces pour améliorer mon confort (bouillotte !). La pluie ne s’installant finalement pas, je vais profiter des 2 heures de jour qui restent pour me laver dans le torrent et rincer mes affaires encroûtées de sel de transpiration. C’est quand même pas mal de, parfois, se poser pas trop tard …

Dans la soirée et dans la nuit, un oiseau fera des aller-retours entre son nid et l'extérieur, ostensiblement dérangé par ma présence ...

Cabane du Val Soustra, dormir à nouveau ici était mon karma !

18h07 Cabane du Val Soustra : mon oiseau perché sur le rocher
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En quelques chiffres :

Total J45 :
31 km
D+ 2365 D- 2448
Marche 9h30
Km-Effort 60.3

Cumul J01-45 :
1 506 km
D+ 93 000 m
Marche 447 heures
Km-Effort 2 632


Itinéraire & Progression
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Impression générale :

De nouveau dans mes traces de 2019, la seule innovation du jour est le segment par le Passo Seillerino (2899m) suivi du Tunnel de la Traversette (Buco di Viso) en A/R. Je voulais aller plus loin que la cabane humide du Val Soustra, mais la peur d'un retournement météo m'a fait me poser un peu plus tôt. Les abords du Viso sont toujours aussi beaux : je n'imaginais pas croiser au loin, et tant pis pour la redite !


Vidéo J45 / 22 août : Col Bouchet - Val soustra
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Dernière modification par Hervé27 (23-02-2022 12:31:46)


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#178 18-01-2022 17:59:34

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour


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#179 18-01-2022 18:35:15

Manche
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Hervé27 a écrit :

#639391J45 dimanche 22 août : Karma Soustra ...
...
Etonnamment pas de courbatures ou de douleurs,
...

lol

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#180 19-01-2022 19:25:54

Etimul
Membre
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Merci Hervé pour cette vidéo du jour 38.
J'ai fait un beau voyage

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#181 23-01-2022 19:05:50

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut Manche, Etimul, merci du passage smile

@Etimul : la fin des récits écrits se rapproche, il faut se préparer au rattrapage des récits vidéos wink


J46 lundi 23 août : Provence, côtes, azur ...

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Pour cette seconde nuit dans l'abri du Val Soustra (après mon précédent passage à l'été 2019), le ressenti aura été moins froid et humide ... Mon couchage est pourtant le même, c'est donc que les conditions devaient être meilleures ... Je ne perds pas de temps au démarrage, et le 1er pas est fait à 6h39 (c'est ce que j'ai noté !).

Dans l'axe du Val Soustra dont j'amorce la longue descente, la Pleine Lune dépassée d'un ou 2 jours descend vers le massif de la tête de Longet (3 177 m). Elle est encore visible lorsque les 1ers rayons du Soleil éclairent les cimes. C'est beau et tranquille ...

Juste en amont des Granges Bernard, je peux saluer de loin un papy bivouaqueur sur lequel j'ai un peu d'avance : il entame tout juste le démontage de sa tente (bon, quand je dis papy, beaucoup pourraient dire la même chose de moi roll ...).

06h41 au-revoir à l'abri du Val Soustra
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06h43 juste avant ...
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06h54 ... et juste après le lever du Soleil
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07h27 à défaut d'être le seul, je suis le premier
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Le chemin déroule, et après 5 km j'atteins la route du Col Agnel à hauteur des Granges del Rio. Je longe l'asphalte sur quelques centaines de mètres, puis emprunte le sentier pour couper un lacet de la route. Un peu de gadoue casse-gueule dans cette portion, j'aurai peut-être mieux fait de suivre le goudron, mais j'aurai manqué une fontaine pour mon plein d'eau ... Je descends en direction du village de Chianale, mais bifurque avant de le traverser pour remonter vers le Col du Longet. Je traverse d'abord les parkings où, à 8h, les randonneurs du jour s'activent avant de démarrer. Petit salut à une bande de retraités soixante-huitards (d'après leur plaque d'immatriculation), et je me mets en recherche d'un pré où je puisse m'étaler au soleil le temps d'un café.

Pendant ma pause, tous les randonneurs précédemment croisés prennent les devants sur moi, depuis mes alsaciens jusqu'au bivouaqueur du Val Soustra. Je fais durer l'arrêt, car la batterie du téléphone est en rade après la fin de journée couverte / pluvieuse d'hier, et mon utilisation imprudente à la fraicheur du matin ... Je prends le soleil du temps présent avant d'avoir à remonter par la forêt, ne sachant ce que j'aurai plus tard ce jour ... Je repars après presque 1 heure pour les 800m D+ qui m'attendent pour le Col du Longet.

Affluence sans excès sur ce chemin fréquenté, je rattrape les uns après les autres les marcheurs que j'ai vu passer depuis ma pause. Le chien d'un couple m'adoptera un temps, préférant mon rythme à celui de ses maîtres ...

Mon papy bivouaqueur du Val Soustra est rattrapé dans la partie la plus raide, encore en forêt. On arrive à échanger quelques mots (il est français), et j'en retiens que son bivouac trop près des vaches n'a pas été des meilleurs. Sa charge étant bien supérieure à la mienne, difficile de faire route commune ... et on se demande pourquoi je suis un MUL solitaire ...

Un peu plus haut, ma galanterie m'amènera à mobiliser mes talents de garçon vacher pour ouvrir le passage à un binôme de randonneuses, mère et fille de ~20 ans, tétanisées par la présence des vaches qui barrent le passage. Je les accompagne ainsi sur 2 lacets, régulant à leur profit la circulation des bovidés lol  !

Plus loin encore, au-dessus des derniers arbres et revenu dans les alpages, ce sont mes retraités alsaciens qui sont à la pause. Je m'attarde un peu avec eux, et il s'avèrera que nous sommes presque voisins ...

09h54 Montée au Col du Longet. Le Val Soustra en face, le Viso tout à droite
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09h54 Montée au Col du Longet : encore 2 à doubler
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L'ambiance montagne reprend plus franchement le dessus à hauteur du 1er lac du jour, le Lago Bleu. J'ai pris les devants sur la "vague" partie du parking ce matin : plus j'avance et moins je croise de monde. En revanche les nuées montent de la vallée : elles n'obstruent pas encore le caractère ensoleillé de cette matinée, mais le soleil n'est plus sans concurrence ... Quand j'atteins le Col du Longet, le Mont Viso a été rattrapé et n'est déjà plus visible. Toute la nébulosité se trouve du côté italien, alors que le versant français éclabousse d'azur.

J'avais d'ici envisagé un passage d'altitude par le versant italien et quelques passages à 3 000 / 3 100 m. La frontière météorologique me pousse à choisir la facilité de redescendre par la Vallée de l'Ubaye : à quoi bon m'épuiser dans les pierriers si c'est pour m'y faire piéger par la brume qui ne peut que se renforcer, au risque de tourner en pluie en fin de journée comme hier ?

10h33 Lago Bleu ~2530 m
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10h55 vue arrière du Col du Longet (2649 m) le Viso s'encapuchonne
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10h56 Col du Longet
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10h56 par là-haut ?
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10h56 ou par l'Ubaye ?
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11h35 par l'Ubaye aux ombres rares !
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La facilité n'interdit pas le plaisir : cette belle vallée dépourvue de toute voie carrossable est un havre de quiétude, en ce jour inondé de soleil. Du col du Longet j'ai plus de 10 km de chemin facile en descente douce jusqu'aux abords de Maljasset. Sur l'heure du midi, je ne laisserai pas passer ma chance lorsque je repère un gros rocher dont une face reste ombragée, qui plus est pourvue d'un confortable renfoncement où je peux m'installer comme dans un fauteuil ! J'y fais ma seconde pause déjeuner-café, et ne quitte les lieux que quand l'ombre s'est trop réduite pour encore me protéger ...

Je repars à 13h sous le chaud soleil, pour m'engager dans la portion plus resserrée de la vallée, où le chemin en balcon au-dessus du torrent est plus souvent raboté par le ravinement. Le contraste n'en est que plus saisissant lorsque je débouche dans le secteur du Plan de Parouart, où le torrent s'engage dans une plaine alluviale. Dans cet axe où la force du courant est amoindrie par l'étalement de son débit sur une large surface, jeunes arbres et hautes herbes ont conquis les alluvions, donnant aux lieux une allure de mangrove ... Dans cette belle lumière les lieux sont enchanteurs : pour un peu je m'arrêtais pour une longue baignade dans l'eau glacée !

Plutôt que de remonter en altitude par le vallon de Chabrière et le Col de l'Autaret (2875m), par où j'étais descendu à mon précédent passage, je préfère pousser plus loin jusqu'aux abords de Maljasset, et remonter par le vallon de Mary que je ne connais pas. Cela m'amène un peu plus près de Maljasset, mais encore une fois sans y passer : un comble en 3 traversées des Alpes !

13h22 Ubaye : portion resserrée
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13h31 Plan de Parouart et la Pointe Sud de l'Eisassa (2971m)
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13h43 Plan de Parouart : des allures de mangrove
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13h55 descente vers Maljasset, vue arrière sur le Péouvou (3232m)
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14h10 aux abords de Maljasset
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A une encâblure de Maljasset, j'oblique à gauche pour remonter enfin dans le vallon de Mary. Malgré les 700m D+ d'ici au col, cette ascension se fera toute en douceur, rendue d'autant plus agréable que les températures seront plus douces avec le retour de l'altitude. J'attrape le bon souffle, et la montée se fait d'une traite, en 1h 3/4 environ. La beauté du vallon m'enchante, je me félicite de cette option de découverte ...

Le chemin est momentanément plus chaotique à hauteur de la bergerie : visiblement, le tracé a été détourné pour que le flot de randonneurs ne vienne pas y fendre le troupeau. Ce n'est qu'un court détour à zigzaguer dans quelques grands blocs, et bien vite le chemin reprend son tracé bienveillant et herbagé.

14h44 montée dans le Vallon de Mary
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14h53 montée dans le vallon de Mary. Vue arrière sur la Tête de Girardin (2876m) et la Pointe Sud de l'Eisassa (2971m). Entre les 2, le Col Tronchet (2661m)
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14h53 montée, toujours
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15h19 Bergerie de Mary 2365m, vue arrière
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15h19 Bergerie de Mary
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15h19 Bergerie de Mary, en direction du Col
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15h46 vue arrière sur (de g. à dr.) le Pic de la Font Sancte (3385m), le Col Girardin (2699m) et la Tête de Girardin (2876m)
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15h46 Dans le sens de la Marche, le Col Mary qui se rapproche en douceur
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Je suis facilement au col à 16h, n'ayant plus croisé que quelques "descendeurs".

La vue vers l'Italie par la vallée de la Maïra est belle, mais sur les cimes à ma droite et à ma gauche l'accumulation de la nébulosité prend un tour plutôt sombre. Le contraste avec l'Ubaye toujours violemment ensoleillée renforce l'aspect sinistre.

Il est encore tôt et je peux espérer marcher encore plusieurs heures. En revanche, entrant maintenant dans le Chambeyron, je dois prendre en compte la perspective d'une fraîche et humide nuit en altitude, sauf à rallier un abri en dur. Cela tombe bien, j'ai dans le viseur le bivacco Barenghi, sis au-dessus du Lac Vallonasse, mais pourrai-je l'atteindre dans de bonnes conditions avec les brumes montantes ? Entre lui et moi, j'ai 3 cols en courte succession (Col de Marinet 2787m, Col Ciaslaras 2948m, Col de l'Infernetto 2783m), les 2 derniers offrant des faces un peu raides ...

Pour ne pas laisser à la brume le temps de me barrer le chemin ou de me faire hésiter, je me lance sans attendre ...

16h04 Col Mary (2637m) vers le Val Maïra et l'Italie
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16h04 Col Mary, vue vers la Pointe Haute de Mary (3206m)
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Je me transfère rapidement et sans difficulté vers le Col de Marinet (150 m D+), pour y reprendre une nouvelle vue éblouie vers le versant français. En-dessous de moi, vallon et lac de Marinet brillent au soleil : j'aurai pu monter par là, au risque d'une irrésistible invitation au bivouac ... Dans l'autre direction, c'est la sombre muraille de la montée au Col Ciaslaras qui me fait face, par-delà un long pierrier. J'y traverse un ultime petit névé, peut-être le dernier sur lequel j'aurai posé le pied dans cette traversée. Je croise aussi mes derniers randonneurs du jour, descendant du col ... Ma fin de journée sera solitaire jusqu'à l'arrivée.

16h12 vue en direction du Col de Marinet sous l'azur français
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16h12 la crête frontière dans les brumes italiennes. Le Brec de l'Homme (3202m) tout à droite, la tête dans les nuages
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16h23 du Col du Marinet (2787m), vallon et lac éponymes
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Je peux maintenant contempler le Col Ciaslaras dans toute sa raideur, qui pourrait en rebuter quelques-uns. Toutefois, avec seulement 100 m D+, la muraille est plus impressionnante que réellement difficile, malgré un sol de gravier où il peut être difficile de garder l'acquis du pas précédent : je suis finalement en haut en à peine 1/4 h ...

De l'autre côté la brume est maintenant bien accrochée : si je peux voir la redescente, les sommets alentours sont désormais invisibles.

16h36 Col Ciaslaras en vue : droit ? Raide ? Vertical ?
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16h49 du Col Ciaslaras, ultime vue arrière
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16h53 du Col Ciaslaras, on replonge de l'autre côté, cette fois avec la brume
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300 m à redescendre dans l'éboulis et le gravier, avant que le chemin ne se stabilise et retrouve son caractère déroulant. Lorsque j'arrive au pied de mon dernier col, l'Infernetto, je suis un moment à la peine pour trouver ma bifurcation dans la brume. Je m'en remets au GPS pour bien me positionner au départ de la trace, et me trouve rassuré par l'abondance du marquage. Montée par les éboulis d'abord, puis par un chemin raide, partiellement aménagé, le long d'un goulet. Toujours à sa place, une bêche est là pour inviter le randonneur empêché à retailler le passage en cas d'éboulement ...

Je suis maintenant totalement dans la brume, et cette montée au petit enfer est réellement sinistre ... mais courte : un gros 1/4 h pour 150m D+

17h22 petit lac juste avant la montée à l'Infernetto
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17h25 l'éboulis d'abord, tant que la brume ne masque pas le marquage
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17h38 je vous avais dit que j'étais content d'être MUL ?
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17h43 Col de l'Infernetto 2783m : je viens d'émerger de par là
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La visibilité est meilleure de l'autre côté, et la suite est maintenant relativement facile sur un chemin presque essentiellement en balcon. Il s'agit de faire le tour de la Cima della Finestra de Stroppia (3034m), pour arriver de l'autre côté au Lac Vallonasse et à mon objectif du bivacco Barenghi. Avec la fin de journée et l'absence de pause depuis mon redémarrage de 13h, la dernière partie un peu en yo-yo me fera un peu grimacer ... Il est temps d'arriver !

17h41 Col de l'Infernetto, double face
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17h42 Col de l'Infernetto : après, ça déroule
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17h54 montagne fantômatique
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17h59 petit lac intermittent, bien rempli pour un mois d'août !
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Juste avant 18h30, donc pas si tard que ça grâce à mes seulement 2 pauses, j'arrive enfin au bivacco Barenghi. Il est déjà occupé ce soir par un binôme français père et fils, lesquels tournent dans le massif, d'un bivacco l'autre. Le bivacco Barenghi est sur un noeud de passage, mais d'autres sont des nids d'aigle perchés sur les crêtes, tel le bivacco Montaldo où ils ont passé la nuit précédente. Avant de partager le repas et la soirée avec mes 2 colocataires d'un soir, je descends vers le lac faire le plein d'eau. Comme à mon passage en 2019, la fontaine près du bivacco est en effet tarie, le tuyau sans doute coupé quelque part en amont dans les rochers ...

Soirée bien sympa, laquelle me fait ressentir plus que jamais le besoin de me resocialiser ... Douceur amère des fins de parcours ...

18h25 Lac Vallonasse 2810m ...
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18h27 ... et bivacco Barenghi 2815m. Au fond, le Col de la Gypière (2948m)
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En quelques chiffres :

Total J46
37 km
D+ 2213 D- 1918
Marche 10h15
km-Effort 62.8

Cumul J01-46
1 543 km
D+ 95 000 m
Marche 458 h
km-Effort 2 695


Itinéraire & Progression
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7TaJLu1wH.Progression-J46.jpeg


Impression générale :

Une très belle journée et une bonne forme. Aucun regret d'avoir choisi le très grand beau temps par l'Ubaye, au détriment (partiel) d'un itinéraire versant italien beaucoup plus exigeant et sous la menace de la brume. La fin de journée de retour dans le massif du Chambeyron était à la fois sinistre et exaltante, étrange mélange ! Je ne le savais pas encore mais ça sera ma dernière grosse journée : une fin de traversée toute en douceur se profile ...


Vidéo J46 / 23 août Val Soustra - Lac Vallonasse / Bivacco Barenghi
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Dernière modification par Hervé27 (25-02-2022 15:02:31)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#182 24-01-2022 08:56:19

brons07
Membre
Inscription : 27-06-2015

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Très belle étape dont je me souviens également, j'avais aussi dormi au bivacco Barenghi avec entre autres des cyclistes italiens, à presque 3000m quand même...ils faisaient du portage mais pas si souvent que ça, les sentiers sont assez roulants dans le secteur.
La plaine de Maljasset surprend quand on descend de la montagne, si plate et alluviale, un changement de décors étonnant.

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#183 24-01-2022 09:54:55

tacheton
Membre
Inscription : 05-09-2018

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Maljasset semble effectivement un lieu "oui mais non"  lol J'avais réservé au refuge mais finalement préféré tailler la route jusqu'a Fouillouse pour voir le cultissime pont du chatelet sur l'Ubaye. Cette partie des alpes (disons le queyras et proches alentours) ont été un vrai coup de coeur, merci de me la remettre en mémoire.

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#184 25-01-2022 20:29:25

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut Brons07, Tacheton  smile

Merci du passage et des commentaires. Le secteur Haute-Ubaye / Chambeyron est une merveille qu'une traversée ne permet pas vraiment de pleinement explorer. Il est ainsi plein de lieux où j'aimerai revenir passer un gros week-end ou une petite semaine, histoire de mieux profiter ... Hélas ou tant mieux, l'envie des grands périples est encore trop forte !

Allez, je vous livre une petite 47ème journée, écourtée par le retour du mauvais temps après une belle série de 16 journées presque toutes estivales.


J47 - mardi 24 août - cellule de dégrisement

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Une bonne nuit sous les lourdes couvertures du bivacco Barenghi. J'ai insuffisamment préparé mon sac hier soir et, ayant dormi dans mon duvet, il faut en passer par pas mal de remballage avant de pouvoir partir. Dans le minuscule vestibule / salle commune, séparé du dortoir par une porte coulissante, je fais du bruit, bien trop à mon goût ... Mes colocataires sont soit trop profondément endormis pour l'entendre, ou trop polis pour rouspéter, allez savoir !

Sorti du refuge à 6h35, je suis dans un épais brouillard. Je ne marche que quelques mètres, me retourne pour une photo, mais je ne vois déjà plus le bivacco !

Après 2 passages à proximité (2017 et 2019) sans être allé le voir, j'opte pour franchir le Col de la Gypière (2948m) tout proche et tenter de contempler le mythique Lac des Neuf Couleurs ... Il en manquera 8, je n'y verrai que du gris, avec beaucoup de nuances ...

06h38 L'Emyn Muil ... Frodon et Sam pourraient tout aussi bien émerger de derrière ces rochers !
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06h49 flore résiliente ...
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06h51 Col de la Gypière : en combien, les nuances de gris ?
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06h57 réponse : 9 "Couleurs", surtout la grise ...
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J'évolue juste à hauteur du plafond de brume, et dès que je m'éloigne du lac en descendant un peu, je retrouve de la visibilité vers le bas, les cimes acérées que j'imagine se perdant dans la nuée ...

Hier soir mes compagnons de bivacco m'avaient dit que 3 autres randonneurs avaient décidé de bivouaquer à proximité plutôt que de partager l'intérieur. C'est peut-être eux (et un quatrième ?) que je repère dans un creux. Les espaces propices à planter les piquets ne sont pas nombreux, et la nuit a dû être bien fraîche et humide. Je ne regrette pas mon choix du bivacco : en cette fin août, à cette altitude (2800/2900 m) et sous cette météo, mon système de couchage pourrait atteindre ses limites ...

7h03 en descendant, je passe sous la grisaille
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7h15 fallait trouver le spot, dans cet environnement !
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7h21 rude paysage
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Jusqu'au Pas de la Couletta (2752m), je reste grossièrement de niveau dans les rochers, quelques névés tardifs et des petits lacs intermittents bien remplis. De là, la vue se dégage vers l'autre versant de l'Ubayette : le temps y reste bien chargé. Il me faut encore attendre pour pouvoir prendre une météo, et tenter de deviner à quelle sauce je vais devoir avaler mon objectif du jour, que je plaçais jusque-là aux Lacs Morgon ...

Je passe ici au large du refuge du Chambeyron, et après le Pas de la Couletta j'entame une série de montée / descente, et la succession des cols et vallées .

7h37 l'Ubayette apparait
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7h44 je passe au large du refuge du Chambeyron
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Non loin les moutons sont en mouvement, les patous sont bruyants et je m'interroge sur les positions respectives de mon sentier et du troupeau. Pas d'interaction canine à prévoir, je passe finalement très au large.

Au Col du Vallonet (2542m), je recolle quelques centaines de mètres à rebours de mon itinéraire 2017, mais je le quitte bien vite en restant sur le GR5 en direction du Fort de Viraysse. Petit tour de piste pour rallier le fort, puis le Col de Mallemort (2558m).

8h19 je recolle à l'itinéraire 2017 ...
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8h48 Col et lac du Vallonet 2524 m
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9h05 à g. la Tête de Sautron (3166m) en arrière-plan et dans les nuées, le Col de la Portiolette (2692m) au milieu, a dr. la Meyna 3067m (sauf erreur, bien sûr)
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9h25 enfin en piste, montée à Viraysse
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9h44 montée à Viraysse, vue arrière sur la Tête des Bréguets (3079m) et un "Col sans Nom" (2641m)
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9h49 incontournable des GTAistes, le Fort de Viraysse ...
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9h55 Col de Mallemort 2558m et Tête de Viraysse 2772m
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Après le Col de Mallemort c'est la grande plongée vers Larche, et c'est aussi le retour du réseau sur mon téléphone. Pas besoin d'un présentateur météo pour expliquer que ça va se gâter, avec quelques beaux orages dès l'heure du déjeuner.

Dans la longue descente je rattrape un hollandais sur une GTA par sections. On discute bien, et je le laisse lorsqu'il retrouve son groupe. On se reverra encore ...

J'arrive à Larche à 11h, où je m'arrête d'abord à l'épicerie, maigrement achalandée mais suffisamment pour subvenir à mes besoins immédiats, agrémentés d'une bonne série de viennoiseries. En ressortant, le temps de traverser le route, je soupèse mes options et prends ma décision : poursuivre d'ici pour remonter le Lauzanier et affronter le Pas de la Cavale avec l'orage qui approche serait déraisonnable : je vais toquer à la porte du Gîte / Refuge, quémander ma place pour cette nuit ... D'habitude les randonneurs arrivent plus tard ... De fait, après m'avoir installé, on me laisse la disposition des lieux, me demandant juste d'informer les suivants que l'équipe reviendra plus tard dans la journée ...

10h16 Plongée vers Larche, l'avenir est gris ... Le Pas de la Cavale est visible, décentré sur la gauche
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La suite est annoncée ...
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13h20 ... elle arrive dans quelques secondes, mais je suis au chaud et au sec !
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J'ai désormais énormément de temps à tuer : douche, lessive, grignotage, sieste, lecture, revue de notes et photos ... Dehors c'est de plus en plus sombre, mon linge n'y sèchera pas et je le rapatrie dans la buanderie. L'orage arrive à 13h30 et durera jusqu'au soir, avec des pauses. C'est au cours de l'une d'elles que je retourne à l'épicerie : à force de grignotage, j'ai vidé la réserve et j'ai faim tongue .

Les lieux s'animent peu à peu : beaucoup n'avaient comme moi pas prévu cet arrêt et reviennent du bivouac qu'ils avaient programmé en altitude. On discute, fait connaissance. Je sympathise ce soir avec Gérard, niçois qui arpente les Alpes du Sud, et Pedro, suisse francophone hyper-mulet (20 kg+ !) qui approche ici de la fin de sa GTA. Assis ensemble au dîner, on va tchatcher jusque tard ce soir ...

Désormais pris par le temps dans tous les sens du terme, je finis par admettre que poursuivre ma traversée par les crêtes ne correspond plus à mes possibilités :
- il me reste au mieux 7 jours pour terminer, et plutôt moins car les dossiers professionnels s'accumulent pour mon retour
- je ne peux pas ne pas faire halte à Valdeblore dans 3 jours, retrouver ma Maman et quelques amis de longue date, raccourcissant encore le temps de marche qui me reste
- j'ai envie de plus de douceur pour les derniers jours, bien loin de la marche forcée qu'il me faudrait m'imposer pour revenir dans un "programme" ...
- demain est encore orageux, pas raisonnable de poursuivre par les crêtes du Mercantour (Morgon, Vens, Ténibre, Rabuons ...)

J'en viens donc à opter pour poursuivre par le facile GR5 au moins jusqu'à Valdeblore (mon chez moi d'enfance), et de là aviser du final en fonction du temps qui me restera (+2 j pour Nice par le GR5, + 4j pour Menton par le GR52, ou autre ?). Avec Pedro, on s'entend pour démarrer de concert demain matin, et je vais même jusqu'à aligner mon horaire sur le sien pour ne partir qu'après le petit-déjeuner : changement de régime !


En quelques chiffres :

Total J47 :
16 km
D+ 528 D- 1679
Marche 4h30
km-Effort 28.6

Cumul J01-47 :
1 559 km
D+ 96 000 m
Marche 462 h
km-Effort 2 723


Itinéraire & Progression
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Impression générale :

Matinée de longue redescente vers Larche toute dans les tons de gris, mais pas sans charme. Le "Near-0" fait du bien au corps, mais aussi à l'âme avec toutes les rencontres faites au gîte. Hélas, toutes ces heures de marche "perdues" rendent désormais illusoire la possibilité de compléter le périple par la fin de parcours initialement envisagée. Les plans vont donc encore changer, et ce sera très bien comme ça !


Vidéo J47 24 août - Lac Vallonasse / Bivacco Barenghi - refuge de Larche
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Dernière modification par Hervé27 (26-02-2022 16:29:46)


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#185 25-01-2022 21:02:16

sjeanmarc
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Sur toute cette partie, on était pas loin. Ce soir là, j'ai dormi au refuge au col de Larche. J'ai vu le lendemain un hollandais qui faisait la GTA en plusieurs années (sans doute le même).
Le 25 août, on a dû passer le Pas de la Cavale pas très loin l'un de l'autre. J'y étais avec le groupe de hollandais.

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#186 25-01-2022 22:32:31

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Tu as alors passé le Pas de la Cavale guère plus d'1/4 h avant moi et Pedro (le Suisse avec qui je vais marcher tout ce jour-là), car nous avons rattrapé les hollandais juste après le Camp des Fourches, et on fera alors groupe jusqu'à St Dalmas le Selvage ! Si tu t'es attardé au col après le départ des hollandais, c'est peut-être alors toi qu'on aperçoit assis en fond d'un bout de vidéo :

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#187 26-01-2022 07:30:22

sjeanmarc
Membre
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Ce n'était pas moi. J'ai quitté le Pas de la Cavale avant les Hollandais. J'ai poursuivi ensuite vers le Pas de Morgon, Vens et j'ai dormi à Rabuons.

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#188 26-01-2022 20:51:12

Canyon83
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

sjeanmarc a écrit :

#640645Ce n'était pas moi. J'ai quitté le Pas de la Cavale avant les Hollandais. J'ai poursuivi ensuite vers le Pas de Morgon, Vens et j'ai dormi à Rabuons.

J'espère que tu as pu te baigner dans cette belle eau limpide ?

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#189 30-01-2022 19:27:41

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut sjeanmarc, canyon83 smile

@sjeanmarc : c'est clair que si on s'était rencontrés au Pas de la Cavale, ça m'aurait motivé pour poursuivre par les hauteurs plutôt que le GR5. A ce point de la traversée, je ne voulais pas m'engager seul sous un possible mauvais temps ...


J48 - mercredi 25 août : Cavale douce

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Au gîte-refuge de Larche (1680m), un petit-déjeuner a été disposé pour nous en avance sur les autres pensionnaires. "Nous", car après ma décision hier soir de poursuivre par le GR5 plutôt que de tenter de rattraper mon "retard" par les crêtes, je fais route commune ce matin avec Pedro, GTAiste suisse. La restauration attablé après le confort d'une nuit sèche sur un matelas me prépare peu à peu au retour à la vie civile ... Sans se presser, nous sommes dehors à 7h45, sous un temps lourd et des perspectives incertaines ...

Malgré sa charge à mes yeux hallucinante, Pedro avance d'un bon rythme sur la piste / route du Lauzanier. Nous n'étions convenus que d'un départ de concert, chacun restant libre d'avancer à son rythme. De fait, entre un jeune mulet suisse bien lesté, et un moins jeune mul français bien léger, l'équilibre se fait bien sur un rythme de compagnonnage très plaisant. On discute, on tchatche, on refait le monde, et sans nous en apercevoir nous avons déjà remonté en à peine plus d'1h les 5 km jusqu'au parking du Pont Rouge (1910m), départ des randonnées dans le vallon du Lauzanier.

8h52 Pont Rouge, on s'engage dans le Lauzanier
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8h52 vue arrière vers le Col de Larche et l'Oronaye
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Toujours à bavasser le long du vaste sentier très aménagé qui remonte le vallon, en 1 h de plus les 5 autres km et 400 m D+ jusqu'au lac du Lauzanier (2290m) sont avalés. Puisque la météo se tient, la pause se fait au bord du lac, à l'endroit où, en 2017, je bivouaquais au 7ème jour de ma 1ère expédition MUL (même si mon sac est aujourd'hui à moins de la moitié de ce qu'il était alors cool ) ...

Pedro redémarre en avant tandis que je finis de siroter un second capuccino. On convient que le 1er qui arrive au Pas de la Cavale (2671m) attend l'autre.

10h56 départ du Lac du Lauzanier
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10h56 en route vers la Cavale
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Pas de grosse affluence en cette fin août et sous un temps maussade. Tandis que je refais rapidement mon retard sur Pedro, j'aperçois un vaste mouvement animal dans le pierrier, où un large troupeau que je crois être d'une trentaine de cervidés (mais ça m'interroge ...) se déplace. Je dis cervidés car avec un pelage brun-orangé, ce ne sont ni des chamois ni des bouquetins, et d'ailleurs les bêtes sont sans cornes que je puisse discerner à cette distance... Il faudra que je croise quelques minutes plus tard un garde du parc pour qu'il m'apprenne que ce sont des mouflonnes : jamais je n'avais eu la chance d'en apercevoir !

Tout à discuter avec le garde, j'ai laissé Pedro filer loin, très loin devant ! Bien en forme après une matinée tranquille et le plein d'énergie de la pause, je me lance à sa poursuite pour tenter de le rejoindre avant le Col, mais, au final, la fable sera sauve et la tortue battra le lièvre ...

Ce n'est qu'après coup, à la lecture de son récit et dans l'avancée du mien, que sjeanmarc et moi réaliserons que nous nous sommes manqués ici de très peu. C'eut été une belle rencontre !

11h38 à la poursuite de Pedro, en vue du Pas de la Cavale
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11h50 Pas de la Cavale : Pedro la tortue-mulet a battu (d'un cheveu) Hervé27 le lièvre-MUL
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11h50 Pas de la Cavale : vue arrière sur le Lauzanier et le Chambeyron
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11h50 Pas de la Cavale : plongée vers le Salso Moreno.  En fond, à g. en direction du Tenibre (3031m, invisible) et le Mounier (2817 m) à dr.
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12h10 sjeanmarc est probablement dans le cadre, en train de remonter vers les Lacs Morgon ...
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Si Pedro optait pour la MUL je n'aurai aucune chance à pouvoir le suivre. Heureusement, ses 20 kg sont un handicap suffisant pour me permettre de l'accompagner sans fatigue. Nous poursuivons donc ainsi notre marche commune, redescendant du Pas de la Cavale et dans le Salso Moreno, dans la direction du Col des Fourches. Dans les vastes replats des alluvions du torrent, nous évoluons avec le troupeau en mouvement, déviant notre trajectoire pour éviter de nous retrouver au milieu de celui-ci avec les patous à gérer. Nous n'apercevrons en réalité que des border-collies, et d'ailleurs le berger veille à la manœuvre depuis une hauteur.

La belle lumière du Pas de la Cavale est derrière nous, et le temps est bien sombre en direction du Col des Fourches (2262m). Le petit raidillon de son ascension me semble bien facile, mais l'est beaucoup moins pour Pedro que je dois cette fois attendre. Tout rentre dans l'ordre  wink !

12h57 au pied du Col des Fourches, ça menace ...
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13h33 Col des Fourches, vue arrière sur le Salso Moreno
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Nous traversons les anciens baraquements du Camp des Fourches, restaurés pour certains et consolidés pour d'autre, après d'importants travaux sur cet ensemble qui menaçait ruine. Des panneaux d'informations décrivent désormais le site, arrêt incontournable sur la route du Col de la Bonette.

De là, je rassure Pedro sur la proximité de Bousiéyas (1890m) et de son bar / restaurant / refuge, avec moins de 300 m D- de sentier à travers l'alpage. Dans cette descente nous rattrapons le groupe de néerlandais que j'avais croisé hier matin lors de la descente vers Larche. Les discussions tri-nationales reprennent en anglais et en français, tandis que nous arrivons au hameau.

Rapide déconvenue, car le bar-restaurant dont nous rêvions est fermé, sa terrasse en bord de route repliée. Renseignement pris au refuge où l'on s'affaire au ménage, le gérant a dû fermer et s'absenter pour cause de COVID ... retour dans le monde réel ...

Qu'à cela ne tienne, nous nous installons aux tables mouillées par une récente averse, chacun puisant son grignotage dans sa réserve personnelle ... Bien vite cependant, la pluie à laquelle nous avions jusqu'ici échappé arrive pour de bon, contraignant chacun à prendre abri où il peut. Finalement les néerlandais optent pour se remettre en marche, tandis que Pedro et moi allons chercher l'abri sous l'auvent du local à poubelle en bord de route hmm , et y finir paisiblement de déjeuner. Nous en repartirons après une pause totale d'1h.

15h10 Bousiéyas à la fin de l'orage, vu du local à poubelles ...
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15h10 Bousiéyas, on repart !
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15h19 Bousiéyas, toujours ...
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Nous rattrapons les néerlandais un peu avant d'arriver au Col de la Colombière (2238m), en ne faisant usage que de la piste pour garder le rythme. Le sentier coupe ici et là quelques lacets, mais nous l'avons négligé ...

Petit débat sur la suite météorologique, avec un sombre orage derrière nous sur la Tête de Pelouse (2922m), l'Enchastraye (2954m), et d'autres, tandis que le précédent s'évacue par le Mounier. Mon avis est que nous sommes maintenant "au clair", et que ça devrait tenir et se dissiper pour notre descente vers Saint Dalmas le Selvage (1500m).

16h31 Col de la Colombière, le groupe néerlando-helvético-français se reforme, l'orage aussi ... mais derrière (vue arrière vers le Salso Moreno et le Pas de la Cavale)
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16h32 Col de la Colombière, l'orage précédent s'évacue par le Mounier
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Avec 5 km et 750 m D-, la descente vers Saint Dalmas le Selvage est très longue. Le chemin est globalement excellent, même si on peut voir ici et là que les évolutions d'un profond ravin a contraint à en changer le cours. J'avais parié sur la fin de la pluie au Col de la Colombière, et bien sûr voilà qu'elle revient à mi-descente. Comme mon habitude est de ne pas traîner dans les portions que je juge désagréable, je préviens le groupe que je prends les devants vers le village, où j'arriverai avec peut-être 1/4 h d'avance alors que la pluie aura cessé.

Nos amis des Pays-Bas s'arrêtent ici, car si j'ai bien compris ils ont une voiture garée ici à la fin de cette section de marche, pour ne terminer que plus tard ce GR5 par section. Ils cherchent place au bar-restaurant, où les strictes règles sanitaires de cette rentrée sont suivies à la lettre : tout le quota des places assises en salle est déjà réservé. Pedro et moi saluons nos compagnons, et reprenons la marche en recherche du bivouac, avec en tête le Col d'Anelle (1739m) où je sais pouvoir trouver spots et point d'eau.

17h43 fin de la très longue descente vers Saint Dalmas le Selvage, sous l'averse ...
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18h06 Saint Dalmas le Selvage, à mon sens l'un des plus beaux villages du Haut-Pays
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Avec moins de 300m D+ par une piste carrossable la montée est bien facile, c'est bien pour ça que je passe par le GR5 aujourd'hui ! Encore en-dessous du col nous apercevons et saluons de la main un couple de bivouaqueurs installés dans un pré, je les apercevrai encore par la suite. Juste en-dessous du col, nous croisons la bergère sous son vaste parapluie, et accompagnée par 3 chiens d'allure impressionnante : un énorme mâtin espagnol avec un collier cerclé de pointes de fer, mais timide (!), un pyrénées plutôt affectueux et un 3ème que je n'ai su identifier. On discute un long moment, elle aime bien échanger avec les randonneurs dans un monde qui ne fait guère de cadeaux, les loups n'étant pas le pire ... Elle nous racontera en particulier comment, malgré les chiens, on leur a volé une partie de leur troupeau l'année de leur installation ... Ayant repéré la Cabane d'Anelle sur ma carte, elle nous indique qu'elle et son mari ont été obligés de la fermer (ils en ont la charge dans le cadre de leur fermage) à force de répétition d'actes de vandalismes ... Je pense à mes Biwak autrichiens et bivaccos italiens, tous impeccables roll ... Elle nous fait cependant savoir que nous n'aurons pas de problème à bivouaquer à proximité, le troupeau étant parqué plus bas ...

Pedro et moi montons encore jusqu'au Col d'Anelle, où la belle fontaine de mon précédent passage (2017) est dans un piètre état, mais délivre cependant son eau avec des manières de geyser : tarie quelques instants, puis un petit filet d'eau, puis un jet puissant, et le cycle recommence ... Avec le plein d'eau, nous redescendons dans un pré entouré d'arbres précédemment repéré, pour installer les tentes au pied d'un large mélèze.

A 20h00 le camp est monté tandis que la nuit tombe vite. Pedro est content d'avoir fait une aussi grosse journée : sans moi il se serait arrêté à Saint Dalmas le Selvage. En revanche il préfère y aller doucement demain matin, tandis que je veux reprendre mon habitude de partir au lever du soleil. Chacun désormais sa route, mais c'était bien sympa, salut l'ami si tu me lis ici smile !

20h00 Col d'Anelle : bivouac franco-suisse !
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En quelques chiffres :

Total J48
34 km
D+1853 D-1795
Marche 9h15
km-Effort 56.9

Cumul J01-48
1 593 km
D+ 98 000 m
Marche 471 h
km-Effort 2 780


Itinéraire & Progression
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Impression générale :

Une journée en binôme d'un bout à l'autre, ça ne m'étais pas arrivé de toute la traversée ! Sous la menace du mauvais temps, le choix de la facilité (et du compagnonnage !) par le GR5 s'est imposé. J'ai certes le regret rétrospectif d'avoir - sans le savoir - manqué sjeanmarc d'un rien, mais j'ai vraiment beaucoup aimé cette journée à un rythme plus léger que mon habitude, et sur du sentier facile qui a permis d'aligner malgré tout un nombre respectable de kilomètres. Les averses de l'après-midi ont été essuyées sans difficulté, et n'ont finalement pas entravé la progression.


Vidéo J48/25 août - de Larche au Col d'Anelle
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Dernière modification par Hervé27 (28-02-2022 17:06:32)


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#190 31-01-2022 13:48:43

tacheton
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Merci encore, c'est là que je prends toute la mesure du fossé qui sépare en terme de condition ! j'étais parti de nuit du refuge de Larche pour arriver complétement cuit a Saint Dalmas, aller chercher le col dans la foulée aurait été impossible (bon il faisait très chaud, ça joue un peu).


D'ailleurs, HAHAHA JE CORRIGE JE M'ETAIS TROMPE D'ETAPE
Tu as
34 km
D+1853 D-1795
Marche 9h15

En ayant juste saint Dalmas col d'Anelle de plus que mon étape , soit +230m et 3/3.5 km en plus.
J'ai
30km
D+ 1600 D-1770

En ... 11h10  lol

7ToNUDqpI.20200914-trac.s.jpeg

7ToNY3tyj.20200914-profil.s.jpeg

En tout cas bien joué pour la météo, avec les orages, je suis toujours un peu flippé.
Et pour Bousieyas pareil passé en journée tout était fermé, seule la fontaine nous a sauvé. C'est un super bon spot et bien isolé, avec des randonneurs mais aussi pleins de cyclistes, je ne comprends pas qu'il ne soit pas un peu plus fourni en resto/bar/mini-épicerie

Dernière modification par tacheton (31-01-2022 14:55:20)

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#191 31-01-2022 14:33:02

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut Tacheton,

C'est ton étape Saint-Dalmas / Roya que tu nous montres, ça peut expliquer les différences de mesure  wink  lol !!

Ceci étant dit, j'avais fait en sens inverse Saint-Etienne - Lauzanier (donc via St Dalmas le Selvage et Bousiéyas) en pleine canicule en 2017 : je titubais dans la montée au Col de la Colombière en plein après-midi, et je m'étais longuement arrêté à Bousiéyas pour me restaurer / réhydrater en terrasse ...

Pour Bousiéyas, il ne faut pas oublier que c'est un hameau coupé du monde 6 mois de l'année ... Il n'a été raccordé au réseau électrique qu'en 1978 !  La route de la Bonette est fermée du 15 septembre au 15 mai ... Il faut vouloir y vivre, sachant qu'il est difficile de faire ses affaires sur cette seule et courte saison d'été. C'est déjà pas mal d'y avoir ce refuge / bar / resto, en espérant qu'il aura finalement survécu à ces 2 années compliquées ...


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#192 31-01-2022 14:58:04

tacheton
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Ah ah la blague, gouré de journée lol , du coup je remplace et effectivement on est raccord ! Je me disais aussi...
Bon ce n'est pas super important mais j'ai laissé le message pour pas qu'un lecteur soit perdu.

Je ne savais pour Bousieyas, la route me faisait penser a un hameau accessible. Ceci explique cela.

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#193 31-01-2022 17:52:21

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

@tacheton

Quand je dis coupé du monde, je veux plutôt dire que quand la route de la Bonette est fermée Bousiéyas est au mieux un terminus et ne voit plus tout le passage de la belle saison ...

Rien de pire que la chaleur pour rendre une étape interminable ... Le temps que tu donnes (les 11h10), c'est bien le total des heures de marche, pauses déduites ?


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#194 02-02-2022 19:02:17

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

et la vidéo d'une autre journée où sjeanmarc et moi nous sommes manqués de peu ...

J39 - 16 août : rifugio Guglielmo Jervis - Bivacco Gias Nuovo
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#195 03-02-2022 20:17:47

Hervé27
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

J49 - jeudi 26 août - Retour aux sources

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Je laisse le jour me réveiller et me presse moins qu'à l'habitude, n'étant prêt au départ qu'à 7h30. Pedro est encore au fond de son duvet et ne prévoit de démarrer que lentement ... Mon plan est d'avancer rapidement pour arriver raisonnablement tôt demain à Valdeblore, où m'attendent famille et amis, afin d'y profiter d'un arrêt substantiel avant de poursuivre vers la mer : il me restera alors 4 jours pour finir et rentrer en Alsace, et la seule cible à ma portée est Nice par le GR5. J'avais d'autres plans à l'origine, mais il faut bien s'adapter.

Le cas échéant, je propose à Pedro le gîte et a minima le couvert à Valdeblore où ma maman veut bien l'héberger, selon le timing de son passage entre demain soir et après-demain. Sans qu'il ait encore émergé de sa tente, on se salue et échange nos numéros de tél, avec encore l'option de se croiser tout-à-l'heure à Saint-Etienne de Tinée où je prévois de faire une pause-boulangerie & supérette tongue . J'engloutis mes réserves de plus en vite, ces temps-ci roll ...

Le temps est magnifique, totalement dégagé. La journée s'annonce belle ...

7h38 Lune gibbeuse à la descente du Col d'Anelle (1731m)
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7h46 descente du Col d'Anelle
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Le sentier de descente du Col d'Anelle vers Saint Etienne est bien roulant, je suis "en ville" dès 8h30, après un peu plus de 4km et ~600 m D-. Je m'approvisionne en viennoiseries, puis m'installe sur un banc pour les déguster avec le capuccino que je me fais chauffer. Après ça, je double par la supérette où je prends de quoi me faire plaisir pour aujourd'hui et demain ... Je traîne encore un peu, le temps pour Pedro d'arriver pour son propre passage par la boulangerie : nous pouvons ainsi nous dire au-revoir plus formellement wink  !

A 10h00 je quitte Saint Etienne, longeant un moment l'ancienne et étroite route départementale, aujourd'hui déviée par la menace de l'énorme glissement de terrain de la Clapière ...

10h03 je repars de St Etienne de Tinée
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10h24 vue arrière vers St Etienne de Tinée
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10h24 le glissement de terrain de la Clapière, en voie de reboisement naturel
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De mon passage à la fin d'une très longue journée en 2017, je me souviens d'un raide sentier pour relier le fond de la Tinée à la station d'Auron. En meilleure forme physique qu'à l'époque et avec la fraîcheur du matin, je n'aurai pas trop de difficulté à avaler cette montée, m'amusant à y compter plus de 40 lacets dans la portion la plus abrupte. Je traverse Auron sans m'attarder plus que pour un plein d'eau : je quitte mon habitude de me contenter d'un 1/2 litre, les points d'eau s'espaçant dorénavant ... Je prends 1 litre dans la Platypus en plus de mon 1/2 litre à la bretelle, histoire de pouvoir gérer une belle pause avec vues ...

Je presse le pas pour quitter la partie aménagée de la station, croisant pas mal de monde en cette belle journée ensoleillée. Sur un pré à la limite du village, j'aperçois le jeune couple qui avait bivouaqué un peu avant nous en-dessous du Col d'Anelle.

Passé le bas des pistes et dans la montée au Col du Blainon (2007m), d'une dame que je croise en sens inverse, je recevrai un "bon courage, moi je fais demi-tour !" ... Un père suivi d'une ado récalcitrante me demandera si le chemin de retour vers la station est encore long, espérant visiblement une réponse encourageante ... La montée par la forêt au Col présente zéro difficulté, mais peut paraître longue à ceux qui croient n'en avoir que pour 1/4 h ...

Arrivé au col un peu avant 13h, je vais m'y trouver un magnifique spot : à l'ombre d'un bosquet de pins pour moi et mes victuailles plaisir, au grand soleil pour tout mon couchage au séchage. Les vues sur les crêtes-frontières d'un côté, le massif du Mounier (2817m) de l'autre, sont splendides ...

13h27 vue arrière depuis le Col du Blainon. Tête de l'Enchastraye (2954m), dernière cime à droite. L'échancrure arrondie à sa gauche est le Pas de la Cavale (2671m)
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13h27 Col du Blainon. Une fois de plus, je m'étale ...
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13h27 Col du Blainon. Là-bas devant, le Mont Mounier (2817m)
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Le couple de marcheurs aperçus à Auron arrive au col quand j'en repars. Je les encourage à s'avancer sur la crête pour aller prendre la vue ... Ils me rattraperont un peu plus bas dans la descente vers Roya. Elle est allemande et lui néerlandais, tous deux sur un GR5 (lui depuis les Pays-Bas, elle via les Vosges depuis Wissembourg) nous nous retrouverons encore à plusieurs reprises aujourd'hui. Après m'avoir aperçu hier soir avec Pedro, ils me demandent ce que j'ai fait de mon fils lol !

En ce début d'après-midi sur cette pente exposée au chaud soleil, il y a de quoi transpirer avant d'arriver à Roya. Pour une fois la jeunesse prime, après un arrêt à un point d'eau inespéré (un abreuvoir à vaches), je suis obligé de laisser filer les tourtereaux qui cavalent plus vite que moi dans cette descente. 

14h01 descente vers Roya, sous un chaud soleil ...
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14h07 un incendie dans la Tinée, juste au-dessus du village d'Isola
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14h23 ancienne chapelle dans les alpages au-dessus de Roya
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Je rêve pour ce soir d'un beau bivouac d'altitude étant donné ce grand beau temps, avec cependant l'appréhension de la longue et grosse montée depuis Roya aux abords du Mounier (~1100m D+), je ne suis pas très sûr du point que je suis susceptible d'atteindre d'ici la tombée du jour ... Je ne reprends à Roya que l'eau nécessaire, sachant pouvoir compter sur une utltime petite source avant le Col de Crousette pour le plein du bivouac ...

15h11 passage express à Roya. L'ancienne école, aujourd'hui refuge
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15h18 vue arrière vers Roya
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15h42 Cascade dans le vallon de Sallevieille
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15h42 montée dans le Vallon de Sallevieille
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Me voilà parti en milieu d'après-midi et encore sous la chaleur dans le vallon de Sallevieille, comptant sur la prise d'altitude pour retrouver de la fraîcheur et un surcroît d'énergie. J'adopte un rythme mesuré pour éviter de transpirer inutilement. A l'abord des bergeries, je retrouve mon binôme à la fin d'une pause au bord du torrent. Ils repartent devant moi, je pense ne plus les revoir. Gardant le rythme, je vais cependant progressivement rattraper le néerlandais, seule l'allemande gardant une avance sur moi ...

Au bout du vallon, quand le chemin se raidit pour franchir les barres rocheuses, je rencontre le berger (et ses chiens) avec qui je discute quelques instants. Lui-même bivouaque un peu plus haut près de son troupeau plutôt que de dormir dans sa cabane. Comme il prévoit lui aussi de faire son plein d'eau à la petite source, je prends les devants avant qu'il ne quitte son poste d'observation pour avoir le temps de remplir mes contenants à ce mince filet d'eau sans devoir le faire attendre ...

Je finis par retrouver le piquet métallique qui canalise le petit filet d'eau glacée là où elle jaillit de la pente : il me faut d elongues minutes pour bien remplir ma Platypus, d'autant que je ne peux résister à l'envie de boire de longues gorgées rafraîchissantes. Le plein fait pour le bivouac, je libère les lieux quand le néerlandais m'y rattrape.

16h59 vue arrière sur le Vallon de Sallevieille
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16h59 lent plein d'eau à l'ultime source pérenne
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17h07 ne pas manquer ce mince filet d'eau ...
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Un peu plus loin le troupeau est en mouvement dans les pozzines des Laces, plutôt à sec en cette fin août malgré la pluviosité de cet été. J'aperçois le bivouac du berger un peu à l'écart, le spot doit être sympa bien exposé au soleil du soir cool . A contre-courant je croise ovins et caprins, puis m'engage dans la dernière portion bien aride et rocailleuse en direction du Col de Crousette (2480m). Mon rythme est plus lent avec ma charge d'eau, mais la montée est finalement facile.

17h09 les Laces, au pied du Mounier et du Col de Crousette
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17h14 tu veux ma photo ?
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17h47 vue arrière du Col de Crousette. Le Pas de la Cavale au fond à gauche, les crêtes du Mercantour et le Ténibre (entre autres ...) en face
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Encore un effort pour atteindre la stèle Vallette (2585m), où mon allemande patiente au soleil avec un livre, profitant d'un imprenable panorama. Je pense qu'elle s'attendait à voir arriver d'abord son néerlandais ...

Depuis ici, sans la nébulosité du littoral la mer serait visible, pour la 1ère fois ... En fait, c'est une autre émotion qui m'atteint après presque 50 jours de marche : droit dans l'axe du chemin qui descend par la crête lunaire du Démant, ce sont les hauteurs de Valdeblore, "ma" vallée, que je vois droit en face. J'arrive chez moi ...

Il est à peine passé 18h, et avec mon plein d'eau j'hésite entre 2 options. L'une serait d'aller bivouaquer au Petit Mounier (2728m), ou bien dans le relatif replat entre Petit et "grand" Mounier. L'autre est de marcher encore, m'avançant un peu plus et permettant d'arriver plus tôt demain à Valdeblore. C'est cette seconde version que je choisis, laquelle permet aussi un bivouac un peu plus bas et un peu moins froid : avec ce ciel totalement dégagé, la nuit va être fraîche ...

C'est donc parti sur le long chemin très roulant qui descend vers le Col des Moulinés (1977m), et sur lequel je vais faire la course au réseau téléphonique (pour avertir de mon arrivée demain plus tôt qu'envisagé), ainsi qu'avec l'ombre du Mounier qui s'allonge. Je voudrais en effet trouver un spot de bivouac resté aussi longtemps que possible au soleil, pour optimiser ma gestion thermique. C'est qu'on devient frileux avec l'âge ...

Au bout d'1 heure et un peu au-dessus du Col des Moulinés, je vais aller explorer une petite éminence à l'écart du chemin, pour y trouver un superbe spot. Je suis encore un au-dessus de 2 000 m, le ciel est toujours aussi dégagé, les vues sont imprenables, l'herbe est moelleuse et les piquets s'enfoncent sans obstacle. Les hauteurs de Valdeblore sont encore visibles depuis l'ouverture de l'abri : pour le meilleur et pour le pire, je commence à réaliser que la fin du périple est proche ...

18h05 depuis la Stèle Vallette, droit devant et plein centre de l'image, "ma" vallée ...
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19h13 à la fin de ma course avec l'ombre du Mounier, juste avant le Col des Moulinés
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19h32 au pied du Mounier, catégorie "mes plus beaux bivouacs"
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En quelques chiffres :

Total J49
32 km
D+2201 D-1895
Marche 8h45
km-Effort 57.3


Cumul J01-49
km 1 625
D+ 100 000 m (!)
Marche 480 h
km-Effort 2 837


Itinéraire & Progression
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Impression générale :

Une journée magnifique qui peut me donner des regrets de n'avoir pas suivi hier les crêtes du Mercantour sur la frontière ... mais n'est-ce pas d'ici que je les voyais le mieux ? La progression facile sur le GR5 est physiquement et nerveusement reposante, je suis en croisière ! Le bivouac avec vue sur les hauteurs de "ma" vallée est chargé d'émotions ...



Vidéo J49/26 août : du Col d'Anelle au Col des Moulines
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Dernière modification par Hervé27 (01-03-2022 19:19:13)


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#196 03-02-2022 22:34:17

Clem_Ly
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Inscription : 27-08-2020

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut Hervé !

Je rattrape enfin ton récit, c'est un plaisir de suivre tes aventures qui ne manquent pas de rebondissements smile

Et bravo pour cette narration détaillée sur un si long périple.


Edit sans précision = correction de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, mise en forme, etc.

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#197 04-02-2022 18:42:35

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut Clem_Ly  smile

Au cœur de l'hiver j'ai encore l'âme en été  cool ! Cela m'évite d'encore trop gamberger sur la suite ...


et une vidéo de plus :


Vidéo J40 - 17 août
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#198 05-02-2022 20:44:56

azerty
[i]RL
Inscription : 08-01-2018

Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

salut Hervé, j'ai raté quelques passages du récit mais c'est vraiment impressionnant, bravo. au 49 ième jour je reconnais enfin quelques lieux  big_smile  à bientôt.


«L’humain mène une guerre contre la nature. S’il gagne , il est perdu» – Hubert Reeves

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#199 06-02-2022 14:25:07

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Salut azerty  smile !

Bien occupé par cette rédaction, j'ai moi aussi manqué pas mal de récits ...


J50 - vendredi 27 août - Au pays des vertes années

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Après une belle nuit sèche, je constate s'il en était besoin à quel point le lever du jour s'est décalé depuis mon départ : les lueurs de l'aube n'apparaissent qu'un peu avant 6h et pour un lever à 6h49, tandis qu'au 1er jour à Trieste le soleil se levait à 5h19 ... L'été s'est avancé, et je me suis décalé à l'Ouest ... 1h30 de jour en moins le matin, 40 mn le soir, ça fait tout de même 2h10 de lumière disponible en moins ... De fait, j'ai maintenant droit à des grasses matinées !

5h58
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La météo est toujours aussi belle, sans un nuage dans le ciel. Je remballe sans me presser, et démarre pile au lever officiel de l'astre du jour, même si pour moi à cet instant il reste caché par les lignes de crêtes du Mercantour. Je redescends de ma petite éminence, et rattrape le chemin en direction du Col des Moulines (1981m), tout proche.

6h48 Le soleil va percer, par-delà les crêtes du Mercantour et les Portes du Longon
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par là, la Mer ...
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06h49 le Mounier avant les 1ers rayons
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06h58 Col des Moulines, le soleil a percé !
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06h58 Col des Moulines, en direction de Beuil
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06h58 Col des Moulines : le Mounier au soleil
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A la descente je m'enfonce dans l'ombre et la fraîcheur tandis que les sommets s'embrasent de lumière. J'ai en tête pour aujourd'hui de ne pas traîner, car le chemin est facile et je le connais bien d'une part, j'ai hâte d'arriver à Valdeblore retrouver famille et amis d'autre part pour un dernier repos.

Toutefois, je suis troublé par les messages que je reçois via WhatsApp : on me félicite déjà pour mon arrivée, alors que je prévois encore 4 jours ... Je réalise alors qu'hier soir, j'ai employé le mot "arriver" dans un message concernant mon passage à Valdeblore ... et chacun a compris que je m'arrêtais là !

Mais non  ?!?

Mais ...

Mais en fait ...

Mais et si ...

Et puis pourquoi pas ? Finalement, arriver parmi les miens au pays de mon enfance n'est-il pas la meilleure façon de finir ? Avec le temps qu'il me reste, le plan initial de poursuivre par les Monts Ligure est désormais hors de portée. Menton serait vraiment limite en temps, et je l'ai déjà fait 2 fois ... Seule l'arrivée à Nice resterait réaliste, mais je n'en ai pas très envie. Et c'est ainsi que j'ai déplacé les poteaux de l'arrivée, pour mon plus grand bonheur : entre un final solitaire dans une métropole surchauffée, et le retour au pays des vertes années, ma traversée a trouvé tout son sens dans cette décision d'en finir dès aujourd'hui ...

Libéré de la contrainte d'une fin trop lointaine pour le temps dont je dispose, je vais dévorer ces dernières heures, là où d'autres les aurait savourées ...



Au pied du Col des Moulines je traverse le torrent du Démant et m'engage à travers l'alpage pour passer au-dessus de Vignols. J'entends le troupeau à la manoeuvre, et bien vite les chiens viennent me reconnaitre, sans m'attacher trop d'importance du moment que je ne m'engage pas vers le troupeau ...

J'ai aperçu quelques instants plus tôt un marcheur, que je rattrape bientôt juste avant la montée aux Portes du Longon. Je reconnais Bertrand, l'un des pensionnaires GTAiste du refuge de Larche, lequel a (mal) dormi aux abords du torrent : froid, humidité, proximité du troupeau ... Nous allons marcher ensemble d'un bon rythme jusqu'à Roure. Tout à l'échange et à la discussion, je ne ferai pas d'image sur cette section.

07h17 au-dessus de Vignols
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07h19 vindiou le bestiau !
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07h26 au-dessus de Vignols, après m'être fait reconnaitre par les chiens, au-dessus du troupeau à la manœuvre
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07h26 Vignols toujours dans l'ombre
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Peu de choses à dire de nouveau de ce secteur très roulant que j'aime beaucoup et que j'ai souvent traversé. Cette année le refuge du Longon était fermé pour travaux : dommage pour les randonneurs, c'est une très bonne table ! Après la descente du Longon et la traversée des granges d'alpage de Rougios, ce sont les kilomètres monotones de la route forestière que nous enquillons, avant de rattraper le sentier à hauteur d'un promontoire pourvu d'une fontaine (et d'un parking ...), superbe spot de bivouac en ce matin occupé par des campeurs affairés à leur vaisselle ...

Après la fraîcheur de l'ombre en altitude nous retrouvons la douceur en arrivant à Roure, sachant que la suite de la journée sera plus chaude. Mon compagnon de marche d'un matin, ayant lu dans son topo que la descente vers Saint Sauveur sur Tinée est raide, préfère s'engager par la route et faire du stop ... Pour ma part j'essaye de le convaincre que cette portion n'a mauvaise réputation que pour ceux qui l'affrontent à la montée et dans la chaleur, mais rien à faire ... Nous nous saluons ici, et je m'engage par le sentier avec vue plongeant dans la Tinée, 600 m D- en contrebas.

08h49 Un Appolo, que j'arrive enfin à mettre dans le cadre après 50 jours infructueux ...
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10h44 Roure, début de la plongée vers Saint Sauveur sur Tinée
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11h05 fugace vue arrière sur Roure, le village perché
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11h19 approche de Saint Sauveur
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La descente ne prend que 3/4 h par le sentier muletier en lacets, lequel coupe la route à plusieurs reprises. En bas, je traverse Saint Sauveur avec un simple arrêt à la fontaine, apercevant à cette occasion le barda de Bertrand posé à terre contre le mur de la boulangerie ... Son auto-stop ne lui a pas donné beaucoup d'avance sur moi ! Pressé de poursuivre je ne l'attends pas (on s'est déjà dit au-revoir !), puis m'engage pour la remontée en direction de l'Arrivée.

Il est midi et je n'ai toujours pas fait de véritable pause depuis le départ du bivouac : je suis désormais résolu à finir d'une traite, et à raccourcir autant que possible l'exposition à la lourde chaleur de l'après-midi ...

Dans la petite portion de route asphaltée avant de rattraper le sentier qui coupe les lacets, je rattrape un autre jeune marcheur, qui me fait signe de m'engager avant lui car je vais ostensiblement plus vite ... Sachant que les 500 m D+ de la montée vers Rimplas peuvent être pénibles, c'est en réalité à cette intersection que je ralentis pour éviter de me casser les pattes, et de fait nous allons monter ensemble jusqu'au village et sa massive fortification Maginot.

C'est un autre GTAiste dans ses derniers jours de marche, très fier de m'annoncer que lui est parti du Léman et qu'il finit "LA" Grande Traversée des Alpes, et que c'est pour ça qu'il est très chargé et que c'est dur, rapport à mon petit sac ... "Pour la GTA, on ne peut pas faire ça avec moins de 15 kg" ... Je vous raconte la suite ? Vous la connaissez ? Ceci étant dit, il avait raison d'être fier : la partie était plus difficile pour lui que pour moi ... Il y a quand même eu un blanc quand je lui ai dit que j'étais parti de Trieste ...

Hervé27 quand on lui dit : "Pour une traversée des Alpes, 15 kg c'est vraiment le minimum ..."
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Un peu avant 13h à Rimplas, nous nous séparons quand il s'arrête pour sa pause déjeuner. Malgré la fatigue et maintenant la chaleur, je me lance dans le dernier sprint vers La Roche, "mon" village dans Valdeblore visible droit en face.

Aussi étonnant que cela va vous paraître, je crois que cette ultime heure de marche sera la plus dure de toute la Traversée. Sans aucune pause depuis le départ, je suis totalement à court de jus. Si ça va encore dans la portion qui redescend vers le torrent (bouleversé par les crues d'Octobre 2020 ...), la remontée dans la châtaigneraie est un calvaire que j'effectue à pas lents ... Le raidillon de la montée directe de la Bolline vers La Roche me rappelle les temps de mon enfance, quand cette épreuve nous était imposée avec un sac de courses à remonter ...

Une dernière fois et juste sous La Roche, je quitte la marque du GR, passe sous les treilles, traverse la route, retrouve les vieux lavoirs où je faisais flotter mes bateaux d'écorce.

Ma Maman m'attend. Je rentre chez moi.


12h56 Rimplas et Valdeblore, ma verte vallée
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14h13 : 50 jours,1655 km, D+ 101 000 m, 487h de marche ...
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"Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé
Après maintes traversées
Le pays des vertes années"

Paroles de Henri Colpi
Musique de Georges Delerue
Interprétation à jamais attachée à Georges Brassens

J'ai chantonné cet air du début à la fin de la traversée : il lui a donné tout son sens ...


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En quelques chiffres :

Total J50
30 km
D+ 1259 / D- 2181
Marche 7h15
km-Effort 49.8

Cumul J01-20
1 655 km
D+ 101 000 m
Marche 487 h
km-Effort 2 887


Itinéraire & Progression
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Bilan :

Ce que j'avais prévu (en rouge)
Ce que j'ai fait (en vert)
Ce que j'ai coupé (en jaune)

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Comparaison de la réalisation avec les ambitions

Jours de marche : 50 / 60 : en gros 8 jours de moins pour cause de météo, 2 pour raison professionnelle

Kilométrage : 1 655 / 2 116 : >20% en moins que prévu, pour cause de temps raccourci d'une part, mais aussi parce que ralenti pendant ~10 jours par ma "petite" entorse du début.

Dénivelés : 101 000 / 165 000 m. Clairement, en plus des sections coupées, j'ai "écrêté" de très nombreuses portions, par appréhension (justifiée ou non) des passages d'altitude trop enneigés, ou clairement impraticables (via ferrata ...), par détour météo en préférant plusieurs fois passer par la vallée plutôt que par le col, ou tout simplement par flemme ...

Si je ne retiens que les journées "complètes" (47 sur 50), ma journée-type et les min/max auront été de :
34 km (24/52)
D+ 2080 (1200/3150)
D- 1970 (700/2950)
Marche 10h00 (6h45/13h20)
59 km-Effort (42/90)


La plus grosse difficulté aura été la météo pendant tout le mois de juillet et jusqu'aux 1ers jours d'août. Elle m'a ralenti, imposé des détours, démoralisé au point de me contraindre un temps à interrompre la traversée et rentrer en France ... Le fort enneigement rencontré début juillet m'a fait hésiter à aborder les portions les plus élevées, hésitation qui s'est imprimée en moi et ne m'a plus quitté.

Enfermé simultanément dans une contrainte d'itinéraire, de rythme et de calendrier, il était inévitable que je déroge au programme. Je ne pensais cependant pas que ce serait à ce point ! Une fois définitivement déstabilisé par mon arrêt à Maloja (1 j 1/2) et mon interruption de début août (5 jours), je n'ai plus réussi à me repositionner dans un programme que je puisse tenir ... Pour l'avenir et de prochaines aventures, il me faudra laisser beaucoup plus de place à l'imprévu ...


Désormais en phase avec mon matériel, je n'ai pas de changement majeur en prévision :

- l'ALD Hybride en 20 litres est exactement la SàD qu'il me fallait en terme de contenance et de fonctionnalités. Parfait dans la plage d'utilisation qui est la mienne, avec des ravitaillements de 4 j max et pas trop de gros portages d'eau.
- pour mon couchage, pour plus de polyvalence en saison froide (j'ai déménagé au pied des Vosges ...), il évoluera peut-être vers un peu plus d'isolation au sol (morceau d'Arkmat un peu plus long ? matelas gonflable plus conséquent ?), et un duvet un peu moins limité à l'estival. J'ai beaucoup plus souffert de l'humidité que des températures, à bivouaquer sur des terrains détrempés ...
- côté énergie électrique, j'abandonne désormais toute idée de batterie-tampon pour les randonnées d'altitude hors couvert forestier, préférant désormais la charge directe sur le panneau solaire, toutes les batteries légères que j'ai essayé m'ayant fait défaut. Les grammes gagnés sur la batterie tampon seront peut-être alors réinvestis dans un panneau un peu plus puissant ...
- pour les fringues, la veste de pluie Raidlight Ultralight MP+ remplit admirablement sa fonction imper/respi (malgré les conditions très dégradées que j'ai eu à affronter !), mais sa solidité a laissé à désirer (ah bon, c'était prévisible ?). J'ai sans doute fait l'erreur de prendre une taille M plutôt que L (voire XL !), m'obligeant sans cesse à tirer dessus pour couvrir les hanches, et c'est au niveau de ces points de "tirage" que des déchirures se sont produites (réparées au duct-tape). C'est une leçon que je retiens ...



Avis à tous ceux qui ont pondu des récits depuis l'été dernier : maintenant que j'en ai fini avec la rédaction du mien (encore quelques vidéos toutefois), je vais me rattraper à la lecture des vôtres tongue ...



Vidéo J50/27 août : du Col des Moulinés à Valdeblore
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Dernière modification par Hervé27 (06-03-2022 10:33:28)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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l'ultralighter più estremo di sempre

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#200 06-02-2022 14:49:11

Magne2
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Re : [Récit + liste] Alpes à Fleur de Pô, 50 j de Trieste au Mercantour

Grand Merci.


kalo taxidi alias bon voyage en Grec bien sur

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