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#201 05-09-2022 07:30:07

Dermochelys
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Quand la forme est là, tout va ! smile
Jolie journée :-)

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#202 06-09-2022 11:58:53

Hervé27
éMULe
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J06, vendredi 8 juillet : Bouillouses - Pédourés


La vidéo
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La nuit a été ventée mais pas froide. J'ai essentiellement dormi dos au flux d'air qui se faufilait sous la toile, le SOL Escape Bivy faisant son office de barrage coupe-vent. Les bouchons d'oreille étaient également nécessaires pour me "couper" de l'extérieur et me permettre de dormir un peu. Evidemment tout est bien sec, pas d'étalage d'aération à prévoir aujourd'hui.

Le cadre de la journée est établi, avec 2 objectifs en tête :
- le premier est la montée au Carlit, en espérant que le vent n'y soit pas trop déstabilisant ...
- le second est de rattraper Laxmimittal et Cat09, supposées repartir ce matin des Bésines. Pourvu qu'elles ne se pressent pas trop, je pourrais les rejoindre à l'Hospitalet à l'heure du pousse-café à la triple condition de marcher vite, limiter les pauses ... et qu'elles m'attendent un peu !

Vu le soleil éclatant qui règne sans partage sur la semaine météo, je n'ai que la durée du jour comme limite ... J'enclenche le chrono à 6h10, pour un lever du soleil attendu à 6h22 : déjà 10 mn de lumière matinale perdue depuis Banyuls. Le calcul savant indique que 4 mn sont du fait d'avoir dépassé le solstice d'été, et 6 mn parce que je me décale vers l'Ouest. La marche de mes pieds pèse plus que celle de la planète sur son orbite smile  ! C'est encore mieux pour le soir, où je continue de gagner des minutes de jour cool ...

Face au vent et dans la fraîcheur du matin, je démarre avec polaire et coupe-vent. C'est en solitaire que je zigzague entre les lacs en direction du Carlit, essentiellement à l'ombre dans toute la 1ère heure de marche en raison des creux et bosses qui masquent le soleil rasant. En revanche la chaîne du Carlit se pare de feux roses, puis orangés, puis d'or ...

l'Estany Nègre attend le soleil
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le Puig de Sobirans l'a trouvé
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Carlit en vue
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ok, je suis prévenu
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J'ai la bonne surprise de trouver encore de belles plaques de neige en arrivant au petit lac à partir duquel la montée se fait plus abrupte. Le lac lui-même est encore divisé en 2 par l'épaisse langue glacée en son milieu. J'apporte une attention particulière à bien suivre le marquage, me souvenant l'avoir perdu / manqué à ma descente dans l'autre sens en 2018 : je m'étais retrouvé à descendre par un couloir d'éboulis instable qui m'a laissé une cicatrice au tibia en souvenir sad . Pas de problème ce coup-ci, même s'il faut jouer des mains pour passer les obstacles au fil de cette crête rocheuse.

vue arrière
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on avait dit : ni piolet ni crampons !
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2921m
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Depuis mon bivouac il m'aura fallu 2h10 pour être au sommet, sans me presser : plutôt correct pour 6 km et 800m D+, je me requinque !

Le vent vient de Nord-Est et ne permet pas un séjour prolongé au sommet, d'où j'entrevois une dernière fois la Méditerranée, trahie par un reflet à la gauche du Canigou. Après seulement les quelques minutes réglementaires à admirer l'imprenable panorama, voilà déjà que je redescends ... Immédiatement le calme se fait à l'abri du vent, et je peux avec sérénité concentrer mon attention à ne pas déraper dans les lacets serrés de la vertigineuse sente sableuse qui serpente sur un cône d'éboulis. Je suis aidé par l'humidité résiduelle du sol, plus ferme et accrocheur après les orages des derniers jours.

35 mn plus tard, sorti de l'ombre fraîche du sommet, je peux enfin aller chercher ma pause-café sur les bords du petit lac en bord de sentier. Je n'ai toujours croisé personne, mais il y a un peu plus loin une tente où ça roupille encore (il est plus de 9h, debout les feignasses, rogntudju lol !). Encore un peu frais à cette heure pour une baignade, mais promis, bientôt j'attaque la longue série des trempettes lacustres.

Un joli cadre ...
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... il est temps de pauser
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Avec leur cérémonial obligé (se déchausser, installer la popote et faire chauffer l'eau, siroter le café en grignotant, remballer et se rechausser ...), mes pauses-café épousent un temps assez standardisé autour de 35-40 mn. Plus et j'ai l'impression de traîner (disons plutôt que je me refroidis), moins et je me brûle la langue à boire mon café trop vite wink ... Aujourd'hui pas question de m'attarder, j'ai un rencard !

Sachant disposer aujourd'hui d'une majorité de chemin roulant (avec une exception à la descente du Col de la Coume d'Anyell vers les Bésines), je me mets dans l'état d'esprit "d'envoyer du bois" et de commencer à galoper sur le chemin. Première rencontre du jour avec un couple qui me demande si je descends du Carlit ("oui") et comment est le chemin ("raide, mais en le prenant à petits pas on est plus vite en haut qu'on ne l'imagine"). Ils n'y vont pas aujourd'hui, mais se le réservent pour plus tard ("au r'voir m'sieur-dame !").

Oui mais voilà, c'est bien beau d'aller vite, on en oublie de regarder autour de soi ! Forcément, je me retrouve à suivre quelques instants le GR10 ... en direction de Puymorens devil . C'était bien la peine de me presser ! Remis dans la bonne direction, je rattrape et double le couple croisé 1/4 h plus tôt ...

Comme tous ceux qui cette année y sont passés, je constate le niveau extrêmement bas de l'étang du Lanoux. Déjà lors de mes précédents passages je trouvais bien laides les berges blanchies marquant les fluctuations de niveau, mais cette année est particulièrement spectaculaire (et nous ne sommes que début juillet) ...

marée basse
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un peu de couleurs
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Je déroule le chemin en balcon loin au-dessus du lac, jusqu'à la cabane du Rouzet à laquelle je voulais jeter un œil. En fait je me le rince involontairement, une randonneuse ayant décidé de ne pas me voir s'accroupit à mon approche devant la cabane ... Je laisse pisser et fais celui qui ne voit rien, pour poursuivre sans m'arrêter en direction de la Coume d'Anyell. Après avoir refait le plein d'eau à un torrent, je vois au-dessus de moi une file de marcheurs qui doivent arriver du refuge d'En Beys, et d'autres dont le profil se dessine au Col de la Coume d'Anyell. Les heures de solitude matinales sont bien finies.

Le Col est encore barré par une belle congère : je fais ici mes premiers pas sur la neige de cette aventure (les occasions seront rares). J'imagine Laxmimittal à qui nous avions tous promis un passage bien dégagé pour la convaincre d'abandonner piolet et crampons. A-t-elle douté lors de ce franchissement de quelques mètres ? Parlant de Laxmimi et Cat, je teste le réseau au col et, miracle, je peux récupérer la réponse aux SMS où j'indiquais mon arrivée à l'Hospitalet pour l'après-midi. Las ! Cat09 doit reprendre la route à l'heure du déjeuner, et Laxmimittal poursuivra avec l'objectif de bivouaquer aux Pédourés. Dommage en ce qui concerne Cat09 (mais on aura une session de rattrapage), mais au moins il reste la perspective d'un bivouac avec Laxmimi.

Lanoux, Carlit et col de la Coume d'Anyell
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Après une discussion au col avec un marcheur arrivé dans l'autre sens et tout surpris de trouver côté Lanoux un relief si différent, j'attaque la longue descente (10 km et 1000 m D-) jusqu'à l'Hospitalet. Le sentier est ici et là un peu chaotique jusqu'un peu après le refuge des Bésines, mais ensuite on y ferait son footing sans problème. Une grande partie est en revanche bien ombragée : bien pratique pour limiter la surchauffe dans cette redescente vers la chaleur, moins optimal pour la recharge solaire ... Il me faut au total 3 h du Col d'Aniel jusqu'à l'Hospitalet, que je vois pour la 1ère fois sous le soleil (plutôt que dans la brume ou sous l'orage à mes 2 précédents passages ...).

Vallée des Bésines
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>>> avance rapide sur l'Hospitalet, pour une fois sous le soleil
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Long arrêt, plus long que je ne voulais, au bar - épicerie. Je m'y installe à l'intérieur et à l'ombre plutôt que sous le soleil de plomb qui règne en terrasse, et y consomme un sandwich, une glace, 2 canettes de jus de fruit ... tandis que j'ai branché ma caméra à recharger au-dessus du congélateur. J'achèterai aussi une belle tomme de 400 g en plus d'un complément de chocolat et de pastilles Vichy.

Si je m'attarde, c'est que je me suis trouvé à prendre part à une conversation entre un auteur de guides de rando venu proposer de mettre ici ses livres en rayon et le couple de gérants. On parle de la position stratégique de l'épicerie sur le GR10 et surtout la HRP, en faisant valoir que pour les HRPistes, il n'y a plus rien sans quitter l'itinéraire d'ici au Val d'Aran et Salardù. En plus, comme le ravitaillement ne peut être ici que très léger au vu des maigres rayons, celui-ci est plutôt fait à Bolquère, obligeant à 1 ou 2 jours de portage supplémentaire (ou bien d'opter pour Le Pas de la Case). Plusieurs idées fusent, et les gérants semblent intéressés par les avis des randonneurs :
- proposer des compléments d'alcool à brûler à ceux dont c'est le carburant, gratuit ou payant selon que l'on consomme ...
- installer un panneau d'échange pour GRDistes et HRPistes, histoire de se laisser des messages (ou des colis)
etc.

La conversation s'élargit encore à un couple de randonneurs jusque-là en terrasse, et je reconnais et salue un Youtubeur que vous connaissez peut-être, Jacob Karhu ...

Avec tout ça le temps passe, et je dois encore passer par la boulangerie "le Fournil de Louise", où toutes les calories dont peut rêver le marcheur sont à portée de papilles. Ne manquez pas d'y passer quand vous traversez l'Hospitalet, d'autant que vous avez des tables intérieures et extérieures pour consommer sur place, ainsi que des toilettes à disposition.

Ce n'est donc qu'à 17h que je redémarre, mesurant mal le temps dont j'ai besoin pour monter jusqu'aux Pédourés, où Laxmimittal doit déjà m'attendre. Il y a là encore quelques kilomètres, et surtout 800m D+ à se farcir avec un sac rechargé à bloc (mon ravito d'hier à Bolquère + ma tomme de 400 g et quelques autres plaisirs ...).

Je ne traîne pas en chemin, mais il me faut quand même 2 h, interrompu seulement par une rapide discussion avec un randonneur à la journée, lequel m'identifie comme un HRPiste (pas évident, vu mon sac qui ne colle pas à l'image admise du marcheur longue distance), et veut tout savoir de l'aventure qui le tente énormément ...

Etang de la Jasse Panel du Roux
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Il est donc passé 19h quand j'atteins l'étang des Pédourés, où je bifurque pour franchir la retenue et en direction des espaces évidents de bivouac, à la recherche de Laxmimittal. J'ai bien aperçu une tente déjà bien à l'ombre, mais Laxmimi a planté la sienne encore au soleil mais cachée légèrement en contrebas du lac : ce n'est donc pas par le tissu de son abri que je la localise, mais par les appels d'une midinette en train de se dorer au soleil au bord de l'eau lol ! Joie des retrouvailles calin , je crois que nous ne nous étions plus vus depuis avant un certain méchant virus hmm ...

Etang des Pédourés, Laxmimittal ne doit plus être très loin ...
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Comme le soleil est sur le point de se cacher derrière le Pic de l'Albe (2764m), plongeant le lac dans l'ombre, je ne dois pas traîner pour profiter, enfin, de ma première baignade pyrénéenne depuis bien longtemps tongue . Nomdidjiou qu'est-ce que ça fait du bien ! J'en profite pour rincer mes affaires de marche, qui iront prendre place à sécher sur un gros rocher bien chaud, au pied duquel Laxmimi m'a identifié un emplacement protégé pour piquer le Pioulou.

Plus qu'à se baigner
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Dans la fraîcheur relative de l'ombre et le petit vent du soir, le Pioulou s'avère bien pratique pour s'y asseoir à deux et partager dîner et potins.

Coup sur coup, c'est lors de ce dîner que je subis mes 2 premiers déboires matériels, ouverture d'une longue série :
- le capot de protection de l'électronique de mon panneau solaire se détache sans motif, tirant sur la connectique USB et la fragilisant. Je le recolle au Seamgrip et ça tiendra ... quelque temps roll . Laxmimi me propose bien de la colle forte, mais son tube a séché et durci ...
- ma Platypus se met à pisser dru quand je veux filtrer l'eau prise au ruisseau : les parois se décollent. J'essaie de la rafistoler avec du duct-tape et encore un peu de Seamgrip, mais finirai par la mettre à la poubelle après quelques jours. Ce sera aussi l'occasion de constater l'autre mauvaise surprise que mon filtre ne se visse pas sur ma bouteille d'1/2 litre, me valant quelques jours compliqués dans ma gestion de l'eau ... Heureusement, je suis entré dans la portion où il est rarement utile de porter plus d'1/2 litre, et où les sources sont nombreuses. N'empêche : qu'est-ce qui m'a pris d'embarquer ma plus vieille Platypus (4 ans d'âge) alors que j'en ai 2 autres plus récentes ?

On ne fera le selfie que le lendemain, mais vous m'en auriez voulu de l'omettre ici :
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En quelques chiffres :

Total J06 :

33 km
D+ 2025m
D- 2007m
Marche 10h12 (+pauses 2h48)
kmE 58
IBP 221

Cumul J01-06 :

215 km
D 11 600 m
Marche 61 h
kmE 348


Itinéraire
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Dénivelés
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Progression
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La vidéo
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EDITS : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 12:11:19)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

Trombi & Récits
l'ultralighter più estremo di sempre

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#203 06-09-2022 12:47:46

karibou31
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

top encore une fois !
Ça me fait plaisir de revoir cette partie Lanoux / Carlit qui était la première étape de mon retour à la rando, ma première en solo (et mes premiers pas de MUL) il y a presque un an (je vois que la descente est toujours un moment d'attention).
Du coup, ça me donne bien envie de faire la partie entre le Lanoux et les Bésines (j'ai déjà fait la partie Bésines / L'hospitalet), mais surtout le coin des Pédourès que je ne connais pas du tout mais qui a l'air magnifique !


Edit sans précisions = corrections orthographiques

Trombi --- Liste montagne été
Liste printemps / automne

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#204 08-09-2022 07:21:15

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J07, samedi 9 juillet : Pédourés - Coume de Seignac

La vidéo
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C'est la première nuit humide depuis le départ : le Pioulou est trempé à l'intérieur comme à l'extérieur. En fond de vallon et juste sous le lac, canicule ou pas, il n'y a pas eu de miracle ... Pas d'inquiétude quant aux opportunités de faire sécher le tout, la météo actualisée hier à l'Hospitalet reste fixée sur un soleil brûlant. Il n'empêche qu'il faut tout réempaqueter tel que, car ce n'est pas à cette heure-ci que séchage et aération pourront s'opérer.

camp de MULs
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Avec Laxmimittal il était convenu de se réveiller à 6h, et c'est moi qui joue le réveil-matin en apportant les croissants tongue (achetés hier au Fournil de Louise à l'Hospitalet) en chanson, sur un (vieil) air publicitaire bien connu relatif au petit-déjeuner. Ils sont certes un peu aplatis par le séjour dans un sac bien compact, mais le cœur y est calin !

Un jour normal d'itinérance solitaire, je serai en chemin à 6h30. Contrairement à moi, Laxmimi a toutefois besoin d'un petit-déjeuner préalable. Par de fines allusions subliminales, il m'a également semblé percevoir qu'elle se sentirait rassurée de ne pas être seule à la montée vers le Col de l'Albe, où quelques sections de grands blocs peuvent être un peu fatigantes ... Bref, je prends ce matin un 1/2 RTT : départ tardif (7h35...) et rythme allégé, et ce afin d'accompagner Laurence avant que nos itinéraires ne se séparent au Col de Juclar : elle par Andorre, moi par l'Ariège.

J'ai réalisé hier soir le malentendu sur les réserves d'alcool de Laurence : j'avais décliné qu'elle laisse une bouteille à mon intention à l'Hospitalet, ayant (mal) compris qu'elle en transportait déjà plus que nécessaire. Je n'aurai eu besoin que d'un petit complément, n'ayant consommé qu'un peu plus de la moitié de mes 250 ml. Il m'en restera assez pour tenir encore 3 jours, je devrai faire au plus juste d'ici le Val d'Aran. Hier soir et ce matin, Laxmimi aura tout de même tenu à brûler son alcool pour nos 2 popotes, épargnant ma réserve devenue soudain très juste : merci wink !

Le soleil est bien levé tandis que je laisse Laurence partir en avant, histoire de consacrer le temps nécessaire à mes séquences vidéos. A mon précédent passage en 2018, pris par le brouillard, je n'avais rien vu de ce vallon dans toute la descente vers l'Hospitalet. Sans la moindre nébulosité, je profite aujourd'hui d'une lumière incomparable et de contrastes magnifiques.

Passage rapide à quelques dizaines de mètres du chemin pour documenter "l'abri" des Pédourés, à savoir l'entrée d'un tunnel hydraulique. Une grille ferme l'entrée après quelques mètres, mais la courte section accessible peut suffire pour se protéger des éléments. Aucun élément particulier de confort sur un sol qui peut être froid, humide, voire boueux, mais pouvoir s'abriter d'un orage autorise de s'affranchir de quelques exigences.

Etang des Pédourés encore dans l'ombre
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abri des Pédourés
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Laxmimi et moi jouons de l'accordéon au long du sentier: elle en avant le temps que je la rejoigne après mes à-côtés, ou bien moi qui l'attends à certains points de passage plus techniques. Elle se débrouille très bien toute seule, mais ça me change bien d'avoir à m'ajuster à un autre rythme que celui du gros bourrin que je suis ...

Après la Couillade de Pédourés (ben oui, c'est comme ça que ça s'appelle), zone de dalles rocheuses rabotées par un glacier perdu dans les limbes du temps, nous arrivons à l'étang de Couart par son déversoir tout en longueur, étroit défilé par lequel le vent s'engouffre. Le souffle d'air se calme à peine là où le lac s'élargit, et je montre "en vrai" à Laxmimi les spots de bivouac dont je lui avais fait état à l'époque de la préparation de sa PT-HRP. Ils s'alignent sur la rive du lac, quelques ronds de pierre protégeant un enclos herbeux. Je trouve ces emplacements bien trop exposés au vent qui descend des hauteurs de l'Albe : à condition que la place soit libre et de ne pas être en nombre, il faut poursuivre loin par le chaos rocheux le long du lac et s'installer à l'abri d'un bosquet au bord de l'eau. Quelques grosses pierres y sont assemblées pour offrir un ersatz de table et sièges, et la baignade est d'accès direct depuis les replats de terre battue où l'on peut piquer 1 ou 2 abris. Un paradis ... pour peu qu'on y passe à l'heure du bivouac, ce qui n'est pas notre cas.

Etang de Couart
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La progression se poursuit en direction des étangs "Bas" puis "Haut" de l'Albe, par une alternance de raidillons rocheux et de replats herbeux où l'eau s'écoule en abondance. À une extrémité de l'Etang Bas, les alevins de truite grouillent dans un fouillis d'algues (sans parler des têtards et grenouilles ...). À l'Etang Haut de l'Albe, une tente est encore plantée malgré l'heure qui avance (10h30) et sa belle exposition au soleil : comment peut-on tenir dans une telle bulle surchauffée, qui plus est dans un duvet ? Il faut s'élever au-dessus du lac pour le longer en surplomb, avec quelques belles sections où un plongeon de plusieurs dizaines de mètres vers les eaux sombres semble envisageable (mais pas souhaitable !). Pour quelqu'un qui chuterait d'ici dans l'eau profonde au pied d'une falaise lisse, où se raccrocher pour tenter de surnager ?

Etang Haut de l'Albe et Col de l'Albe
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La dernière montée vers le Col de l'Albe est directe. J'attends Laxmimi au col à 11h, et lorsqu'elle m'y rejoint nous cherchons sur le versant andorran un espace combinant ombre et abri (relatif) du vent au pied d'une veine rocheuse. En contrebas le double lac de Juclar est bien bas, et le Refuge du même nom y attends Laxmimi qui y a réservé. Il n'y a guère qu'1 h pour y descendre, et il n'est que midi ... Pour ma part, étant moi-même déjà arrivé par l'Andorre à mon précédent passage, j'ai décidé d'aller découvrir le versant ariégeois depuis le Col de Juclar, direction les lacs de Fontargente et au-delà.

Col de Juclar côté Andorre, avec Refuge et Etangs surbaissés
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Nous partageons encore un long temps de déjeuner, avant d'effectuer la courte et facile descente vers le Col de Juclar, où la séparation doit avoir lieu. Laxmimi me crie :
- "mais on n'a pas fait de selfies ?!"

C'est donc au point même où nos chemins se séparent que nous immortalisons ce petit morceau de Pyrénées partagées. Quel contraste et quelle distance avec nos sorties normando-bretonnes des années précédentes ! Au revoir Laxmimi, à la prochaine !

Paire de MUls
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Mon 1/2 RTT se termine ici : à la matinée reposante succède le retour à ma cavale infernale vers l'océan, générant en moi une profonde frustration car j'aimerais m'arrêter et me baigner dans tous les lacs que je vais croiser : Etang de Joclar, de l'Estanyol, de Fontargente ... Il me faut pourtant marcher et progresser : je sors à peine d'une matinée pépère et d'une longue pause déjeuner. Même si je me suis laissé beaucoup de libertés sur cette double traversée, mon épisode nauséeux, mes détours, mon jour de repos et cette matinée tranquille ne participent pas du tout à faire tenir mon Yo-Yo dans les 50 jours que je me suis accordé ... Comme à chaque fois, je retrouve la frustration de la Traversée : la progression prime sur la contemplation ... En plus, même si ça va mieux depuis 2 jours, je sens que je n'ai pas encore retrouvé toute l'énergie à laquelle je suis habitué : mes jambes de trail ne sont pas encore revenues. Je suis trop pressé : de fait, il me faudra attendre d'être 3 semaines dans la traversée pour rechausser mes bottes de 7 lieues !

Etang de Juclar (version française)
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Jusqu'aux lacs de Fontargente, il y a du monde dans le secteur que je traverse. À tel point qu'après l'étang de l'Estanyol, un groupe de plusieurs dizaines d'espagnols (mais où est le bus qui a amené tout ce monde ?) agglutinés en bord de chemin va totalement me masquer la bifurcation vers Fontargente. Heureusement, utilisateur compulsif du GPS,  je m'en aperçois vite et fais demi-tour, leur marchant presque dessus pour retrouver le sentier qui serpente dans les rhododendrons. Un peu plus loin, je recommence à jouer les guides, interpellé pour renseigner le chaland sur le temps restant jusqu'aux lacs de Fontargente : au Refuge du Ruhle, on avait dit à la famille que je croise ici qu'il y en avait pour 1 heure : pour moi peut-être quand je fouette la monture, pour eux sûrement pas, et les concernant il leur faut aussi envisager le retour alors qu'ils sont partis les mains dans les poches ...

de l'Estanyol à Fontargente
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Fontargente
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N'en déplaise à Laxmimi qui se lamente de n'être pas passée par ici, le coin est quand même chouette. Les lacs de Fontargente sont certes fréquentés, mais bien assez grands pour laisser de la place à tout le monde. J'y passe à 14h30. Situés dans une large cuvette, ils bénéficient d'un abondant soleil jusque tard en soirée. Les plages herbeuses de pique-nique, bronzette et baignade y abondent ... Le Port de Fontargente, à seulement 2262m et seulement 100m D+ au-dessus du lac, paraît surbaissé pour faciliter l'accès depuis l'Andorre et la Vallée d'Incles. Pour ne rien gâcher, les options de bivouac sont infinies ...

Passés les lacs, je ne croise plus que de rares marcheurs en direction du vallon de la Coume de Varilhes. Et encore la plupart ne font là qu'un circuit pour redescendre vers le parking du Pla de Las Peyres, lieu de départ des randonnées dans le coin. Le chemin est régulier et reste presque de niveau jusqu'à ce qu'il atteigne le torrent en fond de vallon. De là, je remonte cette vallée dénudée par un sentier évanescent, parfois évident, souvent dilué dans une infinité de drailles laissées par les troupeaux.

Maintenant que le soleil a entamé sa descente vers l'horizon Ouest, c'est-à-dire face à moi et ma direction vers l'océan lointain, bras et jambes exposés commencent à souffrir dans les ultraviolets et la chaleur bien installée. Je ne suis redescendu au plus bas qu'à ~1900m, mais c'est suffisant pour ressentir la canicule qui écrasera encore longuement nos contrées. La reprise d'altitude est lente par le fond de cette Coume de Varilhes : un peu avant 16h et après 3h de marche depuis ma séparation d'avec Laxmimi, un abri de rocher aménagé à proximité d'une source au débit abondant est trop tentant. Je m'installe à l'ombre pour 1/2 heure de ventilation et réhydratation, en partie au café (même si je rationne désormais mon utilisation d'alcool).

Coume de Varilhes sous un chaud soleil
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Je relance la machine encore dans la chaleur et le soleil brûlant, mais heureusement rafraichi et reposé tout de même par cette pause. Face à moi je scrute la pente herbeuse abrupte qui semble devoir me mener au col sans nom par lequel mène ma trace OpenTopo : je ne parviens pas à y distinguer le moindre chemin, tandis que sous mes pas il n'y a déjà plus guère de sentier véritable. Il s'agit donc bien de monter droit dans 250 m D+ d'une pente moyenne à 30% ... Bienvenue dans les hors sentiers d'Ariège ! A petits pas, je me ménage des semblants de lacets, ou bien m'accroche presque par les dents à quelques brins d'herbe pour m'aider dans les passages un peu plus redressés que la moyenne ...

Il ne me faut certes qu'1/2 heure, mais d'une belle intensité physique qui me voit ruisseler de transpiration. Je ne suis reparti de ma pause qu'avec 1/2 litre, jugeant depuis le passage au Lanoux les ressources en eau désormais assez abondantes pour m'éviter les lourdes charges. Cette contrainte hydrique va un peu me stresser dans cette fin d'après-midi, mais tout ira bien.

A mon Col sans nom qui me fait basculer de la Coume de Varilhes à la Coume d'Ose, je peux apercevoir par-dessus cette nouvelle vallée mon prochain objectif : le Col de l'Homme Mort (brrr sad ...), que visiblement il me faut atteindre via un large demi-cercle presque à niveau dans le haut de vallée, à travers éboulis et quelques falaises rocheuses. J'ai un départ de sentier sur ma gauche dans cette direction, une trace OpenTopo sur ma carte, il n'y a plus qu'à suivre !

Coume d'Ose depuis un Col sans nom. En face, le Col de l'Homme Mort que je dois atteindre
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Maintenant que je transpire moins et de plus en plus face au soleil descendant (il est 17h passée), mon épiderme asséché souffre de la brûlure des UV (ces jours-ci, les indices donnés par Meteoblue sont hallucinants : 11, 12, 13 ...14 !). Dans toute cette longue phase caniculaire, je reprendrai cette habitude plusieurs journées de suite : je m'arrête quelques instants pour échanger mes affaires (courtes) de marche pour celles (longues) de bivouac, et ainsi protéger avant-bras et jambes. Je les salis, chauffe et transpire plus, mais c'est bien pour ce genre de circonstances que j'ai choisi d'avoir un jeu d'affaires de bivouac interchangeables pour la marche ...

Peu après vont arriver en sens contraire 2 allemands lourdement équipés, et la discussion qui s'ensuit me reste comme une grande leçon. Ils s'adressent tout d'abord à moi comme s'ils étaient étonnés de croiser quelqu'un, et me demandent où je compte aller par cette direction et à cette heure (17h30), et quand il s'avère que je prétends m'engager à rebours sur leur itinéraire du jour, ils me prennent un peu de haut. Alors que je leur donne environ mon âge (53 ans) ou à peine plus, ils me parlent de leur 25 ans d'expérience en rando, et que l'itinéraire d'où ils viennent est extrêmement difficile, voire dangereux. Il n'y a pas de chemin, les cairns sont trompeurs quand ils ne sont pas inexistants, 5 ou 6 fois cet après-midi ils ont dû rebrousser chemin pour retrouver un passage entre les falaises. Ils reconnaissent que, certes, ils sont bien plus chargés que moi, mais me décommandent fortement de poursuivre, mais que, bon, je suis seul juge ...

Sur le moment j'accuse le coup : ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un adepte de la prise de risque, même s'il m'est arrivé comme tout un chacun de me mettre parfois dans des situations inconfortables. Je ne suis pas de nature à ignorer un tel avertissement, et après leur départ m'attarde sur mes cartes pour envisager mes options. Toutes disent que si je change d'itinéraire, j'en serai quitte pour d'énormes détours et un long surplace (en terme de progression) dans le dédale des vallées ariégeoises. Mon regard fait d'incessants allers-retours entre la carte et le terrain, et s'il y a bien une zone de falaises peu engageante entre les grands blocs, je sais par expérience que ce genre de terrain est moins abrupt vu de près que de loin.

Après un temps d'hésitation, j'en viens à la résolution d'aller de l'avant : plutôt prendre le risque que ça passe sans perdre de temps, quitte à devoir faire demi-tour dans le cas contraire et seulement alors subir les longs détours ...

L'œil sur la trace OpenTopo et ma position GPS, je constate plusieurs fois que les quelques cairns aperçus en divergent : je choisis de faire confiance à la trace déposée par quelqu'un qui a priori a fait l'intégralité du parcours, plutôt qu'aux tas de pierres laissés derrière eux par d'autres qui, peut-être, ont ensuite rebroussé chemin ... La trace GPS est la bonne : chaque fois que je constate que je m'en écarte et dois remonter / redescendre pour la rattraper, le passage est plus facile. En fait, je m'amuse beaucoup et prends plaisir à ce jeu de pistes dans les grands blocs. Avec seulement une poignée de kilos sur le dos, évoluer de rocher en rocher est facile, et je trouve quelque chose de jouissif à entretenir ainsi tous mes sens en alerte pour m'orienter, garder mon équilibre, doser les efforts de chaque articulation ...

Passé le dernier éboulis, une courte grimpette m'amène enfin au Col de l'Homme Mort, sans que j'ai jamais ressenti la mise en danger ou l'inconscience dont semblaient m'avertir mes randonneurs "expérimentés" de rencontre. Il est vrai qu'ils étaient plus chargés que moi. La légèreté est une sécurité.

Puisque je vous dis que ça m'amuse ...
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du Col de l'Homme Mort, vue arrière sur le Col sans nom par-dessus la Coume d'Ose ...
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... et par dessus la Coume de Seignac vers le Port de Soulanet
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Maintenant passé 18h30, je dois envisager les paramètres de la soirée en vue du bivouac : retrouver de l'eau d'abord, un espace bivouaquable ensuite. Visiblement le hors sentier continue par une descente un peu raide depuis le Col, où il faut prendre garde à ne pas faire le mauvais choix d'une ravine. La descente mène à un 1er replat où je crois un instant pouvoir trouver l'eau et l'espace herbeux plat requis, mais j'y suis déçu par la sécheresse et le sol plutôt chaotique. Un semblant de chemin semble courir à flanc, et me mènerait si je le suivais jusqu'au laquet du Sal, où je crois pouvoir trouver un abri en dur (s'il n'est pas occupé). L'heure continue toutefois d'avancer, et à 19h30 j'évalue mal le temps encore nécessaire pour parcourir la distance, ainsi que la difficulté liée à la quasi-absence de sentier.

Je suis sur les hauteurs de la Coume de Seignac, dont je peux parfaitement envisager le fond herbeux traversé par un torrent paresseux. Il est déjà à l'ombre, mais la perspective de planter les piquets près de l'eau courante est rafraichissante. Chance : la vallée est vide et silencieuse, vide de troupeaux d'aucune sorte. Une pente herbeuse de 100m D- me sépare du havre ainsi repéré, et j'ai vite fait de la descendre.

Coume de Seignac : le terrain est dégagé
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C'était plus idyllique vu du haut que du bas : mes replats sont plutôt en dévers, et je vais circuler 20 mn avant de trouver un espace plat en bord de torrent, qui ne soit ni spongieux ni chaotique. Difficulté additionnelle, la caillasse n'est jamais bien profonde, et je dois m'y reprendre à plusieurs reprises sur chaque piquet pour pouvoir dépasser un enfoncement de plus de 4 ou 5 cm ... Je suis finalement installé, et c'est bien à l'ombre, à l'humidité et aux moustiques, que je me frictionne dans le torrent et rince mes affaires.

Tout cela est laborieux, et je suis content de m'enfoncer dans la douce chaleur de mon duvet pour y reposer mes muscles, et vite sombrer dans un demi-sommeil, hanté du rêve de créatures menaçantes qui, mystérieuses, viennent jouer avec ma tente. C'est la détente brutale d'un hauban qui va me sortir brutalement de ma léthargie : un cheval était en train de malmener ma toile, curieux sans doute de cet objet incongru ... Je pousse un cri et il détale au loin, avec quelques-uns remontés comme lui du fond de la vallée. Ce n'est qu'au matin que je découvrirai que, malmenée, la toile du Pioulou a craqué sur 7-8 cm dans un angle devil  ...

le Pioulou est encore intact
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En quelques chiffres :

Total J07 :
22 km
D+ 1370 m
D- 1473 m
Marche 8h52 (+pauses 3h08)
kmE 39
IBP 176

Cumul J01-07 :
237 km
D+ 12 945 m
Marche 69h45
kmE 387

Itinéraire
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Dénivelés
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Progression
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La vidéo
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EDITS : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 14:18:43)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#205 08-09-2022 20:51:05

Bombadyl
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Lieu : Pyrénées
Inscription : 27-05-2021

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

ça y est j'ai rattrapé mon retard de 3 épisodes  big_smile
Toujours très chouette ce récit !
Etang de Pédourrès, de Couart, col de l'Albe... On commence à bien connaitre ces lieux à travers plusieurs récits qui se croisent, se doublent, se rattrapent ou se loupent de peu  tongue


Listes : liste HRP2023

Récits : HRP 2021 -> HRP 2022 -> HRP 2023

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#206 09-09-2022 17:28:34

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J08, dimanche 10 juillet : Coume de Seignac - Etang de la Soucarrane

La Vidéo
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Après mes émotions équines d'hier soir, je m'éveille dans un abri détrempé par la condensation, tout mon couchage est bien humide et il me faudra faire sécher ça en journée. Pas d'inquiétude, vu le soleil de plomb auquel je dois m'attendre, tout ça va vite s'évaporer. Je remballe et procède à ma partie de Tetris matinale, et ce n'est qu'à la toute fin, au moment de retirer les piquets, que je détecte la déchirure de la toile consécutive à l'agression dont le Pioulou a été victime devil .

Je suis vénère, mais finalement la déchirure est située dans un coin et plutôt vers le bas de la toile : toute entrée d'eau serait donc limitée et à l'écart de la "zone de vie". Impossible de me lancer dans une réparation maintenant avec la toile trempée : cette corvée attendra soit la pause séchage en journée, soit le bivouac de ce soir ... Je secoue la toile précautionneusement, craignant de voir la déchirure s'étendre et perdre totalement mon abri.

là-bas, les coupables ruminent leurs noirs desseins
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J'ai bien aimé les hors sentiers d'hier, mais force est de constater que la progression n'y est pas du tout la même que sur un sentier en bonne et due forme (on s'y attendrait ...). Si je veux avancer, je dois respecter un bon mix de sections roulantes et engagées, et ce matin j'ai faim de chemins qui avancent vite. C'est donc assez facilement que j'ai pris ma résolution de basculer vers Andorre après le Port de Soulanet : en passant ensuite par le Haut Soulcem, je m'éviterai aussi la longue redescente vers Mounicou et la chaleur écrasante qui doit régner en bas du vallon de l'Artigue. Rester en altitude devient la priorité pour échapper à la canicule qui écrase l'Europe. Je remets au trajet retour cette option et le passage par la Goueille, l'Etang Fourcat et les étangs du Picot.

Comme à l'habitude mon démarrage du matin est très lent, je laisse à mon envie de cavaler le temps de se réactiver.

D'ici, aucun chemin ou sentier à ma disposition : juste une trace sur ma cartographie OpenTopo sans matérialisation aucune sur le terrain. Les pentes sont néanmoins douces et herbeuses, et le pas des troupeaux a aplani certains passages plus que d'autres. De toutes ces sentes qui se ressemblent, laquelle est celle des humains ?
Je remonte d'abord franco le long du torrent pour rattraper la trace GPS (pas de chemin, je l'ai déjà dit), puis progresse sur un dénivelé plus tranquille. Le vallon vire lentement d'1/4 de tour à gauche, et au bout d'1h15 et 350 m D+ à petit rythme, s'aplanit dans un petit cirque où se cache le Laquet du Sal. C'est là que j'avais imaginé nous faire bivouaquer avec azerty et Pala2 dans une HRP que je n'avais fait que rêver. Les lieux diffèrent de ce que j'avais imaginé, mais la cabane est bien là. En revanche je m'épargne le détour qui m'en aurait fait voir l'intérieur : je me contente de la vue de ce petit caisson métallique. Il était encore jouable d'y arriver hier soir avec le jour, mais j'appréciais alors mal le temps de marche qui m'en séparait encore.

Au Laquet du Sal, on distingue la silhouette cubique d'un abri métallique
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L'itinéraire se cale maintenant à flanc de prairie dans les hautes pentes douces du vallon de Soulanet. J'ai parfois l'illusion d'un chemin, et quelques cairns pour conforter ma trace OpenTopo. De l'eau ruisselle en de multiples sources, je peux me désaltérer et renouveler ma petite réserve d'une bonne eau glacée. Avec l'étang de Soulanet en bas à ma droite, c'est à 8h30 que j'atteins le Port de Soulanet et le passage vers l'Andorre, après 2h de marche. Au soleil et abrité d'un petit vent par un rocher, j'y fais ma pause et mon café, en veillant à ne pas surconsommer ma réserve d'alcool désormais bien courte.

Lac de Soulanet, bivouac de rêve ? Ce sera pour une la prochaine fois
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Avec ce temps magnifique le passage par le Pic de Bagnels, le Port de Siguer et la Crête d'Arial eussent été superbes. Je m'en tiens cependant à mon option prise ce matin de basculer vers Andorre, et d'éviter la profonde descente vers Mounicou et la chaleur : il faut bien que je me garde quelques coins de Pyrénées en réserve pour plus tard wink .

Arrivée au Port de Soulanet. A mon grand regret rétrospectif, je ne garde pas le fil de crête
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Andorre, me revoilà !
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Un peu plus de 400m D- d'un chemin redevenu lisible pour descendre dans le vallon de Rialb en terre andorrane, et une fois en bas je vais jeter un œil à l'Orri du Planells de Rialb. Il est fermé d'une solide porte récente en bois, l'intérieur est rustique et exigu avec une petite table, une estrade de planches permettant de dormir à 2, difficilement 3.

Planells de Rialb, son Orri, le Pic de la Font Blanca (2903m) en face et, cachée à gauche, la Porteille de Rialb (2508m)
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Je coupe dans les prés pour rattraper en face le sentier de la Porteille de Rialb, remontant ainsi les 400m précédemment descendus. C'est là que je croise mes 1ers bipèdes du jour, un petit groupe de vingtenaires qui sont là pour monter au Pic de la Font Blanca, encore 400m D+ au-dessus de nous. Sous le soleil qui cogne déjà, je ne trouve pas judicieux de marcher en débardeur et épaules dénudées, mais, bon, à chacun d'apprendre à sa manière ... Par contre il semble y avoir là un peu d'expérience de la rando itinérante et du matériel léger : on m'interpelle sur mon périple, mon petit sac, mon panneau solaire ... J'en finis par donner les liens de RL et de la vidéo où je parle de mon matos, histoire d'échapper à un déballage de sac in situ ...

Depuis la Porteille de Rialb, vue arrière sur le vallon de Rialb et, au milieu, le Port de Soulanet
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De l'autre côté, Arcalis balafre une montagne autrement magnifique
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L'alternance des montées / descentes continue, avec de nouveau 400m D- à descendre encore dans la Coume de Vella ... puis 200 m un peu raides et exposés à remonter pour, un peu avant 12h30, retrouver le très agréable Estany Esbalçat dont j'avais fait mon objectif déjeuner - baignade - séchage. J'y réquisitionne une large surface pour étaler polycree, duvet, tente, sursac, linge (que je rince préalablement dans le lac) ... Il faut caler le tout avec les quelques pierres que je trouve, un petit vent aurait vit fait d'entrainer tout ça me rejoindre dans la baignade. Quand je peux enfin me détendre, le plongeon dans le lac est un régal absolu, et j'y retourne plusieurs fois. La température corporelle redescend, et l'effet fraicheur persiste tandis que je me laisse doucement sécher dans le courant d'air. Pendant que les affaires sèchent, j'enfile tout de même la polaire pour que mon épiderme ne brûle pas sur place !

A cette heure-ci et si proche de la station d'Arcalis, je ne suis plus tout seul, mais le voisinage reste assez dispersé. Il me faut juste composer avec l'un des 2 chiens de mes voisins les plus proches, lequel fait comme moi plusieurs tours de baignade. Il plonge depuis la plage devant ses maîtres, nage quelques dizaines de mètres et ressort à chaque fois à proximité de "ma" plage et de mes affaires au séchage. Heureusement, il a à chaque fois le bon goût de se décaler suffisamment avant de s'ébrouer, ouf  roll !

Arrivée à l'Estany Esbalçat. C'est l'heure de la plage !
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Grand déballage. Dans cette chaleur, le névé est incongru ...
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Bon, tout cela est une traversée et chaque bon moment doit toujours prendre fin. La pause a été longue au vu de toutes les tâches à accomplir (j'en ai aussi profité pour accoler 2 morceaux de duct-tape de part et d'autre de la déchirure de mon Pioulou), et après 1h15 associant corvées et farniente je prends la direction d'Arcalis. Descente douce d'abord, puis plus raide vers le torrent de Tristagne, puis remontée vers les hauteurs de la station. Mon grignotage de midi ne m'a pas suffi, l'idée de m'enrichir de quelques calories additionnelles à la cafeteria n'est pas pour me déplaire ... C'est ainsi que je me retrouve à doubler la pause, et à m'arrêter de nouveau après à peine 1h. Je justifie aussi la manœuvre par le souhait d'échapper au plus fort de la chaleur d'une part, d'économiser mes réserves alimentaires que je dois faire tenir jusqu'au Val d'Aran d'autre part ...

À Arcalis, la cafeteria de mon souvenir s'est transformée en un restaurant en bonne et due forme (en plus du bar qui officie sur les terrasses). Le service est visiblement en continu, je décide de m'attabler (et de brancher ma caméra à recharger ...). Je vais profiter d'une large pizza, d'une coupe glacée pantagruélique en dessert, d'une bonne eau gazeuse fraiche et pétillante, d'un incontournable café ... Le service est très sympa et j'y laisserai les pièces de monnaie qui m'alourdissent ...

Passage final par les toilettes en sous-sol, où je renfile mes affaires de bivouac dans la perspective d'un brûlant soleil du soir. Après 2h de cette pause roborative non programmée, je titube sur les pistes herbeuses en une paisible marche digestive tongue pouce . Clairement je ne ferai pas une grosse journée, mais au moins j'aurais profité ! Il est 16h30 et j'estime pouvoir marcher ~3h avant de prendre bivouac. Les options ne manquent pas devant moi (en tout cas dans le souvenir que j'ai de mon précédent passage) : je vais me donner le temps d'atteindre ce qui me fait le plus envie.

Je quitte Andorre juste après 17h à Port de Rat, et les beautés du haut Soulcem se révèlent à moi à contre-jour. J'ai chaud avec mon collant et mon T-shirt manches longues, mais au moins je ne brûle pas. À la descente, je marche avec le chapeau rabattu au plus bas devant mes yeux pour leur permettre de voir le chemin face au soleil.

Ce n'est pas la station d'Arcalis, mais c'est plus joli
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Port de Rat et la haute vallée de Soulcem
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Il est trop tôt pour que j'aille explorer l'option de dormir dans ou près de l'abri au pied de Port de Rat, et je poursuis vers la piste dont le sentier coupe les derniers virages. J'y rattrape et double 2 jeunes randonneurs, évidemment trop chargés, dont la démarche traduit la fatigue et, probablement, les ampoules. Dans la chaleur étouffante de la fin d'après-midi, j'ai pitié de leur air échaudé et de leurs mollets rougis par les coups de soleil. Ils me demandent si l'une des voitures garées plus bas (les 4x4 des bergers) ne serait pas la mienne, et avec ces quelques mots je comprends qu'ils ont encore tout le haut Soulcem à redescendre par la piste (au moins jusqu'au lac) et que ça va leur être pénible ... Après les avoir déçus et dépassés, j'ai envie de me retourner et les enjoindre à s'arrêter immédiatement ici au bord du torrent, d'y faire une grosse pause rafraichissante et limiter ainsi l'impact du coup de chaud qui les menace ... mais je ne les vois déjà plus, ils n'ont pas attendu le conseil de l'ancien wink .

Enfin à l'ombre, le Soulcem. Le lac est encore loin
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Dans le virage où sont garés les 4x4, je reprends le petit sentier qui coupe le torrent de Médécourbe, et remonte ainsi cahin-caha vers l'étang de la Soucarrane. Je suis repassé à l'ombre et c'est bien agréable, mais il faut quand même avaler ces derniers 200m D+ de la journée. Après un coup d'œil à l'orri partiellement effondré juste avant le lac (abri précaire encore possible malgré tout), j'arrive au déversoir de l'étang de la Soucarrane et de là longe la rive encore au soleil. Il y a un petit passage où il faut jouer des mains, mais un peu après je trouve l'un des plus beaux emplacements de bivouac qui m'aura été offert dans cette aventure.

Je plante l'abri sur une terrasse juste en bord de lac, avec un beau rocher en pente douce qui me donne un accès facilité à l'eau pour la deuxième séquence baignade de la journée. Même pas besoin de s'accoutumer à la température de l'eau, je peux sans attendre m'immerger directement et faire mes brasses. Je rince et mets à sécher mes affaires de bivouac (utilisées 2 jours de suite pour la marche), pour dormir avec mes affaires de marche (rincées et séchées à la baignade précédente ...). Mon emplacement permet de garder encore longtemps le soleil alors que le reste du lac est dans l'ombre. En revanche un petit vent me fera prendre mon dîner à l'abri de ma tente et dans la douceur de mon duvet.

Je crois être seul, mais j'entends bientôt un couple de baigneurs peut-être 50 m plus loin sur la même rive. Ils ont planté leur abri plus en retrait de l'eau, raison pour laquelle je n'ai rien vu. Plus tard dans la soirée, madame viendra jusqu'à mon campement, me demander si par extraordinaire je n'ai pas des cigarettes : son mari a oublié les siennes ... Hélas pour lui et heureusement pour moi, je n'ai jamais fumé de mon existence. J'aurai néanmoins droit à une bonne et sympathique conversation, ainsi qu'à d'épaisses tranches d'un délicieux pain d'épice qui devait servir de monnaie d'échange. Elle cherche ainsi à alléger des sacs lestés de bien trop de nourriture pour une sortie sur un unique bivouac ...

Ressortant alors que le vent est tombé, je trouve un lac à la surface lisse où les derniers sommets ensoleillés se reflètent, ainsi que la Lune gibbeuse ... Je vous avais dit que c'était un beau spot cool

Catégorie "nos plus beaux bivouacs"
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En quelques chiffres :

Total J08 :
26 km
D+ 2038m
D- 1789m
Marche 8h29 (+pauses 4h12)
kmE 50
IBP 213

Cumul J01-08 :
263 km
D+ 14 983m
Marche 78h13
kmE 437


Itinéraire
7Z5caiduM.Trace-J08-RL.jpeg

Dénivelés
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Progression
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La Vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 14:35:52)


Sans peurs à surmonter, l'aventure n'est que promenade

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#207 09-09-2022 18:38:18

Dermochelys
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Très joli la photo de fin de journée smile
Et je me disais que le graphique des dénivelés ressemblait de plus en plus a un électrocardiogramme en bonne santé big_smile

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#208 10-09-2022 22:59:49

laxmimittal
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

ah ben là,

le bivouac. ... delamortquitue.

je suis coite.

L.


La touche Majuscule de mon ordinateur fonctionne mal.

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#209 12-09-2022 08:18:41

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

@laxmimi & Dermochelys smile

je suis resté longtemps dehors à regarder ces reflets d'or sur un lac d'huile, n'osant pas me baigner à nouveau au risque de les troubler ...


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#210 12-09-2022 08:42:05

Dermochelys
Membre
Lieu : Bruxelles
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

pouce  pouce  Un instant magique...

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#211 12-09-2022 13:13:19

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J09, lundi 11 juillet : Etang de la Soucarrane - Refuge de Certascan

La vidéo
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Je suis maintenant entré dans la phase aigüe de la canicule : la nuit a été très douce, et surtout incroyablement sèche. Alors que l'eau de l'étang de la Soucarrane ne clapote qu'à quelques dizaines de centimètres de mon abri, la toile n'arbore pas la moindre humidité, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur. Ici à 2300m et 6h du matin je n'ai pas encore trop chaud, mais je ne ressens aucune fraicheur qui me ferait frissonner, ni seulement la tentation de garder ma polaire. Je démarre en T-shirt, et si j'ai mon bonnet sur la tête c'est parce que j'ai négligé de le ranger ... Je reste synchrone avec l'horlogerie planétaire : démarrage à 6h25 pour un lever de soleil à 6h26, que je n'aperçois pas immédiatement car barré par les cimes.

Comme hier soir au moment d'aller faire un plein d'eau au ruisseau (que j'ai filtré), je refais la moitié du tour du lac pour retourner chercher le sentier en direction du Port de Boet. C'est tout de même plus aisé ce matin : hier je l'ai fait avec mes pieds nus dans mes chaussures non lacées, ce n'était pas le plus pratique. J'avais bien fait de filtrer l'eau, car le ruisseau qui alimente le lac s'avère lui-même nourri par une succession de lagots vaseux, aux abords parsemés de déjections de moutons roll

Etang de la Soucarrane et Pic de l'Etang Fourcat (Andorre à droite)
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J'arrive à l'improviste sur le troupeau endormi et parqué, caché derrière un ressaut et à l'ombre de la lumière rasante du soleil. J'y sème un brin de panique et soudain la montagne jusque-là silencieuse résonne de leurs bêlements et sonnailles. Pour l'incognito, je repasserai ... Dans la foulée c'est un gentil border-collie qui montre son museau puis disparait, et je me prépare à le retrouver à la bergerie que je devine toute proche. J'y suis effectivement vite, et dans le soleil levant j'y trouve le berger en slip qui me jette un regard noir, tandis que je me dépatouille des 5 chiens qui maintenant tournent autour de moi ... gentil, gentil ... Le berger ne répond pas à mon salut un peu penaud (désolé du réveil agité ...), et je m'éloigne bien vite vers le col tout proche ...

Pardon si je dérange ... à droite, Port de Rat
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Au col à 7h15, avec le soleil derrière moi par-dessus l'Andorre et l'étroite avancée française du haut Soulcem, je redécouvre l'Espagne toute en jeu d'ombres et lumière. J'ai l'impression d'être projeté dans un paysage au limbe lunaire après l'avoir observé au télescope, un fin tapis de végétation en plus. Déjà j'attaque la redescente vers le Pla de Boet, replongeant dans l'ombre : je savoure et fais le plein de cette relative fraicheur tandis que je traverse la Marrade de Tor, conscient des agressions thermiques dont je vais être la cible plus tard dans la journée. Un traileur remonte vers le col, 2ème humain de ce matin après le berger mal réveillé ...

Port de Boet et Espagne lunaire
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L'ombre m'accompagne toujours au Pla de Boet : je me détourne un instant pour jeter un œil à la cabane qui s'y trouve, mais celle-ci est verrouillée et dédiée à la réserve de chasse. De l'autre côté du Pla, je reprends de l'eau (toujours mon 1/2 litre) à la font Mossen Batile, elle-même noyée dans le ruisseau. Je positionne ma bouteille bien dans le flux de la source pour éviter un mélange importun, c'est une bonne eau bien glacée dont je bois une bonne quantité sur place. Pas de place aujourd'hui pour la moindre négligence sur l'hydratation.

Pla de Boet
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La descente se poursuit encore, et ce même après le parking de départ de randonnée en fin de piste et la traversée du torrent de Vallferrera. Je suis toujours à l'ombre et le flux du torrent maintient une agréable température. A l'approche du parking je n'aurais croisé qu'une poignée de randonneurs sur le départ. Après le torrent et sur le sentier de la Porta del Cel, je suis tout seul.

Du point le plus bas en bord de torrent jusqu'au lac de Baborte, 600 m D+ avec un soleil retrouvé dès que je commence à m'élever. Piano, piano ... surtout éviter la surchauffe ! À mi-parcours je visite l'abri de Bacello, particulièrement rustique : une estrade de planches dont plusieurs pourries, entre 4 murs de pierres probablement habités par les rongeurs, le tout sous un toit de lauzes. En revanche le site offre un balcon particulièrement esthétique.

Cabana de Bacello
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De cette cabane restent les derniers 300m D+ jusqu'au lac, dont le début se fait à travers les genêts qui enserrent le sentier. Dans la montée au-dessus de moi, j'aperçois 2 marcheurs. Comme d'habitude, ils vont me servir de "lièvres" pour voir en combien de temps je saurai les rattraper. Ce sera chose faite un peu plus tard, tandis qu'ils doivent déposer leurs gros sacs afin de pouvoir franchir un tronc en travers du chemin. Quelques mots vite échangés, c'est un couple de 2 français plutôt âgés (je leur donne ~75 ans), lesquels avancent à leur rythme mais résolument sur leur HRP. Ils visent le refuge de Certascan pour ce soir (il est 10h) après avoir dormi à Vallferrera. Pourvu que je sache encore faire comme eux à leur âge !

La pente est forte mais le sentier reste convenable et permet d'avancer avec régularité, pourvu de tenir son souffle. Je m'évertue toujours à ne pas forcer, ne pas me laisser entrainer par un rythme qui me ferait transpirer plus que nécessaire. Ayant re-franchi le seuil des 2000m d'altitude la température est agréable, mais c'est la suite que je redoute ... J'arrive dans le grand bol qui sert d'écrin au lac de Baborte à 10h30, mais marche encore un bon 1/4 h en exploration autour de cette vaste piscine, à la recherche d'un emplacement encore susceptible d'offrir un peu d'ombre au bord de l'eau. Je le trouve à l'autre extrémité, là où le lac forme une crique isolée par une presqu'île. Au pied d'une petite barre rocheuse, un petit pin offre les quelques m² d'ombre que je désire, sur un joli tapis d'herbe à quelques mètres de la rive.

arrivée à Baborte
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le lac
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La baignade dans cette crique peu profonde me restitue un peu de la fraicheur perdue dans l'ascension. Encore une fois, nul besoin de m'acclimater à la température de l'eau : la plongée se fait directement sans besoin de me faire violence. Durant cette pause, je rince, essore et sèche au soleil mes affaires de bivouac, avec lesquelles je marche désormais chaque après-midi pour me protéger des brûlures du soleil. Les indices UV sont toujours aussi hauts, généralement supérieurs à 12 ...

ma crique, ma presqu'île, mon ombre
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3/4 h plus tard je repars : la Traversée est ambitieuse, les temps de farniente doivent rester contingentés ... Je rattrape le chemin à hauteur du refuge de Baborte, abri métallique "ancien modèle" perché sur une éminence rocheuse proche du lac. Je retrouve à son pied le couple de français de tout-à-l 'heure, qui vient de déjeuner là en bord de chemin. Nouveaux échanges, et c'est avec madame que je vais jeter un œil dans l'abri. Nous le trouvons pourri par les détritus, dont une partie a été rassemblée dans quelques grands sacs poubelles ... Tristesse, colère, découragement ... mais aussi reconnaissance à ceux qui, inlassablement, se fadent la corvée de passer derrière les crétins sad

Toute petite grimpette pour franchir le Col de Sellente tout en arrondi herbeux, et apercevoir de nouveau les hauteurs du massif du Certascan. La profonde vallée de Lladorre m'en sépare encore, ainsi que la terrible remontée qui doit suivre et que j'appréhende tellement aujourd'hui. Evidemment, un nouveau paysage devant moi suppose de dire adieu à celui que je laisse derrière, mais cette fois c'est différent, puisque le Yo-Yo m'autorise à y revenir bientôt ... peut-être ... Tiens ? Le ciel n'est plus uniformément bleu, quelques nuages parviennent à se former.

Baborte, du Col de Sellente
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Mètre par mètre, de dixième de °C en dixième de °C, le long sentier de la Porta del Cel m'emmène des hauteurs du Val de Sellente vers les profondeurs ardentes. Dans sa partie haute et encore libre d'arbres, on voit que le sentier autrefois large et régulier manque de maintenance. Nombreux sont les rochers, petits et gros, qui y restent après avoir dévalé les pentes. Ce n'est pas encore un chaos ou un éboulis, mais on sent que la nature efface peu à peu ici le travail des hommes. J'y croise un large groupe à la montée de peut-être 25 ados aux lourds sacs, encadrés de quelques jeunes adultes. Je les ai vu couper directement de la prairie en contrebas où ils ont peut-être bivouaqué, pour rejoindre le sentier à même la pente. Un sillon de plus pour entailler les lacets autrefois méticuleusement pensés pour optimiser l'effort ...

Val de Sellente : rôtir là en bas avant d'espérer respirer là en face
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Plus bas, la proximité du torrent et de ses cascades sous un couvert forestier qui gagne en hauteur et en densité n'y font rien : la température monte, et ce d'autant plus vite que la descente vers le fond de vallée se raidit. Il est 14h quand enfin j'atteins le Pla de Boavi, 2 heures et 1100m D- après le Col de Sellente. Je suis passé pour la 1ère fois depuis longtemps sous les 1500m d'altitude : c'est un four ! L'herbe rase et roussie craque sous mes pieds, et je ne vois pas foule : juste un couple avec un jeune enfant réfugiés à l'ombre d'un arbre. Je bifurque du chemin vers les ombres de la forêt qui borde le torrent : j'y trouve vite une terrasse de pelouse douce et verte au bord de l'eau, et quelques m² d'une ombre un peu plus dense où je me réfugie. J'étouffe, me déshabille et m'immerge allongé dans le lit de la rivière ... Je rince et essore mes affaires pour les désaler de toute ma transpiration, et les pose sur une branche où elles sèchent en un temps record.

Pla de Boavi : la fournaise
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de l'eau, de l'ombre ...
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Je reste là une bonne heure, espérant vainement laisser passer le plus gros de la chaleur, mais je sais que c'est inutile. Cette année je ne suis pas équipé d'un thermomètre, alors combien fait-il ? 33°C ? 35°C ? 37°C ? Dans de pareilles conditions, le pic de température durera tard en soirée, et même la nuit sera chaude. Réhydraté, avec une courte réserve additionnelle d'eau filtrée du torrent, je sais que, quoi qu'il m'en coûte, il me faut regagner l'altitude. Je renfile cette fois mes affaires de bivouac, trop chaudes mais me protégeant des UV, et reprends la piste du Pla de Boavi à la recherche de la bifurcation de la Porta del Cel en direction de Certascan ... et commence par ne pas la trouver ! Il me faut en revenir à mon GPS, revenir en arrière de quelques pas et voir le mot "Certascan" à la peinture blanche sur un rocher, lisible seulement pour ceux qui montent. Ce n'est alors pas un chemin, juste une direction.

il suffisait de se retourner
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J'y vais à tout petits pas et à l'économie : à tout prix éviter le coup de chaleur. Cela semble marcher, et dans cette atmosphère sèche mon flux de transpiration s'évapore de manière presque synchrone avec sa production, m'évitant tout-à-la fois de dégouliner de sueur et de me dessécher trop vite. Je pensais qu'ici le sentier de la Porta del Cel serait de bonne facture, mais il n'en est rien : ce n'est qu'une sente qu'il faut tenter de suivre et retrouver au gré des cairns et des fausses routes, mais à ce jeu je m'en sors bien et m'évite les détours inutiles. Le couvert forestier se raréfie progressivement, me laissant pleinement exposé au soleil brûlant. Bien que grignotant peu à peu de l'altitude, il me faut attendre longtemps avant de réellement ressentir un peu de soulagement thermique. Heureusement pour moi, la montée est rarement brutale, me permettant de maintenir mon rythme à l'économie : si j'en crois mes enregistrements, je m'en suis tenu à du 350m D+ à l'heure. Pas si mal vu les conditions.

Derrière moi en direction d'Andorre, les nuages se rassemblent et fusionnent.
Pour un peu je croirais à l'orage mais aucune illusion pour aujourd'hui, la chaleur est trop sèche.

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Encore un abri que je documente dans cette montée : la Cabana de Llurri à 1800 m d'altitude, là aussi très rustique avec quelques larges planches au sol en guise d'estrade pour dormir. Ayant déjà bu une grande partie de mon eau, je fais le tour des lieux en quête d'un filet d'eau (abri = source ?), mais rien à proximité immédiate en dehors de la boue au mieux humide d'un ruisseau intermittent. Il n'est qu'un peu plus de 16h et il fait encore trop chaud ici, je dois continuer à m'élever malgré la fatigue que cela engendre. L'espoir de l'altitude et de l'environnement rafraichissant des grands lacs me motive. J'ai déjà lessivé toute motivation à chercher à pousser au-delà du refuge de Certascan, si tant est que je l'atteigne. Chaque pas désormais me coûte, et je dois faire effort de volonté pour avancer sous la Serra de Llurri en direction du refuge. La température est redevenue bien plus tolérable, mais la chaleur de la vallée m'a irrémédiablement rincé pour aujourd'hui. Je finis mon eau prise et filtrée au Pla de Boavi : elle est chaude.

Cabana de Llurri
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Depuis un moment j'ai en ligne de mire la tumultueuse cascade qui se déverse de la conduite qui évacue l'eau du lac de Certascan. Une fois passé au-dessus, il faut longer le déversoir du lac, dans une gorge rocheuse où les eaux puissantes grondent et humidifient l'air d'un brouillard d'écume. A pas lourd sur des jambes fatiguées, je subis les montées / descentes de ce défilé, avant enfin de rejoindre le havre paisible du refuge. J'y retrouve le bon gros (ou plutôt énorme) Saint Bernard qui y sert de mascotte (mais passe le plus clair de son temps affalé par terre, indifférent).

là en face, le lac de Certascan se déverse avec fracas
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Il n'est que 18h et, si j'avais d'abord envisagé de seulement prendre ici mon dîner et bivouaquer plus loin, mon absence d'énergie me pousse aussi à dormir sur place. J'aime bien ce refuge à taille humaine : l'accueil est sympa, et il ne semble pas y avoir trop de monde aujourd'hui. Quelques discussions s'amorcent avec d'autres français, tous des HRPistes dans différentes directions, rythmes ... et évidemment poids. Un presque MUL dans le lot, mais je dénote clairement ... On nous installe tous ensemble à table et la discussion sera évidemment très sympa, oasis de sociabilité dans le désert de solitude que je me suis imposé. Vers 20h ce sont mes 2 vieux français croisés à Baborte qui arrivent bien tard, mais pour qui le couvert est remis afin de leur permettre de dîner. Ils viennent de faire une grosse journée (en temps plus qu'en distance, mais il y a l'âge et les conditions à prendre en compte) et je suis admiratif. Demain ils visent Enric Pujol, étape plus modeste certes, mais ils enquillent avec volonté.

Je profite de l'électricité offerte dans un enchevêtrement de multiprises pour recharger tous mes appareils à bloc. Utile pour la caméra que je ne sais pour l'instant pas alimenter autrement, mais juste un complément pour le téléphone et la powerbank, déjà presque au taquet grâce au panneau solaire et à l'intensité lumineuse de la journée.

Je programme de repartir tôt demain matin avec le petit jour, et optimise mes affaires en conséquence. Ici les sacs à dos restent au vestiaire et ne montent pas dans le dortoir, mais je fais en sorte de n'avoir près de moi cette nuit que le strict minimum, pour ne me lever qu'avec aussi peu de nuisance que possible pour les autres. Les ronflements d'usage (ostensiblement pas les miens) ne m'empêchent pas de dormir grâce aux bouchons d'oreilles.

au matin, le refuge de Certascan
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En quelques chiffres :

Total J09 :
27 km
D+ 2087m
D- 2154m
Marche 9h41 (+pauses 1h47)
kmE 54
IBP 221

Cumul J01-09 :
290 km
D+ 17 070 m
Marche 88h
kmE 491

Itinéraire
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Dénivelés
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Progression
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La vidéo
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EDITs : typo / orthographe

Dernière modification par Hervé27 (22-03-2024 14:54:55)


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#212 12-09-2022 14:03:06

Freestiano
Membre
Lieu : Rapallo (Genova) Italia
Inscription : 01-04-2016

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

J'ai vu cette interview par hasard, j'aime beaucoup ta façon de présenter. Enfin l'écrit avait de la voix et des images (la vidéo avec le traducteur est indispensable pour moi qui ne parle pas la langue française).
Dès que j'aurai assez de temps je lirai avec plaisir ton yo-yo dans les Pyrénées.
Je vous félicite sincèrement.
Ciao smile


Ciao, Cristiano

(Je ne connais pas la langue française et j'utilise un traducteur)

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#213 12-09-2022 14:07:18

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Freestiano a écrit :

#665472J'ai vu cette interview par hasard, j'aime beaucoup ta façon de présenter. Enfin l'écrit avait de la voix et des images (la vidéo avec le traducteur est indispensable pour moi qui ne parle pas la langue française).
Dès que j'aurai assez de temps je lirai avec plaisir ton yo-yo dans les Pyrénées.
Je vous félicite sincèrement.
Ciao smile

pouce  et merci smile !

L'ami Lorenzo intègrera le récit dans quelques épisodes, pour ne presque plus le quitter ensuite.


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#214 12-09-2022 14:16:50

Freestiano
Membre
Lieu : Rapallo (Genova) Italia
Inscription : 01-04-2016

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hervé27 a écrit :

#665473
pouce  et merci smile !

L'ami Lorenzo intègrera le récit dans quelques épisodes, pour ne presque plus le quitter ensuite.

Ce sont de bonnes nouvelles. J'espère aussi que votre chaîne YT prend en charge le traducteur automatique, j'ai commencé à vous suivre via le lien, mais je dois encore vérifier...ce serait bien de pouvoir comprendre ce que vous dites wink


Ciao, Cristiano

(Je ne connais pas la langue française et j'utilise un traducteur)

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#215 12-09-2022 14:22:50

karibou31
Membre
Inscription : 08-09-2021

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hello Hervé !
Merci pour l'interview c'est toujours enrichissant !
A ce propos, c'est où cet endroit qui a l'air magnifique ??
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Edit sans précisions = corrections orthographiques

Trombi --- Liste montagne été
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#216 12-09-2022 14:31:41

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Salut Karibou31 smile

Mais c'est qu'on me spoile le retour sur la Méditerranée  lol !

C'est dans les Albères et sur les crêtes, entre Pic des Quatre Termes et Sailfort, lors du final vers la Méditerranée. On était euphoriques ce matin-là  wink


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#217 12-09-2022 14:32:51

karibou31
Membre
Inscription : 08-09-2021

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Ah zut !! Excellent, alors on va faire comme si on avait rien vu!


Edit sans précisions = corrections orthographiques

Trombi --- Liste montagne été
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#218 12-09-2022 18:23:35

Nayana
Helix pomatia
Lieu : Cote d'Or
Inscription : 05-10-2010

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hello Hervé, si tu devais repartir dans les mêmes conditions de grosses chaleurs, tu modifierais ton vestiaire jour/nuit ?

J'avoue que j'aime les chemises pour leur polyvalence face aux conditions climatiques.


Lentement mais surement...

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#219 12-09-2022 19:26:18

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
Site Web

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Nayana a écrit :

#665513Hello Hervé, si tu devais repartir dans les mêmes conditions de grosses chaleurs, tu modifierais ton vestiaire jour/nuit ?

J'avoue que j'aime les chemises pour leur polyvalence face aux conditions climatiques.

Salut Nayana smile

Oui et non ...

Non, parce que ce sont des conditions que je cherche principalement à éviter. Si mes périples estivaux sont en montagne, c'est précisément pour échapper aux grosses chaleurs dans lesquelles je ne suis pas à l'aise. Dans les conditions exceptionnelles de cette année, l'alternance de mes affaires marche / bivouac a plutôt correctement fonctionné.

Oui, si effectivement la chaleur et un indice UV de folie s'imposent sur l'essentiel du trajet, alors qu'ici seules certaines journées, ou certaines heures, ou portions d'itinéraire étaient concernées. Auquel cas j'irai vers des vêtements plus amples, permettant une plus grande ventilation.


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#220 12-09-2022 21:47:13

Ruz boutou
Traîne-savates tout-terrain
Lieu : Brest
Inscription : 02-10-2019

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

A nouveau une bien belle étape ! Le yoyo est aussi vertical ... Le 2000 D+/2000 D- journalier devient quasiment la norme eek

Il est vraiment bien cet entretien, Hervé !  pouce Merci Freestiano pour le lien !

On sent la passion et l'enthousiasme communicatif !

Et on apprend des choses :

"I will shift to a foam mattress in the next future". Personnellement, je n'utilise qu'un arklight 127 coupé à 150 cm... Globalement, ça me suffit. L'isolation thermique est suffisante en été. Le confort est spartiate mais à partir du moment où l'on se lève le matin sans courbatures et que la récupération est bonne, c'est la principal. Je ne ressens pas cela comme un inconfort majeur. Tu as pu tester, contraint par la défaillance de ton Klymit, et tu sembles avoir parfaitement survécu à ce léger imprévu. La clé est par contre dans le choix de l'emplacement. J'ai hâte de voir vers quel matelas tu t’orienteras.

J'ai aussi découvert le parcours qui t'as mené à l'allègement depuis 2017. Impressionnant ! On a presque du mal à y croire quand on te voit aujourd'hui gambader comme un cabri par dessus les monts, enchainant les cols, en veux-tu, en voilà... Belle détermination !

Sinon, le Pioulou 15D n'est plus en vente sur le site de Tipik mais Xavier propose toujours d'en faire à la demande (en tout cas il me l'avait proposé en décembre dernier).

Merci à nouveau pour ton récit, tes photos, tes vidéos, ... Et le temps passé à générer tout cela et à partager... Et ça ne fait que commencer ! cool


Moins on porte, mieux on se porte !

Liste lighterpack 2022

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#221 13-09-2022 10:00:20

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

@ruz boutou : merci  calin !

Effectivement, mon Klymit Inertia s'est percé après un peu plus de 2 semaines et je n'arrivais pas à le réparer. J'ai donc basculé en mode "dégradé" en combinant 2 morceaux d'Arkmat127, et ce jusqu'à la fin de la traversée. La perte de confort et d'isolation thermique était nette, mais ça le faisait pourvu que je puisse me constituer un bon oreiller (Sac ALD roulé dans la polaire : nickel sauf quand on a laissé les lunettes dans le sac roll )

J'ai pu réparer le Klymit Inertia une fois tranquillement revenu à la maison : j'avais en fait 3 micro-fuites qui se cumulaient et non une seule ...

Pour l'avenir je distingue 2 pistes d'évolution :
- en 3 saisons et sur les longues itinérances, une optimisation de ce mode dégradé avec un peu plus de mousse, type Arkmat127 à utiliser en pleine longueur, ou plié en 2 ou 3 selon circonstances. C'est l'encombrement qui me gêne le plus pour aller vers quelque chose de plus épais. Le Klymit Inertia reste valable sur les sorties plus courtes, l'aspect "fiabilité" du matelas gonflable étant alors moins essentiel.
- en 4 saisons, matelas gonflable pleine longueur : j'attends un TAR Neoair Xlite Regular ...


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#222 13-09-2022 10:05:32

Shanx
Sanglier MUL
Lieu : Probablement au boulot :(
Inscription : 22-04-2012
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Tu dors sur le dos ou sur le côté ?
Si tu dors sur le côté, appeler ça un "mode dégradé" me semble un euphémisme tongue


← Mon blog : traversées à pied des Alpes, de l'Islande, de la Corse, des États-Unis - Japon en vélo
Mon trombi
"Heureusement qu'il y a RL pour m'éviter les genoux qui craquent et le dos en compote" - C. Norris
"La liberté est fille des forêts. C'est là qu'elle est née, c'est là qu'elle revient se cacher, quand ça va mal." - Romain Gary

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#223 13-09-2022 10:13:49

karibou31
Membre
Inscription : 08-09-2021

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Je suis impressionné par autant d'abnégation sur le couchage pouce .
Je me dirige plutôt dans le sens inverse : je cherche à améliorer mon confort de couchage parce que je trouve que ça a trop d'impact sur mon ressenti qualitatif de la rando. Si je dors mal, ça me laisse un souvenir moyen. J'ai l'impression d'aller à contre-sens de la MULerie (même si au final en prenant matelas plus grand, plus large et plus isolant, j'ai perdu  50g sur ma liste !) mais tant pis ! lol


Edit sans précisions = corrections orthographiques

Trombi --- Liste montagne été
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#224 13-09-2022 10:47:47

Hervé27
éMULe
Lieu : Normandie
Inscription : 01-11-2017
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Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Shanx a écrit :

#665562Tu dors sur le dos ou sur le côté ?
Si tu dors sur le côté, appeler ça un "mode dégradé" me semble un euphémisme tongue

Sur le côté ou même sur le ventre, plutôt que sur le dos ! Ce n'est pas que la position sur le dos soit inconfortable, au contraire, mais c'est là que tous mes sens sont en éveil et que le sommeil est impossible à atteindre.

Je n'ai dit nulle part que j'ai aimé ça, j'aurai largement préféré continuer avec mon matelas gonflable. C'est uniquement la question de la fiabilité qui m'amène à réfléchir à revenir vers la mousse, pourvu que je trouve une combinaison poids / performance / encombrement satisfaisante.


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#225 13-09-2022 11:04:11

bernard_lyon
Μηδὲν ἄγαν
Lieu : Lyon
Inscription : 16-12-2015

Re : [Récit + liste] Pyrénées de Traverses HRP Aller-Retour 45 j

Hervé27 a écrit :

#663211Coucou laxmimi  smile

2 raisons me donnent une légère préférence pour le sens Atlantique - Méditerranée :

- quand la journée de marche se prolonge, le soleil du soir après une chaude journée est plus agréable de dos que de face (on pourrait inverser avec le soleil du matin, mais on a ce dernier avec la fraîcheur). Ce facteur est néanmoins neutralisé quand les orages de l’après-midi s’y mettent…

- l’arrivée sur la Méditerranée est plus émotionnelle que sur l’Atlantique

Peut-être un léger argument pour le sens Est-Ouest : il y a moins de monde qui le fait dans ce sens.  smile


Mon trombi | Liste | HRP Banyuls-Alos d'Isil | GR738
"Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route." (Jean Giono, "Que ma joie demeure")
Modification non explicitée : orthographe ou syntaxe

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